Ruth Amar
Short biographical note:
I am a professor at the University of Haifa and a member of the Department of Hebrew and Comparative Literature. My work focuses on contemporary French Literature. I have published a large number of articles on the French contemporary novel, among others, on the work of Tahar Ben Jelloun, J.M.G. Le Clézio, Michel Tournier, Andrée Chédid, Jean Echenoz, Olivier Rolin, Silvie Germain, Patrick Modiano, Michel Houellebecq
I am author of Les structures de la solitude dans l’œuvre de J.M.G. Le Clézio (Publisud, 2004), Tahar Ben jelloun : Les Stratégies narratives, (Edwin Mellen Press, 2005), Bonheur : Quête et représentation dans le roman français contemporain, ( Classiques Garnier, 2016). I am co-author of Utopie : mémoire et imaginaire, actes du colloque, (Verlag Die Blaue Eule, 2008), Le monde d’Alain Bosquet, (Publisud, 2009). I am editor of L’Écriture du bonheur dans le roman contemporain, textes réunis et édités par Ruth Amar, (Cambridge, CSP, 2011) and The Relationship between Center and Periphery in the Contemporary Novel (Cambridge, CPS, 2018).
I am a professor at the University of Haifa and a member of the Department of Hebrew and Comparative Literature. My work focuses on contemporary French Literature. I have published a large number of articles on the French contemporary novel, among others, on the work of Tahar Ben Jelloun, J.M.G. Le Clézio, Michel Tournier, Andrée Chédid, Jean Echenoz, Olivier Rolin, Silvie Germain, Patrick Modiano, Michel Houellebecq
I am author of Les structures de la solitude dans l’œuvre de J.M.G. Le Clézio (Publisud, 2004), Tahar Ben jelloun : Les Stratégies narratives, (Edwin Mellen Press, 2005), Bonheur : Quête et représentation dans le roman français contemporain, ( Classiques Garnier, 2016). I am co-author of Utopie : mémoire et imaginaire, actes du colloque, (Verlag Die Blaue Eule, 2008), Le monde d’Alain Bosquet, (Publisud, 2009). I am editor of L’Écriture du bonheur dans le roman contemporain, textes réunis et édités par Ruth Amar, (Cambridge, CSP, 2011) and The Relationship between Center and Periphery in the Contemporary Novel (Cambridge, CPS, 2018).
less
Uploads
Papers by Ruth Amar
A propos du bonheur dans le roman français contemporain
Comment évoquer le concept de bonheur sans tomber dans des pièges divers, car si le bonheur demeure une aspiration partagée par tout homme, quelles raisons nous amènent à penser qu'il est inaccessible ? Quelle part faut-il donner à l'initiative de l'homme dans la poursuite du bonheur ? Et, s'il est inaccessible, doit-on en faire la fin suprême de l'existence ? De nombreuses définitions ont été données au bonheur, se côtoyant, s’accumulant, se contredisant.
En ce qui concerne la littérature, un récit concret du bonheur serait inconcevable pour nombre d'écrivains ou, tout du moins, ce thème ne saurait être traité que de manière oblique. « Si l’on met en scène deux personnages heureux au bout de dix minutes, c’est fini, il faut bien qu’il se passe des choses qui entravent le bonheur ». Cette devise de Françoise Sagan conduit à croire qu'il est impossible de discerner une écriture du bonheur dans les récits. Or, malgré le pessimisme régnant après deux guerres mondiales, l’Holocauste, le développement du postmodernisme et de la technologie, des lueurs d’optimisme semblent s’infiltrer dans la société et « les idéaux d’amour, de vérité, de justice, d’altruisme n’ont pas fait faillite : nul nihilisme complet, nul "dernier homme" ne se profile à l’horizon des temps hypermodernes ». L’écriture du bonheur aujourd’hui semble procéder différemment et manifester une spécificité contemporaine, révélatrice de la posture singulière de notre temps. Dans l'essor du roman français de la seconde partie du XXe siècle nous constatons un phénomène de réécriture du thème du bonheur, ses ramifications et ses transmutations : bien que l’homme soit aux prises avec un monde dont « l’unité, la cohérence et le sens sont remis en question », la quête du bonheur persiste dans le roman.
On peut discerner cette « bonheurologie » dans la littérature des XXe et XXIe siècles où, à travers les drames singuliers, s'impose aussi la présence du bonheur, ou tout du moins sa quête, au sein d’événements historiques et sociaux qui ont pu influencer l’écriture aux différentes périodes de ces siècles, tels que le postmodernisme et le consumérisme.
Longtemps négligé par les philosophes du XIXe siècle au profit de la réflexion sur la science ou la métaphysique de la vérité, le bonheur est redevenu récemment le centre de la pensée de certains philosophes contemporains et romanciers. Il suffit de voir le nombre de livres dédié au sujet ces dernières années. Un tel intérêt pour ce thème n'est pas nouveau , mais l'attention qui s'y porte aujourd'hui me semble procéder différemment et manifester en cela une spécificité contemporaine, révélatrice de la posture singulière de notre temps.
Dans une telle perspective, je propose d'interroger ici la conception du bonheur dans le roman français à partir des années soixante et de tenter de saisir l'enjeu et la transmutation de ce thème dans le roman contemporain français en me concentrant sur cinq domaines largement controversés de nos jours : la conjugalité, la transgression, le troisième âge, le quotidien, le malaise de la société hypermoderne.
Longtemps négligé par les philosophes du XIXe siècle au profit de la réflexion sur la science ou sur la métaphysique de la vérité, le bonheur est redevenu récemment le centre de la pensée de certains philosophes contemporains aussi bien que de romanciers. Il suffit de voir le nombre de livres dédiés au sujet ces dernières années. Un tel intérêt pour ce thème n'est pas nouveau, mais l'intérêt qui s'y porte aujourd'hui me semble procéder différemment et manifester en cela une spécificité contemporaine, révélatrice de la posture singulière de notre temps. Dans une telle perspective, j'interroge ici la conception du bonheur dans le roman français à partir des années soixante et tente de saisir l'enjeu et la transmutation de ce thème dans le roman contemporain français en me concentrant sur cinq domaines largement controversés de nos jours : la conjugalité, le troisième âge, le quotidien, le malaise de la société hypermoderne, la transgression.
A propos du bonheur dans le roman français contemporain
Comment évoquer le concept de bonheur sans tomber dans des pièges divers, car si le bonheur demeure une aspiration partagée par tout homme, quelles raisons nous amènent à penser qu'il est inaccessible ? Quelle part faut-il donner à l'initiative de l'homme dans la poursuite du bonheur ? Et, s'il est inaccessible, doit-on en faire la fin suprême de l'existence ? De nombreuses définitions ont été données au bonheur, se côtoyant, s’accumulant, se contredisant.
En ce qui concerne la littérature, un récit concret du bonheur serait inconcevable pour nombre d'écrivains ou, tout du moins, ce thème ne saurait être traité que de manière oblique. « Si l’on met en scène deux personnages heureux au bout de dix minutes, c’est fini, il faut bien qu’il se passe des choses qui entravent le bonheur ». Cette devise de Françoise Sagan conduit à croire qu'il est impossible de discerner une écriture du bonheur dans les récits. Or, malgré le pessimisme régnant après deux guerres mondiales, l’Holocauste, le développement du postmodernisme et de la technologie, des lueurs d’optimisme semblent s’infiltrer dans la société et « les idéaux d’amour, de vérité, de justice, d’altruisme n’ont pas fait faillite : nul nihilisme complet, nul "dernier homme" ne se profile à l’horizon des temps hypermodernes ». L’écriture du bonheur aujourd’hui semble procéder différemment et manifester une spécificité contemporaine, révélatrice de la posture singulière de notre temps. Dans l'essor du roman français de la seconde partie du XXe siècle nous constatons un phénomène de réécriture du thème du bonheur, ses ramifications et ses transmutations : bien que l’homme soit aux prises avec un monde dont « l’unité, la cohérence et le sens sont remis en question », la quête du bonheur persiste dans le roman.
On peut discerner cette « bonheurologie » dans la littérature des XXe et XXIe siècles où, à travers les drames singuliers, s'impose aussi la présence du bonheur, ou tout du moins sa quête, au sein d’événements historiques et sociaux qui ont pu influencer l’écriture aux différentes périodes de ces siècles, tels que le postmodernisme et le consumérisme.
Longtemps négligé par les philosophes du XIXe siècle au profit de la réflexion sur la science ou la métaphysique de la vérité, le bonheur est redevenu récemment le centre de la pensée de certains philosophes contemporains et romanciers. Il suffit de voir le nombre de livres dédié au sujet ces dernières années. Un tel intérêt pour ce thème n'est pas nouveau , mais l'attention qui s'y porte aujourd'hui me semble procéder différemment et manifester en cela une spécificité contemporaine, révélatrice de la posture singulière de notre temps.
Dans une telle perspective, je propose d'interroger ici la conception du bonheur dans le roman français à partir des années soixante et de tenter de saisir l'enjeu et la transmutation de ce thème dans le roman contemporain français en me concentrant sur cinq domaines largement controversés de nos jours : la conjugalité, la transgression, le troisième âge, le quotidien, le malaise de la société hypermoderne.