ÉCOLE RÉGIONALE POST-UNIVERSITAIRE D’AMÉNAGEMENT ET DE GESTION
INTEGRÉS DES FORÊTS ET TERRITOIRES TROPICAUX
- ÉRAIFT -
Centre de Catégorie II sous les auspices de l’UNESCO
Cours : Aménagement et Gestion Intégrés des Zones Humides Tropicales (AGH400)
Tronc commun des Masters régionaux ERAIFT, Semestre 2.
Par
Dr ATANGANA KENFACK Junie Albine
Enseignante-Chercheur en Sciences de l’Environnement
Université de Yaoundé 1/IUT-Bois
MODULE 4 : STRATÉGIES DE GESTION INTÉGRÉE DES ZONES
HUMIDES TROPICALES
Il est utile de préciser dans cette partie la définition de la stratégie et du plan d’action pour mieux
appréhender ce module.
La stratégie, plus concrète, elle fixe plusieurs objectifs, accompagnés parfois de cibles. Ces
objectifs s’inscrivent en général dans un certain horizon. Sont joints aux objectifs un certain
nombre de moyens retenus pour les atteindre, les moyens étant définis avec un degré plus ou
moins grand de précision.
Le plan d’action quant à lui a une portée plus restreinte et plus pratique, il s’inscrit souvent à
l’intérieur d’une stratégie. Il précise certaines actions à mettre en œuvre, en définissant
précisément les moyens mobilisés et l’échéancier retenu. Le plan d’action permettra de mettre en
œuvre la stratégie et d’en assurer un suivi précis.
Le chapitre propose une série d’actions réalisables pour la préservation et la reconquête des
milieux humides et des services qu’ils rendent. Au profit de la biodiversité, de notre cadre de vie,
de nos activités et de nos emplois.
4.1. Les objectifs stratégiques de la gestion intégrée des ZHT
Pour sauvegarder ces écosystèmes et, avec eux, les services qu’ils rendent, il faut mieux les
connaître, comprendre leur fonctionnement, en identifier tous les intérêts, apprendre à mieux les
gérer et, si nécessaire, à les protéger. Or, ces écosystèmes sont extrêmement divers. Ils sont
d’abord le siège d’interactions complexes entre espèces, ensuite entre espèces et milieux, enfin
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entre espèces, milieux et sociétés humaines. De plus, ils sont généralement situés dans des pays
émergents ou en développement. Du fait de leur diversité, de leur complexité et du manque de
moyens, les écosystèmes forestiers tropicaux sont peu étudiés comparativement à leur richesse et
aux écosystèmes tempérés.
L’objectif majeur de la stratégie est de conserver, restaurer et d’utiliser rationnellement les ZHT
en vue d’améliorer les conditions et le cadre de vie des populations et garantir aux générations
futures, des ressources naturelles suffisantes dans la perspective d’un développement durable. De
manière spécifique on peut etre question : de Préserver le potentiel des zones humides tropicales ;
de Valoriser les zones humides ; de Sensibiliser sur les valeurs des zones humides ; de
Promouvoir de bonnes pratiques de gestion ; conserver et restaurer les zones humides
spécifiques ou iconiques ;
Stratégie de restauration des ZH
La restauration consiste à agir sur les deux fonctions principales des zones humides par rapport
aux masses d’eau à savoir :
• la rétention et l’abattement des flux de polluants issus de l’activité humaine. Cette fonction
se rattache à l’objectif d’atteinte et de conservation du bon état chimique des masses
d’eau. L’état écologique est également directement concerné au travers de la
physicochimie « soutenant la biologie » (nutriments, matières organiques).
• la présence des habitats et des espèces correspondant aux caractéristiques des masses
d’eau auxquelles ces zones humides sont connectées. Cette fonction se rattache à
l’objectif d’atteinte et de conservation du bon état écologique.
Les inventaires de terrain sont à réaliser afin de définir les objectifs de gestion et les dispositions
à inscrire dans le plan d’aménagement et de gestion intégrée des ZHT.
Le bon état chimique suppose que les fonctions épuratoires sont assurées, ce qui en soi justifie la
conservation des zones humides existantes.
Par contre, les dysfonctionnements écologiques peuvent relever d’autres critères tels que la
morphologie. Le cas d’une enveloppe recouvrant des masses d’eau n’étant ni en bon état
chimique, ni en bon état écologique est révélateur d’un secteur sur lequel les milieux naturels ont
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subi des altérations importantes du fait des activités humaines (urbanisation, agriculture…) et
donc nécessitent une restauration.
La plupart des projets de développement dans les zones humides se sont concentrés sur un seul
aspect, comme l'agriculture ou les pêcheries (approche sectorielle). Les limites de cette approche
sectorielle sont aujourd'hui de plus en plus évidentes. Tout d'abord, la mise en œuvre totale de
cette approche basée sur une seule utilisation demande souvent d'importants investissements
initiaux en capitaux, main d'œuvre, technologies et autres facteurs de production tels que des
engrais, et suppose des coûts annuels élevés pour l'entretien. D’où l’introduction de l’approche
systémique qui met l’accent sur :
i) La gestion comme un processus collaboratif entre plusieurs groupes ;
ii) L’intégration des écosystèmes (ZHT) à restaurer dans un ensemble plus vaste, tel le bassin
versant ;
ii) la recherche de l’équilibre entre les opportunités économiques, les besoins des
communautés, l’intégrité écologique et la diversité biologique.
En effet, tout programme/ projet complet de conservation des zones humides, s'appuyant sur une
solide analyse écologique, sociale et économique, suppose un ensemble de choix difficiles.
Il ne s’agira plus de se concentrer sur un seul aspect mais d’explorer les interactions entre les
aspects, entre les écosystèmes, et avec l’environnement non vivant en tenant compte
particulièrement de la dimension des communautés humaines qui partagent l’écosystème.
Toutefois, la démarche globale de la gestion intégrée des ZHT doit intégrer les étapes suivantes :
Identifier les problèmes à résoudre en priorité : il s’agit de caractériser la zone et
identifier et hiérarchiser les problèmes sur les plans économique, social, écologique, et
identifier les différents usages des ressources de la zone humide. De même, il est nécessaire
de préciser le cadre institutionnel (plusieurs organismes publics sont souvent associés à la
gestion des ressources en eau. Habituellement chacun d’entre eux poursuit un objectif sous-
sectoriel spécifique ce qui fait que la gestion des ressources en eau est généralement peu
intégrée. Par ailleurs, le chevauchement des responsabilités de ces organismes engendre des
décisions conflictuelles, et le gaspillage des ressources déjà insuffisantes.) et le cadre
technique (les données physiques telles que la topographie, les sols, la géologie, l’utilisation
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des terres et le couvert végétal, sont rares pour ne pas dire inexistantes à l’échelle nécessaire
pour l’aménagement des ressources en eau. Dans la plupart des pays, on n’a pas encore
élaboré la base de données sur l’eau en tant qu’instrument pour orienter la planification, le
développement et le suivi.) de la situation. Le diagnostic doit être suffisamment précis pour
apprécier les causes d’atteinte du bon état des masses d’eau qui justifie la nécessité d’une
restauration des zones humides ;
Analyser les causes de ces problèmes ;
Définir la zone géographique de gestion (échelles de travail) ;
Identifier les modes de gestion appropriés pour les résoudre ;
Identifier les arrangements institutionnels et les procédures administratives
nécessaires à la mise en œuvre d'un plan de gestion intégrée ;
Suivre le plan annoncé.
4.2. Les principles directeurs
En vue d’instituer une gestion rationnelle des ressources naturelles, il est préconisé les principes
de précaution, de prévention, de responsabilisation, de participation, d’équité
intergénérationnelle, de coordination et d’exploitation des synergies, d’information, d’éducation,
de communication, d’internalisation des coûts de protection de l’environnement par les acteurs
qui les dégradent.
Dans le cadre de la mise en œuvre des stratégies de conservation et de restauration des ZHT,
lesdits principes seront renforcés avec les principes de partenariat et de décentralisation,
l’approche intégrée et multisectorielle ainsi que l’approche systémique.
L’approche systémique suppose que l’on considère l’écosystème au sens plus large, non sous
l’angle unidimensionnel, climatique ou physique, mais du point de vue des effets d’un processus
écologique spécifique sur les différents éléments constitutifs de l’écosystème en question.
Dans cette approche, il s’agira de considérer deux échelles qui jouent un rôle essentiel à savoir : -
l’échelle temporelle en plaçant tous les efforts et la plupart des résultats à engager dans le cadre
d’un processus planifié, étant donné que les effets ne sont visibles qu’à long terme et ; - l’échelle
spatiale, au niveau local, régional, national et international, voire l’échelle du bassin versant.
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L’approche intégrée et multisectorielle : La conservation des ZHT est une démarche
typiquement multi-sectorielle dont l’approche nécessite une coordination entre les différents
domaines techniques, touchant la déforestation, à la pollution des eaux et des sols, le
développement agricole, le développement social, etc. C’est pourquoi, il est essentiel d’assurer la
coordination entre les politiques et programmes des divers secteurs de développement aux
niveaux local, national et régional.
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