Période interglaciaire
Une période interglaciaire est une période séparant deux glaciations et durant laquelle les températures moyennes de la planète sont relativement élevées. L'Holocène, époque géologique actuelle, est une période interglaciaire. Il dure depuis la fin de la dernière période glaciaire, il y a environ 11 700 ans.
Périodes interglaciaires du Quaternaire
[modifier | modifier le code]Pendant les quelque 2,6 millions d'années qu'a duré le Pléistocène (2,58 Ma à 11 700 ans avant le présent), des glaciations, accompagnées d'avancées massives des glaciers en Europe du Nord et en Amérique du Nord, se sont produites à intervalles plus ou moins réguliers. Ces périodes glaciaires étaient séparées par des périodes interglaciaires. Chaque glaciation a duré quelque 100 000 ans et est marquée par d'importants changements de climat[1].
Pendant une période interglaciaire, le climat se réchauffe. Une végétation de climat tempéré peut reconquérir des terres auparavant couvertes par la toundra pendant qu'une partie des anciens littoraux sont ennoyés par la mer. Une hausse globale des précipitations favorise l'extension des forêts aux dépens des prairies et des savanes.
Causes
[modifier | modifier le code]Les changements climatiques du Quaternaire, sur des périodes allant de plusieurs dizaines à centaines de milliers d'années, sont influencés de manière significative par les fluctuations de l'énergie solaire reçue par la Terre, dues aux variations de l'orbite et de l'inclinaison de la Terre autour du Soleil[2].
Ainsi, deux cycles de glaciation longs de 413 000 et 100 000 ans se corrèlent à deux cycles "courts" de 40 000 et 21 000 ans, suivant les variations (connues) de l'orbite et de la rotation terrestres (inclinaison, excentricité de l'orbite, précession et nutation)[3]. Les plus grosses planètes du système solaire, Jupiter et Saturne, sont les principales causes de perturbation des mouvements orbitaux de la Terre[4]. Ces paramètres sont nommés les paramètres de Milanković.
Influence de l'humain
[modifier | modifier le code]La prochaine glaciation est prévue dans les mille prochaines années, avec un retard déjà accumulé de 600 ans[5]. Selon une étude de 2017 de l'Université de Cambridge, la Terre aurait déjà dû entamer une période de glaciation[6]. Les importantes émissions de gaz à effet de serre d'origine humaine depuis le début de l'ère industrielle pourraient avoir retardé l'arrivée de la prochaine période glaciaire[7]. L'augmentation des concentrations de gaz carbonique dans l'atmosphère pourrait prolonger la période interglaciaire en cours de plusieurs dizaines de milliers d'années[2],[8],[9],[10],[11],[12].
Cycles glaciaires
[modifier | modifier le code]La connaissance des cycles glaciaires est importante en Préhistoire pour comprendre les mouvements de peuplement et de dépeuplement des zones septentrionales de la planète selon les époques.
De 2,6 Ma à 800 000 ans avant le présent, les cycles glaciaires durent environ 41 000 ans. Puis ils s'allongent pour durer environ 100 000 ans. On n'a pas trouvé à ce jour d'explication scientifique à ce changement de rythme. Cela signifie néanmoins que la planète a connu 8 cycles glaciaires, et donc 9 interglaciaires, depuis environ 800 000 ans.
Intercycles
[modifier | modifier le code]Durant la dernière période glaciaire (dite glaciation de Würm en Europe alpine), à partir de 115 000 ans avant le présent, le climat a connu des fluctuations intermédiaires, connues initialement sous les appellations Würm I à IV, puis SIO 5 à 2. Le stade SIO 3 (ou Würm III) correspond à une remontée très relative des températures moyennes entre deux pléniglaciaires (SIO 4 et SIO 2).
Interstades
[modifier | modifier le code]À l'intérieur des intercycles se sont produites des fluctuations plus brèves qu'on appelle des interstades. La chronologie des interstades n'est pas totalement stabilisée chez les différents auteurs qui ont publié des études sur le sujet, car les instruments de datation disponibles n'avaient pas encore une précision suffisante.
Effets sur la faune
[modifier | modifier le code]F. Delpech (2020) constate que les périodes à climat rigoureux amènent des habitats ouverts steppiques corrélés avec une augmentation significative de la tailles des animaux et une diminution de la taille des populations ; à l'inverse, les périodes interglaciaires amènent une diminution notable des tailles des animaux et sont corrélées avec des couverts forestiers et des populations plus importantes. Elle cite le cas du Cervus simplicidens devenu très petit à l'arrivée du Würm I ancien - autrement dit, sa taille diminue pendant l'interglaciaire Riss-Würm) ; c'est également le cas du renne, de la hyène des cavernes et d'autres espèces. Pour les carnivores, elle établit un lien entre la diminution de taille et la raréfaction du gibier : « la mise en place de la forêt, qu’il s'agisse de la taïga ou de la forêt caducifoliée, entraîne toujours une baisse de la biomasse des ongulés »[13].
Références
[modifier | modifier le code]- « Glaciations », sur hls-dhs-dss.ch (consulté le )
- Marie-France Loutre et André Berger, « Insolation, CO2 et précipitations en période interglaciaire », Comptes Rendus Geoscience, vol. 337, no 1, , p. 69–78 (ISSN 1631-0713, DOI 10.1016/j.crte.2004.07.009, lire en ligne, consulté le )
- Marie-Lise Chanin (traduit par : La machine solaire et son influence sur l'atmosphère terrestre et sur le climat), « The solar engine and its infuence on terrestrial atmosphere and climate », La Vie des sciences, , p. 165 (lire en ligne, consulté le )
- Changement climatique et théorie de Milankovitch : une prédiction confirmée, publié le par Laurent Sacco, sur le site Futura-sciences (consulté le ).
- Quentin Mauguit Futura, « Réchauffement : l’Homme retarde la prochaine glaciation », sur Futura (consulté le )
- « La Terre aurait déjà dû commencer sa période de glaciation », sur RTBF (consulté le )
- Quentin Mauguit Futura, « Les arbres ont parlé : les Romains avaient plus chaud que nous en été », sur Futura (consulté le )
- « La prochaine ère glaciaire retardée par le réchauffement climatique », sur rts.ch, (consulté le )
- (en) Berger, A. et Loutre, M.F., « Modelling the climate response to astronomical and CO2 forcing », Comptes Rendus de l'Academie des Sciences. Serie 2, Sciences de la Terre et des Planetes, vol. 323, no 1, (ISSN 1251-8050, lire en ligne, consulté le )
- Stefanie Talento et Andrey Ganopolski, « Evolution of the climate in the next million years: A reduced-complexity model for glacial cycles and impact of fossil fuel CO2 », EGU General Assembly Conference Abstracts, , EGU21–8512 (DOI 10.5194/egusphere-egu21-8512, lire en ligne, consulté le )
- (en) « Will there be another Ice Age? », sur BBC Science Focus Magazine (consulté le )
- (en) « Is global warming preventing the next ice age? », sur BBC Science Focus Magazine (consulté le )
- [Delpech 2020] Françoise Delpech, « Biostratigraphie et datations de la fin des temps glaciaires. Nouvelles visites des faunes de quelques gisements du Grand Sud-ouest de la France », Paléo, vol. 30, no 2, , p. 92-106 (lire en ligne [sur journals.openedition.org], consulté en ), paragr. 41-42.