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Cahier Biodiversite Complet

Le cahier pédagogique 'À l'école de la biodiversité' propose aux enseignants des lycées des approches variées pour sensibiliser les élèves à la biodiversité à travers des activités pratiques, des débats et des enquêtes. Il aborde la relation complexe entre l'Homme et la Nature, ainsi que les enjeux de préservation de la biodiversité dans différents contextes, y compris littéraire, scientifique, économique et géographique. Ce projet vise à impliquer les élèves dans des actions concrètes et à favoriser une prise de conscience écologique au sein des établissements scolaires.

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Cahier Biodiversite Complet

Le cahier pédagogique 'À l'école de la biodiversité' propose aux enseignants des lycées des approches variées pour sensibiliser les élèves à la biodiversité à travers des activités pratiques, des débats et des enquêtes. Il aborde la relation complexe entre l'Homme et la Nature, ainsi que les enjeux de préservation de la biodiversité dans différents contextes, y compris littéraire, scientifique, économique et géographique. Ce projet vise à impliquer les élèves dans des actions concrètes et à favoriser une prise de conscience écologique au sein des établissements scolaires.

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Cahier pédagogique à l’usage

des enseignants des lycées

À l’école de la biodiversité - A
Sommaire
• La biodiversité au cœur du lycée, c’est possible !................................................................................ Page 4

HOMME ET NATURE ? – APPROCHE LITTÉRAIRE ET PHILOSOPHIQUE


• Homme et Nature : des rapports complexes ...................................................................................... Page 9
• Quels rapports entre l’Homme et la Nature ? ................................................................................... Page 13
• Test : quelle est votre nature ? ............................................................................................................ Page 15
• Textes : Homme et Nature ? ................................................................................................................ Page 17
• La biodiversité en action : enquête au lycée ...................................................................................... Page 19

BIODIVERSITÉ – APPROCHE SCIENTIFIQUE


• La biodiversité : qu’est-ce que c’est ? ................................................................................................. Page 23
• La biodiversité... en débat ! ................................................................................................................. Page 25
• Textes : Les espèces invasives ............................................................................................................ Page 27
• La biodiversité en action : sciences participatives au lycée ............................................................. Page 31
•Mission 1 - Spipoll ............................................................................................................................ Page 32
•Mission 2 - Oiseaux des jardins ........................................................................................................ Page 34
•Mission 3 - Sauvages de ma rue ...................................................................................................... Page 36

LES DIFFÉRENTES VALEURS DE LA BIODIVERSITÉ – APPROCHE ÉCONOMIQUE


• Les valeurs de la biodiversité .............................................................................................................. Page 41
• Jeu de rôle : Opposition ? Conciliation !.............................................................................................. Page 45

BIODIVERSITÉ ET TERRITOIRE – APPROCHE GÉOGRAPHIQUE


• Un tour d’horizon ................................................................................................................................. Page 51
• En débat ! .............................................................................................................................................. Page 53
• Les badges ANIMAUX .......................................................................................................................... Page 57
• En action : maillons ! ........................................................................................................................... Page 59
•Créer une bande enherbée................................................................................................................ Page 60
•Planter une haie ................................................................................................................................ Page 61
•Tête la première dans la mare ! ...................................................................................................... Page 63

BIODIVERSITÉ ET CHANGEMENT CLIMATIQUE – APPROCHE TRANSITION ÉCOLOGIQUE


• Du développement durable à la transition écologique ...................................................................... Page 67
• Le changement climatique .................................................................................................................. Page 69
• En débat ! .............................................................................................................................................. Page 72
• En action ! ............................................................................................................................................. Page 81

À l’école de la biodiversité - 3
LA BIODIVERSITÉ AU CŒUR DU LYCÉE,
C’EST POSSIBLE !

VOUS ÊTES ENSEIGNANT EN LYCÉE ? VOUS SOUHAITEZ AGIR POUR LA BIODIVERSITÉ AVEC
VOS ÉLÈVES ? VOUS SOUHAITEZ PROPOSER DES ACTIVITÉS ORIGINALES AUX ÉCO-DÉLÉ-
GUÉS DE L’ÉTABLISSEMENT ? LE CAHIER « À L’ÉCOLE DE L A BIODIVERSITÉ » EST FAIT
POUR VOUS !

QUE PROPOSE CE CAHIER ?


Ce cahier vous offre la possibilité d’aborder la biodi-
versité sous plusieurs angles et par le biais de diffé-
rentes méthodes d’animation : débat, test, enquête,
protocole, action, etc.
Grâce à la multiplicité de ces approches, chaque
enseignant pourra se saisir de ce sujet de la manière
qui lui convient.
Les élèves, quant à eux, trouveront forcément leur
bonheur parmi toutes les activités détaillées : plan-
tation d’une haie, sauvegarde d’une mare, mise en
scène d’un débat, etc.
Belles expérimentations à toutes et tous !

POURQUOI PRÉSERVER LA BIODIVERSITÉ ?


Enjeux écologiques, érosion de la biodiversité, préservation du
patrimoine, bien-être, recherches médicales... Vous trouverez
de nombreuses raisons de protéger la biodiversité !

RENOUER AVEC LA NATURE


On le sait, l’Homme se détache progressivement de son lien à
la nature : méconnaissance de la biodiversité, déconnexion avec
son environnement. Or, il est nécessaire de reconstruire ce lien :
c’est en constatant son appartenance à la nature, en la prati-
quant régulièrement, en l’observant et en la comprenant que
nous prenons conscience de son importance et que nous cher-
chons à la protéger.

SENSIBILISER LES ÉLÈVES À LA BIODIVERSITÉ :


SE QUESTIONNER MAINTENANT POUR AGIR PLUS
TARD
Quel que soit le domaine abordé, la préservation de la biodi-
versité est un sujet transversal qui nous concerne tous. Et vos
élèves seront tout particulièrement confrontés à des questions
prépondérantes de préservation, aujourd’hui et dans les années
à venir ! Sensibiliser maintenant, aiguiser les consciences... c’est
aussi leur enseigner à remettre en question des affirmations et
des croyances pour évoluer et faire évoluer.

4 - À l’école de la biodiversité
➊ Un projet à votre mesure
En fonction de vos possibilités, du souhait de l’équipe pédagogique de travailler
en collaboration, de votre groupe d’élèves et en vous entourant de professionnels
tels qu’un animateur nature, un technicien d’un Parc naturel régional, etc, vous
7 BONNES créerez avec ce classeur un projet à votre image, qui vous correspondra au mieux.

RAISONS DE ➋ Une démarche simple pour un projet ambitieux


Malgré le caractère novateur et ambitieux de votre projet, vous pourrez vous

RÉALISER UN appuyer sur une méthodologie simple et une démarche claire. Les actions propo-
sées sont adaptables afin de vous permettre de les intégrer au mieux à votre pra-
PROJET tique pédagogique.

« À L’ÉCOLE DE LA ➌ Des activités de débat riches et variées


Chaque chapitre propose des activités de débat riches, diversifiées et très ludiques.
BIODIVERSITÉ »! Elles visent spécifiquement à renforcer l’esprit critique des élèves et à développer
leur responsabilité et leur écocitoyenneté.
➍ Des actions concrètes à votre niveau
Chaque chapitre propose des actions concrètes de terrain visant à rendre les élèves
acteurs de leur apprentissage et de leur prise de conscience : enquêtes, sciences
participatives, aménagements de la biodiversité. À vous de choisir !
➎ Une approche pluridisciplinaire
Le projet s’appuie sur différentes approches, en prenant compte des matières étu-
diées. De quoi s’intégrer parfaitement avec le programme scolaire !
➏ Un projet fédérateur pour un lycée en transition
Ce projet, c’est aussi l’occasion d’impliquer des acteurs au sein de votre lycée :
les éco-délégués, par exemple. « À l’école de la biodiversité » est un guide com-
plet pour mettre en place un projet qui associe élèves et équipe pédagogique, en
accord avec la politique ministérielle.
➐ Une ouverture vers l’extérieur
L’implication des responsables locaux et des partenaires feront que votre projet
aura un retentissement local extrêmement valorisant. C’est également pour vos
élèves l’occasion de se confronter à d’autres cercles que le milieu scolaire.

QUI SOMMES NOUS ?


LA RÉGION GRAND EST
La Région Grand Est équipe, entretient et finance le fonctionnement
des 238 lycées publics du territoire. L’amélioration du cadre de vie des
lycéens est au cœur de son action. Pour accompagner ses lycées dans
la transition écologique, la Région Grand Est propose la démarche
« Lycée en transition », articulée autour de 5 thématiques : alimenta-
tion durable, espaces verts et végétalisation, écogestes eau, air, éner-
gie, gestion des déchets et mobilités actives.
L’objectif de la démarche « Lycée en transition » est de permettre aux
lycéens et à l’ensemble des usagers de l’établissement d’acquérir des
réflexes écologiques en agissant concrètement et collectivement, à
une échelle locale.

LA FÉDÉRATION CONNAÎTRE ET PROTÉGER LA NATURE


Nous sommes les CPN : une tribu de passionnés de nature ! Depuis
plus de 50 ans, nous apprenons aux enfants et aux jeunes à Connaître
et Protéger la Nature… en s’amusant !
Notre mouvement associatif fédère près de 20 000 membres, clubs,
familles, individuels, de 3 à 103 ans, dans toute la France, en Europe,
mais aussi en Afrique. Notre crédo : apprendre la nature, dans la nature,
par la pédagogie active.
Nos outils ? Nous les créons nous-mêmes ! Reconnues par les spé-
cialistes pour leur rigueur scientifique, nos nombreuses publications
pédagogiques sont aussi bourrées d’humour, attrayantes et accessibles
au plus grand nombre.

À l’école de la biodiversité - 5
6 - À l’école de la biodiversité
Chapitre 1
Chapitre 1
Homme et Nature ?
Approche littéraire
et philosophique
Dans ce chapitre, le professeur trouve-
ra des supports pour aborder la biodiversi-
té sous un angle littéraire et philosophique.
Ce chapitre apporte des éléments d’infor-
mation, des outils pratiques pour lancer
le débat en classe avec ses élèves de manière
spontanée et ludique et des outils pour mettre ses
élèves en action au sein du lycée.

À l’école de la biodiversité - 7
Homme et Nature ?

DES RAPPORTS COMPLEXES

fiche info
DEPUIS QU’IL EST APPARU, L’ÊTRE HUMAIN ENTRETIENT AVEC LA NATURE DES RAPPORTS COM-
PLEXES : VÉNÉRATION, PEUR, DIABOLISATION, ENVIE DE DOMINATION, FATALISME, EXPLOITA-
TION... DES RAPPORTS LIÉS À LA CULTURE, À L’ÉCONOMIE ET À LA RELIGION, QUI VARIENT EN
FONCTION DES LIEUX ET DES ÉPOQUES, MAIS RESTENT PROFONDÉMENT ANCRÉS DANS LES
CULTURES.
AUJOURD’HUI ENCORE, L’HOMME ABORDE LES NOUVELLES QUESTIONS ENVIRONNEMENTALES EN
S’APPUYANT SUR SON PROPRE RAPPORT À LA NATURE.

PRÉAMBULE
Des sociétés amérindiennes aux hyperurbains de Singapour, Séoul ou Shanghai, on retrouve sur Terre aujourd’hui
toutes les approches de la nature apparues au fil du temps. C’est pourquoi les diverses visions décrites ci-après
peuvent coexister au gré des époques.
Il faut noter que ces diverses approches, littéraires et philosophiques, des rapports entre Homme et Nature ne
correspondent pas nécessairement à une réalité historique.

L’ÉVOLUTION DES RAPPORTS


ENTRE HOMME ET NATURE
LE MYTHE DU BON SAUVAGE Par exemple, l’atmosphère se régulerait d’elle-même afin
L’Homme « primitif » ne cherche pas instinctivement à se déta- de maintenir des conditions viables pour les êtres vivants.
cher de la Nature, il fait partie de celle-ci. Animiste, il prête
à toute chose de la Nature une force vitale : les êtres vivants,
mais aussi les rochers, la montagne, la mer, les nuages, le vent. L’HOMME SE DISTINGUE
La Nature elle-même a une volonté propre. Elle forme un tout DE LA NATURE
dans lequel l’Homme est intégré. Altérer la Nature relève du Très rapidement après son apparition, l’Homme développe
péché, de l’interdit, puisqu’elle est « une », divine et possède son intelligence et par conséquent, la conscience de soi. Cette
une âme à part entière. prise de conscience lui permet l’introspection qui le fait se
L’Homme ne fait donc qu’emprunter à la nature le poisson détacher psychiquement du règne animal et se placer en tant
qu’il pêche, les fruits qu’il récolte, le daim qu’il chasse. Il s’en que leader invétéré et incontesté.
excuse et remercie la mère Nature de ces dons généreuse- L’ Homo sapiens s’est d’abord distingué par la fabrication
ment accordés. Si la Nature devient moins prodigue ou même d’outils1 : ainsi il soumet l’objet naturel au statut de moyen et
hostile, les Hommes pensent qu’ils ont eux-mêmes suscité non plus comme une fin en soi. C’est donc dans la domestication
son courroux et tentent de l’apaiser par le biais d’offrandes. du feu ou encore du biface que l’Homme commence à maîtri-
Est-ce-que cet Homme sauvage, pur et innocent, tel que décrit ser certains éléments et de ce fait à se soustraire aux impé-
par Jean-Jacques Rousseau a vraiment existé ? C’est plutôt un ratifs naturels. Il peut désormais survivre à certains épisodes
archétype, car l’anthropologie montre que dès l’apparition de climatiques, cuire sa nourriture (ce qui empêche la proliféra-
l’Homme, ce dernier a eu un impact, comme tout être vivant, tion de bactéries) et ainsi augmenter ses forces et sa durée de
sur la nature puisqu’il y prélève de quoi répondre à ses besoins. vie. Mais cela suffit-il à considérer que l’Homme s’est élevé
au-dessus de la Nature ?
Il n’empêche que globalement, cette approche est
restée ancrée dans les sociétés occidentales au Depuis leur apparition, les êtres humains ont eu un
moins jusqu’à la christianisation. Elle perdure impact beaucoup plus important que les
de nos jours au sein d’autres religions ou phi- autres espèces sur les milieux natu-
losophies telles que le bouddhisme ou l’hin- rels, par exemple, sur les popula-
douisme mais également au sein de certains tions sauvages : certaines espèces
peuples autochtones. de la mégafaune (mammifères,
oiseaux) ont commencé à dispa-
Plus étonnant encore, depuis 1970, raître entre -40 000 et -15 000 ans.
cette approche est réapparue dans L’être humain paraît être l’une des
les civilisations occidentales avec causes probables de leur dispari-
« l’hypothèse Gaïa », proposée par tion, ainsi que le changement clima-
l’écologiste anglais James Love- tique (fin de la dernière glaciation).
lock : selon lui, la Terre est un
système s’autorégulant qui pro-
meut le développement de la vie.
Pour certains, ce processus s’effec-
tuerait même de manière consciente.

1 B i e n q u ’a u j o u r d ’ h u i , o n s a c h e q u e
c e n ’e s t p a s l e p r o p r e d e l ’ H o m m e , b e a u-
c o u p d ’a u t r e s e s p è c e s u t i l i s e n t d e s o u t i l s (l ’e n c l u m e d u
pic, les loutres ouvrant les coquillages avec une pierre, les chimpanzés
pêchant le termite à la baguette…)

À l’école de la biodiversité - 9
Homme et Nature ?

L’HOMME ET LA TERRE : TRANSFORMATION DU Aujourd’hui, une grande par tie des ressources
PAYSAGE naturelles sont détournées des pays où elles sont
extraites ou produites en faveur des pays développés.
Si on prend l’exemple de la fève de cacao, le Ghana et
Il y a 8 à 10 000 ans, l’Homme développe la culture et l’éle- la Côte d’Ivoire représentent, à eux deux, plus de 60%
vage : il se rend ainsi « maître de la Nature » par la domesti- de la production mondiale 2 . Et pourtant, la moitié des
cation de plusieurs espèces animales et végétales. producteurs ivoiriens vit sous le seuil de pauvreté.
S’il dépend encore longtemps et largement d’éléments Des années 1970 à nos jours, beaucoup de pays du
naturels (les saisons, les pluies, la température…), il s’affran- Sud qui étaient autosuffisants du point de vue ali-
chit d’une dépendance directe et immédiate (par exemple, mentaire ont développé des monocultures de café,
il peut plus facilement mettre de côté de la nourriture pour de palmier (à huile)… autant de produits destinés à
des périodes de disette). l’exportation.
Dans le même temps, les populations de ces pays se
Pour améliorer son bien-être, il va profondément et durable-
retrouvent dans des situations de pauvreté croissante
ment modifier son territoire en pratiquant la technique du brû-
et de sous-alimentation chronique… ce qui les conduit
lis pour mettre en place ses cultures. Cette technique entraîne
souvent à surexploiter la biodiversité restante de leur
peu à peu une déforestation. L’Homme pratique l’irrigation, territoire.
creuse des étangs pour « stocker l’eau », plante des vergers,
crée des routes pour mieux se déplacer…
UNE HISTOIRE DE DOMINATION ?
Cette sédentarisation va modeler les paysages jusqu’à nos
jours, et va totalement inverser le rapport de force entre la Le développement de l’agriculture et la domination de l’Homme
sur la Nature introduit également la notion de propriété.
Nature et l’Homme.
Là où il fallait tous les efforts des communautés primitives
pour survivre, cette domination favorise l’individualisme,
l’appropriation d’une partie de la production, voire des terres
et même du travail de l’Homme (au travers de l’esclavagisme,
du servage ou du travail).
Pour la minorité dominante, les ressources naturelles ne sont
pas « limitées » puisqu’elle en possède bien plus qu’elle ne peut
en consommer pour son seul profit.
De ce fait, pendant très longtemps, cette hiérarchisation des
rapports sociaux a encore accru la domination de l’Homme
sur la Nature.

Dans cette seconde partie, nous parlerons principalement des rapports entre l’Homme et la
Nature tels qu’ils se sont développés dans le monde occidental.
Analyser ces mêmes rapports d’un point de vue oriental ou africain
présenterait des conclusions certainement différentes...
L’APPROCHE RELIGIEUSE
Par la suite, le développement des religions monothéistes
change radicalement la place de l’Homme dans la Nature :
Dieu a créé l’Homme « à son image », il est par conséquent, à
son tour, supérieur à la Nature que Dieu a créée pour l’Homme.
L’Homme est donc placé au centre de la Nature, créée pour sa
libre disposition.
Qui plus est, probablement en opposition (voire en concur-
rence) avec des religions animistes, cer tains aspects
purement naturels, les « forces non expliquées » (la foudre,
les cycles naturels, lunaires…), les connaissances « natu-
ralistes » (les plantes médicinales par exemple), les fêtes
païennes, la fin de l’hiver, la saison des amours, les instincts
naturels… deviennent « suspects » : ils sont largement du côté
« obscur » de la religion, c’est un peu la part du diable. Seuls
peuvent y avoir accès librement des hommes armés pour lut-
ter contre leur aspect satanique : le clergé ! Les rituels païens,
les croyances liées aux observations de phénomènes naturels
persistent, mais ne s’exposent plus et peuvent être condamnés.
Suivant cette « philosophie », l’Homme sauvage doit être édu-
qué (évangélisation des nouveaux territoires qui durera jusqu’au
20ème siècle), la Nature doit être maîtrisée, domptée. Les zones Dans d’autres religions, par exemple dans l’hindouisme,
de nature « sauvage » (marais, grottes, haute montagne…) la relation de l’Homme à la Nature est radicalement
deviennent maléfiques, impropres à la vie humaine. différente : la Nature et tout ce qui nous entoure sont
Ce schisme profond avec la Nature, à la limite de la schizophré- une manifestation de Vishnou, et donc d’essence divine.
nie (car c’est bien la Nature qui nous nourrit), perdure encore Dieu résidant en tout ce qui existe, la création entière
largement aujourd’hui, engendrant par exemple un souhait de est sacrée.
maîtriser la Nature dans toutes ses facettes.

2 Menace sur le chocolat après la suspension des ventes de cacao du


10 - À l’école de la biodiversité Ghana et de la Côte d’Ivoire - Le Monde, 13 juin 2019
Homme et Nature ?

L’APPROCHE RATIONALISTE
Avec le développement des sciences, la place de l’Homme
dans la Nature évolue profondément. Charles Darwin replace
l’Homme dans la Nature et en fait un résultat de l’évolution.
Pourtant, malgré toutes les découvertes scientifiques,
l’approche de la Nature reste totalement anthropocentrique. Productivisme :
La Nature devient un outil pour permettre à l’Homme d’as-
surer son seul développement. ni capitaliste, ni marxiste !
Plus que jamais, au travers des découvertes et avancées scien- Marxistes et capitalistes se sont entendus sur une chose :
tifiques, l’être humain souhaite se hisser définitivement au- la Nature n’est qu’une simple matière première, plus ou
dessus des lois naturelles : la famine, le froid, les prédateurs, moins abondante et exploitable à outrance.
les maladies, les catastrophes naturelles doivent être vaincus. De ce fait, les coûts induits par la dégradation de la Nature
C’est d’ailleurs avec l’ère des Lumières et la révolution et de l’environnement ne sont guère pris en compte par
scientifique que se développent des parcs publics où la nature les uns comme par les autres.
est extrêmement ordonnée. Les rivières et bords de mer sont
endigués, les marais et lagunes asséchés. Des territoires Pourtant, même aujourd’hui, prenant conscience que ces
« sauvages » sont ouverts à la civilisation grâce au chemin ressources naturelles ne sont ni totalement renouvelables
de fer puis aux routes. Prenons l’exemple du déplacement ni remplaçables, l’humain rationnel continue de penser
des populations à ce jour : si auparavant Homme et animaux qu’il pourra par sa science réparer les dégâts : il aménage, gère,
pouvaient se croiser et être libres de leurs mouvements, ce cultive la Nature, duplique les gènes, isole des molécules …
n’est plus le cas dès l’apparition des voies routières et ferro-
viaires. Ces dernières coupent mortellement les déplacements
des animaux pour laisser une priorité absolue aux déplace- L’HOMME DÉTACHÉ DE LA NATURE
ments humains. La Nature est ainsi restreinte et délimitée. Avec l’ultra urbanisation des populations (plus de 67% des
Aujourd’hui, l’être humain doit recréer des couloirs de biodi- Français vivent dans des villes 3), la dénaturation progres-
versité afin de permettre une meilleure circulation des espèces.
sive de nos sociétés et le développement des technologies,
Avec le développement de la société industrielle, les matières l’être humain n’est-il pas en train de s’affranchir totalement
premières, l’espace et l’eau font l’objet d’une exploitation
de la Nature ? Le développement d’une agriculture hors-
croissante, mondiale.
sol, la maîtrise progressive de l’Homme sur sa reproduction
Tous les éléments naturels sont jaugés à l’aune de leur
(bébés éprouvettes, clonage…), sur son corps (remplacement
intérêt pour l’Homme et exploités sans vergogne, sou-
vent jusqu’à leur disparition pure et simple. Cer tains d’organes, soutien technologique aux fonctions vitales) voire
pensent que cela n’est pas grave, car la science toute sur ses gènes, l’Homme s’affranchit progressivement des
puissante pour voira rapidement à leur remplacement. limites naturelles et de sa dépendance à la Nature. Peut-il
Par ailleurs, les « progrès » liés à cette exploitation de la s’en passer totalement ?
Nature et des ressources naturelles bénéficient à une minorité
favorisée, alors que les coûts sociaux et environnementaux
sont portés par l’ensemble de la société.
Malgré (ou à cause de) ces excès, c’est dans cette société où la
Nature est surexploitée qu’apparaît dans notre culture occi-
dentale une conscience du besoin de « protéger la Nature ».
Ce besoin est avant tout utilitariste ; ce sont des espèces utiles
que l’on protège et les premiers protecteurs sont bien sou-
vent des chasseurs « éclairés ». Qui plus est, en ce domaine, 3 La France et ses territoires - Insee, avril 2021, 204 p.
les pays anglo-saxons font figure de pionniers.

À l’école de la biodiversité - 11
Homme et Nature ?

UN RETOUR À LA NATURE
Dans le même temps, on peut observer a contrario une tendance plusieurs générations et se développent en opposition à l’avan-
à revenir vers la Nature. De nombreuses personnes ressentent cée technologique. L’être humain réfléchit autrement son sys-
tème de production, dans un souci croissant du respect du
un manque et réapprennent à se « reconnecter » à la Nature.
vivant. On peut toutefois se demander ce qui provoque ce mou-
Engagement dans les questions environnementales, dévelop-
vement : est-ce une prise de conscience collective du besoin de
pement de produits issus de l’agriculture biologique, Forest
Nature dans nos vies quotidiennes ? Ou une réaction face aux
school (autrement appelées les écoles du dehors) : depuis les catastrophes naturelles qui sont désormais plus que visibles ?
années 90, ces préoccupations provoquent un engouement sur

Sources
• L’homme et la nature ; une histoire mouvementée - Valérie Chansigaud, avril 2013, Éditions Delachaux et Niestlé, 276 p.
• La peur de la nature - François Terrasson, 1988, Éditions Sang de la terre, 192 p.

Quelques ouvrages pour les élèves...


Romans, témoignages et essais

- Wild - Cheryl Strayed, 2014, Editions 10/18, 504 pages


- Into the Wild - Jon Krakauer, 2008, Editions 10/18, 312 pages
- Latitude zéro - Mike Horn, 2004, Editions pocket, 352 pages
- Des Hommes libres - James Rebanks, 2023, Editions Les arènes, 353 pages
- L’homme chevreuil - Geoffroy Delorme, 2021, Editions Groupe Margot, 171 pages
- Être un chêne, sous l’écorce de Quercus - Laurent Tillon, 2021, Editions Actes Sud, 320 pages
- Habiter en oiseau - Vinciane Despret, 2019, Editions Actes Sud, 207 pages

12 - À l’école de la biodiversité
Homme et Nature ?

QUELS RAPPORTS
ENTRE L’HOMME ET LA NATURE ?

fiche débat 1
ÉTUDIER LES RAPPORTS ENTRE L’HOMME ET LA NATURE RELÈVE À LA FOIS DE LA PHILOSOPHIE, DE
LA SOCIOLOGIE ET DE LA PSYCHOLOGIE. C’EST UNE QUESTION QUI A SUSCITÉ DE TRÈS NOMBREUSES
RÉFLEXIONS ET ÉCRITS, SANS QU’IL SOIT POSSIBLE AUJOURD’HUI DE VRAIMENT POUVOIR L’ÉTUDIER
DE MANIÈRE OBJECTIVE ET DONC UNIVERSELLE, TANT CELA DÉPEND DE NOTRE CULTURE MÊME.
MAIS SE POSER LA QUESTION, N’EST-CE PAS AU MOINS PRENDRE CONSCIENCE DE CE QUI ALIMENTE
NOS COMPORTEMENTS PASSÉS ET PRÉSENTS VIS-À-VIS DE LA NATURE ?

OBJECTIFS DE COMPÉTENCES
• Appréhender des connaissances de grands textes et
courants de pensée philosophique.
• Mieux appréhender les notions philosophiques telles que
la naturalité de l’Homme.
• Échafauder une réflexion, se forger un avis sur les questions
liées aux rapports entre Homme et Nature.
• Élaborer un argumentaire et le développer oralement.

OBJECTIFS DE COMPORTEMENT
• Savoir argumenter en faveur d’une approche philosophique
de la Nature.
• Savoir écouter, comparer des arguments et tolérer les
positions des autres.

PRÉPARATION
➊ Étape 1 : lancer l’activité (10 min)
Présentez l’activité : « J’ai trouvé un test amusant dans un
magazine et j’aimerais que chacun d’entre vous le passe ».
Diffusez le test (ci-joint fiche débat 2) à chaque élève. Lais- ➌ Étape 3 : présenter les différentes « opinions »
sez-leur 10 minutes pour le remplir, pas plus. (30 min)
➞ Chaque groupe à tour de rôle (tour choisi au hasard) vient
➋ Étape 2 : préparer le débat (20 min) présenter son approche de la Nature avec un maximum
➞ Préparez 4 feuilles avec les 4 symboles et affichez-les dans d’arguments pendant 5 minutes. Les élèves auront intérêt
les 4 coins de la classe. à afficher leurs arguments chocs au fur et à mesure qu’ils
les énoncent.
➞ Quand les élèves ont passé le test, demandez-leur de
rejoindre leur symbole. ➞ À la fin de chaque présentation, les autres groupes peuvent
leur poser des questions pendant 2 minutes. De préférence
➞ Pour les élèves n’ayant pas de symbole déterminé après le
pendant ce temps, demandez-leur de ne poser que des
test, vous pouvez leur laisser le choix de rejoindre le groupe
questions qui expliquent la position du groupe, pas de
de leur préférence ou les mettre d’autorité dans le ou les
commencer à contre-argumenter.
groupes les moins fournis.
➞ Distribuez à chaque groupe d’élèves les textes correspon- ➍ Étape 4 : débat et choix (15 à 20 min)
dant à leur symbole (ci-joint fiche débat 3) et demandez-leur ➞ Les 4 groupes ont présenté leur position ; les élèves peuvent
de les lire attentivement. Ils doivent trouver dans ces textes, maintenant contredire les arguments des autres groupes.
puis en discutant à l’intérieur de leur groupe, un maximum Demandez-leur de s’exprimer clairement et brièvement
d’arguments pour défendre leur approche de la Nature. (moins de 30 secondes) afin de rendre le débat dynamique.
Les élèves peuvent inscrire leurs arguments chocs sur des
feuilles de couleur avec un marqueur (en gros, pour que ➞ Après 15 minutes de débat (plus si le débat est animé),
cela soit lisible de loin). demandez à chaque groupe d’apporter une dernière conclu-
sion, le dernier mot.
➞ Quand c’est fait, donnez à chaque élève 3 à 4 pense-bêtes :
chacun doit venir les coller sur le ou les arguments qui les
Vous le savez en tant que pédagogue, le débat a peu de ont le plus convaincus (sans tenir compte forcément de leur
chances de réellement faire changer d’opinion les uns opinion de départ).
et les autres. Tout au plus de convaincre les indécis. Quand tous les élèves ont « voté », regardez quels sont les
Les représentations initiales des élèves sont forte- arguments qui ont reçu le plus de suffrages. Pour quelles
ment gravées en eux. Mais cela les oblige néanmoins à raisons ? Qu’en conclure ?
énoncer clairement leur avis, à trouver des arguments
« objectifs » et à se poser des questions. La suite… c’est
de votre domaine !

À l’école de la biodiversité - 13
Homme et Nature ?

TEST : QUELLE EST VOTRE NATURE ?

fiche débat 2
L’HOMME EST-IL NATUREL ? L’HOMME EST-IL UN ÊTRE DÉNATURÉ ? L’HOMME A-T-IL UNE PLACE
PRIVILÉGIÉE DANS LA NATURE ? LA CULTURE SE CONTENTE-T-ELLE DE COMPLÉTER LA NATURE
OU SE SUBSTITUE-T-ELLE À ELLE ? CE SONT DES SUJETS DE BACCALAURÉAT DE PHILOSOPHIE.
NOUS VOUS PROPOSONS DE LES ABORDER DE MANIÈRE LUDIQUE.

Passez individuellement le test « quelle est votre nature ? ». Ce test n’a, bien entendu, aucune valeur scientifique, psychologique
ou sociologique ! Quand vous l’avez passé, additionnez vos points et déterminez quelle est votre nature.
Comptez combien vous avez de symboles colorés :
♦ ▼ ■ ►

QUESTIONS

a - sortir avec mes amis faire les


magasins. ■ a - 3 jours à la Japan-Expo
Porte de Versailles ! ►
Question 1
Il fait beau,
c’est le week-
b - jouer à un jeu vidéo. ► Question 5
Un week-end
b - en bivouac, en pleine forêt.

end, je n’ai de 4 jours !
pas de travail
à faire, je
préfère…
c - me promener dans la forêt.
♦ J’en profite
pour partir...
c - à Londres, Amsterdam, Ber-
lin... On a qu’une seule vie ! ■
d - à la campagne, passer des
d - sortir dans un parc. ▼ soirées au coin du feu avec des
amis ou de la famille.

a - un thé bio glacé.


♦ a - indispensable : ça a plus de
goût, c’est plus sain. ♦
Question 2 b - un jus de cranberry. ■ Question 6 b - c’est du marketing, ça sert à
rien. ►
Ma boisson Pour moi les
produits bio,
préférée… c - un soda. ► c’est…
c - c’est bien, mais quand même,
un bon kebab, c’est mieux ! ■
d - un jus d’orange pressé. ▼ d - de temps en temps... ▼

a - une émission de téléréalité ou


de la musique. ■ a - vêtements éthiques et du-
rables. ▼

Question 3 b - les infos en continu. ▼ Question 7


Question vête-
b - friperies et seconde main.

Mon émission

ments, je suis
TV préférée… c - les documentaires animaliers
et autres. plutôt…
c - nouveautés toutes les se-
maines. ►
d - aucune, je ne regarde
que des vidéos sur internet. ► d - basiques et intemporels. ■

a - paniqué.e : c’est quoi cette


bestiole ? ■ a - très attentif.ve à trier. ▼
Question 4
Quand je vais
b - à ma place : serein.e.
♦ Question 8
Question
b - je trie quand j’y pense. ■
dans la Na- déchets, je
ture, je suis...
c -pressé.e de rentrer : qu’est-ce
que je fais là ? ► suis...
c - je jette tout à la poubelle, pas
de prise de tête. ►
d - intéressé.e : ça se mange ça ? ▼ d - zéro déchet : je réutilise tout !

À l’école de la biodiversité - 15
Homme et Nature ?
a - on a une seule Terre,
tout le monde doit faire
des efforts pour la conserver.
▼ a - en voiture, moto... ►
Question 9 b - l’être humain trouve toujours
Vis-à-vis des
des solutions, ça finira par
s’arranger...
■ Question 13 b - en vélo, trotinette... ▼
problèmes Je me déplace

♦ ♦
d’environne- c - la planète se débrouille mieux de préférence
ment, je pense ... c - à pied, dès que je le peux.
sans moi.
que…
d - ce n’est pas ma faute, ce
n’est pas à moi de trouver des
solutions.
► d - en transports en commun,
covoiturage... ■

a - vivre en profitant un maxi-


mum. ■ a - l’empathie.

Question 14
Question 10
b - ma famille, mes amis…
c’est ça qui compte ! ▼ b - la solidarité. ▼
La qualité la
Ma plus impor-
philosophie... c - vivre en harmonie avec la
Nature et mon environnement. ♦ tante pour
moi…
c - l’intelligence. ■
d - qui vivra verra... ► d - l’ambition. ►

a - c’est plus pratique de les lais-


ser allumés. ► a - les sons, les parfums...

Question 11
Le téléphone
b - je les mets en veille tout le
temps. ▼ Question 15 b - les paysages. ►
portable, la Ce que je
télévision, préfère dans la
l’ordinateur,
la console de
c - je pense à les éteindre de
temps en temps... ■ Nature... c - observer les animaux. ■
jeu…
d - je les éteins quand je ne m’en
sers pas. ♦ d - le calme, la sérénité... ▼

a - pratique : ça nous fournit


a - mon téléphone portable. ■ gratuitement plein de choses
utiles !

Question 12 b - mon livre de chevet. ▼ Question 16
b - dépassé : demain, on fabri-
quera tout nous-même ! ►
Mon objet Selon moi, la
préféré… c - ma console de jeu. ► Nature, c’est… c - fragile, limité : il faut veiller
à ne pas la dégrader. ▼

♦ ♦
d - fort, indestructible : quoiqu’il
d - mon sac à dos. advienne, la nature reprendra
le dessus.

RÉPONSES
→ Vous avez plus de 8 ♦ : vous êtes ressource inépuisable et qu’il faut donc la → Vous avez plus de 8 ► : vous êtes
un .e NATURALISTE CONVAINCU.E gérer avec parcimonie, sans excès. un NÉO MODERNISTE
Pour vous, la Nature est primordiale, elle Mais vous ne dédaignez pas les sciences Pour vous, la Nature ne fait pas partie
est sacrée. Vous ne pouvez pas concevoir et la technologie, et n’êtes pas partisan de votre quotiden. C’est beau en photo,
de vivre sans elle. du retour à la vie d’antan.
Vous vous émer veillez du travail des mais vous retrouver en pleine nature vous
abeilles, de la communication entre les ennuie, voire vous fait un peu peur.

→ Vous avez plus de 8 ■ : vous êtes


arbres et de la symbiose entre règne végé- Vous n’êtes pas à l’aise avec les petites
tal et animal.
bêtes, n’aimez pas la randonnée et pré-
Vous trouvez normal d’être investi.e dans un.e RATIONALISTE
la protection de l’environnement, et cher- Pour vous, la Nature, c’est utile. Vous férez faire des activités en ville.
chez des solutions pour diminuer votre appréciez ce qu’elle peut vous apporter, Vous ne vous sentez pas forcément concer-
impact sur la Nature. vous la préférez bien ordonnée dans des né.e par les questions environnementales,
Vous ne dites jamais non à une excursion parcs ou à la campagne plutôt que dans et ne prévoyez pas de changer votre com-
en forêt. une forêt sauvage ou un marais. portement et vos habitudes.
→ Vous avez plus de 8 ▼ : vous êtes Vous pensez que l’Homme trouve(ra)
des solutions à tous les problèmes
Pourquoi faire ?
un.e NATURALISTE RAISONNÉ.E
d’environnement, grâce aux sciences
Pour vous la Nature, c’est important.
et à la technologie.
→ Vous avez 7 de l’un des sigles : com-
Vous aimez vous ressourcer par une belle
Vous trouvez que les écolos en font binez-le alors avec le 2ème sigle le plus
balade, cultiver votre jardin, faire des acti-
vités dehors. un peu trop et que la Nature ne doit pas représenté pour avoir une idée de votre
Vous pensez que la Nature n’est pas une devenir un frein à la production. nature.

16 - À l’école de la biodiversité
Homme et Nature ?

fiche débat 3
TEXTE 1
L’homme et la mer ils sont toutefois produits par des organismes vivants qui se
«Homme libre, toujours tu chériras la mer ! protègent ainsi contre un monde qui, autrement, leur serait
La mer est ton miroir ; tu contemples ton âme hostile. Pour toute vie sur Terre, l’air est une protection contre
Dans le déroulement infini de sa lame, les froids abîmes de l’espace et ses redoutables radiations.
Et ton esprit n’est pas un gouffre moins amer. L’interaction sur Terre entre la vie, l’air, la mer et les miné-
Tu te plais à plonger au sein de ton image ; raux n’a rien d’étonnant. Il a toutefois fallu un regard
Tu l’embrasses des yeux et des bras, et ton cœur extérieur pour entrevoir la possibilité que cette interaction
Se distrait quelquefois de sa propre rumeur puisse être le fait d’un seul système vivant gigantesque ayant
Au bruit de cette plainte indomptable et sauvage. la capacité de maintenir la Terre dans l’état le plus favorable
à la vie qu’elle héberge.
Vous êtes tous les deux ténébreux et discrets :
Homme, nul n’a sondé le fond de tes abîmes ; Une entité comprenant une planète entière avec une puissante
Ô mer, nul ne connaît tes richesses intimes, capacité de réguler le climat mérite un nom qui soit digne d’elle.
Tant vous êtes jaloux de garder vos secrets ! C’est l’écrivain William Golding qui suggéra le nom de Gaïa.
Et cependant voilà des siècles innombrables Nous avons accepté sa proposition avec enthousiasme et Gaïa
Que vous vous combattez sans pitié ni remord, est aussi le nom de l’hypothèse scientifique selon laquelle le
Tellement vous aimez le carnage et la mort, climat et la composition de la Terre doivent toujours demeu-
Ô lutteurs éternels, ô frères implacables !» rer près du point optimum pour les êtres vivants qui l’habitent.
Les preuves à l’appui de l’hypothèse Gaïa sont aujourd’hui nom-
Charles Baudelaire breuses, c’est là toutefois, comme il arrive souvent en science,
Les fleurs du mal une chose moins importante que l’usage que l’on peut faire
de ladite hypothèse, comme d’un miroir permettant de voir le
monde différemment et de faire surgir de nouvelles questions
quant à la nature de la Terre.
TEXTE 2 Si nous sommes tous des créatures faisant partie de Gaïa, grandes
«Nous voyons maintenant que l’air, l’océan et le sol sont bien
ou petites, depuis la bactérie jusqu’à la baleine, nous sommes alors
plus qu’un simple environnement indépendant des organismes
tous potentiellement importants pour son bien-être.»
vivants : ils font eux-mêmes partie de la vie. L’air est à la vie
ce que la fourrure est au chat ou ce que le nid est à l’oiseau. James Lovelock
Ni l’air, ni la fourrure, ni le nid ne sont en eux-mêmes vivants, L’hypothèse Gaïa


TEXTE 3
«Dieu créa l’homme à son image, il le créa à l’image de Dieu, Car elles m’ont fait voir qu’il est possible de parvenir à des
il créa l’homme et la femme. Dieu les bénit, et Dieu leur dit : connaissances qui soient fort utiles à la vie, et qu’au lieu de
Soyez féconds, multipliez, remplissez la terre, et l’assujettis- cette philosophie spéculative, qu’on enseigne dans les écoles,
sez ; et dominez sur les poissons de la mer, sur les oiseaux du on peut en trouver une pratique, par laquelle connaissant la
ciel, et sur tout animal qui se meut sur la terre. Et Dieu dit : force et les actions du feu, de l’eau, de l’air, des astres, des
Voici, je vous donne toute herbe portant de la semence et qui est cieux et de tous les autres corps qui nous environnent, aussi
à la surface de toute la terre, et tout arbre ayant en lui du fruit distinctement que nous connaissons les divers métiers de nos
d’arbre et portant de la semence : ce sera votre nourriture.» artisans, nous les pourrions employer en même façon à tous les
Genèse usages auxquels ils sont propres et ainsi nous rendre comme
Chapitre 1…27 28 29 maîtres et possesseurs de la nature.
Ce qui n’est pas seulement à désirer pour l’invention d’une
TEXTE 4 infinité d’artifices, qui feraient qu’on jouirait, sans aucune
«Sitôt que j’ai eu acquis quelques notions générales touchant
peine, des fruits de la terre et de toutes les commodités qui
la physique, et que commençant à les éprouver en diverses dif-
s’y trouvent, mais principalement aussi pour la conserva-
ficultés particulières, j’ai remarqué jusques où elles peuvent
tion de la santé, laquelle est sans doute le premier bien et le
conduire, et combien elles diffèrent des principes dont on s’est
servi jusqu’à présent, j’ai cru que je ne pouvais les tenir cachées fondement de tous les autres biens de cette vie.»
sans pécher grandement contre la loi qui nous oblige à procurer, René Descartes
autant qu’il est en nous, le bien général de tous les hommes. Discours de la méthode (1637) 6ème partie

À l’école de la biodiversité - 17
Homme et Nature ?


TEXTE 5
«Se conformer à la nature, c’est d’abord assumer le rôle qui Ensuite on a pris des socs, puis des tracteurs, puis d’énormes bull-
a été dévolu à l’homme dans le plan cosmique. L’homme n’est dozers et maintenant on casse tout. On a droit aux technologies,
en effet qu’un élément dans le grand corps de l’univers, assi- on n’a pas le droit d’en faire un mauvais usage - je suis convaincu
gné à une fonction précise, au service du tout. que les dérèglements écologiques viennent d’un profond désinté-
Quelle est donc sa nature ou sa mission propre ? La Provi- rêt pour la terre. Le fait de ne pas l’aimer, tout part de là.»
dence a disposé chaque chose en vue d’une fin : la vigne pour Jean-Marie Pelt
produire les raisins et l’olivier les olives, l’herbe pour nourrir
les animaux, ceux-ci pour qu’ils nous fournissent leur viande, TEXTE 7
leur peau, leur force, leur lait, etc. «Vivre en parenté avec la nature, notre civilisation ne sait plus
Quant à l’homme, elle lui a donné la conscience de ses repré- ce que cela signifie. L’homme occidental détruit le monde rural,
sentations et la réflexion pour qu’il puisse contempler l’har- il aseptise le milieu naturel. Son obsession : exercer un contrôle
monie du monde, la comprendre et en reproduire l’image dans sur tout. Son idéal : un environnement droit et propre. Bientôt,
sa conduite. La perfection de l’univers exigeait, en effet, qu’il routes et allées quadrilleront les forêts. L’homme aura ruiné
y eût un spectateur pour tant de beauté, et un spectateur actif ce qui lui permet de respirer et anéanti l’un des hauts lieux de
qui convertît son émerveillement en imitation. l’imagination. Ses liens avec la nature semblent résumés dans
C’est à cette fin que « la divinité introduite dans le monde cette alternative : détruire ou maîtriser. Il oppose un seul mot
l’homme, spectateur du divin et de ses œuvres, non seule- d’ordre à la destruction massive, celui de protection. Et au bout
ment leur spectateur, mais leur interprète ». L’homme est du compte : même incompréhension, même violence, même
donc un microcosme : quoique simple partie de la nature uni- impasse. Car l’homme confond la protection et l’assujettisse-
verselle, il a pour vocation d’en refléter la totalité et d’en repro- ment. En fait il a peur. Peur qu’il puisse exister quelque chose
duire les harmoniques.» d’extérieur à l’humanité. Peur de tout ce qu’il ne peut ni pré-
voir ni planifier. Sans même savoir qu’il agit ainsi par peur de
Claude Chrétien
sa propre nature, la plus obscure, la plus sauvage, mais aussi
Introduction au Manuel d’Epictète
la plus féconde : ses émotions, ses instincts, ses pulsions. On
ne peut vivre en parenté avec la nature sans comprendre ce
TEXTE 6 que nous sommes. Et qui sait si la pierre, l’arbre, la nuit ou le
«Le problème, c’est le rapport complètement inadéquat avec serpent ne nous offrent pas les clefs d’une véritable connais-
la nature : au lieu de la jardiner avec amour, nous l’exploi-
sance de soi.»
tons. Ce n’est pas de l’avoir labourée un jour, c’est de l’avoir
brutalisée. Les premiers jardins ont été faits par des femmes, François Terrasson
de manière toute féminine... La civilisation anti-nature


TEXTE 8
«La nature a voulu que l’homme tire entièrement de lui-même
tout ce qui dépasse l’agencement mécanique de son existence
parvenir par son travail à s’élever de la plus grande rudesse d’au-
trefois à la plus grande habileté, à la perfection intérieure de son
animale et qu’il ne participe à aucun autre bonheur ou à aucune mode de penser et par là (autant qu’il est possible sur terre) au
autre perfection que ceux qu’il s’est créés lui-même, libre de bonheur, et qu’il dût ainsi en avoir tout seul le mérite et n’en être
l’instinct, par sa propre raison. La nature, en effet, ne fait rien redevable qu’à lui-même, c’est aussi comme si elle tenait plus
en vain et n’est pas prodigue dans l’usage des moyens qui lui à ce qu’il parvînt à l’estime raisonnable de soi qu’au bien-être.»
permettent de parvenir à ses fins. Emmanuel Kant
Donner à l’homme la raison et la liberté du vouloir qui se fonde Idée d’une histoire universelle d’un point de vue cosmopolitique
sur cette raison, c’est déjà une indication claire de son dessein
en ce qui concerne la dotation de l’homme. L’homme ne doit TEXTE 9
donc pas être dirigé par l’instinct, ce n’est pas une connais- «1- Les transhumanistes prônent le droit moral, pour ceux
sance innée qui doit assurer son instruction, il doit bien plutôt qui le désirent, de se servir de la technologie pour accroître
tirer tout de lui-même. leurs capacités physiques, mentales ou reproductives et d’être
La découverte d’aliments, l’invention des moyens de se cou- davantage maîtres de leur propre vie. Nous souhaitons nous
vrir et de pourvoir à sa sécurité et à sa défense (pour cela la épanouir en transcendant nos limites biologiques actuelles.
nature ne lui a donné ni les cornes du taureau, ni les griffes 2- Nous prônons une large liberté de choix quant aux possi-
du lion, ni les crocs du chien, mais seulement les mains), tous bilités d’améliorations individuelles. Celles-ci comprennent
les divertissements qui peuvent rendre la vie agréable, même
les techniques afin d’améliorer la mémoire, la concentration
son intelligence et sa prudence et aussi bien la bonté de son
et l’énergie mentale ; les thérapies permettant d’augmenter la
vouloir, doivent être entièrement son œuvre.
durée de vie, ou d’influencer la reproduction ; la cryoconser-
La nature semble même avoir trouvé du plaisir à être la plus vation, et beaucoup d’autres techniques de modification et
économe possible, elle a mesuré la dotation animale des hommes d’augmentation de l’espèce humaine.»
si court et si juste pour les besoins si grandi d’une existence
commençante, que c’est comme si elle voulait que l’homme dût
Déclaration de l’Association transhumaniste mondiale (1999)

18 - À l’école de la biodiversité
Homme et Nature ?

LA BIODIVERSITÉ EN ACTION :
ENQUÊTE AU LYCÉE

fiche action
CETTE ACTIVITÉ PREND LA FORME D’UNE ENQUÊTE AU COURS DE LAQUELLE LES ÉLÈVES VONT
INTERROGER LEUR ENTOURAGE SUR LA MANIÈRE DONT ILS APPRÉHENDENT LEUR RAPPORT À LA
NATURE AU SEIN ET À L’EXTÉRIEUR DU LYCÉE.

Lien
e avec
pos ibl HÉ-
s
T
LES MA ES
MATIQU

OBJECTIFS Exploitation
• Faire prendre conscience aux élèves des rapports de leurs Quand les groupes ont terminé leur enquête, réunissez la
concitoyens avec la Nature. classe afin d’exploiter les réponses. Le professeur de mathé-
• Aller vers les autres, s’exprimer face à eux. matiques pourra apporter sa contribution pour le traitement
• Traiter les données (réponses au sondage). des résultats de l’enquête.
Mettez-vous d’accord ensemble sur le mode de cumul et de
PRÉPARATION présentation des résultats. Quelle interprétation pourrez-vous
Photocopiez la fiche « quels sont nos rapports à la Nature ? » en faire ?
(Fiche action n°1 verso) - à raison de 5 exemplaires par groupe Quelques pistes d’exploitation
d’élèves. ➞ Si l’échantillon représentatif est suffisant, il peut être inté-
ressant de calculer le pourcentage moyen de réponses à
DÉROULEMENT chaque question et l’écart-type :
Motivation • Il faut alors discuter ensuite pour relativiser une impres-
« Faisant suite à notre débat sur nos rapports avec la nature, sion générale (tout le monde pense que) avec une valeur
est-ce que nos représentations des rapports de l’Homme avec statistique (X % des personnes pensent que… avec une
la Nature vous semblent correspondre avec l’opinion publique ? marge d’erreur de Y %).
Comment pourrait-on s’en assurer (remarquez que l’idée de • Il est intéressant d’une part de comparer cette approche
répéter la même opération de débat avec le public serait assez avec un micro-trottoir (souvent pratiqué à la télévision),
compliquée) ? d’autre part avec les sondages (sans marge d’erreur ou
Je vous propose d’élargir le débat en allant interroger les très rarement) : c’est un vrai exercice d’éco-citoyenneté !
autres élèves du lycée, les enseignants, les personnels non ➞ On peut faire des catégories en fonction du débat qui a eu
enseignants, mais aussi pourquoi pas, vos parents, amis. » lieu en classe avant (activité débat).
Réalisation
Faites des groupes de 3 élèves. Distribuez-leur une fiche « quels
sont nos rapports à la Nature ? ».
Faites lire le protocole par un élève.
Décidez du nombre et du public à interroger.

À l’école de la biodiversité - 19
ENQUÊTE : QUELS SONT NOS RAPPORTS
À LA NATURE ?
Protocole du sondage
Constituez un groupe de 3 élèves et donnez-leur les ➜ Deux d’entre vous interrogent la personne, le troisième
consignes suivantes : note les réponses.
➜ Adressez-vous à chaque fois à une seule personne à la ➜ Evitez d’entamer le débat avec elle, ce n’est pas l’occa-
fois. sion.
➜ Saluez-la poliment et annoncez que vous réalisez cette ➜ Le sondage est anonyme ; notez juste sur la feuille,
enquête pour la classe. l’âge et le sexe de la personne interrogée.
➜ Posez-lui alors toutes les questions de l’enquête. ➜ N’oubliez pas de remercier la personne interrogée.

PERSONNE INTERROGÉE
Sexe : Homme Femme Année de naissance :

FRÉQUENTER… MESURE DES ENJEUX…


1 - Êtes-vous allé·e au moins une fois dans la Nature 6 - Diriez-vous que la Nature, en général
(hors jardin : promenade, activité en milieu naturel,etc.) : (au niveau planétaire), est :
dans le mois qui précède en super forme
dans la semaine qui précède dans un état très moyen
dans le week-end qui précède très dégradée
aucun des trois
7 - Diriez-vous que le niveau de biodiversité
CONNAÎTRE… (au niveau planétaire) est :

2 - Selon vous, quelle définition conviendrait le mieux au mot croissant


« biodiversité » ? constant
ensemble des espèces animales d’un habitat en baisse
diversité des espèces vivantes
relation entre le milieu naturel et les organismes qui y vivent 8 - Que diriez-vous de la biodiversité ?
(autant de réponses que vous voulez)
APPRÉCIER… c’est une question prioritaire
3 – Pour vous la Nature est plutôt : c’est une mode
source de matières premières qu’on peut très bien vivre sans Nature
source de nourriture c’est la survie de l’humanité
source d’émerveillement
IMPLICATION...
source de bien-être
9 – Vous pensez…
source de problèmes
que la Nature va réagir d’elle-même et se réguler
RAPPORT À L’ENFANCE… que c’est un problème pour les personnalités politiques
4 – Petit·e, alliez-vous jouer dans la Nature ? que c’est un problème pour les scientifiques
oui, souvent que c’est un problème d’éducation
oui, un peu que c’est l’affaire de tous les citoyens
oui, mais très peu
non, jamais 10 – Seriez-vous prêt.e à vous engager ?
non
5 - Si vous avez des enfants : vont-ils jouer dans la Nature ? oui, mais je ne sais pas quoi faire
oui, souvent oui, j’agis déjà beaucoup !
oui, un peu
oui, mais très peu
non, jamais

20 - À l’école de la biodiversité
Chapitre 2
Chapitre 2
Biodiversité
Approche scientifique
Dans ce chapitre, le professeur trouvera des
supports pour aborder la biodiversité sous
l’angle scientifique. Il y trouvera les princi-
paux éléments de connaissance pour mieux
comprendre la biodiversité, son état actuel,
son importance, les enjeux de sa conservation.
Ce chapitre propose également des outils pratiques
pour lancer le débat en classe avec les élèves de
manière constructive et dynamique et des outils
pour les mettre en action sur le lycée, en les inci-
tant à contribuer à des observatoires de sciences
participatives.

À l’école de la biodiversité - 21
Approche scientifique

LA BIODIVERSITÉ :
QU’EST-CE QUE C’EST ?

fiche info
LE CONCEPT DE « DIVERSITÉ BIOLOGIQUE » A ÉTÉ CRÉÉ DANS LES ANNÉES 1980 PAR UN BIOLOGISTE
AMÉRICAIN, THOMAS LOVEJOY. LE TERME « BIODIVERSITÉ » SERA CONSACRÉ EN 1992 À L’OCCASION
DU SOMMET DE LA TERRE DE RIO DE JANEIRO. AUJOURD’HUI, C’EST L’UN DES PILIERS DU DÉVELOP-
PEMENT DURABLE. MAIS DE QUOI PARLE-T-ON ? QUEL EST L’ÉTAT DE LA BIODIVERSITÉ AUJOURD’HUI ?

UNE DÉFINITION
Biodiversité / [bjodivεRsite]
Nom féminin
Néologisme créé en 1985 à partir du grec bios, vie, et de diversité, venant du latin diversus, opposé, divers.
Terme qui désigne la diversité du monde vivant à tous les niveaux : diversité des milieux (écosystèmes),
diversité des espèces, diversité génétique au sein d’une même espèce.

Les principaux rangs taxonomiques


LES 3 NIVEAUX DE BIODIVERSITÉ
Le premier niveau - le plus facile à appréhender - concerne la
DIVERSITÉ SPÉCIFIQUE.

QU’EST-CE QU’UNE ESPÈCE ?


« Les espèces sont des groupes de populations naturelles,
effectivement ou potentiellement interfécondes, qui sont
génétiquement isolées d’autres groupes similaires »,
Ernst Mayr (1942).

COMMENT SE CRÉENT LES ESPÈCES ?


Le patrimoine génétique d’une population évolue en perma-
nence du fait des mutations (création de nouveaux gènes), de
la sélection naturelle (des gènes les plus adaptés) et de la
dérive génétique (hasard des croisements).
Si dans les populations, des groupes sont séparés écologique-
ment (occupation de milieux différents), géographiquement (iso-
lement par des barrières géographiques : océan, montagne,
glacier) ou par isolement mécanique (plus d’interfécondité
possible), ils vont évoluer différemment, jusqu’à créer des
espèces distinctes. En général, on estime qu’une spéciation
demande plusieurs milliers d’années, mais cela peut parfois
se faire extrêmement rapidement (une dizaine de générations).

Répartition des espèces décrites dans le monde par classe

Et les
sous-espèces ?
On appelle «sous-espèces» le rang
taxinomique inférieur à l’espèce. Il
concerne des espèces différentes et
séparées géographiquement mais trop
proches génétiquement pour les consi-
dérer comme différentes.
Par exemple, le Hérisson est une espèce,
mais on distingue le Hérisson de l’Europe
de l’Ouest, le Hérisson du Portugal, etc.
Lecture : 1.8 % des
espèces décrites dans le
monde sont des poissons

À l’école de la biodiversité - 23
Approche scientifique

gènes entre espèces et au sein de la même espèce. C’est elle


COMBIEN Y A-T-IL D’ESPÈCES DANS LE MONDE ? qui fait qu’au sein d’une même espèce, les individus sont fina-
EN FRANCE ? lement tous différents.
Les naturalistes ont décrit à ce jour plus de 1,8 M d’espèces La diversité génétique garantit la possibilité de l’évolution des
dont plus de 950 000 espèces d’insectes, 120 000 de mollusques, espèces. En effet, un brassage génétique (obtenu par la ren-
80 000 d’arachnides et autant de nématodes… et seulement contre des populations) multiplie les chances d’adaptation et
5 400 espèces de mammifères, 10 000 espèces d’oiseaux et maintient l’homogénéité de la population. Mais si une partie
30 000 espèces de poissons. de cette même population s’isole totalement, sur un autre ter-
Une bonne partie de la biodiversité concerne donc des espèces ritoire dans lequel il n’y aurait pas d’interactions possible par
discrètes, peu visibles. Qui plus est, on découvre entre 6 et 10 000 exemple, elle finit par se différencier de sa population d’origine.
nouvelles espèces tous les ans : 85% des espèces seraient Cela peut entrainer deux chemins différents : l’adaptation de
encore inconnues. Les plus récents travaux scientifiques cette nouvelle espèce ou l’extinction par la dégénérescence.
estiment à 8,7 M le nombre total d’espèces pré- À l’intérieur de certaines populations, la diversité géné-
sentes sur Terre. tique s’est considérablement restreinte du fait des activités
humaines.
Toute espèce a une durée de vie limitée
de 5 à 10 M d’années. Au cours des 65 der- Actuellement, un problème majeur provient de la fragmenta-
niers millions d’années, le taux « moyen » tion des milieux qui sépare des populations animales ou végé-
de disparition aurait été d’une espèce sur tales : elle les empêche de se croiser et tend donc à créer des
un million, par an. Le taux actuel de dispa- populations « enfermées » dont la diversité génétique dimi-
rition serait cent fois supérieur et pourrait encore s’aggraver nue progressivement. C’est pourquoi il est urgent de créer des
en raison du changement climatique, de la destruction des corridors écologiques permettant aux populations des divers
milieux et de leur fragmentation. milieux naturels existants de se déplacer, de se rencontrer et
de brasser ainsi leurs gènes.
Selon l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature
(UICN), sur les 157 190 espèces étudiées dans le monde, 44 016
ont été déclarées menacées. La DIVERSITÉ ÉCOSYSTÉMIQUE correspond à la diversité des
La France (métropole et Outre-Mer) se situe dans les 10 pays écosystèmes. Elle rend compte de la diversité des milieux natu-
abritant le plus grand nombre d’espèces mondialement mena- rels et des habitats (mares, lacs, prairies, forêts, etc.) et des
cées (2 268 espèces). Selon l’INPN (Inventaire National du interactions des populations naturelles entre elles et avec leur
Patrimoine Naturel, porté par le Muséum National d’His- environnement. Selon l’INSEE (Institut National de la Statis-
toire Naturelle), en 2023, 12% des espèces de mammifères tique et des Etudes Economiques), entre 1999 et 2007, la France
(24 espèces), 21% des amphibiens et reptiles (20 espèces) et métropolitaine a connu une progression de 19% de son espace
27% des oiseaux (177 espèces) sont considérées menacées de urbain. Même si ce chiffre tend à baisser, cela a occasionné
disparition ou quasi-menacées si aucune mesure n’est prise de multiples modifications du territoire et par conséquent de
pour leur conservation. l’écosystème, avec la disparition de certaines espèces.
Qui plus est, en France comme dans le monde, les milieux les
plus riches du point de vue de la biodiversité sont également
Zoom sur un territoire : la Région Grand Est
les plus menacés : zones humides (marais, tourbières…), zones
On recense : côtières, forêts primaires, milieux méditerranéens…
• 1416 espèces et sous-espèces menacées et quasi-mena-
cées,
• 92 espèces de Mammifères dont 12 sont menacées. Parmi
elles, 6 espèces de Chauves-souris, Comment calcule-t-on
• 36 espèces d’Amphibiens et Reptiles dont 1 est en danger le nombre d’espèces ?
critique : la Vipère péliade ( Vipera berus),
C’est juste une question de statistiques. On regarde
• 433 espèces d’Oiseaux (hivernantes et de passage) dont 28% dans chaque taxon combien d’espèces ont été décrites
sont menacées, à ce jour et la fréquence de découverte de nouvelles
• 9988 espèces d’Insectes et Araignées, dont 1 est en danger espèces ; partant de là, on déduit le nombre probable
critique : l’Agrion orné (Coenagrion ornatum). d’espèces qui reste à découvrir.
Par exemple, à ce jour sont connues environ 150 000
espèces de champignons et il en resterait plus de
1 000 000 à découvrir !
Plus compliqués à appréhender : les deux autres aspects de
la biodiversité : Pour les oiseaux au contraire, on estime aujourd’hui
que 99 % des espèces existantes sont décrites.
La DIVERSITÉ GÉNÉTIQUE rend compte de la variabilité des

Plus d’informations
Sites internet :
• Site internet de la DREAL Grand Est : www.grand-est.developpement-durable.gouv.fr
• Plateforme pour la biodiversité du Grand Est : https://biodiversite.grandest.fr/

Sources :
• How Many Species Are There on Earth and in the Ocean ? - Mora C, Tittensor DP, Adl S, Simpson AGB, Worm B (2011),
• Données de la Biodiversité dans les territoires, Grand Est et France - INPN MNHN, (2024)
• Vers une sixième grande crise d’extinctions ? - Barbault R. et Chevassus-au-Louis B., (eds.), Biodiversité et changements glo-
baux. Enjeux de société et défis pour la recherche, édition adpf, pp.24-36. Teyssèdre A., (2004),
• Le découpage en unités urbaines de 2010 - François Clanché et Odile Rascol, INSEE (25/08/2011)
• Liste rouge des espèces menacées en France - UICN, (2009)

24 - À l’école de la biodiversité
Approche scientifique

LA BIODIVERSITÉ... EN DÉBAT !

fiche débat 1
LES ESPÈCES EXOTIQUES ENVAHISSANTES, ON EN PARLE ?

MÊME DANS LES SCIENCES, LA VÉRITÉ N’EST PAS ABSOLUE. LES THÉORIES LES PLUS « SÛRES »
PEUVENT ÊTRE REMISES EN QUESTION, LES HYPOTHÈSES LES PLUS FOLLES ET LES CONTROVERSES
PEUVENT SE RÉVÉLER LES PLUS PROCHES DE LA VÉRITÉ. NON, LA TERRE N’EST PAS PLATE ET ON
NE TOMBE PAS EN ALLANT AU BOUT DU MONDE. OUI, LES CONTINENTS DÉRIVENT. IL EXISTE BIEN UN
MAMMIFÈRE QUI POND DES ŒUFS, QUI A UN BEC DE CANARD, DES PATTES DE LOUTRE, UNE QUEUE
DE CASTOR… LA POLÉMIQUE FAIT SOUVENT RAGE DANS LE MONDE SCIENTIFIQUE ET LA BIODIVER-
SITÉ EST UNE SOURCE INTARISSABLE DE DISCUSSION. ALORS, POURQUOI NE PAS SE SERVIR DU
DÉBAT POUR FAIRE ÉMERGER LES DIVERSES NOTIONS QUE RECOUVRE LE TERME DE BIODIVERSITÉ ?

OBJECTIFS DE COMPÉTENCES
• Réinvestir des connaissances acquises autour de la biodi-
versité. Un peu de vocabulaire...
• Mieux appréhender les notions d’équilibre des écosystèmes,
d’adaptation, d’évolution.
Les EEE - Espèces Exotiques Envahissantes - désignent
• Échafauder une réflexion, se forger un avis sur les questions les espèces introduites sur un territoire dont elles sont
liées à la biodiversité. originellement absentes, et qui menacent l’équilibre et
la biodiversité locale lors de leur prolifération.
• Élaborer un argumentaire et le développer oralement.
• Savoir écouter, comparer des arguments et prendre parti. Elles ont eu plusieurs noms, plus ou moins péjoratifs :
espèces invasives, envahissantes...
OBJECTIF DE COMPORTEMENT
• Savoir argumenter en faveur de la biodiversité.

PRÉPARATION
Présentez l’activité :
Des espèces exotiques
« La commune de votre lycée se demande s’il faut agir ou non
et de quelle manière, à propos de la présence sur son territoire envahissantes ou non ?
d’espèces exotiques : un bosquet de Renouées du Japon sur
un talus de route nationale, de la Myriophylle aquatique dans
des fossés et un étang, des Frelons asiatiques dans une prai- Nous avons choisi 3 espèces avec un potentiel
différent :
rie en bordure de la commune et des Coccinelles asiatiques
dans les parcs et jardins de la ville. Pour en savoir plus, elle ➜ La Renouée du Japon (Reynoutria japonica) est
fait appel à deux groupes d’experts ». Nous allons organiser le considérée comme très invasive et peut, à forte
débat de manière à aider la commune à prendre sa décision. concentration, déséquilibrer un milieu.
Diffusez les 2 textes polémiques « Qui a peur des espèces ➜ La Myriophylle aquatique ou Myriophylle du Bré-
invasives ? » et « Dédiaboliser les espèces invasives sans sil (Myriophyllum aquaticum) est une espèce exo-
minimiser les impacts » à tous les élèves. Demandez-leur de tique, généralement considérée comme invasive,
et très difficile à limiter une fois installée.
lire les textes à la maison la veille.
➜ Le Frelon asiatique ou Frelon à pattes jaunes
Formez 4 équipes : ( Vespa velutina) a une forte capacité d’adaptation
➊ Le premier groupe d’experts se basant notamment sur les et de dispersion, ce qui le rend assez résistant aux
méthodes de lutte contre sa propagation.
arguments de J. Tassin, pense qu’il est plutôt inutile d’inter-
venir. Il pourra proposer aussi des actions concrètes pour ➜ La Coccinelle asiatique (Harmonia axyridis) est
s’adapter à la présence des espèces exotiques. considérée comme très envahissante et peut por-
➋ Le second groupe d’experts est plutôt pour une interven- ter atteinte aux populations locales, mais on mesure
encore mal son impact.
tion radicale. Il peut aussi proposer des actions concrètes
pour éliminer les espèces « invasives ».
➌ Le troisième groupe représente le maire et son conseil
municipal.
Le maire dirige les débats, donne la parole aux uns et aux
autres et peut intervenir pour poser des questions.
Les élus demandent la parole pour se faire expliquer
certains aspects et se faire une opinion.
➍ Le quatrième groupe est formé par des reporters et
journalistes qui vont enquêter pour rédiger un article à
destination du public. Ils peuvent poser des questions et se
substituent aux citoyens.

À l’école de la biodiversité - 25
Approche scientifique

DÉROULEMENT
Idéalement, les experts devraient pouvoir préparer un peu
leur dossier, à partir des deux textes ci-après, mais aussi en L’avis du pédagogue :
complétant leur argumentaire au CDI ou sur internet. jouez le jeu !
On tire au sort pour savoir quel groupe d’experts commencera Plus vous permettrez aux élèves de « rentrer » dans le
à présenter son argumentation. jeu de rôle, plus ils y prendront goût et s’y investiront.
Avant de commencer, laissez 15 à 20 minutes de réflexion à N’hésitez pas pour cela à utiliser quelques accessoires
chaque groupe ; passez parmi eux afin de les aider à structu- pour renforcer la dramatisation : des déguisements,
rer leur réflexion, à organiser leurs arguments. Rappelez qu’il même sommaire (écharpe pour le maire, cartes
s’agit d’un jeu de simulation et qu’ils doivent argumenter même de reporters, badges et blouses blanches pour les
si personnellement, ils ont un avis contraire. experts), utilisez des photos de milieux « envahis » pour
Ils vont intervenir à la demande du maire pour présenter leur illustrer les propos…
avis à tour de rôle pour une durée totale de 10 minutes maxi-
mum (chronométrée).
Les élus peuvent « buzzer » les experts si leurs arguments sont
incompréhensibles ou si leur discours est totalement incohé-
rent. Auquel cas, la parole passe immédiatement au deuxième
La pratique du débat
groupe d’experts concurrent qui peut commencer son contre- Rappelez aux élèves que le but du débat est d’être entendu
argumentaire (qui n’entre pas dans le temps chronométré). et compris ! Pour cela, il y a des règles.
Quand chacun des groupes a développé ses idées, il doit On convainc les autres avec des arguments scientifiques,
répondre aux questions des élus et reporters. C’est toujours des preuves établies, des faits objectifs, non avec des rap-
le maire qui préside les débats et décide quand ceux-ci sont ports de force, des éclats de voix, des montées de colère.
clos. Prévoir un temps maximum de 10 à 15 minutes. La durée totale de l’activité doit être de 50 à 60 minutes.
A la fin du débat, le conseil se retire pour voter à bulletin secret.
Les journalistes peuvent ensuite commenter les résultats
et demander au maire d’expliquer les raisons de son choix.
Laissez-leur un temps de questions d’environ 10 à 15 minutes.

Approche transversale
Compte tenu du type d’activité et des compétences qui
vont être mises en œuvre, il peut être intéressant de
préparer et organiser ce débat en transversalité avec
les professeurs de français.

26 - À l’école de la biodiversité
Approche scientifique

QUI A PEUR DES ESPÈCES INVASIVES ?

fiche débat 2
UN ENTRETIEN AVEC JACQUES TASSIN PAR PIERRE BARTHÉLÉMY
LE MONDE - 16 FÉVRIER 2014
CHERCHEUR AU CENTRE DE COOPÉRATION INTERNATIONALE EN RECHERCHE AGRONOMIQUE
POUR LE DÉVELOPPEMENT (CIRAD), JACQUES TASSIN A PUBLIÉ “LA GRANDE INVASION” AUX
ÉDITIONS ODILE JACOB. DANS CET OUVRAGE LIMPIDE ET PROFOND, IL REMET EN CAUSE LA VISION
MANICHÉENNE PORTÉE SUR LES ESPÈCES DITES INVASIVES ET, DU MÊME COUP, NOTRE REGARD
SUR LA NATURE ET SON ÉVOLUTION.

TOUT D’ABORD, QU’EST-CE


QU’UNE ESPÈCE INVASIVE * ?
Disons que c’est une espèce, ou plutôt une population d’indivi-
dus, qui manifeste soudainement un surcroît de présence, une
sorte d’inflation démographique. Cette inflation se manifeste en
général de la part d’une espèce nouvellement présente, mais
pas toujours. Il faut cependant admettre qu’il n’existe aucune
définition consensuelle précisant ce qu’est une espèce inva-
sive : les experts ne sont pas d’accord entre eux. Leurs points
de vue diffèrent, mais aussi leurs sensibilités, sans doute
parce qu’en la matière, l’émotionnel et le passionnel ne sont
jamais très loin.
J’ajoute qu’on se réfère alors implicitement aux milieux
naturels, qu’on estime mis à mal par les espèces invasives.
On s’inscrit ici dans le sillage de la vénération américaine
du « wild », d’un ordre originel menacé. La dimension
culturelle des invasions biologiques est très forte, de sorte
que l’appréciation de l’impact des espèces invasives sur
l’environnement reste en partie subjective. Or, comme disait Jacques Tassin
Shakespeare, rien n’est bon ou mauvais pour la nature, sinon
l’idée que l’on s’en fait.

L’EXPRESSION « ESPÈCE INVASIVE » apparaissent comme les secondes responsables des extinc-
IMPLIQUE UNE CONNOTATION PÉJORATIVE. tions d’espèces dans le monde, c’est précisément parce que
VOUS EXPLIQUEZ QU’IL FAUT SORTIR DU près de 80% de ces extinctions se manifestent dans les îles,
MANICHÉISME AU SUJET DE CES ESPÈCES ET où les prédateurs introduits ont un impact très élevé. Récem-
PRENDRE EN CONSIDÉRATION LEURS APPORTS ment, le renard est entré en Tasmanie et on s’attend à des
BÉNÉFIQUES. QUELS SONT-ILS ? conséquences terribles pour la faune indigène. Mais la Terre
Le terme « invasif » est vraiment lourd à porter. Qu’attendre de bon n’est pas une île. Ne généralisons pas ce qui n’est pas généra-
d’une espèce qualifiée d’invasive ? Lorsque le zoologue Charles lisable. Et il ne faut pas non plus confondre nuisance et chan-
Elton diffusa ce terme dans les années 1950, il s’agissait encore gement. Les plantes invasives, en l’occurrence, peuvent certes
d’une métaphore empruntée au contexte de la Seconde Guerre modifier la physionomie d’espaces naturels, mais elles n’ont
mondiale. Mais celle-ci a pris le pas sur la réalité. Notre discours jamais entraîné d’extinction avérée.
reste crispé autour de cette représentation négative.
Pourtant, toute population qui s’établit dans un environ- DE QUOI LES INVASIONS BIOLOGIQUES
nement interagit aussitôt avec les autres. C’est un jeu de SONT-ELLES LE SYMPTÔME
perpétuels ajustements où tout ce qui est bon à prendre est OU LE BOUC ÉMISSAIRE ?
rapidement pris, mais où l’on donne aussi beaucoup. Dans Les espèces invasives suivent de près notre sillage, mais payent
la banlieue de Davis, en Californie, on ne lutte plus contre parfois pour nos propres excès. Ce sont souvent des espèces
l’expansion du fenouil parce qu’on a découvert que c’était une qui ont habilement tiré parti de la manière dont on a façonné
ressource essentielle pour le monarque, papillon embléma- le monde. Les invasions d’algues vertes sur le littoral bre-
tique. En Camargue, les grandes aigrettes ont décuplé leurs ton, par exemple, résultent du lessivage de produits azotés
effectifs depuis l’invasion de l’écrevisse de Louisiane, dont qui leur conviennent très bien. Beaucoup d’espèces invasives
elles se nourrissent. De tels exemples abondent, mais la réussissent là où d’autres espèces périclitent. La tortue de
recherche est très peu sollicitée pour prospecter cet autre
Floride peut survivre dans des milieux pollués quand la cis-
versant des invasions biologiques.
tude d’Europe s’y meurt. Mais accuse-t-on alors la pollution,
vraie cause de ces deux invasions, pour affronter le vrai pro-
CELA SIGNIFIE-T-IL POUR AUTANT blème ? Non, on ramasse les algues vertes et on incrimine
QU’AUCUNE DE CES ESPÈCES VOYAGEUSES la tortue de Floride.
N’EST DANGEREUSE ?
Soyons clairs, il ne s’agit pas de minimiser cette réalité, encore Les espèces invasives sont certes opportunistes par nature.
moins de la nier. Mais il faut la clarifier si l’on ne veut pas res- Mais ne leur en voulons pas. Elles ne font que nous ressem-
ter empêtré dans les amalgames. Certes, les pathogènes, les bler, un peu trop peut-être. Les Aborigènes d’Australie consi-
prédateurs et les herbivores peuvent faire beaucoup de dégâts, dèrent que les espèces invasives sont méritantes parce qu’elles
tout particulièrement dans les îles. Le rat noir y serait à lui seul sont capables de se propager dans des milieux hostiles. Ils ont
responsable de la moitié des extinctions d’oiseaux marins. Je gardé ce don d’émerveillement que nous avons perdu face au
connais assez bien les îles tropicales. Ce qu’y font les espèces vivant. Il ne leur viendrait probablement pas à l’idée de mener
invasives n’est pas beau à voir. Mais si les espèces invasives des campagnes d’éradication de boucs émissaires.
* AUJOURD’HUI APPELÉES ESPÈCES EXOTIQUES ENVAHISSANTES
À l’école de la biodiversité - 27
Approche scientifique

NE SOMMES-NOUS PAS TOUS DES ESPÈCES EN ÉTUDIANT CE PHÉNOMÈNE, VOUS VOUS


INVASIVES À TEL OU TEL MOMENT DE L’HISTOIRE ÊTES CONFRONTÉ À DES NOTIONS COMME
DE LA NATURE ? À PARTIR DE COMBIEN DE CELLES « D’INVASION », DE « TRANSGRESSION
TEMPS N’EST-ON PLUS CONSIDÉRÉ COMME DES FRONTIÈRES », DE « POLLUTION PAR
TELLES ? L’HYBRIDATION », QUI IMPLIQUENT UNE MENACE
Toute espèce peut devenir invasive si les conditions s’y prêtent. DES ÉTRANGERS/INTRUS SUR LES INDIGÈNES/
La paléogéographie nous enseigne que les invasions sont une LÉGITIMES. À QUEL POINT LE PARALLÈLE
réponse inespérée des espèces aux grands bouleversements AVEC LES SOCIÉTÉS HUMAINES REJETANT
climatiques. Le vivant affronte en effet ce type d’adversité en L’ÉTRANGER EST-IL PERTINENT ?
s’y adaptant, ou plus souvent en fuyant. Mais on évoque plu- Comme je l’ai dit tout à l’heure, le discours usuel sur les espèces
tôt les espèces invasives en se crispant sur le temps bref de invasives est d’ordre émotionnel. De ce fait, on ne se prive pas
la chronique. On ne regarde alors que le sommet d’une vague de recourir à des métaphores anxiogènes, comme celles que
qui pointe un instant sa crête avant de se fondre dans l’océan. vous venez de mentionner. Mais il y a dans cette rhétorique un
Le temps long a aujourd’hui disparu de nos écrans. Tandem rejet de l’altérité vivante que je trouve très inquiétant parce qu’il
aliquando, invasores fiunt vernaculi, disait-on autrefois : au révèle à quel point nous nous déconnectons de la vie qui nous
bout du compte, les envahisseurs deviennent des indigènes. entoure. Nos représentations virtuelles du vivant prennent le
Nous vivons trop dans l’instantanéité pour nous souvenir de pas sur notre appréhension directe et ce faisant, laissent alors
ce sage aphorisme. parfois place à l’idéologie, la méfiance et le rejet.
Les espèces invasives se fondent invariablement dans les Cela étant, les ressorts psychologiques et culturels liés à la
milieux qu’elles colonisent, y multipliant les interactions. Au xénophobie et au rejet des espèces invasives me semblent très
plan strictement écologique, on serait même tenté de dire différents. Ceci même si l’on observe, comme vous le notez,
qu’elles deviennent immédiatement indigènes. Mais ce concept une forte convergence dans le vocabulaire utilisé. Je crois
d’espèce indigène, qui s’oppose à celui d’espèce exotique, est qu’on ne prête pas assez attention aux mots qu’on utilise dans
une création de notre pensée qui n’a pas deux siècles. La nature, le langage de la vulgarisation scientifique. Camus disait que
elle, ne discrimine rien. mal nommer les choses, c’était ajouter au malheur du monde.
Entendre à la radio parler de « péril jaune » en évoquant le
DU POINT DE VUE DES CHERCHEURS, frelon asiatique, cela fait froid dans le dos parce qu’on surfe
LES INVASIONS BIOLOGIQUES PEUVENT ÊTRE alors volontairement sur l’ambiguïté.
CONSIDÉRÉES COMME DES EXPÉRIENCES Le biogéographe Daniel Simberloff parle d’espèces « agitées »
GRANDEUR NATURE. QU’ONT-ELLES APPRIS pour désigner une partie des espèces invasives. Voilà un terme
AUX ÉCOLOGUES ? sans danger dont on pourrait très bien se contenter plutôt
Ce sont en effet des expérimentations qu’aucune équipe de que de recourir avec beaucoup de légèreté à des qualificatifs
chercheurs n’aurait jamais pu mettre en place pour des raisons renvoyant à la peur de l’autre.
pratiques et éthiques. Elles ont d’abord modifié notre percep-
tion du temps biologique, capable d’accélérations inattendues.
On découvre par leur intermédiaire que les êtres vivants sont
capables d’évoluer très rapidement. Il n’a fallu que dix géné- La grande invasion
rations au bulbul orphée, passereau introduit à La Réunion, Qui a peur des espèces invasives ?
pour que la taille de son bec s’ajuste aux ressources alimen- Jacques Tassin
taires locales. Les espèces invasives disposent d’un très fort
Éditions Odile Jacob, 2014, 210 p.
potentiel adaptatif. Ne tirons pas sur l’ambulance : ce sont
elles qui se révèlent les plus aptes à vivre dans ce monde que
nous avons transformé.
L’idée de milieux naturels saturés en espèces a également volé
en éclats. Dans bien des îles, le nombre d’espèces végétales
a été multiplié par deux ou trois sans qu’aucune plante indi-
gène n’ait disparu. Le fameux cycle des taxons qui assimilait
les milieux insulaires à des jeux de chaises musicales, chaque
nouvel arrivant prenant la place d’un autre, ne tient plus.

VOUS DITES DANS VOTRE OUVRAGE QU’IL FAUT


REFORMULER L’IDÉE QU’ON SE FAIT DE LA
NATURE. QUE CELA SIGNIFIE-T-IL ?
On traîne une vision obsolète de la nature, aujourd’hui
décalée avec la réalité de notre monde et de notre savoir.
Même si la science révèle toujours davantage qu’il n’y a ni
équilibre ni ordre dans la nature, que le hasard y joue à plein
et que tout n’y est que perpétuel changement, rien n’y fait.
On en reste toujours à cette idée héritée du romantisme
allemand d’une nature fonctionnant comme un Tout, à l’image
d’un organisme vivant dont il nous reviendrait de préserver
l’intégrité et la santé.
Tout changement dans la nature éveille notre méfiance, alors
que le vivant n’est qu’un changement incessant. Le temps
intrinsèque de la biologie nous échappera toujours tant
que nous l’assimilerons à celui de la physique, disait Henri
Bergson. Acceptons parfois de nous laisser surprendre par
cette nature vivante que nous peinons tant à prédire et que
Source
nous comprenons si mal. Qui aurait cru par exemple, il y a seu- Qui a peur des espèces invasives ? - Pierre Barthélémy,
lement dix ans, que la fameuse caulerpe, cette « algue tueuse » Le Monde (16/02/2014). Disponible sur : https://www.
qui menaçait tant la Méditerranée, aurait aujourd’hui disparu lemonde.fr/passeurdesciences/article/2014/02/16/qui-a-
de 80 % des sites où on l’avait inventoriée ? peur-des-especes-invasives_5999001_5470970.html

28 - À l’école de la biodiversité
Approche scientifique

DÉDIABOLISER LES ESPÈCES INVASIVES


SANS MINIMISER LES IMPACTS ET LES ENJEUX
LE MONDE.FR - 17.03.2014
par YOHANN SOUBEYRAN DU COMITÉ FRANÇAIS DE L’UNION INTERNATIONALE POUR LA CONSERVA-
TION DE LA NATURE • FLORIAN KIRCHNER DU COMITÉ FRANÇAIS DE L’UNION INTERNATIONALE POUR
LA CONSERVATION DE LA NATURE • SERGE MULLER, PROFESSEUR D’ÉCOLOGIE À L’UNIVERSITÉ DE
LORRAINE • ALAIN DUTARTRE, HYDROBIOLOGISTE, CO-FONDATEUR DU GROUPE NATIONAL « INVASIONS
BIOLOGIQUES EN MILIEUX AQUATIQUES » • JEAN-YVES MEYER ET CHRISTOPHE LAVERGNE, ÉCOLOGUES

Les espèces invasives et leur gestion font l’objet de débats et de


controverses de plus en plus fréquents. L’entretien avec l’éco-
logue Jacques Tassin, publié le 16 février sur le blog Passeur
de sciences à l’occasion de la parution de son livre La Grande
Invasion : qui a peur des espèces invasives ?, en est un bon
exemple. Pour apporter un autre éclairage, nous proposons une D’après la « liste rouge des espèces menacées » de l’UICN,
contribution collective, fondée sur des données scientifiques les espèces invasives sont impliquées dans près de la moi-
reconnues et chiffrées, en nous gardant des exemples isolés tié des extinctions connues, et constituent le seul facteur
pouvant conduire à des généralisations abusives. d’extinction dans 20% des cas documentés. Par compétition,
Contrairement à ce que laisse penser cet entretien, il existe prédation ou hybridation, ces espèces accélèrent la dispa-
un large consensus de la communauté scientifique sur la défi- rition d’espèces déjà soumises à d’autres menaces, comme
nition d’une espèce invasive. Selon cette définition, reprise la destruction des habitats naturels ou les prélèvements
entre autres par la convention sur la diversité biologique excessifs. De nombreuses populations d’espèces végétales ou
(http://www.cbd.int/) (CDB, signée par 193 pays), les espèces animales confrontées à des invasions se trouvent ainsi dans
invasives, appelées aussi « espèces exotiques envahissantes », des situations de survie critiques.
sont des espèces introduites par l’homme en dehors de leur La France n’échappe pas à ce phénomène. Ragondin, écre-
aire de répartition naturelle (volontairement ou accidentelle- visse de Louisiane, grenouille taureau, ambroisie, jussies,
ment), dont la propagation menace la biodiversité et peut avoir tortue de Floride... les exemples sont nombreux en métropole.
des impacts négatifs sur l’économie et/ou la santé humaine.
• Dans les îles d’Outre-Mer, confrontées à des animaux pré-
L’accroissement considérable des flux commerciaux et des dateurs, à des mammifères herbivores et à tout un cortège
mouvements humains sur la planète a fait tomber les bar- de plantes introduites devenues envahissantes, la situation
rières biogéographiques ; il est à l’origine de déplacements est souvent dramatique.
d’organismes vivants à travers le monde (micro-organismes,
plantes, animaux invertébrés ou vertébrés) d’une ampleur sans • À Tahiti, entre 40 et 50 espèces de plantes endémiques,
commune mesure avec ceux des migrations passées. uniques au monde, sont menacées de disparition par
l’invasion de l’arbre miconia.
En Europe, où le nombre d’espèces introduites a récemment
été évalué à 11 000, le nombre d’introductions a augmenté de • En Nouvelle-Calédonie, le cerf de Java est l’une des prin-
76% ces trente-cinq dernières années. cipales causes de régression de la très riche forêt sèche,
désormais réduite à quelques lambeaux.
L’un des points essentiels est que la grande majorité des
espèces introduites n’est pas et ne sera vraisemblablement • À La Réunion et dans les îles du Pacifique, le rat noir, déjà
pas une menace pour les écosystèmes et les espèces locales responsable de nombreuses extinctions, menace de dispa-
dans leur territoire d’introduction. La tomate, la pomme de rition plusieurs oiseaux en danger critique et constitue l’un
terre et le blé par exemple, trois espèces introduites et large- des principaux réservoirs et vecteurs de la leptospirose.
ment cultivées en Europe, ne sont pas des espèces invasives • À l’échelle de l’Europe continentale, le coût économique des
et nul ne cherche à lutter contre elles ! espèces invasives est évalué à plus de 12 milliards d’euros
par an, ce chiffre étant sans doute une sous-estimation de
IMPACTS ÉCOLOGIQUES la réalité.
Une abondante littér ature scientifique publiée sur le N’en déplaise aux sceptiques, c’est bien pour répondre à
sujet au cours des cinquante dernières années démontre ces conséquences négatives que des réponses organisées
clairement les impacts écologiques largement négatifs et coordonnées sont dorénavant intégrées dans les poli-
des espèces invasives à l’échelle de la planète, leur rôle tiques internationales (objectifs d’Aïchi du plan stratégique
dans des régressions ou des extinctions d’espèces et leur de la CDB pour 2020), européennes (adoption prochaine
capacité à altérer le fonctionnement des écosystèmes et les d’un règlement sur les espèces invasives) et nationales
biens et services qu’ils fournissent. (stratégie nationale pour la biodiversité).

À l’école de la biodiversité - 29
Approche scientifique

TENTATIVES DE REMISE EN CAUSE DÉMARCHE PRAGMATIQUE


Malgré l’accumulation de preuves confirmant que les espèces En réalité, les actions de gestion des espèces invasives, telles
invasives sont une menace majeure et croissante pour la qu’elles sont mises en œuvre par de nombreux gestionnaires
biodiversité, les activités économiques et la santé publique, d’espaces naturels confrontés à ce phénomène, sont bien loin
l’intérêt d’agir pour limiter ce phénomène est parfois remis d’une diabolisation irrationnelle ou d’une lutte tous azimuts.
en question. Toutefois, la plupart des critiques émises ne La démarche générale engagée est avant tout pragmatique,
résistent pas à l’examen. orientée sur les espèces invasives les plus problématiques,
L’un des arguments régulièrement avancé est que la faune et elle privilégie l’action en amont, appliquant le principe de
ou la flore locale tirent parfois parti des espèces invasives. précaution en cas de risque avéré d’impacts, par la préven-
Mais les cas documentés où des espèces invasives ont réelle- tion et l’intervention précoce.
ment bénéficié à des espèces menacées sont en réalité rares. Certes, chaque cas d’invasion est particulier et fonction du
Et ces bénéfices apparaissent transitoires ou largement lieu, de l’espèce introduite et des communautés animales et
inférieurs, comparés aux impacts écologiques négatifs végétales présentes. Il est donc délicat de faire des générali-
généralement permanents et souvent irréversibles. sations. Mais il paraît bien malvenu de remettre en question
Un autre argument avancé est qu’il n’y a pas lieu de faire l’importance de l’enjeu sur la base d’arguments en décalage
une distinction entre espèces introduites et espèces locales avec la réalité de la littérature scientifique tout autant qu’avec
(ou « indigènes ») et que l’origine biogéographique d’une celle du terrain.
espèce n’est pas liée au risque qu’elle devienne envahis- Les objectifs des actions menées contre les invasions
sante. Mais ne pas en tenir compte, c’est ignorer l’impor- biologiques sont bien de lutter contre la perte et l’homogé-
tance du réseau d’interactions existant entre les espèces néisation de la biodiversité de notre planète. Plus que jamais,
indigènes, résultant d’un long processus de coévolution, des producteurs de connaissances aux inter venants de
réseau qui peut être altéré, voire détruit par l’arrivée de terrain, nous devons œuvrer pour développer des outils de
nouvelles espèces introduites. prévention, des méthodes innovantes de lutte pour les cas
Et au rang des arguments inacceptables, celui des liens les plus problématiques et informer sur les enjeux de ces
évoqués entre les efforts de contrôle des espèces invasives bouleversements planétaires.
et une certaine forme de xénophobie, comme si tous ceux
qui étaient préoccupés par cet enjeu étaient irrationnels et
obsédés par l’idée d’éliminer toutes les espèces introduites.

Source
Dédiaboliser les espèces invasives sans minimiser les impacts et les enjeux - Yohann Soubeyran, Le Monde (17/03/2014).
Disponible sur : http://www.lemonde.fr/sciences/article/2014/03/17/dediaboliser-les-especes-invasives-sans-minimi-
ser-les-impacts-et-les-enjeux_4384508_1650684.html

Quelques ouvrages pour approfondir...


Essais et témoignages
• Invasives ou l’épreuve d’une réserve naturelle - Céline Curiom, 2023, Editions Actes Sud, 288 pages
• La révolution des plantes - Stéfano Mancuso, 2019, Editions Albin Michel, 240 pages
• L’intelligence des plantes - Fleur Daugey, 2018, Editions Eugen Ulmer EDS, 159 pages

Guides
• 350 arbres et arbustes - Margot et Roland Spohn, 2008, Editions Delachaux & Niestlé, 256 pages
• Le guide ornitho - Lars SVENSSON, Killian MULLARNEY, 2023, Editions Delachaux & Niestlé, 480 pages
• 450 fleurs - Margot et Roland Spohn, 2017, Editions Delachaux & Niestlé, 320 pages
• Le guide nature : les fleurs sauvages - 2022, Editions La salamandre, 167 pages

30 - À l’école de la biodiversité
Approche scientifique

LA BIODIVERSITÉ EN ACTION :
SCIENCES PARTICIPATIVES AU LYCÉE

fiche action
CETTE FICHE VOUS INVITE À ÉVALUER L’ÉTAT DE LA BIODIVERSITÉ DANS VOTRE LYCÉE, EN UTILISANT
DES OUTILS DES SCIENCES PARTICIPATIVES ADAPTÉS AU NIVEAU DES LYCÉENS. UNE ACTIVITÉ
MOTIVANTE, COLLECTIVE, LUDIQUE ET SCIENTIFIQUE. C’EST PARTI !

SCIENCES PARTICIPATIVES ?
Depuis les années 90, les scientifiques ont progressivement acté
l’importance de mobiliser des citoyens dans l’acquisition de
Nous vous proposons
données concernant l’état de la biodiversité. d’utiliser trois protocoles
En effet, si la connaissance naturaliste repose en majeure existants.
partie sur des experts (le plus souvent, experts d’un taxon ou
d’une famille), ceux-ci sont dans l’incapacité de récolter suf-
Pourquoi ?
fisamment de données pour apporter une vision exhaustive L’intérêt de vous demander de mettre en œuvre
de l’état et de l’évolution (rapide) des populations animales et plusieurs protocoles existants est triple :
végétales sur tout le territoire. ➜ Cela permet si on peut pratiquer les 3 protocoles,
C’est ici que peuvent intervenir des volontaires, non experts, d’obtenir une vision assez large de l’état de la
selon des protocoles simples, établis selon des critères biodiversité dans le lycée,
scientifiques, qui apportent ainsi des données nombreuses et ➜ En fonction de la situation de votre lycée, l’un ou
déterminantes à la communauté scientifique. l’autre de ces protocoles devrait toujours pouvoir
L’objectif est donc de permettre aux lycéens de mettre en être mis en œuvre,
application divers protocoles des sciences participatives ➜ En variant les approches, chacun y trouve son
adaptés à leur niveau. compte et on évite de lasser les élèves.
L’intérêt pour les jeunes est à la fois de mettre en œuvre ces
protocoles de suivi des populations, avec une approche natura-
liste, mais aussi, en les faisant participer à des « campagnes »
de collecte de données, de les rendre acteurs d’une action
citoyenne et de leur donner envie d’intégrer une communauté
existante d’écocitoyens vigilants.

QUEL EST L’INTÉRÊT DES ACTIONS MENÉES ?


Sur le plan scientifique :
• Avoir un aperçu initial de l’état de la diversité biologique des
espaces extérieurs de l’établissement (diagnostic).
• Envisager l’amélioration du potentiel d’accueil faunistique
et floristique du lycée (dans le prolongement des travaux de
diagnostic).

Sur le plan pédagogique :


• Les élèves vont se mobiliser sur le sujet de la biodiversité.
• Les élèves vont apprendre à mettre collectivement en place un
protocole sérieux, à produire des résultats, à les interpréter,
à les communiquer, à les partager via des plateformes
collaboratives. COMMENT FAIRE ?
• Les professeurs vont puiser dans cet exercice une multitude L’évaluation de la biodiversité au lycée comporte 3 missions,
de situations qui serviront de supports aux apprentissages répartissez les élèves par groupe de 3-4 minimum pour
avec de grandes possibilités de transdisciplinarité. chacune de ces missions.
• Les professeurs vont pouvoir travailler en partenariat avec
des organismes d’éducation à l’environnement référencés
par la Région ou avec d’autres intervenants naturalistes de
leur choix. Avertissement
• L’ensemble de la communauté éducative de l’établissement Vous veillerez à ne pas porter atteinte aux animaux et
(proviseur, gestionnaire, agents techniques, etc.) va être aux végétaux pendant l’activité.
mobilisé sur la question de la biodiversité au lycée.
Au cours de ces missions, nous vous proposons de faire
• Les élèves vont se concerter et s’associer pour envisager des un inventaire de la biodiversité autour de votre lycée. Il
aménagements. peut être intéressant de mettre ses actions d’inventaire
en lien avec le chapitre 4, notamment dans la manière
de reporter les observations sur la carte (chapitre 4
ET S’IL N’Y A PAS DU TOUT D’ESPACES NATURELS fiche débat n°1). Ces missions peuvent être menées de
DANS NOTRE LYCÉE ? manière indépendante.
En effet, cela peut arriver : pas un coin de pelouse, pas la moindre Mais chacune des missions, parce qu’elles reprennent
jardinière dans le lycée ! Dans ce cas, l’étude peut porter sur une des protocoles de sciences participatives existants,
zone proche comme un parc urbain. Sinon, tous les efforts por- permettent de rentrer les données collectées sur des
teront sur la recherche de la place possible pour la nature dans observatoires en ligne et de contribuer ainsi à l’acquisi-
tion de connaissances.
l’établissement bétonné : sur les murs, gîtes à chauves-souris,
nichoirs, plantes grimpantes...

À l’école de la biodiversité - 31
Approche scientifique
A u j o u r d ’h u i , 3 5 % d e
notre alimentation
MISSION 1 repose sur des plantes
pollinisées par les
insectes. Mais l’inten-
LE SPIPOLL OU SUIVI PHOTOGRAPHIQUE sification de l’agricul-
DES INSECTES POLLINISATEURS ture, l’urbanisation ou
encore les changements
LE SPIPOLL EST DÉVELOPPÉ PAR L’OPIE1 : IL A POUR BUT D’OBTENIR climatiques perturbent
les populations de pol-
DES DONNÉES QUANTITATIVES SUR LES INSECTES POLLINISATEURS ET/
linisateurs. Si le sym-
OU FLORICOLES EN FRANCE EN MESURANT LES VARIATIONS DE LEUR bole de cette menace
DIVERSITÉ ET CELLES DE LA STRUCTURE DES RÉSEAUX DE POLLINISATION, est le déclin de l’abeille
SUR L’ENSEMBLE DE LA FRANCE MÉTROPOLITAINE. GRÂCE À UN PROTOCOLE domestique, ce protocole
permet de mesurer ce
SIMPLE ET ATTRAYANT, REPOSANT SUR DES PHOTOGRAPHIES D’INSECTES qu’il en est des espèces
EN TRAIN DE BUTINER, LE SPIPOLL EST OUVERT À TOUS ! mellif ère s s au v age s
les plus communes qui
assurent 80% du service.
PROTOCOLE
CE QUE VOUS
OÙ CHERCHEREZ-VOUS ? VOUS AUREZ BESOIN DE…
CHERCHEZ…
Le plus d’espèces Recherchez l’endroit du lycée où • Un ou deux appareils photo avec
d’insectes pos- les insectes abondent le plus : tel une fonction « macro » (en général
sibles massif de fleurs ornementales, symbolisée par une fleur)2
telles jardinières, tel arbre ou • Montre ou chronomètre
mieux: un coin de prairie de fleurs • Guide des insectes de France
sauvages. • Ordinateur connecté (seconde partie)

À QUEL MOMENT ?
Les plantes doivent être en fleurs et les insectes en période d’éveil : donc en général de mars
(noisetier, cornouiller, pissenlit...) à octobre (par exemple sur le lierre, l’une des dernières
espèces fleuries). La période idéale est d’avril à juillet, entre 10 heures et midi.
CE QUE VOUS DEVEZ FAIRE…
1ère PARTIE : ➊ Choisissez UNE fleur.
chasse photo- ➋ Prenez une photo en gros plan de la fleur
graphique et une photo de la fleur dans son environ-
nement (en se plaçant à 5 mètres de la
fleur).
➋ Postez-vous à proximité et durant
3 minutes, photographiez toutes les es-
pèces d’insectes qui viennent butiner cette
plante. L’ensemble de ces photos constitue
une collection.

2ème PARTIE : ➊ Sur un ordinateur connecté : triez et recadrez les photos de manière
poster les à avoir une photo de qualité pour chaque insecte.
collections ➋ Connectez-vous sur le site du SPIPOLL www.spipoll.org et déposez vos photos
sur un album virtuel en ligne.
➌ Dans un second temps, identifiez aussi précisément que possible
chaque espèce à l’aide d’une clé d’identification en ligne.
➍ Notez dans la fiche jointe le nom de chaque espèce avec la photo et comptez
combien vous avez observé d’espèces. Si vous avez noté que telle ou telle espèce
était plus abondante, indiquez-le dans la fiche.

1 - OPIE : Office Pour les Insectes et leur Environnement.


2 - Vous pouvez utiliser un téléphone portable car la qualité des photos est en général suffisante.

Les plus :
➜ Une communauté SPIPOLL extrêmement nombreuse et réactive,
très portée à l’entraide (notamment pour l’identification) ;
➜ De nombreux outils d’aide à la détermination ;
➜ L’ensemble des données est utilisé par les spécialistes pour
une analyse spatiale des réseaux de pollinisateurs en France.

32 - À l’école de la biodiversité
Approche scientifique

Date : ..... / ..... / 20..... Notez ici le nom des espèces d’insectes observées
Durée : de .......... h .......... à .......... h ..........
Lieu (numéro à reporter sur un plan) : ...........................................................................................................

Météo
Ciel :
couverture nuageuse 0 à 25 % 25 à 50 % 50 à 75 % 75 à 100 %

Vent Nul Faible, irrégulier Fort, irrégulier Fort, continu

Température < 10 °C 10 à 20 °C 20 à 30 °C > 30 °C

Plante observée

Origine : Spontanée Plantée

Nombre
N° des
photos Nom des insectes Ordre Genre de 2
1 >5
à5
exemple
1 et 2 Guêpe germanique (Vespula germanica) Hyménoptères Vespula X

Mémo insectes : Mémo plantes : 2 photos


➜ Photographiez sous différents angles de vue. ➜ de l’environnement proche.
➜ macro d’une fleur.

À l’école de la biodiversité - 33
Approche scientifique
Cet obser vatoire permet aux
MISSION 2 scientifiques de répondre à un
certain nombre de questions :
quand et pourquoi les oiseaux
OISEAUX DES JARDINS v isitent-il s le s jardins ? Le s
migrateurs reviennent-ils plus
L’OBSERVATOIRE DES OISEAUX DES JARDINS EST DÉVELOPPÉ tôt quand le printemps est pré-
coce ? Les oiseaux granivores
PAR LA LPO1 ET LE MUSÉUM NATIONAL D’HISTOIRE NATURELLE.
viennent-ils plus aux mangeoires
IL A POUR BUT D’OBSERVER, D’IDENTIFIER ET DE COMPTER LES dans les jardins proches des
OISEAUX DANS SON JARDIN, DANS UN PARC PUBLIC OU, BIEN SÛR, plaines agricoles où les graines
DANS LA COUR DU LYCÉE ! CET OBSERVATOIRE VISE NOTAMMENT À sauvages manquent en hiver ?
Comment les aménagement s
ÉTUDIER LES EFFETS DU CLIMAT, DE L’URBANISATION ET DE urbains agissent sur la capacité
L’AGRICULTURE SUR LA BIODIVERSITÉ. des oiseaux à vivre en ville ?

PROTOCOLE
CE QUE VOUS
OÙ CHERCHEREZ-VOUS ? VOUS AUREZ BESOIN DE…
CHERCHEZ…
Toutes les espèces Dans un espace prédéfini, déli- • Fiche de comptage des oiseaux
d’oiseaux mité, qui peut être un jardin, un du jardin à télécharger sur le
« des jardins » square, une partie d’un parc pu- site www.oiseauxdesjardins.fr
(parmi une cin- blic... ou la cour du lycée. Comptez • Paire de jumelles
quantaine d’es- uniquement les oiseaux POSÉS • Appareil photo avec
pèces référencées) dans VOTRE jardin et non ceux le fonction « zoom »
survolant. • Guide des oiseaux de France
• Ordinateur connecté
(seconde partie)

À QUEL MOMENT ?
Tous les jours, une fois par mois, ou même ponctuellement. L’observatoire fonctionne tout au long
de l’année, avec deux moments forts : le dernier week-end de janvier (pour les oiseaux hivernants)
et le dernier week-end de mai (pour les nicheurs).
CE QUE VOUS DEVEZ FAIRE…
1ère PARTIE : ➊ Définissez votre « jardin » : ce doit être un espace, bien
comptez les délimité, sur lequel vous allez compter les oiseaux.
oiseaux ➋ Pendant 20 à 40 minutes, identifiez tous les oiseaux
qui se posent dans votre jardin :
➜ Notez les espèces reconnues dans la fiche ci-jointe ;
➜ Ne comptez pas ceux qui survolent le jardin, sauf les
rapaces et insectivores (hirondelles, martinets...)
qui viennent chasser dans votre « jardin » ;
➜ Pour chaque espèce, comptez le nombre maximum
d’individus de la même espèce vus en même temps ;
➜ Au besoin, prenez-les en photos pour vous aider
ensuite à les identifier.

2ème PARTIE : ➊ Sur un ordinateur, connectez-vous sur le site www.oiseauxdesjardins.fr et inscrivez-vous


envoyez (lors de votre première visite), en cliquant sur « J’aimerais participer » puis choisissez
les données votre département dans la liste déroulante.
❷ Allez dans l’onglet « transmettre mes observations », remplissez la fiche de relevés en
indiquant le nom des oiseaux observés et le nombre maximum.

1 - LPO : Ligue pour la Protection des Oiseaux.


Les plus :
➜ Les fiches d’observation avec le dessin des oiseaux.

34 - À l’école de la biodiversité
Approche scientifique

Date : ..... / ..... / 20..... Notez ici le nom des espèces d’oiseau observées
 et le nombre maximal d’oiseaux observés en même temps
Durée : de .......... h .......... à .......... h ..........
Lieu (numéro à reporter sur un plan) : ...........................................................................................................

Numéro
des Nom des oiseaux observés Nombre
photos
exemple
1 Mésange charbonnière (Parus major) 2

À l’école de la biodiversité - 35
Approche scientifique

MISSION 3 À l’échelle de la ville, les espèces


présentes, animales ou végé-
tales, sont à peu près réperto-
SAUVAGES DE MA RUE riées même si les données restent
« SAUVAGES DE MA RUE » EST UN OBSERVATOIRE PARTICIPATIF lacunaires. À l’échelle de la rue,
les listes d’espèces n’existent
DÉVELOPPÉ PAR LE MUSÉUM NATIONAL D’HISTOIRE NATURELLE pas. Pourtant, ces données sont
ET TELA BOTANICA. IL A POUR BUT DE PERMETTRE AUX CITADINS indispensables pour comprendre
DE RECONNAÎTRE LES ESPÈCES VÉGÉTALES QUI POUSSENT DANS comment les « brèches urbaines »
LEUR ENVIRONNEMENT IMMÉDIAT, LES PLANTES QU’ILS CROISENT (pieds d’arbres, espaces engazon-
nés...), les structures urbaines et
QUOTIDIENNEMENT DANS LEUR RUE, AUTOUR DES PIEDS D’ARBRES, les modes de gestion influent sur
SUR LES TROTTOIRS, DANS LES PELOUSES... la qualité de la biodiversité.

PROTOCOLE
CE QUE VOUS
OÙ CHERCHEREZ-VOUS ? VOUS AUREZ BESOIN DE…
CHERCHEZ…
Toutes les espèces Le long d’un trottoir d’une rue • Fiche de terrain à télécharger
de plantes parmi autour du lycée ou dans votre sur le site
les 240 espèces lycée, uniquement les plantes des • Guide d’identification et
référencées « brèches urbaines » : trottoirs, application d’identification
pieds de mur, murs mêmes, • Appareil photo avec fonction
pieds d’arbres, pelouses, plates- macro (touche « tulipe »)
bandes, haies, ronds-points (mais • Guide des plantes de France
pas les jardins et les friches) • Ordinateur connecté
(seconde partie)

À QUEL MOMENT ?
Il est plus facile d’identifier les plantes quand elles sont en fleurs, donc au printemps.
Au besoin, vous pouvez repasser plusieurs fois.

CE QUE VOUS DEVEZ FAIRE…


1ère PARTIE : ➊ Choisissez UN trottoir ; partez d’une
inventaire de intersection jusqu’à une autre inter-
mon trottoir section (un relevé par trottoir).
➋ Reconnaissez un maximum d’espèces
de plantes présentes sur ce trottoir.
Au besoin, prenez-les en photos. Ceci
vous aidera ensuite à les identifier.

2ème PARTIE : ➊ Sur un ordinateur ou un smartphone,


envoyez ➋ Connectez-vous sur l’application ou le site https://sauvagesdemarue.mnhn.fr; allez
les données dans l’onglet « outils», remplissez la fiche de relevés, en indiquant les plantes trou-
vées et déposez vos photos (en format JPEG) sur un album virtuel en ligne.
➌ Vous pouvez vous aider d’une clé d’identification en ligne.
➍ Notez dans la fiche résultats, le nom de chaque espèce avec la photo et comptez
combien vous avez d’espèces. Si vous avez noté que telle ou telle espèce était
plus abondante, indiquez-le dans la fiche.
➎ Si vous avez repéré sur votre parcours une des espèces exotiques suivantes, indiquez-le
dans la fiche résultats verso : Ambroisie à feuille d’armoise (Ambrosia artemisiifolia),
Berce du Caucase (Heracleum mantegazzianum), Renouée du Japon (Reynoutria japo-
nica), Balsamine de l’Himalaya (Impatiens glandulifera), Jussie faux pourpier (Ludwigia
peploides), Arbre à papillons (Buddleia davidii).

Les plus :
➜ Le guide « Sauvages de ma rue » ;
➜ Les données permettront d’avancer sur la connaissance de la répartition des espèces
en ville et sur l’impact de ces « brèches urbaines » sur la qualité de la biodiversité.

36 - À l’école de la biodiversité
Approche scientifique

Date : ..... / ..... / 20..... Notez ici le nom des espèces de plantes observées

tifs
uses

rbus

s
vés
res

avier
et pa
è
erbe

a
i

ez)
ardin

ou gr
ssifs
s
rbre
Pour chaque espèce, cochez les milieux

récis
nes h

ume
A arbre

s et j
dans lesquels vous l’aurez observée

t ma
Murs
a

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arbuste

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dans cette rue.

es (p
ou zo
H herbacées

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Pied

aies
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E

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exotique

Autr
ures
uses

les h
Chem
Plate
Fiss
Numéro

Pelo
à reporter Nom des plantes Type Abondance/

Sous
sur plan de plante dominance

1 Paqueret te vivace (Bellis perennis) H 2


exemple

espèce très rare R


quelques pieds +
peu de pieds, faible recouvrement 1
beaucoup de pieds, recouvrement > 25% 2
recouvre 25 à 50 % 3
recouvre 50 à 75% 4
recouvrement > 75% 5
À l’école de la biodiversité - 37
Approche scientifique

Date : ..... / ..... / 20..... Notez ici le nom des espèces de plantes envahissantes observées

Numéro Nom des Abondance/


à reporter plantes Description dominance
sur plan

Ambroisie
à feuille
d’armoise plante herbacée annuelle
de 20 à 90 cm de haut
(Ambrosia
artemisiifolia)

Berce
du Caucase plante herbacée
(Heracleum de 2,5 à 3 m de haut
mantegazzianum)

Renouée
du Japon plante herbacée annuelle
(Reynoutria de 1 à 4 m de haut
japonica)

Balsamine
de l’Himalaya plante herbacée annuelle
(Impatiens de 1 à 2 m de haut
glandulifera)

Arbre à
papillons arbuste
(Buddleia de 2 à 3 m de haut
davidii)

Jussie faux
pourpier plante herbacée rampante
aquatique à palustre
(Ludwigia de 20 à 50 cm
peploides)

espèce très rare R


quelques pieds +
peu de pieds, faible recouvrement 1
beaucoup de pieds, recouvrement > 25% 2
recouvre 25 à 50 % 3
recouvre 50 à 75% 4
recouvrement > 75% 5
38 - À l’école de la biodiversité
Chapitre 3
Chapitre 3
Les différentes valeurs
de la biodiversité
Approche
économique
Dans ce chapitre, le professeur trouvera les prin-
cipaux éléments pour aborder la biodiversité sous
l’angle des courants économiques, traditionnels
et nouveaux. Ce chapitre propose également des
outils pratiques pour lancer un processus de
concertation en classe avec les élèves de manière
originale et réaliste, et s’inspirant des processus
réels de prises de décision.

À l’école de la biodiversité - 39
Les différentes valeurs de la biodiversité

LES VALEURS DE LA BIODIVERSITÉ

fiche info
PENDANT DES MILLIERS D’ANNÉES, L’HOMME A EXPLOITÉ LA NATURE SANS SE SOUCIER DU FAIT
QUE SES RESSOURCES, BIEN QUE RENOUVELABLES, N’ÉTAIENT PAS INFINIES. DE FAIT, SI LE PRIX
ACCORDÉ À UN CERTAIN NOMBRE D’ÊTRES VIVANTS S’EST FORMÉ SELON LA LOI DE L’OFFRE ET
DE LA DEMANDE EN FONCTION DE LEUR RARETÉ – DE LA DIFFICULTÉ À SE LES PROCURER – ON
N’A JAMAIS INTÉGRÉ LES COÛTS INDUITS PAR LA DÉGRADATION DE LA NATURE, PAR LA PERTE DE
BIODIVERSITÉ ET PAR LA PERTE DES SERVICES ÉCOSYSTÉMIQUES. COMPTE TENU DE LA DÉMOGRAPHIE
HUMAINE AU COURS DE CE DERNIER SIÈCLE (CROISSANCE EXPONENTIELLE DE LA POPULATION
DEPUIS LE XIX ÈME SIÈCLE), IL NE PEUT PLUS EN ÊTRE DE MÊME.

➊ VALEUR D’USAGE DIRECT ATTENTION ANTHROPOCENTRISME !


Depuis que l’Homme échange et commerce, les produc-
tions animales et végétales issues soit d’une récolte dans Il faut prendre garde à ne pas envisager la Nature uni-
le milieu naturel, soit de l’agriculture, ont un prix qui est quement par un point de vue anthropocentré, c’est-à-
fixé en général en fonction de la rareté et de la difficulté à dire uniquement du point de vue de l’être humain. La
se les procurer. Nature existe par elle-même, pour elle-même, et nous
ne pouvons que profiter de ce qu’elle peut nous offrir
Du fait de la surexploitation de la ressource, certains produits
au passage.
finissent par se raréfier et leur prix a augmenté en conséquence.
Deux exemples :
• On produisait plus de 1000 tonnes de truffes noires du Péri-
gord au XIXème siècle, moins de 50 tonnes par an aujourd‘hui ;
• Dans les années 1970, on pouvait pêcher plus de 4000
tonnes de civelles en France par an, contre seulement 65
tonnes aujourd’hui.
Le saumon, un produit
De fait, parmi les produits les plus chers, beaucoup proviennent
d’espèces menacées de disparition et dont la vente est théori-
à cour variable
quement limitée. Effet pervers, cette rareté-même rend leur Les salmonidés (saumons, truites, ombles et aloses)
commerce extrêmement profitable. Au point qu’il est très dif- étaient considérés au Moyen Âge comme des espèces
ficile de protéger les éléphants en Afrique, la lutte contre le « courantes ». Les pêches « miraculeuses » lors de la
braconnage étant aujourd’hui une lutte armée, certains élé- migration sont souvent évoquées : par exemple, lors
phants bénéficient de véritables gardes du corps. des remontées d’aloses dans la Dordogne, il suffisait
Il est quasiment impossible d’estimer l‘ensemble du marché de taper avec sa rame sur l’eau pour que les poissons
des matières premières naturelles renouvelables, tellement sautent dans la barque ! De même, il est précisé dans
cela englobe de productions diverses. de nombreux règlements d’abbaye que le « saumon »
ne devait pas être servi plus de deux fois par semaine !
DANS LA PHARMACOPÉE Surpêche, pollution et barrages à la migration ont fait
Pendant des siècles, l’ensemble de notre pharmacopée (recueil considérablement baisser les populations, faisant du
officiel des médicaments) provenait directement du « jardin saumon un produit de luxe dans les années 1960.
des simples ». L’aquaculture pratiquée depuis a permis de multiplier
De nos jours, beaucoup de médicaments proviennent tou- par huit la production de saumons et de démocratiser
jours de plantes (par exemple, l’acide salicylique du saule1, à nouveau son prix.
la quinine du quinquina) ou de champignons (par exemple la
pénicilline, la ciclosporine 2 ).
Aujourd’hui, 75% de la population mondiale dépend exclusi-
vement des remèdes traditionnels d’origine naturelle (Chine,
Afrique) et 40% des médicaments commercialisés proviennent
de sources naturelles. Mais ce pourcentage évolue : la forêt
amazonienne par exemple recèle des milliers d’espèces non
recensées, et on découvre encore aujourd’hui de nouveaux
médicaments issus de sa biodiversité3 . Reste encore à conci-
lier aménagement du territoire, recherche médicale et res-
pect de la faune et de la flore.

1 La synthèse chimique de cet acide donne naissance en


1899 à l’aspirine (l’acide acétylsalicylique).
2 La ciclosporine est un agent immunosuppresseur extrait
d’un champignon microscopique qui facilite notamment les
greffes d’organes.
3 On estime que la forêt amazonienne abrite environ 10% de
la biodiversité. C’est aussi un territoire qui subit de grands
bouleversements : déforestation, incendie,... Les forêts
amazoniennes ont perdu plus de 15% de leur surface depuis
2004 (source : WWF).

À l’école de la biodiversité - 41
Les différentes valeurs de la biodiversité

➋ VALEUR D’USAGE INDIRECT : Infatigables bourdons


ÉVALUER LE COÛT DES Un bourdon peut visiter jusqu’à 4 500 fleurs par jour,
SERVICES RENDUS deux fois plus qu’une abeille domestique !
Mais « l ’utilité » de la biodiversité ne se rappor te pas Qui plus est, ils sont actifs très tôt (dès que la tempéra-
seulement à son exploitation directe par l’Homme. La biodi- ture dépasse 6 °C). Ni la pluie ni le vent ne les empêchent
versité rend en effet nombre de services indispensables à nos de travailler. Ils sont de bien plus efficaces pollinisateurs
activités, mais également à la planète entière ! Que se passe- que les abeilles. De fait, on utilise de plus en plus sou-
rait-il si ces services venaient à régresser ou à disparaître ? vent les bourdons pour polliniser les tomates sous serre.

La valeur économique des services écosystémiques peut en


général être calculée de deux façons différentes (d’un point
de vue strictement économique), en estimant :
• Les coûts engendrés si on devait remplacer ce service par
une intervention humaine rendant le même service,
• Les coûts des dommages évités par le service rendu.

POLLINISATION
80% des plantes à fleurs sont pollinisées par une espèce
animale : presque tous les fruitiers, légumes, oléagineux
et protéagineux (Fabacées), épices, café et cacao, soit 35%
du tonnage de ce que nous mangeons.
On estime à 153 milliards d’euros par an la valeur éco-
nomique de cette pollinisation naturelle. Or plus de 70%
de cette pollinisation est due à des insectes sauvages !
Depuis les années 1990, dans la province de Sichuan en
Chine, on a constaté une baisse très impor tante des
insectes pollinisateurs. Du fait, on pollinise les arbres frui- Fleuves et
tiers à la main ! En Californie, chaque année, en février, cours d’eau

des apiculteurs louent leurs abeilles butineuses pour Zones à


composante
polliniser les arbres fruitiers ! Il y a donc une réalité écono- humide
mique à favoriser des espaces protégés pour ces insectes. Région
d’étangs
SERVICES ÉCOSYSTÉMIQUES
Les écosystèmes en tant que tels peuvent apporter de nom-
breux services dont la valeur économique cumulative est
loin d’être négligeable.
Prenons l’exemple d’un écosystème : les zones humides.
Elles jouent un rôle considérable comme zones naturelles
de rétention des eaux pluviales et dans l’étalement des
débits de crues des cours d’eau. Elles permettent également Les zones humides représentent aujourd’hui 2,4 mil-
de soutenir le débit des cours d’eau en période d’étiage. lions d’hectares en France, soit 5,5% du territoire natio-
Elles jouent un rôle dans l’épuration des eaux (notamment nal. Une superficie qui a régressé de plus de 70% au
dans la dénitrification1 des eaux). Bien entendu, elles sont cours du XXème siècle.
largement utilisées pour leurs valeurs récréatives liées
à la biodiversité. Le Commissariat général au dévelop-
pement durable estimait en 2012 que si 20 000 hectares
de zones humides venaient à disparaître, les fonctions et d’habitat pour des prédateurs (insectes, oiseaux, mam-
bénéfices correspondant perdus s’élèveraient entre 18,1 et mifères..) qui vont participer à la régulation des espèces
62,6 M € par an soit, en ac tualisant sur 50 ans, entre envahissantes. La forêt par ticipe enfin à la régulation
405 et 1 400 M€. thermique des milieux en restituant progressivement
Prenons un autre exemple : la forêt tempérée assure l’eau pompée dans le sol par évapotranspiration. La valeur
bien sûr une fonction de production de bois. Mais elle économique de la forêt de Fontainebleau, d’une sur face
assure également de nombreux ser vices écosystémiques d’environ 28 000 hectares, est estimée autour de 30 M€
liés aux grands cycles naturels : cycle de l’eau, du car- par an.
bone, du sol... Elle joue un rôle essentiel dans la pro-
duc tion d’ox ygène (O 2 ) et la fixation et le stockage du
carbone (CO 2 ) 2 . Les ripisylves 3 et les forêts alluviales le 1 Transformation de l’azote ammoniacal (NH4+) en azote
long des cours d’eau jouent un rôle de première impor- gazeux (N2).
tance dans la prévention de l’érosion des berges, dans la 2 Seule une forêt en croissance (donc une forêt exploitée)
dénitrification des eaux, dans le frein au ruissellement capte du CO2 et produit de l’O2.
des eaux et aux ondes de crue. La forêt assure également 3 La ripisylve est l’ensemble des formations végétales rivu-
un rôle primordial dans la formation des sols, la dégra- laires c’est-à-dire présentes sur les rives d’un cours
dation de la matière organique. C’est également un lieu d’eau, d’une rivière ou d’un fleuve.

Une des grandes difficultés de valorisation des services rendus par la biodiversité est,
d’une part, de savoir sur combien de temps il faut les amortir : 50, 100 ans ou plus ? Il est éga-
lement difficile de prévoir l’évolution de cette valeur au fil des ans, et de quantifier l’ensemble de
ces services, parfois méconnus des Hommes.
42 - À l’école de la biodiversité
Les différentes valeurs de la biodiversité

VALEUR RÉCRÉATIVE
La Nature, la biodiversité sont aujourd’hui de précieux atouts pour développer le tourisme. Le Canada est réputé dans
le monde entier pour la qualité de ses rivières à saumons. On estime qu’un saumon pêché par un touriste rapporte
aujourd’hui près de 1 000 € (permis de pêche, hébergement, déplacement…) soit 10 fois plus qu’un saumon pêché com-
mercialement. En 2015, l’ensemble du secteur de la pêche récréative représentait près de 30 milliards d’euros aux
États-Unis, et près de 2 milliards d’euros en France 1. Au Botswana, la chasse au lion sauvage rapportait 80 000 € par
lion mâle 2 et 25 000 € pour des lions d’élevage en Afrique du Sud.
Et aujourd’hui, en France, la chasse représente un poids économique
de 2,3 milliards d’euros.
Une manière d’évaluer la valeur récréative globale d’un milieu
consiste à mesurer le consentement à payer (CAP) pour en pro-
fiter. Le CAP détermine la valeur maximale du prix d’un bien ou
d’un service donné que le consommateur/acheteur
potentiel accepte de payer. Cela peut être, par
exemple, la plus-value apportée par la proximité
d’un milieu naturel à un bien immobilier.
Bien évidemment, cela ne prend en compte ni le
bien-être ni le respect de la faune et de la flore.
Il faut donc comme toujours concilier l’économie
et le maintien de la biodiversité.

➌ VALEUR D’OPTION
La valeur d’option correspond à une valeur d’usages
futurs : conser ver la biodiversité permettra de trou-
ver de nouvelles variétés d’élevages et de cultures, la
découverte de nouveaux médicaments…
Il est évidemment beaucoup plus aléatoire de mesurer
la valeur économique de nouvelles molécules extraites
du vivant ou de variétés animales et végétales utilisées,
demain, dans l’agriculture.

➍ VALEUR DE NON USAGE Le Pique-prune


La valeur d’héritage est la valeur de legs liée au fait de Le Pique-prune confère aux milieux dans lequel on le
transmettre un patrimoine aux générations futures. trouve une protection absolue au niveau européen et
La valeur d’existence considère que chaque espèce, chaque national. Le fait de retrouver ce coléoptère rare est
milieu, a le droit d’exister en tant que tel, quelque soit l’usage un indicateur de la bonne qualité du milieu naturel. Le
ou non qu’on en fait ou pourrait en faire. retrouver sur divers chantiers peut retarder ces der-
Cette valeur peut être évaluée au cas par cas en fonction : niers de plusieurs années : il y a obligation de mener des
études exhaustives afin de mesurer l’impact exact de l’in-
• des surcoûts induits par la protection et la conservation frastructure sur l’habitat et la répartition de l’espèce et
d’une espèce, de le compenser avant de faire les travaux.
• des coûts de compensation pour recréer tel ou tel milieu, Ceci a retardé pendant plus de 10 ans la construction de
• des coûts des dommages et intérêts calculés pour la des- la ligne à grande vitesse… engen-
truction d’espèces suite à des procès (par exemple, procès drant des surcoûts de plusieurs
après le naufrage de l’Erika engendrant une marée noire). millions d’euros.

1 Soit 1/1 000 du Produit Intérieur Brut (PIB) !


2 Cette pratique est officiellement interdite depuis 2001.

Sources
• La biodiversité à travers des exemples - Conseil scientifique du patrimoine naturel et de la biodiversité - CSPNB, MEDD/
D4E (Editions 2007 et 2012), 104 p.. Disponible en téléchargement sur : https://side.developpement-durable.gouv.fr/De-
fault/doc/SYRACUSE/5893/la-biodiversite-a-travers-des-exemples?_lg=fr-FR
• Abeilles sauvages et pollinisation - Institut de recherche de l’agriculture biologique (FIBL), (2014). Disponible sur : https://
www.fibl.org/fr/boutique/1646-abeilles-sauvages
• Approche économique de la biodiversité et des services liés aux écosystèmes Contribution à la décision publique. Rap-
port du Centre d’analyse stratégique- Bernard Chevassus-au-Louis, (avril 2009) 378 p. Disponible sur : https://www.vie-pu-
blique.fr/rapport/30445-approche-economique-de-la-biodiversite-et-services-lies-aux-ecosystemes
• Évaluation économique des services rendus par les zones humides. Rapport n° 23 - Commissariat général au développement
durable, Service de l’économie, de l’évaluation et de l’intégration du développement durable (SEEIDD), (2010)
• Dans le Sichuan, des « hommes-abeilles » pollinisent à la main les vergers - Harold Thibaut, Le Monde, (24/05/2014). Dispo-
nible sur : https://www.lemonde.fr/planete/article/2014/04/23/dans-les-vergers-du-sichuan-les-hommes-font-le-travail-des-
abeilles_4405686_3244.html

À l’école de la biodiversité - 43
Les différentes valeurs de la biodiversité

UNE AUTRE FAÇON D’ABORDER sont pas renouvelables, chaque génération se voit donc
allouée la consommation d’une certaine quantité de res-
L’ÉCONOMIE sources, pour laisser à la génération suivante sa propre
capacité de consommation.
La soutenabilité faible implique que dans une société éco-
nomique, le capital naturel peut être substitué par un capital
UNE MÉTHODE DE CALCUL INCOMPLÈTE artificiel. Par conséquent, il n’est pas primordial de préser-
ver les ressources naturelles, puisque le capital artificiel
créé finira par se substituer pour permettre aux générations
Dans notre façon de procéder actuelle, la croissance d’un
futures de vivre. La condition sine qua non est donc un pro-
pays est calculée par son Produit Intérieur Brut (PIB). Cela
grès technique infini et constant, et suffisamment important.
implique donc que l’économie d’un pays se calcule par sa
production. Or, cet outil ne permet pas de prendre en compte La soutenabilité forte au contraire implique qu’une par-
la dimension environnementale et la dimension sociale tie du capital naturel est nécessaire à toute forme de vie et
d’une société. n’est donc pas susbtituable. Il convient donc de préserver
ces ressources afin de permettre aux générations futures
d’en bénéficier, ce qui n’est pas sans rappeler la définition
Une marée noire qui rapporte du développement durable.

En 2010 a lieu l’explosion de la plateforme pétrolière


Deepwater Horizon dans le Golfe du Mexique, déversant LA THÉORIE DE LA DÉCROISSANCE
ainsi jusqu’à 636 000 000 litres de pétrole.
Au delà de l’aspect environnemental, cette catastrophe Si le mot peut parfois prêter à confusion, la décroissance ne
va impacter le territoire et ses habitants : la perte de renvoie pas à la notion de régression, de retour en arrière.
tourisme sur cette région, arrêt de la pêche sur les Cette théorie avancée par Georgescu-Roegen repose sur
côtes... Mais elle va également rapporter et influencer le postulat suivant : notre modèle de croissance actuel
positivement le Produit Intérieur Brut (PIB) en provo- consomme déjà excessivement nos ressources. Pour cette
quant diverses activités économiques : mettre en place théorie, l’approche du développement durable est égale-
des outils pour lutter contre la propagation de la nappe ment impossible : il ne peut y avoir de développement de
pétrolière, faire appel à une société de dépollution sur notre production, qui soit soutenable à long terme.
plusieurs années, qui va devoir opérer sur place : emploi,
augmentation des consommations par ces salariés, les
réparations sur la plateforme, l’activité médiatique...
Au final, les économistes estiment que la marée noire a L’EMPREINTE ÉCOLOGIQUE
évidemment impacté négativement le territoire proche. L’empreinte écologique est un concept apparu en 1992,
Mais à l’échelle du pays, l’activité économique créée par lors du Sommet de la Terre de Rio, par le professeur Wil-
cet évènement surpasse les coûts engendrés, augmen- liam Rees. Il s’agit de mesurer la surface nécessaire dont
tant ainsi le PIB ! un être humain a besoin pour produire ce qu’il consomme
Le bilan environnemental est cependant sans appel : mais également pour l’absorption de ses déchets. Cet outil
800 000 oiseaux, 170 000 tortues marines et plusieurs met en exergue deux principaux points :
millions de crustacés ont disparu. Les populations de • Nous consommons plus que ce que la Terre produit :
poissons ont également baissé de plus de 85%. nous aurions besoin en 2024 d’1,7 planètes pour sub-
venir à nos besoins.
UNE HISTOIRE DE SOUTENABILITÉ
• Il existe de grandes disparités entre les pays.
La soutenabilité est ce qui est soutenable, dans la durée. On
dit d’une économie soutenable qu’elle peut évoluer dans le
temps sans aboutir à une fin prévisible.
Cette théorie soutient que notre système de production
Dans le domaine économique et environnemental, on parle actuel ne peut conduire qu’à l’épuisement des ressources,
de soutenabilité forte et de soutenabilité faible, en distin- l’accentuation du réchauffement climatique et d’une exploi-
guant deux types principaux de capital : tation des pays « en croissance ».
• le capital naturel : constitué de ressources naturelles, Face à cela, la décroissance propose de produire moins, avec
renouvelables ou non, des matières moins polluantes et des articles de meilleure
• le capital artificiel : connaissances, progrès techniques, qualité. Ce qui implique une refonte profonde du système
inventions... économique et du système de production, donc la baisse
En partant du constat que certaines de nos ressources ne du PIB et de ce fait, de la croissance telle qu’elle est calcu-
lée aujourd’hui.

Quelques ouvrages pour les élèves...


Romans et témoignages
• Le vivant et la révolution, réinventer la conservation de la nature par delà le capitalisme - Bram Büscher et Robert
Fletcher, 2023, Editions Actes Sud, 336 pages
Vidéos
• Le développement durable vu par les économistes: durabilité faible ou durabilité forte ?, UVED - 14/01/2016. Disponible
sur : https://www.youtube.com/watch?v=rQStb7NXRtQ
• Le développement durable est-il une notion dépassée ? - UVED- 14/01/2016. Disponible sur : https://www.youtube.com/
watch?v=0MtLiElt9Yc
Articles
• Les modèles économiques de soutenabilité et le changement climatique - Franck-Dominique VIVIEN, Regards croisés
sur l’économie, 2009. Disponible sur : https://www.cairn.info/revue-regards-croises-sur-l-economie-2009-2-page-75.
htm?contenu=article

44 - À l’école de la biodiversité
Les différentes valeurs de la biodiversité

JEU DE RÔLE :
OPPOSITION ? CONCILIATION !

fiche débat
CHACUN APPORTE À LA NATURE UN REGARD DIFFÉRENT EN FONCTION DE SES INTÉRÊTS PROPRES :
LE PÊCHEUR SE SOUCIE DES POISSONS, LE CHASSEUR DU GIBIER, LE RIVERAIN DES ESPACES
VERTS, LE PROMENEUR DES PAYSAGES, LE NATURALISTE DES ESPÈCES RARES, L’ÉLU DU
DÉVELOPPEMENT DE SA COMMUNE, L’HYDROLOGUE DU BON ÉCOULEMENT DES EAUX... EN RÉALITÉ,
CHAQUE MILIEU NATUREL EST PARTAGÉ ENTRE DE MULTIPLES USAGERS. IL EST RARE QU’UN MODE
DE GESTION OU D’AMÉNAGEMENT PUISSE CONVENIR À TOUT LE MONDE. COMMENT CONCILIER NOS
INTÉRÊTS ET APPRENDRE À VIVRE ENSEMBLE EN CONSERVANT LA BIODIVERSITÉ ?

OBJECTIFS DE COMPÉTENCES DÉROULEMENT


• Appréhender des connaissances concernant l’économie.
➊ Étape 1 : présenter la situation
• Utiliser ces connaissances pour valoriser la biodiversité.
Vous annoncez la couleur : « Un échangeur routier (voie rapide)
• Analyser une situation concrète à partir d’éléments théo- doit être réalisé sur un espace naturel, avec comme objectif
riques. notamment de mieux desservir la ZAC1 du “champ d’oiseaux”.
• Échafauder une réflexion, élaborer un argumentaire et Un inventaire a été réalisé par divers experts, qui ont défini
l’exposer oralement. les espèces et les milieux naturels présents sur les 12 hec-
• Élaborer des actions, les comparer et choisir les actions les tares du site impacté par les travaux. Doit-on construire cet
plus adaptées aux objectifs définis. échangeur ? Où ? Que faire pour limiter l’impact écologique de
cet échangeur ou compenser la perte des milieux naturels ?
• Apprendre à concilier différents intérêts. Voilà la mission qui nous est confiée ».

OBJECTIFS DE COMPORTEMENT ➋ Étape 2 : lancer la réflexion


• Savoir argumenter. Formez 7 équipes (cf. liste ci-après), chacune ayant un intérêt
• Savoir écouter, comparer des arguments et tolérer les posi- particulier dans ces travaux.
tions des autres. Chaque équipe dispose de sa carte descriptive (au verso), du
• Savoir travailler en équipe. plan de situation et du descriptif des milieux (fiche débat 2) et
d’un accès à internet (pour compléter ses informations). Pen-
PRÉPARATION dant 30 minutes, chaque groupe prépare sa stratégie, ses
Nous vous proposons d’organiser un jeu de rôle avec vos élèves. arguments, réfléchit à des actions possibles à proposer. Pour
des raisons pratiques, il est intéressant que l’enseignant se
L’objectif du jeu de rôle mette dans l’équipe « État ».
Dans une situation concrète d’un aménagement du territoire
ayant un impact sur des milieux naturels, il faut proposer des ➌ Étape 3 : débat
aménagements pour limiter les pertes de biodiversité, estimer Quand toutes les équipes sont prêtes, le représentant de l’État
et réaliser des compensations écologiques et/ou financières lance la discussion. Il doit donner au moins une fois la parole
pour la perte de biodiversité, pour un coût et des conditions à chaque groupe. C’est l’État qui préside la séance et décide à
acceptables par les diverses parties prenantes du projet : qui donner la parole et combien de temps (il peut interrompre
financeurs, maître d’œuvre et bénéficiaires. quelqu’un hors sujet ou trop long). La séance dure 30 minutes.

➍ Étape 4 : plan d’action


À l’issue de la séance, l’ensemble des parties doit se mettre
d’accord, par un large consensus, sur un plan d’action.

1 Zone d’aménagement concerté : La ZAC est une opéra-


tion d’urbanisme publique ayant pour but de réaliser ou de
faire réaliser l’aménagement et l’équipement de terrains
à bâtir en vue de les céder ou de les concéder ultérieure-
ment à des utilisateurs publics ou privés.

À l’école de la biodiversité - 45
Les différentes valeurs de la biodiversité
LES ÉQUIPES
La Société (privée)
en charge des aménagements Le Conservatoire
d’espaces naturels régional
Un·e directeur·trice
Son/sa Président·e
Un·e ingénieur·e Représenté par Un·e chargé·e de
Représentée par des Travaux publics mission milieux naturels
Un·e ingénieur·e écologue
L’association demande
Un·e juriste qu’une juste compensation
Objectif environnementale soit réalisée,
Que les travaux se fassent, notamment pour la protection des
si possible dans des délais espèces protégées (menacées).
Objectif assez brefs et sans trop de
complications. Le Conservatoire a en charge la
Responsabilités gestion d’une partie du milieu
Le coût des compensations (marais, roselière et bocage).
Responsabilités devra être intégré dans
le devis des travaux.

Une association
La Collectivité territoriale de riverains
Le/la Vice-Président·e de la Son/sa vice·Président·e
collectivité en charge des Représentée par Un·e habitant·e du
infrastructures quartier, parent de 3 enfants
Un·e directeur·trice Elle souhaite que les travaux
Représentée par des services
occasionnent le moins de
Un·e ingénieur·e désagréments, durent le
des Travaux publics Objectif moins longtemps possible et
qu’on recrée un milieu naturel
Un·e juriste de proximité où pourront se
promener les riverains.
La collectivité est très soucieuse
de ne pas augmenter le coût
Objectif des travaux, elle souhaite qu’ils
soient réalisés rapidement. Les entreprises de
La collectivité commande les la ZAC du « champ d’oiseau »
travaux, elle est aussi en charge Un·e chargé·e de mission
de trouver les financements. développement de la
Responsabilités Elle finance 20%, le solde Chambre de Commerce
est financé par l’État (30%), Représentées et de l’Industrie
la Région (20%) et l’Union par
Européenne (30%). Le/la directeur·trice d’une
entreprise (PME) implantée
dans la ZAC
L’État Ces entreprises doivent être
desservies par l’échangeur, ce
Un·e représentant·e direct·e Objectif qui doit faciliter leurs activités et
de l’État (la préfecture) leur permettre de se développer
Un·e représentant·e de la et de créer des emplois.
Représenté DREAL1, en charge de la
par protection des milieux naturels
Un·e représentant·e en charge du Les agriculteurs
financement des infrastructures
Un·e éleveur·euse de vaches
Les représentants de laitières, par ailleurs,
l’État jouent un peu un rôle Président·e de la Société
d’arbitres et de garants de la de chasse locale, est proprié-
loi et de la réglementation. Représentés taire des prairies et des bois,
Responsabilités qu’il/elle utilise respectivement
Ils conditionnent l’octroi des par
subventions et veillent au pour faire pâturer ses vaches et
respect des lois en matière comme réserve de chasse.
d’environnement.
Un·e maraîcher·ère bio, par ailleurs
propriétaire d’un gîte rural
Une association de défense Si possible, conserver ces
Objectif milieux en l’état, à défaut obtenir
de l’environnement locale une bonne compensation.
Son/sa Président.e
Représentée
par Un.e naturaliste, spécialiste
des insectes et des amphibiens REMARQUE
L’association souhaite Si besoin, vous pouvez étoffer ou réduire les équipes, ou
Objectif préserver ce milieu créer des équipes supplémentaires.
et défendre les espèces.

46 - À l’école de la biodiversité 1 Direction Régionale de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement


Les différentes valeurs de la biodiversité

L’AMÉNAGEMENT
L’échangeur est de type échangeur en trèfle :

Surface au sol = 4 hectares

LE MILEU NATUREL :
« CHAMP D’OISEAUX »
Surface au sol =
12,85 hectares

Tableau 3 : occupation du sol


du « champ d’oiseaux »

Bois de feuillus 6 ha
Prairies permanentes 4 ha
Marais 2 ha
Roselière 0,5 ha
Étang 0,35 ha
Haies campagnardes 2,5 km
Haies anciennes de hêtres
0,8 km
et tilleuls taillés en têtards
Ruisseau de 1ère catégorie 1,8 km
Bordé des 2 côtés par une
bande de forêt alluviale sur 0,8 km
d’environ 25 m de large

À l’école de la biodiversité - 47
Les différentes valeurs de la biodiversité

LISTE DES ESPÈCES PAR MILIEU NATUREL

ESPÈCES VÉGÉTALES
Chêne sessile (Quercus petraea),
Hêtre commun (Fagus sylvatica),
Plantes typiques d’une forêt
Bruyère commune (Calluna vulgaris),
mixte chênes et hêtres
Ajonc d’Europe (Ulex europaeus),
Fougère aigle (Pteridium aquilinum)...
Aulne glutineux (Alnus glutinosa),
Plantes typiques d’une forêt Frêne élevé (Fraxinus excelsior),
alluviale à aulnes Laîche des rives (Carex riparia),
Grande prêle (Equisetum telmateia)…
Haies champêtres Charme, aubépine et noisetier
Roseau commun (Phragmites
communis),
Plantes typiques d’une phragmitaie
Massette (genre Typha),
(roselière)
Joncs (genre Juncus),
Scirpe lacustre (Scirpus lacustris)…
Jonc épars (Juncus effusus),
Renoncule âcre (Ranunculus
Prairies humides, parfois
acris),
engraissées et semées
Molinie bleue (Molinia caerulea),
de plantes fourragères
Grande fétuque
(Festuca arundinacea)…
Pas d’espèces végétales classées au niveau régional

ESPÈCES ANIMALES
18 espèces dont Chevreuil (Capreolus
Mammifères capreolus), Martre des pins (Martes
martes), Renard roux (Vulpes vulpes)
57 espèces d’oiseaux, dont
8 menacées au niveau régional, 1 au
Oiseaux
niveau national : le Hibou des marais
(Asio flammeus)...
12 espèces d’amphibiens dont
3 menacées au niveau régional et une
Amphibiens
au niveau national : Crapaud calamite
(Epidalea calamita)...
127 espèces (recensées) d’insectes :
• dont 8 espèces d’odonates classées
au niveau régional, 2 au niveau
national,
Insectes
• une espèce de coléoptère très rare,
également présente, le Pique prune
(Osmederma eremita), classée au
niveau national...

48 - À l’école de la biodiversité
Chapitre 4
Chapitre 4
Biodiversité
et territoire
Approche
géographique
Dans ce chapitre, le professeur trouvera des sup-
ports pour aborder la biodiversité sous l’angle
territorial. Il y trouvera des éléments de connais-
sance pour mieux comprendre les rapports entre
biodiversité et aménagement du territoire. Ce
chapitre propose également des outils pratiques
pour lancer un processus de co-construction de
solutions aux problèmes des continuités écolo-
giques en classe avec les élèves et des outils très
pratiques pour mettre en œuvre ces solutions avec
eux.

À l’école de la biodiversité - 49
Biodiversité et territoire

UN TOUR D’HORIZON

fiche info
DEPUIS SON APPARITION SUR TERRE, L’HOMME A AMÉNAGÉ LA NATURE POUR « L’ADAPTER » À SES
BESOINS. IL A DÉFRICHÉ DES FORÊTS, ASSÉCHÉ DES MARAIS POUR Y DÉVELOPPER CULTURES ET ÉLE-
VAGE, CREUSÉ LE SOL POUR EN EXTRAIRE LES MATIÈRES PREMIÈRES, ENDIGUÉ DES COURS D’EAU
POUR EN TIRER DE L’ÉNERGIE OU FACILITER LA NAVIGATION. EN FRANCE, COMME DANS LA PLUPART
DES PAYS OCCIDENTAUX, LA NATURE « PRIMAIRE », ORIGINELLE, N’EXISTE PLUS. PARTOUT, LA NATURE
A ÉTÉ DOMESTIQUÉE, MODIFIÉE. IL RESTE DISSÉMINÉS ÇÀ-ET-LÀ DES ÎLOTS DE NATURE, PARFOIS BÉNÉ-
FICIANT D’UNE PROTECTION RÈGLEMENTAIRE, FORMANT DES RÉSERVOIRS DE BIODIVERSITÉ. ENCORE
FAUT-IL LES RELIER ENTRE EUX AFIN DE LAISSER UNE CHANCE À LA BIODIVERSITÉ DE SE PERPÉTUER.

OCCUPATION DE L’ESPACE AU FIL DES SIÈCLES du territoire en France métropolitaine est passée de 10% à
31%, notamment en moyenne montagne (régression de l’éle-
À l’origine était la forêt vage ovin extensif).
Avant que l’Homme n’apparaisse, la majeure partie du territoire
ouest-européen était occupée, depuis la fin de la dernière IMPACT SUR LA BIODIVERSITÉ
ère glaciaire (– 10 000 ans), par une forêt de chênes et de
Répartition de la biodiversité
hêtres : c’est ce qu’on appelle le climax, c’est-à-dire le système
écologique le plus adapté aux conditions du milieu. La forêt La biodiversité n’est pas répartie de manière homogène
primaire couvrait pratiquement 100% du territoire. sur Terre. Certains espaces et certains milieux accueillent
beaucoup plus d’espèces que d’autres. C’est ce qu’on appelle
Localement se développèrent des milieux marécageux,
des réservoirs de biodiversité.
roselières, tourbières, forêts alluviales… là où l’humidité était
très importante ; des landes, des garrigues ou des forêts de Au niveau mondial, les zones tropicales et équatoriales, les
chênes-lièges quand le milieu était très sec. îles relativement isolées des continents (développement
d’espèces endémiques), les zones d’interface (par exemple
La forêt primaire tempérée n’est pas un milieu très riche en
zones côtières, lisières de forêts), zones humides (marais,
espèces.
lagunes, roselières…), mais également le pourtour méditer-
L’essentiel de la biodiversité se concentre dans les zones ranéen, présentent une plus grande biodiversité.
humides, les zones côtières et les zones méditerranéennes.
En France métropolitaine, cette biodiversité est inégalement
La biodiversité des zones tropicales et équatoriales est
répartie. Outre une richesse initiale plus grande dans cer-
également beaucoup plus importante.
tains secteurs, on constate aujourd’hui les impacts négatifs
Développement de l’agriculture de l’urbanisation et de l’agriculture intensive.

Au début de l’apparition de l’agriculture, l’Homme s’est sou- Un certain nombre d’espaces protégés – réserves et parcs
vent contenté de brûler la forêt pour mettre le sol en culture, naturels, zones de protection (Directives européennes Habi-
changeant régulièrement de place au fur et à mesure que le tats ou Oiseaux), etc. – servent de réservoirs de biodiversité.
sol s’épuisait. À tel point qu’au Moyen-Âge, en France, 75%
de la superficie était dévolue à l’agriculture et seuls 12% de Figure 1 : Un réseau d’espaces protégés dans la
forêts subsistaient. Trame Verte et bleue
Rapidement, de nouveaux agroécosystèmes sont apparus :
bocage, étangs de pêche, prés-vergers…
Entre le XI ème et le XIII ème siècle, on estime qu’en France,
30 à 40 000 hectares ont été défrichés par an !
Sources : 100 chiffres expliqués sur les
espaces protégés - INPN-ONB. 2019

Ère industrielle et urbanisation


Le développement de l’industrie au milieu du XVIIème siècle a
entraîné un exode rural qui s’est poursuivi jusqu’à nos jours.
A titre d’exemple, 62% de la population française vivaient en
milieu urbain en 1960, contre 81% en 2022. Selon le Ministère de la Transition écologique, il existe
Les conséquences sur l’aménagement du territoire et en 2019 en France métropolitaine :
l’occupation des sols ont été très importantes :
• urbanisation croissante autour des grandes villes, • Plus de 27 500 km de voies ferrées,
• développement des infrastructures de transports (voies fer- • 8 500 km de voies navigables,
rées, routes et voies fluviales) qui fragmentent l’espace, • Plus de 1 million de km de routes.
• retour progressif de la forêt (de 1985 à 2020 : la couverture

À l’école de la biodiversité - 51
Biodiversité et territoire

En 2019, 200 710 km² de surfaces terrestres sont protégés


en France, ce qui représente 31.7% du territoire. En ce qui
concerne la surface maritime, 3 400 160 km² sont protégés
(30.9%).

Dérive génétique : survie des populations


Au sein d’un petit groupe d’individus se reproduisant entre
eux, les fréquences alléliques peuvent varier très vite sous
l’effet du hasard en quelques générations. Des allèles peuvent
disparaître sans qu’on puisse le prévoir. Les allèles soumis à
la dérive génétique sont des allèles qui n’apportent ni avan-
tages ni inconvénients aux individus qui les portent. L’effet
de dérive génétique est particulièrement fort dans les effec-
tifs réduits, moins il y a d’individus plus les variations vont
se faire rapidement : c’est l’effet fondateur.
En conséquence, pour protéger la biodiversité, il faut
absolument :
• améliorer la qualité et la quantité des habitats, donc des
réservoirs de biodiversité,
• relier ces réservoirs entre eux afin de permettre les échanges
et le brassage des gènes.
Les Parcs Naturels Régionaux (PNR)
Les PNR sont à l’origine un regroupement de communes
Maillage écologique se constituant en syndicat mixte pour œuvrer ensemble.
Le maillage écologique ou trame verte et bleue consiste à Ils ont été créés en 1967 pour protéger et mettre en valeur
identifier les continuités écologiques – constituées de réser- les richesses naturelles et culturelles d’un territoire. Le
voirs et corridors – pour les préserver (quand elles existent) PNR Scarpe Escaut voit le jour en 1968, et en 2024, on
et les restaurer. comptabilise 58 parcs en France, dont 6 présents dans
le Grand Est !
Les espèces se déplacent en dehors de leur territoire pour
assouvir leurs besoins vitaux : l’alimentation, le reproduc- Les PNR forment un espace naturel protégé où l’urba-
tion, la dispersion et la migration. nisme, les populations d’espèces et la gestion du patri-
moine sont régulés en vue de la préservation de la faune,
Les corridors écologiques assurent la liaison entre milieux de la flore et des paysages.
permettant la migration et la dispersion des espèces.
Ces corridors peuvent exister naturellement (cours d’eau,
haies, alignements d’arbres…) ou doivent être recréés lors- 1 En génétique des populations, les fréquences alléliques représentent
qu’ils ont été détruits. la diversité génétique au niveau de la population ou de l’espèce.
Cette notion de mise en réseau écologique du territoire
est aujourd’hui largement intégrée dans les politiques
modernes d’aménagement du territoire. Les Schémas Régio- Définitions
naux de Cohérence Écologique (SRCE) ont été créés (lors du Réservoir écologique : espace riche en biodiversité, où
Grenelle de l’environnement de 2007 à 2009) afin notamment les espèces peuvent accomplir tout ou partie de leur cycle
de diminuer la fragmentation et la vulnérabilité des habi- biologique (reproduction, refuge, croissance, alimen-
tats et de prendre en compte le déplacement des espèces. tation) et où les habitats naturels peuvent fonctionner.
Cer tains documents d’urbanisme doivent tenir compte Ces zones jouent le rôle de noyaux de recolonisation.
de ces schémas d’aménagement durable du territoire :
c’est le cas notamment des SCoT (Schémas de Cohérence Ter- Corridor écologique : espace naturel ou semi-naturel
ritoriale) et des PLU (Plans Locaux d’Urbanisme), aujourd’hui assurant les connexions entre réservoirs en offrant des
intégrés dans les SRADDET (Schéma Régional d’Aménage- conditions favorables aux déplacements des espèces.
ment, de Développement Durable et d’Égalité des Territoires).
Plus d’information
Les cours d’eau
• Sur la trame verte et bleue :
Ils ne jouent pas seulement un rôle pour les espèces
http://www.trameverteetbleue.fr/
aquatiques, la plupart des oiseaux migrateurs suivent
les cours d’eau et les fleuves pour effectuer leur périple, • Sur l’état de la biodiversité en France aujourd’hui :
qui forment ainsi un corridor de migration. Ils ont donc http://inpn.mnhn.fr/accueil/index
un rôle à la fois de réservoir et de corridor écologique. • Sur le site de la Biodiversité Grand Est :
https://biodiversite.grandest.fr/

Sources
• Les forêts en France - Synthèse des connaissances en 2021 - Ministère de la Transition Écologique et de la Cohésion des
Territoires, (24/03/2022). Disponible sur : https://www.statistiques.developpement-durable.gouv.fr/les-forets-en-france-
synthese-des-connaissances-en-2021
• La trame verte et bleue ; Bilan et perspectives pour l’action territoriale - S. VANPEENE-BRUHIER, Sciences, Eaux et Ter-
ritoires n°14, (octobre 2014). Disponible sur : https://side.developpement-durable.gouv.fr/PACA/doc/SYRACUSE/339915/
la-trame-verte-et-bleue-bilan-et-perspectives-pour-l-action-territoriale?_lg=fr-FR
• Population urbaine en France, Perspective Monde, Université de Sherbrooke, Quebec. Disponible sur : https://perspec-
tive.usherbrooke.ca/bilan/servlet/BMPays/FRA
• Guide méthodologique trame verte et bleue et documents d’urbanisme ; à l’attention des collectivités et décideurs.
Ministère de l’écologie, du Développement durable et de l’Énergie ; (2013), 54 p.
• 100 chiffres expliqués sur les espaces protégés - UMS PatriNat (OFB-CNRS-MNHN), INPN, La biodiversité en France,
(2020) 44 p. Disponible sur : https://inpn.mnhn.fr/actualites/lire/11281/

52 - À l’école de la biodiversité
Biodiversité et territoire

EN DÉBAT !

fiche débat 1
CETTE FICHE VOUS INVITE À OBSERVER QUEL EST L’IMPACT DE L’AMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE SUR
LA BIODIVERSITÉ LOCALE EN IDENTIFIANT LES PRINCIPALES COMPOSANTES DE CETTE BIODIVERSITÉ
(MILIEUX NATURELS, ÉLÉMENTS NATURELS RELIANT LES MILIEUX ENTRE EUX), À ANALYSER QUELLES
PEUVENT ÊTRE LES SOURCES DE MAUVAIS FONCTIONNEMENTS, DE PERTE DE BIODIVERSITÉ ET À
PROPOSER DES MESURES CONCRÈTES POUR Y REMÉDIER.

➊ ÉTAPE 1 : DÉTERMINER LES POINTS FORTS ➌ ÉTAPE 3 : DÉTERMINER LES RUPTURES


(RÉSERVOIRS) DE BIODIVERSITÉ DE CONTINUITÉS ÉCOLOGIQUES
SUR VOTRE TERRITOIRE SUR VOTRE TERRITOIRE
Prenez une carte à l’échelle 1/25 000 (1 cm = 250 m) sur laquelle Notez enfin tous les éléments susceptibles d’empêcher le pas-
se trouve votre lycée. Reportez sur une feuille A2 (42 x 59 cm), sage. En fonction de leur importance, leur impact sera plus
à l’échelle 1/10 000 (1 cm = 100 m) les divers éléments iden- ou moins fort : un barrage, un mur ou un grillage de plus de
tifiés ci-après. 1 mètre empêche pratiquement toute circulation, quel que soit
l’animal. Mais une simple surface de terre nue de quelques
Pour des raisons pratiques (taille de la feuille), nous ne nous mètres rend la circulation entre deux prairies extrêmement
intéresserons qu’à un périmètre de 2 km autour de votre lycée. difficile pour des petits animaux marcheurs ou rampants.
Si vous êtes dans une zone urbaine importante (grande ville, Ces éléments provoquent des ruptures du maillage écologique
de plus de 25 000 habitants, il faudra probablement agrandir de votre paysage : ils sont susceptibles d’isoler des réservoirs
la maille de travail à 5 km et donc, la feuille de travail). de biodiversité entre eux ou avec l’extérieur.
Aux étapes 2 et 3 de l’exercice, il va être indispensable d’al-
ler sur le terrain.
Vous allez identifier et placer sur la carte les éléments natu-
rels constitutifs de votre paysage susceptibles d’abriter la Identifiez d’abord tout ce qui peut l’être sur la carte (papier
plus grande part de la biodiversité sur votre territoire : bois, ou numérique).
prairies, zones humides, friches… Une fois cette étape réalisée, faites une opération de repé-
Si dans un rayon de moins de 5 km, il se trouve un élément natu- rage sur le terrain :
rel de grande importance, telle qu’une forêt, un lac, un marais… 1-Découpez votre territoire (la carte à l’échelle 1/10 000)
de plus de 100 hectares, indiquez-le autour de la carte, dans la en 16 secteurs (mailles de 1 km) :
direction où il se trouve en mentionnant la distance à laquelle • Pour chacune des mailles, photocopiez la carte en agran-
il se trouve (à partir de votre lycée). dissant chaque secteur par 2 (vous l’avez donc à l’échelle
1/5 000 où 1 cm = 50 m).
➋ ÉTAPE 2 : DÉTERMINER LES CORRIDORS 2-Faites 8 groupes de 2 à 4 élèves :
ÉCOLOGIQUES SUR VOTRE TERRITOIRE • Chaque groupe devra parcourir 2 mailles,
Sur les mailles définies (voir ci-contre), notez maintenant tous • Essayez de répartir les mailles de manière homo-
les petits éléments susceptibles d’abriter la biodiversité, de gène entre les groupes : une maille plus centrale,
permettre les déplacements d’espèces ou de relier entre eux une maille plus périphérique.
les éléments naturels principaux, à savoir : bosquets, haies, 3-Chaque groupe doit vérifier et reporter sur la carte (fiche
alignements d’arbres, cours d’eau, mares, bandes enherbées débat 2 recto) :
vieux murs et vieux bâtiments... Ces éléments naturels, consti- • Les éléments de liaison,
tutifs du maillage écologique de votre paysage (et territoire), • Les ruptures de continuités écologiques.
permettent les déplacements entre les réservoirs de biodiver-
sité et les relient avec l’extérieur.
Exemple d’éléments de réservoirs de biodiversité et types de corridors terrestres

À l’école de la biodiversité - 53
Biodiversité et territoire

➍ ÉTAPE 4 : FAIRE LA CARTE DU MAILLAGE ÉCO- Chaque groupe va réaliser les activités successives suivantes :
LOGIQUE
Sur un mur de la classe, chaque groupe va venir poser la maille Maille storming (réflexion)
qu’il a étudiée.
➜ L’objectif est de définir le plus grand nombre d’actions
Distribuez à chaque groupe (ou chaque élève) des badges ani- possibles pour réparer le maillage du territoire : pendant
maux (fiche débat 2) : 10 minutes, chaque groupe propose autant de suggestions
• Chaque groupe doit, avec son animal, essayer de rejoindre d’actions susceptibles de faciliter le remaillage. Il ne doit y
un autre animal de son espèce qui se trouve sur un terri- avoir aucune censure : toutes les suggestions sont notées,
toire adapté à plus de 2 km. sans discussion sur leur faisabilité ou sur leur utilité. Le plus
grand « délire » (dans les idées) est non seulement toléré,
• Quels sont les animaux qui peuvent circuler ? Ceux qui ne le
mais souhaité (attention à garder le contrôle).
peuvent pas ?
• Quels sont les principaux obstacles à la circulation (ceux qui Brake (freins)
bloquent le passage de 2, 3, 4 ou plus d’espèces) ?
➜ L’objectif est de déterminer les freins à l’action. L’animateur
Vous pouvez laisser un peu les élèves en discuter entre eux, lit les propositions faites par le groupe précédent. Pendant
y réfléchir. Demandez-leur de vraiment se mettre « dans la 20 minutes, le groupe doit lister pour chaque action ce qui
peau » de leur animal. peut rendre cette action infaisable ou sans intérêt ou les
difficultés de mise en œuvre. À la fin du temps imparti, le
➎ ÉTAPE 5 : TISSER LE MAILLAGE ÉCOLOGIQUE groupe doit choisir d’éliminer la moitié des actions propo-
Maintenant, nous vous proposons un travail collaboratif : sées sur ces seuls critères. Il peut le faire en votant.
• Faites 4 groupes de 6 à 8 élèves.
Lever (leviers)
• Créez autant d’espaces de réflexion (essayez de les séparer
➜ L’objectif est de déterminer les leviers à l’action. L’anima-
les uns des autres pour faciliter leurs échanges).
teur lit uniquement les propositions retenues par le groupe
• Pour chaque espace, placez une grande feuille de papier, précédent. Pendant 20 minutes, le groupe doit lister pour
des pense-bêtes, des marqueurs. chaque action ce qui peut rendre cette action faisable ou très
• Dans chaque groupe, désignez un animateur d’espace : intéressante, ou ce qui va faciliter sa mise en œuvre. Leur
celui-ci restera tout le temps de l’activité sur le même espace, impact potentiel doit également entrer en ligne de compte :
il ne suivra pas le groupe. Il aura une fonction de secrétaire combien d’espèces sont concernées ? Sont-ce des espèces
de séance (il note ce qui se dit, les choix, les conclusions) potentiellement menacées ? À la fin du temps imparti, le
et de rapporteur (il explique en résumant au groupe suivant groupe doit choisir de ne conserver que 3 actions propo-
ce qui a été fait, dit, choisi et à la fin de l‘activité, fera son sées sur ces seuls critères. Il peut le faire en votant.
rapport à la classe).
• Au début de chaque activité, donnez la fiche « consigne » à
l’animateur de chaque groupe (fiche débat 2 verso).

54 - À l’école de la biodiversité
Biodiversité et territoire

ÉLÉMENTS DE MILIEUX
À REPORTER SUR LA CARTE
Sur votre carte, reportez les items suivants :

LÉGENDE
ÉTAPE 1 Sur une carte à l’échelle 1/25 000
Éléments structurants du paysage naturel
de plus d’un hectare
Forêt, bois et bosquets continus
Prairie pâturée
Prés-vergers
Prairie sèche
Étang (E), lac (L), marais (M) et
ELMT tourbière (T), prairies humides...
Champs (C), vignobles (V)...
CV de plus de 10 hectares

ÉTAPE 2 Sur une carte à l’échelle 1/25 000


Éléments de détail naturel
✽✽✽✽✽ Bosquets, haies continues, petits vergers
●●●●● Alignements d’arbres bas = < 3 m
✶✶✶✶✶ Alignements d’arbres moyens = 3 à 5 m
✹✹✹✹✹ Alignements d’arbres hauts = > 5 m
Cours d’eau, rivière,
fleuve, fossés, mares
–––––– Vieux murs et murets
Granges & vieux bâtiments
(église, château, blockhaus...)

ÉTAPE 3 Les ruptures de continuités écologiques


Barrage (B), voûtement (V)1,
rejets polluants visibles (P)
Surface bétonnée de plus de 20 m de large,
murs ou grillages de plus de 1 m
Surface bétonnée de plus de 5 m de large,
surface de terre nue de plus de 25 m

1 Par voûtement, nous entendons un cours d’eau qui est couvert, pour
passer sous une route ou pour traverser un village ou une ville.

À l’école de la biodiversité - 55
Biodiversité et territoire

➊ Maille storming (réflexion)


10 minutes
« Selon vous, quelles sont les actions susceptibles de « réparer » les ruptures éco-
logiques ? »
Question
> Vous pouvez leur demander de les noter
sur des pense-bêtes jaunes à leur disposition.
• Notez toutes les suggestions, aussi farfelues soient-elles, sans les commenter.
Consignes • Ne laissez pas les autres élèves commencer à discuter de la pertinence ou de la fai-
sabilité des actions.
• À la fin du temps imparti, le groupe passe à l’espace suivant
(dans le sens des aiguilles d’une montre).
Ensuite ? • Restez sur votre espace avec vos notes et pense-bêtes.
• PENDANT TOUTE L’ACTIVITE, IL EST INTERDIT DE FAIRE MARCHE ARRIERE !

➋ Brake (freins)
Objectif Déterminer ce qui empêche les actions proposées d’être mises en œuvre (les freins).

20 minutes
« Selon vous, pour chacune des actions mentionnées (ici sur cet espace, pas à côté,
pas avant !), qu’est-ce qui peut empêcher leur mise en œuvre ? Pourquoi seraient-elles
Question impossibles ou très difficiles ? »
> Vous pouvez leur demander de les noter
sur des pense-bêtes orange à leur disposition.
• Après 15 minutes, distribuez à chaque élève 5 jetons rouges.
Consignes • Demandez à chaque élève de voter CONTRE une ou plusieurs actions en plaçant leurs
jetons sur celles-ci : on peut placer 1 à 5 jetons sur 1 action.
• À la fin du temps imparti, le groupe passe à l’espace suivant (dans le sens des aiguilles
d’une montre).
Ensuite ? • Comptabilisez les votes et supprimez 50% des actions en éliminant celles ayant reçu
le plus de votes négatifs.
• Restez sur votre espace avec vos notes et pense-bêtes.

➌ Lever (Leviers)
20 minutes
« Selon vous, pour les actions retenues (ici sur cet espace, pas à côté, pas avant !), qu’est-ce qui peut
faciliter leur mise en œuvre ? Pourquoi seraient-elles plus faciles à faire ? (par exemple,
elles ne coûtent pas cher, elles sont techniquement faciles, leur impact est très fort, elles
Question aident plus d’espèces… )».
> Vous pouvez leur demander de les noter
sur des pense-bêtes verts à leur disposition.
• Après 15 minutes, distribuez à chaque élève 5 jetons blancs.
Consignes • Demandez à chaque élève de voter POUR une ou plusieurs actions en plaçant leurs
jetons sur celles-ci. On peut placer 1 à 5 jetons sur 1 action.
• À la fin du temps imparti, le groupe passe à l’espace suivant (dans le sens des aiguilles
d’une montre).
Ensuite ? • Comptabilisez les votes et ne gardez que les 3 actions ayant reçu le plus de votes
positifs.
• Restez sur votre espace avec vos notes et pense-bêtes.

➍ Action (à l’action !)
Définir comment mettre en place les actions proposées, en se servant au maximum des
Objectif leviers facilitateurs mentionnés, en proposant un plan d’action.
20 minutes
• Essayez d’orienter votre groupe vers des aspects pratiques, concrets.
Consignes • À la fin de l’activité, vous devez choisir une action par CONSENSUS (tout le monde doit être
d’accord), action que vous présenterez au reste de la classe.

56 - À l’école de la biodiversité
Biodiversité et territoire
Les badges ANIMAUX

fiche débat 2
l’ABEILLE SOLITAIRE le SCARABÉE le MACHAON

la
l’ESCARGOT l’HIRONDELLE CHOUETTE CHEVÊCHE

la CHAUVE-SOURIS la COULEUVRE HELVÉTIQUE le CRAPAUD

l’ÉPINOCHE le HÉRISSON le RENARD

À l’école de la biodiversité - 57
Biodiversité et territoire
Les badges ANIMAUX
Le MACHAON Le SCARABÉE L’ABEILLE SOLITAIRE
Le Machaon se nourrit en butinant le nec- Le scarabée aime tous les milieux mais L’abeille solitaire fabrique seule son nid où
tar des fleurs. Lors de la reproduction, n’aime pas trop être exposé à la lumière. elle dépose ses œufs et un peu de nourri-
les papillons cherchent une plante hôte Il préfère se déplacer en marchant à l’abri ture pour que ses larves se nourrissent.
capable de nourrir les chenilles herbivores, d’un tapis de feuilles. Il ne vole qu’en cas Ces nids sont pour la plupart en pleine
où elles resteront jusqu’au stade nymphal. d’extrême nécessité car cela lui demande terre, sur des sols pauvres en végétation
Certaines espèces de papillons peuvent une dépense d’énergie considérable et en plein soleil.
migrer sur des centaines de kilomètres. (compte-tenu de son poids). Certaines L’abeille solitaire se nourrit de nectar et
Quelques espèces hibernent, en général espèces sont même inaptes au vol. de pollen. Pour butiner, elle parcourt en
dans des lieux frais et obscurs (feuillage Les scarabées passent une bonne partie moyenne 1,5 km (et au maximum 10 à 12
du lierre, trou, grenier...). de leur vie à l’abri dans une souche, dans km), en général entre 10 et 30 m du sol.
Le papillon peut voler à une vitesse de près un trou du sol. Leurs larves vivent souvent Son vol peut être contrarié par les tur-
de 50 km/h, mais il peut être contrarié par dans le bois mort, dans le terreau riche en bulences de l’air formées au-dessus d’une
les turbulences de l’air formées au-des- matière organique ou dans le sol au niveau route surchauffée par le soleil. De même,
sus d’une route surchauffée par le soleil. des racines des plantes selon leur régime les cultures et jardins remplis de pesticides
De même, les cultures et jardins remplis alimentaire. représentent un obstacle mortel pour elle.
de pesticides représentent un obstacle
mortel pour lui.

La CHOUETTE CHEVÊCHE L’HIRONDELLE L’ESCARGOT


La Chouette chevêche raffole de milieux L’hirondelle s’est beaucoup adaptée à L’escargot aime pratiquement tous les
présentant à la fois des cavités pour la l’Homme. Elle apprécie en particulier milieux : bois, haies, friches, prairies...
nidification, des perchoirs pour chasser à les milieux avec des bâtiments ouverts Il se déplace très lentement, de préfé-
l’affût et des herbages où se développent (granges, étables par exemple) et la proxi- rence par temps humide, sur un territoire
leurs proies. mité de zones de chasse (pâturages, prai- de quelques mètres carrés.
La Chouette chevêche est sédentaire, vivant ries, bocages, marais, étangs, cours d’eau,
parcs et jardins). Il hiberne en se rétractant dans sa coquille
sur un territoire de quelques hectares. Son qu’il obture et en s’enfonçant dans le sol ou
mode de vie est essentiellement crépus- Les hirondelles peuvent voler à 60 km/h. sous un tas de feuilles.
culaire. Les jeunes quittent le territoire Elles effectuent une migration hivernale
parental en automne, pour s’installer en Des zones très sèches peuvent être de
vers l’Afrique de plus de 10 000 km pour véritables obstacles aux déplacements
général à moins de 10 km. trouver de quoi se nourrir ! de l’escargot.
Jeunes et adultes sont souvent victimes de
collision avec les voitures. Enfin, la chouette
évite les zones de pollutions lumineuse
et sonore.

Le CRAPAUD La COULEUVRE HELVÉTIQUE La CHAUVE-SOURIS


Chaque printemps, le crapaud quitte ses La Couleuvre helvétique a une préférence La chauve-souris apprécie les espaces
quartiers d’hiver (milieu frais et boisé) pour les milieux aquatiques (étangs, cours ouverts parsemés d’arbres avec un point
pour rejoindre un point d’eau (lac, étang, d’eau), mais ne dédaigne pas les coteaux d’eau à proximité. Elle hiberne dans un
mare, bras mort, carrière, marais, voire pierreux, les bosquets, les murets de endroit sombre et frais pendant tout l’hiver.
cours d’eau lent) où il cherche à se repro- pierres sèches, voire le bac à compost. Les chauves-souris sont assez sédentaires,
duire. Il peut parcourir des distances de La couleuvre se déplace en rampant, par- ne s’éloignant pas en général à plus de
500 à 1 000 m. Cette migration se fait de fois sur plus d’un kilomètre. 2 km de leur gîte. Elles peuvent s’éloigner
manière groupée. À l’automne, les cra- davantage pour rejoindre un gîte d’hiver
pauds reviennent vers les sites d’hivernage. Routes et chemins représentent pour les
couleuvres des obstacles extrêmement (18 à 20 km).
Les jeunes nouvellement métamorphosés
se déplacent vers des habitats terrestres. dangereux à franchir. Des dénivelés impor- Nocturne, la chauve-souris vole en géné-
tants (par exemple un barrage) sont éga- ral à une vitesse de 20 à 70 km/h entre
Routes et chemins représentent pour les lement infranchissables. 2 et 10 m d’altitude.
crapauds en migration des obstacles extrê-
mement dangereux à franchir. Des dénive- Pollutions sonore et visuelle peuvent
lés importants (par exemple des berges) être de véritables freins aux déplacements
sont aussi infranchissables. des chauves-souris.

Le RENARD Le HÉRISSON L’ÉPINOCHE


Le renard occupe quasiment tous les Le hérisson privilégie les lisières de forêts L’épinoche apprécie les eaux peu profondes
types de milieux, sur un territoire de et les terres cultivées. Il recherche absolu- des lacs ou des rivières où une végétation
2 à 3 km2. ment la présence d’arbres à feuilles cadu- aquatique est présente.
Le renard est plutôt nocturne. Il se déplace ques. Ses déplacements peuvent être limités par
en trottant et peut parcourir jusqu’à 5 ou Essentiellement crépusculaire, le héris- des barrages et seuils1, mais également
6 km. Les jeunes renards en se dispersant, son peut se déplacer sur 2 ou 3 km à la par la pollution, notamment par l’ammo-
peuvent s’éloigner de plusieurs dizaines recherche de nourriture, qu’il trouvera niaque2 .
de kilomètres du lieu de leur naissance. dans les haies, en bordure de chemin ou
Seuls les gros obstacles peuvent l’arrê- dans les jardins.
1 Un seuil est un ouvrage artificiel qui réduit
ter : autoroute, lacs et fleuves. Routes, chemins et clôtures représentent
pour le hérisson des obstacles extrême- une portion d’un cours d’eau, ce qui se tra-
ment dangereux à franchir, d’autant plus duit par une zone peu profonde, présentant
qu’il a besoin de parcourir un grand ter- un courant assez rapide.
ritoire.
2 L’ammoniaque est un produit de décompo-
sition de la matière organique courant dans
les rejets de stations d’épuration ou d’éle-
vage.

58 - À l’école de la biodiversité
Biodiversité et territoire

EN ACTION : MAILLONS !

fiche action
FAISANT DIRECTEMENT SUITE À L’ACTIVITÉ DE DÉBAT, CETTE FICHE VOUS INVITE À METTRE EN ŒUVRE
UN CERTAIN NOMBRE D’ACTIONS CONCRÈTES DE MAILLAGE ÉCOLOGIQUE VISANT À AMÉLIORER LA
BIODIVERSITÉ LOCALE EN RÉTABLISSANT LES CONTINUITÉS ÉCOLOGIQUES.

➏ ÉTAPE 6
Conclusions et mise en place
Poursuivez l’activité de débat proposée dans la fiche précédente
en donnant à chaque groupe la consigne 4 (fiche débat 2 verso). Après 20 minutes, chaque groupe présente son plan d’actions.
La classe peut discuter des avantages des uns et des autres.
À l’action !
Pour mettre en place ces actions, il faudra :
➜ L’objectif est de définir comment mettre en place les actions
proposées, en se servant au maximum des leviers facilita- ➜ Contacter la commune et convaincre les élus de l’intérêt
teurs mentionnés, en proposant un plan d’action. L’anima- de la démarche.
teur lit les 3 propositions qui ont été retenues par le groupe ➜ Contacter éventuellement des associations naturalistes
précédent : il n’est pas possible de revenir en arrière. Pen- locales qui peuvent vous donner un coup de main dans la
dant 20 minutes, pour chacune des actions, le groupe doit mise en œuvre des actions.
chercher à proposer comment il serait possible de la mettre
➜ Vous devez également consulter le Schéma Régional d’Amé-
en œuvre (voir encadré ci-dessous), ce qui faciliterait sa
nagement, de Déceloppement Durable et d’Égalité des Ter-
mise en œuvre : Qui doit être contacté ? Qui fait quoi ? Quels
ritoires (SRADDET), le Schéma de Cohérence Territoriale
moyens ? Quel calendrier ? Quelles sont les difficultés que
(SCoT) et le Plan Local d’Urbanisme (PLU), pour voir com-
l’on peut rencontrer ? Comment les surmonter ? À la fin du
ment ils ont pris en compte les continuités écologiques du
temps imparti, le groupe doit choisir une action (par consen-
territoire et vérifier que vos actions prévues sont conformes
sus) qu’il présentera à l’ensemble de la classe.
à ces plans d’aménagement du territoire.

Procédure
Accompagner les élèves dans leurs actions pour vérifier la légalité des projets : autorisation écrite du propriétaire, connais-
sance des travaux engagés, distance de plantation près d’un terrain,... Certains milieux sont protégés, comme la plupart
des zones humides. Il faut tout d’abord se renseigner avant d’effectuer une quelconque action sur un milieu.

Se renseigner auprès de la Région pour connaître les associations proches, comme par exemple la plateforme pour la
biodiversité du Grand Est : https://biodiversite.grandest.fr/. Une association saura répondre à vos questions et vous gui-
der au mieux dans des travaux importants.

ATTENTION : Ces fiches actions sont des introductions et ne sauraient contenir les connaissances nécessaires pour vos
travaux : avant de vous lancer, faites des recherches et renseignez-vous auprès d’associations, de la mairie... pour vous
accompagner dans vos démarches.

À l’école de la biodiversité - 59
Biodiversité et territoire

CRÉER UNE BANDE ENHERBÉE


CRÉER (OU LAISSER POUSSER) UNE BANDE D’HERBE NON TONDUE DE QUELQUES MÈTRES DE LARGE
PERMET LE DÉVELOPPEMENT DE TRÈS NOMBREUSES ESPÈCES VÉGÉTALES ET FAVORISE LE PAS-
SAGE DE PRATIQUEMENT TOUTES LES ESPÈCES TERRESTRES ! ELLE REPRÉSENTE ÉGALEMENT UN
POTENTIEL GARDE-MANGER TRÈS APPRÉCIÉ.

Etape 1 : Préparer le terrain riode de floraison possible !


La première étape va nécessiter un peu de temps et beaucoup Pensez à une bande enherbée multifonction : à la fois un
d’observation ! Le but est de délimiter un territoire en déficit garde-manger mais aussi une nurserie pour les larves des
de biodiversité. Pour cela, il faudra vous armer d’un carnet et papillons, laissez quelques pierres pour offrir un habitat aux
d’un crayon pour noter vos observations, et peut-être de la carabes, ...
fiche « Spipoll » du chapitre 2 ! Profitez du printemps
et de l’été pour vérifier :
• l’ensoleillement (mieux vaut une parcelle bien exposée !),
Etape 3 : Semer à tout vent ... mais pas partout !
Au printemps, laissez pousser les graines présentes dans le
• la taille disponible : l’espace doit être assez long et large sol ou semez des mélanges de graines sauvages locales « à
pour permettre quelques variétés ! Une bande de 3 à 10 m la volée » en veillant à bien répartir les graines sur tout votre
de large sur 25 m de long paraît être le minimum. Cher- carré. À l’aide du râteau, recouvrez les graines d’une mince
chez l’endroit propice dans votre lycée (bordure de terrain, pellicule de terre. Avec le plat du râteau, tapotez la surface de
le long d’un mur ou d’un grillage...) ou à l’extérieur si vous la terre pour la tasser légèrement, puis arrosez.
n’en avez pas la possibilité (bordure de champs, d’un cours
d’eau,...), Avec le réchauffement de la terre, vous verrez apparaître le
résultat en quelques semaines !
• les espèces présentes,
Laissez quelques espaces avec de la terre battue pour les
• l’accord du propriétaire de la zone et la pérennité de votre abeilles ou guêpes solitaires, des petits fagots de bois, bref,
projet : ce serait dommage de voir votre bande tondue dans multipliez les habitats.
quelques mois.
Bêchez la terre et cassez bien les mottes ; s’il y avait de l’herbe
Etape 4 : Et après ?
ou des plantes cultivées, ôtez soigneusement toutes les racines. L’entretien de votre parterre de fleurs sauvages est des
Ratissez pour obtenir une terre fine. plus simples : laissez les fleurs se transformer en graines ;
elles tomberont toutes seules au sol. À l’automne pro-
chain, vous pourrez enlever les plantes défleuries en les
fauchant ou en les coupant au sécateur, direction le com-
Etape 2 : Récolter les graines post ! En expor tant les produits de fauche, vous évitez
A l’automne, rendez-vous en forêt ou en bord de chemins pour d’enrichir le milieu et favorisez ainsi sa diversification (plantes
récolter quelques graines sauvages en prenant garde à sé- pionnières, plantes de sols pauvres...). Vous gratterez la terre
lectionner des espèces locales ! Ainsi, vous serez certains de avec un râteau ; les graines pénètreront
l’origine de vos plantes. A défaut, vous pouvez avoir recours mieux dans le sol... et repousseront au
à des semences de fleurs sauvages locales. Mais rappe- printemps prochain.
lez-vous : jamais au grand jamais de plantes ornementales !
Et vérifiez toujours la provenance de vos graines... N’hésitez pas non plus à informer de votre
démarche en laissant quelques notes
Pensez également à la durabilité de votre bande enherbée : explicatives !
prenez des graines diversifiées pour avoir la plus grande pé-

Espèce Dénomination latine période de Pour qui ?


floraison

Bourrache officinale Borago officinalis mai à Bourdons, abeilles mellifères et solitaires


septembre
Orlaya à grandes Orlaya grandiflora mai à août Papillons, abeilles, mouches, bourdons...
fleurs

Coquelicot Papaver rhoeas juin à Abeilles, bourdons


octobre

juin à Plantes hôtes pour beaucoup de papillons (de jour et


Ortie Urtica sp. septembre de nuit), pucerons et donc coccinelles et cantharides,
punaises, charançons, ...

Phacélie Phacelia sp. mai à Carabes


septembre
Chèvrefeuille Lonicera sp. juin à août Abeilles, insectes pollinisateurs
fin sep- Syrphes, araignées, coccinelles, chrysopes, hémé-
Lierre terrestre Glechoma hederacea tembre à robes, cétoines, papillons, guêpes, punaises...
novembre
avril à Abeilles, papillons, mouches
Pissenlit Taraxacum officinale juillet
avril à Abeilles, papillons, mouches
Bouton d’or Ranunculus acris octobre
juin à Guêpes, abeilles solitaires, syrphes, leptures....
Carotte sauvage Daucus carota septembre
avril à Abeilles, papillons, mouches
Plantain Plantago sp. octobre

60 - À l’école de la biodiversité
Biodiversité et territoire
Haie

PLANTER UNE HAIE


ÉCOSYSTÈME À PART ENTIÈRE, LA HAIE EST INDÉNIABLEMENT UN ÉLÉMENT MAJEUR POUR FAVO-
RISER LA BIODIVERSITÉ. MAIS CE N’EST PAS TOUT ! LA HAIE STRUCTURE LE PAYSAGE, RALENTIT
LE VENT, PROTÈGE DES INTEMPÉRIES, PRODUIT DU BOIS, DES FRUITS, RÉGULE LE CYCLE DE L’EAU,
FILTRE LA POLLUTION DE L’AIR, AMÉLIORE LA STRUCTURATION DU SOL... ET C’EST UN ÉLÉMENT
INCONTOURNABLE DU MAILLAGE ÉCOLOGIQUE. LES ANIMAUX LA LONGENT POUR TROUVER LEUR
NOURRITURE, RESTER À L’ABRI DES PRÉDATEURS, SE REPRODUIRE OU ENCORE POUR TROUVER UN
NOUVEAU TERRITOIRE.
Vous devrez ensuite décider si vous souhaitez créer :
QUEL TYPE DE HAIE ?
Il y a haie... et haie ! • Une haie brise-vent : elle sera haute, homogène, composée
d’arbres de haut jet. Uniquement sur un très grand terrain.
Votre première préoccupation est de trouver où planter. Les
haies, lorsqu’elles sont champêtres et en bonne santé écolo- • Une haie champêtre : composée d’arbustes, elle ne sera
gique, recèlent une diversité d’espèces animales et végétales pas très haute (6 ou 8 mètres maximum). Elle ne sera tail-
devenues rares dans les paysages. Elles sont souvent mor- lée qu’au bout de 6 à 10 ans.
celées, voire absentes, et perdent donc en efficacité. À vous • Une haie fleurie taillée : elle sera basse pour être taillée
d’analyser le paysage ! tous les ans ou tous les deux ans. Les arbres seront plutôt
Si vous plantez une haie au sein de votre lycée, vous pouvez des variétés fleuries. C’est la seule haie adaptée à un ter-
en profiter pour rendre accessible votre haie aux petits mam- rain de petite taille.
mifères : un trou au bas d’un mur ou d’un grillage peut facili- La longueur n’a pas beaucoup d’importance. Votre haie peut
ter le passage d’un hérisson, et lui éviter d’être pris au piège ! ne mesurer que 10 mètres ! Elle n’en sera pas moins belle et
Vous pouvez : moins utile...
• étoffer une haie existante qui manquerait de biodiversité : une
seule espèce présente, pas d’espèce herbacée,... QUELS ARBRES CHOISIR ?
• relier deux espaces, Priorité aux variétés autochtones (voir tableau
• protéger un territoire des conditions climatiques, ci-dessous), elles seront mieux adaptées. En
plus de favoriser le passage de la faune, elles
• favoriser la biodiversité sur un lieu donné.
fourniront gîte et couvert à de nom-
Attention ! Vérifiez avant tout la réglementation de votre futur breuses espèces : insectes, oiseaux,
lieu de plantation : pas trop près des murs, quelle hauteur petits mammifères...
sur ce territoire, longévité de votre plantation sur ce terrain...
Autrement dit, exit les variétés exo-
Prenez également en compte l’entretien de votre haie-: qui
tiques de la jardinerie, adieu les thuyas !
s’occupera de la tailler ?
Espèce Dénomination latine Taille Intérêts
Très mellifère, baies pour les oiseaux, esthétique,
Aubépine épineuse Crataegus laevigata 4-10 m variété patrimoniale, favorise la nidification, plante-
hôte pour les papillons

Charme commun Carpinus betulus 25 m Robuste, facile à tailler, augmente la qualité de l’hu-
mus ; son feuillage procure des abris en hiver
Cornouiller sanguin Cornus sanguinea 2-5 m Esthétique, baies pour les oiseaux
Églantier Rosa spinosa 2-3 m Ornemental, médicinal, baies pour la faune

Prunellier Prunus spinosa 2-6 m Baies pour les oiseaux, favorise la nidification, intérêts
alimentaires
Erable champêtre Acer campestre 10-15 m Mellifère, ornemental, intérêts pour les insectes

Fusain d’Europe Euonymus europaeus 2-6 m Ornemental, intérêts pour les insectes, baies pour les
oiseaux, favorise la nidification, toxique pour l’homme
Genévrier commun Juniperus communis 4-10 m Baies pour les oiseaux

Houx commun Ilex aquifolium 4-6 m Persistant, ornemental, avifaune, favorise la nidification,
légère toxicité pour l’homme

Néflier commun Mespilus germanica 2-4 m Ornemental, alimentaire pour les insectes et oiseaux,
médicinal

Noisetier commun Corylus avellana 3- 8 m Ornemental, alimentaire, médicinal, insectes auxi-


liaires, avifaune, mellifère, floraison hivernale
Saule blanc Salix alba variable Mellifère, floraison précoce, cavités, refuge
Sorbier des oiseaux Sorbus aucuparia 10-15 m Ornemental, insectes auxiliaires, avifaune, mellifère
Ornemental, alimentaire, médicinal, insectes auxi-
Sureau noir Sambucus nigra 2-10 m liaires, avifaune, mellifère, favorise la nidification,
légère toxicité des baies crues pour l’Homme

Viorne lantane Viburnum lantana 4-5 m Ornemental, avifaune, légèrement toxique pour
l’Homme

À l’école de la biodiversité - 61
Biodiversité et territoire
Haie

SCHÉMA DE PLANTATION
Mesurez la longueur de votre future haie. Là, décidez si vous souhaitez planter une ou deux lignes d’arbustes.
➜ Sur une même ligne, vous planterez les arbustes tous les 50 à 80 cm pour une haie taillée, et de 80 cm à 1 m pour une
haie champêtre.

  Plantation sur 1 ligne  

Haie taillée : 50 cm à 80 cm entre chaque plant


Haie champêtre : 80 cm à 1 m entre chaque plant
➜ Si vous plantez en deux lignes, vous placerez les arbustes en quinconce. Les deux lignes seront distantes de 50 cm
à 1 m.

Entre 50 cm et 1 m
  Plantation sur 2 lignes   entre chaque ligne

Environ 1 m entre chaque plant


COMPOSER VOTRE HAIE
Composer sa haie est tout un art. En effet, vous pouvez jouer
avec les couleurs, les périodes de floraison, les tailles des
arbustes, leur caractère caduc ou persistant... Faites-vous aider
par un professionnel ou par l’agent qui gère les espaces verts ! À vos pelles !
OÙ SE LES PROCURER ?
Sans hésitation, chez un professionnel. Tous aujourd’hui
délivrent des plants de variétés sauvages. En passant votre
commande suffisamment à l’avance, ils sauront vous fournir.
Autre solution : la transplantation. Repérez près de chez vous
un terrain qui a été laissé « en friche » depuis quelques années
et qui va être prochainement fauché, débroussaillé ou mis en
pâture. Prélevez-y de jeunes plants d’arbres ou d’arbustes (de
moins de 1,5 m). Pour ce faire, creusez largement autour du
jeune plant. Sa couronne racinaire fait la même circonférence
que son houppier. Gros avantage : cela ne coûte rien... qu’un
peu d’huile de coude !

PLANTER DES JEUNES PLANTS


Dans l’idéal, on plante des sujets de 2 ou 3 ans. La plantation est
bien plus aisée, la reprise plus facile, la repousse plus vigou-
reuse et le coût moins élevé. Pour cela, creusez des trous de
plantation d’environ 20 cm de profondeur et de largeur.

BIEN PRÉPARER LA TERRE


Travaillez la terre en profondeur, sans bouleverser les couches.
Utilisez une grelinette, pour ne pas ne pas porter atteinte à la
faune du sol, et enrichissez la terre au besoin.

QUAND PLANTER POUR NE PAS SE PLANTER ?


Toute plantation se fait depuis la fin novembre jusqu’à mars. La
meilleure période est sans conteste la fin de l’automne quand
les feuilles sont tombées. Une seule précaution : on ne plante
pas en plein hiver lorsqu’il gèle. Pensez à préparer vos plan-
tations, en faisant un bain de pralin par exemple.

PAILLEZ !
Une fois la plantation terminée, vous couvrirez le pied de la haie
avec un paillage naturel : d’ailleurs, la paille convient parfaite-
ment ! Cela permettra de conserver l’humidité sur vos plants
et d’éviter la repousse de l’herbe au pied.
Pendant la première année, arrosez très régulièrement vos
plants !

RESSOURCES UTILES
• Liste des espèces recommandées pour la plantation de
haies: https://biodiversite.grandest.fr/nos-actualites/
liste-des-especes-recommandees-pour-la-plantation-
de-haies/
• Site «Végétal local» : https://www.vegetal-local.fr/

62 - À l’école de la biodiversité
Biodiversité et territoire
Milieux
aquatiques

TÊTE LA PREMIÈRE DANS LA MARE !


LA MARE EST UN MILIEU EXTRÊMEMENT FRAGILE ET SOUMIS À DES CONDITIONS DIFFICILES. COMME
TOUT MILIEU « OUVERT », IL EST DESTINÉ À DEVENIR FORÊT ET DONC À SE « FERMER » : C’EST CE
QU’ON APPELLE LE CLIMAX. MAIS SI CETTE DISPARITION EST NATURELLE, POURQUOI L’EMPÊCHER ?
ET BIEN, CAR LE PHÉNOMÈNE DE CRÉATION D’UNE MARE EST ENTRAVÉ PAR L’ASSÈCHEMENT DU SOL,
L’AUGMENTATION DES INFRASTRUCTURES HUMAINES, ETC. DE CE FAIT, PEU DE MARES SE CRÉENT
POUR REMPLACER CELLES DISPARUES. C’EST POURQUOI IL EST SI IMPORTANT DE PRENDRE SOIN
DE CELLES EXISTANTES !

RÉALISEZ UN DIAGNOSTIC Dans la mare


Avant de commencer les travaux, il est essentiel de connaître • Inventaire des petites bêtes volantes
l’état de la mare afin de cibler vos actions. En observant attenti-
Vérifiez la présence des prédateurs : libellules, oiseaux,..
vement, vous pourrez récolter une quantité d’informations utiles.
Pour cela, l’observation sera votre meilleur atout ! qui empêcheront la surpopulation d’autres espèces.
Voici quelques pistes... • Inventaire des espèces aquatiques
Munissez-vous d’un guide et notez tout ce que vous pouvez voir.
Attention, les cycles de vie des espèces aquatiques sont com-
Aux abords de la mare
plexes et entraînent parfois des transformations étonnantes !
• L’intégration de la mare dans son milieu
Si votre mare est en bonne santé, vous devriez compter au
Une mare en bonne santé est un refuge pour de nombreuses moins une dizaine d’espèces différentes. Essayez d’en repé-
espèces, terrestres comme aquatiques. Pour cela, il faut que rer un maximum sans les déranger. Pour les espèces des eaux
les échanges soient fluides. plus profondes, munissez-vous d’une épuisette, d’une barquette
Vous pouvez vérifier si la mare est intégrée dans son environ- d’observation et d’une boîte-loupe : remplissez la barquette
nement : est-ce qu’elle est en lien direct avec des végétaux, la d’eau de la mare et prélevez avec délicatesse quelques espèces.
forêt, une haie ? Est-elle à proximité d’infrastructures, entou- Le tout doit se faire dans les meilleures conditions : même tem-
rée de pelouse rase ? La connexion avec d’autres milieux et la pérature de l’eau, pas de manipulation à mains nues de la faune
mobilité des espèces peut-elle se faire sans heurt ? Les abords et celle-ci doit être remise dans son environnement le plus rapi-
de la mare sont-ils abruptes ou en pente douce ?
dement possible. Attention, les prélèvements sont interdits !
• Inventaire des végétaux
• Le ciel au-dessus de la mare
Ne vous contentez pas d’identifier les espèces que vous trou-
Une mare qui possède encore une vue dégagée sur le ciel n’est verez : réalisez un plan actuel de votre mare, quelles parties
pas encore en train de se faire « absorber » par son milieu. sont recouvertes de végétaux, y-a t-il encore de l’eau claire
C’est plutôt bon signe ! Cela signifie également qu’il y a moins sans végétaux ? Des arbres en train de pousser aux abords
de chances que les débris de végétaux (feuilles et branches) de la mare ?
tombent et envasent votre mare.
• La profondeur de la mare
Idéalement, la mare fait plus d’1 m de profondeur en son centre.
INFOS PRATIQUES :
• Programme régional d’actions mares : http://w w w.
pram-grandest.fr/

Une mare en héritage


➜ Demandez à vos élèves de mettre sur papier le maxi-
mum d’informations sur votre mare, notamment le
schéma de la situation actuelle et vos observations.
Vous pourrez ensuite le transmettre aux élèves qui
prendront la suite et feront perdurer l’avenir de ce
milieu !

À l’école de la biodiversité - 63
Biodiversité et territoire
Milieux
aquatiques

DES ACTIONS SELON LES SAISONS


Afin de préserver la mare, de nombreuses actions sont à mener. Prenez soin de vous munir de bons outils et faites tout votre possible
afin de préserver la biodiversité présente. Veillez à laisser les végétaux coupés ou prélevés sur la berge quelques jours, afin que la
faune puisse rejoindre son milieu.
De même, espacez vos interventions : on ne le répètera jamais assez mais la mare est un milieu fragile qui doit être modifié en
douceur ! Mieux vaut réaliser plusieurs interventions sur quelques semaines qu’une journée de chantier qui provoquerait des dégâts
irrémédiables.

Printemps Été
Le moment parfait pour observer, les oiseaux, les En période de fortes chaleurs, vous pouvez :
insectes ! - Réaliser un léger râtelage pour les petites mares pour
Évitez les travaux à cette époque où la mare est occupée éviter la propagation des algues,
à se renouveler. Vous pouvez toutefois nettoyer les - Enlever les plantes exotiques,
berges des détritus humains. Profitez-en pour dresser un - Mesurer la mare à son plus bas niveau.
inventaire !

Automne Hiver
En avant pour les grands travaux ! Attendez cette Même s’il fait désormais plus frais, vous pouvez continuer
saison pour déranger le moins possible les espèces qui les travaux de cet automne. Vous pouvez également élager
arrivent alors en fin de cycle de vie. les arbres et mesurer la mare à son plus haut niveau pour
Désormais, vous pouvez également : le consigner dans votre journal de bord !
- Enlever le surplus des plantes en pleine eau,
- Écrémer les lentilles d’eau,
- Faucher les roseaux et enlever la végétation en
abondance,
- Enlever les saules,
- Curer la vase.

QUELQUES PLANTES...
Il n’y a pas de plantes envahissantes, mais uniquement des
plantes en surpopulation ! Si certaines prennent trop d’espace,
vous pouvez en prélever une partie, et cherchez bien sûr la
cause de ce déséquilibre (luminosité, chaleur,...).

Espèce Dénomination latine Présence Rôle dans le milieu


Filtre naturel pour l’eau de la mare : absorbe le
Roseau commun Phragmites australis Berge nitrate et les matières polluantes. Habitat propice
pour de nombreuses espèces, dont les oiseaux.
Plante mellifère, refuge pour les petits crustacés et
Menthe aquatique Mentha aquatica Berge batraciens.
Filtre naturel pour l’eau de la mare, habitat pour de
Jonc épars Juncus effusus Berge nombreuses espèces.

Cornifle immergé Ceratophyllum de- Pleine eau Sert de nurserie aux espèces ; permet d’oxygéner la
mersum mare.
Lentille d’eau Lemna minor Surface Permet l’oxygénation et la purification de la mare.
Nénuphar jaune Nuphar lutea Pleine eau Sa présence signifie une bonne santé de la mare.
Sert d’habitat à des espèces très particulières. Ce
Saule Salix sp. Berge sont aussi les premiers arbres à recouvrir la mare
dans le phénomène d’atterrissement.
Plante carnivore, permet la régulation des espèces.
Utriculaire Utricularia sp. Pleine eau Les rhizomes immergés servent d’habitat aux crus-
tacés.
Iris des marais Iris pseudacorus Berge Filtre naturel, possède un fort pouvoir dépolluant.

64 - À l’école de la biodiversité
Chapitre 5
Chapitre 5
Biodiversité et
changement climatique
Approche
Transition écologique
Dans ce chapitre, le professeur trouvera des
supports pour aborder la biodiversité sous
l’angle de la transition écologique. Il y trouve-
ra les éléments de connaissance pour mieux
comprendre la problématique du changement
climatique et son impact actuel et futur sur la
biodiversité. Il propose de lancer le débat en
classe avec ses élèves de manière ludique grâce à
un jeu de Time’s up sur ce thème. Ce chapitre pro-
pose enfin des outils pratiques pour calculer les
émissions de gaz à effet de serre de la vie quoti-
dienne.

À l’école de la biodiversité - 65
Biodiversité et changement climatique

DU DÉVELOPPEMENT DURABLE
À LA TRANSITION ÉCOLOGIQUE

fiche info 1
L’IMPACT DE L’HOMME SUR L’ENVIRONNEMENT S’EST CONSIDÉRABLEMENT ACCRÛ DEPUIS LE XIXÈME
SIÈCLE, AVEC NOTAMMENT L’INDUSTRIALISATION DE NOS SOCIÉTÉS. C’EST À CETTE ÉPOQUE QUE
CE CONSTAT APPARAÎT. MAIS IL FAUDRA UN CERTAIN TEMPS AVANT QUE NE SE METTENT EN PLACE
DES ACTIONS CONCRÈTES.

UN JOUR NAQUIT LE DÉVELOPPEMENT DURABLE conscience et l’intégration de cette dimension environnemen-


tale dans les politiques publiques.
C’est quoi ? Ces mouvements résultent pour la plupart de constatations de
Le développement durable est une notion définie pour la pre- baisse de biodiversité, d’une catastrophe écologique ou se sont
mière fois dans le rapport Bruntland, en 1987 seulement. créés en réaction à une une action jugée néfaste.

« Le développement durable est un mode de développement qui répond Dans un second temps, une prise en charge
aux besoins des générations présentes sans compromettre la capacité par les politiques publiques
des générations futures de répondre aux leurs. »
Cet engagement arrive progressivement vers le milieu du
XXème siècle, avec, notamment en France, la création du pre-
Souvent représentée par la rencontre des trois piliers : écono- mier Ministère de la protection de la nature et de l’environne-
mique, écologique et social, cette notion a pris de l’importance ment, en 1971.
quand les découvertes scientifiques ont commencé à démon- Pourtant, les défenseurs de cette notion vont se heurter à un
trer la corrélation entre nos activités humaines et les consé- problème de taille : le manque de transversalité des actions.
quences sur la couche d’ozone, le réchauffement climatique, En effet, le développement durable touche tous les domaines-:
ainsi que les différentes catastrophes naturelles se succédant. l’agriculture, l’industrie, l’économie... et pour obtenir des résul-
tats probants, c’est une refonte complète du système qu’il fau-
drait mettre en place.
Dans un premier temps : une prise de conscience citoyenne
C’est tout d’abord une minorité qui commence à dénoncer les
Progressivement, les moyens financiers affectés à la sauve-
conséquences sur l’environnement : altermondialistes, écolo-
garde de la biodiversité vont augmenter à mesure de la demande
gistes,... Ces courants de pensée se matérialisent par la créa-
citoyenne. L’effort financier national (pour l’ensemble de l’État,
tion d’associations (Greenpeace, Ligue pour la Protection des
des collectivités et des entreprises) est passé de 1.9 milliards
Oiseaux, World Wildlife Fund...) ou de structures (Union Inter-
d’euros en 2009 à 2.6 milliards d’euros en 2020 (OFB.2023).
nationale pour la Conservation de la Nature, Organisation des
Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture...) qui
pour la plupart demandent aux gouvernements une prise de
DU DÉVELOPPEMENT DURABLE À LA
TRANSITION ÉCOLOGIQUE
Structure Raisons de la création
La notion de développement durable paraît aujourd’hui presque
Lutte pour la préservation des
LPO (1912) obsolète dans nos politiques. Jugée trop floue, elle a fait place
Macareux moines
progressivement à la notion de « transition écologique ». Ce
Constatation des dégradations changement est également apparu dans la dénomination du
sur l’environnement et la faune Ministère passé du Développement durable et de l’Energie au
WWF (1961) par la chasse en Afrique de Ministère de l’Environnement, de l’Energie et de la Mer en 2016,
l’Est puis au Ministère de la Transition écologique et solidaire en 2017.
Fonds international Lutte contre la chasse commer- Le développement durable renvoie davantage à une durabilité
pour la protection ciale du phoque du Groënland faible : il faut trouver des solutions pour concilier l’environne-
des animaux (1969) et du phoque à capuchon ment et le social avec notre modèle économique (à savoir une
croissance toujours en hausse).
Opposition aux essais nu-
Green Peace (1971) Or, la dimension économique est un domaine bien trop impor-
cléaires menés en Alaska
tant qui ne s’équilibre pas pour le moment avec ces deux pre-
Association pour mières notions. Cette inégalité entraîne donc des résultats
« Union des victimes de la
la protection des peu probants, puisque l’un des trois piliers est toujours favo-
chasse et de ses nuisances » à
animaux sauvages risé par rapport aux autres.
l’origine
(1980) La notion de transition écologique renvoie davantage à la modi-
Fondation pour la Souhait de proposer et fication de nos comportements pour arriver à un modèle de
nature et l’homme d’accélérer les changements de durabilité forte : prendre en considération notre capital envi-
(1990) comportements ronnemental actuel car ce dernier n’est pas substituable à une
autre forme de capital.
Issu du programme « Les
Noé conservation carnets de Noé », expéditions
(2001) pour aller à la rencontre des
hommes et des femmes vivant
avec la nature.
Association étudiante de re-
CliMates (2011) cherche autour du changement
climatique

À l’école de la biodiversité - 67
Biodiversité et changement climatique

FRISE CHRONOLOGIQUE DES PRINCIPAUX ÉVÈNEMENTS DANS L’HISTOIRE DE LA TRANSITION ÉCOLOGIQUE

ÉVÈNEMENTS ISSUS D’UNE VOLONTÉ DES ÉVÈNEMENTS ISSUS D’UNE VOLONTÉ CITOYENNE
ORGANISMES INTERNATIONAUX

68 - À l’école de la biodiversité
Biodiversité et changement climatique

LE CHANGEMENT CLIMATIQUE

fiche info 2
DEPUIS LES ANNÉES 1970, L’ÊTRE HUMAIN A PRIS CONSCIENCE DE SON IMPACT TANT LOCAL QUE
GLOBAL SUR LA PLANÈTE. L’AUGMENTATION DES ÉMISSIONS DE GAZ À EFFET DE SERRE (GES) LIÉE
AUX ACTIVITÉS HUMAINES DEPUIS 250 ANS A ET AURA UN IMPACT DE PLUS EN PLUS IMPORTANT
SUR LE CLIMAT GLOBAL DE LA TERRE, C’EST CE QU’ON APPELLE LE CHANGEMENT CLIMATIQUE.
LOCALEMENT, CE CHANGEMENT SE TRADUIT PAR UNE MONTÉE DES EAUX, PAR DES TRANSFORMATIONS
PROFONDES DES CYCLES ET ÉVÈNEMENTS CLIMATIQUES ET PAR DES MODIFICATIONS CHIMIQUES
DES OCÉANS À DES VITESSES JAMAIS OBSERVÉES AU COURS DES DERNIÈRES ÈRES GÉOLOGIQUES.
LA QUESTION DE LA CAPACITÉ DE LA FAUNE ET DE LA FLORE À S’ADAPTER À CES CHANGEMENTS
CONDITIONNE LA SURVIE DE MILLIERS D’ESPÈCES.

CHANGEMENT CLIMATIQUE Sur la Terre, les principaux gaz à effet de serre sont la vapeur
d’eau (H 2 O), le dioxyde de carbone (CO 2 ), l’ozone (O 3 ), le
C’est quoi ? méthane (CH4) et le protoxyde d’azote (N2O).
Le changement climatique, c’est l’augmentation de la tempé-
rature moyenne à la surface de la Terre. Depuis les années
1970, l’évolution de la température moyenne ne cesse d’aug- Les concentrations en GES ont fortement varié au fil des ères
menter. La période 2000-2019 a connu une hausse de 0.66°C et notamment du fait même des processus physiologiques
par rapport à la période de 1961-1990. (respiration des êtres vivants et photosynthèse).

Le GIEC lors de son 6ème rapport en 2021 estime une augmen- Les productions naturelles de GES sont estimées à plus de
tation de la température entre +1.4 et +4.4°C en 2100. 770 milliards de tonnes de CO2 /an, dont 43% dus aux échanges
entre océan et atmosphère, 28,6% dus à la respiration des
Il base ses divers scénarios d’évolution sur les politiques végétaux et animaux, 28,6% dus aux processus de décom-
menées, qui visent à réduire les GES. Les scénarios les plus position de la matière organique dans le sol et 0,03% aux
pessimistes, ceux où l’on ne changerait rien, semblent mal- éruptions volcaniques.
heureusement se réaliser (l’objectif étant plutôt de réduire
nos émissions de GES). Depuis le début de l’ère industrielle, la combustion des éner-
gies fossiles (charbon, pétrole et gaz), de même que la défo-
La faute à l’effet de serre ? restation, ont entraîné une importante augmentation des GES
L’effet de serre, c’est le fait que certains gaz contenus dans dans l’atmosphère et par conséquent accrû l’effet de serre.
l’atmosphère retiennent une partie du rayonnement solaire, On estime ces émissions de GES dues aux activités humaines
ce qui a pour conséquence d’élever la température au sol. autour de 40 à 50 milliards de tonnes d’équivalent CO2 /an.
Sans l’effet de serre, la température sur la Terre serait
d’environ -18°C en moyenne. Grâce à ce phénomène, la tempé-
rature moyenne est de 15°C et la vie est possible !

Conséquences pour le monde


Note : les régions du monde sont groupées en cinq classes, en fonction des impacts climatiques. La période de référence corres-
pond au milieu du XXIe siècle ou un réchauffement mondial moyen de +2°C, par comparaison avec une période de référence cli-
matologique 1960-2014.
Source : Giec, 1er groupe de travail, 2021

À l’école de la biodiversité - 69
Les conséquences Ces conséquences ont également un impact direct sur l’accès
S e l o n l e s s c i e nti f i qu e s , l e s im p a c t s p r é v i sib l e s du à la nourriture pour les populations.
changement climatique sont :
7 LES FORÊTS
1 UNE HAUSSE DU NIVEAU MOYEN DES MERS DU GLOBE DE Les impacts anticipés sont principalement des évolutions de
9.4 CM DE 1993 À 2023 productivité, une migration des espèces d’arbres et un déplace-
• Cette hausse des mers est due à deux phénomènes conco- ment des écosystèmes. Des risques de prolifération des rava-
mitants : la fonte des glaciers et des calottes (composées geurs et parasites sont également soulignés. On constate dès
d’eau douce) et la dilatation des océans. Lorsque la tempé- maintenant l’augmentation des feux de forêt.
rature de l’océan augmente, les molécules d’eau prennent
davantage de place. Ainsi, l’océan se dilate et son niveau 8 AUTRES CONSÉQUENCES
s’élève. Des conséquences dans d’autres domaines sont également
• Elle entraîne une submersion des terres les plus basses : évoquées :
de nombreuses îles sont menacées (notamment dans le • pour ce qui concerne l’énergie, des conditions de pro-
Pacifique), mais aussi des pays côtiers, situés en grande duction plus difficiles (par exemple pour les microcen-
partie sous le niveau 0 des eaux, tels que le Bangladesh trales hydroélectriques) et une hausse de la demande en
ou les Pays-Bas, et de très nombreuses zones côtières été (notamment climatisation). Il importe également de
(en France aussi). prendre en compte l’évolution des technologies, ce qui
peut entraîner des besoins de production plus importants
2 DES MODIFICATIONS IMPORTANTES DU CLIMAT (par exemple, l’électrique pour remplacer la combustion
des énergies fossiles),
• La prévision des modifications climatiques est extrême-
ment complexe, car elle implique un grand nombre de • dans le domaine des risques naturels, par exemple en ce
facteurs. De ce fait, de nombreuses hypothèses existent, qui concerne les tempêtes ou les inondations,
parfois contradictoires. • pour la santé : les périodes de fortes chaleurs impactent
• Globalement, on pense que les hausses de températures fortement les personnes vulnérables, et participent à la
prévues auraient un impact sur la puissance, la fréquence prolifération des maladies. Les modifications de la qua-
et l’extension des phénomènes météorologiques extrêmes : lité de l’air entraînent également de nombreux problèmes
ouragans, cyclones, canicules, sécheresses. de santé.

3 LA FONTE DES GLACIERS ET DE LA CALOTTE GLACIAIRE 9 IMPACT SUR LA BIODIVERSITÉ


• Depuis 2000, les glaciers perdent 267 gigatonnes de glace Pour s’adapter aux modifications des températures et du cli-
par an. mat, de très nombreuses espèces devront se déplacer pour
rechercher leur préférendum thermique. Beaucoup d’es-
• Les glaciers d’altitude ont régressé de 50% depuis 1850 pèces vont donc “monter vers le nord” ou en altitude, quand
et pourraient disparaître d’ici 2100. cela est possible.
• Une forte diminution de l’enneigement est déjà constatée. Dans le passé, au cours des âges géologiques, la planète
Cette fonte des glaces entraîne une hausse du niveau des a déjà connu des réchauffements et des refroidissements
océans. Mais elle a aussi un impact sur le régime de très climatiques. Ce qui se distingue aujourd’hui, c’est la rapi-
nombreux cours d’eau, alimentés par la fonte saisonnière. dité de ce réchauffement ainsi que son origine : humaine,
La diminution des surfaces glacées et enneigées a un impact au contraire d’une régulation naturelle.
secondaire en diminuant l’albédo de la terre (la réflexion Trois problèmes se posent donc aux diverses espèces :
de la lumière) et en accroissant l’absorption de la lumière, • Certaines espèces ne peuvent pas migrer assez vite pour
ce qui provoque la hausse des températures au sol ! suivre l’évolution des changements climatiques (cas d’es-
4 LES TEMPÉRATURES pèces végétales notamment ou d’espèces à déplacements
lents).
• Les modèles prévoient une augmentation du nombre de
• Certaines espèces ne peuvent pas trouver de corridors
jours de forte chaleur (>30°C) et un doublement à l’hori-
de migration ou de zones où s’implanter : c’est le cas par
zon 2050, pouvant passer de 5 à 40 jours en 2030 et à 80
exemple des espèces arctiques, inféodées aux glaces, des
jours en 2050. Le nombre moyen de jours de gel diminue-
espèces de haute montagne, des espèces de la toundra
rait de 25 à 50% suivant les scénarios, ce qui entraînerait
ou des espèces endémiques des îles. Elles sont toutes
quant à lui un risque de prolifération des insectes.
menacées de disparition à court terme (par exemple l’ours
• Les modèles prévoient également une augmentation du blanc, mais aussi les salmonidés des lacs alpins comme
risque de sécheresse en été et une diminution marquée le corégone) ; cela risque d’être le cas également dans les
des pluies efficaces (la fraction des pluies qui reste dis- zones densément peuplées où les réservoirs de biodiver-
ponible à la surface des sols). sité (cf. chapitre 4) pourraient ne plus proposer des condi-
tions adéquates et où les espèces ne trouveraient plus de
5 L’EAU ET L’HYDROLOGIE nouvelles zones à occuper.
Le changement climatique devrait avoir des conséquences • Les espèces plus spécialisées vont subir une concur-
sur le régime des eaux et sur les stocks d’eau disponibles : rence accrue d’espèces ubiquistes (qui s’adaptent à
• des étiages plus sévères, divers milieux) ; de nombreuses espèces à forte plasticité
• des inondations plus fortes, écologique vont devenir plus invasives.
• des impacts directs sur l’énergie, l’agriculture, l’eau Parallèlement à ces menaces sur diverses espèces, on pourra
potable... également constater certaines modifications dans les modes
6 L’AGRICULTURE ET LA VITICULTURE de vie.
Des espèces migratrices pourraient disparaître parce qu’un
Les impacts liés au changement climatique sont : milieu indispensable à leur cycle de vie serait irrémédiablement
• une possible augmentation des rendements ; modifié. D’autres pourraient limiter l’ampleur de leur migra-
• une augmentation du risque de perte de récolte (exposi- tion : ce pourrait être le cas de nombreuses espèces d’oiseaux
tion accrue aux sécheresses et aux fortes chaleurs) ; migrateurs qui recherchent au sud en hiver des ressources ali-
mentaires plus importantes (hirondelles, grue, nombreuses
• une modification du cycle de la plante ;
espèces de canards...).
• une hausse des besoins en eau des cultures.

70 - À l’école de la biodiversité
Biodiversité et changement climatique

Lexique
GES : Gaz à effet de serre
CO² éq : émission du gaz ramené en équivalent CO²
BEGES : Bilan des émissions de gaz à effet de serre

Plus d’informations
• Sur le développement durable :
• Sur l’impact du changement climatique
www.planetoscope.com sur la biodiversité en France aujourd’hui :
www.notre-planete.info http://indicateurs-biodiversite.naturefrance.fr/
Observatoire national de la biodiversité
• Réalisez une simulation de l’état climatique selon
des scénarios variés, pour les années à venir sur le
simulateur SimOn, mis en place par la cité de l’envi-
ronnement :
http://www.grec-sud.fr/nouvelles/simon-un-simu-
lateur-de-rechauffement-climatique/

Quelques ouvrages pour les élèves...


Essais :
• J’agis pour demain, de la réflexion citoyenne à l’action quotidienne - Bernard Farinelli,(2017), Editions Rustica, 119 pages
• Transition écologique, plutôt que développement durable, entretien avec Dominique Bourg - Vraiment durable, (2012). Dis-
ponible sur : https://www.cairn.info/revue-vraiment-durable-2012-1-page-77.htm
Vidéos :
• Les scénarios climatiques - Sophie Szopa, UVED, (25/10/2023). Disponible sur : https://www.youtube.com/watch?v=kJEXe-
RaKj78&list=PLeU78T5dtVW6-wpQmP1zUHAyneMVU1E4b&index=8

Sources
• Des gaz à effet de serre dans mon assiette ? - Réseau action climat (2010). Disponible sur : https://reseauactionclimat.org/
publications/gaz-effet-serre-assiette/
• Bilan carbone guide méthodologique - ADEME, (juin 2010)
• Bilan carbone AG - ADEME, (2012)
• Guide des facteurs d’émission V5. Il est librement téléchargeable sur le site Internet de l’ADEME www.ademe.fr rubrique
Bilan Carbone™
• Mission de parangonnage sur les politiques d’adaptation au changement climatique, Inspection générale de l’environ-
nement et du développement Durable, (décembre 2022). Disponible sur : https://www.ecologie.gouv.fr/sites/default/files/
Rapport_IGEDD_Adaptation.pdf
• La hausse du niveau des océans s’est accélérée entre 2022 et 2023, selon la Nasa - Le Monde, (22/03/2024). Disponible
sur : https://www.lemonde.fr/planete/article/2024/03/22/la-hausse-du-niveau-des-oceans-s-est-acceleree-entre-2022-
et-2023-selon-la-nasa_6223345_3244.html
• Evaluation de l’impact environnemental du numérique en France et analyse prospective - ADEME, (janvier 2022)
• Comment se déplacer autrement et moins cher? - ADEME, (janvier 2019)
• Les transports en France - Chiffres clés et tendances en 2021 - SDES, (2021)
• Développement Durable : définition, histoire et enjeux – Qu’est-ce que le développement durable ? - Youmatter, (06/06/2024).
Disponible sur : https://youmatter.world/fr/definitions/definition-developpement-durable/
• Chiffres clés du climat France, Europe et Monde - Ministère de la transition écologique, (2022). DIsponible sur : https://
www.statistiques.developpement-durable.gouv.fr/edition-numerique/chiffres-cles-du-climat-2022/3-scenarios-et-pro-
jections-climatiques
• La biodiversité française en déclin, 10 ans de chiffres-clés par l’Observatoire national de la biodiversité - Observatoire
national de la biodiversité, (juin 2023).

À l’école de la biodiversité - 71
Biodiversité et changement climatique
EN DÉBAT !
POUR LANCER LE DÉBAT SUR LES FACTEURS CONTRIBUANT AU CHANGEMENT CLIMATIQUE, SUR
L’IMPACT DU CHANGEMENT SUR LA BIODIVERSITÉ, SUR LES MOYENS DE RÉDUIRE CE RÉCHAUFFEMENT
fiche débat

GLOBAL ET SON IMPACT, NOUS VOUS PROPOSONS DE MENER UNE ACTIVITÉ TRÈS LUDIQUE.
FOUS RIRES GARANTIS !... MAIS AUSSI INTÉRÊT ET QUALITÉ DE LA RÉFLEXION !

DÉROULEMENT
Le changement « Le temps est compté » se pratique en équipes de 3 ou 4, avec
au maximum 8 équipes.
climatique Chaque équipe reçoit 5 à 10 cartes (suivant le nombre d’équipes)
et peut en éliminer 1 ou 2 (elle élimine les cartes qu’elle estime
trop difficiles à jouer). On doit sélectionner au total 40 cartes
du jeu, que l’on garde tout au long de la partie.
Le jeu se déroule en trois manches pendant lesquelles chaque
équipe devra découvrir le plus d’événements possibles.
À tour de rôle, en 30 secondes chrono (sablier), chacun des
membres de l’équipe en jeu doit faire deviner À SON ÉQUIPE
le plus d’événements ou actions décrites sur les cartes :
• Quand on tire la carte, on doit dire s’il s’agit d’une action
(ACT) ou d’un événement (EV).
• Vous trouverez en haut de la carte en gras les mots à faire
deviner. Dans le cas d’une action, il faut également faire
deviner si l’action contribue au changement climatique (> +)
ou le réduit (- ou +).
• Lors de la première manche, on peut parler, sans bien sûr
Le temps est compté ! prononcer le nom de l’action à découvrir. Si les partenaires
découvrent l‘action, la carte est gagnée et on tire la suivante.
On peut écarter une carte difficile.
• Lorsque le sablier a fini de s’écouler, le joueur de l’équipe
RÈGLE DU JEU suivante s’empare de la carte en cours et essaye à son tour
de la faire deviner à ses partenaires. Quand les 48 cartes
MATÉRIEL ont été découvertes, la première manche est terminée.
48 cartes changement climatique ci-jointes présentant 48 On compte les cartes gagnées par chaque équipe.
actions ou évènements en lien avec l’impact du changement • Lors de la deuxième manche, il n’est plus permis que de
climatique sur la biodiversité : prononcer un seul mot, et les joueurs ne peuvent donner
• Des actions qui contribuent au changement climatique qu’une seule réponse. On peut passer une carte jugée trop
(par exemple, rouler en véhicule à hydrocarbure). difficile.
• Des actions qui contribuent à éviter/limiter le changement • Lors de la troisième manche, on ne prononce plus un mot,
climatique (par exemple, rouler à bicyclette ou en tram/ seuls le mime et les onomatopées sont autorisés.
train).
• Des événements phénoclimatologiques impactés par le FIN DE PARTIE
changement climatique (par exemple, la migration des À la fin des trois manches, l’équipe qui a totalisé le plus de
hirondelles). points remporte la partie.
1 sablier (ou un chronomètre). Pendant la partie, ou après, le professeur peut susciter le
débat : comment telle action contribue-t-elle au changement
BUT DU JEU climatique ? Comment est-il possible dans sa vie quotidienne
Ce jeu, inspiré du Time’s up, est simple : en trois manches et de mener des actions qui vont réduire le changement ?
en un minimum de temps, vous devez faire découvrir à vos
partenaires le plus possible d’événements phénoclimatolo-
giques ou d’actions et leur impact sur le changement clima-
tique (positif ou négatif).

72 - À l’école de la biodiversité
Biodiversité et changement climatique
Les cartes CHANGEMENT CLIMATIQUE
ACT Se déplacer en voiture ACT Se déplacer à vélo ACT Se déplacer à pied
Impact +++ Impact –– Impact –––
La combustion des énergies fossiles Les déplacements à vélo émettent peu de Les déplacements à pied sont ceux qui
est responsable d’une large part de la gaz à effet de serre : juste le CO2 relâché émettent le moins de gaz à effet de serre :
production du dioxyde de carbone (CO2). par la respiration du cycliste et celui lié à juste le CO2 relâché par la respiration du
Mesures : la fabrication du vélo ! piéton.
• 53% de la production de gaz à effet de Mesures : Mesures :
serre due aux transports proviennent • En 2019, 3% des déplacements sont réa- • En 2021, 6.1% des trajets domicile-tra-
des voyages en voiture, ce qui repré- lisés en vélo. vail se sont faits à pied.
sente plus de 66 millions de tonnes éq. • À 16 km/h, un cycliste brûle environ • Les déplacements à pied se font majo-
CO2. 4 kilocalories par kg et par heure. ritairement sur des trajets de 1 km en
• 84% des voyages en France se font en • En ville, 4 km c’est en moyenne 27 min moyenne.
voiture. en voiture, 18 min en bus et 12 min à
• Les déplacements les plus courts (75% vélo !
des trajets font moins de 5 km) émettent • En moyenne, une personne produit 21 g
2 fois plus de CO2 au kilomètre. de CO2 par km parcouru en vélo méca-
• En moyenne, une personne produit nique.
270»g de CO2 par km parcouru en voi-
ture.

ACT Se déplacer en bus ACT Se déplacer en train ACT Se déplacer en avion


Impact + Impact + Impact +++
La combustion des énergies fossiles Les déplacements en train émettent peu Le déplacement en avion est le mode de
est responsable d’une large part de la de gaz à effet de serre. transport qui émet le plus de gaz à effet
production du dioxyde de carbone (CO2). Mesures : de serre.
Mesures : • 10% des transports intérieurs de voya- Mesures :
• 5% des transports intérieurs de voya- geurs se font en transports ferrés en • Le transport aérien contribue à plus de
geurs s’effectuent en bus, autocar et 2021. 11% des transports de marchan- 5% au réchauffement climatique.
tramway. dises sont effectués en train. • En moyenne, une personne produit 200
• 40 à 70% des déplacements des jeunes • En moyenne, une personne produit 20 à 400 g de CO2 par km (l’essentiel de la
de 6 à 24 ans sont des transports « sco- à 35 g de CO2 par km (variable suivant production se fait au décollage et à l’at-
laires ». que l’on circule en TER ou en train Inter- terrissage, plus le vol est long, moins
• En moyenne, une personne produit 110 g cités). la production de CO2 au km est impor-
de CO2 par km. tante).

Ev Migration des hirondelles Ev Réduction de la forêt de hêtre Ev Réveil précoce des escargots
Chaque année, les hirondelles effectuent Le hêtre est un arbre qui aime les sols En automne, l’escargot se retire au fond
une migration entre l’Europe et l’Afrique. frais, une humidité atmosphérique de sa coquille après l’avoir fermée avec un
Pourquoi ? et une réserve en eau suffisante, des opercule calcaire.
températures moyennes annuelles Pourquoi ?
C’est surtout pour retrouver les insectes modérées (9 à 11°C).
volants dont elles se nourrissent. Pour se protéger de la neige et du gel.
On estime qu’il peuple 10% des forêts
Quand ? françaises. Quand ?
• Les hirondelles partent dans le sud en Dès les premiers jours du printemps,
septembre. Impact du changement climatique : par temps humide, l’escargot sort de sa
• Une hausse de 3°C associée à une léthargie hivernale.
• Elles reviennent d’Afrique entre mars et baisse de 5 à 10% des précipitations
avril. pourraient faire régresser son aire de Impact du changement climatique :
Impact du changement climatique : répartition. Des espèces « méditerranéennes »
• Les hirondelles descendent dans le sud adaptées à un climat plus sec pourraient
plus tard et reviennent plus tôt. étendre leur aire d’expansion vers le nord.
• Des hirondelles hivernent maintenant en Le réveil des escargots pourrait être plus
France au lieu de se rendre en Afrique. précoce.

Ev Débourrement du bouleau Ev Raréfaction Ev Culture du maïs en France


Le débourrement, c’est l’ouverture des du Gobemouche noir Depuis 30 ans, le maïs est de plus en
bourgeons des arbres. Le Gobemouche noir est une petite espèce plus cultivé en France. Mais cela sera-t-il
Pourquoi ? de passereau qui passe l’hiver dans le encore possible dans les années à venir ?
Sahara et vient se reproduire en Europe Pourquoi ? L’augmentation de CO2 dans
Le bourgeon contient l’ébauche des feuilles au printemps.
et des fleurs. Il commence à se fabriquer à l’atmosphère augmente les rendements.
la fin de l’été et entre en dormance en hiver Pourquoi ? Comme la plupart des Mais le changement climatique augmente
pour « éclore » au retour de la belle saison oiseaux, la migration se fait pour des le stress hydrique.
avec l’augmentation de la température et de raisons alimentaires. Quand ? En période estivale
la durée du jour. Quand ? Retour en Europe entre mars et mai. Impact du changement climatique :
Quand ? Impact du changement climatique : Le changement climatique pourrait
Au tout début du printemps en février- L’oiseau dépend beaucoup des chenilles augmenter de 10% les rendements des
mars. dont il se nourrit. Quand les températures cultures, mais réduire les surfaces
Impact du changement climatique : augmentent, la date d’éclosion des cultivées en raison du manque d’eau.
On observe un avancement de 1,5 à chenilles est avancée, mais pas la date Par ailleurs, on note une extension de la
3 jours par décennie de la période de de retour des Gobemouches. Il est donc Pyrale du maïs, un ravageur de culture.
débourrement du bouleau. confronté à un manque de nourriture En 2003, année particulièrement chaude,
quand il revient, entraînant un déclin de deux générations complètes de ce papillon
sa population. ont été observées dans les Ardennes (08).

À l’école de la biodiversité - 73
Biodiversité et changement climatique
Les cartes CHANGEMENT CLIMATIQUE

Le changement Le changement Le changement


climatique climatique climatique

Le temps est compté ! Le temps est compté ! Le temps est compté !

Le changement Le changement Le changement


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Le temps est compté ! Le temps est compté ! Le temps est compté !

Le changement Le changement Le changement


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Le temps est compté ! Le temps est compté ! Le temps est compté !

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Le temps est compté ! Le temps est compté ! Le temps est compté !


74 - À l’école de la biodiversité
Biodiversité et changement climatique
Les cartes CHANGEMENT CLIMATIQUE
ACT Transport en bateau ACT Transport en camion ACT Chauffage des maisons
Impact –– Impact +++ Impact ++
Si le transport de marchandises par Le transport de marchandises par camion Globalement, la consommation d’énergie
bateau représente une part importante ou camionnette est l’un des modes de dans les maisons et bureaux (chauffage,
des émissions de GES, par l’utilisation du transport qui émet le plus de gaz à effet eau chaude, appareils électriques) est
bunker (résidu pétrolier de l’essence), il de serre. responsable de 78% des émissions des
reste néanmoins moins polluant que le Mesures : logements.
transport en camion. Mesures :
• 8% de la production de gaz à effet de
Saviez-vous par exemple qu’un moteur de serre est due au transport de marchan- • 10 à 60 kg/m2/an (suivant le mode de
camion suffit à déplacer une péniche de dises par camion. chauffage : électrique, au gaz ou au fuel).
350 tonnes (= 20 camions) ?
• En France, 87% du transport de mar- • Réduire de 1°C la température de chauf-
Mesures : chandises se fait par route. fage permet de réduire en moyenne les
• 3% de la production de gaz à effet de • 120 à 400 g de CO2/t/km (le transport émissions de CO2 de 306 kg/personne/
serre est due au transport de marchan- de marchandises par camionnette étant an.
dises par bateau sur la décennie 2010- beaucoup plus polluant que celui par • Une bonne isolation permet de réduire
2020. poids lourd). les émissions de CO2 de 500 à 700 kg/an.
• 2% du transport de marchandises en
France se fait par voie fluviale en 2021.

ACT Prendre une douche ACT Acheter un nouveau ACT Laisser les appareils
électriques en veille
ou un bain téléphone, ordinateur...
Impact – Impact +++ Impact ++
Les ménages européens possèdent
Outre la consommation d’eau, les En raison de l’utilisation de matériaux aujourd’hui 3,7 milliards d’appareils
émissions lors du traitement des eaux, rares, la fabrication des appareils électroménagers (TV, ordinateurs,
une douche consomme également lors numériques est un domaine important consoles de jeux…) dotés d’une fonction
du chauffage de l’eau. des émissions. Difficilement « veille ».
Mesures : recyclables et avec une durée de vie Ces appareils en mode « veille » sont
• Chauffer l’eau est le 2ème poste d’émis- limitée, c’est l’un des grands impacts responsables de 10% de la consommation
sion des logements. du changement climatique. électrique des foyers et d’environ 1% des
• 300 à 1000 g de CO2/douche de 10 mi- Mesures : émissions mondiales de CO2.
nutes (suivant le mode de chauffage : au • 299 kg/habitant par an de déchets nu- Mesures :
gaz ou électrique). mériques. • Un appareil en veille émet environ 3,5 à
• 500 à 2500 g de CO2/bain (suivant le • En 2021, 10% de la consommation élec- 11 kg de CO2/an.
mode de chauffage : au gaz ou élec- trique annuelle en France vient de l’utili-
trique). sation de services numériques.

Ev Expansion du Moustique tigre Ev Les champignons Ev Expansion de la Jussie


Le Moustique tigre (Stegomyia albopicta) attaquent le chêne La Jussie est une plante « amphibie »
est une espèce tropicale, principal La Collybie en fuseau est un champignon (semi-aquatique) originaire d’Amérique
vecteur de certaines maladies comme le qui s’installe sur les arbres affaiblis par du Sud.
chikungunya et la dengue. des chocs tels que les canicules et les Elle se reproduit par reproduction
Pourquoi ? La femelle moustique se sécheresses. végétative (par bouturage).
développe pour la reproduction, quand les À la suite de l’épisode caniculaire de C’est une plante particulièrement invasive
températures dépassent 25°C. Sa durée 2003, le département de surveillance des des eaux dormantes (marais, étangs, lacs,
de vie est très courte (‹ 1 mois). forêts Bourgogne-Champagne-Ardenne canaux). En Champagne-Ardenne, elle
a noté un dépérissement du chêne et une fait l’objet d’un suivi par le Conservatoire
Quand ? De mai à septembre, avec un pic sensibilité accrue à la Collybie.
d’activité au lever du jour et au crépuscule. botanique national du bassin parisien.
Impact du changement climatique : Impact du changement climatique :
Impact du changement climatique :
La Collybie en fuseau n’est pas favorisée On constate que l’aire d’expansion de
Dans les années 2000, l’aire de répartition par le changement climatique, mais
du Moustique tigre se situait autour du la Jussie « remonte » vers le nord pour
« profite » de la fragilisation des arbres toucher toute la France. À l’avenir, elle
bassin méditerranéen. En 2024, il est qu’il engendre.
présent dans toutes les régions en France pourrait se reproduire par reproduction
métropolitaine. sexuée, accroissant sa capacité à
coloniser de nouveaux milieux.

Ev Expansion de la chenille Ev Centrale à l’arrêt Ev La Libellule purpurine


Processionnaire du pin Les centrales ont besoin de sources en France
La chenille Processionnaire du pin est froides pour leur refroidissement. Lors La Libellule purpurine (Trithemis
la larve d’un papillon (Thaumetopoea de la canicule de 2003, les températures annulata) est une espèce tropicale qu’on
pityocampa) qui se développe dans le des cours d’eau ont atteint des niveaux retrouve couramment en Afrique du Nord
grand Sud-Ouest de la France. dépassant les températures maximales et dans le Sahara.
La chenille se nourrit des aiguilles de de rejet.
Quand ?
pin et son infestation peut causer le Impact du changement climatique : On l’observe en vol entre juin et mi-
dépérissement de l’arbre. Elle a besoin • Pour les exploitations des centrales, il septembre en France.
pour se nourrir d’une température complique le respect de la réglementa-
supérieure à 0°C pendant la nuit. tion concernant les températures maxi- Impact du changement climatique :
Impact du changement climatique : males de rejet dans les cours d’eau. Cette libellule est arrivée en Europe via le
détroit de Gibraltar dans les années 1970
Depuis les années 2000, l’aire de • Entre le 4 et le 24 août 2003 : une baisse et a atteint le Sud-Est de la France dans
répartition de la Processionnaire s’étend. de 4% de la production d’électricité nu- les années 1990.
En 2009, l’insecte a été signalé pour la cléaire.
première fois dans l’Aube (10).

À l’école de la biodiversité - 75
Biodiversité et changement climatique
Les cartes CHANGEMENT CLIMATIQUE

Le changement Le changement Le changement


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Le changement Le changement Le changement


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76 - À l’école de la biodiversité
Biodiversité et changement climatique
Les cartes CHANGEMENT CLIMATIQUE
ACT Produire un steak ACT Produire des fruits ACT Mettre un couvercle
et légumes surgelés sur une casserole
Impact +++
L’élevage est responsable de près de 18% Impact +++ Impact –––
des émissions annuelles de gaz à effet de Les produits surgelés sont responsables Lors de la cuisson, une grande quantité
serre (GES) dans le monde. de beaucoup plus d’émissions de gaz à de la chaleur s’évapore. Mettre un
À noter que dans le cas de la production effet de serre que les produits frais. D’une couvercle sur une casserole permet
de bœuf, il s’agit essentiellement de part, l’essentiel de leur production se de concentrer la chaleur et réduit la
méthane CH4, produit par la digestion de fait loin de France et leur transport est consommation électrique en diminuant
l’herbe, et non de CO2. responsable de quantités importantes le temps de cuisson. Cela permet
d’émissions de CO2. D’autre part, d’économiser 1/4 de l’énergie.
Mesures : leur production et leur conservation
• En moyenne, un steak de 200 g émet en- (chaîne du froid) sont également très Mesure :
viron 5 400 g d’équivalent CO2. consommatrices d’énergie et donc • En moyenne, la production de CO2 est
• Si votre steak vient d’Amérique du Sud, productrices de CO2. réduite de 50 à 70 kg/an.
ce chiffre peut être multiplié par 2 ou 3.
Mesures :
• En moyenne, la production d’haricots sur-
gelés émet 19 g/kg d’équivalent CO2.
• Contre seulement 0,3 g de CO2/kg de ha-
ricots frais.

ACT Produire un poulet ACT Faire une lessive ACT Jouer avec une console
à la machine à laver de jeu
Impact +
Un poulet fermier, élevé avec des céréales Impact ++ Impact ++
cultivées localement, produit jusqu’à 30 L’essentiel de la consommation de CO2 La consommation électrique moyenne
ou 50% de CO2 en moins qu’un poulet de dans une lessive faite à la machine des consoles de jeu a augmenté
batterie. provient de la consommation électrique. proportionellement avec sa diffusion dans
Mesure : Mesure : les foyers.
• En moyenne, 200 g de poulet émet envi- • En moyenne, une lessive émet environ Mesure :
ron 740 g d’équivalent CO2. 250 à 375 g d’équivalent CO2 (suivant • Jouer avec une console de jeu émet en-
le type de machine et le programme de viron 11 g de CO2/heure.
lavage). • En 2019, le secteur du jeu vidéo émettait
environ 37 millions de tonnes équivalent
CO2.

Ev Migration des grues Ev Le Chêne pédonculé Ev La Renoncule des Alpes


Chaque année, les Grues cendrées et le Chêne sessile La Renoncule des Alpes est une plante
effectuent une migration entre l’Europe Le Chêne pédonculé est une essence vivace que l’on retrouve dans les chaînes
et l’Afrique. peu tolérante à la sécheresse. Son de montagnes du Jura, des Alpes et des
Pourquoi ? dépérissement a déjà été constaté en Pyrénées. On la trouve entre 1 300 m et
raison de la baisse de la pluviométrie. 3 000 m d’altitude, au sein des rocailles ou
Les grues cherchent des dortoirs des combes à neige.
protégés (pas de gel des eaux) et de la Impact du changement climatique :
nourriture disponible. Pour certaines stations où le Chêne Impact du changement climatique :
Quand ? pédonculé est à la limite en termes Depuis 1990, on observe une « remontée »
d’alimentation en eau, les forestiers de certaines plantes de hautes altitudes.
• Les grues partent dans le sud en octobre. prévoient déjà son remplacement par le La Renoncule des Alpes a progressé
• Elles reviennent d’Afrique entre mars et Chêne sessile moins exigeant. de 30 m. On estime que cette rapide
avril. progression va entraîner un problème
Impact du changement climatique : d’espace entre les espèces, puis la
• Les grues descendent dans le sud plus disparition progressive avec l’évolution
tard et reviennent plus tôt. du milieu.
• Des grues hivernent maintenant en
France au lieu de se rendre en Espagne
ou en Afrique.

Ev Avancement des vendanges Ev Disparition du corail Ev La culture du blé


Les vendanges sont déclenchées quand en Méditerranée Cette culture est la plus produite en
les raisins sont suffisamment mûrs. Le Corail rouge est une espèce endémique France, avec le maïs.
Pourquoi ? de la Méditerranée qui se développe vers Pourquoi ?
30 à 100 m de profondeur.
L’optimum thermique des vignes se situe Le seuil d’échaudage (arrêt du dévelop-
entre 10 et 20°C. Le mûrissement des Pourquoi ? pement de la plante dû au dessèchement
raisins dépend essentiellement de la On observe depuis 30 ans une hausse par le soleil) est de 27-28°C.
température et de l’ensoleillement. moyenne de 0,004°C/an des eaux de la Impact du changement climatique :
Quand ? Méditerranée.
• Il provoque l’accélération du cycle des
À la fin de l’été. Impact du changement climatique : plantes liée à l’augmentation des tem-
Impact du changement climatique : Une hausse de la température de l’eau, pératures moyennes et de la concentra-
accompagnée d’une acidification des tion en CO2, sans que cela engendre un
• 1°C de variation par rapport à la nor- eaux marines (liées à une augmentation rendement plus important de la culture
male correspond à 10 jours de décalage de l’absorption du CO2 atmosphérique), du blé.
dans la date des vendanges. pourrait entraîner une disparition du
• Au cours des 50 dernières années, la corail d’ici moins de 30 ans.
date des vendanges a été avancée de 6 à En 2100, on estime que la température de
17 jours. l’eau aura augmenté jusqu’à 3.8°C.

À l’école de la biodiversité - 77
Biodiversité et changement climatique
Les cartes CHANGEMENT CLIMATIQUE

Le changement Le changement Le changement


climatique climatique climatique

Le temps est compté ! Le temps est compté ! Le temps est compté !

Le changement Le changement Le changement


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Le temps est compté ! Le temps est compté ! Le temps est compté !

Le changement Le changement Le changement


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Le changement Le changement Le changement


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78 - À l’école de la biodiversité
Biodiversité et changement climatique
Les cartes CHANGEMENT CLIMATIQUE
ACT Faire du papier blanc ACT Faire du papier recyclé ACT Utiliser l’air conditionné
dans la voiture
Impact : + Impact –
Le blanchiment du papier nécessite Le recyclage du papier utilise moins Impact ++
à ce jour plusieurs éléments nocifs : de traitement de blanchiment. Les Plus la chaleur augmente, plus nous
hypochlorite de sodium (eau de javel), déchets sont broyés, débarrassés utilisons la climatisation pour nous
rafraîchir.
dioxyde de chlore, peroxyde d’hydro- des agrafes, colle, vernis, encre... Cela entraîne un cercle vicieux : l’air
gène, oxygène, ozone... puis séchés pour en faire de nou- conditionné accroît les émissions de
Mesures :
velles feuilles. GES et donc contribue au changement
climatique .
• 2,05 kg de CO2/kg de papier Mesures :
(1 kg de papier = environ 200 feuilles). • 1,7 kg de CO2/kg de papier De plus, le fluide frigorigène présent dans
le circuit d’une climatisation est un gaz à
(1 kg de papier = environ 200 feuilles). effet de serre 1 300 fois plus puissant que
le CO2. Il peut être rejeté lors d’entretiens
ou de fuites.
Mesures :
• La climatisation augmente de 10 à 15%
les émissions de gaz à effet de serre
d’un véhicule.

ACT Laisser la lumière allumée ACT Faire une recherche ACT Envoyer un SMS, un mail
sur Google
Impact + ++
à Impact +
Laisser la lumière allumée entraîne Impact + ++
à Chaque envoi d’un message nécessite
un double effet : une pollution liée à Pour fonctionner, le centre de traitement la mobilisation de réseau, de cloud, de
la consommation électrique et une des données de Google en Europe serveur. Il faut également prendre en
pollution lumineuse. utilise 80 000 serveurs qui consomment considération le stockage de ce message
14 MégaW. dans votre boîte de réception : stocker un
Mesure : mail pendant un an émet 10 g de CO2.
On estime qu’aujourd’hui que les centres
• Une ampoule de 75 W émet 4,5 g de de données consomment 2% de l’énergie
CO2/h. Mesures :
mondiale. • 0,000003 g de CO2 par message.
• Une ampoule de 15 W émet moins de 1 g
de CO2/h. Mesures : • On estime qu’une personne envoie en
• Une requête sur le moteur de recherche moyenne 6 sms par jour.
Google produit 7 g de CO2. • 4 g d’équivalent CO2 pour un mail sans
pièce jointe, 11 à 50 g équivalent CO2
pour un mail avec pièce jointe.

Ev Éclaircissement des papillons Ev Diatomées thermophiles Ev Plus de piqûres de tiques


Plus on va vers le sud, plus les espèces dans nos fleuves Il existe plus de 41 espèces de tiques en
de papillons (et de libellules) présentent Les diatomées sont des algues France. Cet acarien passe une partie
des teintes claires. unicellulaires très présentes tant en eaux de son cycle de vie ancré sur la peau de
Pourquoi ? douces qu’en eaux de mer. Près de 100 000 mammifères en se nourrissant de leur
espèces de diatomées ont été identifiées à sang .
Les papillons arborent des couleurs ce jour.
claires qui absorbent moins la chaleur. Pourquoi ?
Pourquoi ? Des études ont montré que l’affinité
Impact du changement climatique :
Il existe des espèces de diatomées des tiques de chien pour l’Homme est
Plus les températures grimpent, plus les particulièrement adaptées à des eaux plus beaucoup plus importante quand la
espèces « claires » migrent vers le nord. chaudes (thermophiles) ou au contraire à température augmente.
Qu’advient-il des espèces déjà présentes des eaux froides (psychrophiles).
sur ce territoire ? Impact du changement climatique :
Une analyse portant sur plus de 2 000 Impact du changement climatique : Le changement climatique augmente
espèces a montré que depuis les années Depuis les années 1990, il y a eu apparition le nombre de piqûres de tiques sur
1970, elles se déplaçaient vers le nord à la et/ou prolifération dans les cours l’Homme et par conséquent les risques
vitesse moyenne de 16,9 km par décennie. d’eau français de plusieurs espèces de de transmission de diverses maladies
diatomées, certaines d’origines tropicales parasitaires (rickettsioses, maladie de
ou subtropicales. Lyme).

Ev La dernière marche Ev Disparition du Lièvre variable Ev Moins de saumons


de l’empereur Le Lièvre variable (Lepus timidus), comme dans les rivières
Le Manchot empereur (Aptenodytes d’autres espèces de mammifères, change Le Saumon atlantique (Salmo salar) vient
forsteri) est endémique de l’Antarctique. de couleur du brun au blanc en hiver : il se reproduire en automne dans les eaux
Il pond son œuf unique sur la banquise et y peut ainsi se camoufler dans la neige. vives et froides.
élève son poussin. Impact du changement climatique : Pour survivre, les œufs, alevins et
Impact du changement climatique : La régression de l’enneigement en hiver juvéniles nécessitent des eaux ne
La dislocation précoce et la disparition fait que cette adaptation n’en est plus une : dépassant pas 25°C.
de la banquise du fait de la hausse des cela en fait une proie facile à repérer. Impact du changement climatique :
températures risquent de compromettre Le changement climatique provoque
la reproduction du Manchot empereur et un changement des eaux vives et des
de le faire disparaître dans moins d’un périodes d’étiages prononcées : le
siècle. Saumon atlantique, de même que la
Grande alose, l’Ombre arctique, le
Corégone, la Lamproie de rivière, auront
leurs zones de reproduction réduites de
plus de 50% en France d’ici 2100.

À l’école de la biodiversité - 79
Biodiversité et changement climatique
Les cartes CHANGEMENT CLIMATIQUE

Le changement Le changement Le changement


climatique climatique climatique

Le temps est compté ! Le temps est compté ! Le temps est compté !

Le changement Le changement Le changement


climatique climatique climatique

Le temps est compté ! Le temps est compté ! Le temps est compté !

Le changement Le changement Le changement


climatique climatique climatique

Le temps est compté ! Le temps est compté ! Le temps est compté !

Le changement Le changement Le changement


climatique climatique climatique

Le temps est compté ! Le temps est compté ! Le temps est compté !


80 - À l’école de la biodiversité
Biodiversité et changement climatique

EN ACTION !

fiche action
VOUS S AV E Z DÉ SORM A IS CE QU’IL EN E S T DU RÉCH AUFFEMENT CLIM ATIQUE, M A IS
AV E Z-VOUS BIEN CONS CIENCE DE VOT RE IMPACT, À L’ÉCHEL L E DE VOT RE LYCÉE ?
AFIN D’EN PRENDRE CONNAISSANCE ET DE POUVOIR RÉFLÉCHIR AUX ACTIONS À MENER, NOUS VOUS
PROPOSONS DE FAIRE UN PETIT BILAN DE VOS ÉMISSIONS DE GAZ À EFFET DE SERRE !

LE BEGES, C’EST QUOI ? POURQUOI FAIRE UN BEGES DANS VOTRE LYCÉE ?


Le Bilan des Émissions de Gaz à Effet de Serre (ou Bilan car- Nous vous proposons de mettre en place un BEGES simplifié
bone®) est une analyse des émissions des Gaz à effet de serre avec vos élèves, une façon ludique de mener l’enquête au sein
par une structure du fait de ses activités, sur une durée d’un de son lycée ! Si cette activité peut prendre un peu de temps
an. Si on traduit les émissions en équivalent de CO2 pour plus de en fonction de l’accès aux données, cela crée également de
lisibilité, la méthode de calcul comprend 6 GES différents (dioxyde véritables prises de conscience. Cela permettra aux élèves :
de carbone, méthane, protoxyde d’azote, hydrofluorocarbures, • De se mobiliser ensemble autour du sujet des émissions,
haxafluorure de soufre, perfluorocarbones). • De se rendre compte de l’impact de comportements jugés
Le BEGES est divisé en 3 par ties - 3 scopes - traitant de anodins,
différents postes d’émission • De visualiser l’ampleur des différents postes d’émissions,
• Scope 1 : Emissions directes de GES, • De mettre en place un protocole codifié,
• Scope 2 : Emissions indirectes associées à l’énergie, • D’apprendre une méthodologie de recherche : les infor-
• Scope 3 : Autres émissions indirectes de GES. mations n’étant pas toujours faciles d’accès,
• D’échanger avec le personnel de son établissement pour
Pour l’instant, les scopes 1 et 2 sont les seuls obligatoires. créér une dynamique fédératrice,
Le code de l’environnement a rendu obligatoire la réali- • De s’interrroger sur les possibles démarches à mettre
sation d’un BEGES pour : en place,
• Les entreprises de droit privé de plus de 500 salariés, • De s’approprier une réflexion responsable sur nos com-
portements.
• Les personnes morales de droit public de plus de 250
employés,
• Les services de l’État,
COMMENT FAIRE ?
• Les régions, départements, communes, métropoles, et Choissisez au préalable les domaines que vous souhaitez
communautés d’agglomération de plus de 50 000 habitants, traiter : consommation d’énergie, déchets, déplacements...
• Les entreprises de plus de 50 salariés devront égale- Il faut réaliser un compromis entre ce qu’il sera possible
ment réaliser un bilan simplifié dans les années à venir. de réaliser et ce qui rendra votre bilan pertinent et digne
Le BEGE S est une déclar ation publique ! Vous pouvez de susciter un plan d’actions.
retrouver l ’ensemble des BEGE S décl arés sur le site
https://bilans-ges.ademe.fr/.
1. Choissisez vos postes d’émissions,
ET À QUOI ÇA SERT ? 2. Organisez des groupes en répartissant les données à
Outre le caractère règlementaire du BEGES, il est sur- recueillir,
tout un formidable outil pour se rendre compte des prin- 3. Pour chaque donnée, recherchez sa source, son origine,
cipaux postes des émissions au sein de chaque structure. et la personne à contacter pour l’obtenir. Généralement,
Et une fois que l’on connaît la source des émissions, il est il va s’agir du service comptabilité : les consommations
bien plus facile d’agir ! d’énergies sont indiquées sur les factures, ainsi que la
consommation de matériel et fournitures,
4. Réunissez vos données pour calculer vos émissions ou en
COMMENT CELA FONCTIONNE ? recherchant les facteurs d’émission sur le site de l’Ademe,
Pour réaliser un BEGES, rien de plus simple. Il s’agit de 5. Établissez votre BEGES,
la formule : 6. Laissez vos élèves réfléchir à un plan d’actions visant à
Donnée chiffrée x facteur d’émission = réduire les émissions !
émission des GES du poste. Il est possible que vous n’ayez pas accès à certaines don-
Par exemple : nées, notamment les déchets ou les déplacements. Vous
pouvez alors réaliser des estimations, ou les calculer
x r amettes de papier blanc consommées en 1 an mul-
vous-même ! Rien de tel que de peser les poubelles à la
tiplié par le facteur d’émission (soit 2.29 kg éq CO 2 par
sor tie du restaurant scolaire pour se rendre compte de
unité) = x kg équivalent CO 2 pour la consommation papier
la quantité de déchets alimentaires !
de l’établissement.
Toute la difficulté réside dans la recherche du bon facteur
d’émission et de la donnée que vous souhaitez calculer.

De quoi avez-vous besoin ?


• D’une connexion au site de l’Ademe afin d’obtenir les facteurs d’émissions qui peuvent vous manquer.
L’inscription au site est gratuite !
• D’un tableur récapitulant les domaines à calculer,
• De chocolats pour amadouer le/la comptable de votre établissement...

À l’école de la biodiversité - 81
Biodiversité et changement climatique

LES POSTES D’ÉMISSIONS


Voici un exemple simplifié de BEGES pour les élèves. Pour que le bilan soit le plus représentatif possible, il est préférable de le
réaliser au moins sur les postes suivants :
• Emissions indirectes liées à la consommation d’électricité,
• Achat de produits ou services,
• Immobilisation de biens.
Notez bien que ce bilan n’est pas représentatif des émissions complètes de votre établissement. N’hésitez pas à adapter votre
BEGES et à rajouter des postes d’émissions si besoin !

Partie 1 : Les émissions directes de GES


Postes d’émissions Exemple de sources d’émissions Où le chercher ?
Fuites de fluides frigorigènes,
Emissions directes Surfaces climatisées
traitement des déchets
fugitives (serveurs, salle de restauration, etc)
organiques

Partie 2 : Les émissions indirectes associées à l’énergie


Postes d’émissions Exemple de sources d’émissions Où le chercher ?
Factures d’électricité pour la consommation en
Emissions indirectes Consommation électrique : salle Kwh ou directement sur les compteurs électriques.
liées à la consommation de classe, internat, bureaux, Attention, il peut y en avoir plusieurs pour un
d’électricité bibliothèque, gymnase... établissement !

Partie 3 : Autres émissions indirectes de GES


Postes d’émissions Exemple de sources d’émissions Où le chercher ?

Achats de biens ou Achat de fournitures consom- Au niveau de la comptabilité


services mables : papier, aliments, etc.

Concerne le matériel « fixe »


qui va durer plusieurs années, à
l’inverse du matériel « consom- Il faut compter le nombre de matériels et chercher
mable », par exemple : bureaux, la date d’achat, puis l’amortir sur un certain nombre
Immobilisations de biens ordinateurs et matériel informa- d’années, en fonction de la durée de vie du bien.
tique, tables de classe, livres, Pour les bâtiments, il vous faudra la surface et
véhicule de fonction,... l’année de construction.
Mais l’immobilisation concerne
également le bâtiment !
Il vous faudra le poids et le type de déchet. Vous
Transport et traitement des
Déchets pouvez vous restreindre à un type de déchet si
déchets besoin (ex : alimentaire).
Vous pouvez réaliser une moyenne de km au niveau
Déplacements Les déplacements domicile-lycée de la classe, établir le type de trajet (voiture, bus, à
domicile-travail des élèves. pied, train) puis le reporter au nombre d’élèves.

82 - À l’école de la biodiversité
Biodiversité et changement climatique

LES PRINCIPAUX FACTEURS D’ÉMISSIONS*


* données provenant du site Base empreinte Ademe

Types d’émission Calcul Facteurs d’émissions Données Total

Émissions directes fugitives


Surface x en m² des batiments
climatisés
x
Donnée moyenne de kw
frigorifiques (0.1 kw)
Fuites des fluides x ............. kg éq.
frigorigènes concernant Taux de fuite moyen (10%) x m² x 0.1 x 10% x 1290 ............. m² CO2
la climatisation x
Pouvoir de réchauffement global
du type de fluide frigorigène
(1290 par défaut)
soit :
x m² x 0.1 x 10% x 1290

Eau / Energie

Eau potable, mix de ............. kg éq.


0.132 kg éq. CO2/m3 ............. m3
provenances CO2
Il s’agit ici d’une moyenne. Pour plus
de précisions, vous pouvez recher-
Électricité (mix moyen en cher les valeurs selon l’utilisation : ............. kg éq.
0.0801 kg éq. CO2/kWh ............. kWh
France continentale) chauffage, cuisson etc. Mais il vous CO2
faut pour cela connaître les données
de chaque poste.
Déplacements
Consommation d’une voiture
0.175 kg éq. CO2/ ............. kg éq.
essence moyenne sur une ............. km
courte distance
passager et km CO2

Consommation d’une voiture


0.163 kg éq. CO2/ ............. kg éq.
GPL moyenne sur une ............. km
courte distance
passager et km CO2

Consommation d’une voiture


0.165 kg éq. CO2/ ............. kg éq.
Gazole moyenne sur une ............. km
courte distance
passager et km CO2

Consommation d’un train Faites une enquête sur les élèves 8.98e-3 kg éq. CO2/ ............. kg éq.
............. km
intercités d’une classe, concernant leurs passager et km CO2
types de transport et le nombre de
Consommation d’un métro,
kilomètres séparant la maison du
tramway, trolleybus pour 5.03e-3 kg éq. CO2/ ............. kg éq.
lycée. Cela vous permettra d’avoir ............. km
une aglomération de
un échantillon, que vous pourrez
passager et km CO2
100 000 à 250 000 habitants
multiplier par le nombre de classes
Consommation d’un métro, de l’établissement, puis le reporter
tramway, trolleybus pour sur le nombre de semaines, hors 3.29e-3 kg éq. CO2/ ............. kg éq.
vacances scolaires. ............. km
une agglomération de plus passager et km CO2
de 250 000 habitants
Consommation TER, Train
8.91e-3 kg éq. CO2/ ............. kg éq.
Express Régional ............. km
fonctionnant à l’électricité
passager et km CO2

Consommation TER, Train


0.0798 kg éq. CO2/ ............. kg éq.
Express Régional ............. km
fonctionnant au gazole
passager et km CO2

Consommation TER, traction 0.0277 kg éq. CO2/ ............. kg éq.


............. km
moyenne passager et km CO2

Déchets

Selon l’ADEME, chaque repas dans


............. kg éq.
Déchets alimentaires l’enseignement produirait 143 g de 0.424 kg éq. CO2/ kg ............. kg
biodéchets.
CO2

À l’école de la biodiversité - 83
Biodiversité et changement climatique

Types d’émission Calcul Valeur

Achat de biens ou services

............. kg éq.
Livre de 300 g 1.10 kg éq. CO2/livre ............. kg CO2
Ramette de papier
blanc/80g/m² A4/ Hors 2.29 kg éq. CO2/unité
............. ............. kg éq.
utilisation et fin de vie
ramettes CO2

Alimentation en restauration Vous pouvez faire une moyenne sur 1632 kg éq. CO2/ per- ............. ............. kg éq.
scolaire l’ensemble des élèves sonne et par an personnes CO2

Réfrigérateur 300 kg éq. CO2/ unité


............. ............. kg éq.
réfrigérateurs CO2

Congélateur 415 kg éq. CO2/ unité


............. ............. kg éq.
congélateurs CO2
Bâtiments et mobilier

Cette donnée une fois calculée doit ............. kg éq.


Bâtiments de bureaux 650 kg éq. CO2/m² SHON ............. m²
être amortie sur un certain nombre CO2
d’années. La durée de vie d’un bâti-
Etablissement d’enseigne- ment (sans travaux) est en général de ............. kg éq.
440 kg éq. CO2/m² ............. m²
ment/structure en béton 50 ans. CO2
............. kg éq.
Parking classique/bitume 73.0 kg éq. CO2/m² ............. m² CO2

Chaise/plastique 34.4 kg éq. CO2/unité


............. ............. kg éq.
chaises CO2

Chaise/bois 18.6 kg éq. CO2/unité


............. ............. kg éq.
chaises CO2

Canapé/textile 179 kg éq. CO2/unité


............. ............. kg éq.
canapés CO2

............. tables .............


Table représentative 60.1 kg éq. CO2/unité
kg éq.
CO2
Numérique

Impact moyen d’un ordina-


teur portable, incluant la
.............
fabrication, le transport et ............. kg éq.
35 kg CO2 eq/unité ordinateurs
la fin de vie pour un usage CO2
personnel ramené à un an
portables
d’utilisation
Impact moyen d’une tablette,
incluant la fabrication, le
25.3 kg CO2 eq/unité
............. ............. kg éq.
transport et la fin de vie ra- tablettes CO2
mené à un an d’utilisation
Impact moyen d’un serveur,
incluant la fabrication, le Cette donnée ne nécessite pas d’amor-
732 kg CO2 eq/unité
............. ............. kg éq.
transport et la fin de vie ra- tissement sur plusieurs années. Il faut serveurs CO2
mené à un an d’utilisation donc comptabiliser une fois l’achat du
Impact moyen d’un écran, matériel.
incluant la fabrication, le ex : un ordinateur acheté en 2022 ............. ............. kg éq.
9.81 kg CO2 eq/unité
transport et la fin de vie ra- pourra être comptabilisé en 2022 mais écrans CO2
mené à un an d’utilisation pas une seconde fois en 2023.

Impact moyen d’un ordi-


nateur fixe (sans écran),
.............
incluant la fabrication, le ............. kg éq.
46.1 kg CO2 eq/unité ordinateurs
transport et la fin de vie pour CO2
un usage personnel ramené
fixes
à un an d’utilisation

Imprimante laser 197 kg CO2 eq/unité


............. ............. kg éq.
imprimantes CO2

Vidéo projecteur 145 kg CO2 eq/unité


............. vidéo ............. kg éq.
projecteurs CO2

84 - À l’école de la biodiversité
Biodiversité et changement climatique

Pour illustrer l’apport des aménagements de votre territoire, ou les actions que vous avez pu réaliser dans les chapitres anté-
rieurs, vous pouvez soustraire de votre bilan les données suivantes :

Postes Exemple de sources Caractéristiques


d’absorption d’émission*
25 kg de CO2 absorbés par an en
Un arbre mature moyenne

3 à 5 tonnes d’équivalent CO2


1 km de haie Pour une haie diversifiée et bien gérée
par an

1 hectare de prairie semé Pour une prairie diversifée et sans exploitation


1.8 t de CO2 par an
dans l’année bien sûr !

1 hectare de prairie de 2 1.83 t de CO2 par an


à 30 ans

* ces données ne proviennent pas du site Base empreinte Ademe

Encore plus loin !


Chaque BEGES est normalement suivi d’un
plan d’actions visant à réduire les prin-
cipaux postes d’émissions. Laissez vos
élèves débattre et proposer des solutions
adéquates ! Les élèves vont se mobiliser
et réfléchir aux modifications à apporter à
leurs comportements :
- Tri des déchets à la restauration scolaire,
- Moins d’impressions sur papier,
- Gestion de la luminosité, éclairage auto-
matique,
- Plantation de végétaux...

À consulter
• Comment réaliser un bilan de gaz à effet de serre pour les émissions de fonctionnement ? - ADEME, (2014). DIsponible
sur : https://www.carbone4.com/files/wp-content/uploads/2016/08/tome_2_pour_site.pdf
• Calculez votre empreinte carbone - info.gouv - 23/09/2024. Disponible sur : https://www.info.gouv.fr/actualite/calcu-
lez-votre-empreinte-carbone
• BEGES de la région Grand Est - Bilan Carbone (2019). Disponible sur : https://bilans-ges.ademe.fr/bilans/consultation/93c-
0c3d2-b1cd-11ed-8fce-005056b7acd1/fiche-identite
• Boîte à outils - Lycée en transition - Région Grand Est. Disponible sur : https://www.grandest.fr/accompagner-15-29-ans/
etudier-meilleures-conditions-lycee/lycees-transition/outils/

Sources
• Base empreinte - ADEME. DIsponible sur : https://base-empreinte.ademe.fr/donnees/jeu-donnees
• Combien de CO2 absorbe un arbre ? - Ecotree, disponible su r : https://ecotree.green/combien-de-co2-absorbe-un-arbre
• Faire vieillir ses prairies pour capter encore plus de carbone - Web-agri (2020). Disponible sur : https://www.web-agri.
fr/paturage/article/174862/faire-vieillir-ses-prairies-pour-capter-encore-plus-de-carbone

À l’école de la biodiversité - 85
Éditeur
Fédération Connaître et Protéger la Nature (FCPN)
43 Grande rue 08430 POIX TERRON
Tél.03 24 22 54 55
www.fcpn.org

Dépôt légal : novembre 2024


ISSN : 0296 - 029X
ISBN : 978-2-490298-54-9
n° de siret : 383 480 712 00025

La FCPN est une association loi 1901 à but non lucratif, membre de
France Nature Environnement, agréée comme Association nationale de
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Coordination Emilie CHRISTIAEN

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Comité de rédaction et de relecture


FCPN - Emilie CHRISTIAEN, Aurélie DUFOUR, Fanny HUSSON-POISSON,
Aurélie THOURAULT
Région Grand Est - Claire DELANGE, Faustine THOMAS, Florence
ZIMMERLIN

Cette publication a été conçue en partenariat avec


la Région Grand Est

Conception graphique
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Impression
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À l’école de la biodiversité
Cahier pédagogique à l'usage des enseignants des lycées

Édition 2024

Direction des Lycées Durables et de l’Éducation


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