« Wergeld » : différence entre les versions
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À titre indicatif, voici quel était le « tarif » (en sous d'or) pour meurtre chez les [[Wisigoths]]<ref>A. Alba, Histoire - classe de {{5e}}, Hachette, 1938</ref> : |
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Chez les Francs saliens, on payait indifféremment 200 sous d'or pour un homme ou une femme libre, mais les blessures étaient méticuleusement tarifées : par exemple 100 sous pour avoir arraché à autrui une main, un pied, un œil ou le nez ; mais seulement 63 si la main restait pendante. Arrachage de l'index (qui servait à tirer à l'arc) : 35 sous, autre doigt : 30 sous ; 2 doigts ensemble : 35 sous, 3 doigts : 50 sous, etc. Le coupable devait en outre payer une amende au roi pour avoir troublé la paix publique. |
Chez les Francs saliens, on payait indifféremment 200 sous d'or pour un homme ou une femme libre, mais les blessures étaient méticuleusement tarifées : par exemple 100 sous pour avoir arraché à autrui une main, un pied, un œil ou le nez ; mais seulement 63 si la main restait pendante. Arrachage de l'index (qui servait à tirer à l'arc) : 35 sous, autre doigt : 30 sous ; 2 doigts ensemble : 35 sous, 3 doigts : 50 sous, etc. Le coupable devait en outre payer une amende au roi pour avoir troublé la paix publique. |
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En cas de wergeld d'un [[antrustion]] du Roi : amende de 600 sous<ref>Marculf, Formulae Marculfi, I, 18 ; éd. K. Zeumer, Form. mer. et kar. aevi..., Mon. Germ. hist..., Hanovre, 1886, P. 55</ref>. |
En cas de wergeld d'un [[antrustion]] du Roi : amende de 600 sous<ref>Marculf, Formulae Marculfi, I, 18 ; éd. K. Zeumer, Form. mer. et kar. aevi..., Mon. Germ. hist..., Hanovre, 1886, P. 55</ref>. |
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À la fin du Moyen Âge, les coutumes pénales de la [[Gascogne]] ont maintenu l'indemnité pécuniaire à la suite d'un homicide. Le règlement traditionnel du paiement d'une somme de trois cents sous, permet d'éviter des conflits liés à la mort d'un proche. Même si la filiation directe avec la loi des Wisigoths ne peut être directement démontrée, l'influence semble évidente. Ce système tend à disparaître au {{S-|XV}}, sous l’effet d'une évolution permettant le transfert de la vengeance vers la puissance publique qui transforme la société en un ensemble d'hommes libres en justiciables<ref>[https://www.cairn.info/revue-histoire-et-mesure-2012-1-page-7.htm?contenu=resume Site cairn.info, article "La tarification de l'homicide en Gascogne à la fin du Moyen Âge" de Pierre Prétou, ''Histoire & mesure 2012/1 (Vol. XXVII)'', pages 7 à 28.], consulté le 28 mars 2021.</ref> |
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== Notes et références == |
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Version du 28 mars 2021 à 09:59
Le wergeld, littéralement « prix de l’homme » (également appelé composition, en néerl. zoengeld, weergeld, en all. Sühngeld, Wiedergeld), est une somme d’argent demandée en réparation à une personne coupable d’un meurtre, ou d’un autre crime grave.
Définition
Selon le CNTRL, le wergeld est une « composition légale pécuniaire en usage chez les Francs, versée en cas de blessure ou de meurtre à la victime ou à sa famille par le coupable, afin de se soustraire à la vengeance privée, et dont le taux variait selon la situation sociale de la victime »[1]. Le dictionnaire Larousse évoque l'origine germanique et utilise le terme d'indemnité pour définir ce mot[2].
Historique
Cette tradition exerçait un rôle important dans les anciennes civilisations d’Europe du Nord, en particulier chez les Germains et les Vikings. Les Celtes connaissaient également cette coutume (v.irl. éraic), mais distinguaient le « prix de l’honneur » pour meurtre (v.irl. coirp-díre, gall. galanas) du « prix du visage » pour d’autres crimes (v.irl. enech-lann, gall. gwyneb-warth, sarhaet, m.bret. enep-uuert). Le montant du wergeld en cas de meurtre dépendait assez largement du rang social auquel appartenait la victime.
Charlemagne a rendu le wergeld obligatoire dans le cadre de la vengeance privée (faida). En effet, la vengeance privée était source de désordres et était surtout contraire à la religion catholique. Malgré tout, la faida a persisté dans la coutume.
Le wergeld du droit coutumier germanique est bien une réparation, et non pas une amende à la grecque. C'est-à-dire qu'il n'y avait pas d'équivalence automatique entre un crime et un montant pécuniaire. Au lieu de ça, la parentèle de la partie offensée et celle de la partie incriminée débattaient, encadrées par une assemblée des Anciens. S'ils tombaient d'accord sur un montant (souvent en nature, mais en monnaie dans les zones de contact avec l'empire romain), on considérait l'affaire comme réglée. Sinon, l’autre forme commune de réparation légale à cette époque était la revanche par le sang, appelée faide, identique à la loi du talion.
La loi salique, règle de droit privé des Francs saliens, était initialement basée en grande partie sur le système du wergeld, mais au fil de ses remaniements successifs, le roi imposa de plus en plus la peine appropriée, dérivant vers un système d'amendes. Ainsi, chaque offense physique avait pour réponse une indemnisation financière pour la victime prévue à l'avance (et non plus négociée au cas par cas). L'Église a fortement encouragé ce système, car ainsi était évitée la vengeance, qui était difficile à canaliser : une injure pouvait engendrer un contentieux entre deux familles durant des générations, alors que le système du wergeld ou de l'amende permettait de régler une fois pour toutes le différend.
Exemples
À titre indicatif, voici quel était le « tarif » (en sous d'or) pour meurtre chez les Wisigoths[3] :
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La somme était diminuée de moitié s'il s'agissait d'une fille.
Chez les Francs saliens, on payait indifféremment 200 sous d'or pour un homme ou une femme libre, mais les blessures étaient méticuleusement tarifées : par exemple 100 sous pour avoir arraché à autrui une main, un pied, un œil ou le nez ; mais seulement 63 si la main restait pendante. Arrachage de l'index (qui servait à tirer à l'arc) : 35 sous, autre doigt : 30 sous ; 2 doigts ensemble : 35 sous, 3 doigts : 50 sous, etc. Le coupable devait en outre payer une amende au roi pour avoir troublé la paix publique. En cas de wergeld d'un antrustion du Roi : amende de 600 sous[4].
Influences
À la fin du Moyen Âge, les coutumes pénales de la Gascogne ont maintenu l'indemnité pécuniaire à la suite d'un homicide. Le règlement traditionnel du paiement d'une somme de trois cents sous, permet d'éviter des conflits liés à la mort d'un proche. Même si la filiation directe avec la loi des Wisigoths ne peut être directement démontrée, l'influence semble évidente. Ce système tend à disparaître au XVe siècle, sous l’effet d'une évolution permettant le transfert de la vengeance vers la puissance publique qui transforme la société en un ensemble d'hommes libres en justiciables[5]
Notes et références
- Site du CNTRL, définition du Wergeld.
- Site du dictionnaire Larousse, définition du Wergeld.
- A. Alba, Histoire - classe de 5e, Hachette, 1938
- Marculf, Formulae Marculfi, I, 18 ; éd. K. Zeumer, Form. mer. et kar. aevi..., Mon. Germ. hist..., Hanovre, 1886, P. 55
- Site cairn.info, article "La tarification de l'homicide en Gascogne à la fin du Moyen Âge" de Pierre Prétou, Histoire & mesure 2012/1 (Vol. XXVII), pages 7 à 28., consulté le 28 mars 2021.