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Analogisme

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L'analogisme est une des quatre ontologies, avec l'animisme, le totémisme et le naturalisme, définies par Philippe Descola dans le livre Par-delà nature et culture[1]. L'auteur prend comme critère les intériorités et les physicalités, soit en ressemblance soit en différence[2]. Dans l'analogisme, il y a « différence des intériorités » et « différence des physicalités » vis-à-vis des autres, humains et non humains.

L'analogisme poserait une différence des intériorités des existants, humains et non humains, mais aussi une différence entre leurs physicalités. L'anthropologue décrit les trois autres « ontologies » qui suivent la perception d'une fusion ou d'une rupture entre intériorité et physicalité, et qui se nomment animisme, totémisme et naturalisme ; les quatre modes (identité/rupture) * (intériorité/physicalité) réunis auraient une vocation universelle, tout en revêtant diverses formes de cohabitation ou de dominance suivant les cultures (qu'elles soient archaïques, traditionnelles ou modernes).

L'analogisme repose sur cette affirmation : « différence des intériorités » et « différence des physicalités » (p. 176) entre humains et non-humains (animaux, végétaux, esprits, objets). Les animaux, les plantes n'ont ni même intériorité (émotions, conscience, désirs, mémoire, aptitude à communiquer...) que les humains, ni « même substance (la chair, le sang, la peau) » ou « même forme de vie ». D'une part, les non-humains n'ont pas une intériorité identique à celle des humains, en termes de subjectivité, conscience, communication, conscience de soi, mémoire, intentionnalité, sentiment. D'autre part, les non-humains n'ont pas la même physicalité que les humains, non seulement en termes de corps, mais encore en termes de mode d'existence, d'usages, d'habitat, de régime alimentaire, de mode de reproduction. Il y a, comme dans le naturalisme, classification par attributs, c'est-à-dire en listant des états, propriétés, relations, plus précisément, pour l'analogisme, cela s'opère grâce à un tableau de correspondances (p. 335) ; par exemple, le Hong fan des Chinois établit des correspondances entre éléments (Eau, Feu, Bois, Métal, Terre), facultés humaines, signes célestes (p. 336).

Géographie

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Les régions où domine l'analogisme sont l'Inde, l'Afrique de l'Ouest, la Chine ancienne, la zone des Andes, le Mexique précolombien, l'Europe jusqu'à la Renaissance[3].

Notions-clefs

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La notion-clef est celle de « chaîne des êtres » : le monde serait composé « d'un nombre immense de liens se déployant en ordre hiérarchique depuis les sortes d'existants les plus humbles, à peine détachées de la non-existence, en passant par toutes les gradations possibles jusqu'à l'ens perfectissimum, chacune de ces sortes d'existants se distinguant de celle qui lui est immédiatement supérieure et immédiatement inférieure par le plus petit degré possible de différence » (Arthur Lovejoy).

Autre notion : celle d'une exportation d'une composante d'un existant à un autre existant. « L'analogisme nahua », en Méso-Amérique, croit au tona[Quoi ?] et au nahual. « Le tona (ou le wayjel chez les Tzotzil) est un animal sauvage qui naît le même jour et sous le même signe qu'un humain et dont ce dernier partage les caractéristiques de tempérament : s'il s'agit d'un jaguar (pour les Tzotzil) la personne sera têtue, volontaire, violente et acariâtre » (p. 298). Les nagual sont « les divinités, les morts et les animaux qui peuvent adopter une forme animale en s'introduisant temporairement dans le corps d'une autre entité. Il ne s'agit donc pas d'une métamorphose ; on doit plutôt y voir, selon López Austin, 'une sorte de possession que les humains, les divinités, les morts et les animaux réalisent en envoyant l'une de leurs composantes animiques, l'ihiyotl ou nahualli, s'abriter dans différentes entités, des animaux principalement, ou en se plaçant eux-mêmes directement à l'intérieur du corps de leurs victimes » (p. 299-300).

Le polythéisme, par les diversités qu'il pose, correspond assez bien à l'analogisme. « Le sacrifice est présent dans les régions où dominent les ontologies analogiques », du fait que la forte différenciation à la fois physique ET psychique favorise une distanciation des autres formes de vie, de l'autre en général (p. 317). « Les divinités analogiques sont l'objet d'un vrai culte » (p. 378).

Sociabilité

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Dans l'analogisme prédominent les relations qui gèrent les différences et disciplinent l'hétérogénéité, à savoir la transmission la protection (p. 546).

« Problème de l'analogisme : comment authentifier un point de vue rassembleur sur un monde d'immanences singulières ? Solution : hypostasier le monde, une singularité ou un segment du collectif » (p. 417).


Notes et références

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Bibliographie

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