CHU de Bab El Oued
service d’ORL
professeur SELMANE
Diagnostic d’une Ulcération de
l’Amygdale
Dr MESSAOUDI
Plan
I) Définition/Généralités:
II) Rappel Anatomique et Histologique
III) Diagnostic Positif
A. Interrogatoire
B. Examen Clinique
C. Examens Complémentaires
IV) Diagnostic différentiel
V) Diagnostic Etiologique
A. Cancer de la région amygdalienne
B. Causes infectieuses
C. Cause hématologiques
VI) Conclusion
I) Définition/Généralités:
C’est une perte de substance allant de la simple
érosion à la destruction plus ou moins complète du
chorion du tissu sous jacent
L’ulcération de la région amygdalienne peut
intéresser
- le pilier antérieur
- l’ogive et le parenchyme amygdalien
- le sillon amygdalo glosse
- le voile du palais
I) définition/généralités
Elle est fréquente en pathologie ORL et
pose un problème de diagnostic
étiologique, dont le plus redoutable est le
cancer de l’amygdale
II) rappels
A. anatomique:
Les amygdales palatines sont des formations
lymphoïdes et à peu près symétriques
plaquées contre la paroi latérale de
l’oropharynx
Contenues dans les fosses tonsillaires, elles
sont oropharyngées profondes intercalées
latéralement entre l’isthme du gosier et
l’isthme pharyngo nasal
II) rappels
Limitée :
- en antérieur par le pilier ant du voile
-en postérieur par le pilier post
- en bas le sillon amygdalo glosse et le repli
glosso épiglottique latéral
Les faces:
Face latérale: lisse c’est la capsule tonsillaire
Face médiale: directement accessible à l’examen
II) rappels
B. Histologique:
Face médiale: épithélium pavimenteux stratifié non
kératinisé
Face latérale: capsule constituée
- d’un réseau de fibres élastiques dense
-de fibres musculaires striées
-d’un riche réseau vasculaire intra
capsulaire
Parenchyme: formé d’une nappe de tissu
conjonctif, et de tissu lymphoïde
III) Diagnostic positif
A. interrogatoire:
- préciser l’âge et le sexe
- notion d’intoxication alcoolo-tabagique
-hygiène bucco dentaire
- notion d’exposition professionnelle: les
toxiques les plus incriminés sont le
nickel, le cuir et l’isopropyl
-notion de contage tuberculeux
III) Diagnostic positif
- l’existence d’un état infectieux
contemporain
- Date et mode de début,
- Rechercher les signes fonctionnels:
dysphagie, odynophagie, sialorragies,
otalgies, l’haleine fétide
III) Diagnostic positif
B. Examen clinique:
1. inspection: avec un bon éclairage frontal, 2
abaisses langue, elle apprécie les caractères de
l’ulcération:
- siège, taille et coloration
- le nombre: unique ou multiple, uni ou
bilatérales
- existence de fausses membranes
- les bords de l’ulcération
B. Examen clinique
- L’existence d’hémorragie
- aspect de l’amygdale, et son volume
2. palpation: digitale ou instrumentale (porte
coton), permet de préciser:
- sa consistance, dure ou souple
- sa sensibilité
- infiltration du plan profond
- extension vers le sillon amygdalo glosse et la
base de la langue
III) Diagnostic positif
- la mobilité de l’amygdale
- saignement au contact
il faudrait toujours rechercher d’autres localisations
au niveau de la cavité buccale
Compléter l’examen ORL par une RA, RP, LI,
otoscopie
Palper les aires ganglionnaires en particulier sous
digastrique, retro spinale, et sus claviculaires
III) Diagnostic positif
Faire un examen général qui aura pour
objectifs:
- de rechercher un hépato-splénomégalie
- de palper les autres aires ganglionnaires
- d’apprécier le retentissement sur l’état
général
- rechercher une MST ou une localisation
tuberculeuse
III) Diagnostic positif
C. Examens complémentaires:
1. systématiques: NFS, VS,
prélèvements et ECB, biopsie de toute
zone suspecte
2. selon l’orientation: IDR à la
tuberculine, radio pulmonaire, sérologie de
la syphilis, TDM, IRM, échographie,
médullogramme
IV) Diagnostic différentiel:
- Plaie de l’amygdale
- Angine érythémayto pultacée
- Amygdalite cryptique caséeuse
V) Diagnostic étiologique
A. Cancer de la région amygdalienne:
c’est parmi les plus fréquents des VADS (13%), dont plus
de 90% sont représentés par les épithéliomas
L’âge moyen de survenue est de 50-70 ans avec une nette
prédominance masculine(91%)
Les facteurs de risque: alcool-tabac, mauvaise hygiène
bucco dentaire, et certaines expositions
professionnelles: cuir, nickel, isopropyl
ANATOMOPATHOLOGIE:
Cancer du pilier antérieur droit
Cancer da l’amygdale gauche
V) Diagnostic étiologique
Macroscopie:
Corrélation entre l’aspect du cancer et le site
anatomique atteint:
Amygdale: bourgeonnant ou ulcèro
bourgeonnant
Pilier antérieur: serpigineux superficiel
Pilier postérieur: infiltrant
Sillon amygdalo glosse: ulcèro infiltrant
V) Diagnostic étiologique
Microscopie:
1.Carcinomes épidermoides (malpighiens):
les plus fréquents avec:
- carcinome epidermoide différencié
- carcinome epidermoide peu
différencié
- carcinome verruqueux (hyper
kératinisé)
- carcinome sarcomatoide
v) Diagnostic étiologique
2.Carcinome indifférencié de type
nasopharyngien UCNT
3. Adénocarcinome: exceptionnel
4. Lymphomes: - LMNH surtout
CLINIQUE
Dysphagie unilatérale, otalgies réflexes,
sialorragies, adénopathies cervicales
(30%), trismus, amaigrissement, AEG,
fièvre,
À l’examen: l’inspection est complétée par
une pharyngo laryngoscopie indirecte, une
rhinoscopie postérieure et une otoscopie
Palpation digitale soigneuse: caractère
infiltrant de la tumeur, mobilité de
l’amygdale et extension vers la base de la
langue, saignement au contact
Au terme de l’examen une biopsie de toute
zone suspecte est indispensable pour
affirmer la nature maligne d’une ulcération
Appréciation de l’extension tumorale: pour porter
les indications thérapeutiques. elle peut se faire:
-en dedans vers la zone de jonction de l’amygdale
et de la base de la langue
-en arrière vers la paroi latérale de l’oropharynx
-en bas vers l’hypo pharynx parfois la bouche
œsophagienne
-en haut vers le voile du palais
-en avant vers la face interne de la joue, la gencive
-en dehors vers la région péri pharyngée, l’atteinte
osseuse est exceptionnelle
Terminer l’examen par la palpation de toutes
les aires ganglionnaires
EXAMENS PARACLINIQUES
Bilan radilogique: TDM, IRM,
Bilan endoscopique: panendoscopie,
comportant une laryngo-tracheo-
pharyngoscopie avec oesophagoscopie
Bilan général: apprécie l’état général, et
recherche d’éventuelles tares associées
Les métastases à distance sont présentes
dans 0,5 à 15% des cas, et ont comme
localisations principales: poumon, foie, os
Classification TNM 1987
T:
T0: pas de signe de tumeur primitive
T1: tumeur < ou égale à 2 cm
T2: tumeur entre 2 et 4 cm
T3: tumeur > ou égale à 4 cm
T4: tumeur étendue à l’os et aux muscles
Tx: tumeur inclassable
Classification TNM 1987
N:
N0: pas d’adénopathies
N1: adénopathie homolatérale unique < 3cm
N2: a. adénopathie homolatérale unique entre 3 et
6 cm
b. adénopathies homolatérales multiples< 6 cm
c. adénopathies bilatérales ou controlatérales
< 6 cm
N3: adénopathie> 6 cm
Nx: adénopathies inclassables
M:
M0: pas de signes de métastase
M1: métastase à distance
Mx: inclassable
Le traitement diffère selon la classification
de la tumeur
Les bases du traitement sont la chirurgie et
la radiothérapie
V) Diagnostic étiologique
B. Causes infectieuses:
1. angine de Vincent: principal diagnostic à
évoquer devant une ulcération nécrotique
unilatérale
Due à une association fuso-spirillaire
Touche surtout l’adulte jeune avec hygiène bucco
dentaire défectueuse.
Diagnostic: l’examen direct du prélèvement de
gorge, montre l’association fuso-spirillaire:
Fusobacterium nécrophorum avec tréponèma
vincentii
Angine de Vincent
2. syphilis: plusieurs localisations et
manifestations:
Syphilis primaire: chancre amygdalien avec ADP
sous angulo mandibulaire
Syphilis tertiaire: c’est la « gomme » circonscrite
ulcérée, l’ulcération ici étant cratériforme
3. Mononucléose infectieuse: infection courante
de l’adolescence due à l’EBV
L’homme est le seule réservoir et la transmission
se fait par la salive. Se manifeste par fièvre,
angine et adénopathies cervicales
L’angine fait discuter une diphtérie lorsque elle est
ulcéro-membraneuse.
Des pétéchies du palais sont fréquentes,
splénomégalie dans la moitié des cas,
hépatomégalie moins fréquemment
Un rash maculopapullaire du tronc et de la racine
des membres est parfois déclenché par la prise
d’Ampicilline
La NFS retrouve un syndrome mononucléosique,
hyper basophilie, et une thrombopénie modérée
Le diagnostic se fait par la réaction de Paul
Bunnell Davidson
4. Ulcération tuberculeuse: le maitre
symptôme est la dysphagie haute,
plusieurs formes peuvent exister:
-Le chancre d’inoculation
-L’ulcération tuberculeuse du pharynx
concomitante d’une TBK pulmonaire
5. scarlatine: toxi-infection due au streptocoque beta
hémolytique du groupe A plus rarement le C ou le D
L’angine est très dysphagiante, avec piqueté
hémorragique
La scarlatine est caractérisée par son exanthème et
son énanthème
6. Fièvre typhoïde: angine de Dujet: apparait au 1er
septénaire, totalement asymptomatique, c’est une
exulcération en coup d’ongle siégeant sur le pilier
antérieur
7. Diphtérie maligne: l’examen de la gorge après
ablation des fausses membranes, révèle des
ulcérations hémorragiques, avec de
volumineuses adénopathies cervicales
8. Ulcération amygdalienne au cours de l’infection
à VIH: elles sont récidivantes rencontrées
surtout au stade SIDA
Elles sont très douloureuses responsable d’une
perte de poids
Angine pseudomembraneuse
C. Causes hématologiques:
1. agranulocytose: se définit par une absence
de PN circulants ou par une neutropénie
<500/mm³, due à la toxicité d’un médicament
deux mécanismes sont à évoquer:
-Immunoallérgique: Amidopyrine, phénytoine,
ibuprofène, quinidine
-Toxique: phénothiazines, quinine,
phénylbutazone,
l’angine est ici ulcéro nécrotique extensive
2. leucoses aigues: caractérisées par une
prolifération monoclonale à point de départ
médullaire:
Angine ulcéro nécrotique, hypertrophie
gingivale, syndrome tumoral et syndrome
d’insuffisance médullaire
Diagnostic est posé sur les éléments de
l’hémogramme et du myélogramme ( taux
de blastes médullaires est > 30%
3. pan cytopénie :c’est la chute des
éléments des 03 lignées sanguines
les amygdales prennent l’aspect ulcéro
hémorragique
VI) conclusion:
L’ulcération amygdalienne est un symptôme
important et fréquent en pathologie ORL,
d’étiologies multiples et variées, dont les
plus fréquentes sont infectieuses, et les
plus redoutables, sont les tumeurs
malignes de la région amygdalienne
MERCI DE VOTRE ATTENTION