[go: up one dir, main page]

0% ont trouvé ce document utile (0 vote)
66 vues14 pages

S1 Histoire Des Idées Et Des Arts Moyen Âge

Le Moyen Âge, s'étendant de 476 à 1492, est marqué par des événements clés tels que la chute de l'Empire romain d'Occident, les croisades et l'émergence de la société féodale. Cette période est caractérisée par des migrations, des innovations techniques et culturelles, ainsi que des crises démographiques et économiques, notamment la peste noire. La christianisation des campagnes et le développement des villes et du commerce illustrent l'évolution sociale et économique de l'époque.

Transféré par

meeryeemeel2004
Copyright
© © All Rights Reserved
Nous prenons très au sérieux les droits relatifs au contenu. Si vous pensez qu’il s’agit de votre contenu, signalez une atteinte au droit d’auteur ici.
Formats disponibles
Téléchargez aux formats PDF, TXT ou lisez en ligne sur Scribd
0% ont trouvé ce document utile (0 vote)
66 vues14 pages

S1 Histoire Des Idées Et Des Arts Moyen Âge

Le Moyen Âge, s'étendant de 476 à 1492, est marqué par des événements clés tels que la chute de l'Empire romain d'Occident, les croisades et l'émergence de la société féodale. Cette période est caractérisée par des migrations, des innovations techniques et culturelles, ainsi que des crises démographiques et économiques, notamment la peste noire. La christianisation des campagnes et le développement des villes et du commerce illustrent l'évolution sociale et économique de l'époque.

Transféré par

meeryeemeel2004
Copyright
© © All Rights Reserved
Nous prenons très au sérieux les droits relatifs au contenu. Si vous pensez qu’il s’agit de votre contenu, signalez une atteinte au droit d’auteur ici.
Formats disponibles
Téléchargez aux formats PDF, TXT ou lisez en ligne sur Scribd
Vous êtes sur la page 1/ 14

Le Moyen Âge s’étend sur plus de mille ans.

Les historiens le font débuter en


476, à la fin du règne de Romulus Augustule, dernier empereur romain d'Occident,
ou en 496, date du baptême de Clovis. Il se termine soit en 1453, avec la prise de
Constantinople par les Turcs et la fin de l'Empire romain d'Orient, soit en 1492, date
de l’accostage de Christophe Colomb sur le continent américain, ou encore à la mort
de Louis XI en 1481.

QUELQUES DATES IMPORTANTES DU MOYEN ÂGE

(en Occident et ailleurs)

 476 : chute de l’Empire romain d’Occident.


 Ve siècle : accélération des migrations depuis le Nord et l'Est de l'Europe ; diffusion
de la charrue dans les pays nordiques.
 VIe siècle : apogée de la civilisation Maya.
 532 : construction de l’église Sainte-Sophie à Constantinople.
 622 : Hégire de Mahomet, émigration de La Mecque à Médine et fondation de la
communauté des croyants musulmans.
 633 : début des conquêtes arabes en Syrie, Perse et Égypte.
 Vers 700 : premiers établissements vikings sur les îles Shetlands.
 711 : conquête de l’Espagne par les Musulmans.
 712 : conquête du delta de l’Indus par les Arabes.
 751 Bataille de Talas : victoire des armées abbassides sur celles de la Chine des
Tang. Les Abbassides apprennent des prisonniers chinois la fabrication du papier.
 786-788 Grande mosquée de Cordoue.
 794 : Kyoto devient la capitale du Japon.
 799 : première attaque des Vikings en Gaule.
 En 802, le prince Jayavarman II fonde la royauté angkorienne. L’important
complexe d’Angkor est construit entre la fin du IXe siècle et le XIIe siècle.
1
 820 : premiers raids vikings. Au IXe siècle, ils débarquent en Angleterre.
 830-831 : les Arabes prennent Palerme.
 835 : Samarra, capitale des Abbasides.
 838 : raids des Sarrasins en Provence.
 840 : début des grandes invasions normandes d’Angleterre.
 845 : persécution en Chine contre les bouddhistes.
 858 : l’histoire du Japon, dans les premiers siècles du Moyen Âge, est profondément
liée à celle de la Chine des Tang, sur laquelle il prit modèle.
 870 : premier livre imprimé en Chine.
 911 : le chef danois Rollon obtient la Normandie qu'il dirige en tant que fidèle du roi
des Francs.
 960 : fondation de la dynastie Song en Chine.
 Xe siècle : introduction des chiffres arabo-indiens en Europe par l'Espagne, alors sous
domination musulmane.
 Vers 1000 : les vikings découvrent l'Amérique
 1054 : séparation des églises d’Orient et d’Occident.
 1066 : Guillaume de Normandie conquiert l’Angleterre.
 1088 : fondation de la première université à Bologne (Italie), naissance d'une
institution.
 1096-1099 : première croisade. Prise de Jérusalem en 1099.
 XIIe siècle : Développement des moulins à vent en Occident.
 1150-1350 : apparition des Haut Fourneaux en Europe
 1204 : Sac de Constantinople par les croisés.
 1271 : départ de Marco Polo pour la Chine.
 1337-1453 : Guerre de Cent Ans entre Anglais et Français.
 1347 : apparition de la peste noire en Europe.
 XVe siècle : Pachacutec, chef inca, réunit en un seul empire les royaumes de la
Cordillère des Andes.
 XIVe siècle : en Afrique, Kankou Moussa règne sur un très riche empire, le Mali.

2
 1438 : invention de l’imprimerie typographique par Gutenberg.
 1453 : conquête de Constantinople par les Turcs ottomans. Fin de l’Empire de
Constantinople (Byzance).
 1492 : découverte de l’Amérique par Christophe Colomb, prise de Grenade par les
rois catholiques.

STRUCTURE POLITIQUE ET SOCIÉTÉ AU MOYEN ÂGE

Ces vingt dernières années, archéologues et historiens ont renouvelé en


profondeur notre connaissance du Moyen Âge, un long millénaire marqué par de
nombreux conflits mais qui se révèle dynamique et riche en innovations techniques,
culturelles et sociétales.
Au sommet de la société mérovingienne, on trouve une aristocratie où se
mêlent l’ancienne classe sénatoriale gallo-romaine et la classe dirigeante d’origine
germanique, face à de nombreux paysans, artisans, élites laïques et religieuses,
moines et soldats…

La fin de l’époque mérovingienne est marquée par de nombreuses luttes


fratricides et une forte instabilité politique, qui favorisent l’émergence d’une nouvelle
dynastie : les Carolingiens. Porteuse d’un renouveau politique, économique,
artistique et social, celle-ci devra cependant faire face aux incursions vikings dès le
début du IXe siècle. À sa mort en 987, le dernier roi carolingien cède son trône à une
nouvelle lignée, celle des Capétiens. C’est à cette époque que se développe, le
système féodal aujourd’hui appelé « ordre seigneurial », issu du morcellement du
pouvoir royal. Une nouvelle société se met alors en place.

Si le XIIIe siècle correspond à l’apogée de l’Occident médiéval, les XIVe et


XVe siècles se caractérisent par des périodes de troubles et de crises démographiques,

3
économiques et sociales. À la peste de 1349, s’ajoute le conflit qui oppose la France
à l’Angleterre pendant plus d’un siècle (Guerre de Cent ans).

Le début du Moyen Âge :

Depuis l’époque gauloise, les populations de l’est et du nord de l’Europe


migrent par vagues en direction de l’ouest. À partir du IIIe siècle (et même dès le
IIe siècle), quelques-unes s’installent sur les frontières et à l’intérieur de l’Empire
romain. Elles fournissent à l’armée romaine, chefs et soldats. Au cours du Ve siècle,
ces migrations s’accélèrent. De nombreux peuples concluent des traités avec les
Romains, à la recherche de main-d’œuvre pour l’armée et le travail de la terre,
d’autres s’installent par la force (pillages etc.). Rapidement, divers royaumes
barbares prennent le pouvoir en Gaule – les Francs au nord, les Burgondes à l’est, les
Wisigoths dans le sud et le sud-ouest. L’archéologie montre la rapide intégration de
ces populations, visibles notamment dans l’habitat et à travers les pratiques
funéraires. Durant toute cette période, le christianisme se diffuse et s’implante
durablement en Gaule. Vers 496, une alliance est scellée entre les Francs et l’Église
romaine catholique grâce au baptême de Clovis. L'Église soutiendra ensuite leur
expansion en Gaule. Vont alors se succéder des siècles où la romanité et le monde
« barbares » vont fusionner. Autour de l’an 800, l’empire de Charlemagne s’étend
sur toute l’Europe, mais devra bientôt faire face aux invasions scandinaves,
sarrasines et hongroises.

Les croisades :

Les croisades sont des expéditions militaires menées par les chrétiens contre
les infidèles. Dictées par un élan religieux, elles répondent aussi à des motivations
d’ordre politique et économique. La première croisade est une riposte à l’occupation
de Jérusalem par les musulmans en 1095. Le pape Urbain II appelle alors tous les

4
chrétiens à s’unir pour délivrer la ville sainte de l’emprise des Turcs. De 1096
à 1291, neuf expéditions sont menées en Terre sainte.

La société féodale et l’ordre seigneurial :

Issue du morcellement du pouvoir royal vers la fin du Xe siècle, la société est


fondée sur des liens entre hommes libres. Un contrat est scellé par un cérémonial
entre le seigneur et son vassal. En échange de sa fidélité absolue, le seigneur accorde
à son vassal un fief - le plus souvent une terre pour assurer sa subsistance ainsi
qu'une protection en toutes circonstances. En retour, le vassal doit à son seigneur une
aide militaire, consistant à défendre le château, les intérêts et les possessions de celui-
ci, ainsi qu’une aide financière.

La fin du Moyen Âge :

Si le XIIIe siècle marque l’apogée de l’Occident médiéval, les XIVe et


XVe siècles sont caractérisés par de multiples crises démographiques, économiques,
sociales et climatiques (début du « petit âge glaciaire » avec une importante
dégradation du climat qui durera jusqu’en 1850). Les conditions de vie se
détériorent. La peste est interprétée comme un châtiment du Ciel. Dans les
campagnes, on assiste à l’abandon puis à la réorganisation de certains terroirs.

SPIRITUALITÉ ET RELIGION AU MOYEN ÂGE

Le Moyen Âge est le temps du développement du christianisme. Les villes


sont chrétiennes au IVe siècle mais la christianisation des campagnes n’est visible,
par l’archéologie, que vers le VIIe siècle. Rapidement, le rôle de l’Église dans la
société médiévale deviendra central.
Les premiers temps du christianisme coïncident avec l’Antiquité tardive et le
début du Moyen Âge. La religion chrétienne est imposée au IVe siècle par l'Édit de

5
l'empereur Constantin (en 313). Le baptême de Clovis, vers 496, scelle une alliance
entre les Francs et l’Église romaine catholique, qui soutiendra par la suite leur
expansion en Gaule, notamment aux dépens des Wisigoths, adeptes de l'arianisme.

La christianisation des campagnes :

Si la ville du IVe siècle est une ville chrétienne, la christianisation des


campagnes n’est réellement engagée que dans le courant du VIIe siècle. Sur le plan
archéologique, on observe ce phénomène par la présence de rares symboles chrétiens
sur des sarcophages mais surtout par l’abandon des dépôts d’objets dans les tombes,
et par le nombre croissant de fondations d’églises et de chapelles comme à Saleux ou
à Serris.

Les abbayes se multiplient. À partir du VIIIe siècle, elles conjuguent hauts


lieux de vie spirituelle et centres d’art et d’artisanat.

Le pape contrôle l’épiscopat et les ordres religieux. Il définit les grands


dogmes et impulse les croisades. En Occident, la suprématie du pape sur l’Église
latine, mais également sur le pouvoir politique, sera à l’origine de multiples conflits.

SUBSISTANCE, ÉCONOMIE, COMMERCE AU MOYEN ÂGE

Le développement des villes et les progrès technologiques (dans le domaine


de l’hydraulique, de la métallurgie, de la construction, de la navigation, de
l’agriculture…) tout au long du Moyen Âge vont de pair avec l’expansion du
commerce et l’apparition de nouveaux métiers.
Au Moyen Âge, la population est en majorité rurale. La ville du IVe siècle,
héritée de l’Antiquité, tient une fonction religieuse importante. De nouvelles villes
sont par ailleurs créées le long des fleuves et des côtes, où elles jouent un rôle
économique essentiel, notamment dans le commerce avec l’Europe du Nord ; c’est

6
ce qu’ont mis en évidence les fouilles menées à Quentovic, dans la vallée de la
Canche, qui fut l’un des ports les plus importants du royaume entre le Ve et le
Xe siècle. Il faut cependant attendre le XIIe siècle pour assister à l’essor de la ville
comme centre économique.

Dans la première partie du Moyen Âge, l’activité principale est tournée vers
l’artisanat, l’agriculture (orge, blé, avoine, seigle) et l’élevage – qui fournit la viande
et le lait, mais aussi la matière première pour le textile et le cuir, ainsi que la force
animale. Les déchets retrouvés sur les sites archéologiques aident parfois à
déterminer le statut des habitants : ainsi le gibier, mis au jour lors des fouilles de
résidences aristocratiques, ou le porc, dans celles de monastères.

Vers la fin du VIIIe siècle, Charlemagne réforme le système monétaire qui


reposera dès lors sur la frappe de monnaie en argent. Les fouilles des mines de Melle,
en Poitou-Charentes, témoignent d’une exploitation de galène argentifère entre le
VIIe et le Xe siècle. Le plomb était utilisé pour la couverture d’édifices, les
canalisations ou la vaisselle, tandis que l’argent était destiné à la fabrication de
monnaies. La fin du Moyen Âge est marquée par une évolution des formes
d’exploitation de la terre. Les cultures maraîchères et viticoles se développent.

Vers le XIIe siècle, dans une Europe en pleine expansion, les réseaux
d’échange permettent aux hommes et aux marchandises de circuler plus librement,
tant autour de la Méditerranée, dans les Flandres et dans les villes textiles du Nord,
que vers l’Orient.

L’essor de l’artisanat :

À partir du XIIe siècle, l’artisanat connaît un essor considérable, et s’organise


de façon quasi « industrielle ». Villes et faubourgs voient apparaître différents

7
métiers, rapidement hiérarchisés. Dans le domaine du textile, on passe du métier à
tisser vertical au métier horizontal.

Au XIIIe siècle, l’invention du rouet pour le filage et le développement du


moulin à eau pour le foulage ont un impact décisif sur l’économie. Le travail du cuir
et des métaux inspire de la considération, contrairement aux activités de boucherie.
On voit se développer les métiers de maîtres verriers, de sculpteurs…

Le développement du commerce :

Dès le XIe siècle, avec l’expansion du commerce, les marchands deviennent


des personnages importants. Aux XIIe et XIIIe siècles, les foires se multiplient en
Flandres et en Champagne (Troyes, Provins, Lagny-sur-Marne). La fin du Moyen
Âge est une période de grande inventivité : création de l’imprimerie, de la boussole,
du gouvernail d’étambot… Les découvertes d’épaves montrent l’évolution des
bateaux et de leurs tonnages. L’énergie hydraulique et de combustion (haut
fourneau) révolutionne l’industrie. Entre les XIIe et XVe siècles, de nouvelles
techniques de charpenterie entraînent d’importants progrès dans la construction en
bois (maison à pans de bois et à étages). Les fouilles des abbayes révèlent l’usage de
sols en dur, de vitres, de systèmes hydrauliques, de modes de chauffage
sophistiqués…

ARTS ET BIENS DE PRESTIGE DU MOYEN ÂGE

Le Moyen Âge témoigne de savoir-faire techniques et artistiques de grande


qualité ; tant dans le domaine de l’orfèvrerie que dans l’architecture, la sculpture ou
encore dans l’art des manuscrits et de la musique. Le XIIIe siècle voit apparaître
l’université, qui accueillera les activités intellectuelles.

8
La fusion entre les mondes germanique et romain s’illustre dans le riche
travail des orfèvres du premier Moyen Âge. Fibules, plaques boucles, objets
liturgiques, damasquinage montrent le savoir-faire et l’habileté des artisans
mérovingiens et carolingiens.

Mais c’est dans le domaine religieux que l’on observe le mieux l’étendue des
richesses artistiques : les arts roman et gothique en sont probablement les témoins les
plus marquants, tant en architecture qu’en sculpture.

C’est aussi au Moyen Âge que l’art des manuscrits se développe, avec les
enluminures et les miniatures exécutées en marge des textes sacrés ou liturgiques.
L’enseignement est assuré par l’Église, d’abord dans les monastères, puis dans des
écoles cathédrales et collégiales. Dès le XIIIe siècle, une nouvelle institution
apparaît : l’université, qui servira de cadre aux activités intellectuelles.

Période créative dans le domaine musical, le Moyen Âge donne naissance à la


science de l’harmonie. La musique peut être religieuse ou profane (troubadours et
trouvères).

L’art roman :

Art religieux, l’art roman est contemporain de l’essor des grands monastères,
de la réforme de l’Église, et de la mise en place de la société féodale vers la fin du
Xe et le début du XIe siècle. On la rencontre surtout dans le milieu rural où vit
l’essentiel de la population. Les églises romanes ont un plan basilical, dotées d’une
nef unique ou centrale et de deux ou quatre bas-côtés. Elles sont orientées est-ouest.
Leurs nefs sont couvertes d’une voûte en berceau plein cintre, et prolongées par une
abside semi-circulaire recouverte d’une voûte en cul-de-four.

9
Des fouilles archéologiques et des études du bâti ont été menées à l’Abbaye de
Cluny, la basilique Saint-Sernin à Toulouse, la cathédrale d’Autun, à l’église Saint-
Laurent de Grenoble.

L’art gothique :

L’art gothique succède à l’art roman à partir du XIIe siècle. D’une grande
richesse artistique, il occupe essentiellement l’espace urbain. Ses attributs
emblématiques sont la tour, le clocher, les fenêtres à vitraux, l’arc-boutant et la voûte
d'ogive.

Art sacré, il correspond à une nouvelle esthétique qui doit manifester la gloire
de Dieu au cœur des villes en plein essor. Élevé vers le ciel, l’édifice doit s’ouvrir à
la lumière, pour symboliser le lien entre l’homme et Dieu. Le décor sculpté est à
portée de tous, et les vitraux rendent compte des épisodes de la Bible ou de la vie
quotidienne.

(Pour de plus amples informations, veuillez consulter www.inrap.fr)

THÉÂTRE MÉDIÉVAL

Drame religieux

Paradoxalement, le théâtre ressuscita en Europe sous la forme du drame


liturgique, au sein même de l’Église catholique. Cherchant à étendre son
influence, celle-ci usa de fêtes d’origine païenne et folklorique, dont beaucoup
s’apparentaient au théâtre. Au Xe siècle, les offices religieux s’inspiraient de
représentations dramatiques. On célébrait certaines dates — la procession du
dimanche des Rameaux, par exemple — par des manifestations théâtrales. En
même temps, les contre-chants (ou répons), chantés durant la messe ou les
heures du canon, évoquaient la forme du dialogue. Au IXe siècle, on fit

10
intervenir dans la messe des fioritures antiphoniques appelées tropes. Un trope
pascal anonyme (un dialogue entre Marie et les anges, au cours de la Passion du
Christ), datant d’environ 925, est considéré comme l’embryon du drame
liturgique. En 970, il fut agrémenté d’une gestuelle et de costumes, qui
apparaissent comme une première ébauche de mise en scène.

Durant les deux siècles suivants, le drame liturgique évolua à travers des
épisodes tirés de la Bible, qui furent joués par le clergé ou les enfants de chœur.
Initialement, les éléments d’architecture sacrée et les habits sacerdotaux tenaient
lieu de décors et de costumes, mais bientôt on imagina des aménagements plus
complexes, la scène étant constituée de la mansion et de la platée. La mansion
était une modeste structure scénique (une tente), symbolisant un lieu particulier
(le jardin d’Éden, Jérusalem, etc.), et la platée une zone neutre, utilisée par les
interprètes pour jouer autour de la mansion.

Texte anonyme anglo-normand de la seconde moitié du XIIe siècle


(v. 1165), le Jeu d'Adam est encore très proche du drame liturgique, mais s'en
distingue notamment par la caractérisation poussée des personnages. Trilogie
inspirée par le dogme de l'Incarnation (Tentation, péché, châtiment d'Ève et
d'Adam, Meurtre d'Abel par Caïn Procession des prophètes du Christ), il
comprend 942 vers et comporte des didascalies latines riches et précises.

À mesure que le drame liturgique se développait, de nombreux récits


bibliques étaient représentés, de la Création à la Crucifixion. Ces pièces étaient
appelées des passions, des miracles ou encore des pièces saintes. Des mansions
spécifiques étaient dressées autour de la nef, le paradis étant habituellement situé
au pied de l’autel, et une gargouille (tête monstrueuse avec une gueule béante,
représentant l’entrée de l’enfer) de l’autre côté de la nef. Ainsi, toutes les scènes
de la pièce étaient jouées alternativement, acteurs et spectateurs se déplaçant
d’un bout à l’autre de l’église selon les nécessités du récit.

11
Il semble que les pièces se soient divisées en épisodes, couvrant chacun
des milliers d’années et réunissant des lieux très éloignés, à l’aide de raccourcis
allégoriques. À l’inverse de la tragédie grecque, qui s’organisait autour de la
progression vers un apogée cathartique, le théâtre médiéval évoquait le salut de
l’humanité sans créer une tension dramatique intense.

L’Église avait d’abord encouragé le drame liturgique pour ses vertus


didactiques, mais le divertissement et le spectacle revinrent bientôt en force,
attirant de nouveaux anathèmes. L’Église choisit le compromis en excluant du
lieu de culte proprement dit la mise en scène théâtrale, qui allait dès lors être
déplacée sur les places de marché. Tout en conservant des thèmes religieux, le
théâtre s’orientait vers une forme de représentation de plus en plus séculière.
Voir aussi Miracle, mystère et moralité.

Théâtre profane

Au XIVe siècle, le théâtre s’émancipa du drame liturgique pour être


représenté en dehors de l’église, notamment dans le cadre de la Fête-Dieu, et
sous la forme de cycles, qui pouvaient comporter jusqu’à quarante pièces. Ces
cycles étaient joués par la communauté entière tous les quatre ou cinq ans, et sur
une durée de quelques jours à un mois. Chaque pièce du cycle était confiée à une
corporation, en fonction de ses affinités avec le sujet (par exemple, les
constructeurs de bateaux mettaient en scène l’épisode de l’arche de Noé).

Les acteurs étant des amateurs le plus souvent illettrés, les pièces étaient
écrites en vers d’une facture très simple et faciles à mémoriser. Se souciant peu
de la fidélité à l’histoire ou même à la logique de la narration, des auteurs
inconnus pratiquaient un réalisme sélectif, indifférent aux limites spatio-
temporelles, truffé d’anachronismes et de références locales ou contemporaines.
Les costumes et les accessoires étaient tous contemporains, et la reconstitution
des épisodes bibliques reposait sur des détails authentiques (on recense de
12
nombreux exemples d’acteurs qui faillirent mourir d’une crucifixion trop
réaliste, ou d’interprètes du diable gravement brûlés, etc.). À l’inverse, le
passage de la mer Rouge était seulement évoqué par la déchirure d’une pièce de
tissu rouge, jetée ensuite sur les Égyptiens pour suggérer leur noyade. Ce libre
mélange de réalisme et de symbolisme ne heurtait pas la sensibilité de l’époque.
La représentation s’agrémentait d’effets populaires et spectaculaires, comme les
exercices d’habileté pyrotechnique. En effet, malgré la teneur religieuse de ces
cycles, il semble qu’on les considérât avant tout comme des divertissements.

On connaissait trois formes principales de scène. En Angleterre et en


Espagne, on utilisait couramment des cortèges de charrettes. L’ancienne
mansion devint une scène ambulante (l’équivalent des actuels chars de
carnaval), qui pouvait aller de place en place dans la ville, et autour de laquelle
les spectateurs se rassemblaient. Les acteurs jouaient sur ces charrettes et sur
une platée à même la rue, ou sur une plate-forme adjacente. En France, on avait
mis au point une mise en scène simultanée : plusieurs mansions étaient installées
côte à côte sur une longue plate-forme, face au public. Ce système devait être
perfectionné en Angleterre, à travers des représentations « en rond », au sein
d’une zone circulaire et entourée de mansions où le public prenait place.

Moralités

À la même période, on vit apparaître des pièces folkloriques, des farces


profanes et des drames pastoraux (pour la plupart anonymes), tandis que se
perpétuaient les diverses formes de divertissement populaire. Ces genres
influèrent sur le développement, au XVe siècle, d’un théâtre moraliste. Bien
qu’inspirées, pour le thème et les personnages, de la théologie chrétienne, les
moralités, à la différence des cycles, n’étaient pas des récits bibliques mais des
pièces autonomes, jouées d’ordinaire par des professionnels, ménestrels ou
jongleurs. À l’exemple d’une pièce comme Tout le monde, elles évoquaient les

13
étapes de la destinée de l’être humain, à l’aide de figures allégoriques (la Mort,
la Gourmandise et divers défauts ou qualités, etc.). Ces pièces apparaissent
aujourd’hui comme fastidieuses, en raison de leur métrique monotone, de leur
extrême longueur et de l’évidence naïve de leur message moral. Mais les acteurs
faisaient alterner action et musique, exploitaient les ressorts comiques des
démons et des figures allégoriques du vice pour créer une forme de drame
populaire.

14

Vous aimerez peut-être aussi