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Real eyes realise real lies Expression graphique contestataire en Méditerranée aujourd’hui Cycle “Histoires de Méditerranée” Auditorium de la BMVR Louis Nucéra de Nice 27 janvier 2015 Edwige Comoy Fusaro Université Nice Sophia Antipolis Préambule Mon intérêt pour le Street Art est né à Rome, en 2012. Je marchais les yeux baissés dans les rues de Trastevere lorsque mon regard s est posé par hasard sur cette oeuvre : Je devais apprendre plus tard que c était une oeuvre de C . Un peu plus loin je trouvai une autre oeuvre, signée Alice Pasquini, qui, pour être apposée sur un support tout aussi modeste que celle du street artist français, n en était pas moins saisissante : Edwige Comoy Fusaro, Real eyes realise real lies . Expression graphique contestataire en Méditerranée aujourd’hui (2015) Je poursuivis ma déambulation en décidant de lever les yeux, cette fois. Je ne fus pas déçue de voir ce que j avais sans doute souvent vu sans jamais y prêter attention. Je découvris par exemple ceci : Les personnes qui avaient fait cela voulaient me dire quelque chose, à moi comme à tous les passants : elles voulaient sans aucun doute nous inviter à ouvrir les yeux sur notre environnement immédiat, à habiter la ville dans toutes ses dimensions, dans tous ses recoins, autrement que pour aller d un point A à un point B, nous inviter à jouer et à réfléchir, aussi. En effet, il y a bien une dimension ludique dans le travail réalisé sur le panneau de signalisation, et le pochoir réalisé sur le panneau publicitaire représente une scène de violence, dans une intention de dénonciation, peut-être. Lorsque Véronique Mérieux m a invitée à intervenir au sein du cycle « Histoires de Méditerranée », ce dont je la remercie vivement, j’ai pensé au « printemps arabe » et à la floraison d expressions graphiques à laquelle les soulèvements populaires ont donné lieu, en particulier en Tunisie et en Egypte ; j ai pensé au phénomène qui fait que, dans les moments de crise, l indignation des peuples s exprime spontanément sur la place publique. En mai 68, on avait vu les murs se couvrir du slogan « Murs blancs peuples muets », entre autres. Mais les productions qu on trouve aujourd hui, notamment dans les pays qui bordent la Méditerranée, sont beaucoup plus élaborées que celles des générations précédentes. Entre-temps, quelque chose de significatif s est produit. L occupation visuelle de l espace public a sensiblement changé depuis une quinzaine d années, d abord dans les villes occidentales d Europe et des États-Unis, et maintenant un peu partout dans le monde : un art de rue est né, le street art. C est un mouvement mondial, qui imprime un tournant décisif à l histoire du goût, à l idée d art elle-même, ainsi qu à la place de l art dans la vie et dans la ville. )l s agit d un mouvement artistique, mais ce mouvement plonge ses racines dans un phénomène de nature plutôt socio-politique : la protestation. Edwige Comoy Fusaro, Real eyes realise real lies . Expression graphique contestataire en Méditerranée aujourd’hui (2015) À l origine, en effet, il procède d une démarche illicite, car l article -1 du Code pénal proscrit « le fait de tracer des inscriptions, des signes ou des dessins, sans autorisation préalable, sur les façades, les véhicules, les voies publiques ou le mobilier urbain ». Nous allons donc observer ici le glissement d une expression graphique protestataire à un art que nous qualifierons plutôt de contestataire. Le matériel illustratif que j utilise est tiré de mes archives personnelles : mes propres photographies réalisées dans la Méditerranée européenne, surtout dans le sud de la France et en Italie, en à l exception des deux premières oeuvres, datant de 2012). L’expression graphique de rue L expression graphique illégale sur la place publique relève généralement de deux typologies : l expression identitaire et la protestation. Les Tags et Graffitis, comme ceux qui sont reproduits ci-dessus (Toulouse), sont l expression d un individu ou d un clan crew . Dépourvus de préoccupation politique substantielle, ils expriment la volonté de marquer sa présence et s inscrivent dans une démarche de plus en plus artistique. Ces formes graphiques se caractérisent par leur aspect crypté et tribal, puisque leur sens (généralement une signature) est indéchiffrable pour celui qui n appartient pas au milieu des graffeurs. Les inscriptions iconographiques au feutre ou au pochoir, comme celle qui est reproduite ci-dessus (Bologne), sont au contraire porteuses d un message politique dont l intelligibilité est optimale, puisqu il s agit de communiquer une opinion au plus grand nombre. )ci, l inscription reprend le slogan de mai « Murs blancs peuples muets » : « Muri puliti popolo muto ». Ces deux formes bien différentes ont en commun leur clandestinité et, donc, leur caractère d’opposition. Dans les inscriptions de nature politique, l opposition est bien identifiée et concerne surtout l’idée véhiculée, tandis que dans le graffitisme, l opposition Edwige Comoy Fusaro, Real eyes realise real lies . Expression graphique contestataire en Méditerranée aujourd’hui (2015) n est pas directement formulée, mais s exprime dans le choix formel de l illégalité le fait de violer sciemment un interdit). Dans les inscriptions à contenu politique, le message d opinion peut concerner plusieurs échelles de politique. Le mouvement de protestation populaire contre le projet de la nouvelle ligne de train à moyenne vitesse Lyon-Turin, très actif depuis la moitié des années 2000, est à l origine de ce pochoir trouvé dans les rues de Bologne. )l concerne une échelle localenationale. À échelle globale, en revanche, on trouve des productions comme celles-ci : Cette affiche, prônant l arrêt des frappes aériennes sur la bande de Gaza, a été trouvée à Rome. Le pochoir ci-dessous, trouvé à Bologne, fournit un autre exemple : Edwige Comoy Fusaro, Real eyes realise real lies . Expression graphique contestataire en Méditerranée aujourd’hui (2015) La revendication implicite d équité dans la répartition des richesses s inscrit dans l action des mouvements Occupy, apparus en 2011 pour dénoncer les abus du capitalisme financier. D après les résultats d une étude d Oxfam rendus publics le 19 janvier dernier, la part du patrimoine détenu par 1% de la population mondiale dépassera 50% en 2016. Ces inscriptions s adressent vraisemblablement aux autorités et à la « société civile », c est-à-dire l ensemble de la population par opposition à la classe politique, mais en référence à la conscience politique du peuple. En d autres termes, le destinataire du message est le citoyen, l homme faisant partie d un groupe social régi par des lois et administré, et non l homme comme personne. Dans le street art, en revanche, la cible est beaucoup plus large. Le street art s adresse aussi, et parfois surtout, aux passants et aux habitants du quartier o‘ l oeuvre est produite. Le but et le message changent aussi : il ne s agit plus d exprimer une opinion divergente ou d éveiller les consciences, il s agit aussi de communiquer et de changer la ville. Dans un sens, c est une ambition plus modeste de communication, « une nouvelle forme de communication horizontale qui s oppose à la communication verticale du pouvoir », pour reprendre les termes de Christian Omodeo. Mais c est aussi une ambition plus audacieuse, qui vise à changer la ville. C est ce qu exprime clairement C215 dans une interview reportée dans l ouvrage Au-delà du street art : « Mon art est contextuel, j essaie de rendre hommage aux habitants, surtout ceux que l on croise dehors, comme les enfants et les sans-abris. Ces anonymes deviennent alors des icônes. Je suis persuadé que le Street art peut changer la ville et le quotidien des gens qui y vivent ». L artialisation des formes d expression d opposition publique procède sans doute de la globalisation du monde contemporain. Dans ce glissement, les productions deviennent plus contestataires que protestataires : elles s’universalisent et tendent à toucher davantage l’être humain que l animal politique qui est en l homme. Art protestataire, art contestataire Deux théories interprétatives s opposent sur la genèse du graffitisme du XXe. La première y voit un mouvement plutôt socio-politique, contre-culturel, o‘ s exprime le malaise de la jeunesse défavorisée et marginalisée, en mal d identité et de reconnaissance. Les webdocumentaires de Sidonie Garnier, François Le Gall et Jeanne Thibord, Défense d’afficher (2012) font ainsi clairement apparaître le lien entre un contexte de pauvreté, de marginalité, de violence et l expression graphique libre et Edwige Comoy Fusaro, Real eyes realise real lies . Expression graphique contestataire en Méditerranée aujourd’hui (2015) populaire. La deuxième théorie y voit au contraire un mouvement artistique : le graffitisme est perçu comme une nouvelle esthétique et un nouveau genre artistique. Prenant le contrepied d une vulgate selon laquelle le graffitisme et le street art seraient nés aux États Unis dans les années 1960, Christophe Genin observe deux lignées bien différentes du mouvement désormais planétaire : une lignée nord-américaine protestataire qui « mêle individualisme et communautarisme, aspirant a posteriori à réformer le système pour être reconnu par lui, s y intégrer », et une lignée européenne contestataire, « situationniste, anarchiste, communiste, [qui] perdure dans les mouvements alternatifs et antipub ». Les deux courants se retrouvent dans une aspiration commune à s approprier l espace urbain et lui donner sens : en cela, ces deux perspectives « sont identiquement réfractaires à l ordre établi, au sens o‘ elles en dévient les contraintes et en récusent les injonctions ». L art protestataire s'oppose à quelque chose de précis : c est une réaction à chaud dotée d une portée socio-politique. L art contestataire, au contraire, se livre à un examen critique systématique des institutions, de l'idéologie, et refuse de s'intégrer dans les cadres sociaux existants : il relève d une réaction d opposition à froid, dotée d une portée philosophico-politique. Le street art est un art qui n est pas seulement protestataire mais qui comprend un volet protestataire substantiel. Il est en revanche intrinsèquement contestataire, comme l est peut-être peu ou prou toute forme d art. La censure et l autorité, quelles que soient leur nature, jouent un rôle générateur. Street art : protestation métaphorique Dans les pays en situation de guerre civile et où le débat public est confisqué , la protestation politique touche directement les pouvoirs en place ou bien pointe un phénomène ou un événement bien particulier. Lors de la révolution tunisienne de 2010, l artiste algérien Zoo Project a placé dans différents endroits de Tunis des affiches représentant en taille réelle les figures d anonymes qui se sont révoltés et ont risqué leur vie pour s opposer à la tyrannie du pouvoir. Dans les pays en situation de paix civile, en revanche, l opposition concerne les décisions politiques, la réglementation en vigueur. C est flagrant dans le travail de l artiste italien Blu, qui utilise son art comme instrument de lutte pacifique : C est par exemple pour soutenir l occupation abusive d une ancienne caserne par des sans-abris qu il a accepté de peindre les façades de cet édifice, rue Porto Fluviale à Rome. Ce n est pas en soi le contenu figural de l oeuvre qui constitue la protestation, c est l acte d investir l édifice. Edwige Comoy Fusaro, Real eyes realise real lies . Expression graphique contestataire en Méditerranée aujourd’hui (2015) Il en va de même pour les photographies de JR dans les bidonvilles : dans le cycle Women are heroes (2008, à Rio, il rend hommage au rôle central qu occupent les femmes dans la société brézilienne en collant sur les extérieurs des favellas d immenses photos en gros plans de visages et regards féminins. Il en va également de même pour les portraits de Chinois expulsés gravés par Vhils in situ, à Shangai, sur leurs maisons mêmes, peu de temps avant qu elles soient rasées . L artiste portugais s inscrit dans la tradition des Expulsés (1977d Ernest Pignon-Ernest, qui représentaient les habitants évacués sur la façade restantes de leur ancien immeuble parisien, en cours de démolition. On voit dès lors apparaître des caractères spécifiques du street art vis-à-vis des expressions graphiques politiques anonymes : l’acte d opposition remplace le message, le message devient métaphorique ; enfin, plus que d opposition, il s agit de résistance. C est le terme que Blu utilise dans son blog. C est aussi le terme qu utilisent Stéphanie Lemoine et Samira Ouardi au sujet des « artivistes » : « Les artistes dont il s agit ici résistent ». Cela implique une action de long cours, en dépit du caractère éventuellement éphémère des oeuvres. On assiste ainsi à un glissement d une protestation politique contingente à une contestation systémique, idéologique, comme en témoignent les affiches du poète palestinien Mahmoud Darwich debout, posées en 2009 par Ernest Pignon-Ernest à Ramallah, à Bethléem et à Jérusalem, contre le mur de béton qui isole la Cisjordanie. Ainsi s affirme une opposition à la violence du contexte mais aussi d une présence, d un droit à exister de la poésie, dans ce même contexte. Dans le même esprit, les oeuvres du street artist britannique Banksy sur le mur de séparation israélo-palestinien (2005) dénoncent bien entendu le mur lui-même mais aussi toutes les formes de ségrégation. Street art contestataire Le Street art est une forme d expression contestataire globale dont l ennemi n est plus tel ou tel autre mur de séparation mais les barrières tout court ; non plus tel ou tel autre conflit, mais la guerre en soi. C est un peu vague, me dira-t-on. En effet, il serait bon de tenter de préciser ce qui est exactement contesté dans le street art. Voici ce qu en disent Stéphanie Lemoine et Samira Ouardi : « Les artistes dont il s agit ici [artivistes] résistent. À la sauvagerie du capitalisme financiarisé, à ses conséquences sur la nature, le travail, les relations humaines, la vie tout entière, à la sur-médiatisation du monde, aux normes culturelles qui excluent (sexisme, racisme, homophobie...) ». Les points de suspension disent bien à quel point la contestation est vaste, et je ne prétends pas couvrir l ensemble des motifs de contestation, qui vont du capitalisme financier à la vidéo-surveillance généralisée. D une façon très générale, cependant, on peut sans doute affirmer que le street art conteste la guerre, la violence, les ségrégations : Edwige Comoy Fusaro, Real eyes realise real lies . Expression graphique contestataire en Méditerranée aujourd’hui (2015) La représentation de figures tutélaires universelles, comme ici sur un pochoir trouvé à Marseille, y participent. Le street art conteste également la censure, les mensonge, l hypocrisie des apparences : Cette photographie a été réalisée en février 2014. )l s agit du portail de l UFR LAS( c est-à-dire la Faculté des Lettres de l Université Nice Sophia Antipolis. Quelques mois plus tard, en octobre de la même année, les inscriptions – dont l une d elles donne son titre à cette présentation : « Real eyes Realise Real lies » – avaient été effacées : Edwige Comoy Fusaro, Real eyes realise real lies . Expression graphique contestataire en Méditerranée aujourd’hui (2015) En revanche, les productions situées à l arrière des bâtiments, ont survécu : Cette survivance est évidemment due au fait que ces productions s inscrivent dans un régime de visibilité restreinte, c est-à-dire qu elles ne sont pas visibles depuis la rue, donc non affichées sur la scène publique. C est sans doute pour la même raison qu on peut trouver quelques artworks : - sur des chantiers, comme sur la photographie ci-dessus, effectuée dans le quartier Riquier de Nice ; - dans le cadre de manifestations ponctuelles, comme à l occasion de l assassinat des dessinateurs de Charlie Hebdo en janvier 2015 : Edwige Comoy Fusaro, Real eyes realise real lies . Expression graphique contestataire en Méditerranée aujourd’hui (2015) - ou même dans le cadre d opérations commandités, comme sur les palissades des travaux du tramway de Nice, rue Catherine Ségurane. Tous ces lieux ont en commun d être transitoires, marginaux, parenthétiques. La commande publique, même dans des villes comme Nice qui ont longtemps été plutôt hostiles à toute forme d expression sauvage, est un signe du phénomène d institutionnalisation, de patrimonialisation, de muséification, en somme de normalisation du street art. Pourtant, les street artists sont avant tout mus par le désir de violer la censure, ce que Paul Ardenne appelle la «volonté de désobéissance». En effet, même des artistes de renommée internationale, qui ont fait de leur art leur métier à temps plein et parfois une ressource financière substantielle, continuent d opérer dans la clandestinité parallèlement à leur activité légale et officielle. C est le cas de C , dont voici une oeuvre repérée dans les rues de Rome : C est aussi le cas de l artiste espagnol Borondo, par exemple, dont voici également une oeuvre trouvée dans la capitale italienne : Edwige Comoy Fusaro, Real eyes realise real lies . Expression graphique contestataire en Méditerranée aujourd’hui (2015) Si la violation des interdits revêt une fonction séminale dans l expression créative de rue, c est parce qu elle communique la nécessité de bouger les lignes, de questionner les frontières et limites imposées, que le système mis en cause soit totalitaire ou démocratique, dur ou mou. Conclusion : Soft power soft art ? Dans l un de ses pochoirs, Banksy reprend la célèbre photographie, prise par Nick Ut, de Kim Phùc, la petite vietnamienne nue lors de l attaque de Trang Bàng en , en l entourant de Ronald McDonald et de Mickey. Christophe Genin commente : « En une image paraît un vigoureux pamphlet contre l impérialisme militaire américain maquillé par le soft power du happiness for everybody au service du marché du resort et du fast food de masse ». Le street art serait-il un produit du « soft power » ? Les protestations ponctuelles et contingentes jouent un rôle moteur dans l affirmation du mouvement, mais il s agit d un mouvement contestataire global. Le graffitisme et le street art des pays de la Méditerranée engagent une vision du monde alternative qui englobe et dépasse la critique d événements politiques ponctuels. Stéphanie Lemoine le définit ainsi : « Phénomène global et générationnel, ce mode d expression propre à la jeunesse contamine dès les années toutes les métropoles o‘ règnent la démocratie et le soft power , et s affirme dès la décennie suivante comme une pratique de masse capable de gommer les frontières géographiques et sociales ». S agit-il alors d un « soft art » ? On touche ici du doigt l ambiguïté fondamentale du street art, qui se meut entre illégalité et institutionnalisation. L artialisation implique la normalisation, donc la perte du caractère subversif, corrosif des débuts ; mais, dans le même temps, la commande légale fournit les conditions nécessaires à la réalisation d oeuvres de plus grande envergure, déployant des caractères artistiques plus raffinés. Ces arrangements avec le système en place, qui sont perçus par les « purs et durs » comme une faiblesse impardonnable, voire comme une trahison, constituent aussi peutêtre les conditions qui permettent à la contestation d être progressivement entendue par le système lui-même. Ainsi la ville de Rome a-t-elle récemment approuvé un Plan de réglementation des espaces publicitaires (2014) qui réduit substantiellement le nombre de supports publicitaires autorisés et leurs dimensions : Edwige Comoy Fusaro, Real eyes realise real lies . Expression graphique contestataire en Méditerranée aujourd’hui (2015) D ailleurs, les squatteurs de l ancienne caserne de la rue Porto Fluviale à Rome n ont pas encore été expulsés. Au-delà, enfin, de la contestation idéologique, c est surtout la poésie d oeuvres placées dans les endroits mal-aimés des villes qui fait sens : non pas les lieux et ce que Marc Augé appelle les « méta-lieux », mais ce que l on pourrait appeler les catalieux, comme ici à Nice, dans le chantier du quartier Riquier o‘ a fleuri l artwork reproduit plus haut : En cela, le Street Art est contestation de l habitat conçu à l enseigne unique du passage et de la consommation, contestation de l aveuglement des habitants à un environnement visuel non marchand et non injonctif. Bibliographie des ouvrages cités Paul Ardenne, Un art contextuel. Création artistique en milieu urbain, en situation, d’intervention, de participation, Paris, Flammarion, 2004. Christophe Genin, Le street art au tournant. Reconnaissances d’un genre, Bruxelles, Les Impressions Nouvelles, 2013. Stéphanie Lemoine, L’art urbain. Du graffiti au street art, Paris, Gallimard, 2012. Stéphanie Lemoine & Samira Ouardi, Artivisme. Art, action politique et résistance culturelle, Paris, Alternatives, 2010. Céline Neveux (dir.), Au-delà du street art, Paris, Critères, 2012. Christian Omodeo, Crossboarding. An Italian Paper History of Graffiti Writing and Street Art, Paris, LO/A, 2014. Edwige Comoy Fusaro, Real eyes realise real lies . Expression graphique contestataire en Méditerranée aujourd’hui (2015)