Nora Seni
Politicienne, Historienne, Urbaniste.Professeure des universités, Université Paris 8, Institut français de géopolitique. Directrice de l'IFEA (Institut français d'études anatoliennes, Istanbul) de 2008 à 2012Réalisatrice de films documentaires
less
InterestsView All (26)
Uploads
Books by Nora Seni
Ils organisent le départ d’une délégation pour rencontrer le gouverneur Mehmed Ali en Égypte puisqu’à cette époque il s’est annexé la Syrie. En Grande-Bretagne, Moses Montefiore, le leader de la communauté juive, s'alarme à son tour et s'associe à Crémieux. Tous trois sont des figures emblématiques d'un vaste mouvement de philanthropie qui va s’exprimer par la création d'écoles et d'hôpitaux en terres ottomanes. À leurs côtés, trois jeunes savants, originaires d'Europe centrale, vont mettre leurs connaissances des terres d'Orient à leur service - l'un d'entre eux deviendra plus tard professeur au Collège de France. Main dans la main, orientalistes érudits et leaders communautaires inventent ensemble une nouvelle conception de la bienfaisance qui porte en germe à la fois la " régénération " de la Terre sainte, le nationalisme juif et l'aide humanitaire sans frontières. Cet ouvrage retranscrit dans son intégralité le journal d’Adolphe Crémieux tenu justement lors de ce voyage en Égypte. Contrairement au journal du notable anglais Moses Montefiore qui accompagnait Crémieux et qui fut publié en 1888, le journal du juriste français restait inédit à ce jour. La version des faits par Crémieux manquait pour faire contrepoint au récit du philanthrope anglais. Une des ambitions de cet ouvrage est de pallier à cette absence. Sont également présentées ici les lettres que l’orientaliste érudit Salomon Munk qui accompagne Crémieux envoie à ses proches depuis l’Égypte. Elles contribuent à donner un éclairage different, autant sur les personnages que sur les événements qui scandent leur quotidien auprès de Mehmed Ali pacha, le gouverneur.
Dans un précédent ouvrage intitulé Les inventeurs de la philanthropie juive et publié en 2005 chez La Martinière (paru en turc en 2009 sous le titre "Oryantalizm ve Hayirseverligin Ittifaki", aux éditions YapıKredi) Nora Şeni avait traité des liens entre la philanthropie et l’orientalisme érudit tels qu’ils se sont noués au XIXe siècle à l’occasion de l’affaire de Damas. Le commentaire qui présente et annote ici le journal de Crémieux emprunte quelques-uns des thèmes développés dans ce précédent essai sur la philanthropie juive.
1On trouvera dans ce beau volume contenant 47 planches d’illustrations les contributions présentées en 2010 et visant à cerner l’« Orient » à la découverte duquel partaient savants et pèlerins, artistes et diplomates qui découvraient l’Empire ottoman, voisin puissant de l’Europe, et pourtant déjà exotique par ses usages, ses coutumes, ses langues… Comme le précise P. Chuvin, pour que la mission des uns et des autres relève du registre de l’« orientalisme », il faut qu’intervienne, à un moment donné, une sorte de « conversion » scientifique qui donne lieu à des formes d’expertise dans la quête de l’Orient. Celle-ci met souvent en branle les représentations de l’Antiquité et les apports de son héritage découvert, redécouvert, valorisé, analysé, traduit, publié, questionné aux xviiie et xixe siècles.
2Seize contributions sont réunies dans ce volume, qui ne touchent pas toutes à la réception de l’Antiquité, mais qui sont toutes passionnantes. Michel Tardieu marche dans les pas d’Eugen Prym et Albert Socin qui, inspirés sur le plan méthodologique par les frères Grimm, se rendent dans l’Empire ottoman à l’instigation du grand Theodor Nöldeke pour trouver des témoins vivants de l’araméen et accomplissent un travail de terrain extrêmement original. Perrine Simon-Nahum s’intéresse au rôle de Constantinople dans la transmission du grec à l’Occident, tel qu’Ernest Renan le perçoit, soucieux qu’il est de proposer une histoire de l’Occident médiéval concurrente de celle que propose l’Église. En définitive, en soulignant le rôle des philosophes et savants grecs, et celui des cultures orientales, Renan met en avant les échanges culturels comme facteur de progrès dans l’histoire de l’humanité. Le réseau stambouliote de Sylvestre de Sacy est présenté par Michel Espagne et Pascale Rabault-Feuerhahn ; leur étude montre que Constantinople était une porte ouverte sur l’Irak, la Syrie, le Liban et la Perse. Elle révèle aussi le rôle stratégique des échanges épistolaires dans la constitution de l’œuvre du grand orientaliste et dans son rayonnement. Jeff Moronvalle analyse le Recueil de cent estampes représentant différentes nations du Levant de Charles de Ferriol, paru à Paris en 1714, quelques années après le retour en France de l’ambassadeur Charles de Ferriol. Marqué par une esthétique de la curiosité, ce recueil amorce néanmoins une nouvelle approche scientifique de l’Orient, précurseur de l’orientalisme postérieur aux Lumières, qui présente les objets orientaux dans leur contexte d’origine. Véronique Schiltz propose une magnifique analyse des rapports entre Catherine II, les Turcs et l’antique, ou plus précisément de la manière dont Catherine, dans le cadre de ses affrontements avec les Turcs, mobilise les références à l’antique. C’est en effet au nom de l’Antiquité grecque, byzantine et chrétienne que Catherine a mené son combat contre l’Empire ottoman. Frédric Hitzel scrute les ambassades -occidentales à Constantinople comme vecteurs de la diffusion d’une certaine image de l’Orient puisque les ambassadeurs se font accompagner d’artistes que les rives du Bosphore inspirent. Isabella Palumbo Fossati Casa s’intéresse à Gaspare et Giuseppe Fossati, architectes italiens chargés de construire à Constantinople, pour le compte de Nicolas Ier de Russie, le nouveau palais de la Légation russe. Fascinés par Constantinople et son passé antique, ils se voient confier la restauration de Sainte-Sophie en 1847, par le sultan Abdül Mecit Ier, aventure extraordinaire que diverses sources nous restituent. En matière de théories de l’ornement, l’Empire ottoman a-t-il été un modèle et la source d’une « renaissance orientale », en dépit de la turcophobie dominante et des préjugés sur l’art turc ? Telle est la question que pose Rémi Labrusse, lequel montre bien toute la complexité du rapport à la source orientale, fantasmée davantage qu’imitée par les Occidentaux. Suzanne Marchand cerne la question de l’amitié germano-turque, celle qui unit un empire chrétien et un empire musulman (soumis à la proclamation du djihad en 1914), et explore ses conséquences dans le domaine de l’histoire intellectuelle. Gilles Veinstein reprend la question du despotisme ottoman sous l’angle de la polémique entre le baron de Tott et Charles de Peyssonnel, tandis que Sabine Mangold retrace le réseau européen et ottoman de Josef von Hammer-Purgstall, auteur d’une Histoire de l’Empire ottoman, en dix volumes, entre diplomatie et érudition. Le même savant autrichien est au cœur de la contribution de Céline Trautmann-Waller qui analyse son livre intitulé Constantinopolis und der Bosphoros, paru en 1822, où il donne à voir son rapport avec la ville, mythique et stratifiée, carrefour entre Europe et Orient. Edhem Elden revient sur son cher Osman Hamdi Bey, orientaliste oriental, personnage aux mille facettes et à l’histoire complexe, qui produit une peinture orientaliste bonne pour l’Occident. Trois figures de l’orientalisme architectural au Caire, au tournant du xxe siècle, à savoir l’ingénieur, le réformateur et le collectionneur sont présentées par Mercédès Volait, tandis que Zeinep Çelik étudie l’intrusion de la place publique, le « forum de la colonie », dans la ville ottomane, d’Alger à Damas. Nora Seni conclut le volume avec une contribution sur l’essor des études orientales au xixe siècle dans ses relations avec la philanthropie, lorsqu’érudition et générosité ou solidarité se conjuguaient. Le volume forme un ensemble remarquable, d’un grand intérêt pour les historiens de l’Antiquité et de sa réception, autant que pour ceux des périodes plus récentes.
1840 : à Damas, des Juifs sont accusés d'avoir assassiné un capucin ; la rumeur court qu'ils auraient utilisé son sang pour fabriquer du pain azyme. À peine arrêtés, deux d'entre eux meurent à la suite de leurs interrogatoires. A Paris, le banquier James de Rothschild et le célèbre avocat Adolphe Crémieux décident de venir en aide à leurs coreligionnaires, invoquant un " devoir d'ingérence " avant la lettre. En Grande-Bretagne, Moses Montefiore, le leader de la communauté, s'alarme à son tour et s'associe à eux. Tous trois sont des figures emblématiques d'un vaste mouvement de philanthropie qui va se concrétiser par la création d'écoles et d'hôpitaux en terres ottomanes. A leurs côtés, trois jeunes savants, originaires d'Europe centrale, vont mettre leurs connaissances des terres d'Orient à leur service - l'un d'entre eux sera professeur au Collège de France. Ensemble ils inventent une conception de la bienfaisance qui porte en germe à la fois la " régénération " de la Terre sainte et l'aide humanitaire sans frontières. À travers le destin croisé de ces six hommes, ce livre raconte la naissance de nouvelles formes d'engagement social et de nouveaux idéaux.
Leur nom est synonyme de haute finance — ils sont les bailleurs de fonds de la cour ottomane avant de devenir d’importants banquiers parisiens —, mais les Camondo furent également réputés pour leur action philanthropique et, surtout, pour leur rôle de mécènes.
Isaac, ami des impressionnistes, léguera en effet au musée du Louvre pas moins de cinquante chefs-d’œuvre de Degas, Monet, Manet, notamment, qui constitueront l’une des plus importantes donations privées jamais reçues par ce musée. C’est à sa générosité que l’on devra la construction d’un des hauts lieux parisiens de la musique lyrique : le théâtre des Champs-Elysées. Son cousin Moïse créera quant à lui l’extraordinaire musée Nissim-de-Camondo, tout entier consacré à l’art du XVIIIe siècle.
Pourtant, un mystère pèse sur l’histoire des Camondo. Pourquoi ont-ils sombré dans l’oubli ? Comment expliquer que leur nom, autrefois si prestigieux, soit aujourd’hui tombé en déshérence ?
Les auteurs de cette passionnante saga placée sous le signe permanent du tragique et où se mêlent intrigues politiques et financières résolvent avec brio "l’énigme Camondo", alliant, pour le plus grand plaisir des lecteurs, l’art de la narration à la rigueur de l’approche historique.
Nora Seni se sert de cette correspondance inédite pour analyser le passage de l'Empire ottoman à la "modernité", et ses relations avec l'Europe. Elle brosse un tableau grave et savoureux des intrigues de l'époque, détaille les portraits des hommes d'envergure de ce milieu de siècle, Édouard Thouvenel, Lord Stratford de Redcliffe, Aali et Fuad pachas, et renouvelle notre lecture des ambiguïtés turco-européennes qui courent encore de nos jours. » (présentation de l'éditeur)
Articles by Nora Seni
Turkey in Libya in the Biden era
This article shows how central Libya has become to the Turkish president’s regional power strategy. The economic, military and political investments made by Ankara in this country testify to a fierce desire for a permanent presence that gives Turkey access to territorial waters from which it is excluded and to energy pipeline traffic between Israel, Egypt, Cyprus, Greece and Italy. The arrival of Biden in the White House is a new deal that challenges Turkish ambitions.
This article shows how central Libya has become to the Turkish president's regional power strategy. The economic, military and political investments made by Ankara in this country testify to a fierce desire for a permanent presence that gives Turkey access to territorial waters from which it is excluded and to energy pipeline traffic between Israel, Egypt, Cyprus, Greece and Italy. The arrival of Biden in the White House is a new deal that challenges Turkish ambitions.
<!-- wp:heading {"level":4} -->
<h4 id="mce_1">ABSTRACT : TURKEY-GERMANY : TUMULTUOUS PARTNERSHIP, INDISSOLUBLE BONDS</h4>
<!-- /wp:heading -->
<!-- wp:heading {"level":4} -->
<h4 id="mce_0"><em>This text highlights two key moments when “mistakes” have been made in the course of contemporary Turkish-German relations : the moment when Berlin challenges Turkey’s ontological vocation to one day join the European Union (20062007) and Chancellor Angela Merkel’s trip to Istanbul in October 2015, just ten-day before parliamentary election in Turkey where Erdogan’s party was on the move, to convince the Turkish President to sign the agreement on filtering refugee flows to Europe. Secondly, this article analyses the role of the Turkish diaspora in the transformation of the mental universe of today’s Germany through what literary critics have called “the Turkish turn of contemporary German literature”.
Nora Seni
"Analyser les relations turco-iraniennes c’est se laisser interpeller par la mystérieuse stabilité de la frontière territoriale entre ces deux pays qui demeure inchangée depuis quasiment quatre siècles, depuis les accords de Qasr-e Chirin signés en 1639. Surprenante dans une région qui ne cesse de reconfigurer sa géographie des nations, des religions et des ethnies, la pérennité du tracé qui sépare ces deux pays n’est pas aisée à expliquer. En effet, les tensions qui n’ont pas manqué de troubler leurs relations n’ont guère engendré jusqu’à nos jours de conflits aptes à modifier ces tracés."
Ils organisent le départ d’une délégation pour rencontrer le gouverneur Mehmed Ali en Égypte puisqu’à cette époque il s’est annexé la Syrie. En Grande-Bretagne, Moses Montefiore, le leader de la communauté juive, s'alarme à son tour et s'associe à Crémieux. Tous trois sont des figures emblématiques d'un vaste mouvement de philanthropie qui va s’exprimer par la création d'écoles et d'hôpitaux en terres ottomanes. À leurs côtés, trois jeunes savants, originaires d'Europe centrale, vont mettre leurs connaissances des terres d'Orient à leur service - l'un d'entre eux deviendra plus tard professeur au Collège de France. Main dans la main, orientalistes érudits et leaders communautaires inventent ensemble une nouvelle conception de la bienfaisance qui porte en germe à la fois la " régénération " de la Terre sainte, le nationalisme juif et l'aide humanitaire sans frontières. Cet ouvrage retranscrit dans son intégralité le journal d’Adolphe Crémieux tenu justement lors de ce voyage en Égypte. Contrairement au journal du notable anglais Moses Montefiore qui accompagnait Crémieux et qui fut publié en 1888, le journal du juriste français restait inédit à ce jour. La version des faits par Crémieux manquait pour faire contrepoint au récit du philanthrope anglais. Une des ambitions de cet ouvrage est de pallier à cette absence. Sont également présentées ici les lettres que l’orientaliste érudit Salomon Munk qui accompagne Crémieux envoie à ses proches depuis l’Égypte. Elles contribuent à donner un éclairage different, autant sur les personnages que sur les événements qui scandent leur quotidien auprès de Mehmed Ali pacha, le gouverneur.
Dans un précédent ouvrage intitulé Les inventeurs de la philanthropie juive et publié en 2005 chez La Martinière (paru en turc en 2009 sous le titre "Oryantalizm ve Hayirseverligin Ittifaki", aux éditions YapıKredi) Nora Şeni avait traité des liens entre la philanthropie et l’orientalisme érudit tels qu’ils se sont noués au XIXe siècle à l’occasion de l’affaire de Damas. Le commentaire qui présente et annote ici le journal de Crémieux emprunte quelques-uns des thèmes développés dans ce précédent essai sur la philanthropie juive.
1On trouvera dans ce beau volume contenant 47 planches d’illustrations les contributions présentées en 2010 et visant à cerner l’« Orient » à la découverte duquel partaient savants et pèlerins, artistes et diplomates qui découvraient l’Empire ottoman, voisin puissant de l’Europe, et pourtant déjà exotique par ses usages, ses coutumes, ses langues… Comme le précise P. Chuvin, pour que la mission des uns et des autres relève du registre de l’« orientalisme », il faut qu’intervienne, à un moment donné, une sorte de « conversion » scientifique qui donne lieu à des formes d’expertise dans la quête de l’Orient. Celle-ci met souvent en branle les représentations de l’Antiquité et les apports de son héritage découvert, redécouvert, valorisé, analysé, traduit, publié, questionné aux xviiie et xixe siècles.
2Seize contributions sont réunies dans ce volume, qui ne touchent pas toutes à la réception de l’Antiquité, mais qui sont toutes passionnantes. Michel Tardieu marche dans les pas d’Eugen Prym et Albert Socin qui, inspirés sur le plan méthodologique par les frères Grimm, se rendent dans l’Empire ottoman à l’instigation du grand Theodor Nöldeke pour trouver des témoins vivants de l’araméen et accomplissent un travail de terrain extrêmement original. Perrine Simon-Nahum s’intéresse au rôle de Constantinople dans la transmission du grec à l’Occident, tel qu’Ernest Renan le perçoit, soucieux qu’il est de proposer une histoire de l’Occident médiéval concurrente de celle que propose l’Église. En définitive, en soulignant le rôle des philosophes et savants grecs, et celui des cultures orientales, Renan met en avant les échanges culturels comme facteur de progrès dans l’histoire de l’humanité. Le réseau stambouliote de Sylvestre de Sacy est présenté par Michel Espagne et Pascale Rabault-Feuerhahn ; leur étude montre que Constantinople était une porte ouverte sur l’Irak, la Syrie, le Liban et la Perse. Elle révèle aussi le rôle stratégique des échanges épistolaires dans la constitution de l’œuvre du grand orientaliste et dans son rayonnement. Jeff Moronvalle analyse le Recueil de cent estampes représentant différentes nations du Levant de Charles de Ferriol, paru à Paris en 1714, quelques années après le retour en France de l’ambassadeur Charles de Ferriol. Marqué par une esthétique de la curiosité, ce recueil amorce néanmoins une nouvelle approche scientifique de l’Orient, précurseur de l’orientalisme postérieur aux Lumières, qui présente les objets orientaux dans leur contexte d’origine. Véronique Schiltz propose une magnifique analyse des rapports entre Catherine II, les Turcs et l’antique, ou plus précisément de la manière dont Catherine, dans le cadre de ses affrontements avec les Turcs, mobilise les références à l’antique. C’est en effet au nom de l’Antiquité grecque, byzantine et chrétienne que Catherine a mené son combat contre l’Empire ottoman. Frédric Hitzel scrute les ambassades -occidentales à Constantinople comme vecteurs de la diffusion d’une certaine image de l’Orient puisque les ambassadeurs se font accompagner d’artistes que les rives du Bosphore inspirent. Isabella Palumbo Fossati Casa s’intéresse à Gaspare et Giuseppe Fossati, architectes italiens chargés de construire à Constantinople, pour le compte de Nicolas Ier de Russie, le nouveau palais de la Légation russe. Fascinés par Constantinople et son passé antique, ils se voient confier la restauration de Sainte-Sophie en 1847, par le sultan Abdül Mecit Ier, aventure extraordinaire que diverses sources nous restituent. En matière de théories de l’ornement, l’Empire ottoman a-t-il été un modèle et la source d’une « renaissance orientale », en dépit de la turcophobie dominante et des préjugés sur l’art turc ? Telle est la question que pose Rémi Labrusse, lequel montre bien toute la complexité du rapport à la source orientale, fantasmée davantage qu’imitée par les Occidentaux. Suzanne Marchand cerne la question de l’amitié germano-turque, celle qui unit un empire chrétien et un empire musulman (soumis à la proclamation du djihad en 1914), et explore ses conséquences dans le domaine de l’histoire intellectuelle. Gilles Veinstein reprend la question du despotisme ottoman sous l’angle de la polémique entre le baron de Tott et Charles de Peyssonnel, tandis que Sabine Mangold retrace le réseau européen et ottoman de Josef von Hammer-Purgstall, auteur d’une Histoire de l’Empire ottoman, en dix volumes, entre diplomatie et érudition. Le même savant autrichien est au cœur de la contribution de Céline Trautmann-Waller qui analyse son livre intitulé Constantinopolis und der Bosphoros, paru en 1822, où il donne à voir son rapport avec la ville, mythique et stratifiée, carrefour entre Europe et Orient. Edhem Elden revient sur son cher Osman Hamdi Bey, orientaliste oriental, personnage aux mille facettes et à l’histoire complexe, qui produit une peinture orientaliste bonne pour l’Occident. Trois figures de l’orientalisme architectural au Caire, au tournant du xxe siècle, à savoir l’ingénieur, le réformateur et le collectionneur sont présentées par Mercédès Volait, tandis que Zeinep Çelik étudie l’intrusion de la place publique, le « forum de la colonie », dans la ville ottomane, d’Alger à Damas. Nora Seni conclut le volume avec une contribution sur l’essor des études orientales au xixe siècle dans ses relations avec la philanthropie, lorsqu’érudition et générosité ou solidarité se conjuguaient. Le volume forme un ensemble remarquable, d’un grand intérêt pour les historiens de l’Antiquité et de sa réception, autant que pour ceux des périodes plus récentes.
1840 : à Damas, des Juifs sont accusés d'avoir assassiné un capucin ; la rumeur court qu'ils auraient utilisé son sang pour fabriquer du pain azyme. À peine arrêtés, deux d'entre eux meurent à la suite de leurs interrogatoires. A Paris, le banquier James de Rothschild et le célèbre avocat Adolphe Crémieux décident de venir en aide à leurs coreligionnaires, invoquant un " devoir d'ingérence " avant la lettre. En Grande-Bretagne, Moses Montefiore, le leader de la communauté, s'alarme à son tour et s'associe à eux. Tous trois sont des figures emblématiques d'un vaste mouvement de philanthropie qui va se concrétiser par la création d'écoles et d'hôpitaux en terres ottomanes. A leurs côtés, trois jeunes savants, originaires d'Europe centrale, vont mettre leurs connaissances des terres d'Orient à leur service - l'un d'entre eux sera professeur au Collège de France. Ensemble ils inventent une conception de la bienfaisance qui porte en germe à la fois la " régénération " de la Terre sainte et l'aide humanitaire sans frontières. À travers le destin croisé de ces six hommes, ce livre raconte la naissance de nouvelles formes d'engagement social et de nouveaux idéaux.
Leur nom est synonyme de haute finance — ils sont les bailleurs de fonds de la cour ottomane avant de devenir d’importants banquiers parisiens —, mais les Camondo furent également réputés pour leur action philanthropique et, surtout, pour leur rôle de mécènes.
Isaac, ami des impressionnistes, léguera en effet au musée du Louvre pas moins de cinquante chefs-d’œuvre de Degas, Monet, Manet, notamment, qui constitueront l’une des plus importantes donations privées jamais reçues par ce musée. C’est à sa générosité que l’on devra la construction d’un des hauts lieux parisiens de la musique lyrique : le théâtre des Champs-Elysées. Son cousin Moïse créera quant à lui l’extraordinaire musée Nissim-de-Camondo, tout entier consacré à l’art du XVIIIe siècle.
Pourtant, un mystère pèse sur l’histoire des Camondo. Pourquoi ont-ils sombré dans l’oubli ? Comment expliquer que leur nom, autrefois si prestigieux, soit aujourd’hui tombé en déshérence ?
Les auteurs de cette passionnante saga placée sous le signe permanent du tragique et où se mêlent intrigues politiques et financières résolvent avec brio "l’énigme Camondo", alliant, pour le plus grand plaisir des lecteurs, l’art de la narration à la rigueur de l’approche historique.
Nora Seni se sert de cette correspondance inédite pour analyser le passage de l'Empire ottoman à la "modernité", et ses relations avec l'Europe. Elle brosse un tableau grave et savoureux des intrigues de l'époque, détaille les portraits des hommes d'envergure de ce milieu de siècle, Édouard Thouvenel, Lord Stratford de Redcliffe, Aali et Fuad pachas, et renouvelle notre lecture des ambiguïtés turco-européennes qui courent encore de nos jours. » (présentation de l'éditeur)
Turkey in Libya in the Biden era
This article shows how central Libya has become to the Turkish president’s regional power strategy. The economic, military and political investments made by Ankara in this country testify to a fierce desire for a permanent presence that gives Turkey access to territorial waters from which it is excluded and to energy pipeline traffic between Israel, Egypt, Cyprus, Greece and Italy. The arrival of Biden in the White House is a new deal that challenges Turkish ambitions.
This article shows how central Libya has become to the Turkish president's regional power strategy. The economic, military and political investments made by Ankara in this country testify to a fierce desire for a permanent presence that gives Turkey access to territorial waters from which it is excluded and to energy pipeline traffic between Israel, Egypt, Cyprus, Greece and Italy. The arrival of Biden in the White House is a new deal that challenges Turkish ambitions.
<!-- wp:heading {"level":4} -->
<h4 id="mce_1">ABSTRACT : TURKEY-GERMANY : TUMULTUOUS PARTNERSHIP, INDISSOLUBLE BONDS</h4>
<!-- /wp:heading -->
<!-- wp:heading {"level":4} -->
<h4 id="mce_0"><em>This text highlights two key moments when “mistakes” have been made in the course of contemporary Turkish-German relations : the moment when Berlin challenges Turkey’s ontological vocation to one day join the European Union (20062007) and Chancellor Angela Merkel’s trip to Istanbul in October 2015, just ten-day before parliamentary election in Turkey where Erdogan’s party was on the move, to convince the Turkish President to sign the agreement on filtering refugee flows to Europe. Secondly, this article analyses the role of the Turkish diaspora in the transformation of the mental universe of today’s Germany through what literary critics have called “the Turkish turn of contemporary German literature”.
Nora Seni
"Analyser les relations turco-iraniennes c’est se laisser interpeller par la mystérieuse stabilité de la frontière territoriale entre ces deux pays qui demeure inchangée depuis quasiment quatre siècles, depuis les accords de Qasr-e Chirin signés en 1639. Surprenante dans une région qui ne cesse de reconfigurer sa géographie des nations, des religions et des ethnies, la pérennité du tracé qui sépare ces deux pays n’est pas aisée à expliquer. En effet, les tensions qui n’ont pas manqué de troubler leurs relations n’ont guère engendré jusqu’à nos jours de conflits aptes à modifier ces tracés."
University and Political Power in Turkey
This article deals with the intensification of repression and the disappearance of freedom of speech, human rights in Turkish universities within Mr. Recep Tayyip Erdogan’s era. It also deals with the early structure of university in this country and the influence of German Jewish scholars during the 1930es and the foundation of the Turkish University
University and Political Power in Turkey
This article deals with the intensification of repression and the disappearance of freedom of speech, human rights in Turkish universities within Mr. Recep Tayyip Erdogan’s era. It also deals with the early structure of university in this country and the influence of German Jewish scholars during the 1930es and the foundation of the Turkish University
This article deals with the intensification of repression and the disappearance of freedom of speech, human rights in Turkish universities within Mr. Recep Tayyip Erdogan’s era. It also deals with the early structure of university in this country and the influence of German Jewish scholars during the 1930es and the foundation of the Turkish University
Universités et Pouvoir politique en Turquie
Cet article questionne les effets de l’autoritarisme du régime présidentiel de M. Erdogan sur les universités turques, la répression sur des enseignants, la disparition des conditions de libertés de penser et de transmettre indispensables au fonctionnement de l’enseignement supérieur. Il interroge également l’influence cruciale des savants juifs allemands qui, contraints de quitter leur établissement lors de la montée du nazisme sont venus enseigner à Istanbul et Ankara et contribué de manière décisive à la fondation de l’Université en Turquie
Cet article analyse deux conflits environnementaux d’envergure qui marquent l’histoire de la prise de conscience des enjeux écologiques en Turquie, le soulèvement occasionné contre le projet de destruction du parc Gezi à Istanbul et la résistance de la ville d’Artvin contre la construction d’une mine d’or dans la forêt à Cerattepe. Cela donne l’occasion de repérer les deux courants qui irriguent le développement des conflits environnementaux dans ce pays, l’essor de la société civile, des fondations et de l’activité associative d’une part, l’éclosion d’une perception forte des menaces écologiques, sismiques, nucléaires de l’autre.
This article deals with the role of Turkey in the politicization process of European Union as a political issue in France and in Germany. It also deals with the way the integration of Turkey to the EU has been instrumental to overcome the opposition of the turkish army to Mr.Erdogan's Islamic party. It tries to show the differences between Turkey and European political cultures from Second World War on, Turkey's political culture being obsessed by maintianing the homogeneity (ethnically, religiously) of the population and the secon one being obsessed by maintaining Peace
Elitler nezdinde, hem topluma karşı sorumluluk yerine getirme tarzı hem de elit kesime ait olmanın işareti olarak işleyen bu "davranış biçimi", 19. yüzyıl sonunda, 'mesen'liğe yönelir. Resim ve sanat objeleri koleksiyonları yapmak, onları bağışlamak, müze kurmak burjuvazinin üst kesimlerine has davranışlar arasında önem kazanır. Paris'te Cernuschi Müzesi, Jacquemart-André Müzesi ya da Camondo Müzesi bu çerçevede kuruldu. Sosyal devletin zayıflamasıyla 1990'lardan beri bu hareket dünyada yeniden canlanıyor.
Cumhuriyet Türkiye'sinde, son 30 yılda gelişen, üniversite ve müze kuran, sanat koleksiyonu oluşturan, koleksiyonlarını bağışlayan, kültürel festivaller düzenleyerek ülkedeki sanat ve eğitim dünyasının yüzünü değiştiren özel kesim girişimleri herkesin malumu. Bu girişimler sayesinde İstanbul metropoller arası rekabet alanında hatırı sayılır bir yere geldi. Bu akımın aktörleri, büyük servetlerin uluslararası arenadaki rekabetleri içinde varolma yolunu seçerler, milli çerçeveden ziyade uluslararası düzeyde oluşan standartlara göre hareket ederler. Bu akımın Türkiye'de neden şimdi geliştiğini anlamak, sözü aktörlerine de vererek bu akımın tarihsel, sosyal niteliklerini irdelemek ve kentsel değişime katkısını incelemek amacıyla, bilimsel sorumluluğumda, 25-26, 28 Ocak tarihlerinde Pera Müzesi ve Santralistanbul'da "Hayırseverler ve Mesenler. Çağdaş Bir Kent ve Kültür Politikası için" konulu bir sempozyum tertipliyoruz. Bu toplantının düzenlenmesine katılan diğer kurumlar da, Fransız Anadolu Araştırmaları Enstitüsü (İstanbul), Fransız Şehircilik Enstitüsü (Paris 8 Üniversitesi), Paris Osmanlı ve Türk Araştırmaları Merkezi.
Sempozyumun incelediği Türkiye'deki bu eğilim herhangi bir devrede gelişmedi. Söz konusu dönem, Avrupa'da müze ve kültür/sanat kurumlarının yoğunlaştığı mahallelerin (cultural clusters) türediği, müze kurmanın bir kentsel dönüşüm aracı olarak yerleşmekte olduğu, kültür-kent ilişkisinin 'yeni bir paradigma'ya (bkz. 8 Nisan 2007, Radikal İki'deki yazım) uyarak dönüştüğü bir dönemdir. Dolayısıyla, İstanbul'da son zamanlarda kurulmakta olan kültürel kurumları bu perspektiften tahlil edip, özel ve devlet girişimlerinin, planlı olmasa da kesişip oluşturdukları 'İstanbul stratejilerini' keşfedeceğiz.
En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/europe/video/2016/07/16/turquie-pourquoi-une-partie-de-l-armee-a-lache-erdogan_4970656_3214.html#LVjzM4ORdWRWDsML.99
Participants: Didier Billion, GaÏdz Minassian, Nora Seni
Un documentaire de Perrine Kervran
La culture au service d'Istanbul, métropole mondiale Acteurs et enjeux.
Classification Dewey : Culture, institutions sociales (institutions ou associations culturelles, action culturelle, comportements culturels, anthropologie culturelle, sociologie culturelle, économique, politique, religieuse)
My introduction to the conference on 'Turkey policy towards Jews during Second Word War " with Corry Guttstadt and Izzet Behar, on March 2015, at SALT, Istanbul