Chonja Lee
Chonja Lee is currently replacing the junior professor for provenance research and cultural heritage at Ludwig-Maximilians-Universität Munich. Lee obtained her PhD 2015 at the Universität Zürich with an interdisciplinary thesis on images of the plant soul in French fine arts, dance, and film around 1900. She holds an MA in European and Asian Art History and Political Science of the Universität Zürich. Besides her research, she worked in the Museum Rietberg as an art mediator. She is a former fellow of the Swiss National Science Foundation, the Schweizer Institut für Kunstwissenschaft, the Deutsches Forum für Kunstgeschichte in Paris, and Princeton University. She has worked and taught contemporary and early modern art history at the Universities of Geneva, Zurich, Bern, and Neuchâtel and was a post-doctoral member of the Swiss National Science Foundation research projects Bibliothèques et musées en Suisse entre XVIIIe et XIXe, led by Prof. Dr. Valérie Kobi and The Exotic? Integration, Exhibition, and Imitation of Non-Western Material Culture in Europe (1600–1800), led by Prof. Dr. Noémie Étienne. Lee co-curated the exhibition Exotic? Switzerland looking Outward in the Age of Enlightenment (Lausanne, Palais de Rumine, 2020–21), for which she was awarded the Young Science Prize of the Walter Benjamin Kolleg. She co-edited the books Exotic Switzerland. Looking Outward in the Age of Enlightenment (2020) and Networks and Practices of Connoisseurship in the Global Eighteenth Century (2023). She is currently completing a monograph on designs of printed cotton textiles for the transatlantic trade.
less
Uploads
Exhibitions by Chonja Lee
Papers by Chonja Lee
et textures entre l'Asie et l'Europe
A l’aide d’exemples provenant des domaines
des arts décoratifs et des beaux-arts,
nous montrons que la brillance des surfaces
devient l’un des enjeux majeurs de l’économie
des chinoiseries en Suisse. Les artisans
et les artistes suisses ont connaissance des
porcelaines, des laques et des textiles qui
se diffusent partout en Europe. Leur circulation
est liée aux ambitions diplomatiques
et économiques des pays impliqués (Chine,
Japon, Siam, France, Allemagne, Angleterre,
Hollande…). En Europe il s’agit dès lors de
maitriser ces techniques pour les développer
et les commercialiser. De plus, les acteurs
cherchent à traduire leur brillance et leur texture
dans différents médias : les objets importés
de Chine ou du Japon transforment ainsi
l’univers sensoriel en Europe, stimulant l’imitation
de certaines matières et rendus plastiques,
tels le luisant et le nacré. Par exemple,
dans la Nature morte du Getty, le peintre
genevois Jean-Etienne Liotard se confronte
directement aux propriétés matérielles et aux
formes des laques asiatiques, introduisant un
nouvel horizon visuel et tactile en Europe.
Reviews by Chonja Lee
Articles by Chonja Lee
l’ancienne Confédération était l’un des principaux producteurs d’imprimés de coton pour le commerce intra- et extra-européen. Le costume traditionnel suisse avec indiennes – nullement importées d’Inde, mais imitées en Europe – est un exemple de symbole identitaire local intégré aux courants mondiaux de la mode et du commerce ; ce qui est censé être local est en réalité un bien de consommation global par excellence. Non seulement les indiennes, avec leurs motifs en apparence purement décoratifs, recèlent des connotations
politiques et présentent l’autre comme étranger – ce que traduisent
leurs représentations stéréotypées des personnes, des animaux et des lieux –, mais elles sont en soi des produits inscrits dans des réseaux internationaux et d’interdépendances politiques et économiques. Avant que les indiennes ne deviennent au XVIIIe siècle un bien de consommation prisé, et que la Suisse ne devienne l’un des premiers pays producteurs de ce type de textile, jusqu’à devenir un acteur majeur du commerce international, ces étoffes bariolées étaient une curiosité venue d’ailleurs et fleurant bon l’exotisme.
et textures entre l'Asie et l'Europe
A l’aide d’exemples provenant des domaines
des arts décoratifs et des beaux-arts,
nous montrons que la brillance des surfaces
devient l’un des enjeux majeurs de l’économie
des chinoiseries en Suisse. Les artisans
et les artistes suisses ont connaissance des
porcelaines, des laques et des textiles qui
se diffusent partout en Europe. Leur circulation
est liée aux ambitions diplomatiques
et économiques des pays impliqués (Chine,
Japon, Siam, France, Allemagne, Angleterre,
Hollande…). En Europe il s’agit dès lors de
maitriser ces techniques pour les développer
et les commercialiser. De plus, les acteurs
cherchent à traduire leur brillance et leur texture
dans différents médias : les objets importés
de Chine ou du Japon transforment ainsi
l’univers sensoriel en Europe, stimulant l’imitation
de certaines matières et rendus plastiques,
tels le luisant et le nacré. Par exemple,
dans la Nature morte du Getty, le peintre
genevois Jean-Etienne Liotard se confronte
directement aux propriétés matérielles et aux
formes des laques asiatiques, introduisant un
nouvel horizon visuel et tactile en Europe.
l’ancienne Confédération était l’un des principaux producteurs d’imprimés de coton pour le commerce intra- et extra-européen. Le costume traditionnel suisse avec indiennes – nullement importées d’Inde, mais imitées en Europe – est un exemple de symbole identitaire local intégré aux courants mondiaux de la mode et du commerce ; ce qui est censé être local est en réalité un bien de consommation global par excellence. Non seulement les indiennes, avec leurs motifs en apparence purement décoratifs, recèlent des connotations
politiques et présentent l’autre comme étranger – ce que traduisent
leurs représentations stéréotypées des personnes, des animaux et des lieux –, mais elles sont en soi des produits inscrits dans des réseaux internationaux et d’interdépendances politiques et économiques. Avant que les indiennes ne deviennent au XVIIIe siècle un bien de consommation prisé, et que la Suisse ne devienne l’un des premiers pays producteurs de ce type de textile, jusqu’à devenir un acteur majeur du commerce international, ces étoffes bariolées étaient une curiosité venue d’ailleurs et fleurant bon l’exotisme.
Qu’est-ce que l’« exotique » ? Depuis quand utilise-t-on ce mot ? Comment définit-on ce qui est exotique et ce qui ne l’est pas ? La Suisse est-elle exotique ?
Rien n’est « exotique » en soi : l’exotisme est le produit de représentations, de médiations et de traductions qui assignent une place aux choses et aux gens dans un contexte historique et politique donné.
Ainsi, l'exposition propose une perspective historique pour comprendre l’émergence de ce regard sur l’Autre et des gestes de classification qui l’accompagnent en Suisse au XVIIIème siècle à partir d'une sélection de plus d'une centaine de biens issus de collections patrimoniales suisses variées (ethnographie, histoire naturelle, histoire, histoire de l'art, archives et bibliothèques)
Partenaires du projet :
Commissariat scientifique : Noémie Etienne, Claire Brizon, Chonja Lee (FNS, UNIBE)
Coordination : Etienne Wismer (FNS, UNIBE)
Commissariat muséale : Julia Genechesi et Lionel Pernet (MCHA), Gilles Borel (MCG), Michel Sartori (MCZ)
Scénographie et graphisme : Frédéric Dedelley (Zürich) Jocelyne Fracheboud (Paris)
Comité ressource de l’exposition :
Helen Bieri Thomson, directrice du Château de Prangins, Musée national suisse ; Yaëlle Biro, conservatrice pour les arts de l’Afrique, Metropolitan Museum of Art, New York ; Hervé Groscarret, responsable Unité Publics et Expositions, Muséum d'histoire naturelle, Ville de Genève; Meredith Martin, professeure associée, New York University; Dominique Poulot, professeur ordinaire, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne.