8.
Dimensionnement
8. Dimensionnement
Ce chapitre décrit les critères permettant l'étude d'un système PV
autonome: tension d'utilisation, nombre et type de panneaux PV,
batteries, régulateur, génératrice d'appoint, câbles.
Le dimensionnement peut être effectué manuellement grâce au
formulaire et aux données de l'annexe A5, ou par le logiciel
PVRURAL fourni avec le cours, fonctionnant sous EXCEL.
8.1 Démarche
Le dimensionnement d'un système PV autonome est un processus Besoins de l’utilisateur
relativement complexe, faisant intervenir de nombreux paramètres. Il ⇓
comporte les étapes suivantes :
Tension
1. Détermination des besoins de l'utilisateur (puissances, énergie moyenne
par jour). ⇓
2. Choix de la tension de fonctionnement. Energie solaire
3. Détermination de l'énergie solaire disponible sur les capteurs (en ⇓
kWh/m² par jour).
Puissance du générateur
4. Choix de la puissance du générateur solaire (type, nombre de panneaux
PV, puissance en Wc). ⇓
5. Dimensionnement du stockage (capacité des batteries en Ah). Stockage
6. Décider de la nécessité d'une génératrice d'appoint pour couvrir la ⇓
demande durant les périodes les plus défavorables, en particulier si
l'adaptation production/consommation présente des insuffisances Génératrice d’appoint
saisonnières très marquées. ⇓
7. Dimensionnement technique: choix du régulateur, sections de
conducteurs, types de connexions, etc...
Dimensionnement
technique
Plusieurs de ces options sont interdépendantes, et leur optimisation
devra se faire par essais successifs, en tenant compte des critères
suivants :
• Disponibilité du système (soit la probabilité de pouvoir satisfaire la
demande en toutes circonstances).
• Coût de l'installation (investissement), habituellement traduit en annuités Disponibilité du système
(remboursements annuels de l'emprunt, sur la durée de vie de ⇓
l'installation).
Coût de l’installation
• Coût de l'énergie (coût du kWh consommé), calculé sur la base du coût
annuel, soit la somme de l'annuité et des frais d'exploitation (entretien, ⇓
provision pour remplacement périodique des batteries, fuel pour Coût de l’énergie
génératrice, assurances, etc).
127
8. Dimensionnement
8.2 Limitations
Par rapport à une installation électrique conventionnelle dans laquelle
le réseau peut être sollicité à volonté dans la limite de la puissance
souscrite (6 kW, 9 kW ou plus...), une installation PV autonome se
distingue par les caractéristiques suivantes:
• le coût élevé de l'énergie (de l'ordre de 10 fois plus chère que dans un
réseau),
• la limitation de l'énergie disponible,
• la probabilité de non-disponibilité selon les conditions météo ou l'abus de
consommation,
• le mode de distribution, le plus souvent en courant continu.
• le mode de paiement: l'investissement d'un système PV correspond à
l'acquisition, en une seule fois, de toute l'énergie produite durant la durée
de vie de l'installation (aux frais d'entretien près).
Ces contraintes influent fortement sur la manière de consommer, et le
fonctionnement même du système est intimement lié au
comportement de l'utilisateur. De fait, il ne faut plus raisonner en
termes de consommation d'énergie, mais beaucoup plus de service
rendu: les utilisations usuelles de l'électricité devront être analysées
en détail, et on ne pourra conserver que celles qui lui sont strictement
spécifiques: éclairage, radio-TV-informatique, télécommunications,
moteurs, pompage, ventilation et réfrigération. En particulier, le coût
réel de chaque utilisation devra être évalué en détail, ce qui conduira
souvent à écarter les utilisations les plus gourmandes en énergie
(utilisations thermiques, chauffage d'un lave-vaisselle ou d'un lave-
linge, fer à repasser, climatiseur, etc.). On portera une attention toute
particulière à la consommation "de veille" des appareils modernes.
8.3 Calcul des besoins de l'utilisateur
Ainsi, vu le coût élevé du Wc installé et du kWh disponible, le système
de production PV doit être adapté au plus juste aux besoins de
l'utilisateur. C'est pourquoi le dimensionnement commence toujours
par une évaluation très précise des besoins, sachant que toute
exigence supplémentaire devra se traduire par une extension du
système de production (plus de panneaux, plus de batteries).
Ce calcul peut être effectué de deux manières :
8.3.1 Calcul en énergie
Le besoin d'énergie doit être évalué en moyenne journalière, en
estimant la somme des consommations de chaque appareil:
Eu = P1 · t1 + P2 · t2 +... + Pi · ti
où Eu [Wh/jour] = Energie journalière utilisée
Pi [W] = Puissance de chaque appareil i,
ti [heures/jour] = Temps moyen d'utilisation quotidienne.
Le calcul des consommations est effectué selon la grille de calcul de
la table 8.1.
128
8. Dimensionnement
Période : été (juillet) Nbre Puissance t. utilis. Energie
Appareils W hres/jr Wh/jr
Lampes PLC 5 11 2 110
Armoire frigorifique 1 --- 24 500
Circulateur capteurs solaires thermiques 1 15 8 120
Télévision, magnétoscope 1 60 2 120
Onduleur, standby 1 5 24 120
Onduleur, utilisation 1 500 0.25 125
Total énergie journalière 1095
Période : hiver (janvier) Nbre Puissance t. utilis. Energie
Appareils W hres/jr Wh/jr
Lampes 5 11 5 275
Armoire frigorifique: inutilisée 1 --- 0 0
Circulateur capteurs solaires thermiques 1 15 2 30
Télévision, magnétoscope 1 60 5 300
Onduleur, stand-by 1 5 24 120
Onduleur, utilisation 1 500 0.25 125
Total énergie journalière 850
Table 8.1 : Grille de calcul des consommateurs, en Wh.
(exemple: maison de campagne, été et hiver, occupation continue)
8.3.2 Calcul en termes de charge [Ah]
Dans la pratique, les concepteurs de petites installations préfèrent
souvent raisonner en termes de charge:
C = I·t [Ah]
Avec: C [Ah] quantité de "Charge" coulombique,
I [A] courant consommé,
t [h] temps d'enclenchement
ce qui, à tension fixée, est équivalent au calcul énergétique. Ceci pour
les raisons suivantes:
• La capacité de stockage des batteries est usuellement spécifiée en Ah.
En effet, l'efficacité "coulombique" d'une batterie (sa capacité à
restituer le courant de charge) est de l'ordre de 0.97 au-dessous du seuil
de gazéification; on admet qu'elle se situe à 85-90 % en cours
d'utilisation normale (sans surcharges excessives). Alors que son
efficacité en énergie, plus difficile à établir, est pénalisée par la
différence de tension durant les processus de charge et de décharge; on
peut l'estimer à 75-85% dans les mêmes conditions.
• La production des panneaux photovoltaïques utilisés à tension fixée,
peut également être exprimée en Ah pour une irradiation donnée. Au-
dessous du coude PV, le courant produit est directement proportionnel à
l'irradiance. Il se situe à une valeur proche de courant au point de
puissance maximum, donné par le constructeur pour les conditions
"standard" (1000 W/m2 et 25 °C), et ne dépend que très peu de la
température du panneau.
• Le courant produit par les panneaux PV est intégralement transféré à la
batterie. Les pertes (ohmiques, chute de tension dans la diode et le
régulateur, désadaptation selon température) n'affectent que la tension,
et donc l'énergie.
129
8. Dimensionnement
Dans ce cas, la grille de calcul prend la forme de la table 8.2.
Période : été Nbre Courant t. utilis. Charge
Appareils - Tension nominale de batterie: 12V A hres/jr Ah/jr
Lampes 5 0.9 2 9
Armoire frigorifique 1 --- 24 42
Circulateur capteurs solaires thermiques 1 1.25 8 10
Télévision, magnétoscope 1 5 2 10
Onduleur, standby 1 0.41 24 9.8
Onduleur, utilisation 1 42 0.25 10.5
Total énergie journalière 91.3
Table 8.2 : Grille de calcul des consommateurs en Ah
8.3.3 Choix des consommateurs
Pour une installation à fort effet saisonnier (latitudes moyennes, par
exemple en Europe), la structure de consommation, aussi bien que
les apports solaires, peuvent être très différents selon les époques de
l'année. Il convient alors de déterminer la consommation probable
pour deux ou plusieurs périodes typiques. L'exemple ci-dessus
montre que le frigo est un appareil particulièrement gourmand en
énergie, mais on peut très bien s'en passer en hiver. Par contre, les
temps d'utilisation de l'éclairage et de la télévision sont allongés en
hiver.
D'autre part, pour les locaux d'utilisation intermittente, l'énergie est
évidemment captée durant la période d'absence. La puissance PV
nécessaire est donc l'énergie utile, moyennée sur la durée totale de
captation, à condition d'augmenter la capacité des batteries en
conséquence. Par exemple, pour un chalet de vacances utilisé le
week-end seulement, la production moyenne d'énergie pourra être
réduite à :
Ep = 2 / 7 • Eu.
en choisissant une batterie dont la capacité assure plus de 7 jours de
consommation.
Onduleur : enclenché seu- On constate en outre qu'un éventuel onduleur ne devrait être
lement en cas de besoin enclenché que durant son utilisation réelle. En effet, pour une
utilisation intermittente (par exemple un aspirateur à poussière, un
appareil de bricolage) sa consommation de veille devient prohibitive.
Lors du choix de ses appareils, l'utilisateur d'une installation PV devra
Attention aux consom- d'ailleurs être particulièrement attentif à la consommation de veille. La
mateurs de veille généralisation des appareils électroniques non déconnectables
(télévisions, ordinateurs, imprimantes, chaînes Hi-Fi, fax ou
téléphones, fours, etc), même nécessitant une faible consommation,
pèsent lourd sur le bilan d'une installation solaire du fait du prix élevé
de l'énergie. Ainsi, une consommation ininterrompue de 5 W
consomme la totalité de la production d'un panneau de 50Wc !
130
8. Dimensionnement
8.4 Tension nominale d'utilisation
La tension de distribution sera choisie en fonction:
• de la puissance du système PV,
• de l'extension géographique de l'installation.
En effet, pour une puissance donnée, une tension faible implique des
courants élevés, qui produisent des pertes importantes dans les
conducteurs. Rappelons que les pertes ohmiques sont
proportionnelles au carré du courant, et qu'un doublement de la
tension provoque une diminution de moitié pour le courant, et donc
d'un facteur 4 pour la perte d'énergie (cf. paragraphe 8.6).
Dans la plupart des installations photovoltaïques autonomes, la
distribution de l'énergie utile se fait directement à partir des batteries,
en courant continu (DC). Une distribution en courant alternatif (AC)
généralisée, analogue à un réseau standard, ne peut se concevoir
que pour de grandes installations (plus d'un kWc), par exemple à
l'échelle d'un village. L'utilisation de courant alternatif standard 230V
(réservé à l'usage spécifique d'appareils courants) requiert l'emploi
d'un convertisseur spécial appelé onduleur, décrit au chap. 6.
La distribution en courant continu oblige l'utilisateur à s'équiper de
matériels conçus pour cet usage, présentés au chapitre 6. Ces Surcoût de matériels
équipements spéciaux sont souvent plus chers à l'achat que les performants compensés
appareils standards de consommation courante. Cependant, leur par les économies sur la
efficacité énergétique (soit une consommation minimale pour un consommation
service donné) est particulièrement étudiée, et les économies sur
l'énergie - de prix élevé - compensent à terme le surcoût de
l'investissement initial.
Dans une installation modeste (< 100 à 200 Wc), destinée
essentiellement à l'éclairage et la radio-TV, la tension est
habituellement de 12V. Ce qui représente déjà un courant de 8A pour
un consommateur de 100 W !
Mais dès qu'on envisage l'utilisation d'appareillages plus puissants
(réfrigérateur, appareils électroménagers, machines agricoles,
pompes, etc), ou si le réseau est très étendu (plusieurs dizaines de
mètres), on devra passer à des tensions plus élevées (24 ou 48V).
Dans la pratique, la plupart des appareillages conçus pour les
installations autonomes sont disponibles dans le commerce soit en
12V, soit en 24V. Néanmoins, le choix doit être fait dès le départ, car
si au cours de l'extension d'une petite installation on décide de
changer de tension, il faudra remplacer tous les appareils déjà acquis
(ou acheter des convertisseurs, relativement onéreux).
Tension du système PV (distribution) 12V 24V 48V 96V 230Vac
Puissance des appareils < 240 Wc < 800 Wc < 3 kW < 10 kW > 3 kW
Courant correspondant < 20 A < 33 A < 62 A < 104 A > 13.6 A
Onduleur < 0.8 kW < 5 kW < 10 kW < 30 kW
Table 8.3. - Tension d'utilisation conseillée pour diverses puissances
d'utilisation. (L'onduleur est branché directement sur la batterie).
Notons que les tensions élevées (48 ou 96V) doivent être réservées à Tensions > 48 V : danger
des usages très spécifiques: pompes, grosses machines agricoles pour les personnes !
(machines à traire, réfrigération du lait), etc. En effet, on trouve encore
131
8. Dimensionnement
peu d'appareillages de consommation courante adaptés à ce type de
tensions.
Précisons également qu'au-delà de 50V, les dangers du courant
continus pour les personnes deviennent importants, la législation sur
les installations change, et des précautions d'emploi importantes
doivent être respectées.
D'autre part, avec des tensions élevées, la gestion du système de
Tensions élevées ⇒ batteries devient délicate: sitôt qu'un élément devient défectueux, il
surveillance accrue peut subir des décharges profondes et même des inversions de
des batteries polarité entraînant rapidement sa destruction. Il convient donc
d'exercer une surveillance régulière du comportement individuel de
chaque élément, avec possibilité de rééquilibrages occasionnels par
surcharges contrôlées.
8.5 Energie solaire incidente
8.5.1 Météo
L'étape suivante est l'estimation de l'irradiation disponible sur les
capteurs, à partir des données météorologiques du site considéré, et
tenant compte de l'inclinaison des capteurs, d'éventuels ombrages,
etc.
Au stade du pré-dimensionnement, ce calcul est effectué en
moyennes mensuelles. Si on désire par la suite effectuer une
vérification du comportement du système par simulation détaillée, on
devra alors passer à des valeurs horaires (mesures, année standard
ou valeurs synthétiques), par un logiciel spécialisé adéquat.
On établit une grille mensuelle, avec en première colonne l'énergie
moyenne sur le plan horizontal, exprimée en [kWh/jour]. Ces données
seront reprises de données météorologiques standard (par exemple
tables en annexe A2, Météonorm [1], logiciel PVSYST [2], Solar
Irradiation Database [3], etc).
8.5.2 Orientation du plan de capteurs
Pour tenir compte de l'inclinaison et l'orientation des panneaux, on
reportera, à la seconde colonne, les valeurs lues (ou interpolées)
dans les tables du facteur de transposition (annexe A4). Rappelons
que ces tables sont en principe caractéristiques d'une latitude et d'un
type de climat donné (ensoleillé, montagne, brouillards hivernaux,
etc...). Néanmoins, pour des orientations proches de l'optimum,
l'utilisateur pourra se contenter de la table la plus appropriée parmi
celles fournies à l'annexe A4. Dans les régions tropicales, où les
panneaux sont installés avec une faible inclinaison, le facteur de
transposition est habituellement assez proche de 1, ce qui signifie que
l'énergie incidente sur les panneaux est très semblable aux données
météorologiques.
La troisième colonne contient l'énergie incidente sur le plan des
capteurs [kWh/m²], qui s'obtient simplement en multipliant la valeur
météo sur plan horizontal par le facteur de transposition.
132
8. Dimensionnement
8.5.3 Ombrages
En cas d'ombrages importants, on pourra éventuellement multiplier
ces résultats par un facteur d'ombrage, estimé mensuellement.
Malheureusement, les effets d'ombrages sont très difficiles à estimer
intuitivement, et nous ne pouvons pas donner ici une méthode
manuelle pour les évaluer, même grossièrement.
L'effet sur la composante directe est souvent relativement faible en
moyenne mensuelle ou annuelle. Notons cependant qu'il faut faire Une cellule ombrée = toute
très attention aux ombrages partiels, même très ponctuels: si une la chaîne désactivée !
seule cellule est ombrée, c'est le courant de toute la chaîne de
cellules en série qui est limité.
Pour les ombrages proches, cela se traduit par des conséquences
momentanées complexes sur la production photovoltaïque.
Attention en particulier aux montages en sheds (rangées): pour limiter
l'effet de l'ombrage mutuel d'un shed sur l'autre, on veillera à
connecter tous les panneaux PV du bas du shed dans la même série,
de manière à ce que l'ombrage mutuel n'affecte qu'une seul chaîne de
cellules.
Par contre, les obstacles proches ou lointains occultent une partie du Ombrage sur le diffus =
diffus isotrope. Cet effet perdure durant l'année entière, et ses effets effet permanent
sont souvent sous-estimés, surtout dans les régions à forte proportion
de rayonnement diffus (moyennes latitudes). En présence d'un
sérieux problème d'ombrages, nous conseillons donc vivement de
recourir à un logiciel spécialisé (par exemple PVSYST).
8.6 Générateur solaire
On peut maintenant insérer dans notre grille les besoins des
consommateurs calculés sous (8.3) pour les mois correspondants. Il
nous reste à déterminer le type et le nombre de panneaux à installer.
8.6.1 Choix du type de panneaux
La caractéristique principale d'un panneau photovoltaïque est sa
puissance nominale. Cette puissance Pnom est spécifiée en Wc,
(Watt-crête) pour une utilisation dans les conditions standard (STC),
c'est-à-dire: rayonnement 1000 W/m², température des cellules 25°C,
spectre de rayonnement solaire AM 1.5 (cf. chap. 3). Les modèles les
plus courants ont une Pnom entre 40 et 60 Wc (environ 0.5 m²).
Jusqu'au milieu des années 90, la grande majorité des panneaux de
plus de 40Wc étaient constitués de cellules au silicium mono- ou poly-
cristallin. Les panneaux en silicium amorphe (a:Si-H) ou d'autres
technologies en couches minces étaient réservées à des usages
spécifiques (panneaux souples) ou à de très petites installations (5 à
20 Wc). Des panneaux amorphes de plus de 40 Wc commencent à
émerger à des prix (au Wc) compétitifs. Néanmoins, leur rendement
étant de l'ordre de 6 % au lieu de 12 %, les surfaces nécessaires - et
donc les frais de supports - sont doublés.
133
8. Dimensionnement
8.6.2 Tension du champ PV: choix du nombre de
cellules
Dans la pratique, la plupart des panneaux du commerce sont adaptés
à une utilisation en sites isolés, et fournissent une tension compatible
avec un système PV équipé de batteries 12V (ou un multiple).
La table suivante donne les tensions moyennes délivrées par des
panneaux au silicium (mono ou poly-cristallin), pour divers nombres
de cellules et températures:
On y constate tout d'abord que les panneaux poly-cristallins (p-Si)
délivrent une tension très légèrement inférieure aux panneaux mono-
cristallins (m-Si): en moyenne -2%.
Technologie m-Si p-Si m-Si m-Si m-Si p-Si p-Si
Nb. de cellules 1 1 30 33 36 36 40
Voc (25 °C) 0.595 0.588 17.85 19.63 21.42 21.17 23.52
Vmpp (25 °C) 0.476 0.467 14.28 15.71 17.14 16.81 18.68
Vmpp (50°C) 0.423 0.414 12.69 13.96 15.23 14.90 16.56
Vmpp (75°C) 0.370 0.361 11.10 12.21 13.32 13.00 14.44
Table 8.4 : Tension des cellules et panneaux PV destinés aux systèmes
autonomes .
D'autre part, on observe en général, pour les panneaux cristallins :
VMPP = 0.8 Voc et IMPP = 0.91 Isc.
La grande majorité des panneaux comporte 36 cellules en série,
36 cellules standard délivrant une tension proche de 17.1 V (m-Si) ou 16.8 V (p-Si) aux
STC.
D'autres modèles sont proposés avec 40 cellules (p-Si). Ils peuvent
être nécessaires pour des installations en pays très chauds. Mais la
40 cellules : pays chauds tension délivrée par les 4 cellules supplémentaires ne sera jamais
utilisée en pays tempérés avec une régulation classique!
Rappelons que les cellules au silicium ont un coefficient de
température de -2.1 mV/°C environ, donc -76 mV/°C pour 36 cellules.
Pour les panneaux en couches minces (silicium amorphe, tandems,
etc.), les coefficients de température dépendent beaucoup de la
Détermination de la technologie de fabrication, et nous ne pouvons pas donner ici de
température de cellules règles générales.
La température des cellules sous ensoleillement peut être déterminée
par les relation suivante:
Tc = Tamb + α · Ginc / K
où Tamb = température ambiante [°C],
Ginc = rayonnement incident [W/m²],
α = coeff. d'absorption ≈ 0.9,
K = coeff. de déperditions du panneau [W/m²k].
Pour des panneaux "nus" bien ventilés, on observe habituellement
une valeur K = 29 W/m²k.. Les panneaux intégrés dans le bâtiment
présentent plutôt des valeurs K = 15 à 25 W/m²k selon la ventilation
de la face arrière.
134
8. Dimensionnement
Donc, pour la plupart des panneaux montés avec une ventilation
arrière suffisante, l'élévation de température des cellules Tc-Tamb,
sous 800 W/m², est d'environ 25°C.
La table 8.4 indique la tension délivrée pour différentes situations
typiques:
• Tc=25°C est caractéristique des pays tempérés, en conditions hivernales
et mi-saison: Cela correspond par exemple à Tamb ≈ 6°C et
Ginc ≈ 600 W/m².
• Tc=50°C : pays tempérés en conditions estivales (Tamb ≈ 25°C,
Ginc ≈ 800 W/m²).
• Tc=75°C : est atteint en plein midi dans les pays chauds (Tamb ≈ 44°C,
Ginc ≈ 1000 W/m².
Figure 8.1
Panneau solaire chargeant
directement une batterie
Pour obtenir la tension réelle de fonctionnement du champ PV, il
convient d'ajouter à la tension de la batterie:
• La chute de tension due aux pertes ohmiques dans les câbles de
liaison. La table 8.5 du paragraphe suivant permet de les déterminer. Par
exemple, un courant de 5 A (2 à 3 panneaux PV en parallèle) dans un
câble de 2.5 mm² provoquera une chute de tension de 2 x 40 mV par
mètre, soit 1V pour un éloignement de 12.5m! Nous constatons donc que
la distance du champ à la batterie ne doit pas être excessive et la section
des câbles bien adaptée, et ceci tout particulièrement dans les pays
chauds où l'on ne dispose que d'une très faible réserve de tension.
• La chute de tension à travers la diode de protection série (0.5 à 0.7 V
pour une diode Shottky, > 1.0 V pour une diode Si normale) et
éventuellement le transistor du régulateur (env. 0.4V).Rappelons que
dans les pays chauds et régulièrement ensoleillés, si la tension de
charge de la batterie est trop rapprochée du coude de puissance
maximum, il peut être avantageux de supprimer cette diode; le courant
de fuite perdu durant la nuit doit alors être compensé par les gains dus
au déplacement sur la caractéristique PV du panneau (cf. paragraphe
5.1.4).
La tension nominale de charge d'une batterie au plomb se situe
autour de 2.1 à 2.35 V/élément environ (soit 12.6 à 14.1V pour une
batterie de 12V) selon l'état de charge, le courant, et à 20°C. Cette
tension diminue avec la température (environ -30 mV/°C pour une
batterie de 12V). Bien qu'il soit conseillé de placer la batterie dans un
135
8. Dimensionnement
endroit frais (sa durée de vie diminue de moitié pour une
augmentation de 10°C), ce phénomène compense en partie la faible
tension délivrée par le générateur solaire dans les pays chauds.
Pour évaluer le nombre de panneaux nécessaire pour le champ
photovoltaïque, nous pouvons utiliser deux méthodes selon les cas:
8.6.3 Calcul en termes d'énergie
Comme la production électrique est quasi-proportionnelle au
rayonnement, chaque kWh d'énergie incidente devrait pouvoir
produire une énergie "nominale" équivalente à une heure de
fonctionnement aux conditions standard (STC):
ESTC [Wh/jour] =
Eincid [kWh/m²·jour] · Pnom [Wc pour 1 kW/m² et 25°C]
Mais cette énergie n'est pas représentative de l'énergie réellement
utilisable. Pour dimensionner le champ PV, nous devrons tenir compte
des sources de pertes suivantes:
• La diminution de la tension avec la température des cellules.
• La chute de tension dans la résistance de câblage, la diode de protection
série et éventuellement le transistor du régulateur.
• Avec une régulation traditionnelle, la tension de fonctionnement du
champ PV est dictée par la tension de charge de la batterie, augmentée
des chutes de tension citées ci-dessus. Le panneau ne travaille donc pas
à son point de puissance maximum.
• Avec un régulateur MPT, l'efficacité globale du régulateur approche 90 à
95% à pleine charge, mais chute à faible ensoleillement.
• L'efficacité énergétique de la batterie (énergie restituée / énergie de
charge) est de l'ordre de 75 à 85 % selon les conditions d'utilisation.
• Les performances réelles des panneaux sont la plupart du temps
inférieures aux données des constructeurs (à la suite de nombreuses
mesures en conditions réelles, et par de nombreux groupes d'utilisateurs,
on a très souvent observé jusqu'ici des déficits de 5 à 15%).
Notons que l'efficacité de la batterie dépend fortement de l'état de
Coefficient de performance charge: lorsqu'on s'approche de la charge maximale, une partie de
PR l'énergie est gaspillée pour la gazéification de l'électrolyte, ce qui
pénalise d'autant le rendement. Néanmoins, pour le dimensionnement
on se base surtout sur les mois de production minimale par rapport
aux besoins, donc avec risque modéré de surcharge des batteries.
C'est pourquoi, pour ce cas particulier, l'efficacité énergétique de la
batterie peut être choisie relativement élevée (85 ou même 90 %).
Globalement, nous définissons le coefficient de performance (noté
PR: Performance Ratio) comme le rapport de l'énergie utile [Wh] à
l'énergie idéale ESTC, intégrant toutes les pertes citées ci-dessus:
PR = Eutile / ESTC = Eutile [Wh] / (Pnom [Wc]* Einc [kWh/m²])
Le PR ainsi défini inclut encore une autre perte très importante que
nous appellerons "perte de régulation": c'est l'énergie solaire
disponible, mais qui ne peut être utilisée parce que la batterie est
complètement chargée (coupure du régulateur).
La perte de régulation dépend essentiellement du dimensionnement
du système: c'est l'énergie de surplus par rapport aux besoins de
l'utilisateur. Elle sera d'autant plus importante que les différences
136
8. Dimensionnement
annuelles entre besoins et potentiel solaire sont plus marquées
(latitudes moyennes, faible insolation hivernale).
Pour effectuer le dimensionnement nous choisirons le mois le plus
défavorable, pour lequel la perte de régulation peut être négligée.
Dans ce cas, on peut alors admettre un valeur PR de 65 à 75% selon
les cas (température, adaptation des panneaux, pertes ohmiques).
8.6.4 Calcul en termes de charge
Nous pouvons tirer le parallèle en termes de "Charge" (cf. 8.3.2).
Choisissons parmi les caractéristiques constructeur du panneau PV le
courant IMPP au point de puissance maximum:
CSTC [Ah/jour] =
Eincid[kWh/m²·jour] · IMPP [A pour 1 kW/m² et 25°C]
Si nous travaillons avec une régulation traditionnelle (à tension
"constante":
• Le courant ne dépend pratiquement plus de la température.
• Les pertes ohmiques et la chute de tension dans la diode ne feront que
déplacer légèrement le point de fonctionnement du champ, sans
incidence notoire sur le courant si le panneau a une réserve suffisante
de tension pour ne pas passer au-delà du point de puissance maximum.
• L'efficacité coulombique (restitution du courant) de la batterie est de
l'ordre de 97% au-dessous du seuil de "gazéification".
• Seule la qualité des panneaux par rapport aux données du constructeur
accuse toujours une perte du même ordre de grandeur que
précédemment.
Le coefficient de performance en termes de charge:
PRC = Cutile / CSTC = Cutile / (Einc[kWh/m²] · IMPP Coefficient de performance
pour la charge PRC
est donc beaucoup plus facile à estimer: il se situe autour de 90 à
95% pour le mois le plus critique (peu de pleine charge), l'incertitude
étant essentiellement liée à la qualité des panneaux.
8.6.5 Détermination du nombre de panneaux
Avec une régulation traditionnelle, nous choisirons de travailler en
mode "charge". Le mode "énergie" convient plutôt pour un régulateur
MPPT.
D'après les relations précédentes, la puissance ou le courant minimal
à installer, nécessaire pour couvrir les besoins d'un mois, s'écrivent:
Pnom [Wc] = Eutile [Wh/jour] / (PR · Einc [kWh/m²·jour])
ou
IMPP [A] = Cutile [Ah/jour]·/ (PRC · Einc [kWh/m²·jour])
Reportons ces valeurs pour chaque mois dans le tableau général de
dimensionnement. Le champ requis pour couvrir les besoins dans
tous les cas doit être au moins égal à la valeur Pnom ou IMPP la plus
élevée. On peut y ajouter un coefficient de sécurité de 10% pour tenir
compte de la variabilité annuelle de la météo.
137
8. Dimensionnement
Tenant compte de la puissance nominale d'un panneau, ceci
détermine le nombre de panneaux du modèle choisi (ou de chaînes
de panneaux si on travaille en 24V ou plus):
Nchaînes = Pnom max / Pnom pann arrondi à l'entier supérieur:
Nchaînes = IMPP max / IMPPpann arrondi à l'entier supérieur:
8.7 Génératrice d'appoint
En cas de disparité trop importante entre les besoins mensuels, ce
dimensionnement sur le mois le plus défavorable peut conduire à
surdimensionner le générateur solaire. Il y aura donc surproduction
durant les mois favorables, conduisant à une baisse de l'efficacité
globale du système et à des coûts prohibitifs.
Dans ces cas il faudra envisager l'emploi d'une génératrice d'appoint,
munie d'un convertisseur AC-DC permettant de recharger les
batteries en cas de besoin. Le générateur solaire pourra alors être
réduit à une valeur intermédiaire, compromis entre la couverture
solaire désirée et le financement disponible. Son dimensionnement
est moins critique: il peut être choisi de manière à couvrir les besoins
de 6 ou 8 mois de l'année.
Pour les génératrices d'appoint, on utilise habituellement des moteurs
à essence pour les petites puissances (< 5 kW) et des moteurs diesel
pour les puissances plus importantes. Les petite génératrices et les
moteurs à essence nécessitent plus d'entretien que les grosses.
Sachant qu'un moteur a un rendement plus faible dans le premier
quart d'heure d'utilisation, et d'autre part que les batteries utilisées
pour des installations PV ne sont pas conçues pour des courants de
Génératrice : recharge en charge trop importants, on choisira la puissance de la génératrice de
10 à 20 heures manière à recharger les batteries en quelques heures (10 heures
minimum, 15 ou 20 heures maxi). La puissance de la génératrice
sera:
Pgén [kWe] = 0.001 · Ubatt [V]· C10 [Ah] ·(1-SOCmin) / tc [h]
où Ubatt = tension nominale pack de batteries
C10 = capacité nominale pour décharge en 10 heures
tc = temps de recharge désiré
SOCmin = taux de charge minimal autorisé.
Néanmoins la génératrice peut avoir d'autres usages annexes: par
exemple actionner épisodiquement des appareils spécifiques sous
230V AC. Dans ce cas la puissance sera choisie en fonction de ces
divers besoins, et le convertisseur ("chargeur de batterie") devra
limiter le courant de charge de la batterie à une valeur acceptable.
Dans les petits systèmes, le groupe électrogène sera mis en marche
(et arrêté) manuellement, au vu de l'état de charge indiqué par le
régulateur (coupure ou voyant lumineux d'avertissement). Pour les
gros systèmes la régulation peut enclencher le groupe électrogène
automatiquement.
138
8. Dimensionnement
8.8 Dimensionnement du stockage
Le dimensionnement des batteries nécessite d'abord de décider de la
durée d'autonomie NJ [jours] désirée, c'est-à-dire le temps durant
lequel l'utilisateur pourra être alimenté par la batterie sans recharge.
Cette durée est liée à la probabilité de trouver une série de plus de NJ
mauvais jours d'affilée dans la météo. Or cette probabilité n'est jamais
nulle: il faut donc décider en plus d'une limite de probabilité (risque)
que l'utilisateur ne puisse pas être satisfait.
Pour une utilisation normale en pays tempérés, on peut admettre une
autonomie de 4 à 6 jours, assurant un risque de pénurie de l'ordre du
pour-cent (soit 3 jours de coupure par an). Elle peut être réduite si on
dispose d'une génératrice d'appoint
Dans les pays tropicaux où la météo est plus régulière (avec des
apports solaires significatifs même par jours de pluie) on peut
diminuer cette autonomie à 2 ou 3 jours.
Par contre, en cas d'utilisation périodique du système (par exemple 2
jours sur 7), on diminuera le générateur solaire de manière à couvrir
les besoins complets des deux jours d'activité par une captation sur la
semaine. Il faudra donc dimensionner la batterie pour stocker au
moins l'énergie d'une période, plus une sécurité de NJ mauvais jours
calculée comme précédemment.
La capacité nécessaire pour la batterie est alors calculée sur la base
des besoins journaliers Ej les plus importants (en Ah). Mais rappelons
qu'une batterie ne doit pas être déchargée au-delà d'une limite SOCmin Décharge maximale :
(pour "State-Of-Charge" en anglais), dépendant de la technologie (et Socmin = 15 à 30 % de
de la température s'il y a risque de gel): soit environ 15 à 40% de la la capacité nominale
capacité nominale (cf. 4.1.5). selon la technologie
La capacité réellement utilisable est donc réduite à
Cutile = Cnom.· (1-SOCmin),
et donc:
Cnom [ Ah] = Ej [Ah/jour] · NJ [jours] / (1-SOCmin).
Les catalogues de fabricants donnent en général une capacité C20,
valable pour une décharge en 20 heures. Ce qui est le cas par
exemple pour un système fonctionnant le soir (durant 4 heures) avec
une autonomie de 5 jours. Une utilisation à courant instantané plus
faible augmente la capacité effective.
8.9 Dimensionnement des conducteurs
La chute de tension dans les conducteurs est donnée par la loi d'ohm:
∆V = R · I où R = ρ · l / s.
Avec: R = résistance [W]
l = longueur [m]
s = section [mm²] du conducteur
ρ = résistivité.
Typiquement on prendra ρ = 20 mΩmm²/m pour le cuivre à 40°C.
139
8. Dimensionnement
Le tableau suivant donne les chutes de tension occasionnées par
différents courants dans 1 mètre de divers conducteurs standards.
Chute de tension Rappelons que pour évaluer la chute de tension totale au niveau de
admissible : 5 % de l'utilisateur, il faut compter deux fois la longueur du câble (pôles positif
la tension nominale et négatif). La chute de tension devrait être limitée à environ 5% de la
tension nominale. La table donne également la longueur acceptable
de conducteur double (aller/retour) pour une installation sous 12V.
Ces longueurs pourront être doublées avec une installation sous 24V.
D'autre part, pour éviter un échauffement des conducteurs, on limitera
le courant à 7 A/mm² (cuivre) dans tous les cas.
Section du câble mm² 1.5 2.5 4 6 10 15 25
Résistance mΩ / m 13.3 8.0 5.0 3.3 2.0 1.3 0.8
Chute de tension par mètre de câble simple :
Courant 1 A mV/m 13.3 8 5 3.3 2 1.3 0.8
Courant 2 A mV/m 26.7 16 10 6.7 4 2.7 1.6
Courant 5 A mV/m 66.7 40 25 16.7 10 6.7 4
Courant 10 A mV/m 133.3 80 50 33.3 20 13.3 8
Courant 20 A mV/m 266.7 160 100 66.7 40 26.7 16
Courant 50 A mV/m 666.7 400 250 166.7 100 66.7 40
Longueur (de câble double) maximale pour 12V:
(Hypothèse: max. 5% de pertes totales)
Courant 1 A m 22.5 37.5 60 90 150 225 375
Courant 2 A m 11.3 18.8 30 45 75 113 188
Courant 5 A m 4.5 7.5 12 18 30 45 75
Courant 10 A m 2.3 3.8 6 9 15 23 38
Courant 20 A m ----- ----- 3 4.5 7.5 11.3 18.8
Courant 50 A m ----- ----- ----- ----- 3.0 4.5 7.5
Longueur maximale pour 24V: Doubler les longueurs ci-dessus !
Table 8. 4 : Résistance, pertes de tension et longueurs maximales des
conducteurs de distribution.
Lors de l'étude du réseau de la distribution, les conducteurs destinés
à chaque poste utilisateur seront dimensionnés à partir de ce tableau,
selon la puissance de chaque appareil prévu.
8.10 Evaluation économique
Le coût global d'une installation PV se compose de deux parties
distinctes: l'investissement et les frais d'exploitation.
Investissement = achat La spécificité d'un système de production PV par rapport à une
d’un coup de toute l’électri- installation classique tient à l'investissement élevé: il faut bien
cité utilisée pendant 20 ans comprendre que l'on achète d'un seul coup l'énergie qui sera produite
sur le temps de vie de l'installation.
140
8. Dimensionnement
8.10.1 Investissement
L'investissement comprend le coût de l'installation du système de
production d'énergie: champ de captation, stockage et éventuelle
génératrice d'appoint.
Pour rester comparable à d'autres ressources d'énergie, on évitera d'y
inclure les appareillages de consommation: lampes, armoires
frigorifiques, radio-TV, machines, etc.
Néanmoins, on peut tenir compte des surcoûts engendrés par rapport
aux systèmes conventionnels 230V.
Le coût direct de l'installation comprend les postes suivants:
• Panneaux photovoltaïques
• Supports
• Batteries
• Génératrice d'appoint
• Régulateur
• Matériel de câblage
• Montage, câblage, transport, etc...
• Honoraires de l'étude
On ne peut donner ici une indication générale, même approximative,
du coût relatif de chaque poste, qui dépend notamment de la taille, du
dimensionnement, du lieu d'implantation de l'installation.
Pour obtenir l'investissement global supporté par l'utilisateur
(investissement net) , il faut:
• ajouter les taxes (TVA),
• déduire les éventuelles subventions,
• déduire les moins-values de substitution d'éléments éventuellement
remplacés par l'installation: ligne d'alimentation au réseau, toiture
traditionnelle en cas d'intégration, etc.
En termes économiques, on peut traduire cet investissement en
emprunt, sur une durée correspondant à la durée de vie probable de
l'installation. Avec un taux d'intérêts (déterminé selon le contexte
économique), la table A5 en annexe permet de calculer les annuités
(remboursements constants au cours de la durée du prêt) que devra
payer l'exploitant pour l'amortissement de son installation.
8.10.2 Frais d'exploitation
Les frais d'exploitation sont essentiellement:
• La surveillance périodique du système (si effectuée par un agent
extérieur).
• L'entretien des batteries: visite périodique, ajout d'eau distillée, cycle de
surcharge pour éviter la stratification.
• Une provision pour le remplacement périodique des batteries (selon leur
durée de vie).
• L'entretien du groupe électrogène.
• Le coût du carburant.
• Les assurances.
141
8. Dimensionnement
8.10.3 Coût annuel de l'installation
Le coût annuel total est la somme des annuités et des frais
d'exploitation.
8.10.4 Coût du kWh
Le coût du kWh est simplement le coût annuel total, divisé par le
nombre de kWh utilisés.
Le coût du kWh augmente lorsqu'on souhaite un fort du taux de
couverture solaire: si le champ de capteurs est surdimensionné, le
système produira certes un peu plus d'énergie en absolu, mais moins
d'énergie utile par Wc installé, parce qu'une partie de la production
potentielle sera gaspillée par les pertes de régulation.
Ceci est particulièrement sensible dans les cas où la disparité
mensuelle entre la demande et la production est élevée. Nous voyons
ici que le dimensionnement du champ PV et l'emploi d'une génératrice
- avec ses frais de fonctionnement et de carburant - sont le résultat
d'un compromis à étudier soigneusement de cas en cas.
L'estimation du coût de kWh produit a son importance lors du choix
des appareils de consommation: il permet d'estimer le coût
d'utilisation de chaque appareil. Dans certains cas il peut justifier
l'achat d'un appareil plus cher, mais avec une meilleure efficacité
énergétique (moins de consommation pour le même service).
142
9. Electrification rurale photovoltaïque
9 Electrification rurale photovoltaïque
_______________________________________________________________________________________
9.1 Introduction 145
_______________________________________________________________________________________
9.2 Projets et programmes d’électrification rurale photovoltaïque 146
9.2.1 Historique 146
9.2.2 Situation actuelle 147
_______________________________________________________________________________________
9.3 Gestion de programme 148
9.3.1 Initiative des usagers et des collectivités locales 149
9.3.2 Rôle des institutionnels 149
9.3.3 Le rôle clé de l’ensemblier 150
9.3.4 Organisation et stratégie 152
9.3.5 Infrastructure et logistique 152
9.3.6 L’importance du financement 153
9.3.7 Paiement comptant 154
9.3.8 Crédit individuel 154
9.3.9 Leasing 155
9.3.10 L’ESCO 155
9.3.11 Programmes à contrat de licence (franchising) 156
9.3.12 Récapitulation 157
9.3.13 Evaluation de programmes 158
_______________________________________________________________________________________
_______________________________________________________________________________________
143
9. Electrification rurale photovoltaïque
9. Electrification rurale
photovoltaïque
Il est bien connu que la plupart des compagnies d’électricité du Sud
perdent de l’argent au niveau de l’électrification rurale. Et ce malgré
leur accès à des capitaux prêtés à des conditions avantageuses
(Banque Mondiale, Banque Asiatique de Développement, etc…). Tout
contribue à ce que les coûts ne soient pas couverts : lignes longues,
nombreuses pertes techniques et non techniques (jusqu’à 40% dans
certains pays), consommation unitaire assez faible et pression sociale
pour maintenir des prix très bas.
9.1 Introduction
Le coût des lignes est un facteur important puisqu’il peut représenter
jusqu’à 90% du budget total d’un projet d’extension du réseau
électrique. Les coûts typiques sont de l’ordre de 20'000 à 30'000 US$
par kilomètre. Un autre facteur important est le nombre d’usagers par
kilomètre de ligne. La valeur minimale acceptable au Bengladesh est
75/km. La consommation mensuelle par utilisateur est très faible
puisqu’elle est comprise entre 20 et 40 kWh/mois. Tous ces facteurs
entraînent un coût élevé de l’électricité distribuée, allant de 10 cent
US jusqu’à 1 US$. La fig. 9.1 présente une manière de représenter
graphiquement le domaine de rentabilité du photovoltaïque par
rapport à l’extension du réseau.
Figure 9.1
Domaine de rentabilité de
l’électrification rurale
photovoltaïque (source Ademe)
145
9. Electrification rurale photovoltaïque
Dans ces conditions, on sait bien que l’on ne pourra jamais étendre le
réseau électrique de manière à raccorder les deux milliards
d’habitants des zones rurales qui n’ont toujours pas l’électricité. Pour
ces personnes, les systèmes décentralisés représentent un potentiel
formidable. Parmi eux, les systèmes photovoltaïques décentralisés
devraient jouer un rôle non négligeable.
9.2 Projets et programmes d’électrification
rurale photovoltaïque
9.2.1 Historique
A l’origine, le photovoltaïque est avant tout développé pour les
applications spatiales où il représente une solution compétitive pour
l’alimentation des satellites. Le premier satellite a en effet été lancé en
1957. Dès lors, les applications photovoltaïques terrestres ont été
envisagées. Les projets réalisés dans les années 60 étaient fortement
orientés « recherche ». Dans les années 70, on voit apparaître les
premières installations promues par l’ONU appelées « integrated
energy systems ». Ces premières installations n’étaient pas légion
mais ont permis de donner naissance au système domestique tel
qu’on le connaît aujourd’hui. A partir du milieu des années 80, des
projets de développement ont permis de mieux connaître les
systèmes photovoltaïques et de les vulgariser. Par exemple, le
« Programme Régional Solaire » a été mis sur pied par le CILSS
(Comité International pour la Lutte contre la Sécheresse au Sahel)
afin de créer un réseau de pompes solaires. Ce programme a été
financé par les ministères des différents pays concernés et par le
Fonds Européen pour le Développement. En 1995, 625 pompes et
plusieurs systèmes communautaires étaient installés.
Figure 9.2
Evolution de la capacité
mondiale de production
Des agences de coopération ont mis sur pied de nombreux projets
d’électrification basés sur le photovoltaïque. La coopération
allemande, la GTZ, a été un des organismes les plus actifs dans ce
146