LABORATOIRE NATIONAL DE MÉTROLOGIE ET D’ESSAIS
SYSTÈMES DE RÉFÉRENCE TEMPS ESPACE
THÈSE DE DOCTORAT DE L’UNIVERSITÉ DE PARIS VI
spécialité : Lasers et matière
présentée par
Audrey QUESSADA-VIAL
pour obtenir le grade de
Docteur de l’Université de Paris VI
sujet de thèse :
DÉVELOPPEMENT D’UNE HORLOGE OPTIQUE À ATOMES DE
STRONTIUM PIÉGÉS : RÉALISATION D’UN LASER
ULTRA-STABLE ET STABILITÉ DE FRÉQUENCE
soutenue le 30 mai 2005 devant le jury composé de :
M.
Mme
M.
M.
M.
M.
M. GRANVEAUD
M. HOUSSIN
P. JUNCAR
P. LEMONDE
J. REICHEL
P. TUCKEY
Directeur de thèse
Rapporteur
Rapporteur
Examinateur
Président du jury
Directeur de thèse
A ma mère.
Patience, patience
Patience dans l’azur !
Chaque atome de silence
Est la chance d’un fruit mûr !
PAUL VALERY (La Palme)
iii
iv
Table des matières
Introduction
1
1 Généralités sur les étalons de fréquence optique
1.1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
1.2 La stabilité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
1.3 L’exactitude . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
1.4 Les horloges à ions piégés . . . . . . . . . . . . .
1.4.1 Principe . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
1.4.2 L’ion 199 Hg+ . . . . . . . . . . . . . . . . .
1.4.3 Performances et limitations . . . . . . . .
1.5 Les horloges à atomes neutres . . . . . . . . . . .
1.5.1 Principe . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
1.5.2 Performances et limitations . . . . . . . .
1.6 Vers une horloge optique à atomes piégés ? . . . .
1.6.1 La longueur d’onde magique . . . . . . . .
1.6.2 Performances envisagées . . . . . . . . . .
1.7 Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
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3
3
4
5
6
6
8
10
11
11
13
13
14
18
18
2 Discussion sur les performances d’un étalon de fréquences
optiques
19
2.1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19
2.2 Définition de l’effet Dick . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20
2.3 Cas d’une horloge optique à atomes neutres libres . . . . . . 22
2.3.1 Matrice d’interaction . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22
2.3.2 Description de l’interféromètre Ramsey-Bordé . . . . 26
2.3.3 Fonction de sensibilité dans le cas d’une interrogation
de type Ramsey-Bordé . . . . . . . . . . . . . . . . . 27
2.3.4 Expression des coefficients de Fourier . . . . . . . . . 30
2.3.5 Evaluation de l’effet Dick pour un bruit blanc de fréquence 33
2.3.6 Evaluation de l’effet Dick pour différents oscillateurs
33
2.4 Cas d’une horloge optique à atomes neutres piégés . . . . . . 40
v
TABLE DES MATIÈRES
2.4.1 Interrogation de type Ramsey . . . . . . . . . . . . .
2.4.2 Interrogation avec une impulsion Rabi . . . . . . . .
2.5 Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
3 Réalisation d’une diode laser ultra-stable
3.1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
3.2 La technique de Pound Drever Hall . . . . . . .
3.2.1 Principe . . . . . . . . . . . . . . . . . .
3.2.2 Le signal d’erreur . . . . . . . . . . . . .
3.3 Sources de bruit du système . . . . . . . . . . .
3.3.1 L’environnement . . . . . . . . . . . . .
3.3.2 La référence . . . . . . . . . . . . . . . .
3.3.3 Le laser . . . . . . . . . . . . . . . . . .
3.4 Asservissement du laser . . . . . . . . . . . . . .
3.4.1 Principe de l’asservissement . . . . . . .
3.4.2 La cavité Fabry-Perot . . . . . . . . . .
3.4.3 Le laser et le banc optique . . . . . . . .
3.4.4 Le montage électronique . . . . . . . . .
3.4.5 Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . .
3.5 Spectre de bruit de fréquence du laser . . . . . .
3.5.1 La deuxième cavité Fabry-Perot . . . . .
3.5.2 Mesure du spectre de bruit de fréquence
3.5.3 Evaluation des vibrations . . . . . . . .
3.6 Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
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4 Vers une horloge optique à atomes froids de strontium :
source d’atomes froids
4.1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
4.2 La source laser à 461 nm . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
4.2.1 La somme de fréquence . . . . . . . . . . . . . . . .
4.2.2 Le doublage de fréquence . . . . . . . . . . . . . . .
4.3 Le ralentisseur Zeeman . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
4.3.1 Principe du ralentisseur . . . . . . . . . . . . . . .
4.3.2 Description générale . . . . . . . . . . . . . . . . .
4.3.3 Performances du ralentisseur . . . . . . . . . . . . .
4.4 Le piège magnéto-optique . . . . . . . . . . . . . . . . . .
4.4.1 Description générale . . . . . . . . . . . . . . . . .
4.4.2 La dynamique du PMO . . . . . . . . . . . . . . .
4.5 Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
vi
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40
43
47
51
51
52
52
55
56
57
58
61
61
61
62
64
70
73
76
77
78
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la
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87
87
88
90
96
98
99
103
103
106
106
106
109
TABLE DES MATIÈRES
5 Mesure de la transition fortement interdite
strontium
5.1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
5.2 Dispositif expérimental . . . . . . . . . . . . .
5.2.1 Le verrouillage en phase . . . . . . . .
5.2.2 Le laser femtoseconde . . . . . . . . . .
5.3 Mesure indirecte de la transition 1 S0 -3 P0 . . .
5.3.1 La mesure de la transition 1 S0 -3 P1 . . .
5.3.2 La mesure de la transition 3 P1 -3 S1 . . .
5.3.3 La mesure de la transition 3 P0 -3 S1 . . .
5.3.4 Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . .
5.4 Mesure directe de la transition 1 S0 -3 P0 . . . .
5.5 Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
1
S0 →3 P0 du
111
. . . . . . . . 111
. . . . . . . . 112
. . . . . . . . 113
. . . . . . . . 114
. . . . . . . . 119
. . . . . . . . 119
. . . . . . . . 123
. . . . . . . . 128
. . . . . . . . 139
. . . . . . . . 139
. . . . . . . . 146
A Compléments du chapitre 2
A.1 Interrogation de Ramsey-Bordé . . . . . . . . . . . . . . . .
A.1.1 Effet Dick évalué en fonction de la fréquence de cycle
et du rapport cyclique . . . . . . . . . . . . . . . . .
A.1.2 Effet Dick calculé en fonction du temps mort et de la
fréquence de cycle fc . . . . . . . . . . . . . . . . . .
A.2 Interrogation de Ramsey . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
A.2.1 Effet Dick calculé en fonction du rapport cyclique d
et de la fréquence de cycle fc . . . . . . . . . . . . . .
A.2.2 Effet Dick calculé en fonction du temps mort et de la
fréquence de cycle fc . . . . . . . . . . . . . . . . . .
A.3 Interrogation de Rabi . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
B Compléments du chapitre 3
B.1 Rappels sur l’interféromètre Fabry-Perot . . . . .
B.1.1 Présentation . . . . . . . . . . . . . . . . .
B.1.2 Calcul du champ transmis par la cavité et
d’Airy . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
B.1.3 Fonction de transfert du PF . . . . . . . .
B.2 Comparaison des deux cavités Fabry-Perot . . . .
C Rappels d’optique non linéaire
C.1 Introduction . . . . . . . . . . . .
C.2 Equations de propagation dans un
C.3 Conditions d’accord de phase . .
C.4 Quasi-accord de phase . . . . . .
Bibliographie
. . . .
milieu
. . . .
. . . .
147
148
148
148
151
151
151
151
157
. . . . . . 157
. . . . . . 157
Fonction
. . . . . . 158
. . . . . . 159
. . . . . . 164
. . . . . . .
non linéaire
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165
165
165
166
167
171
vii
TABLE DES MATIÈRES
viii
Introduction
La définition de la seconde adoptée par la 13e Conférence Générale des
Poids et Mesures en 1967 est la suivante [1] :
La seconde est la durée de 9 192 631 770 périodes de la radiation correspondant à la transition entre les deux niveaux hyperfins de l’état fondamental
de l’atome de 133 Cs.
La seconde est l’unité SI qui est réalisée, à l’heure actuelle de la façon la
plus exacte avec une incertitude relative en fréquence inférieure à 10−15 [2].
Si des étalons atomiques de fréquences performants sont nécessaires en
métrologie, il existe d’autres domaines dans lesquels ils peuvent apporter leur contribution, en particulier la physique fondamentale : certaines
théories qui sont développées dans le but d’unifier gravitation et mécanique
quantique (par exemple la théorie des cordes) prévoient la variation spatiotemporelle des constantes fondamentales [3]. Les horloges atomiques et plus
généralement la spectroscopie haute précision de transitions atomiques permettent de réaliser ces tests de façon reproductible en laboratoire sur des
échelles de temps relativement courtes [4–6]. Grâce à des horloges microondes, on a déjà pu réaliser des comparaisons entre fréquences de transition
d’horloge d’espèces atomiques différentes (Cs/Rb) [7] ce qui a permis de
déterminer une limite supérieure à la variation de la constante de structure
fine α : α̇/α = −0.4 ± 16 × 10−16 an−1 .
Cependant, les horloges micro-ondes les plus stables ont déjà presque
atteint leur stabilité ultime (quelques 10−14 à 1 s [2]) et d’autres types
d’étalons de fréquence plus prometteurs en matière de performances (stabilité et exactitude) ont été développés : il s’agit des étalons de fréquence
optique, leur transition d’horloge se situant effectivement dans le domaine
optique.
Par ailleurs, un autre intérêt des étalons de fréquence optique est qu’il est
désormais possible d’effectuer des comparaisons entre étalons de fréquence
optique et fontaines micro-onde, ou entre deux étalons de fréquence optique différents grâce au développement des lasers femtosecondes [8, 9] ce
qui permettrait d’affiner des tests de physique fondamentale : et optiques
1
Introduction
et Cs/Hg+ ) et dans le deuxième cas, |α̇/α| < 1.2 × 10−15 an−1 [10].
2
Chapitre 1
Généralités sur les étalons de
fréquence optique
1.1
Introduction
Les performances des étalons de fréquence micro-onde se sont considérablement
améliorées au cours de ces dix dernières années. En particulier, les fontaines à atomes de césium présentent désormais une stabilité relative en
fréquence de 1.6 × 10−14 τ −1/2 et une exactitude de ±6.5 × 10−16 [2] contre
1.1 × 10−13 τ −1/2 et 1.1 × 10−15 il y a cinq ans [11]. Néanmoins, les fontaines
à césium ont presque atteint la limite quantique en ce qui concerne leur
stabilité relative en fréquence et il semble peu probable par la suite que l’on
puisse gagner des ordres de grandeurs sur leurs perfomances : augmenter le
nombre d’atomes participant au signal d’horloge pourrait être une solution
mais le bénéfice qu’il en résulterait pour la stabilité se ferait au détriment
de l’exactitude, et ce à cause des collisions froides [12]. Un des intérêts de
construire des étalons de fréquence optique réside dans le fait que les transitions d’horloge potentielles possèdent un facteur de qualité atomique Q
très élevé (entre 1012 et 1019 selon les espèces atomiques et la transition
envisagée), et par conséquent la limite quantique pour la stabilité se trouverait autour de 10−17 à 1 s pour les transitions les plus étroites (et pour
des horloges à atomes neutres).
Nous allons présenter dans ce chapitre deux types d’étalons de fréquence
optique : les horloges à ions uniques piégés et les horloges à atomes neutres.
Dans ce dernier cas, de récentes évolutions ont permis d’envisager d’interroger des atomes neutres piégés combinant ainsi les avantages des deux types
d’étalons de fréquence [13].
3
CHAPITRE 1. GÉNÉRALITÉS SUR LES ÉTALONS DE
FRÉQUENCE OPTIQUE
1.2
La stabilité
La stabilité relative en fréquence de l’étalon de fréquence est sa capacité
à délivrer la même fréquence au cours du temps. Elle s’exprime généralement
au moyen de la variance d’Allan. Les échantillons du signal y(t) notés yk
sont donnés par :
Z
1 tk+1
yk =
y(t)dt
(1.1)
Tc tk
où Tc = tk+1 − tk est le temps de cycle de l’horloge. La variance d’Allan est
alors définie par [14] :
σy2 (τ )
N
−1
X
1
= lim
(yk+1 − yk )2
N →∞ 2(N − 1)
k=1
(1.2)
avec τ = N Tc .
De façon générale, la stabilité d’un étalon de fréquence est donnée par
la relation suivante :
r
Tc
η
σy (τ ) =
(1.3)
QS/N τ
où S/N est le rapport signal à bruit sur un cycle de durée Tc , η est un
facteur de l’ordre de l’unité qui tient compte de la forme de la résonance :
en particulier on montre que η = 2/π pour une interrogation atomique de
type Ramsey-Bordé et η = 1/π pour une interrogation de type Ramsey. Q,
le facteur de qualité atomique vaut ν0 /δν0 : il est défini comme le rapport de
la fréquence de la transition atomique ν0 sur sa largeur de raie à mi-hauteur
δν0 . La largeur ultime de δν0 est la largeur naturelle de la transition mais elle
est généralement élargie sous l’effet de diverses contraintes expérimentales
comme le temps et le type d’interrogation des atomes. Pour accroı̂tre Q, une
possibilité consisterait, à ν0 donné, à augmenter le temps d’interrogation des
atomes, c’est-à-dire à diminuer δν0 : c’est ce qui est envisagé actuellement
pour des horloges micro-ondes spatiales avec le projet européen ACES afin
de limiter les effets de la gravité qui réduisent le temps d’interaction avec
les atomes. L’autre possibilité est de changer le domaine d’interrogation
des atomes, autrement dit interroger des atomes présentant une transition
étroite dans le domaine optique comme c’est le cas pour les atomes de
strontium, calcium, magnésium, ytterbium, argent et mercure [15–19].
La limite ultime de stabilité pour un étalon de fréquence atomique est
le bruit de projection quantique [20, 21]. En effet, le système atomique est
décrit par une superposition des états |f i et |ei respectivement l’état fondamental et l’état excité de la transition atomique (voir figure 1.1), soit
4
1.3. L’EXACTITUDE
|ψi = cf |f i + ce |ei : la probabilité du système de se trouver dans l’état
|f i (respectivement |ei) est donnée par |cf |2 (respectivement |ce |2 ) telle que
|cf |2 +|ce |2 = 1. On ne peut prédire avec certitude à l’issue de l’interrogation
dans quel état sera détecté le système [20]. Dans ce cas, la dispersion sur
la mesure de la probabilité √
de transition atomique est décrite par une loi
binomiale telle que S/N = N où N est le nombre d’atomes participant
au signal d’horloge.
Outre le bruit de projection quantique, il existe d’autres types de bruits
techniques pouvant limiter la stabilité de l’horloge : bruits de l’électronique,
du laser de détection ou de l’oscillateur local [21]. En particulier, nous nous
intéresserons à l’effet Dick lié aux fluctuations de fréquence de l’oscillateur local qui sera traité en détail dans le chapitre 2. Nous pouvons d’ores
et déjà signaler que cet effet Dick sera la principale limitation aux performances d’une horloge optique à atomes neutres : en effet le bruit de
projection quantique ultime se situe autour de 10−18 à 1 s alors que l’effet
Dick est de l’ordre de 10−16 τ −1/2 après optimisation de certains paramètres
expérimentaux et pour un oscillateur local présentant un spectre de bruit
de fréquence donné dans le chapitre 2 (voir figure II.2.7 courbe rouge).
Précisons également que l’effet Dick a longtemps limité la stabilité des fontaines à césium à 10−13 τ −1/2 avant l’utilisation d’oscillateurs cryogéniques
qui ont permis d’atteindre 10−14 à 1 s.
1.3
L’exactitude
La fréquence νOL délivrée par l’oscillateur local (noté OL) asservi sur une
transition atomique (voir figure 1.1) peut se mettre sous la forme suivante :
νOL = ν0 [1 + ε + y(t)]
(1.4)
où ν0 est la fréquence atomique de référence, ε représente les déplacements
systématiques de fréquence relative et y(t), les fluctuations de fréquence
relative.
Les déplacements de fréquence systématiques sont dûs aux perturbations qui affectent l’atome au cours de l’interrogation. Il peut s’agir de l’effet Zeeman, de l’effet du rayonnement du corps noir, de l’effet Doppler du
premier et second ordre, des déplacements collisionnels etc... La liste n’est
pas exhaustive. Dans le cas des fontaines micro-ondes, des études détaillées
sur ces effets sont développées notamment dans les références [22–26]. On
définit alors l’exactitude comme l’incertitude sur la connaissance de tous
5
CHAPITRE 1. GÉNÉRALITÉS SUR LES ÉTALONS DE
FRÉQUENCE OPTIQUE
A to m e s
e
n
E
e
0
E
f
f
C o r r e c tio n
In te r r o g a tio n
O s c illa te u r L o c a l
n O L
Fig. 1.1 – Principe d’un étalon de fréquence passif : l’oscillateur local interE −E
roge la transition atomique. La différence entre ν0 = e ~ f et νOL permet
de corriger la fréquence de l’oscillateur local.
ces effets systématiques. Le tableau 1.1 présente, comme exemple, un budget d’exactitude pour la fontaine FO2 réalisée dans notre laboratoire. Il faut
souligner que, à l’exception de l’effet Doppler du premier ordre, les effets
qui déplacent la fréquence d’horloge ne dépendent pas de la transition atomique envisagée : en particulier pour une horloge optique, ces déplacements
de fréquence relative liés à l’environnement sont, au mieux dans le rapport νCs /νopt , plus petits que dans le cas des horloges micro-onde (avec
νCs fréquence de la transition micro-onde et νopt celle de la transition optique). En revanche l’effet Doppler du premier ordre dépend linéairement
de la transition d’horloge et par conséquent, passer du domaine micro-onde
au domaine optique ne permet pas de négliger ce déplacement en terme de
fréquence relative comme ce pourrait être le cas pour les autres effets.
1.4
1.4.1
Les horloges à ions piégés
Principe
Comme nous l’avons vu précédemment, une alternative pour augmenter
le facteur de qualité atomique est d’accroı̂tre le temps d’interaction et pour
cela, une solution consisterait à piéger les atomes. Historiquement, il a été
plus facile de piéger des ions [28], grâce à leur charge électrique, dans un
6
1.4. LES HORLOGES À IONS PIÉGÉS
Effets
Spectre et fuites micro-onde
Effet Doppler du premier ordre
Rayonnement du corps noir
Collisions froides et cavity pulling
Effet de recul
Déplacement Ramsey et Rabi
Collisions avec le gaz résiduel
Effet Zeeman quadratique
Effet Doppler du second ordre
Incertitude totale
(×10−16 ) FO2
< 4.3
<3
-168.2 ± 2.5
-375 ± 2.0
< 1.4
<1
<1
1927.3 ± 0.3
< 0.08
± 6.5
Tab. 1.1 – Budget des déplacements de fréquence relative pour FO2 en fonctionnement césium [27]. Les deux effets les plus importants limitant l’exactitude sont les fuites micro-onde de la cavité et l’effet Doppler du premier
ordre.
piège électrique et/ou magnétique, que des atomes neutres. Pour un piège
radiofréquence de type Paul par exemple, un potentiel quadrupolaire harmonique dans les trois directions de l’espace et modulé à une fréquence RF
est généré par des électrodes. La profondeur d’un piège est typiquement
de quelques 104 K. La trajectoire d’un ion est décrite par une superposition d’un mouvement séculaire (lentement variable) et d’un mouvement
micrométrique à la fréquence RF. Il est possible de piéger un grand nombre
d’ions dans le piège même si ce nombre est limité par la charge d’espace (typiquement de l’ordre de 105 ions) néanmoins seuls quelques ions se trouvent
au centre du piège où le potentiel s’annule et par conséquent pour que les
effets du piège (effet Stark) et l’effet Doppler du premier ordre ne limitent
pas l’exactitude de l’horloge à ∼ 10−12 [29], on préfère piéger un ion unique.
Par ailleurs, le refroidissement laser de l’ion unique lui permet d’atteindre le régime de Lamb-Dicke : plusieurs techniques de refroidissement
ont été élaborées et on peut citer par exemple le refroidissement par bandes
latérales [30]. Dans le régime de Lamb-Dicke [31, 32] l’amplitude du mouvement de vibration de l’ion dans le piège est plus petite que la longueur
d’onde utilisée pour sonder l’ion et dans ce cas, l’effet Doppler du premier
ordre s’annule et l’effet Doppler du second ordre devient négligeable. On
peut de cette façon obtenir des temps de confinement de l’ion dans le piège
extrêmement longs, de l’ordre de quelques mois [33].
Le schéma général des niveaux des ions utilisés dans les étalons de
fréquence optique est est présenté sur la figure 1.2(a). On voit qu’il est pos7
CHAPITRE 1. GÉNÉRALITÉS SUR LES ÉTALONS DE
FRÉQUENCE OPTIQUE
sible de refroidir ces ions sur la transition dipolaire électrique également employée pour la détection optique de l’ion grâce à la fluorescence de résonance :
si un deuxième laser excite l’ion vers l’état métastable de la transition d’horloge, la fluorescence disparaı̂t et chaque excitation peut être détectée de
cette façon (electron shelving) avec une efficacité proche de 100% comme
une période noire de la fluorescence [34](voir figure 1.2(b)).
De nombreux ions sont d’éventuels candidats pour l’élaboration de standards de fréquence optique : par exemple l’ion 171 Yb+ [36–38], l’ion 199 Hg+
[9, 33, 39, 40], l’ion 88 Sr+ [41, 42], l’ion 115 In+ [43] ou encore l’ion 43 Ca+ [44]
pour ne citer qu’eux.
1.4.2
L’ion
199
Hg+
Nous allons maintenant nous intéresser plus en détail à l’étalon de fréquence
utilisant l’ion 199 Hg+ du NIST qui montre des performances remarquables :
une stabilité de 7×10−15 à 1s [45] et une exactitude inférieure à 10−14 limitée
essentiellement par le déplacement quadrupolaire du niveau 2 D5/2 . La transition d’horloge est la transition quadrupolaire électrique 2 S1/2 (F = 0, mF =
0)-2 D5/2 (F = 2, mF = 0) à 282 nm. Sa largeur naturelle est de 2Hz (voir
figure 1.3). Elle est interrogée par un laser à colorant à 563 nm, doublé en
fréquence, et stabilisé par la technique de Pound-Drever-Hall (voir chapitre
3) sur une cavité Fabry-Pérot de grande finesse (F=200 000). La largeur de
raie du laser est de 0.2 Hz [46]. La transition 2 S1/2 (F = 1)-2 P1/2 (F = 0)
est utilisée pour le refroidissement laser et la transition 2 S1/2 (F = 0)2
P1/2 (F = 1) sert repomper les ions vers le niveau 2 S1/2 (F = 1). Un ion
unique est confiné dans un piège de Paul cryogénique pour augmenter sa
durée dans de vie dans le piège limitée les effets d’échange de charge avec
les atomes d’hydrogène résiduel. Sous ces conditions, l’ion 199 Hg+ peut être
piégé de façon continue pendant une durée dépassant 100 jours.
La séquence temporelle est la suivante : l’ion est refroidi par laser pendant 50 ms, puis il est préparé dans l’état 2 S1/2 (F = 0) grâce au pompage optique pendant 25 ms. Il est enfin interrogé par un laser à 282 nm
sur la transition 2 S1/2 (F = 0, mF = 0)-2 D5/2 (F = 2, mF = 0) pendant
des périodes de 10 à 120 ms. Enfin la détection s’effectue pendant 20 ms.
L’interrogation et la détection de l’ion s’appuie sur la méthode dite electron shelving. Grâce aux sauts quantiques observés, on en déduit le profil
de la transition en effectuant plusieurs cycles de mesures pour différentes
fréquences du laser d’interrogation : une largeur de raie de 6.5 Hz pour un
8
1.4. LES HORLOGES À IONS PIÉGÉS
(a )
n iv e a u m é ta s ta b le
r e fr o id is s e m e n t/
d é te c tio n
t r a n s it io n d 'h o r lo g e
n iv e a u
fo n d a m e n ta l
Fig. 1.2 – En (a), schéma général des niveaux des ions utilisés dans les
étalons de fréquences. En (b), observation de sauts quantiques pour un ion
Ba+ publiée par W. Nagourney dans la référence [35].
9
CHAPITRE 1. GÉNÉRALITÉS SUR LES ÉTALONS DE
FRÉQUENCE OPTIQUE
t ~ 2 n s
F = 1
P
2
1 /2
F = 0
t ~ 8 6 m s
2
R e fr o id is s e m e n t
D é te c tio n
1 9 4 n m
D
5 /2
F = 3
F = 2
T r a n s itio n
d 'h o r lo g e
2 8 2 n m
2
S
F = 1
1 /2
F = 0
Fig. 1.3 – Schéma des niveaux de l’ion
réalisation de l’étalon de fréquence .
199
Hg+ intervenant dans la
temps d’interrogation de 120 ms a pu être détectée ce qui correspond à un
facteur de qualité atomique de 1.6 × 1014 (le facteur de qualité ultime de
cette transition est de 5 × 1014 ).
La fréquence du laser d’interrogation (ou oscillateur local) est mesurée
grâce à un laser femtoseconde avec un taux de répétition de 1 GHz (voir
chapitre 5). Ce laser femtoseconde permet de diviser la fréqence mesurée
dans le domaine micro-onde et dans ce cas peut-être enregistrée par un
compteur [47].
1.4.3
Performances et limitations
Rappelons que la stabilité de l’étalon de fréquence à ion 199 Hg+ unique
et piégé est de 7 × 10−15 à 1 s. La limite ultime est donnée par le bruit de
projection quantique de 1×10−15 τ −1/2 . D’après la relation 1.3, on voit que la
principale limitation de ce type d’étalon est le rapport signal à bruit qui est
au mieux l’unité. On constate qu’on peut difficilement améliorer la stabilité
d’une telle horloge à ion piégé. Précisons par ailleurs que le bruit du laser
d’interrogation intervient également dans le bruit de projection quantique
par l’intermédiaire de sa largeur de raie qui limite la largeur de la transition
mesurée.
En revanche, avec un ion unique, l’exactitude n’est limitée que par le
décalage quadrupolaire électrique qui est de l’ordre de 10−15 . Tous les autres
effets, comme l’effet Doppler du second ordre, l’effet Zeeman quadratique et
10
1.5. LES HORLOGES À ATOMES NEUTRES
l’effet Stark peuvent être contrôlés au niveau de 10−18 à 4 K, température
du piège cryogénique.
1.5
Les horloges à atomes neutres
Des étalons de fréquence optique sont actuellement en cours de développement
(Sr [15, 48], Yb [18], Ca [16], Mg [17]) et de nombreuses équipes travaillent
avec des atomes de la famille des alcalino-terreux (Ca, Mg, Sr) ou présentant
une structure atomique semblable (Yb, Hg). Ces atomes ont l’avantage de
possèder une ou plusieurs transitions d’horloge potentielles étroites dans
le domaine optique. En 2001, la proposition énoncée par Katori [13], et
détaillée dans les paragraphes suivants, a introduit une nouvelle approche
dans la conception des étalons de fréquence optique à atomes neutres et la
plupart des projets s’orientent désormais dans cette direction.
1.5.1
Principe
Nous allons nous appuyer essentiellement dans ce paragraphe sur les
références [16] et [17] qui décrivent des évaluations préliminaires d’étalons
de fréquence optique basés sur des atomes de Ca et Mg respectivement.
La première étape de la conception d’un tel étalon de fréquence consiste
à refroidir des atomes à partir d’un jet atomique thermique et à les piéger
dans un piège magnéto-optique (PMO) afin d’atteindre des températures de
l’ordre du mK. Le refroidissement et le piégeage sont réalisés sur la transition cyclante 1 S0 -1 P1 . Le tableau 1.2 résume quelques caractéristiques de ce
refroidissement telles que la largeur de la transition ou la source laser employée, pour différents atomes. Pour donner quelques valeurs de paramètres
significatifs, environ 5×106 atomes de calcium sont chargés dans le PMO en
25 ms par l’équipe du NIST de L. Hollberg [49]. Le niveau fondamental ne
possède pas de structure hyperfine et de ce fait il est impossible de procéder
à un refroidissement de type Sisyphe pour atteindre des températures subDoppler. Ainsi selon les expériences, il peut exister une deuxième étape de
refroidissement qui s’effectue sur la transition d’intercombinaison 1 S0 -3 P1
pour permettre d’atteindre des températures de l’ordre d’une dizaine de µK
en quelques dizaines de ms. Pour le Ca ou le Mg, on utilise la technique de
quench cooling pour optimiser cette deuxième étape de refroidissement car
la largeur de la transition d’intercombinaison est trop étroite (quelques centaines de Hz) pour refroidir directement des atomes ayant une distribution
de vitesse correspondant à une température initiale du mK [50].
Les atomes sont interrogés sur la transition d’intercombinaison 1 S0 -3 P1
par interférométrie atomique grâce à un laser ultra-stable (voir chapitre 3),
11
CHAPITRE 1. GÉNÉRALITÉS SUR LES ÉTALONS DE
FRÉQUENCE OPTIQUE
Atomes
24
Mg
40
Ca
87
Sr
171
Yb
λ
285 nm
423 nm
461 nm
399 nm
Γ/2π
80 MHz
35 MHz
32 MHz
28 MHz
Laser
Laser à colorant
Ti :Sa
MOPA à 922 nm
Diode laser violet
Cristal
BBO
PPKTP
-
Puissance
40 mW [17]
500 mW [16]
240 mW [51]
30 mW [52]
Tab. 1.2 – Sources lasers utilisées pour refroidir les atomes sur la transition
cyclante 1 S0 -1 P1 . La plupart de ces sources lasers s’appuient sur le principe
d’un doublage de fréquence dans un cristal non linéaire. Soulignons toutefois
qu’une source à 461 nm pour l’expérience strontium a été réalisée à partir
d’une somme de fréquence décrite dans le chapitre 4. Précisons aussi que
l’atome Yb, bien que n’étant pas un alcalino-terreux comme le Ca, Mg ou
Sr présente une structure atomique similaire.
une fois les champs extérieurs éteints (lasers du PMO et gradient de champ
magnétique). L’interférométrie atomique est nécessaire pour s’affranchir de
l’élargissement Doppler résiduel. La géométrie la plus couramment utilisée
pour l’interrogation des atomes est celle de Ramsey-Bordé [53] dans le domaine temporel : les atomes subissent une séquence d’impulsions laser issues de deux paires de faisceaux contra-propageants qui vont séparer puis
recombiner les paquets d’ondes ce qui conduit à des franges d’interférences
atomiques (voir figure 1.4). A chaque impulsion laser, la phase de celui-ci
est imprimée au paquet d’onde. En tenant compte de l’effet de recul, il
en résulte un déphasage global Φ accumulé par les paquets d’ondes dont
va dépendre la probabilité de transition atomique mesurée à la sortie de
l’interféromètre par la technique dite electron shelving :
Φ = 2T (∆ ± ωR ) + (ϕ2 − ϕ1 ) + (ϕ4 − ϕ3 )
(1.5)
avec T la durée entre deux impulsions copropageantes, ∆ le désaccord du
laser par rapport à la résonance atomique, ωR la fréquence angulaire de
recul et ϕi la phase du laser à l’interaction i. Dans le cas idéal où l’alignement des lasers est parfait, ces différences de phases ϕk − ϕi s’annulent.
Expérimentalement, ce n’est pas le cas : les atomes en chute libre ne voient
pas la même phase à chaque impulsion, à cause, par exemple, de défauts de
fronts d’onde laser, de l’expansion thermique du nuage atomique ou encore
à cause des sauts de phase que peuvent produire les modulateurs acoustioptiques qui génèrent les impulsions. La séquence temporelle utilisée par le
groupe du NIST est la suivante : les impulsions laser ont une durée de 1-2
µs et T est de l’ordre de quelques centaines de µs ce qui permet d’atteindre
une résolution meilleure que le kHz.
12
1.6. VERS UNE HORLOGE OPTIQUE À ATOMES PIÉGÉS ?
Fig. 1.4 – Franges obtenues par interrogation de Ramsey-Bordé du calcium
développée au NIST [16].
1.5.2
Performances et limitations
La stabilité de tels étalons de fréquence optique est de l’ordre de 10−14 τ −1/2
[16]. Elle est principalement limitée par l’effet Dick qui est dû à la conversion du bruit haute fréquence du laser interrogeant les atomes vers les basses
fréquences par un effet d’échantillonnage à la fréquence de cycle de l’horloge. Les séquences temporelles du cycle d’horloge doivent nécessairement
être optimisées pour réduire cet effet comme nous le verrons dans le chapitre
2.
L’exactitude relative est de 1.2×10−14 et une des principales contributions au budget des incertitudes est due à l’effet Doppler du premier ordre
car les atomes interrogés sont en chute libre et donc les degrés de liberté externes sont moins bien contrôlés que ceux des ions piégés. Cet effet peut être
estimé en testant plusieurs configurations d’interféromètres atomiques [54]
mais la qualité du faisceau laser reste un paramètre critique pour l’exactitude de l’horloge.
1.6
Vers une horloge optique à atomes piégés ?
Pour résumer les paragraphes précédents, les performances des étalons
de fréquences optiques sont très prometteuses. Cependant la stabilité des
horloges à ion unique piégé est limitée par un rapport signal à bruit de 1 qui
13
CHAPITRE 1. GÉNÉRALITÉS SUR LES ÉTALONS DE
FRÉQUENCE OPTIQUE
ne peut être amélioré de par la nature même de l’horloge. L’exactitude en
revanche bénéficie du fait que l’on étudie un système peu sensible aux effets
du mouvement atomique. Pour les horloges optiques à atomes neutres libres,
la stabilité est limitée principalement par des bruits techniques (l’effet Dick)
et l’effet Doppler du premier ordre limite aujourd’hui l’exactitude à quelques
10−15 . Dans les deux cas, il s’agit de réaliser un compromis entre stabilité et
exactitude. S’il était possible de piéger des atomes neutres dans le régime de
Lamb-Dicke, l’effet Doppler du premier ordre s’annulerait ainsi que l’effet de
recul. De plus un réseau optique constitué de milliers de potentiels confinant
les atomes permettrait d’envisager des temps d’interrogation plus longs que
ceux utilisés actuellement avec les atomes libres, et donc d’augmenter le
facteur de qualité atomique.
1.6.1
La longueur d’onde magique
Pour réaliser un tel étalon de fréquence optique, les atomes doivent être
piégés dans un réseau optique. Le réseau optique est constitué de deux faisceaux contra-propageants pour chaque direction de confinement. Les franges
d’interférences ainsi créées forment un réseau de pièges dipolaires séparés de
λ
(figure 1.5) où λ est la longueur d’onde des faisceaux. Lorsque la fréquence
2
des faisceaux pièges est éloignée de toute fréquence de transition atomique
pour éviter des effets parasites d’émission spontanée, il est possible de piéger
les atomes pendant plusieurs secondes.
En revanche, la présence des faisceaux piéges induisent des déplacements
lumineux des niveaux intervenant dans la transition d’horloge [55]. Une
solution envisagée pour résoudre ce problème a été proposée par H. Katori en 2001 [13]. Pour une transition d’horloge telle que les deux niveaux
impliqués possèdent un moment cinétique J = 0, il existe une longueur
d’onde des faisceaux pièges, appelée longueur d’onde magique, pour laquelle les déplacements lumineux des niveau fondamental et excité se compensent exactement au premier ordre [56,57]. La transition d’horloge choisie
pour permettre une telle configuration est la transition 1 S0 -3 P0 des isotopes
alcalino-terreux fermioniques (spin nucléaire non nul). En particulier, la longueur d’onde magique a été calculée et évaluée expérimentalement pour le
87
Sr et vaut dans ce cas 813.5 ± 0.9 nm [57]. Soulignons que cette longueur
d’onde est éloignée des longueurs d’onde des transitions atomiques du 87 Sr
d’une part et d’autre part, elle peut être générée facilement par un laser
solide de puissance de type Ti :Sa.
14
1.6. VERS UNE HORLOGE OPTIQUE À ATOMES PIÉGÉS ?
Fig. 1.5 – Représentation d’un piège dipolaire 2D.
La fréquence ν de la transition d’horloge perturbée par un champ électrique
E peut s’écrire :
1
1
→
→
~ν = ~ν0 − ∆α(−
e , ω)E 2 − ∆γ(−
e , ω)E 4 − . . .
(1.6)
4
64
→
→
où ν0 est la fréquence de la transition non perturbée, ∆α(−
e , ω) et ∆γ(−
e , ω)
sont les différences entre les polarisabilités et hyperpolarisabilités des niveaux fondamental et excité qui dépendent de façon générale de la fréquence
→
ω/2π et du vecteur unitaire de polarisation −
e de l’onde lumineuse. Si on
néglige la structure hyperfine (voir la référence [56]), le déplacement lumineux est scalaire et ne dépend donc pas de la polarisation pour des états
ayant des moments cinétiques J = 0 tels que le 1 S0 et le 3 P0 . Le piège dipolaire induit des couplages entre différents états qui sont représentés sur la
figure 1.6. Le déplacement lumineux résultant du couplage entre 1 S0 et 1 P1
est négatif pour des longueurs d’ondes λ du piège supérieures à la longueur
d’onde de la transition. De la même façon, le niveau 3 P0 est couplé aux
niveaux 3 S1 et 3 D1 ce qui induit des déplacements lumineux négatif dans le
premier cas (λ → 679 nm par valeur supérieure) et positif dans l’autre cas
(λ → 2600 nm par valeur inférieure). Il existe donc une valeur particulière
de la longueur d’onde λ, telle que ∆α=0 : la transition d’horloge n’est pas
perturbée par le piège dipolaire au premier ordre. Le graphe 1.7 représente
15
CHAPITRE 1. GÉNÉRALITÉS SUR LES ÉTALONS DE
FRÉQUENCE OPTIQUE
3
S
1
6 7 9 n m
1
P
1
l
3
P
p
3
D
1
2 .6 0 m m
0
4 6 1 n m
l
1
S
6 9 8 n m
p
0
Fig. 1.6 – Niveaux couplés par le piège dipolaire pour un atome de
87
Sr.
les déplacements lumineux des niveaux fondamental (courbe en trait plein)
et excité (courbe en pointillée) de la transition d’horloge du 87 Sr en fonction
de la longueur d’onde des faisceaux pièges. On constate effectivement une
intersection entre les deux courbes pour λ ∼ 800 nm.
Remarque : L’un des avantages de cette configuration d’horloge est que
l’on peut ainsi tester différents types d’interrogation atomique (Rabi, Ramsey), ces tests pouvant servir à mieux caractériser les effets de déplacements
de fréquence relative de la transition d’horloge. En effet, les atomes étant
dans le régime de Lamb-Dicke, on peut envisager par exemple une interrogation de type Ramsey, c’est-à-dire, avec deux zones d’interrogation séparée
temporellement de T (voir figure 1.8). Pour des atomes libres, cette interrogation est extrêmement sensible à la longueur de cohérence transverse du
jet atomique lc et au temps T : une condition pour observer les franges est
donnée par :
λ
(1.7)
T ≪
δv
où λ est la longueur d’onde de l’OL et δv la dispersion des vitesses transverses. Typiquement, pour un temps T = 10 ms et une longueur d’onde de
698 nm (correspondant à la transition d’horloge du 87 Sr), la dispersion de
vitesse transverse des atomes devrait être plus petite que 10−5 m.s−1 , ce qui
peut être difficile à réaliser et par conséquent les franges d’interférences sont
brouillées. Pour des atomes dans le régime de Lamb-Dicke, la condition 1.7
est vérifiée.
16
1.6. VERS UNE HORLOGE OPTIQUE À ATOMES PIÉGÉS ?
Fig. 1.7 – Déplacements lumineux des niveaux de la transition d’horloge
du 87 Sr pour différentes valeurs de longueurs d’onde du piège dipolaire. Ce
graphe est extrait de la référence [56]. L’intensité des faisceaux pièges est de
10 kW.cm−2 . Dans l’insert sont représentés les déplacements lumineux des
sous-niveaux de l’état 3 P0 (F=9/2) en fonction de l’angle de polarisation du
laser piège θ et en présence d’un champ magnétique de 3 mT.
T
|e
|f
|e
D z
|f
Fig. 1.8 – Interrogation Ramsey des atomes libres d’un jet atomique dans
le domaine optique. Il y a deux ports de sorties par états internes séparés de
la quantité ∆z = ~kL T /M selon la direction z transverse du jet atomique,
avec kL vecteur d’onde de faisceaux lasers et M , masse de l’atome.
17
CHAPITRE 1. GÉNÉRALITÉS SUR LES ÉTALONS DE
FRÉQUENCE OPTIQUE
1.6.2
Performances envisagées
La stabilité ultime d’une horloge optique à atomes neutres est de 10−18
à 1 s. En revanche, on peut gagner deux ordres de grandeurs en exactitude
entre une hologe optique à atomes neutres piégés et une horloge optique à
atomes libres, l’effet Doppler n’étant plus dans ce cas précis limitant. Les
déplacements de fréquence relative liés aux déplacements lumineux d’ordres
supérieurs, à l’effet Zeeman, au déplacement lumineux induit par le laser
d’interrogation peuvent être contrôlés au niveau de 10−17 .
1.7
Conclusion
Nous avons vu dans ce chapitre l’intérêt de développer une horloge optique à atomes piégés qui présentent des performances ultimes prometteuses
(∼ 10−17 pour l’exactitude et 10−18 à 1 s pour la stabilité). Pour pouvoir
approcher ces objectifs, il s’agit d’étudier les effets qui peuvent compromettre ces performances et d’élaborer une stratégie pour s’en affranchir. En
particulier pour la stabilité de l’horloge, elle sera, dans les premiers temps,
limitée par le bruit en fréquence de l’oscillateur local à savoir le laser d’interrogation. Dans le chapitre 2, nous étudierons cet effet connu sous le nom
d’effet Dick et nous verrons que deux points sont importants pour le réduire
au niveau de 10−16 à 1 s : la séquence temporelle d’interrogation et la pureté
spectrale du laser d’interrogation. Expérimentalement, nous avons construit
un laser de grande pureté spectrale pouvant satisfaire ces objectifs et décrit
dans le chapitre 3. Pour l’élaboration de notre horloge optique à atomes
neutres piégés, nous avons choisi l’atome de strontium qui présente de nombreux avantages en particulier les longueurs d’onde utilisées pour refroidir,
piéger et interroger les atomes sont relativement facilement accessibles avec
des diodes lasers ou des lasers solides. La réalisation d’une source froide
d’atomes de strontium est présentée dans le chapitre 4. Enfin l’observation
de la transition d’horloge et la mesure de sa fréquence sont exposées dans
le chapitre 5.
18
Chapitre 2
Discussion sur les
performances d’un étalon de
fréquences optiques
2.1
Introduction
L’effet Dick limite les performances des étalons de fréquence fonctionnant en régime pulsé. Le bruit de l’oscillateur local libre est échantillonné
à la fréquence de cycle fc de l’horloge et, par repliement de spectre, les
composantes de ce bruit aux fréquences de Fourier proches d’un multiple de
fc sont converties vers les basses fréquences [58–60]. La réponse des atomes
interrogés par l’oscillateur local à une telle conversion se traduit par une fluctuation de la probabilité de transition. L’effet Dick se manifeste par l’ajout
d’une composante de bruit blanc de fréquence dans le spectre de l’oscillateur
local asservi. Dans les années 90, pour les fontaines à césium, l’effet Dick
limitait leur stabilité autour de 3 − 4 × 10−13 τ −1/2 avec l’utilisation d’oscillateurs à quartz [61, 62]. En améliorant la chaı̂ne de synthèse de fréquences
et en remplaçant l’oscillateur à quartz par un oscillateur cryogénique en
saphir [63], on a pu atteindre la limite quantique et réduire l’effet Dick en
deça de cette limite ce qui correspond à une stabilité de ∼ 10−14 τ −1/2 [2].
Dans le cas des horloges optiques à atomes neutres, le bruit de projection
quantique est au moins de trois ordres de grandeur plus petit que dans le
cas des fontaines à césium. Dans un premier temps, l’effet Dick limite donc
nécessairement les performances de ces horloges optiques. Néanmoins, il est
possible de minimiser ces effets d’une part grâce à des améliorations techniques de l’oscillateur local (un laser) et d’autre part grâce à l’optimisation
de la séquence d’interrogation des atomes.
Dans ce chapitre, nous allons définir l’effet Dick dans un cadre général,
19
CHAPITRE 2. DISCUSSION SUR LES PERFORMANCES D’UN
ÉTALON DE FRÉQUENCES OPTIQUES
puis nous étudierons ses conséquences sur la stabilité des étalons de fréquence
optiques à atomes neutres. Deux cas seront exposés : les horloges optiques
à atomes neutres libres et celles à atomes piégés. Nous verrons que selon
les cas, il faut envisager des interrogations différentes des atomes telles que
les interrogations Ramsey-Bordé pour les atomes neutres libres, Ramsey ou
Rabi pour les atomes piégés. Nous traiterons l’effet Dick pour chacune de
ces configurations et nous montrerons qu’il est possible, après optimisation
de certains paramètres expérimentaux, d’atteindre une stabilité de quelques
10−16 τ −1/2 .
2.2
Définition de l’effet Dick
La stabilité des étalons de fréquences dits passifs est limitée par les
fluctuations de phase de l’oscillateur local. Cet effet a été étudié par G.
J. Dick à la fin des années 80 [58] et est ainsi connu sous le nom d’effet
Dick. Lorque l’horloge fonctionne en mode pulsé, on appelle temps de cycle
Tc la durée totale du processus qui aboutit à l’obtention d’une valeur de
la fréquence délivrée par l’oscillateur local (noté par la suite OL) après
interrogation et détection de la transition atomique. Le cycle comprend
pour les fontaines, par exemple, quatre étapes : le refroidissement et le
lancement à travers la cavité micro-onde (environ 500 ms), la préparation
de l’état quantique des atomes (quelques ms), l’interrogation (environ 500
ms) et la détection (quelques ms). En dehors de la phase d’interrogation,
les atomes ne sont pas sensibles au bruit de fréquence de l’oscillateur local.
La probabilité de transition des atomes entre les deux états de la transition d’horloge, qui conduit au signal d’erreur pour l’asservissement de l’OL,
dépend directement de la sensibilité de la réponse atomique à ces fluctuations de phase [64]. Celle-ci est caractérisée par la fonction de sensibilité g(t)
introduite par G. J. Dick : elle traduit la réponse atomique linéaire à un saut
de phase infinitésimal δΦ de l’OL au temps t tel que (n − 1)Tc ≤ t < nTc .
Elle s’écrit [64] :
δP (δΦ, t)
g(t) = 2 lim
(2.1)
δΦ→0
δΦ
avec δP (δΦ, t) la variation de probabilité de transition. De fait, la réponse
atomique filtre les fluctuations de fréquence de l’OL, et pour un fonctionnement pulsé de l’horloge, on échantillonne les composantes spectrales du
bruit de fréquence de l’OL à la fréquence de cycle de l’horloge fc = T1c . Cela
a pour conséquence une conversion par repliement de spectre du bruit de
fréquence de l’OL autour des harmoniques de la fréquence fc , fn = nfc ,
vers les basses fréquences induisant un bruit supplémentaire sur l’asservis20
2.2. DÉFINITION DE L’EFFET DICK
sement [58, 64]. On peut ainsi écrire [58] :
lim
f →0
SyLLO
∞
2 X 2
2
= 2
(g + gcn
)SyLO (fn )
g0 n=0 sn
(2.2)
où SyLLO est la densité spectrale de bruit de fréquence relative de l’OL
asservi, SyLO la densité spectrale de bruit de fréquence relative de l’OL libre
et g0 , gsn et gcn les coefficients du développement en série de Fourier de la
fonction de sensibilité g(t) :
∞
g0 X
t
t
g(t) =
+
gcn cos(2πn ) + gsn sin(2πn )
2
Tc
Tc
n=1
où
R Tc
2
g0 = Tc R0 g(t)dt
T
gcn = T2c 0 c g(t) cos(2πn Ttc )dt
R
T
gsn = T2c 0 c g(t) sin(2πn Ttc )dt
(2.3)
(2.4)
En terme de variance d’Allan [65], l’équation 2.2 s’écrit :
2
σyLLO
(τ )
∞
n
1 X 2
2
(gsn + gcn
)SyLO ( )
= 2
τ g0 n=1
Tc
(2.5)
avec τ le temps d’intégration.
L’effet Dick peut être estimé pour différents types de bruits usuellement
rencontrés en modélisant SyLO par une loi de puissance :
SyLO (f )
=
α=+2
X
hα f α
(2.6)
α=−2
où hα est un coefficient caractérisant un bruit particulier. Pour du bruit
blanc de fréquence, α = 0. La variance d’Allan liée à l’effet Dick pour un
bruit décrit par un α spécifique s’écrit :
2
σyLLO,α
(τ )
∞
1 hα X 2
2
= 2 α
)nα ]
[(g + gcn
τ g0 Tc n=1 sn
(2.7)
La série converge si les coefficients de Fourier se comportent asymptotiquement comme n1k avec 2k − α > 1. Dans ce cas, l’expression de σyLLO est
caractéristique d’un bruit blanc de fréquence (comportement en τ −1/2 ) introduit à long terme dans le spectre de bruit de fréquence de l’oscillateur
asservi.
21
CHAPITRE 2. DISCUSSION SUR LES PERFORMANCES D’UN
ÉTALON DE FRÉQUENCES OPTIQUES
2.3
Cas d’une horloge optique à atomes neutres
libres
La fonction de sensibilité de g(t) a été calculée suivant différentes méthodes
pour des horloges micro-ondes avec une interrogation de type Ramsey dans
les références [66], [64] et [67]. Le principe, qui sera repris pour les étalons de
fréquences optiques à atomes neutres libres, est le suivant : afin de calculer
la fonction de sensibilité après une interaction de durées τp entre les atomes
et l’OL, on suppose qu’un saut de phase de l’OL intervient à un temps t
de cette interaction. Celle-ci se décompose alors en deux impulsions Rabi
successives de durée respectives t − t0 et τp − t, où t0 est le temps marquant
le début de l’interaction. Par la suite, il suffit de déterminer la variation
de la probabilité de transition atomique à l’issue de ces deux impulsions
successives pour obtenir g(t) suivant l’équation 2.1.
On doit cependant prendre quelques précautions dans le calcul de g(t)
pour les horloges optiques à atomes neutres libres : il faut tenir compte
des états externes de l’atome. La composante du recul de l’atome ne peut
certainement plus être négligée comme c’était le cas dans les fontaines microondes. Cette dernière est de l’ordre de quelques kHz pour l’atome de 87 Sr,
pour la transition 1 S0 −→3 P0 à 698 nm, alors que pour l’atome de 133 Cs
elle est de 10−6 Hz pour la transition d’horloge à ∼ 9.2 GHz.
2.3.1
Matrice d’interaction
Déterminons dans un premier temps la matrice décrivant l’interaction
entre l’atome et un faisceau laser. Considérons un atome à deux niveaux
{|f i, |ei} soumis à l’interaction d’un champ laser. L’atome se déplace dans
la direction notée x perpendiculairement à la direction de propagation de
l’onde laser considérée comme plane pour simplifier la discussion (figure
2.1). Le champ laser peut alors s’écrire sous la forme :
→→
−
→−
1−
r , t)eı(ωL t−kL z−ϕ) + c.c
E (→
r , t) = E0 (−
2
(2.8)
On suppose également que l’atome appartient à un jet collimaté selon l’axe
Ox de sorte que sa vitesse transverse vz est très petite devant sa vitesse
longitudinale vx . Par ailleurs, on néglige tout effet parasite d’émission spontanée pendant le temps de la traversée de l’onde laser. L’opérateur décrivant
l’interaction atome-laser Vlaser est donné grâce à l’opérateur moment dipo−
→
laire électrique d :
−
→ −
→
−
→
d = D |ei hf | + D |f i he|
(2.9)
22
2.3. CAS D’UNE HORLOGE OPTIQUE À ATOMES NEUTRES
LIBRES
k
L
z
v
x
z
v
v
a t
A to m e
x
F a is c e a u la s e r
Fig. 2.1 – Déplacement de l’atome par rapport au faisceau laser.
−
→
D étant supposé réel.
Quelques hypothèses sont encore nécessaires afin de traiter simplement
ce problème. Seul le mouvement de l’atome selon l’axe Oz est quantifié : on
assimile l’opérateur position X à la grandeur classique x(t). L’hamiltonien
d’interaction Vlaser s’écrit dans ce cas :
−
→−
→
Vlaser = − d . E
(2.10)
¤
~Ω0 (t) £
|ei hf |eı(kL Z−ωL t−ϕ) + |f i he|e−ı(kL Z−ωL t−ϕ)
=
2
−
→→
−
où Ω0 = −E~0 . D est la pulsation de Rabi. L’opérateur e±ıkL Z agit sur les
degrés de liberté externes de l’atome : il translate l’impulsion atomique pz
de la quantité ±~kL .
Les notations utilisées dans toute la suite du chapitre sont explicitées
dans le tableau 2.1.
−
→
→
→
Vlaser ne couple l’état |f, −
p i qu’à l’état |e, −
p + ~kL i. L’Halmiltonien
total s’écrit :
−
→2
P
+ Vlaser
(2.11)
H = ~ω0 +
2M
→
→
L’état de l’atome est décrit par une superposition des états {|f, −
p i, |e, −
p +
−
→
~kL i} [68] :
−
→
→
→
|Ψ(t)i = cf (t)|f, −
p i + ce (t)|e, −
p + ~kL i
(2.12)
On se place dans la représentation du champ tournant :
(
−
pt
cf (t) = γf (t)e−ıωf,→
−
→t
−ıω −
p +~ kL
ce (t) = γe (t)e e,→
23
(2.13)
CHAPITRE 2. DISCUSSION SUR LES PERFORMANCES D’UN
ÉTALON DE FRÉQUENCES OPTIQUES
Grandeur
Différence de fréquences
angulaires entre le laser
et l’atome
→
Energie du niveau |f, −
pi
−
→
Energie du niveau |e, p +
−
→
~kL i
Désignation
∆
Valeur
ωL − ω0
Energie
du
niveau
−
→
−
→
|f, p + 2~kL i, voir
section ’Description de
l’interféromètre Ramsey
Bordé’
−
→
~ωf,−
→
p +2~kL
Effet Doppler du premier
ordre
Fréquence angulaire de
recul
δ désaccord sur les deux
premières impulsions
δ ′ désaccord sur les deux
dernières impulsions
ωD
→
→
− −
P .k L
M
ωR
2
~kL
2M
−
~ωf,→
p
−
→
~ωe,→
−
p +~kL
~ω0 +
−
→
→
−
( P +~kL )2
2M
−
→
→
−
( P +2~kL )2
2M
=
=
−
→2
P
2M
→
−2
P
+
2M
−
→2
P
2M
~(ω0 + ωD + ωR )
+ ~(2ωD + 4ωR )
δ
−
−
→
ωf,→
→
p + ωL − ωe,−
p +~kL
δ′
−
→ + ωL − ω →
−
→
ωf,→
−
p +2~kL
e,−
p +~kL
Tab. 2.1 – Définition des notations utilisées dans la suite des calculs.
24
2.3. CAS D’UNE HORLOGE OPTIQUE À ATOMES NEUTRES
LIBRES
Im p u ls io n la s e r
q
t
t0
c
c
f
c
te m p s
(t0)
c
f
e
(t) = M
e
c
c
f
(t0)
e
Fig. 2.2 – Evolution des états de l’atome.
Dans le cadre de l’approximation séculaire, l’équation de Schrödinger décrivant
l’évolution de |Ψ(t)i est ramenée au système d’équations différentielles :
(
γ̇f = −ı Ω20 eı(δt+ϕ) γe (t)
γ̇e = −ı Ω20 e−ı(δt+ϕ) γf (t)
(2.14)
On cherche des solutions de γf (t) et γe (t) sous la forme :
(
δ
Ωt
Ωt
γf (t) = eı 2 t (ξf eı 2 + χf e−ı 2 )
δ
Ωt
Ωt
γe (t) = e−ı 2 t (ξe eı 2 + χe e−ı 2 )
(2.15)
p
avec Ω = δ 2 + Ω20 . En résolvant 2.14 et en tenant compte de 2.15, on en
déduit la matrice M qui traduit l’évolution des états d’un atome lors d’une
interaction de durée θ = t − t0 avec le champ laser (voir figure 2.2) [69] :
£
δ
−
−
Ω0 ı( 2δ −ωf,→
p )(t−t0 )
p )(t−t0 ) cos( Ω0 (t − t ))
−ı
e
eı( 2 −ωf,→
0
Ω
2
¤
− ı Ωδ sin( Ω20 (t − t0 ))
× sin( Ω20 (t − t0 ))eı(ωL t0 +ϕ)
M=
δ
δ
−
→ )(t−t0 )
−
→ )(t−t0 ) £
−ı( 2 +ωe,→
−
−
Ω0
p +~ kL
p +~ kL
−ı Ω0 e−ı( 2 +ωe,→
e
− t0 ))
cos( 2 (t
Ω
¤
+ ı Ωδ sin( Ω20 (t − t0 ))
× sin( Ω20 (t − t0 ))e−ı(ωL t0 +ϕ)
(2.16)
25
CHAPITRE 2. DISCUSSION SUR LES PERFORMANCES D’UN
ÉTALON DE FRÉQUENCES OPTIQUES
t
T
T
T
v
D '
C '
B '
E '
If ,p >
Ie ,p
-h k >
B
If ,p >
k>
If ,p >
C
A
2h
,I f p +
If ,p >
E
If ,p >
D
Ie ,p
-h k >
Fig. 2.3 – Interféromètre de Ramsey-Bordé dans le domaine temporel.
En fait, sur les seize chemins possibles au total, on distingue quatre chemins fermés qui aboutissent à deux intérferomètres possibles ABB’CC’D’ et
ABB’EE’D.
2.3.2
Description de l’interféromètre Ramsey-Bordé
Nous allons maintenant nous intéresser au cas où l’atome subit quatre
impulsions laser selon la configuration de l’interféromètre de Ramsey-Bordé
[53, 70]. Le champ laser va permettre de séparer, réflechir et recombiner les
paquets d’ondes atomiques, les différents chemins étant repérés par l’ état
interne de l’atome. On peut réaliser un interféromètre de Ramsey-Bordé soit
dans le domaine spatial soit dans le domaine temporel. Dans le premier cas,
l’atome traverse deux paires de faisceaux laser contrapropageants. Dans le
second cas, celui auquel nous allons nous attacher par la suite, l’atome subit
deux impulsions laser de durée τp séparées d’un temps T puis deux autres
impulsions d’un laser contrapropageant de même durée et espacées du même
temps T (voir figure 2.3). La durée entre les deux paires d’impulsions est
Tv .
A chaque zone d’interaction, le paquet d’onde atomique se sépare en deux
paquets. Il évolue librement entre deux impulsions. Seuls quatre chemins sur
les seize possibles constituent deux interféromètres fermés bien distincts et
permettent ainsi la superposition de deux paquets d’onde cohérents lors de la
quatrième impulsion laser. Cette superposition de paquets d’ondes conduit
à des franges d’interférences atomiques. Dans le cas d’une interrogation de
type Ramsey-Bordé, on obtient deux systèmes de franges centrés sur ±ωR ,
26
2.3. CAS D’UNE HORLOGE OPTIQUE À ATOMES NEUTRES
LIBRES
chacun correspondant à un interféromètre, et la population de l’état excité
s’écrit :
1 1
(2.17)
Pe = − {cos[2T (∆ + ωR )] + cos[2T (∆ − ωR )]}
2 8
Ces deux systèmes contribuent de façon égale au signal détecté et pour
qu’il y ait intérférences constructives entre les deux systèmes conduisant à
un contraste maximal, il existe une condition sur T telle que T ∝ 1/4ωR .
Pendant les impulsions, les phases du champ laser aux temps d’interaction
sont ’imprimées’ aux fonctions d’onde atomiques.
Par la suite on considère que les faisceaux laser utilisés ont des cols beaucoup plus larges que la taille des nuages atomiques, on peut ainsi négliger
la variation spatiale de la pulsation de Rabi Ω, nous supposerons également
que la fréquence angulaire Ω(t) est constante pendant toute la durée de
l’impulsion τp (c’est-à-dire que Ω possède un profil rectangulaire) et que les
paramètres expérimentaux sont ajustés de façon à ce que le produit Ωτp soit
égal à π2 .
2.3.3
Fonction de sensibilité dans le cas d’une interrogation de type Ramsey-Bordé
Calculons maintenant la fonction de sensibilité pour une interrogation
de type Ramsey-Bordé. Dans notre cas, il est inutile de prendre en compte
les deux composantes de recul (celle issue de l’interféromètre ABB’CC’D
et celle issue de ABB’EE’D’). Pour ces deux composantes, la fonction de
sensibilité est la même dans les deux cas à un coefficient de proportionalité
près, lequel n’intervient pas dans le calcul de l’effet Dick. Nous choisissons
de calculer g(t) pour l’interféromètre ABB’CC’D. Les autres chemins qui ne
conduisent pas à un interféromètre fermé, ne contribuent pas au calcul de
g(t) au premier ordre. Rappelons la méthode employée : si un saut de phase
intervient à un temps t lors d’une impulsion, cette dernière sera décomposée
en deux impulsions successives de durées respectives t − t0 (t0 désigne le
début de l’impulsion) et τp − t et de phases 0 et ϕ. La phase du laser peut
ainsi être modélisée par une fonction échelon :
(
0 0 ≤ ti < t
ϕ(ti ) =
(2.18)
ϕ ti > t
En reprenant les calculs décrivant l’interaction entre un atome et une impulsion laser définie plus haut, |Ψ(t)i se décompose sur la base des états
{|1i, |2i} :
|Ψ(t)i = C1 (t)|1i + C2 (t)|2i.
(2.19)
27
CHAPITRE 2. DISCUSSION SUR LES PERFORMANCES D’UN
ÉTALON DE FRÉQUENCES OPTIQUES
L’état |1i est l’état de l’atome le long du chemin AB’C’D de l’interféromètre
−
→
→
donné par |e, −
p + ~kL i. L’état |2i, quant à lui, est l’état atomique le long
−
→
−
→
→
→
→
de ABCD repéré successivement par |f, −
p i, |e, −
p + ~kL i, |f, −
p + 2~kL i et
−
→
→
|e, −
p +~kL i. L’évolution de C1 (t) et de C2 (t) est déterminée par la méthode
suivante [68] : au lieu d’utiliser une matrice 16 × 16 donnant l’évolution de
tous les états sur tous les chemins possibles, nous allons décomposer pour
chaque impulsion l’état atomique sur la base {|f i, |ei} et ne garder à l’issue
de l’impulsion que la projection de l’état qui nous intéresse pour construire
l’interféromètre. L’évolution de l’état atomique au sein même de l’impulsion
laser est bien-entendu donnée par M. La propagation libre, quant à elle, se
−
→
−
→
−ıωe,→
−ıω −
−
−
p +~ kL
p +2~ kL
p , e
traduit par un terme de phase e−ıωf,→
ou e f,→
selon que
−
→
−
→
−
→
−
→
−
→
l’on a affaire respectivement aux états |f, p i, |e, p +~kL i ou |f, p +2~kL i.
En gardant à l’esprit ces méthodes, nous allons illustrer notre propos
−
→
→
par le calcul de l’amplitude de probabilité de l’état |e, −
p + ~kL i suivant le
chemin ABCD lorsque une variation de phase du laser se produit pendant
la troisième interaction. En effet, on peut montrer que si l’interrogation
est paire, la fonction de sensibilité est paire également [67]. Il suffit donc
de calculer g(t) pour t > 0, autrement dit pour les troisième et quatrième
impulsions de l’interféromètre Ramsey-Bordé (figure 2.4).
µ
¶2
Tv
δ
ı
Ω0 −ıωe,→
−
→ (4τp +2T +Tv ) ıω (T +2τ +T ) −ıτ (δ+δ ′ )
−
p
v
p +~ kL
C2 (T +
+ 2τp ) = √ 1 + ı
e
e L
e p
2
Ω
Ω
2 2
(µ ¶
¸
·
¸
·
2
Ω
Tv
Ω Tv
Ω0
( + τp − t) sin
(t − )
sin
×
Ω
2 2
2
2
−ı(t− Tv )(ω
−
→ +ω
−
→)
−
−
2
f,→
p +2~ kL
e,→
p +~ kL
× e−ı[ωL t+ϕ] e
· ·
¸
·
¸¸
Ω Tv
Ω Tv
δ′
− cos
( + τp − t) + ı sin
( + τp − t)
2 2
2
2 2
· ·
¸
·
¸¸¾
Ω
Ω
Tv
δ′
Tv
× cos
(t − ) + ı sin
(t − )
2
2
2
2
2
(2.20)
On procède de la même façon pour C1 . Il suffit par la suite de calculer
le module au carré de la somme des deux amplitudes obtenues pour en
−
→
→
déduire la probabilité de transition vers l’état |e, −
p + ~kL i à la sortie de
l’interféromètre et de dériver la relation par rapport à φ pour φ = 0 afin
d’obtenir la fonction de sensibilité sur l’intervalle de temps T2v < t < τp +
Tv
. En réitérant ce processus de calcul pour des variations de phases du
2
laser intervenant lors de chaque impulsion, on arrive à l’expression de g(t)
complète pour t > 0 :
28
2.3. CAS D’UNE HORLOGE OPTIQUE À ATOMES NEUTRES
LIBRES
¸
¶4
·
Tv
Ω0
Ω
(t − )
sin
Ω
2
2
( µ
¶3
δ
× 2ℜ −ı 1 + ı
e−ı2T (∆+ωR )
Ω
(·
¸2
Tv
δ′
Ω
Tv
Ω
− t)] + ı sin[ (τp +
− t)]
×
cos[ (τp +
2
2
Ω
2
2
·
¸
Ω
Tv
δ′
Ω
Tv
× cos[ (t − )] + ı sin[ (t − )]
2
2
Ω
2
2
·
¸))
µ ¶2
′
Ω
T
Ω
T
δ
Ω
T
Ω0
v
v
v
sin2 [ (τp +
− t)] cos[ (t − )] + ı sin[ (t − )]
+
Ω
2
2
2
2
Ω
2
2
1
g(t) =
4
µ
sur l’intervalle
1
g(t) =
4
µ
Tv
Tv
< t < τp + ;
2
2
Ω0
Ω
¶4 µ
δ2
1+ 2
Ω
¶
)
(µ
¶2
δ′
1+ı
×ℑ
eı2T (∆+ωR )
Ω
(2.21)
(2.22)
Tv
sur l’intervalle τp < t < τp + T + ;
2
(
µ ¶4
¶µ
¶2
µ
Tv
Ω
δ
δ′
1 Ω0
ı2T (∆+ωR )
− t)] × 2ℜ ıe
sin[ (2τp + T +
1+ı
1+ı
g(t) =
4 Ω
2
2
Ω
Ω
(·
¸2
Tv
δ′
Ω
Tv
Ω
− T − τp )] + ı sin[ (t −
− T − τp )]
×
cos[ (t −
2
2
Ω
2
2
·
¸
Ω Tv
δ′
Ω Tv
× cos ( + T + 2τp − t) + ı sin ( + T + 2τp − t)
2 2
Ω
2 2
µ ¶2
Ω0
Ω
Tv
+
sin2 [ (t −
− T − τp )]
Ω
2
2
¸¾¾
·
δ′
Ω Tv
Ω Tv
× cos[ ( + T + 2τp − t)] + ı sin[ ( + T + 2τp − t)]
2 2
Ω
2 2
Tv
Tv
< t < 2τp + T + ;
sur l’intervalle τp + T +
2
2
(2.23)
29
CHAPITRE 2. DISCUSSION SUR LES PERFORMANCES D’UN
ÉTALON DE FRÉQUENCES OPTIQUES
0
0
-(T + 2 t + T v /2 )
-(T + t + T v /2 )
-(T v /2 + t )
f
0
-T v /2
0
t
T v /2
f
T v /2 + t
T + 2 t + T v /2
T + t + T v /2
te m p s
Fig. 2.4 – Représentation des impulsions de l’interféromètre de RamseyBordé dans le domaine temporel. Une variation de phase du laser de 0 à φ
s’effectue pendant la troisième impulsion.
Cette expression peut se simplifier dans le cas des faibles désaccords,
c’est-à-dire pour δ ≪ Ω0 , en effectuant un développement limité au premier
ordre en Ωδ . La fonction de sensibilité g(t) s’écrit alors pour Ωτp = (2k+1)π/2
(voir figure 2.5) :
(−1)k sin[Ω(t − T2v )]
1
1
g(t) = sin 2T (∆+ωR )
(−1)k sin[Ω(2τp + T +
4
0
Tv
2
Tv
2
< t < τp + T2v
τp + T2v < t < τp + T2v + T
− t)] τp + T2v + T < t < 2τp + T2v + T
sinon
(2.24)
g(t) a été tracée pour trois cas : Ωτp = π2 , Ωτp =
2.5).
2.3.4
3π
2
et Ωτp =
5π
2
(figure
Expression des coefficients de Fourier
Rappelons tout d’abord que, d’après l’équation 2.5, les coefficients de
Fourier de la fonction de sensibilité g(t) pondèrent la conversion vers les
basses fréquences du bruit de l’oscillateur local aux harmoniques de la
fréquence de cycle fc . g(t) est, comme nous l’avons vu précédemment, une
fonction paire, ce qui signifie que les coefficients gsn sont nuls. Les gcn
peuvent être calculés analytiquement. On note Tc le temps de cycle :
30
2.3. CAS D’UNE HORLOGE OPTIQUE À ATOMES NEUTRES
LIBRES
Fig. 2.5 – Fonction de sensibilité dans le cas d’une interrogation RamseyBordé pour t > 0 pour différentes valeurs de Ωτp . Les paramètres temporels
sont τp = Tv = 0.1T , le temps de cycle est Tc = 5ms et le rapport cyclique
= 0.5.
d = 2T
Tc
·
¸
T + 2ε + 2τp
gcn = 2 sin[2T (∆ + ωR )] cos πn
Tc
¶
·
µ
½
πnT
1
2πn sin(Ωτp ) sin
(ΩTc )2 − (2πn)2
T
¶
µ c
¶¸
µ
T + 2τp
πnT
+ Ωτp cos πn
− Ωτp cos(Ωτp ) cos
Tc
Tc
¾
πnT
1
sin
+
2πn
Tc
(2.25)
L’expression de g0 est plus simplement :
·
1
T
g0 = 2 sin[2T (∆ + ωR )]
(1 − cos Ωτp ) +
ΩTc
2Tc
¸
(2.26)
On peut simplifier l’expression des coefficients de Fourier en prenant
Ωτp = (2k + 1) π2 , avec k ∈ Z, et en fonction du rapport cyclique d = 2T
Tc
(τp , Tv ≪ T ) :
31
CHAPITRE 2. DISCUSSION SUR LES PERFORMANCES D’UN
ÉTALON DE FRÉQUENCES OPTIQUES
2
Fig. 2.6 – Rapport des coefficients de Fourier ggcn2 pour l’interrogation de
0
(k = 1),
Ramsey-Bordé en fonction de log(n) pour Ω = π2 (k = 0) et Ω = 3π
2
un rapport cyclique de 0.5 et Tc = 5ms.
·
d
4τp
+ (−1)k
g0 =(−1) sin[2T (∆ + ωR )]
(2k + 1)πTc
2
k
µ
k
πnd
2
¶
¸
gcn = 2(−1) sin[2T (∆ + ωR )] cos
"
#
(
1
2πn
πnd
k
)
+
(−1) sin(
2
2πn ( (2k+1)π Tc )2 − (2πn)2
2τp
µ
¶)
(2k+1)π
T
c
πnd
2τ
cos
+ (2k+1)π p
2
Tc )2 − (2πn)2
(
(2.27)
2τp
Le graphe 2.6 illustre la façon dont ces coefficients dégradent la stabilité
de fréquence de l’horloge et donne leur comportement asymptotique : les
2
2
/g02 qui intervient dans
se comportent comme n14 . De plus le rapport gcn
gcn
le calcul de la variance d’Allan liée à l’effet Dick ne dépend que du rapport
cyclique d.
32
2.3. CAS D’UNE HORLOGE OPTIQUE À ATOMES NEUTRES
LIBRES
2.3.5
Evaluation de l’effet Dick pour un bruit blanc
de fréquence
Dans le cas d’un bruit blanc de fréquence, SyLO (fn ) vaut h0 en reprenant
les notations de l’équation 2.6. Sous cette condition particulière, l’écart-type
d’Allan dû à l’effet Dick peut se calculer de façon analytique, en utilisant le
théorème de Parseval :
2
Tc
On a alors :
Z
0
Tc
2
∞
g2 1 X 2
g (t)dt = 0 +
g
4
2 n=1 cn
2
" Z Tc
#
2 g 2 (t)
1
4
h
0
2
dt −
σyLLO
(τ ) =
τ Tc 0
g02
2
(2.28)
(2.29)
Cette expression se traduit simplement pour τ ≫ Tc par :
σy2 (τ )
h0
=
2τ
µ
¶
1
−1
d
(2.30)
On retrouve exactement le même résultat que dans le cas d’une interrogation Ramsey [64] : la stabilité en fréquence ne dépend que de d, le rapport
cyclique. D’après l’équation 2.30, l’OL asservi est plus stable que l’OL en
fonctionnement libre si 1 > d ≥ 0.5. On constate également que la limite
2
de σyLLO
lorsque d tend vers 1 est 0, ce qui signifie que pour d = 1, il n’y
a pas d’effet Dick. On voit d’ores et déjà que l’on a intérêt à choisir un
rapport cyclique le plus proche possible de 1. Le tableau 2.2 donne pour
différents rapports cycliques, la variance d’Allan liée à l’effet Dick. On choisit comme niveau de bruit blanc de l’OL 10−2 Hz2 /Hz avec une fréquence
de cycle fc = T1c de 100 Hz, ce qui correspond au palier de bruit blanc du
laser ultra-stable utilisé dans notre expérience.
2.3.6
Evaluation de l’effet Dick pour différents oscillateurs
Illustrons l’effet Dick sur la stabilité d’une horloge optique à atomes
non piégés avec une interrogation de type Ramsey-Bordé, dans le cas d’oscillateurs bien particuliers présentés ci-après. Le bruit de l’oscillateur aux
fréquences inférieures à fc n’est pas échantillonné par la réponse atomique.
Par conséquent, on peut penser, a priori, que avec une valeur de fc appropriée, seul le palier de bruit blanc du laser intervient dans l’évaluation de
33
CHAPITRE 2. DISCUSSION SUR LES PERFORMANCES D’UN
ÉTALON DE FRÉQUENCES OPTIQUES
Rapport cyclique d
0.5
0.7
0.9
0.95
0.99
Effet Dick
2.33 × 10−16 τ −1/2
1.52 × 10−16 τ −1/2
7.77 × 10−17 τ −1/2
5.34 × 10−17 τ −1/2
2.34 × 10−17 τ −1/2
Tab. 2.2 – Valeurs de l’effet Dick dans le cas d’une interrogation de RamseyBordé pour diverses valeurs du rapport cyclique, dans le cas du bruit blanc
de fréquence au niveau de 10−2 Hz2 /Hz.
l’effet Dick. La stabilité liée à l’effet Dick est toujours donnée dans ce cas
par la relation 2.30.
Le laser ultra-stable de l’expérience strontium
Le laser ultra-stable de l’expérience strontium est une diode laser à 698
nm asservie sur une cavité Fabry-Perot de grande finesse (F = 27 000) en
utilisant la technique de Pound Drever Hall qui sera décrite dans le chapitre
3. Le spectre de bruit de fréquence peut se décomposer suivant deux domaines de fréquence : à basse fréquence (1 Hz - 60 Hz), le bruit en fréquence
du laser est dû aux vibrations et est relativement élevé (14 Hz2 /Hz à 10 Hz).
Le niveau du palier de bruit blanc se situe sur ce graphe à 10−1 Hz2 /Hz dans
le domaine 60 Hz - 20 kHz. On verra par la suite l’effet Dick associé à
un tel spectre. Ajoutons que les performances du laser ultra-stable ont été,
depuis les résultats présentés dans ce mémoire, encore optimisées en particulier dans le domaine des basses fréquences (< 100 Hz) et que les stabilités
calculées pour les différents types d’interrogation constituent des limites
supérieures aux stabilités attendues.
Autres lasers
Nous avons également choisi de nous intéresser à deux lasers particuliers :
le premier est utilisé dans l’expérience VIRGO dont le spectre1 de bruit de
fréquence est présenté par la courbe (b) du graphe 2.7 et le deuxième est un
laser ’idéal’ uniquement limité par le bruit thermique de la cavité PF sur laquelle il est asservi. Son spectre de bruit de fréquence est représenté par la
coube (c) du graphe 2.7. Nous avons supposé que pour notre expérience
1
Je remercie beaucoup François Bondu de m’avoir fourni ces données.
34
2.3. CAS D’UNE HORLOGE OPTIQUE À ATOMES NEUTRES
LIBRES
Fig. 2.7 – Densité spectrale des bruits de fréquence des lasers ultra-stables
utilisés dans le projet strontium (a) et dans le projet VIRGO (b). En (c) est
représenté le spectre de bruit de fréquence d’un laser, dont la limite ultime
serait le bruit thermique de la cavité Fabry-Perot sur laquelle il est asservi.
d’horloge optique, nous disposons d’un oscillateur local qui possède les
mêmes propriétés spectrales que l’un ou l’autre de ces deux lasers. Par
souci de clarté, les résultats concernant les différents types d’interrogation
atomique discutés pour ces deux lasers, sont présentés dans l’annexe A de
ce mémoire.
Effet Dick évalué en fonction du rapport cyclique et de la fréquence
de cycle
Nous avons évalué l’effet Dick pour les OL décrits précédemment en
fonction de deux paramètres qui semblent a priori appropriés, à savoir le
rapport cyclique d et la fréquence de cycle fc . Les résultats sont présentés
dans les graphes 2.8. On remarque que plus la fréquence de cycle est élevée,
plus la variance d’Allan est petite, on gagne ainsi plus d’un ordre de grandeur entre une fréquence fc = 1Hz et fc = 60Hz où 60 Hz représente,
dans le cas du laser de l’expérience Sr, le début du palier de bruit blanc de
fréquence. De plus, σy,DICK diminue de façon importante pour des rapports
cycliques supérieurs ou égaux à 0.9 ce qui corrobore notre analyse effectuée
pour du bruit blanc de fréquence. Il semble de ce fait, que les couples les plus
intéressants nous permettant d’obtenir une stabilité de quelques 10−16 à 1
s soient pour d ≥ 0.9 et fc ≥ 30Hz. Dans cette étude, nous avons constaté
35
CHAPITRE 2. DISCUSSION SUR LES PERFORMANCES D’UN
ÉTALON DE FRÉQUENCES OPTIQUES
Fig. 2.8 – Variance d’Allan liée à l’effet Dick pour différentes valeurs des
couples {d, fc } pour le laser de l’expérience Sr
que l’on obtient de meilleures stabilités pour des rapports cycliques proches
de 1 et des fréquences de cycle élevées.
Quoiqu’il en soit, rappelons que le temps de cycle de l’horloge est la
somme du temps de préparation des atomes et de leur détection que nous
appellerons temps ’mort’ Tm et du temps d’interrogation. Le temps mort
est une durée techniquement incompressible qui dépend des performances
de la source d’atomes froids et on peut l’écrire en fonction des paramètres
d et fc :
1
(2.31)
Tm = (1 − d)
fc
On s’aperçoit, d’après l’équation 2.31, que pour satisfaire les conditions optimales de stabilité de l’horloge, c’est-à-dire pour les couples {d, fc } retenus
par l’étude précédente, il est nécessaire d’avoir Tm inférieur à la milliseconde,
ce qui semble à l’heure actuelle difficile à réaliser techniquement. Rappelons
à titre d’exemple que pour les fontaines à césium, ce temps mort est de plusieurs centaines de millisecondes. Il est donc indispensable d’analyser notre
système en tenant compte, comme contrainte, de temps morts supérieurs
(ou égaux) à la milliseconde.
Effet Dick évalué en fonction du temps mort et de la fréquence de
cycle
Nous nous sommes donc fixés comme paramètres, la fréquence de cycle
fc et la durée du temps ’mort’ Tm du cycle d’horloge. Nous avons également
36
2.3. CAS D’UNE HORLOGE OPTIQUE À ATOMES NEUTRES
LIBRES
fixé la durée d’une impulsion laser τp à T2m . Les écart-types d’Allan sont
représentés sur les graphes 2.9(b) associés aux valeurs du rapport signal à
bruit S/B (graphes 2.9(a)) pour le laser Sr.
Remarque 1 : Le rapport S/B intervient dans le calcul de la stabilité σ
d’un étalon de fréquence optique donnée pour une interrogation de RamseyBordé par :
r
2
1
σ(τ ) =
(2.32)
πQS/B fc τ
Il nous indique le nombre minimal d’atomes N qui doivent participer au
signal détecté : en effet, lorsqu’on atteint la limite quantique
pour un étalon
√
de fréquence, le rapport S/B s’exprime comme S/B = N (voir chapitre 1).
Illustrons ceci avec nos paramètres expérimentaux : au vu des performances
de notre source d’atomes froids de strontium, nous pouvons capturer dans
le piège magnéto-optique (PMO) 2.8 × 1010 atomes de 87 Sr par seconde
soit quelques 107 atomes de 87 Sr en 2 ms à une température d’ environ 1
mK. La fraction d’atomes du PMO pouvant participer au signal détecté est
donnée par le rapport entre la fréquence de Rabi et la largeur de la résonance
élargie par effet Doppler (∼1.5 MHz) soit de l’ordre de 1000 atomes pour
une impulsion de durée de 1 ms ce qui correspond à un rapport S/B de 45.
En ce qui concerne le laser Sr, pour des temps morts plus petits que
10 ms, on peut espérer des stabilités inférieures à 10−15 , soit un ordre de
grandeur mieux que les stabilités des meilleures horloges actuelles. Les valeurs du rapport S/B sont également prometteuses, puisqu’elles ne sont
pas forcément élevées (< 30 pour la plupart). On voit qu’ainsi, il n’est pas
nécessaire d’atteindre l’état de l’art dans l’élaboration d’un laser ultra-stable
utilisé comme OL, pour obtenir des performances d’horloge en rapport avec
les objectifs fixés.
Remarque 2 : On doit cependant considérer ces résultats avec précaution.
En effet pour certains couples {Tm , fc } typiquement pour fc < 30Hz, la largeur de la raie centrale des franges de Ramsey-Bordé est de l’ordre de la
largeur de raie de notre laser (∼ 10Hz), et par conséquent on ne peut plus
modéliser la réponse des atomes à une perturbation de l’OL par un processus
linéaire. Pour conclure cette étude, nous pouvons dire que :
37
CHAPITRE 2. DISCUSSION SUR LES PERFORMANCES D’UN
ÉTALON DE FRÉQUENCES OPTIQUES
– Lorsque le rapport cyclique est le paramètre limitant (autrement dit
qu’on ne peut obtenir d proche de 1), nous avons intérêt à choisir des
fréquences de cycle élevées (fc > 10 Hz).
– Lorsque le temps mort est le paramètre limitant (Tm >1 ms), il est
conseillé de choisir des fréquences de cycle basses (fc < 10 Hz).
En effet, pour un temps mort de 1 ms, on a σy,DICK = 1.08 × 10−16 τ −1/2
avec une fréquence de cycle de 5 Hz alors que pour fréquence de cycle de
100 Hz, σy,DICK = 3.38 × 10−16 τ −1/2 . On a ainsi gagné un facteur 3 en
passant d’une fréquence de cycle de 100 Hz à une fréquence de cycle de 5
Hz. On peut voir sur le graphe 2.10, la façon dont les coefficients de Fourier
dégradent la stabilité dans ces deux cas : la contribution des dix premiers
coefficients de Fourier à l’effet Dick est en effet la plus importante et sur ces
dix premiers termes, il y a un facteur 400 entre ceux qui correspondent à
une fréquence de cycle de 5 Hz et ceux calculés pour une fréquence de cycle
de 100 Hz. Donc en remarquant que le bruit de fréquence du laser est de 50
Hz2 / Hz à 5 Hz et de 0.3 Hz2 / Hz à 100 Hz, on retrouve bien ce facteur 3
entre les stabilités. Les fréquences de cycle les plus basses sont par ailleurs,
plus faciles à mettre en oeuvre expérimentalement.
Quoiqu’il en soit, il est nécessaire de réduire au maximum le temps
mort pour optimiser les performances de l’horloge (en ce qui concerne la
stabilité). On peut souligner ici, qu’utiliser un second piège magnéto-optique
fonctionnant sur la transition d’intercombinaison 1 S0 − 3 P1 (à 689 nm pour
le strontium avec 7.6 kHz de largeur de raie), comme c’est le cas dans
l’expérience de H. Katori [71], est à éviter si possible. En effet, le chargement
efficace d’un tel piège prend environ une centaine de millisecondes. Dans
notre expérience, en effectuant le refroidissement des atomes uniquement
sur la transition 1 S0 − 1 P1 , nous pourrions envisager un temps mort de 10
ms.
Remarque 3 : Pour effectuer une impulsion π/2, le laser OL, dont le
faisceau est supposé gaussien, doit avoir une puissance donnée par :
P =
hπ 4 w2 ν03
12Γc2 τp2
(2.33)
où ν0 = 429 THz est la fréquence de la transition atomique, τp la durée
d’une impulsion, Γ/2π = 1 mHz, la largeur de la transition et w, le col du
faisceau. Ces puissances lasers sont sont de l’ordre du mW et sont aisément
accessibles avec une diode laser.
38
2.3. CAS D’UNE HORLOGE OPTIQUE À ATOMES NEUTRES
LIBRES
Fig. 2.9 – Rapport S/B en (a) et variance d’Allan liée à l’effet Dick en (b)
(valeur donnée à 1s) dans le cas d’une interrogation Ramsey-Bordé pour un
spectre de bruit de fréquence du laser ultra-stable utilisé dans l’expérience
strontium.
Fig. 2.10 – Coefficients de Fourier pour Tm =1 ms tracés avec une fréquence
de cycle de 5 Hz (¥) et avec une fréquence de cycle de 100 Hz (◦) pour une
interrogation Ramsey-Bordé.
39
CHAPITRE 2. DISCUSSION SUR LES PERFORMANCES D’UN
ÉTALON DE FRÉQUENCES OPTIQUES
Conclusion
Au vu de cette étude, il est nécessaire de minimiser Tm et τp dans le
mesure du possible pour augmenter la stabilité de l’horloge, par exemple
avec Tm = 2τp = 3 ms, la stabilité est de 3.52 × 10−16 τ −1/2 pour fc = 30Hz.
2.4
2.4.1
Cas d’une horloge optique à atomes neutres
piégés
Interrogation de type Ramsey
La fonction de sensibilité dans le cas Ramsey optique est la même que
dans le cas micro-onde donnée dans les références [24, 64]. De même que
précédemment, on peut choisir une origine des temps de façon à ce que g(t)
soit paire :
T
−τp − T2 ≤ t < − T2
sin Ω(t + τp + 2 )
g(t) = 1
(2.34)
− T2 ≤ t < T2
sin(Ω( T2 + τp − t)) T2 ≤ t < T2 + τp
dans le cas où le désaccord entre la fréquence laser et la résonance atomique
est très faible.
Bruit blanc de fréquence
Dans ce cas, comme g(t) est paire, les coefficients gsn sont nuls. Les
coefficients de Fourier s’écrivent pour Ωτp = (2k + 1) π2 :
2τp
T
4
[(−1)k
+ ]
Tc
(2k + 1)π
2
πnT 1
2πn
=4 sin
]
[
+ (2k+1)πTc
Tc 2πn [
]2 − (2πn)2
g0 =
gcn
2τp
+ (−1)k
(2k + 1)πTc /2τp
c 2
]
[ (2k+1)πT
2τp
− (2πn)2
cos
(2.35)
πn
(T + 2τp )
Tc
2
se comportent asymptotiquement comme 1/n4 comme on
Les coefficients gcn
peut le voir sur le graphe 2.12. On peut souligner le fait que les coefficients
de Fourier dans le cas Ramsey ne dépendent que du rapport cyclique d et
non de la fréquence de cycle fc .
40
2.4. CAS D’UNE HORLOGE OPTIQUE À ATOMES NEUTRES
PIÉGÉS
Fig. 2.11 – Graphe de la fonction de sensibilité pour une interrogation de
type Ramsey avec deux impulsions π2 . En insert, l’agrandissement de la fonction de sensibilité sur l’intervalle de temps [−τp − T2 , − T2 ].
2
Fig. 2.12 – Rapport des coefficients de Fourier ggcn2 pour une interrogation
0
de Ramsey en fonction de log(n) pour Ωτp = π2 (k = 0) et pour Ωτp = π2
(k = 1), un rapport cyclique de 0.5 et Tc = 5ms.
41
CHAPITRE 2. DISCUSSION SUR LES PERFORMANCES D’UN
ÉTALON DE FRÉQUENCES OPTIQUES
Toujours en utilisant le théorème de Parseval, on obtient l’écart-type
d’Allan lié à l’effet Dick pour du bruit blanc de fréquence :
µ
¶
h0 1
2
−1
σyLLO (τ ) =
(2.36)
2τ d
Il est donc intéressant de remarquer que nous obtenons exactement les
mêmes résultats concernant la variance d’Allan liée à l’effet Dick pour une
interrogation Ramsey-Bordé et pour le cas Ramsey, avec les conclusions
identiques qui en découlent (voir tableau 2.2).
Remarque 4 : La stabilité de l’étalon de fréquence pour une interrogation
de type Ramsey est donnée par :
r
1
1
(2.37)
σ(τ ) =
πQS/B fc τ
Cette expression diffère d’un facteur 2 de celle de la stabilité dans le cas
d’une interrogation de Ramsey-Bordé donnée par 2.32. De la même façon
que précédemment, on peut calculer le nombre minimal N d’atomes participant au signal déduit du rapport S/B. Nous reprenons donc, pour évaluer
l’ordre de grandeur de N , les paramètres de la source d’atomes froids de
strontium. Nous devons également prendre en compte ceux du piège dipolaire qui va servir à confiner les atomes dans le régime de Lamb-Dicke.
L’expérience étant en cours de réalisation, nous n’avons pas de taux de chargement Υ du piège mesuré, mais nous pouvons envisager Υ = 106 atomes
par seconde par exemple. Le nombre d’atomes détectés étant le nombre
d’atomes piégés dans le piège dipolaire, on peut estimer qu’on peut piéger
103 atomes en 1 ms.
Cas d’oscillateurs particuliers
Nous allons analyser l’effet Dick dans un premier temps en fonction de
d et de fc puis en fonction du temps mort, qui semble être un paramètre
plus pertinent pour optimiser les performances de l’horloge.
Effet Dick évalué en fonction du rapport cyclique et de la fréquence
de cycle : Les résultats sont présentés sur le graphe 2.13. Comme pour le
cas Ramsey-Bordé, les couples {d, fc } qui optimisent la stabilité de l’étalon
de fréquence sont pour d ≥ 0.9 et fc ≥ 30Hz. Les écarts-types d’Allan calculés pour une interrogation Ramsey sont du même ordre de grandeur que
ceux obtenus pour Ramsey-Bordé. On observe également une forte diminution de σy,Dick pour un rapport cyclique supérieur à 0.9.
42
2.4. CAS D’UNE HORLOGE OPTIQUE À ATOMES NEUTRES
PIÉGÉS
Fig. 2.13 – Variance d’Allan liée à l’effet Dick du laser de l’expérience
strontium pour une interrogation Ramsey.
Effet Dick évalué en fonction du temps mort et de la fréquence
de cycle : Les écart-types d’Allan liés à l’effet Dick et les rapports S/B
associés sont représentés sur les graphes 2.14((b) et (a) respectivement) en
fonction des différents couples {Tm , fc }, pour l’OL utilisé dans l’expérience
strontium. Il est intéressant de constater que les rapports S/B sont relativement peu élevés, pour la plupart inférieurs à 10.
Conclusion : Pour diminuer le temps mort, une solution consisterait à
recycler les atomes : on peut envisager qu’une fraction non négligeable
des atomes (∼ 90%) n’est pas perdue par le piège (durée de vie ∼ 1s)
en fin de cycle, et peut être ré-interrogée dans le cycle suivant. A l’heure
actuelle, des stratégies ont été élaborées mais n’ont pas encore été testées
expérimentalement pour permettre ce recyclage : il est nécessaire d’améliorer
l’expérience pour atteindre cet objectif. La remarque 2 du cas Ramsey-Bordé
1
.
reste encore valable, avec une largeur de frange centrale donnée par 2T
2.4.2
Interrogation avec une impulsion Rabi
Fonction de sensibilité et coefficients de Fourier
On peut considérer une interrogation avec une impulsion Rabi comme
le cas limite d’une interrogation Ramsey avec un temps T = 0. La fonction
de sensibilité s’écrit dans ce cas précis par l’equation 2.38 pour t > 0 et est
43
CHAPITRE 2. DISCUSSION SUR LES PERFORMANCES D’UN
ÉTALON DE FRÉQUENCES OPTIQUES
Fig. 2.14 – Rapport S/B en (a) et variance d’Allan liée à l’effet Dick en
(b) des lasers de l’expérience strontium.
représentée par la figure 2.15 pour Ωτp = π :
(
− sin[Ω(t − τ2p )] 0 < t <
g(t) =
0
t > τ2p
τp
2
(2.38)
Sous ces conditions, g(t) est paire et donc gsn = 0. Les coefficients de Fourier
g0 et gcn sont donnés par les expressions, en posant d = Tτpc :
g0 =
τp
4
[1 − cos(Ω )]
ΩTc
2
(2.39)
gcn
4ΩTc
=
cos(πnd)
(ΩTc )2 − (2πn)2
ce qui se simplifie pour Ωτp = π en :
g0 =
4d
π
(2.40)
gcn =
4π/d
cos(πnd)
− (2πn)2
(π/d)2
2
/g02 est représenté sur le graphe 2.16. Le comportement asympLe rapport gcn
2
totique des gcn
est toujours en 1/n4 et ils ne dépendent que du rapport
cyclique et non de la fréquence de cycle.
44
2.4. CAS D’UNE HORLOGE OPTIQUE À ATOMES NEUTRES
PIÉGÉS
Fig. 2.15 – Fonction de sensibilité g(t) pour une impulsion π.
2
Fig. 2.16 – Coefficients de Fourier log( ggcn2 ) en fonction de log n pour un
0
rapport cyclique d = 0.65 dans le cas d’une impulsion Rabi.
45
CHAPITRE 2. DISCUSSION SUR LES PERFORMANCES D’UN
ÉTALON DE FRÉQUENCES OPTIQUES
Rapport cyclique d
0.65
0.7
0.9
0.95
0.99
Effet Dick
1.56 × 10−16 τ −1/2
1.44 × 10−16 τ −1/2
1.00 × 10−16 τ −1/2
9.00 × 10−17 τ −1/2
8.17 × 10−17 τ −1/2
Tab. 2.3 – Valeurs de l’effet Dick en fonction du rapport cyclique, pour du
bruit blanc de fréquence dans le cas d’une impulsion Rabi.
Bruit blanc de fréquence
Nous déduisons du théorème de Parseval l’effet Dick pour un bruit blanc
de fréquence :
¶
µ
h0 π 2
2
−1
σyLLO (τ ) =
(2.41)
2τ 8d
Le tableau 2.3 donne les valeurs de l’effet Dick avec un niveau de bruit blanc
de 10−2 Hz2 /Hz. Comme dans les cas précédents, σyLLO ne dépend que du
rapport cyclique et l’OL asservi est plus stable que l’OL en fonctionnement
libre si 0.62 < d < 1. On remarque que contrairement aux cas des interrogations Ramsey-Bordé et Ramsey, lorsque d tend vers 1, l’effet Dick ne
s’annule pas. On peut donc, pour une interrogation Rabi, prendre d le plus
proche de 1 possible pour voir une diminution de l’effet Dick mais celle-ci
ne sera pas aussi significative que pour Ramsey et Ramsey-Bordé.
Effet Dick évalué en fonction du rapport cyclique et de la fréquence
de cycle : Les variances d’Allan liées à l’effet Dick sont données par les
graphes 2.17 en fonction de d le rapport cyclique et fc la fréquence de cycle.
On constate que σy,DICK diminue beaucoup moins rapidement dans le cas
Rabi que dans le cas Ramsey pour d > 0.9.
Effet Dick évalué en fonction du temps mort et de la fréquence
de cycle : Les stabilités liées à l’effet Dick dans le cas de notre laser
ultra-stable sont représentées sur les graphes 2.18. Il existe plus d’un ordre
de grandeur entre les stabilités calculées pour une interrogation Ramsey et
une interrogation Rabi. En effet, pour une interrogation de Ramsey, lorsque
T ≫ τp et pour des temps morts tels que Tm ≪ T , la fonction de sensibilité
est quasi constante (g(t) ∼ 1) en dehors de la durée des deux impulsions.
La dégradation de la stabilité qui en découle est alors moindre pour une
46
2.5. CONCLUSION
Fig. 2.17 – Variance d’Allan liée à l’effet Dick pour une impulsion Rabi
dans le cas de notre laser ultra-stable.
interrogation Ramsey que pour une impulsion Rabi, pour laquelle la fonction
de sensibilité est modulée. Le graphe 2.19 illustre bien cette différence entre
les deux types d’interrogation : il représente la fonction de sensibilité sur
deux cycles d’horloge pour des interrogations de Ramsey et de Rabi. Cette
interrogation de Rabi peut néanmoins être intéressante à tester : en effet, le
profil obtenu pour une interrogation Rabi est moins large que l’enveloppe
des franges de Ramsey-Bordé (donnée par 1/τ ) ce qui a pour conséquence
une dispersion en fréquence moins grande et donc la possibilité d’exciter
d’autres transitions proches est plus faible que dans le cas Ramsey.
2.5
Conclusion
Nous avons vu dans ce chapitre, que nous pouvons atteindre une stabilité d’horloge limitée par effet Dick de quelques 10−16 à 1 s avec un laser
OL ultra-stable certes mais sans qu’il soit nécessaire d’atteindre l’état de
l’art concernant la réalisation de celui-ci. Différents types d’interrogation
des atomes ont été discutés dans deux cas particuliers : une horloge optique
à atomes neutres libres et une horloge optique à atomes piégés. On se rend
compte que pour atteindre des stabilités élevées, on peut jouer à la fois
sur l’optimisation du laser ultra-stable et sur celle des séquences temporelles : celles-ci peuvent éventuellement être réalisables expérimentalement
à condition d’optimiser certains éléments-clés de l’expérience, en particulier la source d’atomes froids et le piège dipolaire. En effet, les paramètres
47
CHAPITRE 2. DISCUSSION SUR LES PERFORMANCES D’UN
ÉTALON DE FRÉQUENCES OPTIQUES
Fig. 2.18 – Rapport S/B en (a) et variance d’Allan liée à l’effet Dick en
(b) pour une impulsion Rabi dans le cas de notre laser ultra-stable.
Fig. 2.19 – Fonction de sensibilité g(t) représentée sur deux cycles d’horloge
pour une fréquence de cycle de 1 Hz et un temps mort de 2 ms dans le cas
des interrogations de Ramsey et de Rabi. On constate que g(t) est quasiment
constante pour une interrogation de Ramsey alors qu’elle est modulée pour
une interrogation de Rabi.
48
2.5. CONCLUSION
influant sur la stabilité de l’horloge sont le temps mort et la fréquence de
cycle. Il serait ainsi intéressant d’avoir un laser suffisamment stable pour
avoir la possibilité de choisir des fréquences de cycles basses qui sont faciles
à mettre en oeuvre (≤ 10 Hz) avec un temps mort relativement court :
plus le temps mort est court, meilleure est la stabilité. Ajoutons
également que lorsque le rapport cyclique d tend vers 1, le laser asservi est
plus stable que le laser libre. A l’heure actuelle, avec notre source d’atomes
froids (voir chapitre 4), il faut un minimum de 2 ms aux atomes pour traverser le ralentisseur Zeeman et encore 2 ms sont indispensables pour capturer
∼ 107 atomes dans le PMO. A cela, on doit ajouter le temps de transfert
des atomes du PMO vers le piège dipolaire et le chargement de ce dernier.
Le piège dipolaire étant en cours de construction, il est impossible de se
faire une idée sur ces temps. On peut seulement penser qu’une dizaine de
millisecondes de temps mort semble une durée incompressible pour notre
expérience. Avec ce temps mort de 10 ms et une fréquence de cycle de 5
Hz, la stabilité de l’horloge espérée est inférieure à 10−15 τ −1/2 soit un ordre
de grandeur mieux que les meilleures horloges actuelles. Il est également
possible d’envisager différentes stratégies d’interrogation pour améliorer la
stabilité qui consistent à recycler les atomes d’une interrogation à l’autre.
Cette étude pourrait être approfondie une fois les expériences de capture
des atomes dans le piège dipolaire effectuées afin de s’appuyer sur des paramètres réels. Il faut également souligner le fait que diminuer Tm peut
dégrader l’exactitude de l’horloge : une solution consisterait à étudier deux
echantillons d’atomes, l’un permettant de réaliser l’exactitude et l’autre, la
stabilité. De ce chapitre, on peut également conclure que l’asservissement
du laser sur les atomes peut être un moyen efficace pour réaliser une source
laser extrêmement stable. L’effet Dick étant lié à la nature pulsée de l’horloge, on peut aussi envisager de réaliser une horloge optique continue. Une
telle configuration pour une horloge micro-onde a été déjà testée avec un
jet continu d’atomes froids de césium [72].
49
CHAPITRE 2. DISCUSSION SUR LES PERFORMANCES D’UN
ÉTALON DE FRÉQUENCES OPTIQUES
50
Chapitre 3
Réalisation d’un laser
ultra-stable
3.1
Introduction
Dans le chapitre précédent, nous avons souligné l’importance de la pureté spectrale du laser d’interrogation pour sonder la transition d’horloge.
L’objectif que nous nous sommes fixé est√d’atteindre un niveau de bruit de
fréquence du laser de l’ordre de 10−1 Hz/ Hz sur un domaine de fréquence
allant de quelques Hz à quelques dizaines de kHz. Initialement la densité
spectrale
de bruit de fréquence du laser non asservi est supérieure à 104
√
Hz/ Hz sur ce même intervalle. Pour ce faire, le gain de l’asservissement
du laser doit être au moins de 100 dB et la réalisation de la référence doit
être compatible avec ce niveau de bruit. Il est donc nécessaire en particulier
que la bande passante soit aussi grande que possible, c’est-à-dire dans notre
cas, de l’ordre du MHz. Ce chapitre est ainsi consacré à la réalisation d’un
tel laser grâce à la technique de Pound-Drever-Hall [73, 74], que nous allons
présenter dans une première partie.
Cette technique s’appuie sur l’asservissement du laser sur une cavité
Fabry-Perot grâce à une modulation de phase à haute fréquence utilisant la
réponse en réflexion de la cavité. L’avantage d’une telle technique réside dans
la bande passante de l’asservissement qui est plus grande que la largeur de la
résonance du pic de la cavité. Cette méthode d’asservissement a été utilisée
avec grand succès par l’équipe de Bergquist (NIST) : la largeur de raie du
laser est de 0.6 Hz pour des temps de mesure de 32 s et la stabilité relative
en fréquence du laser a été mesurée à 3 × 10−16 à 1 s [46]. D’autres équipes
utilisent des résonateurs optiques cryogéniques [75] : un laser Nd :YAG est
stabilisé sur une cavité Fabry-Pérot en saphir refroidie à l’hélium liquide
et présente une stabilité de 0.7 Hz pour des temps d’intégration de 20 s.
51
CHAPITRE 3. RÉALISATION D’UNE DIODE LASER
ULTRA-STABLE
Citons également l’expérience VIRGO,√dont le laser Nd :YAG a un niveau
de bruit blanc de fréquence à 10−3 Hz/ Hz pour des fréquences supérieures
à 1kHz [76].
Dans un deuxième temps, nous décrirons le montage expérimental optique, la cavité Fabry-Pérot de grande finesse (PF), ainsi que l’asservissement du laser sur cette cavité. Nous exposerons les mesures qui ont servi à
caractériser ce système et des pistes possibles d’amélioration.
3.2
3.2.1
La technique de Pound Drever Hall
Principe
La technique de Pound Drever Hall permet d’asservir en fréquence un
laser sur une cavité Fabry-Perot de très grande finesse (voir figure 3.1). De
plus, elle permet de supprimer les fluctuations de fréquences plus rapides
que le temps de réponse de la cavité. Dans notre cas, pour une cavité de
finesse 27 000 et d’intervalle spectral libre de 1.5 GHz, ce temps de réponse
mesuré est de 5.6 × 10−6 s.
Intéressons-nous au signal réfléchi par la cavité PF. Supposons pour
simplifier notre discussion que les coefficients de réflexions en amplitude des
miroirs sont égaux r1 = r2 = r et que le champ laser incident s’écrit Ei eıωL t
où ωL est la fréquence angulaire du laser. Le champ laser réfléchi Er par la
cavité PF est donné par :
Er = Γr (ωL )Ei
(3.1)
où Γr (ω) s’écrit (pour le calcul de Γr (ω), voir annexe B) :
Γr (ω) = r
(e
−ı ν
ω
ISL
− 1)
= |Γr (ω)|eıΨω
(3.2)
1−
c
l’intervalle spectral libre de la cavité PF et L sa longueur.
avec νISL = 2L
Le champ réfléchi est constitué d’une composante directement réfléchie par
le miroir d’entrée du PF et d’une composante interne transmise par le miroir d’entrée (champ E3 dans l’annexe B, figure B.1). Lorsque la cavité est
à résonance, le champ E3 et le champ directement réflechi interfèrent destructivement et le champ total réfléchi Er est alors nul (figure B.3(b) de
l’annexe B). Si le laser n’est plus parfaitement résonnant avec la cavité,
alors la phase du champ total réfléchi Er a un signe opposé au désaccord à
la résonance (figure B.3(a), annexe B). C’est cette phase ΨωL qui va nous
−ı ω
r2 e νISL
52
3.2. LA TECHNIQUE DE POUND DREVER HALL
C a v ité F a b r y - P é r o t
L a m e s é p a r a tr ic e
M E O
D io d e L a s e r
O s c illa te u r lo c a l
P h o to d io d e r a p id e
D é p h a s e u r
F iltr e
p a s s e -b a s
M é la n g e u r
Fig. 3.1 – Le laser est modulé en phase par un modulateur électro-optique
MEO générant des bandes latérales. L’intensité du champ réfléchi par la cavité (bandes latérales, champ E3 et champ directement réfléchi) est détectée
par une photodiode rapide. Ce signal est ensuite démodulé, filtré et renvoyé
vers le contrôle de fréquence du laser. Le déphaseur sert à ajuster la phase de
façon à choisir la composante en phase ou en quadrature qui nous intéresse.
53
CHAPITRE 3. RÉALISATION D’UNE DIODE LASER
ULTRA-STABLE
indiquer de quel côté de la résonance se trouve la fréquence du laser. Il faut
donc établir une phase de référence fixe qui nous permettra par comparaison de déduire ΨωL . Pour cela, nous allons moduler en phase le champ laser
incident Ei avec un modulateur électro-optique (MEO), ce qui aura pour
effet de créer des bandes latérales. Ces nouvelles composantes spectrales du
champ laser transmises par le MEO ont des relations de phases connues
et fixes entre elles. En faisant interférer ces bandes latérales avec le champ
réfléchi, on obtient un battement à la fréquence de modulation, qui après
démodulation nous renseignera sur l’amplitude et la phase de Er . Soient Ω
et β respectivement la fréquence angulaire et l’indice de modulation.
Emod = Ei eı(ωL t+βΩ sin Ωt)
(3.3)
En developpant l’équation 3.3 sous la forme d’une série de fonctions de
Bessel Jn (β), nous obtenons :
Emod = Ei
∞
X
Jn (β)eı(ωL +nΩ)t
(3.4)
n=−∞
On choisit l’indice de modulation suffisamment petit (β < 2) et l’on
néglige les termes d’ordre supérieur à 1 :
©
Emod ≃ Ei J0 (β)eıωL t
+ J−1 (β)eı(ωL −Ω)t
ª
+J1 (β)eı(ωL +Ω)t
(3.5)
Le champ incident est donc constitué d’une porteuse à la fréquence angulaire ωL et de deux bandes latérales opposées en phase aux fréquences
angulaires ωL ± Ω. D’où l’expression du champ réfléchi, en se rappelant que
J−1 (β) = −J1 (β) :
©
Er = Ei |Γr (ωL )|J0 (β)eı(ωL t+ΨωL )
− |Γr (ωL − Ω)|J1 (β)eı[(ωL −Ω)t+ΨωL −Ω ]
+ |Γr (ωL + Ω)|J1 (β)eı[(ωL +Ω)t+ΨωL +Ω
ª
]
(3.6)
Une photodiode rapide détecte l’intensité réflechie Ir ∝ |Er |2 . L’intensité
réfléchie s’écrit alors :
54
3.2. LA TECHNIQUE DE POUND DREVER HALL
Ir = IP |Γr (ωL )|2
+ IBL {|Γr (ωL + Ω)|2 + |Γr (ωL − Ω)|2 }
p
+ 2 IBL IP {ℜ[Γr (ωL )Γr (ωL + Ω) − Γr (ωL )Γ(ωL − Ω)] cos Ωt
(3.7)
− ℑ[Γr (ωL )Γr (ωL + Ω) − Γr (ωL )Γr (ωL − Ω)] sin Ωt}
+ (termes en 2Ω)
où l’on a posé IP = J02 (β)|Ei |2 et IBL = J12 (β)|Ei |2 les intensités dans la
porteuse et dans les deux bandes latérales.
Les termes à la fréquence angulaire 2Ω sont filtrés électroniquement ainsi
que les composantes continues, de sorte qu’il ne nous reste plus que les
termes oscillant à la fréquence angulaire Ω. L’information qui nous intéresse,
à savoir la phase et l’amplitude du champ réfléchi, est effectivement contenue
dans ces termes. Une fois l’intensité du champ réfléchi calculée, et après
démodulation, nous pouvons déduire le signal d’erreur.
3.2.2
Le signal d’erreur
La fréquence de modulation Ω étant telle que νISL
≪ Ω, les bandes
F
latérales sont intégralement réfléchies par la cavité et donc Γr (ωL ±Ω) ≃ −1.
En effectuant cette approximation dans l’équation 3.7, il ne subsiste que le
terme en sin(Ωt) et donc, en le multipliant par sin(Ωt) pour la démodulation,
nous obtenons l’expression du signal d’erreur ε (voir figure 3.2) :
Ωp
ε = −2
IP IBL ℑ[Hcavite ]
Ii
p
= −2 IP IBL ℑ[Γr (ωL )Γr (ωL + Ω)
(3.8)
− Γr (ωL )Γr (ωL − Ω)]
où Ii est l’intensité incidente et Hcavite est la fonction de transfert de la
cavité en réflexion comme nous le verrons dans les paragraphes suivants.
La pente du signal d’erreur au voisinage de la résonance peut facilement
se calculer en se rappelant que le champ réfléchi devient quasi-nul et que
par conséquent |Γr (ωL )|2 ∼ 0. On ne garde alors dans l’équation 3.8 que
les termes au premier ordre en Γr (ωL ). Au voisinage de la résonance, la
pulsation laser ωL peut s’écrire comme :
ωL = ωP F − δω
55
(3.9)
CHAPITRE 3. RÉALISATION D’UNE DIODE LASER
ULTRA-STABLE
Fig. 3.2 – Signal d’erreur obtenu avec les paramètres de notre expérience : la
fréquence de modulation est de 60 MHz, l’intervalle spectral libre est de 1.5
GHz et le coefficient de réflexion en intensité des miroirs R = r2 = 0.9999.
Nous pouvons constater que la pente du signal d’erreur pour la porteuse est
de signe opposé à celle obtenue pour les bandes latérales.
où ωP F est la pulsation du pic de la cavité PF sur lequel est asservi le laser
et δω est le désaccord à la résonance. On suppose également que la finesse
π
de la cavité est très grande de sorte que F ∼ (1−r
2 ) . Γr peut alors s’écrire,
δωF
toujours dans le cadre de ces approximations, ı πνISL , d’où une expression
simplifiée du signal d’erreur :
ε∼
4p
δω
IP IBL F
π
νISL
(3.10)
Dans l’asservissement, pour minimiser l’effet des bruits électroniques, il
faut maximiser la pente du signal d’erreur. On doit alors choisir l’indice de
modulation adéquat β en conséquence, les autres paramètres étant fixés dans
l’expression 3.10. En annulant la dérivée de 3.10 par le biais des expressions
de IP et IBL et en ne tenant compte que des composantes d’ordre 1 en β,
on trouve numériquement β = 1.082.
3.3
Sources de bruit du système
Les performances du laser asservi sur la cavité PF peuvent être dégradées
par différentes sources de bruit affectant la référence, autrement dit la cavité,
56
3.3. SOURCES DE BRUIT DU SYSTÈME
le laser ou l’environnement.
3.3.1
L’environnement
Le bruit de détection : Le bruit ultime de la détection est le bruit de
grenaille. La densité spectrale du bruit de la puissance P mesurée par la
photodiode associée au bruit du nombre de photons par unité de temps est
SP :
hc
SP = 2 P en W2 /Hz
(3.11)
λ
avec P ∼ (J02 (β) + 2J12 (β)) P0 et P0 , la puissance laser incidente. On en
déduit la densité spectrale de bruit de fréquence, en utilisant l’équation
3.10 :
π 2 h c ∆νP2 F J02 (β) + 2J12 (β)
Sν =
en Hz2 /Hz
(3.12)
8λP0
J02 (β)J12 (β)
Avec nos paramètres expérimentaux, nous obtenons une limite de 2.2×10−4
Hz2 /Hz.
Les interférences parasites : Un grand soin a été apporté à la réalisation
de l’expérience pour éviter tout effet d’interférences parasites créées par des
étalons constitués des surfaces des optiques (lentilles, lames demi et quartd’onde, hublots de la cavité et surface sensible de la photodiode) et du miroir
d’entrée de la cavité PF : par exemple, les hublots de la cavité et la surface
active de la photodiode de détection sont inclinés de 5◦ par rapport à l’axe
de propagation du faisceau.
Ces interférences parasites déplacent le point d’asservissement donné
par le signal d’erreur. Cet effet est modélisé de la façon suivante (voir figure
3.3) : Ei le champ incident est réfléchi par une lame séparatrice de coefficient
de réflexion en amplitude r (|r|2 ∼ 1%) d’une part et transmis avec un
coefficient en amplitude t vers la cavité PF d’autre part. Le champ réfléchi
par la cavité interfère après la séparatrice avec le champ directement réfléchi
par celle-ci : le champ total, noté Ed , est détecté par la photodiode rapide
et le signal est ensuite démodulé à la fréquence de modulation pour donner
le signal d’erreur. Le signal d’erreur peut alors s’écrire :
n h
i
p
2
ε = −2t IP IBL ℑ Γr (ωL )Γr (ωL + Ω) − Γr (ωL )Γr (ωL − Ω)
(3.13)
+ℜ [ıreıϕ (Γr (ωL + Ω) + Γr (ωL − Ω))]}
où ϕ est une phase décrivant la propagation de l’onde entre la séparatrice et
le miroir d’entrée de la cavité PF. Le signal d’erreur autour de la résonance
a été tracé (graphe 3.3) pour différentes phases et pour un coefficient de
57
CHAPITRE 3. RÉALISATION D’UNE DIODE LASER
ULTRA-STABLE
réflexion de la séparatrice de 1%. Un tel effet est maximal pour un déphasage
de ϕ = ±π/2. L’offset du signal d’erreur n’est pas connu expérimentalement
car ϕ peut fluctuer sous l’influence de nombreux paramètres tels que la
température ou les vibrations acoustiques ou mécaniques du système. Typiquement avec un coefficient de dilatation en température du banc de l’ordre
de 10−5 K−1 et une distance L de 10 cm (voir schéma 3.3), un déphasage
maximal de π/2 correspond à une variation de température de 100 mK.
Dans notre expérience, les variations de température n’excèdent pas le mK.
De plus, un coefficient de réflexion |r|2 de 1% entraı̂ne des fluctuations du signal d’erreur d’environ 15% pour un déphasage de π2 , or expérimentalement,
on n’observe pas de fluctuations : on en déduit qu’elles doivent être au maximum de l’ordre de 1 ou 2% et donc que le coefficient de réflexion |r|2 est
inférieur à 10−3 .
3.3.2
La référence
Les perturbations acoustiques, mécaniques et thermiques peuvent induire des déplacements de fréquence en agissant sur la longueur de la cavité
Fabry-Perot [77].
Les perturbations mécaniques : On peut modéliser le corps de la cavité
par un cylindre reposant sur deux points d’Airy. Le système est alors soumis
au champ uniforme de gravitation. Ceci se traduit au second ordre par
des déformations verticales du corps de la cavité en statique et par une
sensibilité au premier ordre aux accélérations. Cette sensibilité est de l’ordre
de quelques MHz/g. La cavité PF est donc beaucoup plus sensible aux
accélérations verticales que horizontales. Une solution pour limiter ces effets
consisterait à symétriser les contraintes sur la cavité [78] ou à envisager une
autre géométrie de la cavité (voir la cavité de pré-stabilisation utilisée dans
l’expérience VIRGO par exemple [76]).
Les perturbations liées à la température : Une variation de température
a pour conséquence une dilatation δL du corps de la cavité en ULE, ce qui
induit un déplacement en fréquence des modes de la cavité de δν. On a
alors :
δν
δL
=
(3.14)
L
ν
Pour une variation de température de 1 mK, δL
∼ 10−12 ce qui corresL
pond à environ 500 Hz. Pour minimiser les effets thermiques, nous avons
choisi de placer la cavité PF dans trois blindages en aluminium. Le blindage extérieur de 2 cm d’épaisseur constitue une masse thermique. Les deux
58
3.3. SOURCES DE BRUIT DU SYSTÈME
S é p a r a tr ic e
r
E i
tE
E
d
E
C a v ité P F
R
i
R
L
Fig. 3.3 – Principe de la modélisation des interférences parasites. Le graphe
(a) représente le signal d’erreur de Pound Drever autour de la résonance
pour différentes valeurs de la phase ϕ pour un coefficient de réflexion de
la séparatrice de 1%. Le graphe (b) montre le déplacement de fréquence
maximal pour une phase de π/2.
59
CHAPITRE 3. RÉALISATION D’UNE DIODE LASER
ULTRA-STABLE
autres blindages intérieurs permettent de minimiser l’angle solide du rayonnement thermique extérieur. Pour limiter également la conduction thermique, les surfaces de contact entre les trois enceintes sont réduites et une
feuille de Kevlar placée au niveau du contact assure l’isolation (voir figure
3.5). Expérimentalement on observe une dérive de la fréquence des modes
de 20 Hz/s qui correspond à une variation de 40 µK/s. Cette dérive étant
déterministe, il est aisé de la retrancher lors de mesures de fréquence du laser
asservi (voir chapitre 5). Néanmoins par souci de confort, un asservissement
en température de l’enceinte à vide a permis de réduire cette dérive à 0.15
Hz/s. Ajoutons que la constante de temps typique de ces effets thermiques
est très longue, de l’ordre de la semaine et il est donc difficile d’évaluer ces
effets sur des échelles de temps plus courtes.
Les perturbations dues aux fluctuations de pression : Les fluctuations de pression du gaz entre les deux miroirs produisent des fluctuations
d’indice de réfraction [77] et donc une variation de la longueur optique de
la cavité. A température ambiante, l’indice de réfraction n est reliée à la
pression P (en Pa) par :
n − 1 ∼ 3 × 10−9 P
(3.15)
Des fluctuations de l’ordre de 10% d’une pression à 105 Pa entraı̂neraient
un déplacement de la fréquence du laser de l’ordre du GHz. On place la
cavité PF dans une enceinte à vide avec une pression inférieure à 10−6 Pa.
Les fluctuations de pression à 10−6 Pa sont difficiles à évaluer et on ne peut
donc pas estimer la stabilité du système pour cet effet.
Le bruit thermique : Un système en équilibre thermodynamique avec
son environnement et soumis à dissipation subit une force stochastique
qui dépend de la fréquence, d’après le théorème de fluctuation-dissipation
énoncé par Callen [79]. De ce fait, il existe, à température non nulle, une
incertitude sur la position des miroirs de la cavité et donc sur la longueur
de celle-ci qui peut limiter la stabilité en fréquence du laser asservi sur la
cavité [80]. Numata et al. ont calculé dans leur article [81] le bruit thermique
pour différents types de cavités rigides en tenant compte de la géométrie
et du matériau du corps de la cavité, ainsi que l’épaisseur, le substrat et
le revêtement des miroirs. Pour une cavité en ULE de 15.24 cm de long de
forme cylindrique et de 3.9 cm de diamètre, des miroirs en silice contactés
sur le corps de la cavité et un faisceau laser à 698 nm ayant un col de 200
µm (paramètres proches
de ceux de notre cavité), le bruit de thermique est
√
−2
de 8.7 × 10 Hz/ Hz à 1 Hz et pour une température de 300 K.
60
3.4. ASSERVISSEMENT DU LASER
3.3.3
Le laser
Le bruit de conversion : Le bruit de conversion traduit le fait que la
cavité PF convertit les fluctuations d’amplitude du champ laser en fluctuations d’intensité. Le niveau de bruit associé à cette conversion dépend du
bruit du laser en fonctionnement libre (amplitude et fréquence), de la largeur de raie du pic PF ∆νP F lorsque la largeur de raie du laser ∆νL est
beaucoup plus faible, et du désaccord entre la fréquence laser et la résonance
PF. On peut minimiser les effets de ce bruit en choisissant des fréquences de
modulation élevées par rapport à la largeur de raie de la cavité. La densité
spectrale de bruit d’intensité dû à la conversion s’écrit pour une détection
en réflexion [82] :
S(Ω) = 2Ii2 J02 (β)
∆νL
en [A2 /Hz]
Ω
(3.16)
soit S(Ω) = 2 × 10−4 A2 /Hz avec nos paramètres expérimentaux.
Le bruit d’intermodulation : Le bruit d’intermodulation (équivalent à
l’effet Dick appliqué à une interrogation continue, voir chapitre 2) traduit
le fait que les composantes du bruit du laser aux fréquences multiples de
la fréquence de modulation sont converties vers les basses fréquences et le
continu. Pour laser ayant un bruit blanc de fréquence au voisinage de la
fréquence de modulation, la largeur de raie du laser asservi ultime ∆νLA
s’exprime par [82] :
(∆νP F )2 ∆νLL
∆νLA =
(3.17)
4Ω2
où ∆νP F est la largeur du pic de la cavité PF, ∆νLL est la largeur de
raie du laser libre et Ω est la fréquence de modulation. On remarque que
la largeur de raie du laser est inversement proportionnel au carré de la
fréquence de modulation : on a donc intérêt à choisir une fréquence de
modulation la plus élevée possible. Avec nos paramètres expérimentaux, on
obtient ∆νLA = 6.5 × 10−2 Hz ce qui correspond à un niveau de bruit blanc
de fréquence de 2 × 10−2 Hz2 /Hz.
3.4
Asservissement du laser
3.4.1
Principe de l’asservissement
On peut décrire l’asservissement du laser sur la cavité en réflexion de la
façon suivante (figure 3.4) : la référence de fréquence angulaire, notée Ωref
est la pulsation d’un mode de la cavité, ΩL est la fréquence angulaire du
61
CHAPITRE 3. RÉALISATION D’UNE DIODE LASER
ULTRA-STABLE
+
W
re f
(p ) +
e (p )
K (p )F (p )C (p )
+
W
L
(p )
W
A
(p )
-
H (p )= 1
Fig. 3.4 – Principe d’une boucle d’asservissement.
laser libre et ΩA , la fréquence angulaire du laser asservi. Le signal d’erreur
ε traduit la différence qu’il existe entre ΩL et sa référence. Il est ensuite
traité par l’intermédiaire de différents filtres dont les fonctions de transfert
sont données par K(p), F (p) et C(p) : K(p) est la fonction de transfert du
comparateur d’entrée qui inclut celle de la cavité Fabry-Perot, F (p) décrit
le système électronique et C(p), est la fonction de transfert du contrôle de
fréquence du laser. Le but de l’asservissement est d’annuler, en principe, ε.
Pour ce faire, il ajoute un bruit opposé à celui venant de ΩL et un bruit
égal à celui de Ωref . Par conséquent, il reproduit dans une certaine mesure
le comportement de la référence. La boucle de retour est caractérisée par
H(p). L’asservissement ne comportant qu’une seule boucle, on peut poser
H(p) = 1.
La fonction de transfert en boucle ouverte s’écrit K(p)F (p)C(p). En
boucle fermée, le comportement de la diode laser en fréquence est décrit
par ΩA (p) :
ΩA (p) =
1
K(p)F (p)C(p)
ΩL (p) +
Ωref (p)
1 + K(p)F (p)C(p)
1 + K(p)F (p)C(p)
(3.18)
Nous allons maintenant décrire les différents éléments du montage expérimental
qui interviennent pour l’asservissement du laser sur la cavité PF d’une
grande finesse selon la technique de Pound-Drever-Hall.
3.4.2
La cavité Fabry-Perot
Description de la cavité PF
La cavité Fabry-Perot utilisée dans l’asservissement du laser est constituée
de deux miroirs diélectriques concaves de rayon de courbure 50 cm qui sont
62
3.4. ASSERVISSEMENT DU LASER
contactés optiquement par adhérence moléculaire sur un barreau de 5 cm
de diamètre en ULE et évidé suivant son axe sur un diamètre de 4 mm.
Le matériau ULE (ULE pour ”Ultra-Low Expansion”) est une céramique
vitrifiée dont le coefficient d’expansion thermique en valeur relative est nul
à température ambiante (entre 5◦ et 25◦ C) et vaut 10−9 K−1 en dehors de
ce domaine de température. La longueur de la cavité Fabry-Perot est de
10 cm, son intervalle spectral libre (ISL) est 1,5 GHz et sa finesse est de
27 000 ± 500.
La cavité est placée dans une enceinte à vide (voir photographie 3.5 et
figure 3.6) : d’une part, le vide empêche les fluctuations de l’indice dans
le milieu de propagation, d’autre part, il isole la cavité des perturbations
acoustiques et thermiques pouvant entraı̂ner des fluctuations de fréquence.
Par ailleurs, le vide évite toute dégradation du revêtement diélectrique des
miroirs et du barreau en ULE, ce qui permet ainsi de conserver la finesse de
la cavité. Un vide de 2×10−7 Pa est obtenu grâce à une pompe ionique de 25
L/s et l’étanchéité se fait grâce à des joints en Indium. Cette enceinte à vide
est constituée de trois blindages thermiques concentriques en Dural. Dans
le blindage intérieur se trouve le support de la cavité en Invar, des supports
en Viton (caoutchouc absorbant en partie les vibrations mécaniques haute
fréquence et compatible au vide) réalisent le contact entre les deux pièces.
La cavité repose sur le support de la même façon grâce aux supports Viton.
L’enceinte à vide a été entourée de fils de cuivre pour permettre son asservissement en température. De plus les hublots présentent un angle < 5◦
par rapport à l’axe de propagation du faisceau laser afin d’éviter tout effet
d’interférence parasite.
La fonction de transfert du résonateur PF
La fonction de transfert du résonateur optique décrit la réponse de la
cavité PF à une perturbation de la fréquence du laser, qui se traduit en
terme de fluctuations de l’intensité détectée, à savoir l’intensité réflechie
Ir . Un calcul de cette fonction de transfert est effectué dans l’annexe B.
De façon générale, la cavité PF se comporte comme un discriminateur de
fréquence dans le domaine basse fréquence et comme un comparateur de
phase à haute fréquence. Sa réponse en réflexion est donnée par [83] :
Hcavite (ω) = E02
Γr (ωL )Γr (ωL + ω) − Γr (ωL )Γr (ωL − ω)
ω
(3.19)
Pour des fréquences laser proches de la résonance, c’est-à-dire pour ωL =
ωP F N ± δ avec δ la différence de fréquence angulaire, on peut simplifier
63
CHAPITRE 3. RÉALISATION D’UNE DIODE LASER
ULTRA-STABLE
Fig. 3.5 – Photographie de la cavité PF dans son enceinte, réalisée lors de
son montage.
Hcavite de la façon suivante :
(1 − r2 )δτ 2 [(1 − r2 ) + r2 ωτ ]
Hcavite (ω) = 2r
[(1 − r2 )2 + r2 (1 − r2 )ωτ + r4 (δτ )2 ]2 − (r4 δωτ 2 )2
(3.20)
ce qui nous permet de retrouver l’expression d’un filtre passe-bas. Les graphes
3.7(a) et (b) présentent la phase et le gain de Hcavite . Pour des fréquences
νISL
inférieures à la fréquence de coupure 2r
2 F ∼ 47 kHz, le gain est constant et
au delà il décroit de 20 dB par décade.
2
3.4.3
E02
Le laser et le banc optique
Le laser en cavité étendue
Les diodes lasers ont été montées en cavité étendue (ECDL) selon la
configuration Littrow. Le but des cavités étendues est de réduire le bruit de
fréquence du laser. Pour du bruit blanc de fréquence, cela se traduit par une
diminution de la largeur de raie du laser qui est inversement proportionnelle
au carré de la longueur globale de la cavité. La largeur de raie de la diode
64
3.4. ASSERVISSEMENT DU LASER
V u e d e fa c e e n c o u p e
1 2 5
S u p p o rt e n In v a r
s u p p o r t V ito n
V u e d e d e s s u s e n c o u p e
2 3 0
2 0 5
B lin d a g e s th e r m iq u e s
H u b lo t
Fig. 3.6 – Schéma de l’enceinte ultra-vide de la cavité PF, vues en coupe.
65
CHAPITRE 3. RÉALISATION D’UNE DIODE LASER
ULTRA-STABLE
Fig. 3.7 – Phase en (a) et gain en (b) de la fonction de transfert de la cavité
PF haute finesse.
laser passe donc de quelques dizaines de MHz à quelques centaines de kHz
en cavité étendue [84, 85] :
l Flaser 2
∆νECDL
=(
)
∆νlaser
L Fcavite
(3.21)
où ∆νECDL et ∆νlaser sont respectivement les largeurs de raie de la diode
laser en cavité étendue et de la diode laser, l est la longueur optique de la
cavité laser, L la longueur de la cavité étendue et, Flaser et Fcavite sont les
finesses de la cavité laser et de la cavité étendue.
Dans notre expérience, nous utilisons des diodes lasers dont le faisceau
est circularisé. La longueur d’onde d’émission est de 690 nm et le courant
de seuil est de 38 mA en cavité étendue. A une température de 25◦ C et
un courant d’injection de 45 mA, la puissance de sortie est de 2 mW. Le
faisceau est collimaté par une lentille de focale f=4.5 mm. La cavité externe
est fermée par un réseau de diffraction blazé de 1800 traits/mm fixé sur
une cale en céramique piézo-électrique. L’ordre -1 est renvoyé dans la zone
active de la diode laser et l’ordre 0 constitue le faisceau de sortie (voir
figure et photographie 3.8). Une lame demi-onde placée entre la lentille de
collimation et le réseau permet de faire varier la puissance de l’ordre -1
renvoyé vers la cavité entre 10% et 20% de la puissance émise, ce qui nous
66
3.4. ASSERVISSEMENT DU LASER
a permis de faire fonctionner la diode laser à 698 nm en la chauffant à une
température de 60◦ C alors que sa longueur d’onde en fonctionnement naturel
est 690 nm. La plage d’accordabilité de la diode laser en cavité étendue
est approximativement 15 nm. La diode laser est stabilisée en température
au mK près grâce à un module Peltier et un asservissement de type PID
(Proportionnel-Intégrateur-Dérivateur). Le boitier en Dural du système est
également asservi en température.
La fonction de transfert d’une diode laser caractérise sa réponse à une
modulation de courant. Il est indispensable de la mesurer afin de déterminer
une stratégie pour l’asservissement du laser sur la cavité Fabry-Perot de
grande finesse. Cette fonction des transfert est difficilement accessible par
une mesure directe, seul son gain peut-être évalué facilement. Pour cela,
nous avons mesuré le signal transmis par une cavité Fabry-Perot dont la
largeur du pic de résonance est plus grande que la largeur de raie du laser (typiquement 1.3 MHz contre 300 kHz) lorsque le laser est modulé en
fréquence grâce à son courant d’injection (voir la courbe 3.9 pour le gain de
la fonction de transfert). Pour accéder à la réponse du laser sur différents
intervalles de fréquences, on fait varier la fréquence de modulation du courant d’injection. La fonction de transfert de la diode laser peut alors être
modélisée par :
At − Ac
Hlaser (p) =
− Ac
(3.22)
1 + τl p
où At dépend des effets thermiques en basse fréquence et vaut 180 × 106
Hz/mA, Ac décrit les effets d’indice dûs aux porteurs de charges et vaut
6 × 106 Hz/mA et τl = 10−6 s est le temps de réponse du laser. On constate
que cette fonction de transfert est typique d’un filtre passe-bas en fréquence
dont la fréquence de coupure est de 150 kHz.
Le montage optique
Après un isolateur optique, permettant d’atténuer de 30 dB les retours
parasites vers le laser, le faisceau est injecté dans une fibre monomode à
maintien de polarisation afin de ”nettoyer” le mode spatial du laser, c’est-àdire que le faisceau de sortie est principalement constitué du mode TEM00 .
Le modulateur électro-optique (MEO), constitué d’un cristal de niobate
de lithium (LiNbO3 ) résonnant, est un modèle New Focus 4001M dont la
fréquence de modulation est 60 MHz. Cette fréquence de modulation élevée
a été choisie de manière à rendre négligeable le bruit d’intermodulation inversement proportionnel au carré de la fréquence de modulation. Une lame
67
CHAPITRE 3. RÉALISATION D’UNE DIODE LASER
ULTRA-STABLE
C a le p ié z o
- é le c tr iq u e
D io d e la s e r
O rd re -1
R é s e a u
L e n tille d e
c o llim a tio n
O rd re 0
Fig. 3.8 – Diode laser en cavité étendue selon la configuration Littrow.
68
3.4. ASSERVISSEMENT DU LASER
Fig. 3.9 – Réponse de la diode laser à une modulation du courant d’injection
en fonction de la fréquence de modulation (gain de la fonction de transfert).
demi-onde a été placée avant le MEO afin d’ajuster soigneusement la polarisation du faisceau et de réduire à 110 dBc la modulation d’amplitude
parasite mesurée sur le signal radiofréquence. En effet, si la polarisation
du faisceau n’est pas alignée proprement, le MEO impose une rotation de
polarisation en même temps qu’une modulation de phase, ce qui peut se
traduire par la suite par une modulation d’amplitude indésirable si le MEO
est suivi d’élements optiques polarisants. Cette modulation d’amplitude parasite peut alors être convertie en décalage de fréquence par la cavité PF et
de cette façon peut perturber l’asservissement du laser.
Le calcul du mode du faisceau laser sur la cavité PF prévoit un col au
centre de la cavité de 180 µm ce qui est réalisé grâce à une lentille. Après
cette lentille d’adaptation de mode, une séparatrice, dont le coefficient de
réflexion dépend de la polarisation (R= 90% pour une onde polarisée s et
R=99% pour une onde polarisée p) est placée devant la cavité PF afin de
discriminer le faisceau réflechi par la cavité PF du faisceau incident (voir
figure et photographie du montage 3.10). On peut rencontrer dans d’autres
dispositifs l’association d’une lame quart d’onde et d’un cube polarisant
pour remplacer cette séparatrice. Avec ce montage, notre système est ainsi
moins sensible aux effets d’étalons parasites que l’on pourrait avoir à cause
de réflexions sur les faces d’un cube perpendiculaires au faisceau. La puis69
CHAPITRE 3. RÉALISATION D’UNE DIODE LASER
ULTRA-STABLE
sance laser à l’entrée de la cavité PF est de 40 µW. Il s’agit de réaliser
un compromis entre le bruit électronique qui dépend de la puissance du
champ réfléchi et la puissance intra-cavité (∼ 1 W) qui peut endommager
le revêtement des miroirs et dégrader la finesse.
Le faisceau réflechi est détecté sur une photodiode rapide à avalanche
Hamamatsu S6041 dont la bande passante est 1 GHz. L’intérêt d’utiliser
une telle photodiode est l’amplification directe du photocourant qui permet
de nous affranchir des effets d’antenne à la fréquence de modulation. Le
télescope situé avant la photodiode est placé de manière à ce que le waist
ne soit pas exactement sur la surface de détection de la photodiode. Celle-ci
est de 0.03 mm2 . La puissance détectée est de 36 µW. L’efficacité quantique
de la photodiode η est de 85% à 700 nm et son courant d’obscurité vaut
typiquement 0.8 pA pour un gain de l’ordre de 100 et pour une tension de
polarisation 150 V à une température de 25◦ C. La photodiode et le circuit
électronique associé sont placés dans un boı̂tier spécialement conçu pour
éviter tout effet d’étalon parasite possible avec la surface sensible de la photodiode et ce, afin de ne pas ajouter un ”offset” au signal d’erreur : l’angle
entre l’axe de la photodiode et l’axe du boitier est de 5◦ . Les parois du
boı̂tier sont suffisamment épaisses (6 mm pour les parois latérales, arrière
et le couvercle et 12 mm pour la paroi frontale) et les diamètres des passages pour la connectique (⊘ = 2 mm) et la photodiode (⊘ = 5 mm) sont
suffisamment étroits pour éviter des perturbations par des champs externes
à la fréquence de modulation. Afin de renforcer cette précaution, un joint
en indium assure l’étanchéité RF entre le couvercle du boitier et le boitier
lui-même. Les câbles électroniques connectés ainsi que l’alimentation sont
filtrés. La photodiode est associée à deux amplificateurs en cascade situés
dans le boitier et de gains respectifs 30 dB et 31 dB. Le signal radiofréquence
extrait est ensuite démodulé grâce à un mélangeur de type TUF1, ce qui
procure le signal d’erreur.
3.4.4
Le montage électronique
Description
L’asservissement du laser sur le résonateur est réalisé grâce à deux étages
de corrections. La première s’effectue sur le courant d’injection : un montage proportionnel-intégrateur assure la correction des dérives rapides en
fréquence. Un interrupteur est associé à cet intégrateur, ce qui nous permet
de verrouiller le laser soit uniquement avec le montage proportionnel soit
avec le proportionnel et l’intégrateur. L’intégrateur nous permet de gagner
environ 20 dB sur le niveau de bruit en fréquence du laser asservi à 10 kHz
70
3.4. ASSERVISSEMENT DU LASER
A m p lific a te u r
S e rv o
T e n s io n d e c o n tro le
A P D
S C 1
D é p h a se u r
IO
S é p a ra tric e
Q u a rtz
6 0 M H z
L a se r E C D L l
M E O
L e n tille d e
M o d e -m a tc h in g
F ib re m o n o m o d e à
m a in tie n d e
p o la ris a tio n
Fig. 3.10 – Schéma montage expérimental de Pound Drever Hall. APD
désigne la photodiode à avalanche qui détecte l’intensité du signal réflechi
par la cavité SC1.
71
CHAPITRE 3. RÉALISATION D’UNE DIODE LASER
ULTRA-STABLE
Fig. 3.11 – Densité spectrale de bruit de fréquence du laser asservi soit avec
le proportionnel uniquement (courbe rouge), soit avec le proportionnel et
l’intégrateur (courbe noire).
(figure 3.11). Cependant la plage d’accordabilité utilisable en fréquence par
le courant d’injection est relativement faible à cause des sauts de mode du
laser. Une correction lente effectuée grâce à la cale piézo-électrique (PZT)
est donc nécessaire. Un deuxième intégrateur agit ainsi sur le PZT de la
cavité étendue pour corriger les fluctuations lentes de fréquences.
La fonction de transfert électronique
Intéressons-nous maintenant à la fonction de transfert de l’électronique.
Sur la branche correctrice haute fréquence, nous avons un amplificateur
proportionnel et un amplificateur intégrateur (voir figure 3.12). La fonction
de transfert Hcourant du circuit est donnée par :
Hcourant (p) = Hprop (p)HI1 (p)
¶
µ
1
1
+ R2
= Hprop (p)
R1 Cp
72
(3.23)
3.4. ASSERVISSEMENT DU LASER
P Z T
v o ie le n te
In té g ra te u r
R
2
= 1 k
C o m p e n s a te u r d e p h a s e
S ig n a l
d é te c té
C = 1 .5 n F
2 2 0
2 0 0 p F
G = x 1 0
R
1
4 7 0
= 1 0 k
I la s e r
v o ie r a p id e
5 0 0
O s c illa te u r
lo c a l
5 0
In té g ra te u r
Fig. 3.12 – Montage électronique de l’asservissement du laser. Un deuxième
intégrateur, semblable à celui utilisé sur la voie rapide, filtre la voie lente
pour les corrections imposées à la cale piézo-électrique PZT.
Cette fonction de transfert présente deux valeurs de pulsations particulières,
ω1 = R11C ∼ 10, 6 kHz dans le cas où la valeur du potentiomètre R1 =
10 kΩ et ω2 = R21C ∼ 106 kHz. Le module et la phase de Hcourant sont
représentés pour R1 = 10 kΩ (respectivement par les figures (b) et (a) du
graphe 3.13). La pente de la courbe 3.13(b) est de -20 dB par décade. Sur la
branche correctrice basse fréquence, c’est-à-dire celle qui va agir sur la cale
piézoélectrique du laser, nous avons un deuxième intégrateur similaire au
précédent mais avec des valeurs différentes pour la capacité C, la résistance
R2 et le potentiomètre R1 (voir montage 3.12 pour les notations) de sorte
que la bande passante est de l’ordre du kiloHertz. L’allure de la fonction
de transfert HP ZT sur cette branche de correction lente (phase et gain)
est donnée par les graphes 3.13(c) et (d), semblables bien-sûr aux graphes
3.13(a) et (b).
Les niveaux du signal à 60 MHz ont été mesurés à différents endroits
du circuit d’asservissement afin de s’assurer que le mélangeur fonctionne de
façon optimale (figure 3.14). La tension de polarisation de la photodiode à
avalanche a été choisie de façon à minimiser les effets du bruit de courant.
3.4.5
Conclusion
La fonction de transfert globale
La fonction de transfert globale de l’asservissement en boucle ouverte est
donnée, comme nous l’avons vu précédemment par le produit K(p)F (p)C(p).
73
CHAPITRE 3. RÉALISATION D’UNE DIODE LASER
ULTRA-STABLE
Fig. 3.13 – Module en (b) et phase en (a) de la fonction de transfert du
montage proportionnel-intégrateur utilisé dans l’asservissement du courant
d’injection du laser. En (c) et (d), phase et gain de la fonction de transfert
du filtre intégrateur sur la branche correctrice lente.
74
3.4. ASSERVISSEMENT DU LASER
P h o to d io d e
à a v a la n c h e
-3 d B m
5 .4 d B m
c r is ta l
6 0 M H z
F iltr e
D é p h a s e u r
C o m p e n s a te u r
d e p h a s e
P -I
C o u ra n t
4 .2 d B m
6 .5 d B m
I
P Z T
M E O
A tté n u a te u r
1 3 .2 d B m
-1 5 .7 d B m
Fig. 3.14 – Niveau de signal à 60 MHz dans le montage de démodulation.
Les notations P et I désignent les filtres proportionnel et intégrateurs. Le
compensateur de phase sert à compenser d’une part la phase de la fonction
de transfert de la diode laser et d’autre part le déphasage introduit par la
cavité.
K(p) qui traduit le comportement du résonateur PF est donc donné par
Hcavite , F (p) est la fonction de transfert de l’électronique et par conséquent
est la somme Hcourant (p)+Hcourant (p)HP ZT (p). Enfin C(p) traduit la réponse
de la diode laser à une correction en fréquence et son comportement est
décrit par Hlaser . On doit également tenir compte du retard, c’est-à-dire le
déphasage introduit par les temps de propagation sur le trajet optique et
dans les câbles électroniques (d’où la nécéssité d’un montage relativement
compact). Ces temps de propagation τr de l’ordre de 25 ns sont associés à
des déphasages de l’ordre de 36◦ à une fréquence de 4 MHz. La fonction de
transfert du retard est donnée par :
Hretard (p) = e−pτr
(3.24)
Pour la fonction de transfert globale en boucle ouverte, il n’est cependant
pas possible d’avoir accès à sa phase puisque la phase de Hlaser n’est pas
connue. On ne peut donc que calculer le gain de l’asservissement. Celui-ci est
représenté sur le graphe 3.15. Des essais expérimentaux ont été nécessaires
pour compenser la réponse globale du système.
Performances de l’asservissement
L’asservissement du laser sur la cavité PF est très robuste. Le laser peut
rester verrouillé à résonance pendant plus d’un mois. La bande passante
de l’asservissement est de 2 MHz et s’obtient en mesurant le spectre du
75
CHAPITRE 3. RÉALISATION D’UNE DIODE LASER
ULTRA-STABLE
Fig. 3.15 – Gain en boucle ouverte de la fonction de transfert globale de
l’asservissement.
signal d’erreur grâce à un analyseur de spectre. En effet, au delà de la
fréquence de coupure, on observe une remontée de bruit tout à fait typique
qui indique que l’on est proche d’une instabilité de la boucle (figure 3.16).
Le niveau de bruit de ce pic n’est pas gênant pour le fonctionnement de
notre asservissement. En effet, l’énergie contenue dans ce pic est donnée par
σφ2 [86] qui vaut :
Z
σφ2 =
∞
Sφ (ω)dω
(3.25)
ωi
avec Sφ la densité spectrale de bruit de phase du laser et ωi la fréquence
angulaire correspondant au début du pic (∼ 2π×100 kHz). Dans notre cas,
l’énergie contenue dans ce pic de bruit vaut 8 × 10−5 rad2 , ce qui correspond
à des fluctuations de phases inférieures à la dizaine de mrad.
3.5
Spectre de bruit de fréquence du laser
Une deuxième cavité PF (notée PF2 ) possédant des caractéristiques similaires à la première (notée PF1 ) a été montée. Le deuxième montage nous
permet d’analyser le premier par comparaison et de mesurer le bruit en
fréquence du laser asservi. On peut ainsi asservir le laser aussi aisément sur
l’une que sur l’autre cavité, de sorte que l’optimisation du signal d’erreur
devient très simple. Il suffit pour cela d’asservir le laser sur PF2 et d’observer le signal d’erreur issu du premier montage ε1 en ajustant la phase et le
76
3.5. SPECTRE DE BRUIT DE FRÉQUENCE DU LASER
Fig. 3.16 – Mesure de la bande passante de l’asservissement. On observe la
remontée de bruit à 2.5 MHz.
gain. La procédure réciproque est aussi valable (asservissement sur PF1 et
optimisation du signal d’erreur ε2 provenant de PF2 ). On peut également de
cette façon mesurer le spectre du bruit de fréquence du laser. Nous verrons
qu’une première version de l’expérience, dans laquelle les deux cavités reposaient sur un même banc optique, n’était pas optimale et qu’une deuxième
version a été réalisée. Nous décrirons par la suite ces deux versions.
3.5.1
La deuxième cavité Fabry-Perot
Le montage optique est le suivant : au niveau de la séparatrice située
devant P F1 , une partie du faisceau incident est récupérée puis envoyée sur
un modulateur acousto-optique (MAO) de 80 MHz en double passage. Grâce
à ce montage, le laser peut être à la fois à résonance avec PF1 et avec
PF2 . Comme dans le premier montage, le signal réflechi est détecté par une
photodiode à avalanche et est traité selon la technique de Pound-DerverHall.
Mesure de la finesse de la cavité
Les finesses F1 = 27 000 et F2 = 24 500 des cavités respectives PF1
et PF2 ont été mesurées de la façon suivante : une fois le laser asservi,
77
CHAPITRE 3. RÉALISATION D’UNE DIODE LASER
ULTRA-STABLE
S ig n a l d 'e r r e u r
S e rv o 1
e
A m p lific a te u r 1
1
T e n s io n d e c o n tr o le
A P D 1
M ir o ir
S C
L e n tille d e
M o d e m a tc h in g
S C 2
1
D é p h a s e u r1
1 e r o rd re
IO
S é p a r a tr ic e
A P D 2
l /4
L a s e r E C D L
Q u a rtz
6 0 M H z
M A O
A m p lific a te u r 2
M E O
F ib r e m o n o m o d e
à m a in tie n d e
p o la r is a tio n
L e n tille d e M o d e m a tc h in g
S ig n a l d 'e r r e u r
e
IO
D é p h a s e u r2
Fig. 3.17 – Ce schéma représente le montage optique lorsque les deux cavités
PF reposaient sur la même table optique, l’axe de l’une étant perpendiculaire
à l’autre, afin de minimiser les correlations entre elles.
sa largeur de raie est beaucoup plus étroite qu’une résonance du FabryPerot. Par conséquent, la mesure de la largeur du pic de transmission à
mi-hauteur divisée par la largeur de l’intervalle spectral libre, nous donne
l’inverse de F (voir figure 3.18). Pour mesurer F1 , le laser est asservi sur
PF2 par l’intermédiaire du modulateur acousto-optique et pour mesurer F2 ,
l’asservissement s’effectue sur PF1 .
3.5.2
Mesure du spectre de bruit de fréquence
Le laser est assevi sur PF1 par exemple, on récupère le signal d’erreur
ε2 grâce à PF2 , il est ensuite analysé avec à un analyseur de spectre à
transformée de Fourier rapide FFT (voir schéma 3.17). Ce signal donne une
bonne estimation du bruit en fréquence du laser asservi. Soit SP Fi (ν) la
densité spectrale de bruit en fréquence de la cavité ”i” et SL (ν) la densité
spectrale de bruit en fréquence du laser. Dans le cas où toutes les sources de
bruits (laser et cavités) sont parfaitement décorrélées, la densité spectrale
de bruit du signal d’erreur Sε2 (ν) est donnée par :
Sε2 (ν) = SL (ν) + SP F2 (ν)
(3.26)
Si en revanche, il existe des correlations entre les deux cavités, par exemple,
la quantité SP F1 (ν) + SP F2 (ν) nous donne un ordre de grandeur du bruit du
laser asservi. Dans la nouvelle version du montage, on a mesuré le bruit de
78
2
3.5. SPECTRE DE BRUIT DE FRÉQUENCE DU LASER
Fig. 3.18 – Mesure de la finesse grâce au pic de transmission du PF. Les
mesures ont été ajustées avec une fonction lorentzienne (en rouge), la largeur du pic à mi-hauteur est 55 kHz. La finesse obtenue est de 27300 sachant
que l’intervalle spectral libre est de 1.5 GHz.
fréquence du laser avec un montage indépendant. Les corrélations pouvant
exister entre les deux systèmes ont été ainsi minimisées : les deux cavités
PF reposent sur deux bancs optiques séparés, les fréquences de modulation
sont différentes (60 MHz pour PF1 et 50 MHz pour PF2 ), les détecteurs et
les modules électroniques sont branchés sur des alimentations distinctes.
Une estimation du bruit en fréquence du laser en fonctionnement libre
s’obtient en boucle fermée par l’intermédiaire du signal de contrôle.
Nous remarquons ainsi d’après le graphe 3.19 (b) que la densité spectrale
de bruit de fréquence SL (ν) atteint un palier en bruit blanc à 1×10−2 Hz2 /Hz
pour des fréquences supérieures à 100 Hz. Au delà de quelques dizaines
de kHz, le bruit remonte, limité par le gain de l’asservissement. Pour des
fréquences inférieures à 100 Hz, le bruit en fréquence remonte également et
est principalement dû aux vibrations mécaniques.
En utilisant le spectre de bruit en fréquence du laser asservi 3.19(b), on
a pu calculer la largeur de raie du laser ∆νL définie par [87] :
Z ∞
2
Sφ,L (ν)dν =
(3.27)
∆νL
π
2
79
CHAPITRE 3. RÉALISATION D’UNE DIODE LASER
ULTRA-STABLE
Fig. 3.19 – Densité spectrale de bruit en fréquence du laser en fonctionnement libre (a) et asservi (b).
où Sφ,L est la densité spectrale de bruit de phase du laser qui se déduit de
la densité spectrale de bruit de fréquence Sf,L par :
Sφ,L (ν) =
Sf,L (ν)
ν2
(3.28)
La largeur de raie du laser vaut ainsi ∆νL = 30 Hz. Nous avons gagné près
de quatre ordres de grandeur par rapport à la largeur de raie du laser en
fonctionnement libre. Cependant notre dispositif peut encore être amélioré,
en particulier en diminuant le bruit lié aux vibrations mécaniques et acoustiques.
3.5.3
Evaluation des vibrations
Le montage expérimental a été réalisé dans une pièce, (à l’écart du banc
optique principal) dont les parois ont été recouvertes de plaques de Barson (plaque lourde de plomb insérée entre deux couches de mousse). Pour
diminuer de façon conséquente les vibrations mécaniques et acoustiques,
le banc optique repose sur une plate-forme MinusK : il s’agit d’une plateforme d’isolation passive pouvant être modélisée par un oscillateur à raideur
80
3.5. SPECTRE DE BRUIT DE FRÉQUENCE DU LASER
Fig. 3.20 – Mesures des vibrations avec un accéléromètre posé sur le banc
optique. La charge n’est pas optimale.
’négative’. Cette raideur s’annule en principe lorsque le poids chargé sur la
plate-forme est optimisé. Deux versions de l’expérience ont été réalisées.
Dans la version initale, le banc optique, sur lequel ont été montées les deux
cavités PF de haute finesse, reposait sur deux plate-formes MinusK. L’optimisation de ce système n’ayant pas été des plus concluantes, il a été décidé
de séparer le système en deux parties, chacune incluant un banc optique
avec une cavité PF reposant sur une seule plate-forme. Par ailleurs, l’avantage de cette séparation est la décorrélation des deux cavités. Nous avons
de cette façon deux systèmes semblables plus indépendants.
Mesures de vibrations dans le cas du premier montage : Dans
cette première version du montage expérimental, le banc optique est monté
sur deux plate-formes fixées au sol. Les mesures ont été effectuées avec un
accéléromètre. Nous avons mesuré les accélérations verticales et horizontales qui sont représentées sur le graphe 3.20. Pour les mesures qui sont
présentées, la charge supportée par les plate-formes n’a pu être optimisée :
nous n’avons pas trouvé de stratégie convergente efficace permettant de
régler simultanément les deux plate-formes MinusK, en ajustant à la fois
la tension sur chaque plate-forme et la répartition du poids sur la table
optique.
La fonction de transfert mécanique : La fonction de transfert mécanique
décrit la réponse de la cavité à une perturbation mécanique du banc optique.
81
CHAPITRE 3. RÉALISATION D’UNE DIODE LASER
ULTRA-STABLE
Fig. 3.21 – Signal d’erreur issu de PF2 et accélérations horizontales sous
l’effet d’une perturbation impulsionnelle appliquée perpendiculairement au
plan de la table. La fréquence propre de la table est de 1.7 Hz au lieu des
0.5 Hz attendus si les plateformes avaient été optimisées. La sensibilité du
système est de 2.36 MHz/g.
Nous l’avons mesurée, dans le cadre de la première version du montage, selon l’axe vertical et les deux axes horizontaux déterminés par les axes de
chacune des deux cavités. Le laser est asservi sur PF1 et nous mesurons le
signal d’erreur issu de PF2 (selon la méthode décrite dans le paragraphe
3.5.1) et le signal lié à l’accéléromètre lorsque la table optique est perturbée
par une impulsion. Typiquement nous donnons un coup bref sur la table qui
va se mettre à osciller et ces oscillations amorties se retrouvent sur le signal
issu de l’accéléromètre et le signal d’erreur (figure 3.21). La sensibilité de
l’accéléromètre est de 8.3 mV/kHz. Nous calculons ensuite la transformée de
Fourier des deux signaux et nous en effectuons le rapport ce qui nous donne
en fin de compte une estimation de la fonction de transfert mécanique. La
réponse de la table optique étant différente selon les trois axes x,y,z, nous
avons déterminé une fonction de transfert pour chacun de ceux-ci (figure
3.22 (a),(b),(c)). Les pentes sont de l’ordre de −40 dB par décade et la
fréquence de coupure est de 10 Hz.
Mesures de vibrations dans la deuxième version du montage :
Dans cette nouvelle version du montage expérimental, le banc optique repose sur une seule plate-forme d’isolation Minus K, ce qui a nettement
82
3.5. SPECTRE DE BRUIT DE FRÉQUENCE DU LASER
Fig. 3.22 – Module de la fonction de transfert des vibrations mécaniques :
en (a), ce sont les mesures des vibrations horizontales selon l’axe de PF2 ,
en (b), les vibrations horizontales selon l’axe de PF1 et en (c), les vibration
verticales..
83
CHAPITRE 3. RÉALISATION D’UNE DIODE LASER
ULTRA-STABLE
Fig. 3.23 – Mesures des vibrations verticales et horizontales avec un
accéléromètre posé sur le banc optique. Jusqu’à 30Hz, le bruit de
l’accéléromètre domine.
amélioré les performances du système dans le domaine de fréquence [1Hz60Hz]. De plus la charge a été également ajustée et répartie de façon à optimiser l’isolation du banc MinusK (charge de 200 kg supplémentaire grâce
à des lingots de plomb). On constate en effet une réduction importante des
vibrations (supérieure à 20 dB) entre 1 Hz et 20 Hz par rapport à la version
précédente du montage.
Le deuxième banc optique sur lequel est monté un deuxième laser ”ultrastable” se trouve en revanche dans la salle d’expérience principale dont les
murs ne sont pas recouverts en Barson. Une boite en aluminium a donc
été spécialement conçue pour envelopper le système et l’isoler des perturbations extérieures. Des accès spécifiques pour les câbles de branchement
ont été prévus afin de limiter la propagation des vibrations extérieures par
ces câbles. Les mesures d’accélération effectuées démontrent l’importance
de cette enceinte isolante qui atténue les vibrations de 3 à 4 dB à 1 Hz
(figure 3.24). Avec de telles précautions et améliorations prises pour réduire
les effets des vibrations sur le spectre de bruit de fréquence du laser, on
s’attend maintenant à ce que sa largeur de raie soit inférieure à 10 Hz.
3.6
Conclusion
Dans ce chapitre, nous avons rapporté la réalisation d’un laser de grande
pureté spectrale. Ce laser est asservi sur un résonateur Fabry-Perot finesse
27 000 selon la méthode de Pound-Drever-Hall. Le niveau de bruit blanc est
84
3.6. CONCLUSION
Fig. 3.24 – Mesures des vibrations verticales effectuées avec et sans la
boite isolante, une fois le montage optique et les branchements électroniques
réalisés.
de 10−2 Hz2 /Hz dans le domaine de fréquence 100 Hz-20 kHz et la largeur de
raie du laser est de 35 Hz. De nombreux moyens ont été mis en oeuvre pour
réduire les bruits limitant les performances de notre système : choix des paramètres de modulation, isolation mécanique et acoustique, asservissement
thermique etc... Cependant, les limitations à basses fréquences sont essentiellement dues aux vibrations mécaniques et acoustiques. Pour améliorer la
stabilité à long terme du laser, on pourrait par exemple envisager de changer
la géométrie du corps de la cavité afin de diminuer la sensbilité de celle-ci
aux accélérations. Certains bruits, comme le bruit de détection, ou le bruit
d’intermodulation sont inversement proportionnels à la finesse de la cavité
et l’on pourrait diminuer leurs effets en choisissant un cavité de plus grande
finesse. Malheureusement, les cavités de finesse 100 000 ou plus n’existent
que pour des longueurs d’onde incidentes se situant dans l’infra-rouge. Pour
contourner ce problème, nous pourrions asservir un laser infra-rouge sur une
cavité de grande finesse (> 100 000), puis effectuer un battement avec un
des modes d’un laser femtoseconde. Un laser à la bonne longueur d’onde
(698 nm) serait ensuite asservi en phase sur le laser femtoseconde grâce à
ce battement. Ajoutons que, par ailleurs, le laser nous a été utile par la
suite pour mesurer des transitions atomiques de l’atome strontium comme
nous le verrons dans le chapitre 5. De plus, avec un tel laser nous pouvons
85
CHAPITRE 3. RÉALISATION D’UNE DIODE LASER
ULTRA-STABLE
espérer, dans le cadre de la réalisation d’une horloge à atomes de strontium,
une stabilité liée à l’effet Dick de quelques 10−16 à 1 s.
86
Chapitre 4
Vers une horloge optique à
atomes froids de strontium : la
source d’atomes froids
4.1
Introduction
Les performances de l’horloge que nous envisageons de réaliser dépendent
de celles de la source d’atomes froids de strontium. Nous devons en effet
avoir un temps mort (i.e temps inclus dans le temps de cycle de l’horloge
qui ne prend pas en compte l’interrogation des atomes)
de l’ordre d’une di√
zaine de ms pour espérer une stabilité de 10−16 / τ et pour ce faire, il faut
optimiser des paramètres comme par exemple le taux de chargement du
piège magnéto-optique ou la température du nuage atomique. La transition
1
S0 -1 P1 à 461 nm (voir figure 4.1) est une transition cyclante de 32 MHz de
large qui va nous permettre de refroidir efficacement les atomes par refroidissement Doppler. La température Doppler théorique calculée pour un tel
processus est de 730 µK. Il s’est avéré que les températures des nuages atomiques d’alcalino-terreux (Mg, Ca, Sr) après refroidissement Doppler sont
environ cinq fois plus élevées que cette température théorique [88–90] : les
fluctuations spatiales d’intensité des faisceaux gaussiens utilisés pour le refroidissement seraient à l’origine de cet écart de température, introduisant
un mécanisme de réchauffement au sein de la mélasse optique [91]. Le niveau
fondamental du 88 Sr n’étant pas dégénéré, à l’instar d’autres alcalino-terreux
tels que le Ca où le Mg utilisés dans d’autres étalons de fréquences optiques,
il est impossible d’élaborer un refroidissement sub-Doppler comme le refroidissement Sisyphe. Certaines équipes travaillant avec l’atome de strontium
comme celle de H. Katori au Japon ont résolu le problème en établissant
une deuxième étape de refroidissement Doppler sur la transition d’intercom87
CHAPITRE 4. VERS UNE HORLOGE OPTIQUE À ATOMES
FROIDS DE STRONTIUM : LA SOURCE D’ATOMES FROIDS
P
(t = 5 n s )
1
4 6 1 n m
1
G
= 2 x 1 0
(P M O )
8
4 6 1
s
-1
3
n m
6 8 9
G
1
S
P
2 ( m é ta s ta b le )
1 (t = 2 1 m s)
0 ( m é ta s ta b le )
6 8 9
= 4 .8 x 1 0
4
s
-1
0
Fig. 4.1 – Niveaux de l’atome de strontium intervenant dans les deux étapes
de refroidissement Doppler. Dans notre expérience, nous n’effectuerons que
la première étape sur la transition 1 S0 -1 P1 .
binaison 1 S0 -3 P1 qui permet d’atteindre des températures de l’ordre de 400
nK [71]. Notre objectif étant dans un premier temps de réaliser une source
d’atomes relativement froids, c’est-à-dire d’une température de l’ordre du
mK, il n’est pas envisagé de construire cette deuxième étape de refroidissement Doppler qui pourrait, par ailleurs s’avérer limitante pour la stabilité
de notre horloge.
Nous allons présenter dans ce chapitre les différents éléments qui contribuent à la réalisation de cette source d’atomes froids performante : une
source laser à 461 nm, le ralentisseur Zeeman et le piège magnéto-optique
(PMO). Le schema de l’expérience est donné dans la figure 4.2.
4.2
La source laser à 461 nm
La configuration choisie pour le piège magnéto-optique consiste en trois
faisceaux rétro-réflechis. Sachant que l’intensité de saturation de la transition 1 S0 -1 P1 est de 43 mW/cm2 , il est nécessaire de disposer d’une source
laser à 461 nm de 100 mW au minimum afin d’avoir une efficacité de refroidissement et de piégeage optimale. Deux sources laser ont été élaborées. La
première repose sur le principe d’une somme de fréquence dans un cristal
de KTP entre des diodes lasers à 813 nm et un laser Nd :YAG à 1064 nm.
Elle a été montée au tout début du projet strontium. Il n’existait alors pas
de sources simples d’utilisation et peu coûteuses à 922 nm pour effectuer un
doublage de fréquence (laser à colorant ou Laser Ti :Sa). Plus récemment il
88
4.2. LA SOURCE LASER À 461 NM
l /2
l /2
d (P M O )/2 p = - 4 2 M H z
r a le n tis s e u r
Z e e m a n
d (Z e e m a n ) /2 p = -5 0 2 .6 M H z
fo u r 1
P M O
je t p r in c ip a l
d (s o n d e )
+ 1
+ 1
M A O
M A O
l /4
S o u rc e (s ) IR
2 4 8 .2 M H z
2 1 2 . 4 M H z
-1
M A O
C r is ta l
M A O
0
1 0 6 .2 M H z
-1
l /4
M A O
d 0= 0
2 x 1 9 8 .2 M H z
+ 1
fo u r 2
p e tit je t
Fig. 4.2 – Schéma général de l’expérience. δ désigne les désaccords en
fréquence entre le laser et les atomes. Les ordres de diffraction des modulateurs acousto-optiques (MAO) sont indiqués par ±1.
89
CHAPITRE 4. VERS UNE HORLOGE OPTIQUE À ATOMES
FROIDS DE STRONTIUM : LA SOURCE D’ATOMES FROIDS
a été possible d’acquérir un MOPA (Master Oscillator Power Amplifier ) à
922 nm, ce qui nous a permis de construire une deuxième source laser à 461
nm, plus maniable et plus puissante, dont le principe réside dans le doublage de fréquence dans un cristal de PPKTP. Quelques rappels d’optique
non linéaire sont présentés dans l’annexe C.
4.2.1
La somme de fréquence
Les ondes pompes intervenant dans la somme de fréquence sont issues
d’un laser Nd :YAG à 1064 nm, d’une puissance de sortie de 900 mW et
de diodes lasers à 813 nm. D’après l’équation C.7, la puissance de bleu (à
461 nm) obtenue est limitée par la puissance de la source à 813 nm. Afin de
resoudre ce problème, deux diodes lasers injectées optiquement par un seul
maı̂tre (diode en cavité étendue en configuration Littrow) sont sommées en
puissance, ce qui nous permet d’obtenir 150 mW de puissance à 813 nm
disponible pour la somme de fréquence (voir figure 4.3).
Le cristal de KTP
La somme de fréquence de type II (eoe) est effectuée dans un cristal de
KTP, lequel est biaxe. Ce cristal présente comme avantages une très faible
sensibilité aux variations de température (la tolérance en température vaut
122˚C.cm [92]) et un accord de phase quasi non critique : l’angle de walk-off
est de ρ = 0.09˚. La figure 4.4 représente les angles du vecteur d’onde par
rapport aux axes du cristal utilisés pour réaliser l’accord de phase. Grâce
aux avantages que présente ce cristal, nous pouvons travailler à température
ambiante sans asservissement en température, et ce, sans que l’efficacité de
conversion en soit affectée. La somme de fréquence dans un cristal de KTP
pour la génération d’une onde à 461 nm a été étudiée théoriquement par
Jean-Jacques Zondy. La fonction d’ouverture h a été maximisée en tenant
compte de paramètres comme la longueur du cristal (20 mm), la taille des
faisceaux focalisés au centre du cristal (respectivement 27 µm et 23 µm pour
le Nd :YAG et le 813 nm). Le facteur de conversion en simple passage est
alors de Γ = 5.3 × 10−3 W/W2 ce qui donne une valeur de def f = 1.7 pm/V
en bon accord avec la référence [93].
La cavité de surtension
Placer le cristal dans une cavité de surtension permet d’augementer les
puissances des faisceaux pompes qui intéragissent et par conséquent la puissance à 461 nm générée. Cette cavité est résonante à la fois à la longueur
90
4.2. LA SOURCE LASER À 461 NM
Fig. 4.3 – Somme de puissance des deux diodes lasers. La cale piézoélectrique PZT module la longueur du trajet optique parcouru par le faisceau laser issu de l’esclave 2. Il interfère avec le faisceau issu de l’esclave
1 au niveau de la séparatrice du fait de la cohérence entre ces deux lasers
imposée par le maı̂tre. Les franges d’interférences sont détectées par une
photodiode. La détection synchrone nous permet de verrouiller le système
sur un extrema d’une frange ce qui assure la somme en puissance des deux
esclaves. Le contraste est de 98% .
91
CHAPITRE 4. VERS UNE HORLOGE OPTIQUE À ATOMES
FROIDS DE STRONTIUM : LA SOURCE D’ATOMES FROIDS
z
9 0 °
q
y
f = 8 1 .3 °
k
x
Fig. 4.4 – L’accord de phase est obtenue pour les angles θ = 90˚et φ = 81.3˚
que fait le vecteur d’onde par rapport aux axes du cristal. La somme de
fréquence est de type eoe. L’onde ordinaire o est celle issue de la source
laser à 813 nm.
d’onde 1064 nm et à 813 nm [94]. Les miroirs utilisés sont traités aux trois
longueurs d’onde. Le choix de la géométrie de la cavité de surtension s’est
porté sur une cavité en anneau afin d’éviter tout fluctuations de puissance
de l’onde à 461 nm en sortie (voir figure 4.5). Une cavité linéaire avait été
testée au préalable mais nous avions constaté des interférences entre l’onde
bleue générée dans le cristal et l’onde bleue réflechie par le miroir de sortie,
ce qui entraı̂nait des fluctuations de puissance de l’ordre de 20%.
Nous avons remarqué que les valeurs des waists au centre du cristal pour les
faisceaux Nd :YAG et 813 nm calculés pour optimiser la conversion en simple
passage ne maximisent pas la puissance de bleu en sortie de la cavité de
surtension à cause des effets thermiques. On obtient une puissance maximale
pour des waists de 50 µm pour le 813 nm et de 57 µm pour le Nd :YAG
au centre du cristal, ce qui revient à avoir des waists de 175 µm et 200
µm respectivement pour les mêmes longeurs d’onde entre les miroirs M1 et
M2 . Le facteur de conversion mesuré pour cette configuration est en parfait
accord avec la valeur théorique, à savoir Γ = 2.6×10−3 W/W2 . L’adaptation
de modes des faisceaux incidents est réalisée grâce à un télescope pour
chaque faisceau et la lentille LM (voir figure 4.6). L’adaptation des pertes
(ou adaptation d’impédance) a également été prise compte par le choix des
traitements des miroirs, sachant que l’absorption dans le cristal est très
faible (< 1%). La puissance de bleu obtenue est de 115 mW.
92
4.2. LA SOURCE LASER À 461 NM
Fig. 4.5 – Représentation et photographie de la cavité de surtension dans
laquelle est placé le cristal. La longueur M3 −M4 vaut 130 mm et la longueur
M3 − M2 − M1 − M4 vaut 360 mm. Ces longueurs ont été au préalable
calculées pour des cols de faisceaux pompes qui optimisent la puissance de
bleu en sortie. Le rayon de courbure des miroirs spériques M3 et M4 est de
10 cm.
93
CHAPITRE 4. VERS UNE HORLOGE OPTIQUE À ATOMES
FROIDS DE STRONTIUM : LA SOURCE D’ATOMES FROIDS
té le s c o p e
N d :Y A G
1 0 6 4 n m
IO
M
l /2
S d io d e s
8 1 3 n m
L
M
1
2
4 6 1 n m
M
M
3
M
4
IO
té le s c o p e
Fig. 4.6 – Schéma du montage pour la réalisation de la somme de fréquence.
Les télescopes et la lentille LM effectuent l’adaptation de mode des faisceaux
incidents. Ceux-ci possèdent la bonne polarisation, e pour le Nd :YAG et o
pour le 813 nm, grâce à leur superposition dans un cube polarisant et la
présence des lames λ/2.
Fig. 4.7 – Modes de la cavité en transmission (a) et en réflexion (b) pour les
deux longueurs d’ondes 1064 nm et 813 nm, obtenus en modulant la longeur
de la cavité. En (a), on observe une diminution de 40% du pic du 813 nm
lorsque la somme de fréquence est réalisée du fait des pertes par conversion.
Comme la puissance du Nd :YAG intra-cavité est plus élevée, ce creux est
moins marqué. En (b), le couplage du 813nm est plus important lors de la
somme de fréquence (70%) par adaptation d’impédance.
94
4.2. LA SOURCE LASER À 461 NM
je t a to m iq u e
P Z T , T °
P Z T
N d :Y A G
1 0 6 4 n m
P D 2
e s c la v e s
8 1 3 n m
4 6 1 n m
P D 1
T (8 1 3 )
m a ître
8 1 3 n m
I,
P Z T
d é te c tio n s y n c h r o n e
P D 3
T (1 0 6 4 )
d é te c tio n s y n c h r o n e
I
7 0 k H z
1 0 0 k H z
d é te c tio n s y n c h r o n e
Fig. 4.8 – Schéma de la stabilisation de fréquence en cascade de la source
laser bleue, grâce à plusieurs détections synchrones. Les fréquences de modulation sont également indiquées sur le schéma.
Paramètres
Transmission du miroir de
couplage
Finesse
Col des faisceaux
Puissance de pompe
Efficacité de couplage
Puissance intra-cavité
813nm
14%
Nd :YAG
7%
35
50 µm
150 mW
70%
1.5 W
75
57 µm
900 mW
35%
29 W
Tab. 4.1 – Paramètres expérimentaux de la somme de fréquence.
L’asservissement et les performances
Afin de refroidir et de piéger les atomes, la fréquence de la source laser
bleue doit être asservie. Pour ce faire, nous procédons de la façon suivante
(voir figure 4.8) : la longueur de la cavité est asservie sur la fréquence du
laser Nd :YAG grâce au signal de la photodiode P D1 et à une détection
synchrone. Le maı̂tre est stabilisé en fréquence de la même façon sur la
résonance de la cavité de surtension (signal détecté par P D2). Enfin la
fréquence du laser Nd :YAG est asservie sur la transition 1 S0 -3 P1 des atomes
de strontium en détectant la fluorescence émise à résonance au niveau d’un
jet thermique (différent de celui utilisé pour le PMO).
Les différents paramètres de cette somme de fréquence sont présentés dans
le tableau 4.1.
95
CHAPITRE 4. VERS UNE HORLOGE OPTIQUE À ATOMES
FROIDS DE STRONTIUM : LA SOURCE D’ATOMES FROIDS
Plusieurs problèmes sont soulevés par ce type de montage : tout d’abord,
la puissance de 813 nm disponible limite le processus de conversion et donc
la puissance de bleue obtenue. Bien que 115 mW aient été suffisants pour
diposer d’une source d’atomes froids efficace, il serait intéressant que la
puissance de bleue soit plus importante. On pourrait alors envisager de
réaliser la déflexion du jet atomique qui permettrait d’augmenter l’efficacité du ralentisseur Zeeman. L’autre difficulté de cette source laser à 461
nm est le nombre d’asservissements qui la rendent peu souple d’utilisation.
Nous avons donc construit une deuxième source laser à 461 nm palliant ces
problèmes, dont la puissance disponible est de 234 mW.
4.2.2
Le doublage de fréquence
Le cristal de PPKTP
Un cristal de PPKTP (ou periodically poled KTP) est un cristal qui
possède une inversion périodique de domaine de polarisation, ce qui permet de s’affranchir des effets de walk-off sans avoir à chauffer de façon
contraignante le cristal, comme ce pourrait être le cas à la longueur d’onde
de 922 nm, avec un cristal de KNbO3 [95, 96]. Le PPKTP présente en outre
une non linéarité assez élevée, def f ∼ 9 pm/V. La période de notre cristal
de 20 mm de long est de 5.5µm à une température de 30˚C [51]. Le coefficient d33 a été évalué à 15 pm/V ce qui conduit à un coefficient def f de
9.5 pm/V [97]. Pour que le processus de conversion ne soit pas limité par
les effets thermiques, il a été choisi de ne pas optimiser le waist du faisceau
à 922 nm au centre du cristal en simple passage mais de tenir compte de
la cavité de surtension en anneau : le waist du faisceau à 922 nm retenu
pour l’expérience est de 43 µm ce qui conduit à une efficacité η > 70%,
soit Γ = 2.3 × 10−2 W−1 (voir figure 4.9). La transmission du miroir de
couplage calculée pour satisfaire la condition d’adapation d’impédance avec
ces paramètres est de 0.10%.
Le montage expérimental
Le cristal est placé dans une cavité de surtension en anneau semblable
à celle utilisée pour la somme de fréquence. Il est monté sur un support en
cuivre et controlé en température, grâce à un module Peltier, à mieux que
10 mK. La puissance de pompe couplée dans la cavité est de 310 mW. La
transmission du miroir de couplage est proche de l’optimum pour satisfaire
l’adaptation d’impédance soit 0.12%. Le rayon de courbure des miroirs M3
et M4 est de 100 mm. La distance entre ces deux miroirs est de 130 mm et
96
4.2. LA SOURCE LASER À 461 NM
Fig. 4.9 – En (a), facteur d’efficacité η = P2ω /Pω en fonction du paramètre
de focalisation Lc /zR , Lc étant la longueur de la cavité et zR , la longueur
de Rayleigh. L’adaptation d’impédance de la cavité est ici réalisée, c’està-dire que le coefficient de transmission T1 du miroir de couplage est égal
à T1,opt pour un impedance matching. L’optimum de focalisation est réalisé
pour un col de 23.6µm avec une efficacité de conversion théorique de 76%.
En (b), efficacité de conversion Γ en fonction du paramètre de focalisation.
Les points expérimentaux sont indiqués par des carrés.
97
CHAPITRE 4. VERS UNE HORLOGE OPTIQUE À ATOMES
FROIDS DE STRONTIUM : LA SOURCE D’ATOMES FROIDS
Fig. 4.10 – Puissance de bleu générée en fonction de la puissance incidente
couplée dans la cavité. En insert est représentée le contraste en reflexion au
maximum de puissance couplée. ISL désigne l’intervalle spectral libre.
la longueur totale de la cavité est de 569 mm pour un waist au centre du
cristal de 43 µm et un deuxième waist entre M1 et M2 de 163 µm. La finesse
de la cavité sans conversion est de 40 et tombe à 30 à cause des pertes non
linéaires dans le cas inverse. La puissance de bleu générée en fonction de la
puissance incidente couplée dans la cavité est donnée par la figure 4.10. Le
tableau 4.2 résument les caractéristiques de ce doublage de fréquence.
4.3
Le ralentisseur Zeeman
Les atomes constituant le jet thermique ne peuvent être directement
piégés dans le piège magnéto-optique (PMO), de plus nous ne pouvons pas
effectuer de refroidissement en cellule. En effet, la pression de vapeur saturante de strontium étant très faible, il faudrait chauffer le strontium à 600˚C :
à cette température le strontium est très corrosif, ce qui le rend très difficile
à manipuler dans des conditions d’ultra-vide. Des pépites de strontium sont
98
4.3. LE RALENTISSEUR ZEEMAN
Paramètres
Transmission du miroir de couplage
Finesse
Col des faisceaux
Puissance de pompe
Puissance couplée dans la cavité
Puissance intra-cavité
Efficacité de conversion
922 nm
0.12%
30
43µm
450 mW
310 mW
3.2 W
75%
Tab. 4.2 – Paramètres expérimentaux du doublage de fréquence.
donc chauffées à 650˚C dans un four afin de former un jet thermique. La
vitesse transverse des atomes est inférieure à 10 m.s−1 grâce à la sélection
en vitesse assurée par des éjecteurs, constitués de 200 micro-tubes de 8 mm
de long et de 200 µm de diamètre intérieur. La divergence du jet est de 12.5
mrad, demi-angle au sommet. A cette température, la vitesse longitudinale
moyenne des atomes est de 543 m.s−1 . Pour pouvoir les piéger dans le PMO,
il faudrait les décélerer jusqu’à une vitesse inférieure à 50 m.s−1 , qui est la
vitesse de capture. Pour cela, nous allons utiliser un ralentisseur Zeeman
dont le principe est expliqué dans le paragraphe suivant. Une modélisation
préalable a été nécessaire afin de construire un ralentisseur performant et a
été détaillée dans la référence [94].
4.3.1
Principe du ralentisseur
Pour ralentir les atomes, il est possible d’utiliser la pression de radiation
−
→
grâce à un laser contra-propageant de vecteur d’onde k :
−
→ Γ461
−→
s
Fpr = −~ k
2 1 + s + 4 Γ∆2 2
(4.1)
461
où Γ461 = 2 × 108 s−1 est le taux d’émission spontanée pour la transition
1
S0 -1 P1 , s est le paramètre de saturation avec une intensité de saturation
Isat = 43 mW.cm−2 et ∆ est le désaccord du laser par rapport à la résonance
atomique. On suppose que le jet se propage selon la direction z :
∆ = ωL − ω0 − kv(z)
(4.2)
avec ωL la fréquence angulaire du laser et ω0 la fréquence angulaire atomique. Pour compenser le terme lié à l’effet Doppler du premier ordre afin
de maintenir les atomes à résonance avec le laser et pouvoir continuer à les
99
CHAPITRE 4. VERS UNE HORLOGE OPTIQUE À ATOMES
FROIDS DE STRONTIUM : LA SOURCE D’ATOMES FROIDS
décélerer, on peut utiliser un gradient de champ magnétique qui va ajouter
un terme d’effet Zeeman à l’équation 4.2 :
∆ = ωL − ω0 − kv(z) −
mq gµB
B(z)
~
(4.3)
où mq désigne le sous-niveau Zeeman de l’état 1 P1 , q vaut 0, +1 ou −1
selon les polarisations respectives π (rectiligne), σ + (circulaire droite) et σ −
(circulaire gauche). g est le facteur de Landé qui est égal à 1 pour l’état
1
P1 du 88 Sr et µB est le magnéton de Bohr. En choisissant une polarisation
circulaire gauche, on peut compenser le terme d’effet Doppler.
Le champ magnétique calculé par simulation numérique dépend de δ =
ωL − ω0 , du paramètre de saturation s, du taux d’émission spontanée Γ461 ,
de la décélération maximale des atomes dans le référentiel du laboratoire,
de zmax , l’abscisse pour laquelle la vitesse d’entraı̂nement s’annule et d’un
paramètre η compris entre 0 et 1, à déterminer. Les atomes sont alors ralentis de 500 m.s−1 à 50 m.s−1 après avoir absorbé en moyenne 45 000 photons. Dans notre expérience, nous avons choisi de travailler avec un laser
convergent, ce qui a pour avantage de réduire l’expansion du jet, de multiplier par 3 le nombre d’atomes capturés dans le PMO par rapport à une
configuration où le laser est collimaté, et de diminuer la longueur utile du
ralentisseur Zeeman (30 cm) du fait du taux d’émission spontanée important de la transition. Il faut également prendre en compte le fait que le
faisceau est gaussien et donc le paramètre de saturation dépend à la fois de
z mais aussi de la position transverse de l’atome :
s(z, r) =
2
2PL
− 2r
w2 (z)
e
πw2 (z)Isat
(4.4)
où PL est la puissance laser, r est la distance au centre du faisceau et w(z)
est le rayon du laser à 1/e2 décrit par we + zzs (ws − we ), we et ws étant
les rayons du faisceaux à 1/e2 respectivement à l’entrée et à la sortie du
ralentisseur Zeeman, zs est l’abscisse de sortie du ralentisseur. La figure
4.11 présente les densités de probabilité de la composante vx (a), du module
de la vitesse transverse vt (b) et de la vitesse longitudinale vz (c) à la sortie
du four et à la sortie du ralentisseur obtenues dans le cas d’un laser focalisé.
Avec une puissance PL = 30 mW, un paramètre η = 0.4, des rayons du
faisceau laser we = 1 mm, ws = 8 mm, une longueur du ralentisseur Zeeman
zs = 30 cm et un désaccord par rapport à la résonance δ = 560 MHz, on
peut espérer capturer 3% des atomes du flux incident soit environ 6 × 1010
atomes à 600◦ C (voir figure 4.12).
100
4.3. LE RALENTISSEUR ZEEMAN
Fig. 4.11 – Densités de probabilité des vitesses vx (a), vt (b) et vz (c)
calculées à la sortie du four (600 ◦ C) et à la sortie du ralentisseur Zeeman.
La puissance laser vaut 30 mW, η = 0.4, we = 1 mm, ws = 8mm, zs = 30
cm et δ = 560 MHz.
101
CHAPITRE 4. VERS UNE HORLOGE OPTIQUE À ATOMES
FROIDS DE STRONTIUM : LA SOURCE D’ATOMES FROIDS
Fig. 4.12 – Le flux atomique est mesuré grâce à un laser sonde accordé à
résonance de la transition 1 S0 -1 P1 et perpendiculaire au jet. Les mesures
ont été effectuées sur deux jets : le premier dit ”jet principal” utilisé pour le
PMO et le deuxième dit ”petit jet” utilisé pour asservir le laser à 461 nm.
Les valeurs trouvées sont cent fois plus petites que celles auxquelles on devrait s’attendre en utilisant les constantes données par la référence [98] pour
calculer la pression de vapeur saturante. Il semblerait que ces constantes
soient erronées. Les mesures de la référence [99] confortent cette conclusion.
102
4.3. LE RALENTISSEUR ZEEMAN
3 0 c m
b lin d a g e m a g n é tiq u e
tu b e 1 6 C F
r e fr o id is s e m e n t à e a u
s u p p o r t e n c u iv r e
s o lé n o ïd e s
Fig. 4.13 – Montage du ralentisseur Zeeman.
4.3.2
Description générale
Le ralentisseur Zeeman est composé d’un tube ultra-vide placé dans un
support en cuivre sur lequel sont bobinés les solénoides (fil dont la résistivité
est de 19.4 × 10−3 Ω/m). Ce support est refroidi par une circulation d’eau
courante (voir figure 4.13) pour évacuer la puissance dissipée par effet Joule,
puisque les deux bobines (formées chacune de 10 solénoı̈des) sont parcourues
par un courant de 16 A. Le système repose dans une blindage magnétique,
constitué de deux couches en fer pur intérieures et d’une couche en fer doux
extérieure.
Le blindage magnétique est indispensable pour deux raisons : tout d’abord,
il permet d’isoler la zone de capture, située à 14 cm de la sortie du ralentisseur Zeeman, des perturbations magnétiques. Il permet également de réaliser
une variation rapide du champ magnétique de 10 mT.cm−1 aux extrémités
du ralentisseur, de sorte que les atomes ne sont plus résonants avec le laser
à zs (voir figure 4.14).
4.3.3
Performances du ralentisseur
Le flux d’atomes ralentis a été mesuré au niveau de la zone de capture
grâce à un laser sonde placé à 45◦ de l’axe de propagation du jet, avec un
rayon de 1.1 cm à 1/e2 et une puissance de 2.9 mW dans le cas de la courbe
(a) de la figure 4.15 et 4.4 mW dans le cas de la courbe (b). La puissance du
103
CHAPITRE 4. VERS UNE HORLOGE OPTIQUE À ATOMES
FROIDS DE STRONTIUM : LA SOURCE D’ATOMES FROIDS
Fig. 4.14 – Champ magnétique mesuré en fonction de z avec et sans blindage
(cercles et triangles respectivement). Le champ théorique tenant compte du
bobinage a été calculé pour une courant de 16 A.
faisceau Zeeman est de 32 mW et le décalage à la résonance δ = 503 MHz.
En fait, le flux n’est pas mesuré directement mais on peut en avoir une
estimation par la mesure de la fluorescence. Un modèle tenant compte de
la variation de vitesse de l’atome pendant l’interaction avec la sonde donne
Nat /s = 2 × 1010 atomes/s avec une dispersion en vitesse de 20 m.s−1 .
Quoiqu’il en soit, le taux de capture du PMO et son taux de chargement
sont également une bonne estimation de ce flux : ils valent respectivement
4 × 1010 (T◦f our = 630◦ C) et 1.4 × 1010 atomes par seconde(T◦f our = 600◦ C).
Toutes ces valeurs sont en bon accord avec la valeur du flux déterminée
numériquement dans les paragraphes précédents. La valeur de la vitesse
moyenne longitudinale à la sortie du ralentisseur est de 25 m.s−1 .
Les paramètres expérimentaux diffèrent légèrement de ceux utilisés dans
la simulation numérique, notamment en ce qui concerne les rayons du faisceau Zeeman qui sont limités par le diamètre des optiques, ou encore le
décalage en fréquence δ qui a dû être abaissé à 503 MHz à cause de la
différence aux extrêmités du ralentisseur entre le champ magnétique théorique
et le champ mesuré 4.14. Tous ces paramètres ont été ajustés de façon à optimiser le flux d’atomes ralentis et le nombre d’atomes piégés dans le PMO
(voir tableau 4.3).
104
4.3. LE RALENTISSEUR ZEEMAN
Fig. 4.15 – Flux d’atomes ralentis sondés par un laser de puissance (a) :2.9
mW (T◦f our = 600◦ C) et (b) :4.4 mW (T◦f our = 630◦ C).
Paramètres
Simulation numérique Expérience
Décalage en fréquence δ
560 MHz
503 MHz
Rayon du faisceau à l’entrée
1 mm
1.8 mm
du Zeeman we
Rayon du faisceau à la sortie
8 mm
4.6 mm
du Zeeman ws
Courant dans les bobines
16 A
17 A
−1
Vitesse de capture
50 m.s
30 m.s−1
Tab. 4.3 – Valeurs des différents paramètres caractérisant le ralentisseur
Zeeman.
105
CHAPITRE 4. VERS UNE HORLOGE OPTIQUE À ATOMES
FROIDS DE STRONTIUM : LA SOURCE D’ATOMES FROIDS
4.4
4.4.1
Le piège magnéto-optique
Description générale
Le piège magnéto-optique (PMO) [100] est composé d’une part, de trois
faisceaux lasers rétro-réflechis à 461 nm. La puissance totale de ces faisceaux
est de 17 mW, ils sont collimatés avec un rayon à 1/e2 de 1 cm. Le décalage
MO
par rapport à la résonance est de δP2π
= −42 MHz soit environ 1.3Γ461 .
D’autre part, le PMO est constitué d’un gradient de champ magnétique de
1.7 mT.cm−1 .A−1 généré par des bobines en configuration anti-Helmholtz
alimentées par un courant de 1.6 A. Ces bobines sont montées sur la chambre
à vide qui s’inscrit dans un cube de 14 cm de côté (voir figure 4.16). Des
hublots sont prévus pour les trois faisceaux du PMO, le faisceau du ralentisseur Zeeman et un faisceau sonde qui va servir à mesurer la fluorescence
des atomes. La zone de détection de ce faisceau sonde est centrée sur le
piège, c’est un disque de 1.8 cm de diamètre. L’efficacité de collection de la
photodiode associée à ce système de détection est de 6.5 × 10−3 . Le vide au
niveau du piège est 80 fois plus faible que dans la zone du four (10−5 Pa)
grâce à un système de vide différentiel.
4.4.2
La dynamique du PMO
Le nombre d’atomes piégés Np est décrit par l’équation suivante [101] :
dNp
= Φc − Γp Np
(4.5)
dt
Γp désigne les pertes autres que les pertes par collisions1 et Φc est le
flux d’atomes piégés. En régime stationnaire, Np suit une loi exponentielle
décroissante dont le temps caractéristique est le temps de charge τc (voir
figure 4.17) :
1
τc =
(4.6)
Γp
Le temps de chargement τc est de l’ordre de 30 ms, et est essentiellement
limité par le taux de pompage optique dans l’état 3 P2 (voir figure 4.18). En
effet, les atomes de l’état 1 P1 peuvent se désexciter par émission spontanée
1
Le taux de pertes par collisions chaudes, c’est-à-dire les collisions entre un atome
piégé et un atome du gaz résiduel est de l’ordre de 0.04 s−1 , ce qui peut-être négligé. En
revanche, le taux de pertes par collisions froides peut être beaucoup plus important. Il
dépend linéairement du nombre d’atomes piégés et vaut 2.8 s−1 pour 108 atomes piégés
soit 28 s−1 pour 109 atomes, et dans ce dernier cas, il n’est plus négligeable.
106
4.4. LE PIÈGE MAGNÉTO-OPTIQUE
Fig. 4.16 – Photographie de la zone de capture. On distingue les blindages
du ralentisseur Zeeman. Les flèches indiquent la direction des trois faisceaux
formant le PMO et le faisceau associé au ralentisseur Zeeman. La boule
d’atomes froids, visible au centre du piège a été agrandie dans l’encart.
Fig. 4.17 – Mesure de la fluorescence du PMO lorsque le faisceau du ralentisseur Zeeman est allumé au éteint. On peut déduire de cette mesure le
temps de chargement (313.1 ms) ou de déchargement (30.4 ms) du PMO,
ce qui revient à un taux de pertes Γp de 32 s−1 .
107
CHAPITRE 4. VERS UNE HORLOGE OPTIQUE À ATOMES
FROIDS DE STRONTIUM : LA SOURCE D’ATOMES FROIDS
(t = 1 0 n s )
G
D
= 3 .8 5 x 1 0
1
3
s
-1
D
2
G
(t = 0 .3 m s )
4 6 1 n m
1
n m
6 8 8
(t = 5 n s )
1
S
n m
7 0 7
n m
6 7 9
P
1
3
S G = 3 .3 x 1 0
3
s
2
= 0 .3 3 S G
-1
G
1
= 0 .6 7 S G
3
G
4 6 1
= 2 x 1 0
8
s
P M O
+ Z e e m a n
1
S
-1
P
2 ( m é ta s ta b le )
1 (t = 2 1 m s )
0 ( m é ta s ta b le )
G
n m
6 8 9
6 8 9
= 4 .8 x 1 0
4
s
-1
0
Fig. 4.18 – Niveaux atomiques intervenant dans le piégeage des atomes.
vers l’état 1 D2 et de là, vers les états 3 P1 pour 67% d’entre eux et 3 P2
pour les 33% qui restent. Le niveau 3 P1 étant couplé à l’état fondamental,
les atomes de ce niveau peuvent réintégrer le processus de piègeage. En
revanche, les atomes du niveau 3 P2 , qui est métastable, sont perdus pour le
piège. On estime que le taux de pertes par pompage optique Γopt = 36 s−1
soit un temps τopt associé de 28 ms, en bon accord avec τc .
Le nombre d’atomes piégés peut-être estimé de deux façons. Dans la
première il s’agit tout simplement de mesurer la fluorescence induite par
les faisceaux du PMO, mais cette méthode ne tient pas compte de l’absorption dans les faisceaux. Celle-ci n’est pas négligeable pour un nombre
d’atomes piégés supérieur à 2 × 107 et par conséquent, Np est sous-estimé.
La deuxième méthode consiste à mesurer la fluorescence induite par un laser
= −50MHz et de puissance 4.5 mW. Le
sonde, décalé à résonance de δsonde
2π
nombre maximum d’atomes piégés est de 1.3 × 109 avec une température
de four T◦f our = 630◦ C.
Il est également possible de piéger des isotopes du 88 Sr, comme le 87 Sr
(7% d’abondance naturelle) ou le 86 Sr (10% d’abondance naturelle) (voir
figure 4.20). Il suffit pour cela de faire varier la fréquence rf du modulataur
108
4.5. CONCLUSION
Fig. 4.19 – Charge et décharge du PMO. La fluorescence mesurée est induite par le PMo et renormalisée pour tenir compte de l’absorption dans
les faisceaux (courbe (a)). La courbe (b), qui est la dérivée de la courbe
(a), représente le taux de chargement du PMO. Le maximum correspond à
4 × 1010 atomes par seconde.
acousto-optique en double passage placé avant le petit jet : le décalage en
fréquence nécessaire pour passer d’un piège de 88 Sr à un piège de 87 Sr est
par exemple de 41 MHz corrsepondant à la valeur du décalage isotopique
donné par la référence [102] (-46.3 (2.0) MHz).
4.5
Conclusion
En conclusion, nous disposons d’une source d’atomes froids performante,
qualité nécessaire pour la réalisation d’un étalon de fréquence optique. Cependant cette source peut encore être optimisée, grâce notamment à la
déflexion et au refroidissement transverse du jet principal.
109
CHAPITRE 4. VERS UNE HORLOGE OPTIQUE À ATOMES
FROIDS DE STRONTIUM : LA SOURCE D’ATOMES FROIDS
Fig. 4.20 – Courbe de chargement du PMO pour le 88 Sr, 87 Sr et le
fluorescence maximale correspond à 8 × 107 atomes pour le 88 Sr.
110
86
Sr. La
Chapitre 5
Mesure de la transition
fortement interdite 1S0 →3 P0
du strontium
5.1
Introduction
De façon générale, le spectroscopie haute résolution de transitions atomiques a de nombreuses applications : on peut citer par exemple la détermination
de constantes fondamentales telles que la constante de Rydberg [103, 104],
le rapport entre la masse de l’électron et celle du proton [105], ou encore la
constante de structure fine α [7, 10]. Dans notre cas, il s’agit de déterminer
avec une très grande précision la fréquence de la transition 1 S0 -3 P0 de
l’atome de Sr, choisie comme transition d’horloge dans notre expérience. La
connaissance de cette transition est en effet une première étape déterminante
avant de réaliser un étalon de fréquence optique. Elle est faiblement permise
par couplage hyperfin de l’état 3 P0 aux états 1 P1 et 3 P1 pour l’isotope 87 Sr
(I=9/2). Sa largeur de raie est de 1 mHz [56, 106]. Une mesure indirecte
a été dans un premier temps nécessaire afin de réduire l’intervalle de recherche en fréquence, conduisant à une bonne estimation de la fréquence de
la transition avec une incertitude de 70 kHz. Nous avons pu enfin effectuer
une mesure directe avec une incertitude de 15 kHz [15]. Ces mesures ont pu
être réalisées grâce à un outil aussi performant que maniable qu’est le laser femtoseconde, lequel génère un peigne de fréquences optiques et permet
donc la comparaison de fréquences sur un large intervalle (GHz à PHz).
111
CHAPITRE 5. MESURE DE LA TRANSITION FORTEMENT
INTERDITE 1 S0 →3 P0 DU STRONTIUM
L a s e r
fe m to s e c o n d e
fib r e s o p tiq u e s
L a s e r
u ltr a - s ta b le
L a s e r s o n d e
p o la r is e u r
P D A
A to m e s d e S r
s y n th é tis e u r R F
v e r r o u illa g e d e p h a s e
Fig. 5.1 – Principe de mesure de fréquence de transitions atomiques. Un
premier laser utilisé comme référence de fréquence est asservi sur la cavité
PF de grande finesse grâce à la technique Pound-Drever. Un deuxième laser est verrouillé en phase sur le premier et sert à sonder les transitions
atomiques. PDA désigne la photodiode à avalanche.
5.2
Dispositif expérimental
Toutes ces mesures de spectroscopie ont été réalisées selon le même principe (voir figure 5.1) : un premier laser monté en cavité étendue, noté laser
”ultra-stable”, est asservi selon la technique de Pound Drever Hall sur une
cavité de grande finesse (chapitre 3), sa fréquence est mesurée par le biais
du laser femtoseconde. Un second laser, appelé laser ”sonde” asservi sur
le laser ”ultra-stable”, est envoyé vers les atomes pour sonder les transitions atomiques. Pour cela, nous utilisons un asservissement à verrouillage
de phase avec un décalage de fréquence accordable.
Pour déterminer toutes les transitions atomiques, nous avons utilisé deux
jeux de lasers {sonde, ultra-stable} dont les longueurs d’ondes peuvent varier entre 675 nm et 685 nm et entre 685 nm et 698 nm respectivement :
un premier jeu nous a permis de mesurer les transitions atomiques à 689
nm(1 S0 -3 P1 ), 688 nm (3 P1 -3 S1 ) et 698 nm (1 S0 -3 P0 ) (voir figure 5.2). Le
deuxième jeu a été monté pour mesurer la transition à 679 nm (3 P0 -3 S1 ).
Ces transitions à 689 nm ; 688 nm et 679 nm étant beaucoup plus larges
que la transition d’horloge, elles sont plus faciles à détecter. Les mesures de
la transition 1 S0 -3 P1 ont été effectuées sur un jet atomique par absorption
112
5.2. DISPOSITIF EXPÉRIMENTAL
(t = 1 0 n s )
G
D
3
= 3 .8 5 x 1 0
1
s
-1
D
2
G
(t = 0 .3 m s )
S G = 3 .3 x 1 0
4 6 1 n m
G
= 2 x 1 0
(P M O )
8
4 6 1
s
-1
S
3
s
G
6 8 9
= 4 .8 x 1 0
4
s
2
= 0 .3 3 S G
-1
G
1
= 0 .6 7 S G
3
-1
P
2 ( m é ta s ta b le )
1 (t = 2 1 m s)
0 ( m é ta s ta b le )
n m
6 8 9
n m
6 9 8
G
1
1
n m
6 8 8
(t = 5 n s )
1
S
n m
7 0 7
n m
6 7 9
P
1
3
6 9 8
= 6 .3 x 1 0
-3
s
-1
0
Fig. 5.2 – Niveaux atomiques de l’atome de strontium impliqués dans les
mesures de spectroscopie.
saturée. Cela n’a pas pu être le cas pour les autres transitions, car les états
3
P ne sont pas peuplés. En revanche, la dynamique de notre piège magnétooptique nous a permis de mener à bien ces mesures. La fréquence de la
transition 1 S0 -3 P0 est déduite de ces mesures par la relation :
ν698 = ν689 − [ν679 − ν688 ]
5.2.1
(5.1)
Le verrouillage en phase
Pour sonder les atomes, nous avons besoin d’un laser dont on puisse balayer la fréquence sur l’intervalle spectral libre de la cavité (1.5 GHz) mais
possédant les mêmes propriétés spectrales que le laser ultra-stable : ceci est
réalisable grâce à un asservissement en phase du laser sonde sur le laser
ultra-stable. Les deux faisceaux lasers sont superposés dans un cube polarisant et le battement entre les deux ondes est détecté sur une photodiode
à avalanche (voir figure 5.3). Le signal, après amplification, est divisé par
4 afin d’augmenter la plage d’accrochage de l’asservissement, puis comparé
grâce à un comparateur phase-fréquence à un signal de référence fref délivré
par un synthétiseur radiofréquence. L’asservissement du laser sonde s’effectue en deux étapes : un premier filtre proportionnel-intégrateur agit pour les
113
CHAPITRE 5. MESURE DE LA TRANSITION FORTEMENT
INTERDITE 1 S0 →3 P0 DU STRONTIUM
L a s e r u ltr a s ta b le
fso
n d e
- fu
ltr a - s ta b le
/4
L a s e r s o n d e
A P D
fso
P Z T
C o u ra n t
D F
I
fso
n d e
- fu
ltr a - s ta b le
4
P / I
n d e
- fu
ltr a - s ta b le
4
- f re f
C o m p a ra te u r
p h a s e /fré q u e n c e
f re
f
S y n th é tis e u r
R F
Fig. 5.3 – Principe de l’asservissement en phase. La bande passante de la
photodiode à avalanche est de 1 GHz. P/I désigne le filtre proportionnelintégrateur.
corrections rapides sur le courant d’injection de la diode laser, un deuxième
intégrateur agit pour les corrections lentes sur la cale piézo-électrique du laser. La bande passante de l’asservissement est de 2 MHz. En boucle fermée,
la fréquence du laser sonde s’écrit :
fsonde = fultra−stable + 4fref
(5.2)
Il suffit alors de modifier fref pour ajuster l’écart entre les fréquences fsonde
et fultra−stable .
5.2.2
Le laser femtoseconde
Il s’agit d’un laser Ti : Sa pompé en continu par un laser Nd :YVO4
doublé à 532 nm. Le taux de répétition est de 840 MHz et la durée de
l’impulsion est de 25 fs. Son mode de fonctionnement repose sur le principe
du verrouillage de mode par effet Kerr : afin de favoriser le régime impulsionnel, il faut que le gain soit plus important lorsque les modes laser ont
la bonne relation de phase (modes bloqués), on utilise pour ce faire l’autofocalisation par effet Kerr. L’intensité élevée des impulsions lasers modifie
l’indice de réfraction du cristal de façon linéaire lors de la propagation du
faisceau lumineux, ce qui crée l’effet d’une lentille convergente (voir figure
114
5.2. DISPOSITIF EXPÉRIMENTAL
5.4 (a)) :
n(ω, I) = n0 (ω) + n2 (ω)I
(5.3)
Lorsque les 2N + 1 modes longitudinaux du laser ont la bonne relation
de phase, le champ total E(t) dans la cavité laser peut s’écrire :
E(t) =
N
X
En cos[2π(fc + nνISL )t]
(5.4)
n=−N
où fc est la fréquence centrale du mode longitudinal, En est l’amplitude
du mode n et νISL est l’intervalle spectral libre de la cavité laser. Dans le
domaine de Fourier, l’équation 5.4 se traduit par un peigne de fréquence
(voir figure 5.4(b)). Le décalage ∆φ, indiqué sur la figure 5.4(b), est dû
au fait que, pour chaque impulsion, l’enveloppe se déplace à la vitesse de
groupe alors que la porteuse se déplace à la vitesse de phase. Cet effet se
manifeste par un décalage à l’origine f0 dans le peigne de fréquence. La
fréquence de la raie n, fn s’écrit donc :
fn = f0 + nfr
(5.5)
où fr est la fréquence de répétition qui est asservie sur le maser à hydrogène du laboratoire (voir figure 5.5). Pour mesurer f0 , on met en oeuvre
la méthode dite de self-referencing [107, 108] : on effectue un battement
entre la raie n de fréquence fn doublée en fréquence dans un cristal de KTP
avec la raie 2n de fréquence f2n (voir figure 5.4(b)).
Une centaine de µW du laser ultra-stable est envoyée, par le biais d’une
fibre optique, vers le laser femtoseconde. Le battement réalisé entre les deux
lasers est détecté par une photodiode. La fréquence du battement fb est la
différence entre la fréquence du laser ultra-stable et la fréquence du mode
du peigne le plus proche :
fb = fultra−stable − [f0 + nfr ]
(5.6)
La figure 5.6 représente un exemple de ces mesures de fréquence du laser
ultra-stable. Une fois la dérive de la cavité de grande finesse SC retranchée
(environ 40 Hz.s−1 sans l’asservissement en température), on remarque que
la résolution des mesures est de 5 × 10−14 à 100 s soit 20 Hz.
115
CHAPITRE 5. MESURE DE LA TRANSITION FORTEMENT
INTERDITE 1 S0 →3 P0 DU STRONTIUM
(a )
C r is ta l d e T i:S a
F r o n t d 'o n d e
d u fa is c e a u in c id e n t
a u to - fo c a lis a tio n
n (r)
(b )
E (t)
D f
v
g
t
v
p
x 2
fr
I(f)
f 0 = 2 ( n f r+ f 0 ) - ( 2 n f r+ f 0 )
f 0 = f r.D f / 2 p
f
fn= n fr + f0
Fig. 5.4 – En (a), auto-focalisation par effet Kerr. En (b), peigne de
fréquence du laser femtoseconde et mesure du décalage à l’origine f0 .
116
5.2. DISPOSITIF EXPÉRIMENTAL
a s s e r v is s e m e n t d u ta u x d e r é p é titio n
( fr = 8 4 0 M H z )
M a s e r à H y d ro g è n e
s y n c h r o n is a tio n
C h a în e m ic r o - o n d e
L a s e r U ltr a -s ta b le
S y n th é tis e u r R F
9 .1 9
G H z
V e r r o u illa g e d e p h a s e
1 1 x f
r
filtr e
fib r e à
c r is ta l p h o to n iq u e
P Z T
N d :Y V O 4
5 W , c o n tin u
T i:S a
la m e s s é p a r a tr ic e s
m ir o ir à
d is p e r s io n n é g a tiv e
la m e
d ic h r o ïq u e
2 (fn + f0)
L A S E R F E M T O S E C O N D E
fn + f0
K T P
f2n= 2 fn + f0
filtr e in te r fé r e n tie l
p o la r is e u r
f0
M e s u re d e f0+ f
fb
b
Fig. 5.5 – Principe du laser femtoseconde. La fibre à cristal photonique est
utilisée pour élagir le spectre du peigne de fréquence sur plus d’une octave.
117
CHAPITRE 5. MESURE DE LA TRANSITION FORTEMENT
INTERDITE 1 S0 →3 P0 DU STRONTIUM
Fig. 5.6 – Mesure de la fréquence du laser ultra-stable. La résolution de la
mesure est de 20 Hz à 100s. Les mesures brutes (c’est-à-dire avec la dérive
de la cavité qui est de l’ordre de 40 Hz/s) sont représentées par les triangles
et les mesures corrigées par les carrés.
118
5.3. MESURE INDIRECTE DE LA TRANSITION 1 S0 -3 P0
e
l /2
D é te c tio n s y n c h r o n e
B
L a s e r E s c l a Pv Me O
IO
té le s c o p e
o e il d e c h a t
G B F
je t a to m iq u e
P Z T
L a s e r S o n d e
IO
V e r r o u illa g e d e p h a s e
s u r le la s e r u ltr a - s ta b le
S y n th é tis e u r R F
C o m p te u r
Fig. 5.7 – Principe de détection de la transition à 689 nm et asservissement du laser sur les atomes. Le télescope est constituée de deux lentilles
cylindriques. La focale de la lentille utilisée pour l’oeil de chat est de 15 cm.
5.3
5.3.1
Mesure indirecte de la transition 1S0-3P0
La mesure de la transition 1 S0 -3 P1
La transition 1 S0 -3 P1 à 689 nm est relativement simple à mesurer car elle
fait intervenir l’état fondamental. Elle est détectée par fluorescence induite
dans un jet atomique collimaté, de 4 mm de diamètre. Le flux atomique
est d’environ 1012 atomes par seconde avec une vitesse moyenne de 500
m.s−1 . Les atomes sont sondés par un laser rétro-réfléchi perpendiculaire
au jet atomique (voir figure 5.7). Pour minimiser les effets Doppler du premier ordre, l’alignement du faisceau rétro-réfléchi sur le faisceau incident
est réalisé grâce à un dispostif oeil de chat {lentille + miroir} : un miroir
plan est situé dans le plan focal de la lentille, c’est-à-dire à 15 cm de celleci. L’alignement entre les faisceaux incident et rétro-réfléchi est effectué à
mieux que de 10 µrad en égalisant les fréquences centrales des deux profils Doppler en simple et double passages. L’effet Doppler du premier ordre
résiduel correspondant à un tel montage est inférieur à 1 kHz.
−
→
Un champ magnétique B parallèle à l’axe du jet est généré par deux bobines en configuration Helmholtz afin de lever la dégénerescence des sousniveaux Zeeman. On détecte en polarisation π, pour un champ de 1.5 mT,
les transitions (m = 0 − m′ = 0) pour les bosons 88 Sr et 86 Sr (voir figure 5.8(a)), ces dernières n’étant pas sensibles à l’effet Zeeman du premier ordre. En revanche, à cette échelle, on ne distingue pas la résonance
(F = 9/2 − F ′ = 9/2). Sur le graphe 5.8(b), les trois composantes Zeeman
sont visibles.
119
CHAPITRE 5. MESURE DE LA TRANSITION FORTEMENT
INTERDITE 1 S0 →3 P0 DU STRONTIUM
Fig. 5.8 – Fluorescence des atomes du jet induite par un faisceau laser en
polarisation π pour (a) et polarisation quelconque pour (b). Le faisceau laser est elliptique et a une puissance de 275 µW pour une taille de 1.3 × 5.5
mm à 1/e2 . Pour la courbe (a), on constate que le rapport des amplitudes
des pics pour le 88 Sr et le 86 Sr est en bon accord avec le rapport des abondances naturelles (respectivement 83% et 10%). La courbe (b) représente les
transitions vers les trois sous niveaux Zeeman du niveau 3 P1 du 88 Sr.
120
5.3. MESURE INDIRECTE DE LA TRANSITION 1 S0 -3 P0
Fig. 5.9 – Variance d’Allan en valeur relative de la mesure de la fréquence
du laser à 689 nm asservi sur la fréquence atomique.
Pour mesurer les fréquences atomiques, le laser est asservi sur le Lamb
dip au centre du profil Doppler. L’asservissement est basé sur le principe de la détection synchrone. La fréquence de modulation générée par
le générateur basse fréquence (désigné par GBF sur le schéma 5.7) est de
200 Hz. La fréquence du laser sonde est modulée par le synthétiseur dont la
fréquence, dans cette configuration, n’est plus référencée par l’oscillateur à
quartz interne. C’est pourquoi, nous avons besoin d’un compteur pour nous
affranchir d’une erreur de fréquence de ce synthétiseur qui peut aller jusqu’à
une dizaine de kHz. La stabilité du laser asservi sur la transition atomique
du 88 Sr est donnée par la figure 5.9 : elle est de 2 × 10−12 en valeur relative
à 1 s.
La résolution des mesures de fréquence est limitée par l’effet Doppler
du premier ordre induit par les distorsions de front d’onde. Modéliser un
tel effet paraı̂t néanmoins difficile : il faudrait pour cela établir une carte
en 3 dimensions du front d’onde du laser dans la région d’interaction, et
l’on devrait prendre en compte les distributions spatiale et en vitesse du jet
atomique. Une façon d’estimer cet effet expérimentalement est d’effectuer
les mesures de fréquences avec différentes géométries du faisceau laser qui
conduisent à différents fronts d’onde. Les résultats sont présentés pour le
boson 88 Sr sur le graphe 5.10. A faible puissance laser, les mesures réalisées
pour différentes géométries tendent vers la même valeur de fréquence à 20
kHz près. A plus grande puissance laser (PL > 1mW), on observe une dispersion de ces mesures sur près de 100 kHz. La fonction de sensibilité atomique
121
CHAPITRE 5. MESURE DE LA TRANSITION FORTEMENT
INTERDITE 1 S0 →3 P0 DU STRONTIUM
Fig. 5.10 – Mesures de fréquence de la transition 1 S0 -3 P1 pour le boson
avec différentes puissances laser et différentes géométries du faisceau. FO
indique qu’une fibre optique a été utilisée pour filtrer le mode spatialement.
qui traduit la réponse atomique à une perturbation locale de l’environnement, peut expliquer ce résultat [109]. En effet, lorsque la puissance laser
est élevée, la fonction de sensibilité présente de fortes variations sur une
petite échelle : les atomes sont plus sensibles aux détails du front d’onde
du laser ce qui n’est pas le cas à plus faible puissance laser. La fréquence
de la transition 1 S0 -3 P1 retenue pour le boson 88 Sr est donc la moyenne des
valeurs mesurées à faibles puissance laser avec une barre d’erreur de 20 kHz.
Ces mesures sont en bon accord avec celles obtenues par G. Ferrari [110] et
plus récemment celles obtenues par l’équipe de J. Ye [48].
Pour le 87 Sr, toutes les transitions dépendent de l’effet Zeeman du premier ordre, le décalage en fréquence de l’état |3 P1 ,F=9/2,mi induit par
un tel effet est donné par m × 0.8 MHz/mT. Cependant, on constate sur
le graphe 5.11 que les mesures de fréquence sont insensibles au champ
magnétique. Cela est dû d’une part au fait que tous les sous-niveaux Zeeman de l’état fondamental sont peuplés de façon égale dans le jet thermique
et contribuent tous au signal détecté. D’autre part, comme l’axe de propagation du laser est perpendiculaire à l’axe du champ magnétique, la polarisation du laser a des composantes σ + et σ − égales. Soulignons le fait que
les mesures ont été faites à plus fortes puissances laser (14 mW contre une
puissance inférieure à 1 mW pour le boson). Les fréquences des transitions
pour le fermion 87 Sr, sont obtenues par comparaison avec le boson 88 Sr :
à grande puissance laser, on alterne les mesures des transitions du 87 Sr et
88
Sr. Plus précisément, seule la transition 1 S0 -3 P1 (F=9/2, F’=9/2) a été
mesurée et comme la structure hyperfine de l’état 3 P1 est bien connue [111],
122
5.3. MESURE INDIRECTE DE LA TRANSITION 1 S0 -3 P0
Fig. 5.11 – Mesures de fréquence de la transition 1 S0 -3 P1 (F=9/2, F’=9/2).
Les valeurs moyennes des deux séries de mesures sont indiquées en pointillés. La puissance laser utilisée est de 14 mW. L’erreur statistique de
chaque mesure est de 10 kHz.
cette mesure particulière a permis de déterminer les deux autres composantes hyperfines. On a vérifié que les fréquences mesurées ne dépendent
pas de la géométrie du faisceau dans une marge de 50 kHz. Le décalage
isotopique de l’état 3 P1 a pu de cette façon être calculé avec une meilleure
exactitude que celle des références [112, 113] :
∆87,88 [3 P1 ] = 62 150 (70) kHz
(5.7)
Le tableau 5.1 présente les valeurs des fréquences des transitions 1 S0 − 3 P1 .
Les valeurs notées (a) sont les fréquences mesurées directement alors que
les valeurs repérées par (b) ont été déduites de la structure hyperfine de l’
état 3 P1 .
5.3.2
La mesure de la transition 3 P1 -3 S1
La mesure de la fréquence de la transition 3 P1 -3 S1 s’effectue dans le piège
magnéto-optique (PMO), dans lequel l’état 3 P1 est peuplé par pompage
optique. Lors du refroidissement laser sur la transition cyclante 1 S0 -1 P1 , les
atomes peuvent se désexciter vers l’état 1 D2 par émission spontanée. De
cet état, ils peuvent à nouveau se désexciter vers les états 3 P1 et 3 P2 avec
des taux de branchement respectifs de 67% et 33% [114]. Comme l’état
3
P1 est couplé à l’état fondamental, une partie des atomes réintègrent le
123
CHAPITRE 5. MESURE DE LA TRANSITION FORTEMENT
INTERDITE 1 S0 →3 P0 DU STRONTIUM
1
S0 − 3 P1
88
J=0-J’=1
Sr
F=9/2-F’=7/2
87
Sr F=9/2-F’=9/2
F=9/2-F’=11/2
434
434
434
434
Fréquence (kHz)
829 121 300 (20)
830 473 270 (50)
829 343 010 (50)
827 879 860 (50)
(a)
(b)
(a)
(b)
Tab. 5.1 – Récapitulatif des mesures de fréquences des transitions à 689
nm.
processus de piégeage. En revanche, les atomes dans l’état métastable 3 P2
sont perdus pour le piège magnéto-optique, ce qui limite la durée de vie du
piège entre 30 ms et 50 ms. L’idée consiste pour effectuer la mesure de la
fréquence de la transition 3 P1 -3 S1 , à introduire artificiellement des pertes
dans le PMO : si un laser résonnant avec la transition 3 P1 -3 S1 interagit avec
les atomes du PMO, ceux qui se trouvent dans l’état 3 P1 vont être pompés
optiquement vers les niveaux 3 P2 et 3 P0 qui sont métastables (voir figure
5.12) : ils sont alors perdus pour le PMO et on observe une décroissance du
nombre d’atomes dans le piège par une diminution de la fluorescence (voir
figure 5.13 pour le 88 Sr).
(t = 5 n s )
1
1
n m
6 8 8
P
1
S
3
(t = 1 0 n s )
G
D
3
= 3 .8 5 x 1 0
1
D
s
-1
2
4 6 1 n m
(t = 0 .3 m s )
G
= 2 x 1 0
(P M O )
8
4 6 1
s
S G = 3 .3 x 1 0
s
3
-1
3
n m
6 8 9
G
1
S
-1
6 8 9
= 4 .8 x 1 0
4
s
P
2 ( m é ta s ta b le )
1 (t = 2 1 m s)
0 ( m é ta s ta b le )
-1
0
Fig. 5.12 – Niveaux atomiques intervenant dans la mesure de la fréquence
de la transition 3 P1 -3 S1 .
124
5.3. MESURE INDIRECTE DE LA TRANSITION 1 S0 -3 P0
Fig. 5.13 – Fluorescence relative du PMO obtenue en balayant la fréquence
du laser à 688 nm autour de la résonance. Le diamètre du faisceau est 1.8
mm et l’intensité laser est de 0.2 mW.cm−2 en (a) et de 51 mW.cm−2 en
(b). Le niveau maximal de fluorescence correspond à 2 × 107 atomes.
Le montage expérimental est présenté par la figure 5.14(a). Le faisceau à
688 nm est rétro-réflechi : les deux faiseaux contra-propageant sont alignés à
mieux que 1 mrad. L’effet Doppler résiduel dû à une éventuelle asymétrie de
la distribution de vitesse des atomes du PMO est inférieur au kHz. On mesure la fluorescence induite par le PMO lorsque le laser à 688 nm est balayé
en fréquence autour de la résonance. La fréquence du laser est verrouillée
sur la résonance atomique grâce à un asservissement numérique contrôlé par
ordinateur : il consiste à sonder les deux flancs de la résonance à mi-hauteur
et alternativement. La résolution de cette mesure est de 2 × 10−11 en valeur
relative à 100 s (voir figure 5.14(b)).
Le contraste et la largeur de la résonance ont été étudiés en fonction
de l’intensité du laser à 688 nm. Un modèle théorique a pu être établi en
fonction des équations de taux qui régissent la dynamique du PMO si l’on
suppose que le faisceau sonde n’affecte pas le processus de capture. Cependant, on observe que pour une intensité laser donnée, la largeur de la
résonance expérimentale est dix fois plus petite que celle à laquelle on pourrait s’attendre théoriquement. Parallèlement, le contraste est divisé par deux
pour une valeur de l’intensité cent fois plus élevée que la valeur théorique.
Ceci montre que l’intensité laser effective, c’est-à-dire vue par les atomes
du PMO, est plus petite que sa valeur moyenne calculée sur la taille du
piège. Une fraction non négligeable des atomes contribuant au signal (20%)
125
CHAPITRE 5. MESURE DE LA TRANSITION FORTEMENT
INTERDITE 1 S0 →3 P0 DU STRONTIUM
(a )
6 8 8 n m
P M O
L a s e r E s c la v Pe M O
IO
4 6 1 n m
O r d in a te u r
L a s e r S o n d e
IO
V e r r o u illa g e d e p h a s e
s u r le la s e r u ltr a - s ta b le
S y n th é tis e u r R F
Fig. 5.14 – En (a), principe de la mesure de la transition. Le faisceau sonde
est envoyé à 45◦ de l’axe vertical du PMO. (b)Variance d’Allan en valeur
relative de la mesure de la transition pour le boson.
126
5.3. MESURE INDIRECTE DE LA TRANSITION 1 S0 -3 P0
sont donc pompés optiquement vers les niveaux 3 P2 et 3 P0 alors qu’ils interagissent avec les bords du faisceau laser, c’est-à-dire avant d’avoir atteint
la région centrale du piège. Pour modéliser de façon précise un tel problème
il faudrait prendre en compte les distributions spatiales et en vitesse des
atomes pendant la phase de capture ce qui n’est pas chose aisée pour un
piège chargé à partir d’un ralentisseur Zeeman. Ainsi l’effet Zeeman limite
essentiellement la résolution de la mesure. Du fait du gradient de champ
magnétique dans le piège (1.8 mT.cm−1 ), les atomes en phase de capture et
les atomes piégés ne voient pas le même champ et par conséquent subissent
un déplacement Zeeman1 différent. Le décalage en fréquence dû à l’effet
Zeeman dépend de nombreux paramètres qui ne sont pas bien connus ou
difficilement accessibles tels que les populations des différents sous niveaux
Zeeman. Les barres d’erreur sont déduites des mesures expérimentales et
sont de 500 kHz pour le 88 Sr et de 300 kHz pour le 87 Sr : en effet, les facteurs de Landé sont plus élevés pour le 88 Sr, qui est donc plus sensible à
l’effet Zeeman, que pour le 87 Sr (voir le tableau 5.2).
1
3
S0
87
F
gF
Sr
9/2
−1.3 × 10−4
3
87
F
gF
88
Sr
0
0
1
P0
87
Sr
9/2
− 6 × 10−5
Sr
7/2 9/2 11/2
-1/3 2/33 3/11
3
Sr
1
3/2
87
Sr
0
0
P1
88
P1
Sr
7/2 9/2 11/2
-2/9 4/99 2/11
88
87
88
Sr
1
1
S1
Sr
7/2 9/2 11/2
-4/9 8/99 4/11
88
Sr
1
2
Tab. 5.2 – Facteurs de Landé pour différents niveaux du strontium.
L’effet Zeeman dépend de la polarisation du faisceau laser, désignée successivement par Lin 1 et Lin 2 pour les polarisations linéaires, l’une étant
orthogonale à l’autre, et Circ 1 et Circ 2 pour les polarisations circulaires, orthogonales également l’une à l’autre. Des décalages en fréquence de quelques
MHz ont été observés pour les transitions du 88 Sr dépendant ainsi de la polarisation. Quand on diminue le gradient de champ magnétique, ces décalages
de fréquences diminuent également et tendent à se rapprocher d’une valeur
commune (voir figure 5.15(a)). On remarque toutefois que l’extrapolation à
0 n’est possible que pour la polarisation Lin 1 alors que pour les autres polarisations, la résonance présente une trop forte asymétrie pour que cela soit
possible (voir figure 5.15(b)). C’est donc pour Lin 1 que la sensibilité à l’ef1
L’effet Zeeman est de l’ordre de 14MHz.mT−1 .
127
CHAPITRE 5. MESURE DE LA TRANSITION FORTEMENT
INTERDITE 1 S0 →3 P0 DU STRONTIUM
fet Zeeman est minimale et vaut 300 kHz.mT−1 .cm pour le boson. Pour les
valeurs finales des fréquences de la transition à 688 nm, nous avons retenu
la valeur extrapolée à un champ nul en polarisation Lin 1. La dépendance en
champ magnétique des fréquences des transitions pour le 87 Sr est beaucoup
plus faible, soit inférieure ou égale à 150 kHz.mT−1 .cm pour la même polarisation Lin 1. L’effet du gradient de champ magnétique peut-être également
observé en faisant varier l’intensité du laser sonde : à forte intensité une
fraction non négligeable des atomes sont excités alors qu’ils sont excentrés
par rapport au centre du piège (figure 5.16). Pour minimiser cet effet, la
valeur de la fréquence finale est celle extrapolée à basse intesité laser soit
1mW.cm−2 .
Le tableau 5.3 donne les différentes valeurs de fréquences de la transition
à 688 nm mesurées. Le tableau 5.4 compare les valeurs de fréquence de
l’écart hyperfin entre les niveaux |3 P1 ,F1 i et |3 P1 ,F2 i obtenues dans notre
expérience via le niveau |3 S1 ,F’i par rapport aux valeurs de la référence [111].
Le décalage isotopique ∆87,88 [3 S1 ] par rapport à l’état fondamental ainsi que
les constantes hyperfines A et B sont donnés par :
3
∆87,88 [ S1 ] = 54.9 (3) MHz
(5.8)
A[3 S1 ] = −542.0 (1) MHz
3
B[ S1 ] = −0.1 (5) MHz
3
P1 − 3 S1
88
J= 9/2, J’=9/2
Sr
F=7/2 - F’=7/2
F=7/2 - F’=9/2
F=9/2 - F’=7/2
87
Sr F=9/2 - F’=9/2
F=9/2 - F’=11/2
F=11/2 - F’=9/2
F=11/2 - F’=11/2
Fréquence (MHz)
435 731 697.2 (5)
435 733 271.1 (6)
435 730 832.3 (3)
435 734 401.75 (30)
435 731 962.7 (3)
435 728 981.6 (3)
435 733 425.8 (3)
435 730 444.9 (3)
Tab. 5.3 – Récapitulatif des mesures de fréquences des différentes transitions à 688 nm pour le boson 88 Sr et le fermion 87 Sr.
5.3.3
La mesure de la transition 3 P0 -3 S1
La fréquence de la transition 3 P0 -3 S1 à 679 nm est un peu plus complexe
à mesurer. En effet, le niveau 3 P0 n’est pas peuplé dans le PMO. Pour
128
5.3. MESURE INDIRECTE DE LA TRANSITION 1 S0 -3 P0
Fig. 5.15 – En (a), décalages de fréquence dus à l’effet Zeeman du premier
ordre induit par le gradient de champ magnétique dans le PMO. Les mesures
sont effectuées sur le boson 88 Sr avec différentes polarisations du laser sonde.
L’intensité laser au centre du faisceau est de 0.7 mW.cm−2 . La résolution
des mesures est de 20 kHz. En (b), formes de la raie de résonance pour
différentes polarisations linéaires et circulaires du laser sonde.
129
CHAPITRE 5. MESURE DE LA TRANSITION FORTEMENT
INTERDITE 1 S0 →3 P0 DU STRONTIUM
Fig. 5.16 – Décalages de fréquence en fonction de l’intensité laser. Les
mesures sont effectuées sur la transition F=9/2-F’=11/2 du strontium 87 Sr.
F1 -F2
Expérience strontium
via |3 S1 ,F’i kHz
F=7/2 - F’=9/2
7/2
1 130 650
9/2
1 130 400
F=9/2 - F’=11/2
9/2
1 463 100
11/2
1 463 300
F=7/2 - F’=11/2
9/2
2 593 500
Référence [111]
kHz
(800) 1 130 260 (20)
(600)
(600) 1 463 150 (20)
(600)
(600) 2 593 410 (20)
Tab. 5.4 – Comparaison des valeurs de fréquence de l’écart de structure
hyperfine entre les états |3 P1 ,F1 i et |3 P1 ,F2 i obtenues dans notre expérience
via le niveau |3 S1 ,F’i par rapport aux valeurs de la référence [111].
effectuer ces mesures, nous avons procédé en deux étapes. Dans un premier
temps, un déplacement lumineux est induit sur la transition 3 P1 -3 S1 par le
laser à 679 nm qui est proche de la résonance 3 P0 -3 S1 (voir figure 5.17(b)).
Cette méthode nous a permis de déterminer la fréquence de la transition
3
P0 -3 S1 à mieux que 1 MHz. Dans un deuxième temps, nous avons utilisé le
piégeage cohérent de population (CPT pour Coherent Population Trapping)
[115, 116] dans le système Λ formé par les niveaux {3 P0 ,3 P1 ,3 S1 } pour une
mesure directe de l’écart de structure fine entre les états 3 P0 -3 P1 avec une
incertitude de 50 kHz. Cette seconde étape ne peut être réalisée qu’avec le
fermion 87 Sr.
130
5.3. MESURE INDIRECTE DE LA TRANSITION 1 S0 -3 P0
S
3
1
D
2
(P M O )
1
n m
6 8 8
n m
6 7 9
P
1
(a )
1
2
3
1
P
4 6 1 n m
0
S
1
3
D
0
(b )
S
D
6 7 9
G
G
6 7 9
3
1
= 1 .1 x 1 0
7
s
6 8 8
= 3 .3 x 1 0
7
s
3
P
D
6 7 9
= 1 .1 x 1 0
7
s
6 8 8
= 3 .3 x 1 0
7
s
-1
-1
3
1
3
0
6 8 8
6 7 9
G
G
P
1
-1
-1
3
(c )
S
P
P
1
0
Fig. 5.17 – Niveaux atomiques intervenant dans la mesure de la transition
3
P0 -3 S1 . En (b), principe de la mesure de fréquence la transition pour le
88
Sr grâce au déplacement lumineux induit par le laser à 679 nm qui n’est
pas à résonance. En (c) principe de la même mesure pour le fermion 87 Sr
grâce au piégeage cohérent de population.
131
CHAPITRE 5. MESURE DE LA TRANSITION FORTEMENT
INTERDITE 1 S0 →3 P0 DU STRONTIUM
Le dispositif expérimental
Le schéma 5.18 illustre le principe de la mesure de ces transitions : on
utilise les deux jeux de lasers {laser ultra-stable ; laser sonde} à 688 nm et
679 nm. Les deux lasers ultra-stables à 688 nm et 679 nm sont asservis par
la technique de Pound Drever Hall sur deux modes de la même cavité SC.
Au niveau du PMO, le rayon des deux lasers sonde à 688 nm et à 679 nm
est de w688 = 0.9 mm et de w679 = 1.3 mm respectivement. La fréquence des
lasers ultra-stables est mesurée en alternance par le laser femtoseconde : il
existe une relation qui nous permet de passer d’une fréquence à une autre,
nous pouvons ainsi déduire la fréquence de l’un en connaissant l’autre avec
une résolution meilleure que le kHz :
ν688 (t) = ν679 (t) − νISL (t)[n679 − n688 ]
(5.9)
où νi est la fréquence du laser i, ni est le mode de la cavité sur lequel le
laser i est asservi (i pour 679 nm et 688 nm) et νISL est l’intervalle spectral
libre de la cavité. On a pu de cette façon en déduire la valeur moyenne de
l’intervalle spectral libre de la cavite SC (voir chapitre 3) et en remplaçant
νISL (t) par sa valeur moyenne dans l’équation 5.9, l’erreur maximale induite
sur la valeur de la fréquence des lasers est de 500 Hz.
Mesure de la fréquence de la transition 3 P0 -3 S1
Les mesures du déplacement lumineux sont représentées sur les figures
5.19 (a) et (b). Le laser à 679 nm induit un déplacement lumineux de l’état
3
S1 dépendant de sa fréquence : ce déplacement lumineux se déduit des
mesures de la transition 3 P0 -3 S1 avec le laser à 688 nm. Ce dernier est
asservi sur la résonance de la transition 3 P1 -3 S1 . On balaie la fréquence du
laser sonde à 679 nm : lorsque celui-ci n’est pas résonnant avec la transition
3
P0 -3 S1 , il induit un déplacement lumineux qui se traduit par un décalage
en énergie de l’état 3 S1 . On observe alors un décalage de fréquence de la
transition 3 P1 -3 S1 (voir figure 5.19). La fréquence de la transition 3 P0 -3 S1
correspond au centre de symétrie de la courbe représentant le déplacement
lumineux. Pour que le signal détecté soit aussi large que possible, la totalité
de la puissance du laser à 679 nm disponible est utilisée, soit 2.4 mW en
configuration d’onde stationnaire au niveau du PMO. L’intensité du laser à
688 nm est de l’ordre de 0.2 mW.cm−2 afin de minimiser le nombre d’atomes
excités qui seraient loin du centre du piège. On constate que la valeur du
déplacement lumineux mesurée expérimentalement est dix fois plus petite
que sa valeur théorique déduite d’un modèle simple d’atome à deux niveaux
en supposant que la largeur naturelle de la transition est Γ⋆ = Γ679 + Γ688 +
132
5.3. MESURE INDIRECTE DE LA TRANSITION 1 S0 -3 P0
L a s e r u ltr a - s ta b le 6 8 8 n m
A s s e r v is s e m e n t d e
P o u n d - D r e v e r - H a ll
P D A
L C E 6 8 8 n m
C a v ité
F a b ry -P é ro t
M E O
IO
s é p a r a tr ic e
(6 0 M H z )
6 7 9 n m
6 8 8 n m
P D A
L C E 6 7 9 n m
A s s e r v is s e m e n t d e
P o u n d - D r e v e r - H a ll
L a s e r u ltr a - s ta b le 6 7 9 n m
6 8 8 n m
+ 6 7 9 n m
L a s e r s o n d e
6 8 8 n m
6 8 8 n m
L a s e r F e m to s e c o n d e
E s c la v e 6 8 8 n mP M O
l /4
6 7 9 n m
M A O
S y n th é tis e u r R F
P M O
6 8 8 n m
+ 6 7 9 n m
4 6 1 n m
O r d in a te u r
V e r r o u illa g e d e p h a s e
L C E 6 7 9 n m
S y n th é tis e u r R F
L a s e r s o n d e 6 7 9 n m
Fig. 5.18 – Principe de la mesure de la transition. Une centaine de µW des
faisceaux lasers ultra-stables est envoyée vers le laser femtoseconde grâce
à la même fibre optique : les faisceaux ont des polarisations croisées. Les
lasers sonde à 688 nm et 679 nm sont verrouillés en phase respectivement
sur les lasers ultra-stables à 688 nm et 679 nm. Le laser sonde à 688 nm
injecte optiquement une diode laser esclave dont le faisceau est envoyé vers
le PMO.
133
CHAPITRE 5. MESURE DE LA TRANSITION FORTEMENT
INTERDITE 1 S0 →3 P0 DU STRONTIUM
Γ707 = 2π × 15.9 MHz et la fréquence de Rabi est Ω/2π = 16.3 MHz. Pour
le 88 Sr, l’incertitude statistique de la mesure de la fréquence est 400 kHz à
laquelle on ajoute 500 kHz d’incertitude dû à l’effet Zeeman, ce qui nous
donne une fréquence de :
88
Sr :ν3 P0 −3 S1 = 441 332 751.3 (0.7) MHz
(5.10)
Le déplacement lumineux a également été mesuré pour la transition (F =
9/2 − F ′ = 11/2) pour le 87 Sr mais la résolution atteint les 50 kHz avec la
méthode de piègeage cohérent de population.
Mesure de la fréquence de la transition 3 P0 -3 S1 pour le
87
Sr
Les trois niveaux 3 P0 , 3 P1 et 3 S1 , couplés par les lasers à 679 nm et 688
nm, forment un système en configuration Λ (voir figure 5.17 (c)). Ce système
peut-être étudié dans le cadre de l’atome habillé [55]. Lorsque la différence
de fréquence entre les deux lasers à 688 nm et 679 nm concorde avec l’écart
de structure fine 3 P0 -3 P1 , on démontre qu’il existe une superposition linéaire
ΨN C des états 3 P0 et 3 P1 qui n’est pas couplée à 3 S1 . En effet, dans la base
propre du système, les états propres orthogonaux notés ΨC , ΨN C s’écrivent
comme une combinaison linéaire des états 3 P0 et 3 P1 . Lorsque les atomes
se désexcitent de l’état 1 D2 , ils sont projetés soit sur ΨC soit sur ΨN C .
Les atomes dans l’état ΨC sont essentiellement pompés vers l’état 3 P2 et
sont définitivement perdus pour le PMO. Les atomes projetés sur l’état
noir ΨN C peuvent se désexciter vers le niveau 1 S0 et réintégrer le cycle de
refroidissement et ce, grâce à l’instabilité de l’état 3 P1 . La fluorescence du
PMO est mesurée lorsque la fréquence du laser à 688 nm est balayée autour
de la résonance 3 P1 , F=9/2-3 S1 , F=11/2 du 87 Sr et cette fluorescence est
représentée sur la figure 5.20 : En (a), le laser à 688 nm seul est envoyé sur
les atomes du PMO, on observe un diminution de la fluorescence comme cela
a été expliqué dans les paragraphes précédents. En (b), le laser à 679 nm
est également envoyé sur les atomes, simultanément avec le laser à 688 nm,
et est exactement à résonance avec la transition 3 P0 , F=9/2-3 S1 , F=11/2 :
on observe un pic de fluorescence correspondant à la résonance du piégeage
cohérent de population exactement centré sur la courbe obtenue quand le
laser à 688 nm seul interagit avec les atomes. Ce pic est dû aux atomes qui
sont projetés sur l’état noir ΨN C et retrouvent le processus de piégeage via
l’état fondamental. Quand le désaccord ∆679 augmente, le pic de fluorescence
s’éloigne du minimum de la courbe obtenue en (a) et typiquement au delà de
20 MHz, la résonance du piégeage cohérent de population change de signe :
on détecte alors majoritairement les atomes dans l’état ΨC qui sont pompés
134
5.3. MESURE INDIRECTE DE LA TRANSITION 1 S0 -3 P0
Fig. 5.19 – Mesure du déplacement lumineux sur la transition 3 P1 -3 S1 induit
par le laser à 679 nm en fonction du décalage en fréquence de ce dernier
par rapport à la résonance de la transition 3 P0 -3 S1 . Le zéro sur l’axe vertical
correspond à la fréquence de la transition 3 P1 -3 S1 mesurée en l’absence de
laser à 679 nm. L’intensité du laser à 679 nm est de 180 mW.cm−2 et
celle du laser à 688 nm est de 0.2 mW.cm−2 . Les courbes en pointillés
représentent le déplacement lumineux théorique calculé pour un atome à
deux niveaux avec une transition de largeur naturelle Γ⋆ = 2π × 15.9 MHz
et une fréquence de Rabi de Ω679 = 2π × 16.3 MHz.
135
CHAPITRE 5. MESURE DE LA TRANSITION FORTEMENT
INTERDITE 1 S0 →3 P0 DU STRONTIUM
optiquement vers l’état 3 P2 , ce qui accroı̂t les pertes dans le PMO (figures
5.20 (e) et (f)).
Grâce à cette méthode on peut mesurer directement l’écart de structure fine 3 P0 , F=9/2-3 P1 , F’=9/2. Trois mesures ont été effectuées avec les
différents niveaux hyperfins de l’état 3 S1 . Pour le boson 88 Sr et pour les
autres états hyperfins du niveau 3 P1 du 87 Sr, les résonances du piégeage
cohérent de population sont brouillées à cause de la grande sensibilité de
ces états au champ magnétique (voir tableau 5.2). Au vu des facteurs de
Landé des états |3 P1 , F = 9/2i et |3 P0 , F = 9/2i, on peut s’attendre à ce
que l’effet Zeeman soit beaucoup plus faible que dans le cas de la mesure
de la fréquence 3 P1 -3 S1 , ce qui a été vérifié expérimentalement : on attribue
ainsi une incertitude de 50 kHz à la mesure de l’écart de structure fine en
fréquence :
νStructure Fine (F = 9/2 − F ′ = 9/2) = 5 601 338 670 (50) kHz
(5.11)
La figure 5.21 donne différentes valeurs moyennes des fréquences de
l’écart de structure fine selon les états hyperfins intermédiaires du niveau
3
S1 , F = 7/2, F = 9/2 ou F = 11/2. Ces mesures sont réalisées grâce à
trois asservissements numériques qui sont utilisés pour verrouiller les lasers
sur les transitions atomiques : un asservissement A verrouille le laser à 688
nm sur la transition 3 P1 -3 S1 en alternant les mesures de fluorescence aux
fréquences AI et AII (voir figure 5.21(a)). Le laser à 688 nm est également
asservi sur le pic de fluorescence du piégeage cohérent de population grâce à
un asservissement B aux fréquences B1 et B2 . Le dernier asservissement, C,
contrôle la fréquence du laser à 679 nm de sorte que les fréquences délivrées
par les asservissements A et B soient égales. La fréquence de l’écart de
structure fine se déduit des valeurs moyennes des fréquences délivrées par
les asservissements A et C avec une résolution de 10 kHz. Les deux lasers
étant asservis à résonance sur les transitions atomiques, on peut s’affranchir de cette façon de l’effet du déplacement lumineux sur les mesures de
fréquence. En revanche, l’effet Zeeman limite la résolution de la mesure et
peut être minimisé à condition de n’exciter que les atomes se trouvant dans
la région proche du centre du piège et avec la bonne polarisation Lin 1.
L’incertitude sur la mesure attribuée à un tel effet est de 50 kHz.
Le tableau 5.5 donnent toutes les mesures de fréquences de la transition
3
P0 -3 S1 pour le 88 Sr et le 87 Sr. Le décalage isotopique du niveau 3 P0 par
rapport au niveau fondamental est déduit de ces mesures et vaut :
∆87,88 [3 P0 ] = 62.9 (1.3) MHz
136
(5.12)
5.3. MESURE INDIRECTE DE LA TRANSITION 1 S0 -3 P0
Fig. 5.20 – Fluorescence induite par les faisceaux du PMO. En (a) lorsque
seul le laser à 688 nm interagit avec les atomes on retrouve la courbe déjà
présentée par la figure 5.14. En (b), quand le laser à 679 nm est résonnant
avec la transition atomique, on retrouve l’effet du piégeage coherent de population par un pic de fluorescence centré sur la courbe rapportée en (a).
La largeur du pic de piégeage cohérent de population est de 3 MHz. Les
autres courbes sont obtenues pour différents désaccords du laser à 679 nm.
Les intensités lasers sont I688 = 1.3mW.cm−2 et I679 = 130mW.cm−2 pour
les lasers à 688 nm et à 6798 nm respectivement.
137
CHAPITRE 5. MESURE DE LA TRANSITION FORTEMENT
INTERDITE 1 S0 →3 P0 DU STRONTIUM
Fig. 5.21 – En (a), bilan des mesures de fréquences de l’écart de structure
fine via les différents états hyperfins du niveau 3 S1 . Deux séries de mesures,
via l’état F = 11/2 ont été également rapportées. En (b), asservissement des
lasers à 688 nm et 679 nm sur les transitions atomiques grâce aux mesures
de fluorescence aux fréquences AI et AII , et B1 et B2 respectivement.
138
5.4. MESURE DIRECTE DE LA TRANSITION 1 S0 -3 P0
3
88
Sr
87
Sr
P0 − 3 S1
J=0 -J’=1
F=9/2-F’=7/2
F=9/2-F’=9/2
F=9/2-F’=11/2
fréquence (MHz)
441 332 751.3 (7)
441 335 740.42 (35)
441 333 301.37 (35)
441 330 320.27 (35)
(a)
(b)
(b)
(b)
Tab. 5.5 – Bilan des mesures de fréquences de la transition 3 P0 -3 S1 . (a)
désigne la fréquence mesurée directement avec la méthode du déplacement
lumineux et (b) désigne les fréquences des transitions déduites à partir des
mesures de l’écart de structure fine et des fréquences de 3 P1 -3 S1 du 87 Sr.
5.3.4
Conclusion
Dans les paragraphes précédents, nous avons mesuré toutes les fréquences
de toutes les transitions 1 S0 -3 P1 à 689 nm, 3 P1 -3 S1 à 688 nm et 3 P0 -3 S1 à
679 nm, à la fois pour le boson 88 Sr et pour le fermion 87 Sr. A partir de ces
valeurs, on trouve la fréquence de la transition 1 S0 -3 P0 pour le 87 Sr :
νindirecte = 429 228 004 340 (70) kHz
(5.13)
L’incertitude de 70 kHz est déduite de la somme quadratique des incertitudes des mesures.
5.4
Mesure directe de la transition 1S0-3P0
Rappelons que la largeur de la transition est de 1 mHz et par conséquent
elle peut être difficile à détecter avec des atomes dont la température est de
2 mK. La mesure directe de fréquence de la transition d’horloge consiste à
introduire des pertes dans le PMO. Ces pertes sont dues à l’accumulation
d’atomes dans l’état 3 P0 grâce au laser sonde à 698 nm. Cependant, la
détection d’un faible nombre d’atomes dans cet état peut s’avérer complexe
en raison de l’absence de transition cyclante à partir du 3 P0 . La transition
1
S0 -3 P0 est donc détectée grâce à la diminution de fluorescence du PMO à
461 nm induite par ces pertes. La puissance du laser à 698 nm est la plus
élevée possible, soit 14 mW, afin d’exciter le plus grand nombre d’atomes.
Le faisceau laser est envoyée quatre fois dans le PMO selon la configuration
de deux ondes stationnaires formant entre elles un angle de 5◦ et un angle
de 45◦ par rapport à l’axe vertical du PMO (voir figure 5.22). Le rayon des
faisceaux est de 1.3 mm. En tenant compte de ces paramètres, on en déduit
l’élargissement de la résonance par saturation de 1.8 kHz. L’élargissement
139
CHAPITRE 5. MESURE DE LA TRANSITION FORTEMENT
INTERDITE 1 S0 →3 P0 DU STRONTIUM
g
4 5 °
M
1
P M O
4 6 1 n m
M
O r d in a te u r
2
6 9 8 n m
L a s e r E s c l a vP eM O
M A O
IO
d ia p h r a g m e
L a s e r S o n d e
IO
V e r r o u illa g e d e p h a s e
s u r le la s e r u ltr a - s ta b le
S y n th é tis e u r R F
Fig. 5.22 – Montage expérimental pour mesurer la fréquence de la transition
d’horloge. Le modulateur acousto-optique désigné par MAO est utilisé pour
permettre de couper rapidement le faisceau sonde avec un temps de coupure
inférieur à 1 µs.
Doppler est, quant à lui, de 1.5 MHz au vu de la température des atomes
dans le PMO. De cette façon, on s’attend à n’exciter qu’une fraction de
10−3 des atomes piégés lorsque le laser est à résonance.
On peut contourner ce problème grâce à la dynamique du PMO qui peut
conduire à une augmentation du taux de transfert des atomes vers l’état 3 P0 .
Avec les paramètres donnés précédemment, la durée d’une impulsion laser π
est de 0.5 ms soit cent fois plus petite que la durée de vie des atomes dans le
piège. Il est donc possible de multiplier par un même facteur cent la fraction
des atomes excités si l’on peut les accumuler dans l’état 3 P0 et ainsi obtenir
des pertes de quelques %. Pour ce faire, il est nécessaire de maintenir le
taux de transfert constant des atomes entre le niveau fondamental et l’état
3
P0 . Ce n’est a priori pas le cas car le laser crée un trou dans la distribution
de vitesse des atomes dans l’état foncdamental (voir figure 5.23). De plus,
les atomes doivent pouvoir s’échapper du processus de piégeage si nous
voulons détecter une diminution de la fluorescence du PMO : si les atomes
restent résonnants avec le laser, ils retombent dans le niveau fondamental
par émission stimulée.
La solution retenue pour bénéficier de ces deux conditions (taux de transfert constant et pertes dans le PMO) est d’utiliser l’effet Doppler induit par
140
5.4. MESURE DIRECTE DE LA TRANSITION 1 S0 -3 P0
v (3P 0)
6 9 8 n m
v (1S 0)
Fig. 5.23 – Lorsque les atomes sont maintenus à résonance avec le laser, ils
retombent dans le niveau fondamental (flèche rouge en pointillé). Le taux
de transfert des atomes vers le niveau 3 P0 n’est pas constant du fait du
creux crée par le laser dans la distribution de vitesse. En revanche sous
l’effet de la gravité, le laser explore toute la distribution de vitesse et amène
en permanence des atomes à résonance ce qui assure un taux de transfert
constant.
l’accélération des atomes par la gravité. Pour cela, nous effectuons une interrogation séquentielle grâce à des modulateurs acousto-optiques qui vont
nous permettre d’alterner les phases de capture et refroidissement avec les
lasers à 461 nm et les phases d’interrogation avec le laser à 698 nm. Pendant
ces phases d’interrogation, les atomes tombent librement. A cause de l’angle
entre le faisceau laser et l’axe vertical de 45◦ , le décalage en fréquence induit par la gravité est de 10 kHz.ms−1 : les atomes dans l’état fondamental
peuvent ainsi être amenés en permanence à résonance avec le laser ce qui assure un taux de transfert constant et les atomes dans l’état 3 P0 sont décalés
hors résonance et donc perdus pour le PMO. Soulignons un autre intérêt
de cette interrogation séquentielle : elle permet de nous affranchir des effets des déplacements lumineux sur l’état fondamental par les faisceaux du
PMO pendant l’interrogation des atomes.
Les pertes induites dans le piège ont été modélisées de façon simple. La
probabilité de transition a été calculée pour un atome à deux niveaux sondé
par deux faisceaux contra-propageants de 28 mW chacun. Les équations de
Bloch optiques ont été résolues pour un décalage par rapport à la résonance
→
dépendant du temps ∆(t). La vitesse initiale de l’atome est notée −
v0 . En
−
→
tenant compte de l’accélération g , on a donc :
1
∆(t) = ∆0 ± √ kgt
2
141
(5.14)
CHAPITRE 5. MESURE DE LA TRANSITION FORTEMENT
INTERDITE 1 S0 →3 P0 DU STRONTIUM
−
→→
avec ∆0 = δ ± k .−
v , δ étant le désaccord du laser dans le référentiel du
−
→→
−
→ 0
g t vaut
laboratoire et k , le vecteur d’onde du laser. La quantité √12 k .−
−1
2π × 10 kHz.ms et le signe ± dépend de la direction du faisceau laser qui
interagit avec les atomes. Les interférences entre les deux faisceaux contrapropageants sont négligées dans la mesure où |δ| > 10Ω, Ω étant la fréquence
angulaire de Rabi, puisque ces deux faisceaux sondent des classes de vitesse
atomique différentes. Les probabilités de transitions ont été tracées pour
différentes valeurs de ∆0 en considérant la direction de propagation du laser
correspondant au signe moins (voir figure 5.24). Lorsque les atomes décalés
vers le bleu (i.e pour ∆0 > 0) sont amenés à résonance sous l’effet de la
gravité, la probabilité de transition augmente rapidement et se stabilise
ensuite autour d’une valeur relativement élevée comme, par exemple, 0.56
pour ∆0 = 5Ω. Sont également représentées sur le graphe 5.24 en pointillés,
les probabilités de transition que l’on obtiendrait si l’on ne tenait pas compte
de la gravité.
La figure 5.25 représente les pertes dans le PMO. La courbe donnent les
pertes calculées en fonction du temps d’interaction entre le laser sonde et
les atomes pour différentes accélérations. Lorsque la gravité n’est pas prise
en compte, les pertes se stabilisent rapidement autour de 0. 16% du nombre
d’atomes piégés. Dans le cas contraire, les pertes augmentent avec le temps
d’interaction, de plus en plus d’atomes sont amenés à résonance grâce à
l’effet de la gravité.
La séquence temporelle consiste à refroidir et piéger les atomes pendant
3 ms, puis à sonder les atomes pendant 1 ms avec le laser à 698 nm. Elle
a été optimisée pour réaliser un compromis entre l’efficacité de capture du
piège, l’expansion ballistique du nuage atomique pendant les phases d’interrogation et l’efficacité du transfert des atomes vers l’état 3 P0 . D’après le
modèle, et avec une durée de vie du PMO de 40 ms, le contraste attendu
de la résonance est de 6%. La résonance mesurée expérimentalement est
montrée sur le graphe 5.26. Le contraste est de 1%, soit six fois plus faible
que celui calculé numériquement. Cela est peut-être dû au fait que l’angle
entre les deux paires de faisceaux contra-propageants a été négligé ce qui
pourrait conduire à une sur-estimation des pertes d’un facteur 2. De plus,
nous n’avons pas tenu compte de l’expansion ballistique du nuage dans le
modèle ce qui induit une dépendance temporelle de la fréquence de Rabi.
142
5.4. MESURE DIRECTE DE LA TRANSITION 1 S0 -3 P0
Fig. 5.24 – Probabilités de transition en fonction du temps d’interaction
pour différentes valeurs de ∆0 à t=0. La fréquence de Rabi Ω/2π est prise
égale à 920 Hz.
143
CHAPITRE 5. MESURE DE LA TRANSITION FORTEMENT
INTERDITE 1 S0 →3 P0 DU STRONTIUM
Fig. 5.25 – Pertes calculées dans le PMO en fonction du temps d’interaction
pour différentes valeurs de l’accélérations subies par les atomes lorsque les
faisceaux piège et Zeeman sont coupés.
144
5.4. MESURE DIRECTE DE LA TRANSITION 1 S0 -3 P0
Fig. 5.26 – (a) Profil de la transition 1 S0 -3 P0 observée dans le PMO. (b)
Ecart-type d’Allan en valeure relative de la fréquence du laser asservi sur la
transition d’horloge.
145
CHAPITRE 5. MESURE DE LA TRANSITION FORTEMENT
INTERDITE 1 S0 →3 P0 DU STRONTIUM
Pour mesurer la fréquence de la transition, le laser est asservi numériquement
sur les atomes. La séquence temporelle est pilotée par ordinateur. La figure
5.26 (a) donne le profil
√ de la transition élargie par effet Doppler (680 kHz
de demi largeur à 1/ e). Le niveau maximal de fluorescence correspond à
3 × 106 atomes. Chaque point correspond à 100 ms de mesure. La résolution
estimée sur le temps total de la mesure (soit 5500s) est de 3.7 × 10−11 en
valeur relative ce qui correspond à 15 kHz (voir figure 5.26 (b)) :
ν(1 S0 −3 P0 ) = 429 228 004 230 (15) kHz
(5.15)
Les effets systématiques sont, à ce niveau, négligeables. L’effet Doppler
résiduel est inférieur au kHz grâce à l’interrogation des atomes selon une
configuration des lasers en ondes stationnaires. L’effet Zeeman est également
inférieur au kHz en dépit du gradient de champ magnétique dans le PMO :
en effet, les facteurs de Landé du niveau fondamental et du niveau 3 P0
sont très petits (voir tableau 5.2). Le profil Doppler est cependant décalé
de la résonance atomique d’une quantité égale à la fréquence de recul [117]
soit de 4.7 kHz qui a été prise en compte dans la valeur donnée dans 5.15.
Cette valeur est en bon accord avec celle obtenue par mesure indirecte de
la fréquence de la transition.
5.5
Conclusion
Dans ce chapitre, nous avons exposé différentes mesures de fréquence
des transitions 1 S0 -3 P1 à 689 nm, 3 P1 -3 S1 à 688 nm et 3 P0 -3 S1 à 679 nm,
des isotopes l’atome de strontium 87 Sr et 88 Sr, qui nous ont conduit à
l’estimation d’une valeur de la fréquence de la transition d’horloge avec une
incertitude de 70 kHz. Grâce à ces mesures préliminaires, nous avons pu
observer et mesurer directement la fréquence de la transition d’horloge avec
une incertitude de 15 kHz.
146
Annexe A
Compléments du chapitre 2
Nous présentons dans cette annexe l’effet Dick calculé dans le cas du
laser de VIRGO et du laser limité par l’effet thermique de la cavité PF sur
laquelle il est asservi, pour des interrogations de type Ramsey-Bordé, Ramsey et Rabi. Nous rappelons que les deux derniers types d’interrogations,
les atomes interrogés sont piégés dans un piège dipolaire, de sorte que l’on
puisse se placer dans le cas du régime de Lamb-Dicke.
VIRGO est un interféromètre à laser qui est utilisé pour détecter des
ondes gravitationnelles (voir les références [76,118] pour une étude détaillée
de VIRGO). Le spectre de bruit de fréquence du laser est représenté sur la
figure II.2.7(b). Pour les basses fréquences, c’est-à-dire, jusqu’à 500 Hz, le
bruit obtenu correspond à l’effet Doppler entre les deux cavités PF qui ont
été utilisées pour mesurer ce spectre (une méthode similaire employée dans
notre expérience est décrite dans le chapitre 3). Au delà, le bruit correspond
à des dérives lentes de la longueur de la cavité [76]. Le bruit de fréquence
du laser utilisé pour VIRGO est proche du bruit thermique comme nous
pouvons le constater avec les courbes (b) et (c) du graphe II.2.7.
Le bruit thermique est le bruit ultime d’un laser asservi sur une cavité
Fabry-Perot sous certaines conditions données au chapitre 3. La stabilité en
fréquence du laser est en effet liée à la stabilité de la longueur optique de la
cavité et des fluctuations thermiques résiduelles entrainent une fluctuation
de cette longueur. Cette limite fondamentale a été estimée par K. Numata
et al. [81] et est de l’ordre de Sf = 10−2 ×(1Hz/f ) Hz2 /Hz.
147
ANNEXE A. COMPLÉMENTS DU CHAPITRE 2
A.1
A.1.1
Interrogation de Ramsey-Bordé
Effet Dick évalué en fonction de la fréquence de
cycle et du rapport cyclique
Comme dans le cas du laser de l’expérience Sr présenté dans le chapitre
2, l’effet Dick a été calculé ici en fonction des couples {d, fc } où fc est la
fréquence de cycle de l’horloge et d est le rapport cyclique défini ici comme :
d=2
2τp + T
Tc
(A.1)
Les résultats sont présentés sur le graphe A.1. De la même façon que dans le
cahpitre 2, on constate que la stabilité est meilleure pour des fréquences de
cycle élevées et des rapports cycliques proches de 1. Pour le laser de VIRGO,
la variance d’Allan associée à une fréquence de cycle de 60 Hz est plus élevée
que celle associée à fc =30 Hz : dans le spectre de bruit du laser on observe
un pic de bruit à cette fréquence dominant le niveau de bruit à 30 Hz. Pour
ces deux derniers lasers, les écarts-types d’Allan liés à l’effet Dick sont du
même ordre de grandeur que ceux décrivant le bruit de projection quantique
σBP Q dont l’expression est donnée par :
2
√
σBP Q (τ ) =
πQ N
r
1
fc τ
(A.2)
où Q est la facteur de qualité atomique et N est le nombre d’atomes participant au signal.
A.1.2
Effet Dick calculé en fonction du temps mort
et de la fréquence de cycle fc
Rappelons les hypothèses de calcul : la fréquence de cycle et la durée
du temps mort sont fixées. Pour simplifier la discussion, nous avons pris
comme durée d’une impulsion laser τp = T2m . Pour le laser VIRGO et le laser
limité par le bruit thermique, les écarts-types d’Allan liés à l’effet Dick et
les rapports S/B sont représentés sur le graphe A.1. D’après ces graphes,
on constate que les valeurs des rapports S/B sont plus contraignantes pour
l’expérience Sr, nécessitant par exemple nombre d’atomes participant au
signal de l’ordre de 105 − 106 pour Tm < 10 ms.
148
A.1. INTERROGATION DE RAMSEY-BORDÉ
Fig. A.1 – Variance d’Allan liée à l’effet Dick pour une interrogation de
Ramsey-Bordé en fonction de d et fc pour le laser utilisé dans l’expérience
VIRGO et un laser limité par le bruit thermique.
149
ANNEXE A. COMPLÉMENTS DU CHAPITRE 2
Fig. A.2 – Rapport S/B en (a) et variance d’Allan associée à l’effet Dick
en (b) dans le cas d’une interrogation de Ramsey-Bordé pour le laser utilisé
dans le projet VIRGO et pour le laser limité par le bruit thermique.
150
A.2. INTERROGATION DE RAMSEY
A.2
A.2.1
Interrogation de Ramsey
Effet Dick calculé en fonction du rapport cyclique d et de la fréquence de cycle fc
Les résultats sont présentés dans les graphes A.3. Comme dans le cas
d’une interrogation de Ramsey-Bordé, la stabilité liée à l’effet Dick pour de
tels lasers est du même ordre de grandeur que la stabilité associée au bruit
de projection quantique.
A.2.2
Effet Dick calculé en fonction du temps mort
et de la fréquence de cycle fc
Les variances d’Allan et les rapports signal à bruit S/B sont représentés
sur les graphes A.4 (b) et (a) respectivement. Pour le laser limité par le
bruit thermique, les rapports S/B sont très élevés : S/B > 100 pour des
temps morts inférieurs à 10 ms ce qui devient contraignant pour le nombre
d’atomes à capturer dans le piège dipolaire (N > 104 atomes). On voit très
clairement sur le graphe A.4(a) correspondant au laser limité par le bruit
thermique qu’on peut gagner un facteur 5 sur la stabilité en passant d’une
fréquence de cycle de 100 Hz à 10 Hz pour un même temps mort.
A.3
Interrogation de Rabi
Que la stabilité liée à l’effet Dick soit calculée en fonction du couple
de paramètres {d, fc } (voir figure A.5) ou du couple {fc , Tm } (voir figure
A.6), elle est plus petite d’au moins un ordre de grandeur dans le cas d’une
interrogation de Rabi par rapport à une interrogation de Ramsey. La variance d’Allan varie très peu en fonction de d ou de Tm . Le seul paramètre
intéressant sur lequel on peut jouer pour obtenir des stabilités intéressantes
est la fréquence de cycle, en tenant compte, bien-sûr, du spectre de bruit
en fréquence de l’OL d’interrogation.
151
ANNEXE A. COMPLÉMENTS DU CHAPITRE 2
Fig. A.3 – Variance d’Allan liée à l’effet Dick des lasers de l’expérience
VIRGO et limité par le bruit thermique respectivement pour une interrogation
Ramsey.
152
A.3. INTERROGATION DE RABI
Fig. A.4 – Rapport S/B en (a) et variance d’Allan liée à l’effet Dick en
(b), pour une interrogation de Ramsey, des lasers VIRGO et limité par le
bruit thermique respectivement.
153
ANNEXE A. COMPLÉMENTS DU CHAPITRE 2
Fig. A.5 – Variance d’Allan liée à l’effet Dick pour une impulsion Rabi dans
le cas du laser de VIRGO et du laser limité par le bruit thermique.
154
A.3. INTERROGATION DE RABI
Fig. A.6 – Rapport S/B en (a) et variance d’Allan liée à l’effet Dick en (b)
pour une impulsion Rabi dans le cas du laser de VIRGO et du laser limité
par le bruit thermique.
155
ANNEXE A. COMPLÉMENTS DU CHAPITRE 2
156
Annexe B
Compléments du chapitre 3
B.1
B.1.1
Rappels sur l’interféromètre Fabry-Perot
Présentation
Soit une cavité Fabry-Perot constituée de deux miroirs, séparés par la
distance L. Une cavité Fabry-Perot (que nous appellerons PF par la suite)
est caractérisée par deux paramètres principaux qui sont l’intervalle spectral
libre et la finesse. L’intervalle spectral libre est défini par la relation :
νISL =
c
2L
(B.1)
pour un milieu d’indice 1. Son inverse 1/νISL traduit le temps mis par la
lumière pour faire un aller-retour dans la cavité. La finesse, quant à elle,
dépend uniquement des coefficients de réflection des miroirs constituant la
cavité. Pour des miroirs possédant les mêmes coefficients de réflexion en
intensité R, nous avons :
√
R
F =π
(B.2)
1−R
ou encore :
√
r1 r2
F =π
(B.3)
1 − r1 r2
pour des miroirs ayant des coefficients de réflexion en amplitude différents,
r1 et r2 . En connaissant la finesse et l’intervalle spectral libre de la cavité,
on peut déduire la largeur d’un pic de résonance du PF, δν :
δν =
νISL
F
157
(B.4)
ANNEXE B. COMPLÉMENTS DU CHAPITRE 3
R e v ê te m e n t ré flé c h is s a n t
M iro ir
E
E
E
i
r
E
E
1
2
E
t
3
Fig. B.1 – Cavité Fabry-Perot et les champs incident, réfléchi et transmis
par celle-ci.
B.1.2
Calcul du champ transmis par la cavité et Fonction d’Airy
Considérons une cavité PF présentée sur la figure B.1 : les coefficicents
de réflexion en amplitude pour chacun des miroirs sont supposés égaux et
valent r. De la même façon, les coefficients de transmission en amplitude
sont notés t. Les pertes ne sont pas prises en compte dans notre étude. On
utilise la convention suivante pour le calcul des champs électromagnétiques
transmis et réfléchis par la cavité : si le faisceau lumineux se réfléchit sur
la surface réfléchissante du miroir (i.e avec le revêtement), alors r est pris
positif. Dans le cas contraire, r est négatif. On note le temps d’un aller retour de la lumière dans la cavité, τ . Soit une onde électromagnétique plane
incidente Ei se propageant selon l’axe de révolution du PF. On a alors :
E1 (t) = tEi (t) + r2 E1 (t − τ )
τ
E2 (t) = E1 (t − 2 )
(B.5)
E3 (t) = rE2 (t − τ2 )
Et (t) = tE2 (t)
E (t) = −rE (t) + trE (t − τ )
r
i
1
Sous ces conditions, les champs transmis et réfléchi par la cavité peuvent se
mettre sous la forme [83] :
P∞ 2n
(2n+1)
2
τ)
Et (t) = t
n=0 r Ei (t −
2
(B.6)
P
∞
Er (t) = r[−Ei (t) + t2 n=0 r2n Ei (t − (n + 1)τ )]
158
B.1. RAPPELS SUR L’INTERFÉROMÈTRE FABRY-PEROT
ce qui est l’expression d’un produit de convolution entre le champ incident
et une fonction caractérisant la transmission ou la réflexion :
(
Et (t) = Γt (t) ∗ Ei (t)
(B.7)
Er (t) = Γr (t) ∗ Ei (t)
avec Γt et Γr ayant pour expression :
P∞
2
2n
Γt (t) = t
n=0 (r δ(t −
(2n+1)
τ ))
2
P
2n
Γr (t) = r[−δ(t) + t2 ∞
n=0 (r δ(t − (n + 1)τ ))]
(B.8)
avec δ la fonction de Dirac. En prenant la transformée de Fourier du produit
de convolution, on en déduit les expressions des transformées de Fourier
Γ̃t (̟) et Γ˜r (̟) qui sont :
t2
e
Γt (̟) = 1−r2 e−ı̟τ
(B.9)
e
e−ı̟τ −1
Γr (̟) = r[ 1−r2 e−ı̟τ ]
En calculant l’intensité transmise par la cavité donnée par It = Et Et , on
obtient la fonction d’Airy A(ωL τ ) représentée sur le graphe B.2 :
It = I0 (
B.1.3
t2 2
1
t2 2
)
A(ω
τ
)
=
I
(
)
L
0
2
2
2
r
1−r
1 − r 1 + 4 (1−r2 )2 sin2 (ωL τ )
(B.10)
Fonction de transfert du PF
Fonction de transfert en réflexion : La fonction de transfert du PF
pour le champ réflechi traduit la réponse de la cavité, soit l’intensité réfléchie
mesurée, à une perturbation de la source lumineuse, à savoir la phase du
champ laser incident. En reprenant les calculs de la thèse de Y. Bidel [83],
on pose Ei (t) = E0 eı(ωL t+ϕ(t)) où E0 est supposé réél. L’intensité réfléchie
par la cavité se met sous la forme :
Z Z
′
′′
′
′′
2
Ir (t) = E0
Γr (t′ )Γr (t′′ )e−ıωL t e−ıωL t eı[ϕ(t−t )−ϕ(t−t )] dt′ dt′′
(B.11)
On suppose que le temps de cohérence du laser est très grand devant τ , ce
qui nous permet d’effectuer le développement limité au premier ordre de
′
′′
eı[ϕ(t−t )−ϕ(t−t )] et sous ces conditions, Ir (t) se décompose suivant un terme
159
ANNEXE B. COMPLÉMENTS DU CHAPITRE 3
Fig. B.2 – Fonction d’Airy pour la cavité PF.
160
B.1. RAPPELS SUR L’INTERFÉROMÈTRE FABRY-PEROT
Fig. B.3 – Phase en (a) et module en (b) de la réflectivité Γr (ω).
161
ANNEXE B. COMPLÉMENTS DU CHAPITRE 3
correspondant à l’intensité transmise pour une onde plane monochromatique
et suivant un deuxième terme qui traduit les fluctuations d’intensité δIr (t) :
Z
′
2 e
δIr (t) = ıE0 [Γr (ωL ) Γr (t′ )e−ıωL t ϕ(t − t′ )dt′
Z
(B.12)
ıωL t′
′
′
′
e
− Γr (ωL ) Γr (t )e
ϕ(t − t )dt ]
On prend la transformée de Fourier de l’expression B.12 et on exprime ϕ(̟)
e
1 e
en fonction de la fréquence instantanée Ω telle que ϕ(̟)
e
= −ı ̟ Ω(̟). On
obtient alors :
fr (̟)
δI
= Hcavite (̟)
(B.13)
e
Ω(̟)
où Hcavite est la fonction de transfert du PF :
Hcavite (̟) = E02
Γer (ωL )Γer (ωL + ̟) − Γer (ωL )Γer (ωL − ̟)
̟
(B.14)
Cette équation peut se simplifier en supposant que la fréquence du champ
laser incident est proche de la résonance, soit pour ωL τ = 2πN ± δτ avec δ
la différence de fréquence :
Hcavite (̟) = 2r2 E02
(1 − r2 )δτ 2 [(1 − r2 ) + ır2 ̟τ ]
[(1 − r2 )2 + ır2 (1 − r2 )̟τ + r4 (δτ )2 ]2 − (r4 δ̟τ 2 )2
(B.15)
Fonction de transfert en transmission : On procède de la même façon
que dans le cas de la réflexion. L’expression de la fonction de transfert en
transmission pour une fréquence laser proche de la résonance est donnée
par :
Hcavite (̟) = 2(1−r2 )2 E02
r4 δ̟τ 2
[(1 − r2 )2 + ır2 (1 − r2 )̟τ + r4 (δτ )2 ]2 − (r4 δ̟τ 2 )2
(B.16)
Conclusion : Le graphe B.4 montre le gain et la phase des fonctions de
transfert de la cavité PF en transmission et réflexion. Le comportement du
résonnateur en réflexion est celui d’un filtre passe-bas du second ordre avec
un déphasage total de π/2, alors qu’en transmission c’est un filtre passe-bas
du premier ordre avec un déphasage total de π.
162
B.1. RAPPELS SUR L’INTERFÉROMÈTRE FABRY-PEROT
Fig. B.4 – Phases (a) et gains (b) des fonctions de transfert de la cavité
PF en transmission et en réflexion.
163
ANNEXE B. COMPLÉMENTS DU CHAPITRE 3
Fig. B.5 – Différence en fréquence entre les deux modes T EM00 des deux
cavités en fonction de la longueur d’onde du laser. L’erreur sur les mesures
est de l’ordre de 100 MHz. Le laser est faiblement modulé par l’intérmédiaire
de sa cale piézo-électrique, la calibration en fréquence d’un telle modulation
s’effectue par l’intermédiaire des bandes latérales à 60 MHz.
B.2
Comparaison des deux cavités Fabry-Perot
Il a été intéressant pour notre expérience de mesurer l’écart en fréquence
entre deux modes TEM00 de PF1 et PF2 en fonction de la longueur d’onde
du laser (figure B.5). Ces mesures ont été utiles lorsque, par exemple, nous
avons mesuré les fréquences de transitions atomiques du strontium (voir
chapitre 5) et que nous avons été obligés d’accorder le laser aux longueurs
d’onde correspondantes (respectivement 689 nm pour la transition 1 S0 -3 P1 ,
688 nm pour la transition 3 P1 - 3 S1 et 698 nm pour la transition d’horloge
1
S0 -3 P0 ).
164
Annexe C
Rappels d’optique non linéaire
C.1
Introduction
La réponse d’un milieu non linéaire1 à une excitation par un champ
−
→
éléctrique E est décrite par la polarisation macroscopique du milieu qui
peut se décomposer en un terme linéaire et un terme non linaire. Le terme
non linéaire caractérise tous les processus à multi-ondes pouvant intervenir :
n
−−→ X −−→
PN L =
P (i)
(C.1)
i=2
où
−−→
−−−→ −−−→
P (i) = ε0 χ(i) (ωT ot , ω1 , . . . , ωi ) : E(ω1 ) . . . E(ωi )
(C.2)
Pi
avec ωT ot = k=1 ωk . Les processus non linéaires d’ordres 2 ne peuvent se
manifester que si le milieu ne possède pas de symétrie d’inversion (pour les
milieux centro-symétriques, les composantes du tenseur χ2 sont nulles). Par
la suite, nous allons nous intéresser uniquement aux processus non linéaires
d’ordre 2.
C.2
Equations de propagation dans un milieu non linéaire
L’équation de propagation dans un milieu diélectrique, homogène et non
magnétique peut se mettre sous la forme, d’après les équations de Maxwell :
−
→
→
∂2 −
∂ 2 −−→
∇ ∧ ∇ E − µ0 (1 + χ(1) ) 2 E = −µ0 2 PN L
∂t
∂t
1
Toute cette partie s’appuie sur la référence [119]
165
(C.3)
ANNEXE C. RAPPELS D’OPTIQUE NON LINÉAIRE
On se place dans le cadre de l’approximation des enveloppes lentement variables. Les trois champs électriques qui intéragissent sont décrits par des
ondes planes monochromatiques, se propageant suivant l’axe Oz, d’amplitudes Ai à la fréquence angulaire ωi et de même polarisation pour simplifier
le problème. Le milieu est supposé transparent à ces fréquences. On obtient
d’après l’équation C.3 une équation de propagation pour chacune de ces
amplitudes :
∂Ai
ıωi 2
=
χ (ωk , δn ωn )Ak A∗n eı[(kk +δn kn −ki )z]
∂z
2ni c
(C.4)
avec δn = −1 pour (i = 1, k = 3, n = 2) et (i = 2, k = 3, n = 1) et vaut
1 pour le triplet (i = 3, k = 1, n = 2). On apelle désaccord de phase la
−
→
−
→ −
→ −
→
quantité ∆ k donnée par k3 − k1 − k2 . On peut montrer que dans le cas où
les relaxations du milieu sont négligées, les composantes χ(2) (ωk , δn ωn ) sont
égales entre elles. Il est à noter que le tenseur χ(2) est rarement utilisé, on
lui préfère de façon générale son homologue d plus aisé à manipuler :
Ex2
Ey2
d11 d12 d13 d14 d15 d16
Px,N L
Ez2
Py,N L = ε0 d21 d22 d23 d24 d25 d26 ×
(C.5)
2Ey Ez
Pz,N L
d31 d32 d33 d34 d35 d36
2Ex Ez
2Ex Ey
C.3
Conditions d’accord de phase
Pour maximiser l’efficacité de conversion, il faut qu’il y ait conservation
de l’énergie (ω3 = ω1 + ω2 ) et accord de phase. Si l’accord de phase n’est pas
réalisé, la conversion des ondes pompes est peu efficace et par conséquent,
on peut négliger la dépletion de ces ondes pompes, c’est-à-dire que l’on
peut supposer les intensités des ondes 1 et 2 comme constantes lors de
leur propagation. Dans ce cas précis, la puissance de l’onde résultante 3 est
donnée par :
2π 2 d2ef f P1 P2 L2
∆kLc
P3 (Lc ) =
sin2c (
)
(C.6)
2
2
n1 n2 n3 λ3 πw0
2
où Lc est la longueur du cristal et w0 le col des faisceaux à supposer qu’il
soit le même pour tous. On constate que la conversion est optimisée pour
un accord de phase minimal. De plus, cette relation met en évidence une
π
du cristal : sur la première demi-période
longueur de cohérence Λ = ∆k
Λ, il y a transfert d’énergie des ondes 1 et 2 vers l’onde 3 alors que sur la
deuxième demi-période, c’est l’inverse qui se produit (voir figure C.1(c)).
166
C.4. QUASI-ACCORD DE PHASE
Cette longueur de cohérence est de l’ordre de 1 à 100 µm, elle détermine la
longueur utile du cristal. D’une façon plus générale, la conversion peut se
mettre sous la forme :
P3 = ΓP1 P2
(C.7)
où Γ est le facteur de conversion qui dépend des fréquences des trois ondes
intervenant dans le processus, de la longueur du cristal, de def f , du coefficient d’absorption de l’onde 3 dans le cristal et d’une fonction d’ouverture
h sans dimension qui caractérise le processus [120]. Concernant le processus
de conversion, il peut s’agir d’une somme de fréquence ou d’une génération
de seconde harmonique et dans ce cas ω1 = ω2 = ω = ω3 /2.
Selon les polarisations des ondes incidentes, l’accord de phase est qualifié
de type I pour des polarisations incidentes identiques ou de type II dans
l’autre configuration. Si l’accord de phase est critique (voir figure C.2), on
définit l’angle de double réfraction ρ (ou Walk-off en anglais) comme l’angle
−
→
−
→
entre le vecteur de Poynting Π et le vecteur k de l’onde extraordinaire.
Ce walk-off limite l’interaction entre les deux ondes pompes dans la mesure
où leurs faisceaux ne se recouvrent plus complètement dans le cristal (voir
figure C.3).
C.4
Quasi-accord de phase
Il n’est pas toujours évident d’obtenir un accord de phase dans un milieu biréfringent pour n’importe quelle fréquence des ondes pompes. L’autre
problème que pose ce type d’accord de phase est bien-sûr le walk-off. Le
quasi accord de phase permet de s’affranchir de ces deux inconvénients. Il
a été proposé en 1962 par J. A. Armstrong [121] et son principe s’appuie
sur la modulation spatiale de la polarisation macroscopique, par exemple
en alternant sur une période de Lc le signe de def f . Ainsi, le désaccord de
phase entre les deux ondes pompes 1 et 2 s’annule à chaque inversion de
domaine de polarisation et l’on peut de cette façon augmenter la puissance
de l’onde résultante 3. Les courbes (a) et (b) de la figure C.1 résument ces
processus d’accord de phase et quasi-accord de phase.
167
ANNEXE C. RAPPELS D’OPTIQUE NON LINÉAIRE
Fig. C.1 – Puissance de sortie de l’onde 3 en fonction de la longueur du
cristal. La courbe (a) représente l’accord de phase (∆k = 0). En (b), il
s’agit de la configuration quasi-accord de phase. La courbe (c) correspond à
∆k 6= 0.
168
C.4. QUASI-ACCORD DE PHASE
z
(a )
(b )
z
k , P (w )
n '( 2 w , q )
k , P (w ), P (2 w )
P (2 w )
r
n '( 2 w , q )
q
n o(w )
x
x
n o(w )
Fig. C.2 – Exemple d’accord de phase critique (a) et non critique (b) dans
un cristal uniaxe. n′ (2ω, θ) et n(ω) représentent respectivement les surfaces
d’indice extraordinaire et ordinaire.
r
c r is ta l
O n d e s p o m p e s
Fig. C.3 – Recouvrement non optimal des ondes pompes dans le cristal à
cause de l’angle de double réfraction ρ.
169
ANNEXE C. RAPPELS D’OPTIQUE NON LINÉAIRE
170
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