Pour citer cet article : Petit A et al., Addiction à la cocaïne : un facteur de risque de suicide ?, Presse Med (2012), doi: 10.1016/
j.lpm.2011.12.006.
en ligne sur / on line on
www.em-consulte.com/revue/lpm
www.sciencedirect.com
Médecine des addictions/Psychiatrie
Mise au point
Presse Med. 2012; //: ///
ß 2012 Publié par Elsevier Masson SAS.
Addiction à la cocaïne : un facteur de risque
de suicide ?
[TD$FIRSNAME]Aymeric[TD$FIRSNAME.] Petit1, [TD$FIRSNAME]Michel[TD$FIRSNAME.] R
[TD$SURNAME] eynaud[TD$SURNAME.]2, [TD$FIRSNAME]Michel[TD$FIRSNAME.] L[TD$SURNAME] ejoyeux[TD$SURNAME.]1, [TD$FIRSNAME]Sarah[TD$FIRSNAME.] C[TD$SURNAME] oscas[TD$SURNAME.]2, [TD$FIRSNAME]Laurent[TD$FIRSNAME.] K
[TD$SURNAME] arila[TD$SURNAME.]2,3
1. Hôpital Bichat, service de psychiatrie, 75018 Paris, France
2. Hôpital Paul-Brousse, centre d’enseignement, de recherche et de traitement des
addictions, 94800 Villejuif, France
3. CEA, Inserm U1000, 91401 Orsay cedex, France
Correspondance :
Aymeric Petit, Hôpital Bichat–Claude-Bernard, 46, rue Henri-Huchard, 75018 Paris,
France.
aymericpetit@hotmail.fr
Key points
Addiction to cocaine: A risk factor for suicide?
Cocaine is an illicit substance which is the greatest suicideinduced potential. Studies show a link between cocaine
dependence and suicide.
The prevalence of its use, in the days leading up to a suicide,
may vary as between 9.4 and 20% according to the chosen
method.
The number of suicides is important. The acting out may be
present at all stages of the addictive cycle associated with
cocaine.
On the 12th National Day on Suicide Prevention devoted to
addictions and suicide, it was recommended that addictive
phenomena should be taken more into account by experts in
the subject, and that the risk of suicide should be evaluated by
specialists in addiction in order that people presenting a risk be
placed in appropriate preventative care in time.
D
epuis les années 1980 aux États-Unis, et les années
1990 en France, une augmentation de la consommation de
cocaïne en population générale est constatée [1], la presse
évoquait même « la peste cocaïnique » ou « la déferlante
cocaïne » [2]. Le niveau d’usage de la cocaïne qui a longtemps
tome // > n8/ > /
doi: 10.1016/j.lpm.2011.12.006
Points essentiels
La cocaïne est la substance psychoactive qui a le plus grand
potentiel suicidogène devant l’alcool. Des études mettent en
évidence une association entre dépendance à la cocaïne,
suicide et tentatives de suicide.
La prévalence du suicide chez ces dépendants varie entre
9,4 et 20 % selon les études, alors que celle des tentatives de
suicide oscille entre 10 et 38 % selon la méthode.
Le nombre de passages à l’acte sous produit est important. Le
passage à l’acte peut être présent à toutes les étapes du cycle
addictif lié à la cocaïne.
Lors de la 12e journée nationale de prévention du suicide
consacrée à addictions et suicide, il a été recommandé que les
phénomènes addictifs soient mieux pris en compte par les
professionnels de la prévention du suicide, et le risque suicidaire mieux appréhendé par les experts des addictions, de
manière à faciliter les itinéraires des personnes à risque et les
orienter vers les structures adéquates au bon moment.
été inférieur à celui des opiacés entre les années 1970 et
1980 est désormais nettement supérieur [2]. Les données
actuelles estiment à 14 millions le nombre d’Européens (15–
64 ans) ayant expérimenté la cocaïne au moins une fois au
cours de leur vie [3], et de 1,5 millions le nombre de Français
métropolitains expérimentateurs en 2010 [4]. Le nombre de
1
Disponible sur internet le :
LPM-1730
Pour citer cet article : Petit A et al., Addiction à la cocaïne : un facteur de risque de suicide ?, Presse Med (2012), doi: 10.1016/
j.lpm.2011.12.006.
A Petit, M Reynaud, M Lejoyeux, S Coscas, L Karila
personnes consommant de la cocaïne en Europe est estimé à
quatre millions [3] et à 400 000 en France parmi les 11–75 ans
au cours de l’année 2010 [4]. La consommation de cocaïne est
largement médiatisée dans ses différents aspects (consommation chez les jeunes, célébrités), mais n’est pas un phénomène
récent. En effet, c’est au décours de la Première Guerre Mondiale que la consommation se développe très largement en
Allemagne et en France, dans des populations traumatisées,
fragilisées par ce conflit. Paris devient la capitale de la cocaïne,
largement utilisée dans les milieux de la prostitution, à Montmartre dans les établissements de nuit, et dans le quartier
latin, où la « cocaïnomanie » se répand chez les étudiants. En
1924, le préfet de police de Paris dénombre 80 000 cocaïnomanes dans la capitale [5]. Dans son ouvrage sur la
cocaïne, Maier évoque dès 1928 le lien entre cocaïne et
suicide [5].
L’abus et la dépendance à la cocaïne s’accompagnent donc d’un
risque accru de suicide [6–9], qui se défini par la mort autoinfligée avec évidence (implicite ou explicite) de l’intention de
mourir [10]. Ces processus addictifs s’accompagnent également d’un risque de tentative de suicide (TS) [11], qui se
définit par un comportement auto-infligé, potentiellement
dangereux, sans issue fatale, pour lequel il existe une preuve
(explicite ou implicite) de l’intention de mourir [12].
Devant l’importance du nombre de passages à l’acte sous
produit, il nous a semblé donc opportun de réaliser une
synthèse des données disponibles et d’établir les liens de
causalité entre la prise de cocaïne et l’apparition de conduites
suicidaires. Nous avons sélectionné les articles scientifiques de
langue anglaise et française publiés entre 1967 et 2011 en
consultant les bases de données Medline, Embase, Psycinfo et
Google Scholar. Les mots clés utilisés seuls ou en association
sont les suivants : « Cocaine », Dependence », « Suicide »,
« Suicidal tendencies » et « Suicidal ideation ».
Nous abordons les données épidémiologiques, les facteurs de
risque et de protection du trouble, puis nous proposons une
approche psychopathologique du phénomène et des recommandations de prise en charge.
Problématique de la consommation de
cocaïne
2
La cocaïne existe sous différentes formes : le chlorhydrate de
cocaïne, la pâte de cocaïne, la free base et le crack [13]. Le
chlorhydrate de cocaïne est extrait des feuillets de l’Erythroxylon coca et prend la forme de poudre blanche, floconneuse et
cristalline [13]. Lors des premières prises de cocaïne, les
personnes rapportent une sensation de bien-être et d’euphorie,
avec élation de l’humeur, stimulation de la vigilance et diminution de la sensation de fatigue. Les profils d’usagers de cocaïne
sont devenus, avec la généralisation de la diffusion, de plus en
plus hétérogènes. En effet, la cocaïne n’est plus consommée
uniquement par les groupes à fort pouvoir d’achat, ou très
marginalisés, mais touche toutes les classes sociales [13].
Il existe deux formes de cocaïne fumable qui sont la free base et
le crack obtenues par le mélange du chlorhydrate de cocaïne à
l’ammoniaque ou au bicarbonate de soude. Cette association
conduit à une cristallisation de l’alcaloïde qui chauffé permet
d’obtenir de la vapeur de cocaïne ou une forme solide appelée
cailloux [13].
Les usagers de crack et de freebase ont généralement un usage
compulsif du produit, qui semble aller de pair avec une grande
précarité, souvent accentué par l’usage du produit lui-même :
perte de l’activité professionnelle, perte du domicile, recherche
discontinue du produit, alimentation sacrifiée au profit d’une
dose. Le crack est principalement consommé dans les « milieux
marginaux », par des injecteurs d’héroïne sevrés ou non dont la
descente conduit à la prise de benzodiazépines. Le profil de
l’usager de crack est différent de l’usager de cocaïne : il souffre
de désocialisation et de troubles du comportement (conduites
antisociales, recherche de nouveaux comportements, suicides)
déclenchés ou accentués par l’usage de produit.
Comportements suicidaires et addiction à la
cocaïne
Épidémiologie
Prévalence
Consommation de cocaïne et décès par suicide
De nombreuses études mettent en évidence une association
entre l’abus ou la dépendance de cocaïne et le suicide
[6,9,14,15], dans lesquelles la prévalence de la consommation
de cocaïne, les jours précédents le suicide, est estimée entre
9,4 et 20 % [6,9,14,15]. Les résultats figurent au tableau I. Dans
une étude récemment conduite dans 13 états en Amérique du
Nord, Karsch et al. ont montré à l’aide de tests d’immunochimie
recherchant les anticorps dirigés contre le benzoylecgonine
(catabolite principal de la cocaïne) que 9,4 % des 6865 personnes décédées par suicide avaient consommé de la cocaïne
dans les jours précédents [15].
Une relation entre la consommation de cocaïne et le décès par
suicide a également été cherchée dans une étude post-mortem
menée entre 1994 et 1998 [9]. Elle a montré que parmi
416 suicidés, 9,9 % avaient consommé de la cocaïne les jours
précédents [9].
Un travail réalisé auprès de 21 500 personnes entre 1983 et
1995 a mis en évidence une prise de cocaïne avant ou au
moment du passage à l’acte chez 11,4 % des sujets autopsiés
[14].
Dans une autre étude post-mortem réalisée chez 61 New
Yorkais décédés par suicide, 20 % des personnes avaient
consommé de la cocaïne dans les jours qui précédaient le
décès [6].
Le suicide est ainsi l’une des causes principales de décès chez
ces sujets dépendants [6]. En effet, le taux annuel de suicide
tome // > n8/ > /
Pour citer cet article : Petit A et al., Addiction à la cocaïne : un facteur de risque de suicide ?, Presse Med (2012), doi: 10.1016/
j.lpm.2011.12.006.
Prévalence de consommateurs de cocaïne parmi les suicidants
Études
Prévalence de consommateurs
de cocaïne parmi les suicidés (%)
Karch et al., 2006 [15,41]
9,4
Garlow et al., 2002 [9]
9,9
Ryb et al., 2009 [14]
11,4
Marzuk et al., 1992 [6]
20
des consommateurs de cocaïne est 45 fois plus élevé dans cette
population [6].
Consommation de cocaïne et tentatives de suicide
Les TS s’accompagnent fréquemment d’une consommation
de cocaïne [16]. En effet, la cocaïne est la substance psychoactive qui a le plus grand potentiel suicidogène devant
l’alcool. Petronis et al. ont montré, dans une méta-analyse
regroupant 13 673 patients aux États-Unis, que les abuseurs
de cocaïne avaient de manière significative un risque plus
important de passage à l’acte contrairement aux abuseurs
d’alcool [16]. L’étude va plus loin en affirmant que l’abus de
cocaïne augmente plus le risque de TS que le syndrome
dépressif, le fait d’être divorcé ou séparé [16]. D’après Véga
et al., l’abus ou la dépendance à la cocaïne multiplie par cinq
le risque de TS [17].
Une étude australienne a étudié la prévalence des TS chez
183 consommateurs de cocaïne (120 patients injecteurs et
63 patients non injecteurs) [11] (encadré 1). L’essai a montré
que la voie injectable augmentait la prévalence de TS (38 %
pour les injecteurs contre 10 % pour les non injecteurs).
Caractéristiques sociodémographiques des suicidants et
suicidés dépendants à la cocaïne
Caractéristiques des suicidants dépendant à la cocaïne
Les suicidants sont les personnes qui ont fait une TS [10]. L’âge
moyen des suicidants est de 30,1 ans (32,3 ans pour les
patients injecteurs et 26,7 ans pour les non injecteurs) [11].
On trouve plutôt des femmes parmi ces suicidants, même si la
Encadré 1
Prévalence des tentatives de suicide parmi les dépendants à la
cocaïne
Prévalence des tentatives de suicide chez les sujets dépendants à
la cocaïne en fonction de la voie d’administration [11] :
38 % : patients injecteurs de cocaïne ;
10 % : patients non injecteurs de cocaïne.
tome // > n8/ > /
voie injectable est plus trouvée chez l’homme (72 % des
injecteurs suicidants sont des hommes) qui sont souvent sans
emploi (84 % des injecteurs et 23 % des non injecteurs) [11].
Darke et al. observent qu’un injecteur sur deux suicidants a un
antécédent d’incarcération contre 1 % chez les non injecteurs
[11]. Enfin, 39 % des suicidants dépendants à la cocaïne ont
effectué des études universitaires (24 % des injecteurs contre
68 % des non injecteurs) [11].
L’anamnèse révèle qu’un quart des suicidants injecteurs est
passé plusieurs fois à l’acte contre 3 % pour les non injecteurs
[11]. Parmi les suicidants, l’ingestion médicamenteuse volontaire (le plus souvent des benzodiazépines), la phlébotomie au
niveau des poignets et l’overdose volontaire sont les méthodes
les plus trouvées [11]. Les auteurs ajoutent que la prise
concomitante d’héroïne est trouvée à la fois chez les suicidants
injecteurs et non injecteurs [11].
Mise au point
Tableau I
Médecine des addictions/Psychiatrie
Caractéristiques des suicidés dépendants à la cocaïne
Les suicidés (personnes décédées par suicide) dépendants à la
cocaïne ont des caractéristiques particulières par rapport aux
sujets non dépendants sans antécédent de passage à l’acte.
L’âge moyen est de 32,4 ans [9]. Il s’agit le plus souvent de
personnes de sexe masculin [9,18,19], célibataires ou séparées
[9], sans emploi et avec un parcours scolaire chaotique [20].
Ces suicidants ont d’autres dépendances (alcool, opiacés) ainsi
que des co-morbidités somatiques ou un épisode dépressif
majeur associés [20]. Des troubles de personnalité (évitante,
antisociale) sont fréquemment trouvés, ainsi que des
antécédents de TS.
On observe comme co-morbidités la présence d’un syndrome
dépressif et des antécédents de maladies somatiques comme
le VIH [20]. Le chômage, l’isolement, les séparations, ainsi que
des antécédents familiaux de suicide sont également trouvés
dans cette population [20].
Enfin, la notion de maltraitance pendant l’enfance à type
notamment d’abus sexuels et de sévices corporels est mise
en avant chez les suicidants dépendants à la cocaïne [20].
La voie violente est majoritairement trouvée chez ces dépendants suicidés (arme à feu, puis pendaison et défenestration)
[20].
Clinique de la crise suicidaire dans le cadre de
l’addiction à la cocaïne
Moyens létaux : armes à feu
Pour les suicides, les armes à feu constituent le moyen le plus
fréquemment utilisé devant la pendaison et la défenestration
[11]. La prévalence du décès par arme à feu est deux fois plus
importante chez les usagers de cocaïne qu’en population
générale [6]. Les hommes sont majoritairement trouvés.
Cette constatation peut être attribuable à des facteurs sociodémographiques trouvés chez les consommateurs de
cocaïne, tels que la plus grande présence d’hommes jeunes,
3
Addiction à la cocaïne : un facteur de risque de suicide ?
Pour citer cet article : Petit A et al., Addiction à la cocaïne : un facteur de risque de suicide ?, Presse Med (2012), doi: 10.1016/
j.lpm.2011.12.006.
A Petit, M Reynaud, M Lejoyeux, S Coscas, L Karila
de personnalité antisociale et surtout de l’accessibilité aux
armes à feu [21].
Une recherche américaine a étudié la relation entre la
consommation de cocaïne et le suicide entre 1994 et 1998
[9]. Sur les 374 patients décédés par suicide, 316 (84,5 %) ont
eu recours à une méthode violente (pendaison, arme blanche,
arme à feu et défenestration) [9]. Parmi ces 316 personnes,
234 (62,6 %) ont utilisé une arme à feu [9].
Une étude réalisée à San Diego a montré que la moitié des
suicidés ayant un test toxicologique positif à la cocaïne avait
utilisé une arme à feu [22].
Une étude rétrospective (1989–2003) incluant 1296 personnes
décédées par suicide et ayant un test toxicologique postmortem positif à la cocaïne, a trouvé une prévalence de suicide
par arme à feu de 65,3 % [18].
Modalité de consommation de la cocaïne associée à la
crise suicidaire
Durée, quantité et sévérité de l’usage de consommation
Une étude a montré que les patients dépendants à la cocaïne
les plus exposés aux crises suicidaires sont ceux dont la
dépendance a commencé dès l’adolescence [23]. La quantité
totale de cocaïne absorbée [23], la durée de l’intoxication
[23,24], ainsi que l’augmentation récente des doses renforcent le risque de conduites suicidaires [23]. Il convient de
remarquer que la consommation abusive de cocaïne est de
moins longue durée que pour l’alcool avant le passage à l’acte
(19 ans en moyenne après le début de l’alcoolodépendance et
12 ans après le début de la consommation abusive de cocaïne)
[25].
Forme du produit
La consommation de cocaïne base (crack ou free base) provoque un effet psychostimulant plus intense que le chlorhydrate
de cocaïne (poudre) [23]. Cette forme inhalée augmente de
manière significative le risque de suicide et d’homicide surtout
au moment du sevrage par rapport au chlorhydrate de cocaïne
[26].
4
Voie d’administration
L’étude de la voie d’administration est fondamentale, car le
risque de TS et le degré de violence sont plus élevés chez les
patients injecteurs [26].
Une étude américaine a établi un risque de passage à l’acte plus
important chez les injecteurs de cocaïne et les inhaleurs [23].
Ces deux voies induisent un niveau d’impulsivité plus fort et
augmentent le risque de passage à l’acte [23].
Dans une étude australienne réalisée chez 183 consommateurs
de cocaïne (injecteurs versus non injecteurs) [11], une plus
forte prévalence de TS (38 % versus 10 %) et de tentatives
multiples (23 % versus 3 %) était trouvée chez les injecteurs.
De même, une étude réalisée à Baltimore entre 2000 et 2002 a
trouvé significativement plus de TS chez les injecteurs de
cocaïne que chez les non injecteurs (31 % versus 14 %).
Co-morbidités psychiatriques associées aux
conduites suicidaires dans la dépendance à la
cocaïne
Les co-morbidités sont importantes chez les patients dépendants à la cocaïne qui se suicident. La co-morbidité cocaïne–
troubles psychiatriques est un facteur qui augmente le risque
de suicide [6,7].
Les troubles psychiatriques préexistants combinés aux facteurs
environnementaux et sociaux semblent jouer un rôle tout aussi
important que l’effet pharmacologique de la cocaïne dans la
genèse des conduites suicidaires [27].
Épisode dépressif majeur
L’attrait de la mort pour les suicidants consommant de la
cocaïne peut être exprimé, prémédité ou caché dans les
dépressions. L’épisode dépressif majeur, reconnu comme un
facteur suicidogène important, est plus fréquemment trouvé
dans cette population dépendante à la cocaïne que dans la
population générale [8]. En effet, 86,9 % des sujets dépendants
à la cocaïne, ayant fait une TS, ont un antécédent d’épisode
dépressif majeur [20]. L’étude de la co-morbidité montre en
effet une très forte corrélation entre les suicidants dépendants
à la cocaïne et les épisodes dépressifs majeurs [20]. Le taux de
prévalence de la dépression varie en fonction du moment où se
situe l’évaluation par rapport au sevrage [28]. En effet, cette
prévalence est maximale au début du sevrage et diminue après
dix jours d’arrêt de la consommation [28]. La dépression chez
les personnes dépendantes à la cocaïne est le plus souvent
secondaire et régresse avec le sevrage thérapeutique [28].
Troubles anxieux
Le rôle de l’anxiété en tant que facteur suicidogène chez les
sujets dépendants à la cocaïne reste difficile à appréhender
dans la mesure où ce trouble se manifeste sous différentes
formes. Le trouble panique est fréquemment trouvé dans
l’addiction à la cocaïne et est associé à des conduites suicidaires, ce qui n’est pas le cas pour les autres formes de troubles
anxieux, notamment le trouble anxieux généralisé [29]. Cette
observation est retrouvée essentiellement chez les hommes
[29]. L’étude de la co-morbidité montre en effet une très forte
corrélation entre les suicidants dépendants à la cocaïne et les
troubles anxieux [20].
Troubles de la personnalité
Les troubles de la personnalité, constituant des facteurs de
vulnérabilité suicidaire [30], sont fréquemment trouvés chez
les personnes dépendantes à la cocaïne. Ces comportements
marqués par l’impulsivité, des moments d’anxiété et de colères
intenses difficiles à contrôler sont des éléments favorisant le
passage à l’acte [30]. Les troubles de personnalité de type
borderline, dépendante et antisociale sont les plus mises en
évidence parmi les suicidants consommant de la cocaïne [20].
Les sujets dépendants à la cocaïne ayant fait des TS répétées
tome // > n8/ > /
Pour citer cet article : Petit A et al., Addiction à la cocaïne : un facteur de risque de suicide ?, Presse Med (2012), doi: 10.1016/
j.lpm.2011.12.006.
Schizophrénie
La prévalence de la consommation de cocaïne parmi les schizophrènes varie entre 15 et 70 % selon les études [31]. Une
étude a comparé la prévalence des troubles liés à l’usage de
cocaïne chez une population de patients schizophrènes et non
schizophrènes [10]. Par rapport à la population générale, les
patients schizophrènes avaient une consommation vie entière
de cocaïne supérieure (160 %) [31]. De plus, il a été montré que
les schizophrènes abuseurs ou dépendants à la cocaïne avaient
une prévalence de suicide supérieure (50 %) aux schizophrènes
non dépendants (37,3 %) [32]. Les méthodes violentes, en
particulier l’usage d’armes à feu, sont les plus fréquemment
retrouvées [33], ce qui explique que le passage à l’acte chez le
schizophrène dépendant à la cocaïne est plus violent, et donc
plus létal que chez le schizophrène non dépendant [33]. Les
schizophrènes dépendants, qui décèdent par suicide, sont plus
fréquemment célibataires [33]. Le suicide a tendance à apparaître plus précocement chez eux que dans la population
schizophrène non dépendants [33].
Trouble bipolaire
La cocaïne est la troisième substance la plus consommée parmi
les patients bipolaires, après l’alcool et le cannabis [26]. L’étude
NESARC a retrouvé une prévalence vie de 4,9 % pour l’abus de
cocaïne et de 7,5 % pour la dépendance chez les personnes
ayant des antécédents de manie [34]. Chez les sujets dépendants, 25,3 % avaient des antécédents de manie et 9,3 % des
antécédents d’hypomanie [34].
Dans une étude portant sur 392 patients atteints de troubles
bipolaires, Cassidy et al. ont trouvé une prévalence vie de
24,2 % d’abus ou de dépendance à la cocaïne, versus
48,5 % pour l’alcool, 36 % pour le cannabis et 4,2 % pour
les opiacés [35]. D’autres études ont examiné la prévalence de
l’abus et la dépendance à la cocaïne pour différencier les
troubles bipolaires de type I et de type II [36,37]. Ils ont trouvé
une prévalence vie de 10 % chez les patients bipolaires de type
I et de 5 % pour les patients bipolaires de type II. D’une manière
générale, les patients ayant un trouble bipolaire et un trouble
lié à la consommation de cocaïne connaissent une évolution
plus péjorative que les patients ayant l’une ou l’autre des
maladies. Il a également été observé que les patients ayant
une maladie liée à la consommation de cocaïne ont des
difficultés à suivre une prise en charge de manière durable [35].
L’évolution du trouble bipolaire apparaît plus péjorative lorsqu’il se trouve associé à un trouble lié à l’utilisation de cocaïne,
avec un nombre total de décompensation plus élevé, une durée
des épisodes plus longue, une moins bonne compliance aux
soins [35]. La consommation de cocaïne chez le patient bipolaire favorise une augmentation de l’impulsivité, une plus
tome // > n8/ > /
grande fréquence des comportements violents et une augmentation du risque de suicide [38].
Syndrome de stress post-traumatique
Dans une étude longitudinale réalisée chez les vétérans de la
guerre du Vietnam ayant un test toxicologique positif à la
cocaïne (n = 1227) à l’autopsie, Price et al. montrent que les
courbes de syndrome post-traumatiques et de conduites suicidaires sont parallèles, malgré une diminution des troubles
addictifs [39]. De plus, nous pouvons ajouter que la présence de
traumatismes subis dans l’enfance dans cette population
dépendante contribue à augmenter le risque de conduites
suicidaires [39].
Mise au point
ont un niveau plus élevé de recherche de sensations, ceci
principalement chez les hommes [20].
Médecine des addictions/Psychiatrie
Co-morbidités addictives associées aux conduites
suicidaires dans la dépendance à la cocaïne :
approche par produit
Place relative de la cocaïne
Une étude a traité les liens entre abus de substance, dépendance et suicide afin d’envisager la place relative de la cocaïne
par rapport aux autres substances psychoactives (alcool, benzodiazépine, cannabis, opiacés) [40]. La dépendance aux benzodiazépines multiple par 40 le risque de TS, tandis que la
dépendance au cannabis, à la cocaïne, à l’alcool et aux opiacés
l’augmentent respectivement de 4, 5, 8 et 14 [40]. Aux ÉtatsUnis, les analyses toxicologiques (qualitatives) post-mortem
montrent une prévalence de 33,3 % pour l’alcool, de 16,4 %
pour les opiacés, de 9,4 % pour la cocaïne, de 7,7 % pour le
cannabis et de 3,9 % pour les amphétamines chez les victimes
testées [41].
Comportement suicidaire et consommation associée
d’alcool et de cocaïne
Grant et Harford estiment que 2,4 à 6,1 % de la population nord
américaine a cette double dépendance [42]. Dans cette population, une augmentation de la consommation d’alcool est
rapportée dans les semaines précédant le suicide [43].
Comportement suicidaire et consommation associée
d’opiacés et de cocaïne
Une étude américaine a retrouvé une prévalence de 39,3 % de
passages à l’acte parmi une population de 527 sujets dépendants à l’héroïne [44]. Ces personnes étaient de jeunes adultes,
majoritairement des hommes, et avaient des antécédents
personnels et familiaux de TS, ainsi qu’une co-dépendance à
la cocaïne [44]. L’étude a conclu que la double dépendance
héroïne–cocaïne constituait un facteur de risque de suicide [44].
Facteurs de risque
L’articulation de plusieurs facteurs de risque (individuel, psychopathologique, comportemental, familial, social) doit être
prise en compte dans la description et la compréhension du
suicide chez les dépendants à la cocaïne [44]. L’augmentation
du nombre de facteurs de risque de suicide et la précocité de
5
Addiction à la cocaïne : un facteur de risque de suicide ?
Pour citer cet article : Petit A et al., Addiction à la cocaïne : un facteur de risque de suicide ?, Presse Med (2012), doi: 10.1016/
j.lpm.2011.12.006.
A Petit, M Reynaud, M Lejoyeux, S Coscas, L Karila
leur apparition dans l’histoire addictive accroît le risque et la
gravité du passage à l’acte [44].
Dépression et « hopelessness »
Des études ont tenté de mettre en évidence des critères de
prédiction du suicide chez les patients dépressifs dépendants à
la cocaïne ou non, en établissant une nuance entre la dépression et l’« hopelessness » ou absence d’espoir [45,46]. Selon
eux, le suicide ne semblait pas corrélé à la gravité de la
dépression mais à l’importance de l’« hopelessness », ou perte
d’espoir dans le futur [45,46].
Antécédents de tentative de suicide
Les antécédents de TS et l’« hopelessness » sont décrits comme
les principaux facteurs prédictifs du suicide chez ces sujets
dépendants [47,48]. Fawcette a mis en évidence que le risque
de suicide chez ces patients aux antécédents de TS est
important surtout en cas d’abus de cocaïne et d’alcool [49].
Troubles de personnalité prédictifs de la survenue
d’un trouble lié à l’utilisation des drogues
Une étude a tenté de mettre en évidence des facteurs de
personnalité prédictifs de la survenue d’un trouble lié à l’utilisation des drogues [44]. Parmi les facteurs identifiés, on
trouve la conduite antisociale, la délinquance, l’instabilité,
l’agressivité, l’intolérance à la frustration et l’impulsivité. Ces
troubles des conduites sont également retrouvés dans le suicide dans lesquels l’utilisation de cocaïne désinhibe les
comportements agressifs et conduit à des suicides impulsifs
qui seraient évités si la personne n’avait pas consommé avant
son décès [44]. S’ajoutent aussi comme facteurs de risque, des
problèmes avec la loi et la disponibilité d’une arme à feu chez
ces personnalités antisociale [44]. Cette possession d’armes à
feu participe au caractère violent du passage à l’acte, décrit
comme plus impulsif et moins en rapport avec l’intentionnalité
suicidaire [44].
Facteurs physiques et psychosociaux
6
On souligne, dans cette population, un cumul de problèmes de
consommation, d’estime de soi pauvre et d’absence de projet
de vie [14]. Les sujets dépendants à la cocaïne les plus exposés
aux crises suicidaires sont ceux dont la conduite de dépendance a commencé tôt et qui ont le plus de troubles de la
personnalité (personnalité antisociale, borderline) [14]. Les
sujets dépendants à la cocaïne sont fréquemment exposés à
des difficultés socioprofessionnelles [14]. Les principaux facteurs de risque de survenue de crise suicidaire sont en plus de
la dépression et des antécédents personnels de TS, les maladies somatiques (infection par le VIH), la séparation avec les
parents, l’adoption ou le placement, les violences familiales,
l’échec scolaire, l’incarcération, le chômage et les difficultés
financières [14].
Syndrome de sevrage
Le syndrome de sevrage en cocaïne se traduit cliniquement par
un « crash » s’apparentant cliniquement à un syndrome dépressif (dysphorie, asthénie, troubles du sommeil, ralentissement
psychomoteur) [28]. Cette période de sevrage (« la
descente »), notamment dans ses suites immédiates, est
marquée par un risque majeur de passage à l’acte auto- et
hétéro-agressif souvent grave [28]. De plus, les sujets dépendants à la cocaïne ont plus fréquemment un épisode dépressif
majeur. En effet, la prévalence vie entière de la dépression
varie entre 25 et 61 % dans cette population [26]. Ainsi, en cas
d’association de ces deux syndromes, dépressif et de sevrage,
l’émergence de ruminations, d’idées noires, d’un sentiment de
solitude, de désespoir, d’autodévalorisation et d’incurabilité
précipitant le passage à l’acte est favorisée [26]. Il n’existe
pas de données sur les TS dans le cadre d’un syndrome de
sevrage à la cocaïne sans épisode dépressif sous-jacent. Il
convient de rappeler que le passage à l’acte peut être présent
à toutes les étapes du cycle addictif lié à la cocaïne que ce soit
lors du sevrage ou de périodes d’intense craving [50].
Co-morbidités addictologiques
La polyconsommation ou polydépendance (cocaïne, psychotropes, héroïne) aggrave le pronostic, en augmentant à la fois
le risque de passage à l’acte et de complications médicales
[51]. De plus, un haut degré d’impulsivité et l’utilisation de la
voie intraveineuse sont fréquemment associés à la répétition
des TS et à la violence des méthodes utilisées [11].
Nous notons la présence d’un certain nombre de facteurs de
risque individuels et environnementaux communs aux deux
problématiques. Les troubles de personnalité, l’absence de
soutien et d’intégration sociale constituent des dénominateurs
communs pouvant favoriser à la fois la conduite addictive et la
crise suicidaire [11]. Les dépendants à la cocaïne sont exposés
au passage à l’acte, non seulement à cause de l’action désinhibitrice du produit mais aussi à cause de leur isolement
affectif et de l’absence de liens sociaux [11]. Plus il y a de TS
dans les antécédents, plus le risque de voir réussir la prochaine
tentative est grand [11].
Facteurs protecteurs
S’il existe de nombreux facteurs de risque suicidaire, on trouve
également des facteurs de protection. Il s’agit essentiellement
de facteurs psychosociaux comme un soutien familial ou un
étayage social de qualité comme un emploi et une bonne
intégration au sein de la société [52]. L’effet protecteur du
soutien social a été montré à plusieurs reprises sur le plan
physique et mental notamment dans son rôle de protection
face au suicide [52,53]. Or un proche qui est épuisé et découragé ne peut plus assumer son rôle de soutien et de frein au
suicide. Il convient donc d’accorder de l’importance et une
écoute attentive au tissu familial afin de diminuer le niveau
tome // > n8/ > /
Pour citer cet article : Petit A et al., Addiction à la cocaïne : un facteur de risque de suicide ?, Presse Med (2012), doi: 10.1016/
j.lpm.2011.12.006.
d’épuisement des proches et de favoriser le maintien d’un lien
de qualité avec la personne suicidaire. Dans cette perspective, il
serait indiqué d’offrir systématiquement des programmes de
soutien et d’accompagnement aux proches des personnes
suicidaires et souffrant d’addiction [53].
décédés par suicide, l’événement déclencheur avait été initié
par l’entourage à cause de l’incapacité du sujet à modifier son
comportement [14]. Ce processus prive le dépendant d’un
important facteur de protection du suicide : le soutien social et
familial.
Déterminants psychologiques
Équivalent suicidaire
Recherche de sensation et l’impulsivité
Cette conduite addictive peut s’apparenter à un équivalent
suicidaire avec surdoses de cocaïne à répétition et escalade
dans la prise de produits (cocaïne, alcool, benzodiazépines,
héroïne) [54]. La prévalence d’overdose en cocaïne peut être
considérée comme un équivalent suicidaire de par son
caractère autodestructeur [54]. Elle est liée à la durée de
consommation de cocaïne et à la consommation associée
d’opiacés. La voie injectable sous forme de speed-ball favorise
le risque d’overdose qui apparaît comme une solution aux
difficultés de l’existence et permet « de partir pour de bon »
avec et grâce à la cocaïne [54]. Lorsque le sujet échappe à la
mort, un sentiment d’invulnérabilité s’empare alors du sujet
[54]. Cela renforce le caractère imprévisible du passage à
l’acte. La personne ne redoute plus de mourir puisque le
produit permet d’échapper à toutes les souffrances et rend
la mort indolore. Le passage à l’aiguille témoigne d’un haut
degré de dépendance au produit, mais peut signifier la vérification de son existence et de la prise du pouvoir sur la mort
[54].
On observe également des phénomènes importants
d’automutilation : on se suicide à petit feu, en tentant de
déplacer la souffrance du plan psychique au plan physique.
Cette dimension est retrouvée principalement chez les femmes
(consommatrices de crack et utilisatrices de la voie injectable)
souvent prostituées [54]. Elles se protègent peu ou pas, sont
séropositives ou atteintes d’hépatites. Cette prise de risque,
souvent consciente, qui engage le pronostic vital apparaît
comme un équivalent suicidaire. On peut évoquer les hommes
jeunes, adeptes de la prise de risque, qui mettent parfois
consciemment leur vie en danger sous cocaïne (conduite automobile ou de deux roues, pratiques sexuelles à risque,
consommation à risque de cocaïne sous voie injectable) [54].
Les dimensions les plus trouvées chez le sujet souffrant de
troubles addictifs dont la dépendance à la cocaïne sont la
recherche de sensation et l’impulsivité [54]. La recherche
d’expériences nouvelles, l’attrait pour les stimulations fortes,
la nouveauté, la sensibilité à l’ennui peuvent donner à certains
produits le pouvoir d’accroître les sensations. Cette conduite
addictive expose à un risque à court terme (overdose, suicide)
et à un risque à long terme (installation de la dépendance avec
ses conséquences physiques et psychiques) [54].
Souffrance et dépressivité
La clinique retrouve chez ces personnes l’existence d’une
souffrance difficile à représenter ou à verbaliser. La souffrance
psychique qui représente la douleur d’être, le sentiment de
vide intérieur, ou de la perte du sens de l’identité est transformée en manque du produit [54]. L’addiction à la cocaïne
devient alors une solution à la souffrance. Qu’il s’agisse d’une
surconsommation de cocaïne ou d’un geste suicidaire, la
motivation première demeure une recherche de moyen pour
arrêter de souffrir. La consommation n’est plus gérée, le produit
n’est plus choisi, dosé et utilisé avec précaution. La prise de
risque est liée à leur consommation dans laquelle la prise du
produit ne peut être différée, afin d’éviter le manque et peutêtre d’échapper à des affects dépressifs devenus insupportables [54].
Perte affective
L’étude de la suicidalité au regard des événements de vie met
en évidence le rôle des expériences traumatiques de séparation [54]. On note que les suicides ou les TS sont souvent liés à
des pertes affectives, des séparations, à l’isolement, au
chômage et à l’exclusion [14]. L’examen des derniers mois
de la vie de ces personnes dépendantes à la cocaïne décédées
par suicide met systématiquement en lumière une dégradation des liens sociaux et familiaux [14]. Par comparaison avec
les personnes dépressives, les dépendants à la cocaïne sont
plus souvent aux prises avec des difficultés qui ont une
incidence sur l’entourage. En effet, les proches peuvent être
victimes de violence ou de vols de la part de la personne ou de
son entourage (menaces et représailles du dealer sur la famille
à cause de dettes). Progressivement, ces difficultés entraînent
l’épuisement du réseau et son désengagement contribuant
ainsi à majorer l’isolement de la personne. Une étude a montré
que pour la moitié des individus dépendants à la cocaïne
tome // > n8/ > /
Mise au point
Médecine des addictions/Psychiatrie
Prise en charge
La consommation de produits psychoactifs (dont la cocaïne)
facilite le passage à l’acte et doit inciter à étudier le lien entre
addiction et suicide, même s’il attire moins l’attention que
l’overdose [55]. La recherche du « statut toxique » de la
personne décédée permettrait de préciser le rôle des produits
psychoactifs (ici de la cocaïne) dans le passage à l’acte suicidaire. Les 12e Journées de prévention de suicide ont permis
l’élaboration de recommandations qui n’ont pas manqué de
montrer leur regret de voir que « la médecine légale n’ait pas
les moyens en France de jouer un rôle de santé publique » [55].
« Pourquoi n’arrive-t-on pas à faire pour le suicide ce qui a été
7
Addiction à la cocaïne : un facteur de risque de suicide ?
Pour citer cet article : Petit A et al., Addiction à la cocaïne : un facteur de risque de suicide ?, Presse Med (2012), doi: 10.1016/
j.lpm.2011.12.006.
A Petit, M Reynaud, M Lejoyeux, S Coscas, L Karila
fait pour les accidents de la route en matière d’analyse
toxicologique ? », s’interroge Françoise Facy [55].
La prise en charge de ces patients dépendants diminue le risque
de passage à l’acte suicidaire, ainsi que le risque de récidive
[24].
Aux urgences
8
Le risque suicidaire doit être recherché et prévenu chez l’ensemble des sujets dépendants à la cocaïne consultant aux
urgences. La consommation de cocaïne est fréquemment
associée à la crise suicidaire. Dans ce contexte, une consommation récente de cocaïne doit être cherchée à l’aide d’un dosage
de toxiques urinaires chez tous les sujets examinés dans les
suites d’une crise suicidaire [55]. L’objectif de la pratique de ce
dépistage est double : prévention des complications médicales
et psychiatriques, et dépistage d’un abus ou d’une dépendance
à la cocaïne.
Les modes d’intervention possibles font intervenir deux axes
complémentaires. Le premier est temporel et associe une
intervention de crise et un suivi au long cours. Le second
associe une prise en charge de l’individu et une implication
de l’entourage familial et social.
L’évaluation du potentiel de récidive constitue la première
étape de l’intervention [55]. Il s’agit de s’intéresser à la
trajectoire de vie avec toutes les pertes et abandons qui y
sont rattachés. Ces informations permettent d’appréhender
la problématique actuelle et de déterminer l’élément
déclencheur de la crise ainsi que les éléments qui affectent
les capacités de la personne à résoudre cette crise suicidaire.
La seconde étape consiste à évaluer la dangerosité et l’urgence à travers le niveau de souffrance (désespoir, repli sur
soi, sentiment de dévalorisation, idées de culpabilité), le
degré d’intentionnalité (idées envahissantes, recherche ou
non d’une aide, élaboration d’un plan ou d’un scénario
en vue d’un passage à l’acte), les éléments d’impulsivité
(instabilité du comportement, agitation motrice, antécédents
d’un passage à l’acte), un éventuel élément précipitant
(conflit, échec, rupture, perte), la présence de moyens létaux
(armes, médicaments) et la qualité de soutien de l’entourage ou le contraire (capacité de soutien ou renforcement du
risque) [55].
L’importance de l’utilisation de médicaments (psychotropes)
dans la TS chez le dépendant à la cocaïne souligne la nécessité
de porter une attention particulière aux traitements utilisés et
prescrits dans la prise en charge de ces sujets [51]. Des études
se sont intéressées à l’impact des antidépresseurs sur le risque
suicidaire avec des résultats contradictoires [55]. Une sédation
rapide peut être obtenue à l’aide de neuroleptiques, qui
joueraient un rôle protecteur contre le suicide [56]. L’utilisation
de benzodiazépines doit être évitée du fait du potentiel
addictogène majoré chez les patients dépendants. De plus,
elles n’ont pas montré d’efficacité dans le risque suicidaire [56].
Facy et al. suggèrent que les équipes soignantes puissent porter
une attention particulière aux sujets avec plusieurs dépendances afin de mieux adapter la prévention du suicide à ces
patients [51].
Lors de la clôture de la journée « Suicide et Addictions », Michel
Debout, président de l’UNPS, a formulé une proposition à
double sens : « que les phénomènes addictifs soient mieux
pris en compte par les professionnels de la prévention du
suicide, et le risque suicidaire mieux appréhendé par les
experts des addictions, de manière à faciliter les itinéraires
des personnes à risque et les orienter vers les structures
adéquates au bon moment ». Poser de manière systématique
la question de la présence d’idées suicidaires lors des consultations d’addictologie pourrait être le symbole de ce carrefour de
compétence, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui [55]. Des
programmes de formation spécifique pourraient être conçus
à destination des intervenants en addictologie, afin de mieux
les aider à évaluer le risque suicidaire [55].
Hospitalisation
En comprenant les TS dans le cadre d’une dépendance à la
cocaïne, nous pouvons réfléchir à une approche thérapeutique
spécifique et proposer un cadre thérapeutique prenant en
compte la problématique de la dépendance. L’hospitalisation
à temps complet représente le premier temps de cette prise en
charge. Elle constitue un moyen de protection et est recommandée si le risque suicidaire est élevé. Elle permet d’établir
une relation de confiance avec le patient, de se centrer sur sa
souffrance en ayant le souci de favoriser les soins. En cas de
refus de l’hospitalisation et si la dangerosité de la situation
l’impose, il peut être nécessaire de recourir aux dispositions de
l’hospitalisation sous contrainte. Les personnes dépendantes à
la cocaïne sont à haut risque de suicide ou de récidive lors de
ces premiers jours d’hospitalisation. Dans la plupart des services intervenant sur cette problématique, le risque suicidaire
est devenu plus présent dans les préoccupations des soignants
parfois démunis dans l’évaluation du risque de passage à l’acte.
En cas de dépendance à la cocaïne, il est difficile de différencier
ce qui est lié à l’effet de la substance (état d’intoxication ou de
sevrage), et un état dépressif marqué par un désir profond d’en
finir.
Prise en charge psychothérapeutique du suicide
L’objectif du thérapeute est de s’intéresser aux dimensions
psychopathologiques et d’établir la place occupée par la
conduite de dépendance dans l’équilibre et le fonctionnement
psychique du sujet [57].
Quelles sont les cibles de la psychothérapie dès les
premiers temps ?
Différentes dimensions psychopathologiques sont impliquées
dans les conduites suicidaires et doivent constituer des cibles
tome // > n8/ > /
Pour citer cet article : Petit A et al., Addiction à la cocaïne : un facteur de risque de suicide ?, Presse Med (2012), doi: 10.1016/
j.lpm.2011.12.006.
Addiction à la cocaïne : un facteur de risque de suicide ?
Les thérapies cognitives ciblées sur la résolution de problème se
déroulent en deux phases : une première phase d’analyse
mettant en évidence les aspects émotionnels, cognitifs et
comportementaux qui conduisent les sujets à cette situation
de crise. La seconde phase consiste à développer des situations
alternatives en conduisant les sujets à avoir un mode de pensée
plus nuancée et en leur permettant d’aboutir à des solutions qui
ne se présenteraient pas spontanément du fait de leur désespoir.
Il n’existe cependant pas de recommandations sur la durée de la
psychothérapie pour ces suicidants dépendants à la cocaïne [57].
Sevrage thérapeutique en cocaïne
Principes
Le sevrage thérapeutique en cocaïne apparaît comme un aspect
majeur du traitement de la dépendance à la cocaïne.
Des recommandations, élaborées par la Haute Autorité de
santé (HAS) en février 2010 à la demande du ministère de la
Santé, s’inscrivent dans le cadre du plan gouvernemental de
lutte contre les drogues et les toxicomanies 2008–2011, mis
en oeuvre par la Mission interministérielle de lutte contre les
drogues et les toxicomanies (MILDT) [58].
Il semble préférable d’initier le sevrage thérapeutique en
milieu hospitalier. Il doit se faire dans le cadre d’un programme
structuré, par une équipe structurée et spécialisée en addictologie. Il inclut un traitement pharmacologique et une psychothérapie adaptée au patient (thérapies psychodynamiques,
thérapies cognitives et comportementales, thérapies systémiques, autres thérapies comportementales) et une prise en
charge psychosociale.
Agents pharmacologiques
Aucun agent pharmacologique n’a d’autorisation de mise sur le
marché (AMM) en France dans le traitement des symptômes et
des complications liés à l’usage de cocaïne. Cependant, de
nombreux essais cliniques ont permis d’identifier les agents
pharmacologiques qui peuvent être utilisés dans la prise en
charge des consommateurs de cocaïne (euphorie, syndrome de
sevrage, craving, maintien de l’abstinence). La prescription
d’un de ces médicaments doit mentionner l’absence d’AMM.
Les cibles cliniques du traitement médicamenteux sont l’euphorie, les symptômes de sevrage et le craving induit par la
cocaïne.
Syndrome de sevrage
La gestion du syndrome de sevrage fait intervenir le N-acétylcystéine en prescription hors AMM en ambulatoire ou en milieu
hospitalier à la posologie de 1200 mg/j pendant 21 jours. La
posologie peut être augmentée jusqu’à 2400 mg/j, voire
3600 mg/j.
tome // > n8/ > /
Mise au point
Prévention des tentatives de suicide : thérapies
cognitivocomportementales
Prévention de la rechute
Le topiramate peut être utilisé hors AMM dans le cadre de la
prévention de la rechute chez le patient dépendant à la cocaïne.
Sa prescription est réservée aux centres spécialisés en addictologie, la posologie proposée est de 100 à 200 mg/j et doit
être atteinte progressivement. La durée de traitement est de
trois mois.
Le disulfirame peut être utilisé hors AMM en prévention de la
rechute chez les patients ayant une double dépendance à
l’alcool et à la cocaïne. Dans cette indication, il est réservé
aux centres spécialisés en addictologie. La posologie proposée
est de 250 mg/j pendant 12 semaines.
Il convient d’ajouter qu’il n’existe pas de traitement de substitution de la cocaïne.
Prise en charge psychothérapeutique de la
dépendance à la cocaïne
Les psychothérapies constituent une composante importante
de la prise en charge [58]. Elles s’intègrent dans le cadre d’une
approche multimodale dans les centres spécialisés. Les principales psychothérapies adaptées pour la prise en charge des
consommateurs sont les thérapies psychodynamiques, la
thérapie cognitivocomportementale (TCC), les thérapies systémiques et les thérapies comportementales (gestion des
contingences ou stratégie comportementale basée sur les
récompenses) et sont proposées pendant une durée de six
mois [58].
Traitement des co-morbidités psychiatriques et
addictologiques
Les co-morbidités psychiatriques, notamment un trouble
dépressif, et addictologiques (en particulier l’alcoolodépendance) doivent être systématiquement cherchées et traitées
le cas échéant. Dans le contexte d’idées suicidaires chez le sujet
dépendant à la cocaïne, il n’existe pas de recommandations
concernant le choix et la posologie des molécules habituellement utilisées. Les patients dépendant à la cocaïne ayant fait
une TS ont un risque majeur de récidive dans l’année qui suit le
passage à l’acte [59]. Chez ces patients dépendants à haut
risque suicidaire, il existe un lien entre la survenue d’une
récidive et la mauvaise observance des soins [59]. Une étude
réalisée chez des suicidants dépendants à la cocaïne n’a pas
montré de diminution du risque de récidive après prescription
d’antidépresseurs [60]. L’étude conclue que la prescription
d’antidépresseurs en urgence ne diminue ni le craving en
cocaïne, ni le risque de récidive de passage à l’acte [60].
Conclusion
Cette mise au point tente de montrer l’articulation entre
dépendance à la cocaïne et suicide. Notre article a permis de
dégager un profil épidémiologique particulier, ainsi que de
nombreux facteurs de risque et de protection. Le suicide et
9
privilégiées du traitement [57]. Nous pensons à l’impulsivité,
au désespoir et au déficit de résolution de problème [57].
Médecine des addictions/Psychiatrie
Pour citer cet article : Petit A et al., Addiction à la cocaïne : un facteur de risque de suicide ?, Presse Med (2012), doi: 10.1016/
j.lpm.2011.12.006.
A Petit, M Reynaud, M Lejoyeux, S Coscas, L Karila
la TS sont fréquents chez les sujets dépendants à la cocaïne et
constituent l’un des principaux risques évolutifs de la dépendance, sans que ce lien ne soit relayé par les médias. L’abus de
cocaïne ou la dépendance multiplient par cinq le risque de crise
suicidaire. Les crises suicidaires chez le sujet dépendant à la
cocaïne sont impulsives, leur niveau de létalité (gravité du
geste) n’est pas corrélé au niveau de désespoir comme chez le
déprimé.
La crise suicidaire est fréquente chez les patients dépendants à
la cocaïne et suit fréquemment une augmentation récente de la
consommation. Son action peut être potentialisée par l’alcool,
les médicaments psychotropes ou les opiacés augmentant ainsi
la gravité du geste. Nous avons pu montrer qu’une consommation importante et ancienne de cocaïne, qu’un usage du produit
par voie inhalée ou injectable favorisaient le risque de passage
à l’acte. Le moyen létal le plus utilisé reste l’arme à feu. Il existe
chez les sujets dépendants à la cocaïne une association entre
comportement suicidaire répétitif et prise de cocaïne, la poursuite de l’intoxication étant un facteur de risque de récidive.
Le risque suicidaire doit être recherché et prévenu chez l’ensemble des dépendants à la cocaïne, alors qu’une recherche
toxicologique doit être systématiquement réalisée en cas de TS.
À l’occasion des 12e Journées nationales du 5 février 2008 pour
la prévention du suicide, qui ont eu pour thème « Addiction et
suicide », l’UNPS a souhaité attirer l’attention sur le suicide des
adultes [55]. Cette journée consacrée aux « suicide et
addictions » a donné lieu à plusieurs publications et recommandations sur la prise en charge de la crise suicidaire chez le
dépendant à la cocaïne [51–54]. D’autres études doivent être
menées pour répondre avec précision à la question des
conduites suicidaires et addiction à la cocaïne.
Déclaration d’intérêts : les auteurs déclarent ne pas avoir de conflits
d’intérêts en relation avec cet article.
Références
[1]
[2]
[3]
[4]
[5]
[6]
[7]
[8]
10
[9]
Johnson LD, O’Malley PM, Baxhman JG.
Monitoring the future national survey results
on drug use, 1975–2000 (NIH publication
No. 01-4924). Secondary School Students:
Vol. 1. Bethesda, MD: National Institute on
Drug Abuse; 2001, (492 pp).
Beck F, Legleye S. Épidémiologie de
l’addiction à la cocaïne. In: Karila L,
Reynaud M, editors. Addiction à la cocaïne.
Paris: Médecine-Sciences Flammarion; 2009.
p. 12-7.
OEDT. Rapport annuel 2010, faits marquants.
Évaluation de l’offre et la demande de
drogues : L’Europe face à de nouveaux défis
2010:10. http://www.ofdt.fr/.
Baromètre Santé 2010 : enquête de l’Institut
national de prévention et d’éducation pour
la santé. http://www.inpes.sante.fr.
Maier HW. La cocaïne. Historique, pathologie, clinique, thérapeutique, défense sociale.
Payot; 1928.
Marzuk PM, Tardiff K, Leon AC et al.
Prevalence of cocaine use among residents
of New York City who commited suicide
during a one-year period. Am J Psychiatry
1992;149:371-5.
Fowler RC, Rich CL, Young D. San Diego
Suicide Study II: substance abuse in young
cases. Arch Gen Psychiatry 1986;43(10):
962-5.
Rich CL, Dhossche DM, Ghani S. Suicide
methods and presence of abusable substances: some clinical and public health
implications. Ann Clin Psychiatry
1998;10(4):169-75.
Garlow SG. Age, gender, ethnicity differences in patterns of cocaine and ethanol
use preceding suicide. Am J Psychiatry
2002;159:615-9.
[10] Silverman MM, Berman AL, Sanddal ND et al.
Rebuilding the tower of Babel: a revised
nomenclature for the study of suicide and
suicidal beahviors. Part 1: background rationale, and methodology. Suicide Life Threat
Behav 2007;37:248-63.
[11] Darke S, Kaye S. Attempt suicide among
injecting and noninjecting cocaine users in
Sydne y , A us tr a lia. J Urban Hea lth
2004;81(3):505-15.
[12] Soubrier JP. Définition du suicide, signification de la prévention : le suicide. Ann Med
Psychol (Paris) 1999;157(8):526-9.
[13] Karila L, Coscas S, Benyamina A et al.
Addiction à la cocaı̈ne : données actuelles.
Rev Prat Med Gen 2007;21:790-3.
[14] Ryb GA, Cooper CC, Dischinger PC. Suicides,
homicides, and unintentional injury deaths
after trauma center discharge: cocaine use
as a risk factor. J Trauma 2009;67:490-7.
[15] Karch DL, Barker L, Strine TW. Race/Ethnicity,
substance abuse, and mental illness among
suicide victims in 13 US states: 2004 data
from the National Violent Death Reporting
System. Inj Prev 2006;12:22-7.
[16] Petronis KR, Samuel JF, Mosckicki EK et al. An
epidemiologic investigation of potential risk
factors for suicides attemps. Soc Psychiatry
Psychiatr Epidemiol 1990;25:193-9.
[17] Vega WA, Gil AG, Wahrheit G et al. The
relationship of drug use to suicide ideation
and attempts among African, American,
Hispanic, and white Non-Hispanic male
adolescents. Suicide Life Threat Behav
1993;23:110-9.
[18] Garlow SJ, Purselle D, Heninger M. Cocaine
and alcohol use preceding suicide in AfricanAmerican and white adolescents. J Psychiatr
Res 2007;41:530-3.
[19] Cottler LB, Campbell W, Krishna VA et al.
Predictors of high rates of suicidal ideation
among drug users. J Nerv Ment Dis
2005;193(7):431-7.
[20] Roy A. Characteristics of cocaine-dependant
patients who attempt suicide. Am J Psychiatry 2001;158:1215-9.
[21] Perret G, Abudureheman A, Perret-Catipovic
M. Suicides in the young people of Genova,
Switzerland, from 1993 to 2002. J Forensic
Sci 2006;51(5):1169-73.
[22] Mendelson WB, Rich CL. Sedatives and
suicide: The San Diego study. Acta Psychiatr
Scand 1993;88:337-41.
[23] Morton WA. Cocaine and psychiatric disorders. J Clin Psychiatry 1999;1:109-13.
[24] Ilgen MA, Harris AH, Moos RH et al.
Predictors of a suicide attempt one year
after entry into substance use disorder
treatment . Alcohol Clin Exp Res
2007;31(4):635-42.
[25] Rich CL, Runeson BS. Similarities in diagnostic
comorbidity between suicide among young
people in Sweden and the United States. Acta
Psychiatr Scand 1992;86(5):335-9.
[26] Benyamina A, Coscas S, Blecha L. Cocaïne et
co-morbidités psychiatriques. In: Karila L,
Reynaud M, editors. Addiction à la cocaïne.
Paris: Médecine-Sciences Flammarion; 2009.
p. 55-61.
[27] Gillet G, Polard E, Mauduit N et al. Passage à
l’acte et substances psychoactives : alcool,
m é d i c a m e n t s , d r o g u e s . E n c e p h a l e
2001;XXVII:351-9.
[28] Weddington WW, Brown BS, Haertzen CA.
Changes in mood, craving, and sleep during
short-term abstinence reported by male
cocaine addicts. Arch Gen Psychiatry
1990;47:861-8.
tome // > n8/ > /
Pour citer cet article : Petit A et al., Addiction à la cocaïne : un facteur de risque de suicide ?, Presse Med (2012), doi: 10.1016/
j.lpm.2011.12.006.
tome // > n8/ > /
[39]
[40]
[41]
[42]
[43]
[44]
[45]
[46]
[47]
[48]
bipolar disorder. Bipolar Disord 2006;8:
496-502.
Price RK, Risk NK, Haden AH et al. Posttraumatic stress disorder, drug dependence,
and suicidaly among male Vietnam veterans
with a history of heavy drug use. Drug
Alcohol Depend 2004;76(Suppl.):S31-43
([Abstract]).
Harris EC, Barraclough B. Suicide as an
outcome for mental disorders. Br J Psychiatry
1997;170:205-28.
Karch D, Crosby A, Simon T. Toxicology
testing and results for suicide victims13 states, 2004. Morbidity and mortality
weekly report. Atlanta Centre for Disease
Control and Prevention 2006;55:1245-8.
Grant BF, Harford TC. Concurrent and simultaneous use of alcohol with cocaine: results
of a national survey. Drug Alcohol Depend
1990;25:97-104.
Vijayakumar L, Kumar MS, Vijayakuma V.
Substance use and suicide. Curr Opin Psychiatry 2011;24(3):197-202.
Roy A. Risk factors for attempting suicide in
heroin addicts. Suicide Life Threat Behav
2010;40(4):416-20.
Beck A, Steer R, Kovacs M et al. Hopelessness and eventual suicide: a ten-year
prospective study of patients hospitalized
with suicidal ideation. Am J Psychiatry
1985;142:550-63.
Beck A, Brown G, Berchick RJ et al. Relationship between hopelessness and ultimate
suicide: a replication with psychiatric outpatients. Am J Psychiatry 1990;147:190-5.
Modestin J, Kopp W. Study on suicide in
depressed inpatients. J Affect Disord
1988;15:157-62.
Barraclough B, Pallis D. Depression followed
by suicide: a comparison of depressed
suicides with living depressives. Psychol
Med 1975;5:55-61.
[49] Fawcett J. Predictors of early suicide: identification and appropriate intervention. J Clin
Psychiatry 1988;79:7-8.
[50] Karila L. Suicide, cocaine et club drugs.
Congrès GEPS « Prévention du suicide :
pertinence des organisations et des pratiques de soins », Versailles septembre 2010
(Communication orale).
[51] Facy F, Rabaud M. Gestes suicidaires et
conduites de dépendance. Ann Med Psychol
(Paris) 1999;157(8):537-43.
[52] Duberstein PR, Conwell Y, Caine ED. Interpersonal stressors, substance abuse and
suicide. J Nerv Ment Dis 1993;181(2):80-5.
[53] Lewinsohn PM, Rohde P, Seeley JR. Psychosocial characteristics of adolescents with
history of suicide attempt. J Am Acad Child
Adolesc Psychiatry 1993;32(1):60-8.
[54] Corcos M. Suicidalité et addictions :
données épidémiologiques et réflexions
psychopathologiques. Carnet Psy 2003;85:
24-6.
[55] 12es Journées de prévention du suicide :
alerter sur le lien entre addiction et suicide.
Février 2008.
[56] Conférence de consensus. La crise
suicidaire : reconnaître et prendre en charge.
Paris: Hôpital La Pitié-Salpetrière; 2010.
[57] Corcos M, Flament M, Jeammet P. Les
conduites de dépendance : dimensions psychopathologiques communes. Paris: Masson;
2003, (424 p).
[58] Recommandations de bonne pratique de
l’HAS. Prise en charge des consommateurs
de cocaïne. Février 2010.
[59] Garlow SG, Purselle D, D’Orio B. Cocaine use
disorders and suicidal ideation. Drug Alcohol
Depend 2003;70:101-4.
[60] Lima MS, Reisser AA, Soares BG et al.
Antidepressants for cocaine dependence.
Cochrane Database Syst Rev
2003;2:CD002950.
Mise au point
[29] Henriksson MM, Aro HM, Marttunen MJ.
Mental disorders and comorbidity in suicide.
Am J Psychiatry 1993;150:935-40.
[30] Courtet P. Le risque suicidaire dans la
dépression récurrente. Encephale
2010;5:S127-31.
[31] Ringen PA, Melle I, Bizkenaes AB et al. Illicit
drug use in patients with psychotic disorders
compared with rhat in the general population: a cross-sectional study. Acta Psychiatr
Scand 2008;117(2):133-8.
[32] Soyka M, Albus M, Immler B et al. Psychopathology in dual diagnosis and non-addicted schizophrenics-are there differences?
Eur Arch Psychiatry Clin Neurosci
2001;251:232-8.
[33] Dixon L. Dual diagnosis of substance abuse
in schizophrenia: prevalence and impact
on outcomes. Schizophr Res 1999;35:
S93-100.
[34] Conway KP, Compton W, Stinson FS et al.
Lifetime comorbidity of DSM –IV mood and
anxiety disorders and specific drug use
disorders: results from the National Epidemiologic Survey on Alcohol and Related
Conditions. J Clin Psychiatry 2006;67(2):
247-57.
[35] Cassidy F, Ahearn EP, Carroll BJ. Substance
abuse in bipolar disorder. Bipolar Disord
2001;3(4):181-8.
[36] Chengappa KN, Levine J, Gershon S et al.
Lifetime prevalence of substance or alcohol
abuse and dependence among subjects with
bipolar I et II disorders in a volontary registry.
Bipolar Disord 2000;2:191-5.
[37] McElroy SL, Altshuler LL, Suppes T et al. Axis I
psychiatric comorbidity and its relashionship
to historical illness variables in 288 patients
with bipolar disorder. Am J Psychiatry
2001;158(3):420-6.
[38] Grunebaum MF, Galfalvy HC, Nichols CM
et al. Agression and substance abuse in
Médecine des addictions/Psychiatrie
11
Addiction à la cocaïne : un facteur de risque de suicide ?