[go: up one dir, main page]

Aller au contenu

Abbaye de la Cour-Dieu

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Ancienne abbaye de la Cour-Dieu
image de l'abbaye
Ruines de l'église abbatiale en 1827, situées à Ingrannes dans le Loiret.
Diocèse Diocèse d'Orléans
Patronage Notre-Dame
Numéro d'ordre (selon Janauschek) VIII (8)[1]
Fondation 1123
Début construction XIIe siècle
Fin construction XIXe siècle
Dissolution 1791
Lignée de Abbaye de Cîteaux
Abbayes-filles Loroy (1125-1791)
Le Val (1125-1790)
Olivet (1145-1791)
Iranzu Drapeau de l'Espagne Espagne (1178-1839)
Cercanceaux
Congrégation Ordre cistercien
Protection Logo monument historique Classée MH (2012)[2]
Coordonnées 48° 00′ 21″ N, 2° 11′ 51″ E[3]
Pays Drapeau de la France France
Province Orléanais
Département Loiret
Commune Ingrannes
Géolocalisation sur la carte : Loiret
(Voir situation sur carte : Loiret)
Ancienne abbaye de la Cour-Dieu
Géolocalisation sur la carte : France
(Voir situation sur carte : France)
Ancienne abbaye de la Cour-Dieu
Géolocalisation sur la carte : Europe
(Voir situation sur carte : Europe)
Ancienne abbaye de la Cour-Dieu

L'abbaye de la Cour-Dieu est une abbaye cistercienne française fondée en 1123, aux tout débuts de l'expansion de l'ordre cistercien. Située à Ingrannes, dans le département du Loiret et la région Centre-Val de Loire, elle s'est développée rapidement, forte de la protection royale et pontificale, et a fondé plusieurs abbayes-filles.

La peste noire l'affaiblit considérablement, elle est pillée durant les guerres de religion et la commende amoindrit la ferveur de la communauté, qui est extrêmement réduite au XVIIIe siècle.

La Révolution française ferme l'abbaye, vendue comme bien national. Les bâtiments se dégradent ensuite, avant de susciter un intérêt patrimonial au début du XXIe siècle, qui voit leur classement au titre des monuments historiques.

Localisation

[modifier | modifier le code]

L'abbaye est située à 1,5 km au nord-ouest du bourg de la commune d'Ingrannes, dans une clairière de la forêt d'Orléans, sur la route départementale 921, à une trentaine de kilomètres au nord-est d'Orléans.

L'abbaye de la Cour-Dieu est fondée en 1123 par Jean II, évêque d'Orléans, et par le chapitre Sainte-Croix de cette ville. La même année, le roi Louis le Gros la confirme, en y ajoutant quelques biens. Son début est modeste, mais honorée de la protection des papes, des rois, des évêques et de plusieurs familles puissantes, son accroissement sera rapide[4].

Le développement

[modifier | modifier le code]
Sceau médiéval représentant un clerc debout portant une crosse.
Sceau de l'abbé.

En 1118, douze moines de l'abbaye de Cîteaux, dont le frère Amaury, sont envoyés par l'évêque d'Orléans dans la forêt d'Orléans, à Ingrannes, au lieu de la Cour-Dieu. En 1123, Amaury devient le premier abbé, par la charte de fondation. Le développement important permet vers 1125-1129 la fondation des abbayes de Loroy, de Notre-Dame du Val et en 1145, Olivet.

En 1147, la Cour-Dieu reçoit la protection du pape Eugène III, qui approuve les donations ; en 1159, le pape Alexandre IV permet la sépulture dans le monastère, ce qui est une grande source de revenus. En 1187, l'abbé Hugues fonde l'abbaye de Cercanceaux, dans le diocèse de Sens. En 1187 et 1191, les papes Clément III, Innocent III et le roi de France Philippe-Auguste confirment les donations et privilèges.

En 1216, dédicace de l'église avec quinze autels, après quarante ans de construction ; en 1256, visite du roi Saint-Louis; en 1322, du roi Charles IV le Bel, et en 1342, du roi Philippe VI de Valois. À cette époque, une épidémie emporte dix-sept moines, quatre novices et quatre convers[5].

Le déclin et la fin

[modifier | modifier le code]

En 1399, pendant la guerre de Cent Ans, une grande partie de l'abbaye est détruite et pillée. En 1420, elle n'a plus que 16 religieux et 2 novices. L'abbé Jean V Boyvin est le dernier abbé élu avant la mise en commende. En 1530, Guillaume de Vallery est le premier abbé commendataire, puis le cardinal Charles de Lorraine, premier ministre d'Henri II.

En 1562, la Cour-Dieu est pillée par les Protestants, avec à leur tête Lancelot du Lac, seigneur de Chamerolles et de Chilleurs-aux-Bois. Au début du XVIIIe siècle, le prieur Maurice Berbis de Longecourt tente de relever l'abbaye, répare l'église et construit la maison du prieur. En 1770, il ne reste plus que quatre moines et l'abbé De la Geard de Cherval est le dernier abbé.

Le , les biens sont mis à la disposition de l'État, l'inventaire fait en et la vente affichée le [6]. La statue monumentale en marbre, de la Vierge allaitant l'Enfant, est conservée au musée d'Orléans[7]

Georges Simenon locataire de la Cour-Dieu d' à y écrit Faubourg, Quartier nègre et Les demoiselles de Concarneau[8].

Le temporel

[modifier | modifier le code]

En 1690, l'abbaye a environ six mille livres de rentes, et des biens : terres, prés, bois, vignes, dîmes, redevances, maisons, moulins dans les paroisses d'Attray, Bazoches-les-Gallerandes, Boiscommun, Châteauneuf-sur-Loire, Chécy, Chilleurs-aux-Bois, Fay-aux-Loges, Grigneville, Ingrannes, Jouy-en-Beauce, Montbarrois, Oyson, Orléans, Ouvrouer-les-Champs, Saint-Denis-de-l'Hotel, Saint-Jean-de-Braye, Saint-Martin-d'Abbat, Semoy, Sully-la-Chapelle, Tigy, Trainou, Villemurlin et Vitry-aux-Loges.

Les biens les plus importants : les métairies de Grand Jouy et Petit Jouy, Précollant et de la Basse Cour à Ingrannes, Vignault à Laas, Bréviade à Sully-la-Chapelle, Oison, Boucler à Jouy-en-Beauce, avec deux manoirs, la Croix à Ouvrouer-les-Champs, Chabrineau et Grouelle à Attray, Chérupeau à Tigy, avec deux manoirs, terres, prés, bois, deux étangs, un oratoire, 600 à 700 arpents de terre, deux métairies à Frapais de 500 arpents, 9 étangs, le moulin de l'abbaye, des maisons à Ingrannes et à Orléans, des vignes à Boiscommun, Montbarrois, Chécy et dans l'enclos de la Cour-Dieu[9].

Architecture

[modifier | modifier le code]
Plan d'un monastère à deux époques, à deux échelles et selon deux orientations différentes.
Plans de l'abbaye de la Cour-Dieu en 1827 et en 2015.

L'abbaye de la Cour-Dieu est implantée au cœur de la forêt d'Orléans, dans une clairière qu'arrose le ruisseau du Cens, à proximité d'un étang créé par les moines. Elle est protégée par un mur et de profonds fossés. L'accès se fait par la route de Pithiviers à Fay-aux-Loges, par une grande porte en arc brisé avec : à droite la porterie, maison des hôtes, qui fut longtemps l'Auberge de la Cour-Dieu, lointain témoignage de l'époque où les moines vendaient leur vin, et à gauche, la ferme de la Cour-Dieu.

Séparée par les jardins de l'abbé, l'église du début du XIIIe siècle respecte la simplicité de son ordre, avec un chevet plat. D'une longueur de 71 m par 41 m au transept, une nef de 8,10 m et des collatéraux de 4,10 m, la façade est précédée d'un porche, et percée d'une porte en arc brisé. Elle est flanquée d'une tour en escalier et de 3 chapelles dans chaque branche du transept.

Au sud de l'église, un cloître carré, avec un puits, distribue dans le prolongement du transept sud : la salle capitulaire et au-dessus, la bibliothèque et les dortoirs des moines, au sud : le réfectoire, le chauffoir et la cuisine, à l'ouest : le logis abbatial construit en 1720 par le prieur Berbis de Longecourt, remanié au XIXe siècle, et le mur séparant le cloître du jardin de l'abbé. Une cour sépare les locaux réguliers du dortoir des convers et les communs[10].

Les vestiges de l'ensemble de l'abbaye ont été classés monuments historiques par arrêté du [2]. Ceux de l'église abbatiale avaient été auparavant inscrits à l'inventaire supplémentaire, par arrêté du  ; les vestiges en élévation et les sols de l'abbaye avaient été inscrits le ,[11] ; ces inscriptions ont été annulées à la suite du classement de l'ensemble de l'édifice.

L'abbaye est une propriété privée et ne se visite pas.

Les abbés de la Cour-Dieu

[modifier | modifier le code]
  • 1118-1135 : Amaury
  • 1135-1138 : Robert Ier
  • 1138-1154 : Pierre Ier
  • 1154-1169 : Léger Ier
  • 1169-1172 : Lethold
  • 1172-1173 : Sevin
  • 1173-1181 : Léger II
  • 1181-1200 : Hugues Ier
  • 1200-120? : Hervé
  • 120?-1207 : Hugues II
  • 1207-1219 : Guillaume Ier
  • 1219-12?? : Robert II
  • 12??-1224 : Martin Ier
  • 1224-1231 : Giraud
  • 1231-1234 : Gerbert
  • 1234-1242 : Nicolas
  • 1243-1250 : Pierre II
  • 1250-1270 : Guérin
  • 1270-1272 : Henri Ier
  • 1272-1274 : Simon
  • 1274-1280 : Geoffroy
  • 1281-1294 : Philippe
  • 1294-1318 : Jean Ier de Jargeau
  • 1318-1347 : Guillaume II
  • 1348-1357 : Jean II
  • 1357-1396 : Étienne Ier
  • 1396-1397 : Henri II
  • 1397-1416 : Jean III Soulaz
  • 1416-1446 : Berthier Picart
  • 1447-1460 : Étienne II de Milly
  • 1461-1474 : Étienne III Marchant
  • 1474-1478 : Jean IV Royer
  • 1478-1493 : Gilbert de La Place
  • 1493-1520 : Guillaume III Chauvin
  • 1520-1537 : Jean V Boyvin
  • 1538-1546 : Guillaume IV de Vallery
  • 1546-1550 : Marc de L’Espinasse d’Artoin de Maulévrier
  • 1550-1556 : cardinal Charles Ier de Lorraine
  • 1556-1560 : Martin II Fournier de Beaune-Semblançay
  • 1560-1597 : Renaud Fournier de Beaune-Semblançay
  • 1597-16?? : Fiacre Picard
  • 16??-1617 : Pierre III de La Gaye
  • 1617-1634 : Charles II Hotman de Villers-Saint-Paul
  • 1634-1635 : Léonor d'Estampes de Valençay, († 8 avril 1651 à Paris) à l’âge de 62 ans
  • 1635-1650 : Nicolas-François Brûlart de Sillery
  • 1650-1675 : Louis de Nicolaÿ
  • 1676-1680 : Jacques Ier François Minot de Mérille
  • 1680-1730 : Jean VI Fagès
  • 1730-1750 : Jacques II Bonne Gigault de Bellefonds
  • 1750-1755 : Ulrich-Frédéric-Woldemar de Löwendahl
  • 1755-1766 : Joseph-François d’Andigné de La Chasse
  • 1766-1770 : Jean-Louis de Goyon de Vaurouault
  • 1770-1789 : Benjamin-François de La Géard de Cherval des Bories

Notes et références

[modifier | modifier le code]
  1. (la) Leopold Janauschek, Originum Cisterciensium : in quo, praemissis congregationum domiciliis adjectisque tabulis chronologico-genealogicis, veterum abbatiarum a monachis habitatarum fundationes ad fidem antiquissimorum fontium primus descripsit, t. I, Vienne, , 491 p. (lire en ligne), p. 99-100
  2. a et b Notice no PA00098796, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture.
  3. « Cour-Dieu, la »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?), sur cistercensi.info, Ordre cistercien (consulté le ).
  4. Bibliothèque de l'école des Chartes, 1864, volume: 25, n°1, page: 467
  5. L. Jarry : L'abbaye de la cour-Dieu, pages: 3, 7, 12, 13, 16, 27, 32,43, 52, 63, 86, 94, 96.
  6. L. Jarry, L'abbaye de la Cour-Dieu, pp. 102, 110, 113, 115, 120,129.
  7. Fabrice Cario, Trésors cachés des églises de la Nièvre, La Camosine, 1990, notice no 12, p. 28/160.
  8. Site du département du Loiret
  9. L. Jarry: L'abbaye de la Cour-Dieu, pages: 30, 217
  10. L. Jarry: L'abbaye de la Cour-Dieu, page: 142 et: notice de classement, Base Mérimée
  11. « Journal officiel de la République française. Liste des immeubles protégés au titre des monuments historiques en 2007. Texte n°29 », sur legifrance.gouv.fr, République française, (consulté le ).

Articles connexes

[modifier | modifier le code]

Bibliographie

[modifier | modifier le code]
  • Louis Jarry, Histoire de l'Abbaye de la Cour Dieu, ordre de Cîteaux, diocèse d'Orléans : 1118-1793, Herluison libraire-éditeur, 1864. 1 vol. in-8
  • Dossiers d'archéologie, no 340, pages: 32-37
  • Gallia Chritiana, tome: 8, Paris, page: 1583

Liens externes

[modifier | modifier le code]