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Le Finance Islamique 2022

Le document traite de la finance islamique, un système financier basé sur les principes de la loi islamique, interdisant l'intérêt et favorisant des pratiques éthiques. Il explore son origine, son développement au 21ème siècle, ainsi que les produits financiers islamiques et leur expansion en Europe et au Maroc. La finance islamique connaît une croissance rapide, attirant des investisseurs musulmans et non-musulmans grâce à ses principes de transparence et de partage des risques.

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Le Finance Islamique 2022

Le document traite de la finance islamique, un système financier basé sur les principes de la loi islamique, interdisant l'intérêt et favorisant des pratiques éthiques. Il explore son origine, son développement au 21ème siècle, ainsi que les produits financiers islamiques et leur expansion en Europe et au Maroc. La finance islamique connaît une croissance rapide, attirant des investisseurs musulmans et non-musulmans grâce à ses principes de transparence et de partage des risques.

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ENCG FES 2022-

2023

RECHERCHE SUR :

LE FINANCE ISLAMIQUE

Groupe : G2
- ABDELMOUGHIT EL MANSOURI
- El-ASSRY SAAD
Encadré par :
- Mme A. ALAOUI TAIB
Sommaire :

INTRODUCTION .....................................................................................................................
CHAPITRE I : VISION GENERALE SUR LE FINANCE ISLAMIQUE ..........................
1) DEFINITION……………………………………………………………
2) Origine de la Finance Islamique……………………………………….
3) Le 21ème siècle : la croissance de la Finance Islamique
4) Les fondements de la Finance Islamique
 L’interdiction de l’intérêt
 Le principe de Partage des Pertes et Profits (PPP/3P)
 L’interdiction de l’incertitude et de la spéculation (Gharar et
Maysir)
 La tangibilité de l’actif
 Les activités illicites
CHAPITRE II : les produits financiers islamiques

5) Les instruments participatifs :


 Moudaraba
 Moucharaka
6) Les instruments financiers :
 Mourabaha
 Ijara
 Salam
 L’Istitnaa

7) Sukuk :
8) Qard al Hassan :
Chapitre III : Le finance islamique en Europe et au Maroc
1) La Finance Islamique en Europe
2) La finance islamique au Maroc :

1
INTRODUCTION :

Au cours des vingt dernières années, l'évolution de la finance islamique est


l'un des développements les plus remarquables de l'histoire récente du secteur
des services financiers à l'échelle mondiale. Les institutions spécialisées dans
ce domaine reconnaissent aujourd'hui que leur marché n'est pas limité à
certaines régions du monde musulman, mais commence à s'étendre à l'échelle
internationale.
L'origine de la finance islamique moderne remonte aux années 70. Bien que
son activité soit principalement concentrée dans la région du Golfe Persique
et en Asie du Sud, elle commence à prendre de l'ampleur en Europe et aux
États-Unis, probablement en raison de la forte hausse du prix des
hydrocarbures. Les ingénieurs financiers ont affiné leurs offres afin d'attirer
une nouvelle catégorie d'investisseurs ayant des convictions spécifiques et un
potentiel d'investissement important pour capter une partie de la liquidité
abondante provenant des régions du Golfe Persique.
Actuellement, les institutions financières islamiques opèrent dans plus de 75
pays. Les actifs financiers répondants aux critères islamiques ont augmenté
de 1761milliards de dollars EN 2012 à 2875 milliards de dollars en 2019. 1
Par ailleurs, D’après la Société islamique pour le développement du secteur
privé, cette croissance ne devrait pas ralentir au cours des années à venir. Elle
estime, en effet, que l’encours financier des actifs islamiques atteindra 3 693
milliards de dollars en 2024.
Bien que la finance islamique ait introduit de nombreuses innovations depuis
sa création, elle présente toujours un potentiel de développement important
en raison de plusieurs facteurs clés. Tout d'abord, son expansion est encore
limitée par rapport à la finance conventionnelle, même dans certains pays
musulmans. De plus, certaines banques islamiques ont fait preuve d'une
résilience remarquable après la crise des Subprimes. Il y a également une
prise de conscience croissante de la nécessité d'un système financier axé sur
le financement de l'économie réelle plutôt que sur la spéculation. Enfin, il
existe une demande continue pour de nouveaux produits de financement de
l'économie.2

1
https://www.lafinancepourtous.com/decryptages/finance-et-societe/nouvelles-economies/finance-
islamique/la-finance-islamique-dans-le-monde/
2
https://www.ammc.ma/sites/default/files/Etude_finance_islamique_2011_10_19.pdf

2
Ce document est composé de quatre principales parties. La première partie se
déroule sur la définition, historique, développement de la finance islamique
ainsi que les fondements de FI, La deuxième partie porte sur les produits
financiers islamiques, la troisième partie est consacré au Finance Islamique
en Europe et la dernière partie sur la finance islamique au Maroc.

3
CHAPITRE I : VISION GENERALE SUR LE FINANCE ISLAMIQUE
1. DEFINITION :
La finance islamique est un système financier basé sur les principes de la loi
islamique, connue sous le nom de la charia. Contrairement à la finance
conventionnelle, la finance islamique interdit les pratiques usurières, le riba, qui
consiste à prélever des intérêts sur les prêts.
Au lieu de cela, la finance islamique fonctionne en utilisant des contrats basés
sur des partenariats et des investissements éthiques pour générer des profits. Les
principaux produits financiers de la finance islamique incluent les sukuk
(obligations conformes à la charia), les Mudarabah (partenariat), les Murabaha
(vente avec marge bénéficiaire), les Istisna (vente à terme) et les Musharakah
(société en participation).
La finance islamique est devenue de plus en plus populaire ces dernières années
et est maintenant pratiquée dans de nombreux pays à travers le monde.
L'objectif principal de la finance islamique est de fournir des services financiers
qui soient conformes aux principes de la charia. La charia est la loi islamique,
qui réglemente tous les aspects de la vie d'un musulman, y compris les
transactions financières.
Le but de la finance islamique est de fournir des produits financiers qui soient
éthiques, justes, transparents et socialement responsables, en accord avec les
principes de la charia. Elle cherche à promouvoir l'équité, la solidarité et la
coopération économique entre les individus et les communautés, tout en
favorisant le développement économique et la croissance de manière éthique.
La finance islamique vise également à fournir des services financiers inclusifs,
accessibles à tous, quelle que soit leur situation économique. Elle encourage
l'utilisation de l'argent pour des investissements productifs et le financement de
projets qui ont un impact positif sur la société et l'environnement.
En résumé, l'objectif principal de la finance islamique est de fournir des produits
et services financiers qui soient conformes aux principes de la charia, éthiques,
justes, socialement responsables et accessibles à tous, tout en favorisant le
développement économique et la croissance de manière éthique.
La finance islamique est basée sur les principes de la Charia islamique, qui
interdit les transactions financières qui comportent de l'intérêt (riba), la

4
spéculation (gharar), et les investissements dans des entreprises qui produisent
des biens ou des services contraires aux valeurs éthiques islamiques.
Voici quelques-uns des aspects les plus importants de la finance islamique :
Les produits financiers : Les produits financiers islamiques sont conçus pour
respecter les principes de la Charia. Ils comprennent des produits tels que les
Mudarabah (un partenariat où l'investisseur fournit les fonds et le gestionnaire
fournit le travail), les Musharakah (un partenariat où les partenaires partagent les
profits et les pertes), et les Sukuk (obligations islamiques).
La prohibition de l'intérêt : La Charia interdit l'utilisation de l'intérêt (riba) dans
les transactions financières. Cela signifie que les prêts avec intérêt, les
obligations avec intérêt, et les intérêts sur les dépôts sont interdits. À la place, la
finance islamique utilise des produits financiers qui sont basés sur le partage des
profits et des pertes.
L'investissement dans des entreprises éthiques : La Charia interdit les
investissements dans des entreprises qui produisent des biens ou des services
contraires aux valeurs éthiques islamiques. Par conséquent, les entreprises
impliquées dans l'alcool, le tabac, les jeux de hasard et les activités illicites ne
sont pas admissibles aux investissements islamiques.
La transparence et la responsabilité : La finance islamique encourage la
transparence et la responsabilité dans toutes les transactions financières. Les
partenaires doivent être informés de tous les aspects du projet, y compris les
risques et les coûts, avant de signer un accord.
La zakat : La Charia impose l'obligation de la zakat, une aumône obligatoire,
pour les musulmans qui ont un certain niveau de richesse. Les institutions
financières islamiques collectent et distribuent la zakat à des causes éthiques.
En résumé, la finance islamique est une approche financière qui est basée sur les
principes de la Charia islamique. Elle vise à fournir des produits financiers qui
sont éthiques, transparents, responsables, et qui respectent les interdictions et les
obligations de la Charia.

5
2.Origine de la Finance Islamique :
La finance islamique trouve ses racines dans les principes religieux de l'islam,
tels que le Fiqh Al Mouamalat, qui a fourni un cadre structuré pour les
transactions financières des musulmans depuis des siècles. Cependant, ce n'est
qu'à la fin du XXe siècle que la finance islamique s'est suffisamment développée
pour être considérée comme un modèle financier distinct permettant aux
musulmans et non-musulmans de mener des activités financières conformes aux
principes de l'islam. Ainsi, bien que les fondements théoriques de la finance
islamique soient anciens, son développement en tant que secteur financier à part
entière est relativement récent.
La finance islamique a son origine dans les enseignements religieux de l'islam,
mais son développement en tant que secteur financier distinct remonte aux
années 1960 et 1970. Voici les dates clés de l'histoire de la finance islamique :
Années 1960 : les premiers efforts visant à mettre en place une finance
islamique pratique ont commencé, avec des institutions financières en Égypte et
en Malaisie qui ont commencé à offrir des produits financiers conformes à la
charia.
1975 : la Banque islamique de développement a été créée à Djeddah, en Arabie
saoudite, pour fournir des financements conformes à la charia aux pays membres
de l'Organisation de la coopération islamique.
1977 : la Dubai Islamic Bank a été créée, devenant ainsi la première banque
islamique moderne à offrir des produits financiers conformes à la charia.
1980 : la première conférence internationale sur la finance islamique a été
organisée à Karachi, au Pakistan, marquant l'émergence de la finance islamique
en tant que secteur financier distinct.
2000 : la finance islamique a connu une croissance rapide au cours de la dernière
décennie du XXe siècle et au début du XXIe siècle, avec l'ouverture de
nouvelles banques islamiques et l'augmentation du nombre de produits
financiers conformes à la charia.
Depuis lors, la finance islamique a continué de se développer dans le monde
entier, avec des banques islamiques, des institutions financières et des fonds
d'investissement qui offrent une gamme de produits financiers conformes à la
charia. En 2021, les actifs de la finance islamique étaient estimés à environ
2900milliards de dollars US, avec une présence dans plus de 70 pays à travers le
monde.

6
3. Le 21ème siècle : la croissance de la Finance Islamique
D'après les estimations du FMI, plus de 300 institutions islamiques sont
actuellement opérationnelles dans plus de 75 pays. Au cours des dix dernières
années, l'industrie a enregistré une croissance annuelle moyenne d'environ 15 %,
et les prévisions indiquent que cette tendance devrait se poursuivre, voire même
s'accélérer, en fonction des pratiques réglementaires mises en place. L'expansion
rapide de la finance islamique en tant que modèle alternatif d'intermédiation
financière témoigne de sa capacité à répondre à l'évolution structurelle de la
demande des consommateurs et des entreprises, ainsi que de sa compétitivité et
de sa résistance à un environnement difficile et en mutation.
La finance islamique a commencé à se développer dans les années 1970 et 1980,
mais c'est au cours du 21ème siècle que son expansion a véritablement pris de
l'ampleur. Les pays à majorité musulmane, tels que la Malaisie, l'Arabie
saoudite, les Émirats arabes unis et le Qatar, sont les principaux acteurs de la
finance islamique. Cependant, la finance islamique s'est également répandue
dans les pays non musulmans, tels que le Royaume-Uni, la France et les États-
Unis.
La finance islamique offre des produits financiers conformes à la charia, tels que
les comptes d'épargne, les prêts, les cartes de crédit et les assurances. Les
investissements en actions et en obligations conformes à la charia sont
également disponibles. Les produits financiers de la finance islamique sont
basés sur des principes tels que le partage des profits et des pertes, la propriété
réelle des actifs, la transparence et l'éthique.
La croissance de la finance islamique s'explique en partie par la demande
croissante des investisseurs musulmans qui cherchent à investir dans des
produits financiers conformes à leurs croyances. Cependant, la finance
islamique est également de plus en plus populaire auprès des investisseurs non
musulmans, qui voient en elle une alternative éthique et transparente aux
systèmes financiers conventionnels.
La finance islamique est également en croissance dans ces dernières années et
continue d'élargir sa présence dans de nombreux pays à travers le monde.
Certaines régions qui connaissent une forte croissance de la finance islamique
incluent :
Le Moyen-Orient : L'Arabie saoudite, le Qatar, les Émirats arabes unis, le
Koweït et Bahreïn sont les principaux pays de la région où la finance islamique
est bien établie.

7
L'Asie du Sud-Est : La Malaisie, l'Indonésie et le Brunei sont les principaux
marchés de la finance islamique en Asie du Sud-Est.
L'Asie du Sud : Le Pakistan et le Bangladesh ont vu une croissance significative
de la finance islamique ces dernières années.
L'Afrique du Nord : Le Maroc et la Tunisie ont récemment adopté des lois pour
faciliter le développement de la finance islamique.3
L'Europe : Des pays tels que le Royaume-Uni, la France, l'Allemagne et le
Luxembourg ont établi des centres financiers islamiques pour attirer les
investissements de la finance islamique.
L'Amérique latine : Des pays comme le Brésil, l'Argentine et le Mexique ont
également commencé à adopter des pratiques financières islamiques pour
répondre aux besoins de leur population musulmane et des investisseurs
éthiques.4
Ces marchés offrent des opportunités significatives pour les institutions
financières islamiques de développer leur présence internationale et de répondre
à la demande croissante pour des produits et services financiers conformes à la
finance islamique.

3
https://www.thebanker.com/World/Africa/The-rise-of-Islamic-finance-in-Africa
4
https://www.islamicfinancenews.com/latin-america-new-frontier-islamic-finance.html

8
4. Les fondements de la Finance Islamique :
La finance islamique est basée sur les principes de la Charia, ou loi
islamique, qui interdit l'intérêt (riba) et encourage la participation aux risques
et aux bénéfices (mudaraba). Les principes de base de la finance islamique
sont les suivants :
 L’interdiction de l’intérêt
L'interdiction de l'intérêt (riba) est l'un des principes fondamentaux de la finance
islamique. Selon la Charia, le riba est considéré comme injuste car il permet à
une partie de tirer profit sans prendre de risque, ce qui est contraire à l'équité et à
la justice.
L'interdiction de l'intérêt s'applique à tous les types de prêts, y compris les prêts
à la consommation, les prêts hypothécaires, les prêts commerciaux et les prêts
bancaires. Dans la finance islamique, les investisseurs et les emprunteurs
partagent les risques et les bénéfices de manière équitable, sans recourir à
l'intérêt.
Pour contourner l'interdiction de l'intérêt, la finance islamique utilise des
contrats de vente et de location qui permettent aux investisseurs de générer des
revenus sans recourir à l'intérêt. Par exemple, le murabaha est un contrat de
vente avec marge bénéficiaire dans lequel l'investisseur achète un actif pour le
revendre à un bénéficiaire avec une marge bénéficiaire convenue à l'avance. De
même, l'ijarah est un contrat de location avec option d'achat dans lequel
l'investisseur achète un actif et le loue au bénéficiaire pour une période
déterminée, avec une option d'achat à la fin du contrat.
L'interdiction de l'intérêt est considérée comme l'un des principaux avantages de
la finance islamique, car elle encourage les investissements basés sur la
participation aux risques et aux bénéfices plutôt que sur l'intérêt. Elle est
également considérée comme un moyen de promouvoir l'équité et la justice dans
les transactions financières, car elle permet aux investisseurs et aux emprunteurs
de partager les risques et les bénéfices de manière équitable.
 Le principe de Partage des Pertes et Profits (PPP/3P)
Le partage des risques et des bénéfices est un principe clé de la finance
islamique. Contrairement à la finance conventionnelle, qui repose sur des
contrats d'intérêt fixes, la finance islamique utilise des contrats de partenariat qui
permettent aux investisseurs et aux emprunteurs de partager les risques et les
bénéfices de manière équitable.

9
Dans le cadre de la finance islamique, les investisseurs peuvent participer à des
transactions de partenariat telles que la mudaraba et la musharaka. Dans la
mudaraba, l'investisseur fournit des fonds à un entrepreneur qui gère l'entreprise
et partage les bénéfices avec l'investisseur selon un pourcentage convenu à
l'avance. En cas de perte, l'investisseur perd son capital, mais l'entrepreneur ne
subit pas de perte financière.
Dans la musharaka, les partenaires contribuent tous les deux en capital et gèrent
ensemble l'entreprise. Les bénéfices sont partagés selon un pourcentage convenu
à l'avance, tandis que les pertes sont réparties en fonction de la contribution en
capital de chaque partenaire. Cette forme de partenariat est souvent utilisée pour
les projets d'investissement à long terme tels que les projets immobiliers ou les
projets d'infrastructure.
Le partage des risques et des bénéfices permet de réduire le risque pour les
investisseurs tout en encourageant l'innovation et l'entrepreneuriat. En effet, les
entrepreneurs sont encouragés à prendre des risques car ils peuvent bénéficier de
la participation aux bénéfices, tandis que les investisseurs sont encouragés à
investir dans des projets innovants car ils peuvent partager les bénéfices
potentiels. En outre, le partage des risques et des bénéfices est considéré comme
un moyen de promouvoir l'équité et la justice dans les transactions financières,
car il permet aux investisseurs et aux emprunteurs de partager les risques et les
bénéfices de manière équitable. Cela est conforme aux principes de la Charia qui
encouragent les transactions équitables et interdisent l'exploitation ou l'injustice.
 L’interdiction de l’incertitude et de la spéculation (Gharar et
Maysir)
La Charia interdit les activités comportant des éléments d'incertitude excessive
ou de spéculation dans le but de réaliser un profit. Les contrats conformes à la
Charia doivent avoir des caractéristiques claires et bien définies. Le terme
"Gharar" désigne une incertitude ou un hasard dans les contrats islamiques, et il
n'est pas permis que l'objet du contrat soit conditionné par la réalisation d'un
événement incertain. Cette interdiction est basée sur le fait que l'incertitude peut
causer un déséquilibre entre les pertes et les profits des différentes parties au
contrat. De même, la notion de "Maysir" est liée aux pratiques de jeu qui
peuvent entraîner un enrichissement injustifié au détriment des autres. Dans la
religion musulmane, il est interdit de réaliser des transactions commerciales
comportant une incertitude excessive, ce qui inclut la vente de produits
inexistants, les paris et les loteries.
 La tangibilité de l’actif

10
La finance islamique repose sur le principe selon lequel toute transaction
financière doit être basée sur un actif tangible réel et matériel. Ce principe
permet de renforcer la stabilité économique et de maîtriser les risques. En
encourageant les investisseurs à s'engager dans l'économie réelle, la finance
islamique empêche la déconnexion souvent observée entre les marchés
financiers et l'économie réelle. Cela permet également de promouvoir la justice
sociale et l'équité, ainsi que la liberté d'entreprendre.
 Les activités illicites
En finance islamique, certaines activités sont considérées comme illicites et
donc interdites. Il s'agit notamment des activités impliquant des produits illicites
tels que l'alcool, le tabac, les jeux de hasard et les transactions basées sur des
intérêts (riba). La spéculation excessive et les investissements dans des
entreprises dont les activités sont considérées comme préjudiciables à
l'environnement ou à la société sont également interdits. La finance islamique
encourage les investissements dans des activités productives qui ont un impact
positif sur la société et qui sont conformes aux principes de la Charia. Les
investissements dans l'immobilier, l'agriculture, l'industrie, le commerce,
l'énergie et les infrastructures sont des exemples d'activités conformes à la
Charia.

11
CHAPITRE II : les produits financiers islamiques
1. Les instruments participatifs
Moudaraba : La lecture de la circulaire du Wali de Bank Al-Maghreb portant sur
les caractéristiques techniques des produits participatifs, permet de conclure que
Moudaraba est le financement qui est à même d’encourager l’entreprenariat et
notamment les startups innovantes. En effet, c’est par ce produit que les banques
participatives peuvent apporter un plus à l’économie nationale en se distinguant
des banques conventionnelles, dont le concours est généralement conditionné
par l’apport en capital et la présentation de garanties suffisantes.
Le point fort du contrat Moudaraba -au moins sur le plan théorique- est qu’il
permet à un porteur de projet (Moudarib) qui ne dispose ni de capitaux ni de
garanties, d’accéder au financement de la banque participative (Rab El Mal).
Cette dernière apporte les capitaux nécessaires ; l’entrepreneur n’apporte que
son talent, son expérience et ses compétences managériales. Les capitaux sont
prélevés sur les fonds propres de la banque et sur les fonds d’investissement qui
lui sont confiés par sa clientèle. On remarque à ce niveau que Moudaraba
présente quelques points communs avec certaines techniques de financement
modernes comme le capital-risque, le capital d’amorçage et la formule des
investisseurs providentiels (business Angel).
En finance islamique, dans le cadre d'un contrat Moudaraba, Rab El Mal est seul
responsable des pertes, à moins que l'entrepreneur ne fasse preuve de
négligence, de fraude, de mauvaise gestion ou ne viole le contrat. Par
conséquent, il est crucial pour la banque de bien étudier le dossier présenté par
le client. Les bénéfices sont partagés entre les parties conformément aux termes
du contrat, mais ne peuvent être répartis sous forme d'un montant forfaitaire fixé
à l'avance ou d'un pourcentage du capital investi par la banque. Si plusieurs
banques ont avancé des capitaux, la répartition des pertes et des bénéfices se fait
en proportion de leur contribution respective.
En cas de perte, l'entrepreneur ne perd que le travail qu'il a consacré au projet, la
banque ne pouvant lui réclamer une créance au titre des capitaux investis. La
réglementation de la Banque Centrale prévoit que le capital investi par la banque
ne peut pas être considéré comme une créance sur l'entrepreneur ou une tierce
personne, car la banque est rémunérée en fonction de sa participation à la
création de valeur et non pas en fonction de la durée de mobilisation de ses
12
fonds. Cependant, la banque a le droit de contrôler les opérations conformément
aux conditions fixées par le contrat Moudaraba. La marge de manœuvre de
l'entrepreneur dépend du type de Moudaraba défini dans le contrat. En effet, la
réglementation de la Banque Centrale prévoit deux types de Moudaraba : la
"Moudaraba à caractère restrictif" et la "Moudaraba à caractère non restrictif".
Dans le premier cas, les parties définissent l'objet de la Moudaraba, notamment
les modalités et conditions de l'investissement du capital. Dans le second cas,
l'investisseur autorise l'entrepreneur à investir le capital sans restriction.5

Herbert Smith (2009), Le guide de la finance islamique.

Moucharaka : il s'agit d’un contrat de partage de profits et de pertes dans lequel


l'entrepreneur et le financier apportent du capital et participent à la gestion de
l'entreprise. Cette forme de contrat, similaire à une joint-venture, implique une
répartition des apports en capital selon des pourcentages préalablement
convenus, et une distribution des bénéfices selon des ratios établis par contrat. Il
est important de noter que ces bénéfices peuvent ne pas correspondre à la
proportion du capital investi par chaque partie, mais les pertes seront toujours
réparties en fonction des contributions en capital de chaque partie.
En pratique, la Mousharaka est souvent gérée par l'une des parties moyennant
des frais. Cette méthode de financement est couramment utilisée pour des
projets à long terme, tels que l'acquisition d'un bien spécifique ou le

5
https://www.challenge.ma/moudaraba-financement-repond-aux-besoins-start-up-82021/

13
développement d'un nouveau projet d'entreprise. Les Mousharakas peuvent être
structurées de différentes manières pour répondre aux besoins des parties
impliquées.

Source : Sharia-finance.lu

La Mousharaka décroissante : Cette variante de la Mousharaka classique


présente une différence importante : elle permet à l'entrepreneur d'augmenter
graduellement sa part dans le partenariat. En effet, la participation financière est
divisée en plusieurs unités et le client s'engage contractuellement à acquérir
l'ensemble de ces unités sur une période déterminée. Cette méthode est
couramment utilisée pour financer un projet que l'entrepreneur souhaite posséder
à long terme, mais peut également être utilisée dans le cadre de prêts
hypothécaires conformes à la Charia

Source : Sharia-finance.lu

14
2. Les instruments financiers
Mourabaha : financement basé sur le principe du coût majoré :
Le contrat Mourabaha classique implique qu'un financier achète un actif pour le
compte de son client, puis le revend à ce dernier moyennant des paiements
échelonnés sur une période déterminée. Le prix de revente est déterminé en
ajoutant une marge au coût d'acquisition de l'actif, comme convenu entre les
parties. Les termes de paiement, les prix de revente et les marges sont convenus
à l'avance et acceptés par les deux parties. Les principales différences entre la
mourabaha et un contrat de dette classique sont :
- La Mourabaha se distingue d'un contrat de dette classique par le fait que le
financier demeure propriétaire de l'actif et assume le risque sous-jacent, même
pour une courte période, jusqu'à ce que l'actif soit revendu au client. Il s'agit
donc d'une opération de vente à crédit plutôt que d'un prêt.
- Dans la Mourabaha, il n'y a pas de référence à un taux d'intérêt. Le financier se
rémunère plutôt par le biais d'une commission qui ne correspond pas à la valeur
intrinsèque de l'argent prêté, mais plutôt à la récompense du service rendu par la
banque.
La technique de financement Mourabaha est très répandue, en particulier dans le
cadre de financements export, immobiliers, d'acquisition et avec effet de levier
(LBO)6

Source : Sharia-finance.lu

6
https://www.ammc.ma/sites/default/files/Etude_finance_islamique_2011_10_19.pdf

15
Mourabaha inversée : financement des acquisitions de matières premières :
La Mourabaha est l'un des contrats financiers islamiques les plus populaires, et
son utilisation est souvent nécessaire pour répondre aux besoins en trésorerie des
clients. La transaction se déroule en plusieurs étapes, qui sont pratiquement
simultanées :7

- Le client (A) demande à la banque de lui vendre à terme une quantité


spécifique de biens tangibles pour un prix convenu à l'avance ;
- La banque achète les biens demandés à un intermédiaire (1) et les revend
ultérieurement au client (A) à crédit ;
- Après avoir été acquis par le client (A), les biens sont vendus à un autre
intermédiaire (2) au prix du marché. Pour être conforme à la Charia, cet
intermédiaire doit être différent du premier (1). Les revenus de cette dernière
transaction fournissent au client (A) les liquidités nécessaires pour répondre à
ses besoins de financement.
À la fin de la transaction, le client dispose de liquidités mais a également une
dette envers la banque, qui peut être remboursée en plusieurs versements. L'actif
sous-jacent est généralement une matière première librement négociable et
conforme à la Charia, comme le cuivre. L'or et l'argent ne peuvent pas être
utilisés car la Charia les considère comme des devises plutôt que comme des
matières premières. Les Mourabaha peuvent être structurées de manière
similaire à un crédit syndiqué.
Ijara :
L'Ijara est l'équivalent d'un contrat de bail ou, le cas échéant, d'un contrat de
location-vente. Il est souvent utilisé pour financer des actifs mobiliers et
immobiliers, ainsi que pour des projets d'infrastructure à long terme. La banque,
en tant que financier, reste propriétaire de l'actif et assume tous les risques
associés. Dans ce mode de financement, l'actif n'est pas vendu au client mais est
plutôt loué en échange du paiement de loyers.
Quelques différences distinguent cet instrument d’un contrat de crédit-bail
classique :

7
Source : Agefi

16
- L’Ijara ne prévoit pas de pénalités en cas de retard ou défaut de paiement.
- En effet, contrairement à d'autres contrats de financement islamiques tels que
le contrat Murabaha, le contrat Ijara ne permet pas de rééchelonner les
paiements. Toute modification des termes contractuels ne peut se faire qu'à
travers un nouveau contrat. Cela est dû au fait que le contrat Ijara est considéré
comme un contrat de location, où les termes et les conditions sont définis à
l'avance et doivent être respectés par les deux parties jusqu'à la fin du contrat.
- Dans un contrat Ijara, les paiements ne peuvent pas être effectués avant la
livraison effective de l'actif, contrairement à un contrat de crédit-bail
traditionnel.
- Dans un contrat d'Ijara, les paiements ne sont pas déterminés à l'avance, mais
plutôt à la date prévue de livraison de l'actif. Cette flexibilité est
particulièrement utile pour le financement de projets, car elle permet de mieux
gérer l'incertitude liée à la rentabilité future de l'investissement.
Contrairement à un crédit-bail classique, dans un contrat Ijara, le financier
islamique assume une partie des risques commerciaux liés à la location. En effet,
tout au long de l'opération, le financier doit s'assurer de l'entretien et de la
maintenance de l'actif, payer les taxes et impôts liés à la propriété de l'actif, ainsi
que prendre en charge les frais d'assurance. Toutefois, ces responsabilités
peuvent être déléguées au client, qui agit alors en tant que mandataire et reçoit
une rémunération incluse dans le montant du loyer.

Herbert Smith (2009), Le guide de la finance islamique.

Salam :

17
Le contrat Salam est un contrat financier islamique où un acheteur s'engage à
payer un prix convenu pour un produit livré à une date ultérieure. Il est utilisé
pour financer l'achat de produits agricoles, mais peut également être utilisé pour
financer d'autres biens. Dans un contrat Salam, le vendeur accepte de livrer le
produit à une date ultérieure, tandis que l'acheteur paie le prix convenu au
moment de la conclusion du contrat. Le contrat Salam est considéré comme
conforme à la charia car il permet aux entreprises d'obtenir des financements
sans avoir recours à l'intérêt usuraire (riba).

Source : Sharia-finance.lu

L’Istitnaa :
Le contrat Istisna'a est également un contrat à terme, mais il diffère du contrat
Salam en ce qui concerne les modalités de paiement. En effet, ce contrat offre
plus de flexibilité en termes de paiements, qui peuvent être effectués en une
seule fois à la signature du contrat, de manière échelonnée ou à une date
ultérieure. De plus, les paiements peuvent être liés à l'avancement du projet.
Contrairement au contrat Salam, la date de livraison du bien n'est pas déterminée
à l'avance, mais les modalités de paiement doivent être précisées dans le contrat.
Contrairement aux autres contrats de financement islamiques, l'Istitnaa ne
s'applique qu'aux biens qui sont construits ou fabriqués, ce qui le rend
particulièrement adapté pour le financement de projets de construction ou de
développement d'actifs. Cela signifie que le bien financé doit être produit ou
construit à la demande du client et non pas déjà existant sur le marché. Le prix et
les modalités de paiement sont alors déterminés à l'avance dans le contrat entre
le client et le fournisseur, et le financier islamique peut intervenir en tant
qu'intermédiaire pour faciliter la transaction.

18
Herbert Smith (2009), Le guide de la finance islamique.

3. Sukuk :
L'IIFM (International Islamic Financial Market) définit les Sukuk comme des
certificats d'investissement, considérés comme l'équivalent islamique des
obligations conventionnelles mais avec des différences fondamentales. Selon
l'AAOIFI, les Sukuk sont des certificats de valeur égale représentant des parts
indivises dans la propriété d'actifs tangibles, d'usufruit, de services ou de projets
d'investissement. En investissant dans les Sukuk, les investisseurs acquièrent des
participations dans les actifs sous-jacents et sont rémunérés en fonction de la
performance de ces actifs. 8
Les Sukuk peuvent être émis par les gouvernements ou les entreprises privées, et
il existe plusieurs types de Sukuk. Les montages des Sukuk varient en fonction
du type d'actif sous-jacent. Les montages les plus couramment utilisés sont :
Le Sukuk Salam : est un certificat d'investissement émis pour mobiliser des
fonds Salam destinés à financer un bien qui sera livré à terme, conformément au
contrat de vente à terme Salam. L'émetteur du Sukuk est le vendeur du bien,
tandis que les détenteurs des certificats sont les investisseurs qui achètent le bien
à financer. Les investisseurs paient en avance dans un SPV (Special Purpose
Vehicle - une entité ad hoc) en échange d'une promesse de livraison à une date
ultérieure avec un paiement spot (au comptant) à la livraison. Les biens sont
généralement vendus après livraison, et la rémunération des investisseurs est
constituée du bénéfice réalisé par l'écart entre le prix d'achat et le prix de
revente.

8
https://www.ammc.ma/sites/default/files/Etude_finance_islamique_2011_10_19.pdf

19
Le Sukuk Istitna : est un certificat d'investissement émis par une entité ad-hoc
(SPV) pour lever des fonds destinés à financer un projet industriel,
manufacturier ou immobilier. Le développeur ou l'entrepreneur du projet cède
les titres de propriété à l'entité SPV pendant la phase de construction. Une fois le
projet achevé, deux scénarios se présentent : soit le projet est revendu à
l'entrepreneur à un prix préalablement convenu avec des modalités de paiement
différées, soit il est loué en crédit-bail avec un contrat Sukuk Al Ijara. Les
investisseurs sont rémunérés après la livraison du bien, soit par la revente, soit
par la location, grâce au bénéfice réalisé. Il convient de noter que l'Istitna est
également un contrat de vente à terme.
Le Sukuk Mourabaha : est un instrument de financement qui repose sur une
transaction Mourabaha, où un SPV émet des certificats d'investissement pour
lever des fonds auprès d'investisseurs. Ces fonds sont ensuite utilisés pour
acheter des biens auprès d'un fournisseur au prix du marché, qui sont revendus
plus tard au client à un prix majoré. La marge bénéficiaire payée par le client
constitue la rémunération des investisseurs. Il s'agit donc d'une forme de
financement participatif qui permet à des investisseurs de financer l'achat d'un
bien ou d'une marchandise pour un client, tout en obtenant une rémunération sur
la marge bénéficiaire générée par la transaction.
Les Sukuk Moudaraba : sont émis dans le cadre d'un contrat de partenariat
Moudaraba. Le Sukuk Moudaraba est un certificat d'investissement qui permet
aux investisseurs d'apporter des fonds pour financer un projet et de partager les
bénéfices générés par le projet en fonction d'un ratio prédéterminé dans le
contrat. Le gérant du projet, appelé le Moudarib, est chargé de gérer le projet et
d'utiliser les fonds de manière efficace pour maximiser les bénéfices. Les
détenteurs de Sukuk Moudaraba sont les bailleurs de fonds qui apportent le
capital et ne sont pas impliqués dans la gestion du projet. Les pertes, quant à
elles, sont supportées par les bailleurs de fonds uniquement, tandis que le
Moudarib ne perd que son travail et ses efforts en cas de perte. Après
l'achèvement du projet, la propriété du projet peut être transférée à l'entrepreneur
ou aux investisseurs en fonction des termes du contrat de partenariat.
Les certificats Sukuk Mousharaka : représentent des parts égales dans un projet
financé et géré selon le principe de la Mousharaka. Ils sont émis dans le but
d'utiliser les fonds pour créer un nouveau projet ou développer un projet
existant. En vertu de la Mousharaka, toutes les parties apportent du capital et
partagent les risques et les profits selon des ratios prédéterminés.
Les Sukuk Ijara : sont les certificats les plus populaires et répandus dans le
monde aujourd'hui. Les fonds recueillis auprès des porteurs de Sukuk sont

20
utilisés pour acheter des actifs définis, qui sont ensuite loués au profit de
l'entreprise bénéficiaire. Les porteurs de Sukuk ont droit à une part du loyer
perçu, mais ils sont également responsables des dépenses liées à la maintenance
de l'actif. Ils sont également exposés au risque de pertes résultant de la mauvaise
performance ou de l'absence de performance des actifs, comme dans le cas d'un
bien immobilier avec des locaux non loués. Finalement, à l'échéance, les actifs
sous-jacents sont vendus et les recettes sont distribuées aux porteurs de Sukuk.
4. Qard al Hassan :
Qard al-Hasan est un terme islamique qui se réfère à un prêt sans intérêt, ou un
prêt bénévole. Dans le contexte financier islamique, c'est une forme de prêt où le
prêteur ne demande pas d'intérêt sur le montant prêté, mais où l'emprunteur est
censé rembourser le montant principal du prêt. Qard al-Hasan est considéré
comme une forme de bienfaisance et d'aide mutuelle, qui peut être utilisée pour
aider les personnes en difficulté financière. Il est souvent utilisé dans les
transactions financières islamiques, telles que les opérations de microfinance et
les prêts entre amis et membres de la famille.
CHAPITRE III : Le finance islamique en Europe et au Maroc
1. La Finance Islamique en Europe
1.1. Le Royaume Uni :
Selon un rapport publié par l'IFSL (International Financial Services London), le
Royaume-Uni est considéré comme le centre de la finance islamique dans les
places financières occidentales. Londres est classé au huitième rang mondial en
termes de marché de la finance islamique, après la Malaisie, l'Arabie saoudite et
la majorité des pays du CCG, mais avant le Pakistan et l'Égypte. Cette position
dans le classement mondial est due en grande partie à la taille importante de la
HSBC Amanah et à son offre de produits et services. De plus, cette position est
également attribuée au fait que le Royaume-Uni, en tant que deuxième centre
financier mondial, a reconnu très tôt l'importance du marché de la finance
islamique, même à ses débuts.
1.2. La France :
En France, les autorités de marché, en particulier l'AMF, sont très ouvertes à
l'émission et à la cotation de produits de finance islamique sur la place de Paris.
Pour soutenir ce développement, l'AMF a publié un guide le 27 octobre 2010 sur
l'élaboration de prospectus Sukuks. Depuis l'été 2010, la finance islamique est
devenue une réalité en France avec la publication de quatre instructions fiscales
sur les instruments financiers conformes à la Charia. Ces mesures témoignent de

21
l'engagement des autorités françaises à favoriser la croissance de la finance
islamique sur la place financière de Paris.
1.3. Les Pays-Bas :
En 2007, le gouvernement des Pays-Bas a annoncé son intention de se
positionner dans l'industrie de la finance islamique. Depuis lors, la Banque
centrale néerlandaise (DNB) a mené une étude pour identifier les défis
réglementaires qu'elle pourrait rencontrer dans l'introduction de produits
financiers islamiques. Cette étude témoigne de la volonté des Pays-Bas de se
positionner sur le marché de la finance islamique et de répondre aux besoins des
investisseurs musulmans en matière de produits financiers conformes à la
Charia.
Les principales questions soulevées dans ce rapport peuvent être résumées
comme suit :
• La protection des épargnants et la garantie des dépôts ;
• L’intégration des différents produits dans le cadre réglementaire ;
• la définition des entités en charge de la vérification de la conformité à la
Charia ;
• Le traitement de la TVA ;
• L’analyse et le traitement des différences potentielles concernant le risque de
crédit, de marché et opérationnel.
Suite à l'initiative du gouvernement, un groupe de travail a été créé au sein du
Holland Financial Centre. Ce groupe de travail est chargé de déterminer la
stratégie à adopter pour promouvoir et développer la finance islamique aux
Pays-Bas. Cette initiative témoigne de l'intérêt croissant des autorités
néerlandaises pour la finance islamique et de leur volonté de se positionner sur
ce marché en plein essor.
Malgré l'intérêt croissant des autorités néerlandaises pour la finance islamique,
le marché reste encore limité aux Pays-Bas. En effet, il y a eu jusqu'à présent un
nombre limité de transactions financières islamiques menées dans le pays, ainsi
qu'un nombre restreint de produits de gestion d'actifs. La plupart des
transactions étaient associées aux investissements immobiliers et à la dette
privée (Private Equity). Cela montre que le marché de la finance islamique aux
Pays-Bas est encore en développement et qu'il y a un potentiel de croissance
important pour les acteurs du secteur.

22
1.4. Allemagne :
En 2004, le land de Saxe-Anhalt en Allemagne a émis les premiers Sukuks en
Europe de l'Ouest. Depuis lors, plusieurs banques allemandes telles que
Deutsche Bank, Dresdner et WestLB ont commencé à offrir des produits
financiers islamiques dans leur gamme de produits. Les services financiers
islamiques sont généralement proposés par les banques allemandes via leurs
filiales au Royaume-Uni et au Moyen-Orient.
2. La finance islamique au Maroc :
Le Maroc est un pays qui a commencé à se développer dans le domaine de la
finance islamique dans les années 2000. En 2014, le Maroc a promulgué une loi
qui permet la création de banques islamiques et de sociétés de financement
islamiques. Cette loi permet également la création de fonds d'investissement
islamiques.
En 2017, cinq banques islamiques ont été autorisées à exercer au Maroc, dont la
Bank Assafa, la banque participative du Groupe Attijariwafa Bank, et Umnia
Bank. Le gouvernement marocain a également lancé un plan stratégique pour le
développement de la finance islamique dans le pays, qui vise à renforcer la place
de Casablanca en tant que hub régional pour les services financiers islamiques.
Ainsi, le Maroc a connu un essor notable dans le domaine de la finance
islamique ces dernières années et continue de travailler sur son développement,
avec la volonté de devenir un leader régional dans ce domaine.
Les défis :
Malgré son potentiel de développement, la finance islamique au Maroc doit
relever plusieurs défis pour s'imposer durablement dans le paysage financier
marocain. Voici quelques-uns de ces défis :
Sensibilisation et éducation : La plupart des Marocains ne connaissent pas
suffisamment la finance islamique et ses principes. Les banques participatives
doivent donc sensibiliser et éduquer la population marocaine sur les avantages et
les caractéristiques de la finance islamique.
Réglementation et supervision : Le Maroc dispose d'un cadre réglementaire et de
supervision pour la finance islamique, mais celui-ci est encore en cours de
développement. Le gouvernement doit veiller à ce que la réglementation soit
claire et cohérente afin de favoriser le développement de la finance islamique.
Manque de produits innovants : Les banques participatives au Maroc proposent
principalement des produits financiers traditionnels adaptés aux principes de la

23
charia. Cependant, il est important qu'elles développent des produits innovants et
compétitifs pour attirer de nouveaux clients.
Coûts élevés : La mise en place de la finance islamique nécessite des
investissements importants en termes de technologie, de formation, de
marketing, etc. Ce qui peut entraîner des coûts plus élevés pour les banques
participatives, ce qui peut se répercuter sur les coûts des produits proposés aux
clients.
Concurrence : Les banques participatives sont confrontées à une forte
concurrence de la part des banques traditionnelles qui proposent également des
produits financiers conformes à la charia. Les banques participatives doivent
donc se différencier et offrir des produits compétitifs pour se faire une place sur
le marché.
En somme, la finance islamique au Maroc doit surmonter ces défis pour
s'implanter de manière durable et se développer. Cela nécessite une
collaboration étroite entre les acteurs du secteur financier, les autorités de
réglementation et la société civile.
SOLUTION :
Le Maroc a pris plusieurs mesures pour surmonter les défis de la finance
islamique et promouvoir son développement. Voici quelques-unes de ces
mesures :
Sensibilisation et éducation : Le gouvernement marocain a lancé des campagnes
de sensibilisation pour promouvoir la finance islamique auprès du grand public.
Des programmes de formation ont également été mis en place pour renforcer les
compétences des professionnels de la finance islamique.
Réglementation et supervision : Le gouvernement a mis en place un cadre
réglementaire pour la finance islamique et a créé une autorité de régulation, le
Conseil Supérieur des Oulémas, pour superviser et approuver les produits
financiers islamiques proposés par les banques participatives.
Développement de produits innovants : Le gouvernement a encouragé les
banques participatives à développer des produits financiers innovants pour
attirer de nouveaux clients. Il a également mis en place des programmes
d'incubation pour aider les jeunes entrepreneurs à développer des idées
novatrices dans le domaine de la finance islamique.
Coûts élevés : Le gouvernement a mis en place des mesures pour réduire les
coûts associés à la mise en place de la finance islamique, notamment en offrant

24
des avantages fiscaux aux banques participatives et en fournissant une assistance
technique pour aider les banques à se développer.
Concurrence : Le gouvernement a encouragé la concurrence entre les banques
participatives et les banques traditionnelles en créant un environnement
réglementaire favorable pour la finance islamique. Il a également encouragé les
banques traditionnelles à proposer des produits financiers conformes à la charia
pour répondre à la demande croissante des clients
Conclusion :
La finance islamique est un système financier qui repose sur des principes
éthiques et moraux issus de la charia, la loi islamique. Elle est en croissance
constante dans le monde entier, offrant des solutions financières conformes aux
croyances et aux valeurs de millions de personnes.
Au Maroc, la finance islamique est en train de se développer progressivement,
avec l'ouverture de plusieurs banques participatives et l'introduction de
nouveaux produits financiers islamiques. Cependant, elle doit surmonter certains
défis, notamment en termes de sensibilisation et d'éducation, de réglementation
et de supervision, de développement de produits innovants, de coûts élevés et de
concurrence.
Malgré ces défis, la finance islamique continue d'attirer de plus en plus de
personnes à travers le monde, grâce à son approche éthique et responsable, sa
transparence et son engagement à fournir des solutions financières équitables
pour tous.
En conclusion, la finance islamique est un système financier en pleine expansion
qui offre des alternatives éthiques et conformes à la charia pour les investisseurs
et les consommateurs. Toutefois, pour se développer durablement, elle doit
relever des défis spécifiques à chaque marché et adopter des solutions
appropriées pour répondre aux besoins de ses clients.

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Bibliographies :
 Sukuk: An introduction to the underlying principles and structure, Dar al
Istithmar June 2006
 Guide de la Finance Islamique, Herbert Smith, 2009
 Islamic Capital Market Overview & Role of Sukuk Islamic Finance – A
Paradigm Shift in Africa 28th – 29th March 2011 Crowne Plaza Hotel
Nairobi, Kenya
 Abdelhak El Khatabi, La finance islamique, une alternative pour
l'inclusion financière, Editions Universitaires Européennes, 2017.
 Rachid Ouaich, La finance islamique au Maroc, Éditions Publibook,
2015.
 Islamic Banking & Finance Institute Malaysia:
 Islamic Finance Guru

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