Chap3-MAT252
Chap3-MAT252
Chap3-MAT252
1 Notions de base
Soient E et F deux ensembles. Une fonction f de E dans F est définie par
l’association à tout élément x de E d’un élément y = f (x) de F . On peut donc la
définir par la donnée des couples associés (x,y) ∈ E × F avec la règle que pour tout
x ∈ E, il existe un unique couple (x,y) ∈ E × F dans cette liste. L’ensemble
Gf = {(x,y) ∈ E × F , y = f (x)} ⊂ E × F
est appelé graphe de f . Toute fonction est donc équivalente à la donnée d’un ensemble
Gf ⊂ E × F tel que pour tout x ∈ E, il existe y ∈ F tel que (x,y) ∈ Gf et tel que si
(x,y) et (x,y ′ ) sont dans Gf , alors y = y ′ .
Nous allons travailler avec des fonctions réelles, c’est-à-dire que E et F seront
des sous-ensembles de R. Une fonction f réelle est donc définie par la donnée d’un
ensemble Df ⊂ R appelé domaine de définition de f et la donnée pour tout x ∈ Df
d’une unique image y ∈ R. Le graphe de f est un ensemble de Df × R et donc un
sous-ensemble de R2 tel qu’il y a au plus un élément par ligne verticale {x} × R. La
notation complète pour f sera du type
Df −→ R
f : x ∈ Df 7−→ f (x) ∈ R ou f : .
x 7−→ f (x)
Gf
y = f (x)
Df x
49
Fonctions réelles
Dans certains cours, il est fait une différence entre ≪ fonction ≫ et ≪ applica-
tion ≫ suivant que l’on ne regarde la fonction que sur Df ou sur R en autorisant un
x à ne pas avoir d’image. Nous ne ferons pas cette distinction ici.
certain x est déjà connu alors que dans la notation x 7→ x2 , x est une
variable muette et t 7→ t2 ou θ 7→ θ2 désigneraient la même fonction.
Exemples :
• f est donnée par n’importe quel procédé définissant une unique image pour
x. Par exemple, f (x) peut être un température au temps x en degrés Celsius,
une altitude en fonction de la distance x, un nombre tiré au hasard par un jet
de dé à chaque rationnel. . .
• l’image f (x) est donnée par un calcul exact à partir de x, par exemple f est
définie par f (x) = x/(1 + x2 ).
• l’image f (x) est donnée par une formule combinant les opérations standards
et les fonctions usuelles, comme f (x) = x12 ln(cos x). Dans ce cas, on sous-
entendra en général que le domaine de définition Df est le plus grand domaine
pour lequel la formule a un sens. Il faudra donc chercher les problèmes, ce qui
nous amènera aux questions :
– si on divise par quelque chose, quand est-ce que ce quelque chose est nul ?
√
– si on écrit truc, est-ce que ce truc est bien positif ou nul ?
– si on écrit ln(machin), est-ce que ce machin est strictement positif ?
50
Fonctions réelles
• on a déjà vu l’exemple d’une suite (un ) qui est une fonction définie sur Df = N
par f : n ∈ N 7→ f (n) = un .
Définition 3.2
Soit f : Df → R une fonction réelle et A ⊂ Df un sous-ensemble où f est
définie. On dit que
51
Fonctions réelles
Définition 3.3
L’image de f : Df → R est f (Df ) = {y ∈ R, ∃x ∈ Df , y = f (x)}. Soit
B ⊂ R, l’image réciproque de B par f est f −1 (B) = {x ∈ Df , f (x) ∈ B}.
Définition 3.4
Soit f : Df → R une fonction réelle. On dit que f admet un maximum
global (resp. un minimum global) en x0 ∈ A si f (x0 ) majore (resp. minore)
f sur Df .
On dit que f atteint un maximum local (resp. un minimum local) en
x0 ∈ Df s’il existe ε > 0 tel que f (x0 ) ≥ f (x) (resp. f (x0 ) ≤ f (x)) pour tout
x ∈ ]x0 − ε,x0 + ε[ ∩ Df .
Définition 3.5
Soit f : Df → R une fonction réelle définie sur un ensemble Df symétrique
par rapport à 0 (i.e. Df = −Df ). On dit que f est paire (resp. impaire) si
f (−x) = f (x) (resp. f (−x) = −f (x)) pour tout x ∈ Df .
Définition 3.6
Une fonction f : R → R est périodique de période T > 0 si pour tout
x ∈ R, f (x + T ) = f (x).
Définition 3.7
Une fonction f : A ⊂ R → B ⊂ R est
Définition 3.8
Soit f : Df → R une fonction réelle et soit D′ ⊂ Df . On appelle restriction
de f à D′ et on note f|D′ la fonction x ∈ D′ 7−→ f (x).
Si f : Df → R est une fonction réelle et f˜ : D → R une autre fonction telle
que Df ⊂ D et pour tout x ∈ Df , f˜(x) = f (x), alors on dit que f˜ est un
prolongement ou une extension de f à D.
52
Fonctions réelles
Définition 3.9
Soient f : Df → R et g : Dg → R deux fonctions. Si on suppose que l’image de
g est incluse dans l’ensemble de définition de f , c’est-à-dire que g(Dg ) ⊂ Df ,
alors on peut définir la fonction composée par f ◦g : x ∈ Dg 7−→ f (g(x)) ∈
R.
∀x ∈ Df , |f (x)| ≤ M et ∀x ∈ Dg , |g(x)| ≤ M ′ .
2 Limites
La définition de la limite dans le cas des fonctions suit exactement les mêmes
principes que dans le cas des suites. Il y a beaucoup de cas différents donc plutôt
53
Fonctions réelles
que de les apprendre tous par cœur, l’important est de comprendre comment ils sont
construits. Rappelons que :
La définition de
f (x) tend vers ℓ ∈ [−∞, + ∞] quand x tend vers ℓ′ ∈ [−∞, + ∞] ≫
≪
s’écrit
′ ′ ′
≪ pour tout voisinage V de ℓ, il existe un voisinage V de ℓ tel que f (V ) ⊂ V ≫
Ces définitions sont un peu lourdes pour pouvoir inclure le cas où f n’est pas
définie partout, ni même dans un voisinage de +∞. Par exemple, on notera que si
f est définie de N dans R, alors la notion de limite de f en +∞ retombe bien sur
la notion de limite pour la suite (f (n))n∈N . C’est naturel puisqu’une suite n’est rien
d’autre qu’une fonction définie sur N.
54
Fonctions réelles
Quand la fonction est définie sur tout R, on peut plus simplement remplacer la
partie ≪ ∀x ∈ [x0 , + ∞[ ∩ Df ≫ par ≪ ∀x ≥ x0 ≫.
De façon symétrique on écrit les limites en −∞. On ne mentionne plus les nota-
tions qui sont évidemment celles qu’on imagine.
Une nouveauté par rapport aux suites est qu’on est aussi intéressé par les limites
en un point x0 ∈ R. Encore une fois, on inclut le cas où f n’est pas forcément définie
partout autour du point x0 . C’est particulièrement intéressant ici car cela permet
par exemple de regarder des limites en 0 de fonctions définies sur R \ {0} ou sur un
intervalle du type ]0,1].
55
Fonctions réelles
ℓ+ε
ℓ M
ℓ−ε
x0 x0 − δ x0
Figure 3.2 – À gauche un exemple où f (x) → ℓ quand x → +∞ : pour tout ε > 0,
il existe un point x0 à partir duquel, pour x ≥ x0 , f (x) est toujours dans l’intervalle
]ℓ − ε,ℓ + ε[. À droite un exemple où f (x) → +∞ quand x → x− 0 : pour tout M > 0,
il existe un intervalle ]x0 − δ,x0 [ tel que pour tout x ∈ ]x0 − δ,x0 [, f (x) est toujours
plus grand que M .
Si f est définie à gauche de x0 dans le sens où pour tout δ > 0, ]x0 − δ,x0 [ ∩ Df
est non vide, alors on dit que f vers ℓ ∈ R quand x tend vers x0 à gauche si
56
Fonctions réelles
f (x) −−−−−−
+
→ +∞ et g(x) −−−−−−
+
→ ℓ∈R,
x−→0 x−→0
alors
f (x) + g(x) −−−−−−
+
→ +∞ .
x−→0
Proposition 3.17
Soit f : [0,+∞[ → R une fonction décroissante et minorée. Alors f (x) converge
vers une limite finie ℓ ∈ R quand x tend vers +∞.
Exemple :
On considère les étirements y(t) d’un ressort de raideur k qui est soumis à un
frottement d’intensité γ. La longueur y(t) est solution de l’équation différentielle
my ′′ (t) + γy ′ (t) = −ky(t). Si on considère l’énergie E(t) = 21 (m|y ′ (t)|2 + k|y(t)|2 ),
on a E ′ (t) = my ′ (t)y ′′ (t) + ky(t)y ′ (t) = −γ|y ′ (t)|2 ≤ 0. Donc E(t) est décroissante
(nous anticipons sur le paragraphe concernant la dérivation) et clairement posi-
tive, donc E(t) admet une limite finie positive quand t → +∞. Ceci est la première
étape pour montrer que l’énergie se dissipe jusqu’à ce que le ressort revienne à
l’équilibre.
Par rapport aux suites, il y a un cas que l’on peut mettre en avant qui est celui de
la composition. Là encore, on n’énonce qu’un seul cas possible mais il y a plusieurs
57
Fonctions réelles
autres situations qui donnent un résultat analogue (limites infinies, limites aux bords
gauche ou droit des intervalles. . . ).
Proposition 3.18
Soient I et J deux intervalles de R et soient f : J → R et g : I → R deux
fonctions telles que g(I) ⊂ J. Soit x0 ∈ I et supposons que g(x) → y0 ∈ J
quand x → x0 et que f (y) → ℓ ∈ R quand y → y0 . Alors la fonction composée
f ◦ g : I → R est bien définie et (f ◦ g)(x) → ℓ quand x → x0 .
3 Continuité
3.1 Définitions et propriétés élémentaires
Pour les fonctions réelles, il y a plusieurs façons équivalentes de définir la conti-
nuité. On peut donc en choisir une comme définition de base et les autres comme ca-
ractérisations équivalentes. Nous allons faire le choix classique de prendre au départ
la définition qui est celle qui est la plus facilement généralisable à des espaces plus
complexes que R.
Définition 3.19
Soit f : Df → R une fonction réelle. On dit que f est continue en x∗ ∈ Df
si on a
Exemples :
• Là où elles sont définies, les fonctions usuelles sont continues, sauf la partie
entière. Donc toute fonction définie par une formule sera continue là où la
formule fait sens (sauf dans le cas rare où la partie entière entre en jeu).
58
Fonctions réelles
f (x∗ ) + ε f (x∗ ) + ε
f (x∗ ) f (x∗ )
f (x∗ ) − ε f (x∗ ) − ε
x∗ − δ x∗ x∗ + δ x∗
Figure 3.3 – À gauche, une fonction continue en x∗ : pour tout écart ε > 0, on peut
trouver un petit intervalle ]x∗ − δ,x∗ + δ[ autour de x∗ dont l’image reste à distance
moins de ε de f (x∗ ). À droite, la fonction n’est pas continue en x∗ : quand ε > 0
est suffisamment petit, il y a toujours des points aussi proches que l’on veut de x∗
dont l’image est plus loin que ε de f (x∗ ).
59
Fonctions réelles
Démonstration : Si (xn ) est une suite convergeant vers x∗ , alors par hy-
pothèse f (xn ) → f (x∗ ) et g(xn ) → g(x∗ ). On sait que, pour les suites, la limite
60
Fonctions réelles
de la somme est la somme des limites et la multiplication par des scalaires com-
mute avec les limites. Donc λf (xn ) + µg(xn ) → λf (x∗ ) + µg(x∗ ), ce qui montre
que λf + µg est continue en x∗ . Les autres démonstrations sont similaires.
Exemple :
On utilisera souvent une phrase comme ≪ la fonction est continue comme com-
posée, somme et produit de fonctions continues ≫. Regardons très précisément
un exemple pour comprendre le mécanisme (on pourra aller bien plus vite avec
l’habitude). On considère la fonction f donnée par la formule
cos(x) + x
f (x) = √
ln( x)
On doit détailler la construction de cette formule pour savoir où elle est définie
et continue.
√
x 7→ ln x x→7 x x 7→ cos x x 7→ x
composition
somme
il faut x ≥ 0
il faut
√
x>0 √
x 7→ ln( x) x 7→ cos(x) + x
quotient
attention È la division par 0
f il faut ln( x) 6= 0
61
Fonctions réelles
formule fait sens. Donc f est bien continue sur Df . Encore une fois, rappelons
que la fonction partie entière est la seule fonction usuelle non continue.
Corollaire 3.24
Soit f une fonction continue de E ⊂ R dans R, alors |f | définie par x ∈ E →
7
|f (x)| est aussi continue sur E.
Si f et g sont deux fonctions continues de E ⊂ R dans R, alors x ∈ E → 7
max(f (x),g(x)) et x ∈ E 7→ min(f (x),g(x)) sont aussi continues sur E.
62
Fonctions réelles
Une autre application des caractérisations de la continuité par les limites est celle
du prolongement par continuité.
Définition 3.25
Soit f : E ⊂ R → R une fonction continue sur E. Supposons qu’il existe un
domaine plus grand F ⊃ E tel que, pour tout x ∈ F \ E, la limite de f en
x est bien définie, existe et est finie. Alors le prolongement f˜ : F → R défini
par f˜(x) = limt→x f (t) est une fonction continue appelée prolongement par
continuité de f sur F .
Remarquons que, si f est bien continue sur E, alors f˜(x) = limt→x f (t) vaut f (x)
pour tout x ∈ E et donc f˜ prolonge bien f . Par ailleurs, la définition par la limite
implique la continuité de f . Ce n’est pas si trivial si F \ E est compliqué, mais en
pratique nous ne prolongerons que sur un point ou au pire sur un nombre fini de
points.
Notons aussi que si la limite limt→x f (t) n’a pas de sens ou vaut ±∞, alors
la caractérisation de la continuité par les limites implique qu’on ne peut créer de
prolongement continu.
Exemples :
2
• On considère la fonction f définie par la formule f (x) = e−1/x . Comme on
ne peut pas diviser par 0, la fonction f est définie sur R∗ = R \ {0}. Mais
si x → 0, 1/x2 → +∞ et donc f (x) → 0. On peut donc prolonger f par
continuité en x = 0 en posant
63
Fonctions réelles
Exemples :
• Soit P : x 7→ ax3 +bx2 +cx+d un polynôme de degré 3, c’est-à-dire que a 6= 0.
C’est une fonction continue sur R. Supposons a > 0. Quand x tend vers +∞,
P (x) tend vers +∞ donc pour x assez grand P (x) > 0 : il existe b ∈ R tel
que P (b) > 0. Quand x tend vers −∞, P (x) tend vers −∞ donc il existe a
assez négatif pour que P (a) < 0. Le théorème des valeurs intermédiaires nous
dit qu’il existe x ∈ ]a,b[ tel que P (x) = 0. Le cas a < 0 est symétrique. On
64
Fonctions réelles
obtient donc le résultat que tout polynôme réel de degré 3 admet au moins
une racine réelle. Notons qu’il existe des polynômes de degré 2 sans racines
réelles (comme P (x) = x2 + 1).
• Une bille de vitesse V > 0 subit un choc élastique contre un mur et rebondit
en repartant à vitesse −V < 0. Pourtant la bille n’a jamais été au repos car
son énergie cinétique étant conservée, elle vaut toujours 21 mV 2 6= 0. C’est
parce que dans cette modélisation, la vitesse passe brutalement de V à −V :
elle est discontinue et ne vérifie pas forcément le T.V.I.
f (xmax ) = max f (x) = sup f (x) et f (xmin ) = min f (x) = inf f (x) .
x∈[a,b] x∈[a,b] x∈[a,b] x∈[a,b]
65
Fonctions réelles
de f (xn ) mais aussi que f (xϕ(n) ) tend vers f (ℓ) par continuité de f . Comme
f (ℓ) est un nombre fini, c’est contradictoire et donc f est majorée sur [a,b].
On pose M = supx∈[a,b] f (x). Pour tout n ∈ N, M − 2−n n’est plus un majorant
et il existe donc xn ∈ [a,b] tel que M − 2−n < f (xn ) ≤ M . Donc f (xn ) tend
vers M . Mais comme précédemment, on peut extraire de (xn ) une sous-suite
(xϕ(n) ) qui converge vers une limite xmax ∈ [a,b]. Et par continuité f (xϕ(n) )
tend vers f (xmax ). Donc f (xmax ) = supx∈[a,b] f (x) est le maximum cherché.
Exemples :
• Soit d(t) la distance d’un solide à un point de référence, il est naturel de
considérer d(t) comme une fonction continue du temps. Pendant un intervalle
de temps [0,T ], le solide s’est éloigné au maximum d’une distance D et il existe
un temps t0 ∈ [0,T ] où il était pile à distance D.
• La fonction f : x 7→ x est continue sur [0, + ∞[ mais n’est pas majorée dessus.
On ne peut pas appliquer le théorème précédent car [0, + ∞[ n’est pas un
intervalle borné.
• La fonction f : x 7→ 1/x est continue sur ]0,1] mais n’est pas majorée dessus.
On ne peut pas appliquer le théorème précédent car ]0,1] n’est pas un intervalle
fermé.
• La fonction f définie sur [0,1] par f (0) = 0 et f (x) = 1/x si x ∈ ]0,1] n’est pas
majorée sur [0,1]. Même si [0,1] est fermé et borné, on ne peut pas appliquer
le théorème précédent car f n’est pas continue.
Démonstration : Le théorème 3.27 nous dit que l’image par f continue d’un
intervalle [a,b] est bornée et que les bornes sont atteintes. Donc α = min[a,b] f
et β = max[a,b] f sont dans l’image de f , atteints aux points xmin et xmax res-
pectivement. Par définition de ces extrema, l’image de f est incluse dans [α,β].
Mais le théorème des valeurs intermédiaires appliqué sur l’intervalle [xmin ,xmax ]
(ou [xmax ,xmin ]) nous dit que toutes les valeurs de [α,β] sont atteintes.
66
Fonctions réelles
67
Fonctions réelles
f (x)
a x∗ b
68
Fonctions réelles
filtres passe-bas c’est-à-dire au fait de tronquer les hautes fréquences dans une onde,
par exemple pour ne garder que les fréquences audibles principales d’un signal so-
nore. Elle peut être considérée comme suffisamment usuelle pour avoir un nom : on
l’appelle sinus cardinal et on la note sinc. Pour x 6= 0, la fonction x 7→ (sin x)/x est
bien définie et est continue. Le problème, c’est qu’elle n’est pas définie en x = 0 à
cause de la division par x. Mais comme sin x est équivalent à x quand x tend vers
0, on obtient facilement que sinx x −−−−−→ 1. On peut donc prolonger la fonction par
x→0
continuité en x = 0. C’est en fait ce prolongement qui est appelé sinus cardinal. On
pose donc sin x
x
si x 6= 0
sinc(x) =
1 si x = 0
et on obtient une fonction continue et définie sur R.
y
1
0
x
−6π −3π −π π 3π 6π
4 Dérivation
4.1 Définition et propriétés élémentaires
Si d(t) est la distance parcouru par un véhicule au cours du temps, alors entre
les temps a et b, le véhicule a parcouru d(b) − d(a). Sa vitesse moyenne est donc
69
Fonctions réelles
(d(b) − d(a))/(b − a). L’idée de la dérivée est simplement d’aller chercher la vitesse
instantanée en faisant tendre b vers a.
Définition 3.30
Soit f : Df → R une fonction réelle et soit I ⊂ Df un intervalle. Pour tout
a 6= b dans I, f (b)−f
b−a
(a)
est le taux d’accroissement de f entre a et b. Si la
limite
f (b) − f (a)
lim
b→a b−a
existe et est finie, on l’appelle nombre dérivé de f en a que l’on note f ′ (a)
et on dit que f est dérivable en a. Si f est dérivable en tout point de I, on
dit que f est dérivable sur I et la fonction f ′ : x ∈ I 7→ f ′ (x) est appelée la
dérivée de f sur I.
f (x + h) − f (x)
f ′ (x) = lim .
h→0 h
Il existe aussi d’autres notations pour la dérivée, chacune venant d’un des grands
fondateurs du calcul infinitésimal. La notation f ′ vient de Lagrange. Leibniz utilisait
la notation df
dx
(x) pour la dérivée de f au point x. Cette notation est pratique quand
f dépend de plusieurs variables et elle fait le lien avec les notations des intégrales.
Newton utilisait le point, qui est beaucoup utilisé en physique, par exemple ẋ(t)
pour la vitesse comme dérivée de la position x(t). Cette notation est évidemment
moins pratique pour des lettres hautes comme le f .
Exemple :
On considère la fonction f : x 7→ x2 . On a f (x + h) = (x + h)2 = x2 + 2hx + h2 .
Donc f (x+h)−f
h
(x)
= 2x + h → 2x quand h → 0. Donc f est dérivable et sa dérivée
70
Fonctions réelles
d n
montrant le résultat bien connu que dx
x = nxn−1 .
Définition 3.31
Soit I un intervalle de R et f : I → R. Si f est dérivable sur I et que sa
dérivée f ′ est dérivable, on note f ′′ (ou ddxf2 ou f¨) la dérivée seconde de f ,
2
Définition 3.32
Soit f : Df → R une fonction réelle définie sur un intervalle [a,b] ⊂ Df . On
dit que f est dérivable à droite en x = a+ si la limite limh→0+ f (a+h)−f
h
(a)
71
Fonctions réelles
Exemple :
On considère la valeur absolue f : x 7→ |x|. Pour tout x ≥ 0, on a f (x) = x et
donc f est dérivable sur ]0, + ∞[ avec f ′ ≡ 1 et f est dérivable à droite de 0 avec
1 pour dérivée à droite en 0. Symétriquement, pour tout x ≤ 0, on a f (x) = −x
et donc f est dérivable sur ] − ∞,0[ avec f ′ ≡ −1 et f est dérivable à gauche de
0 avec −1 pour dérivée à gauche en 0.
En x = 0, les dérivées à droite et à gauche sont différentes, donc la valeur absolue
n’est pas dérivable en x = 0.
f (y)−f (x)
Démonstration : Si f est dérivable en x, alors la limite limy→x y−x
existe
et est finie. Par règle algébrique sur les limites, on a alors
f (y) − f (x)
f (y) = (y − x) + f (x) −−−−−→ f (x)
y−x y−→x
On pourra retenir que toutes les fonctions usuelles sont dérivables sur leur do-
maine de définition sauf la partie entière (qui n’est tout simplement pas continue
sur les entiers) et la valeur absolue qui n’est pas dérivable en x = 0. Pour obtenir la
dérivée de fonctions construite à l’aide des fonctions usuelles, il nous faut les règles
de calculs que nous apprenons au lycée.
Proposition 3.34
Soient f et g deux fonctions dérivables sur un intervalle I ⊂ R. Alors
72
Fonctions réelles
Proposition 3.36
Soient I et J deux intervalles de R et soit f : I → J une fonction dérivable et
bijective de I dans J. Alors si f ′ (x) 6= 0 pour tout x ∈ I, la fonction réciproque
f −1 : J → I est dérivable et (f −1 )′ (x) = 1/f ′ (f −1 (x)).
Démonstration : Comme f est dérivable, elle est continue. Nous allons sup-
poser connu le fait que la réciproque d’une fonction continue est continue pour
nous concentrer sur la partie dérivation. On pourra donc utiliser que f −1 (x+h)
tend vers f −1 (x). On a alors
73
Fonctions réelles
Notons quelques astuces pour les calculs. Tout d’abord, en cas de doute sur les
formules, on pourra regarder l’homogénéité. Si f et g sont en mètres et x en seconde,
alors la dérivation multiplie l’unité par s−1 . La formule de (f g)′ par exemple doit
être en m2 .s−1 et aussi symétrique en f et g car f g = gf . Cela ne laisse pas beaucoup
de choix et montre que (f g)′ 6= f ′ g ′ car f ′ g ′ est en m2 .s−2 .
Ensuite, l’écriture (f ◦ g)′ = (f ′ ◦ g).g ′ est meilleure que (f ◦ g)′ = g ′ .(f ′ ◦ g) dès
qu’on enchaı̂ne plusieurs calculs. Ainsi si on calcule (f ◦ g ◦ h)′ , on commence par
réfléchir à f ′ et on écrit f ′ ◦ g ◦ h puis on oublie f et on peut se concentrer sur la
dérivation de g ◦ h etc.
Définition 3.37
Si f est dérivable en a, on définit la tangente à la courbe de f en a comme
la droite d’équation
y = f ′ (a)(x − a) + f (a) .
Pour retrouver cette équation, c’est facile : la pente est f ′ (a) donc l’équation est
du type y = f ′ (a)x + c avec c ∈ R. Puis la droite doit passer par (a,f (a)) donc
f ′ (a)a + c = f (a) donne la constante manquante.
Le point clef de cette tangente est qu’il s’agit de la meilleure approximation de
f par une droite si on est proche de a, dans le sens où la différence entre f (x) et la
tangente f ′ (a)(x − a) + f (a) est d’ordre plus petit que linéaire. On peut voir cette
propriété comme la définition même de la dérivée.
74
Fonctions réelles
Théorème 3.38
Une fonction f est dérivable en a ∈ R avec pour nombre dérivé f ′ (a) si et
seulement si
r(x)
f (x) = f (a) + f ′ (a)(x − a) + r(x) avec → 0 quand x → a . (3.2)
(x − a)
Dans le chapitre suivant, on verra la notation o(x − a) pour un terme r(x) tel
que r(x)/(x − a) → 0 quand x → a. On écrira alors (3.2) sous la forme
f (x) = f (a) + f ′ (a)(x − a) + o(x − a)
ce qui évite d’introduire une notation pour le reste. Ce genre d’écriture sera vu plus
en détail dans chapitre sur les développements limités.
Exemples :
• En x = 0, une exponentielle f (x) = αe−λx a pour dérivée f ′ (0) = −αλ et donc
pour tangente −αλx + α. Cette tangente s’annule en x = 1/λ. Cela donne
un moyen géométrique de récupérer le coefficient λ ou la demi-vie ln 2/λ où
l’exponentielle a été divisée par deux.
αe−λx
0 x
ln 2/λ 1/λ
75
Fonctions réelles
• On considère un pendule qui peut osciller autour d’un axe. On note θ(t) l’angle
qu’il forme avec la verticale (θ = 0 étant l’équilibre stable où le penduleppend
vers le bas). On trouve comme équation θ̈(t)+ω 2 sin(θ(t)) = 0 avec ω = g/ℓ.
Il est impossible de trouver des solutions explicites à cette équation, mais pour
des petits oscillations, (θ proche de 0) on peut procéder à une linéarisation
en remplaçant sin θ par θ car sin x ∼ x près de 0. Il peut être très difficile de
donner un sens rigoureux à ce procédé, c’est-à-dire de comprendre dans quel
sens l’équation originale et sa version linéarisée sont proches. Mais en première
approximation, on peut déjà regarder l’équation linéarisée θ̈(t) + ω 2 θ(t) = 0.
Cette équation a pour solution les oscillations de la forme α sin(ωt)+β cos(ωt),
ce qui correspond bien à ce qu’on peut observer et justifie a posteriori que la
linéarisation est sans doute raisonnable dans ce cas.
Cette proposition bien connue est très utile pour trouver les maximums ou mi-
nimums d’une fonctions. On prendra garde à ne pas mal l’utiliser comme illustrer
dans les exemples suivants.
Exemples :
• Le polynôme f : x 7→ x3 − 3x + 1 est dérivable sur tout R et de dérivée
f ′ (x) = 3x2 − 3 = 3(x2 − 1). D’après le résultat ci-dessus, les extrema locaux
de f sont des points où f ′ s’annule. Il y a donc deux candidats : x0 = 1 et
x0 = −1. Il faudra étudier les variations de la fonction pour savoir s’il s’agit
bien d’extrema locaux ou non. Dans tous les cas, il ne s’agira pas d’extrema
globaux puisque f tend vers ±∞ en ±∞.
• Un point où f ′ s’annule n’est pas forcément un extremum local. Par exemple,
76
Fonctions réelles
Le résultat suivant a été formulé par Michel Rolle (1652-1719, France). Il peut
sembler élémentaire et est souvent qualifié simplement de ≪ lemme ≫. Mais on va
voir plus bas sa généralisation appelée théorème des accroissements finis qui est un
résultat fondamental de l’analyse infinitésimal. À l’époque de Rolle, la dérivation
était à ses débuts et Rolle n’avait traité en fait que le cas des polynômes.
Proposition 3.40 (lemme de Rolle)
Soient a < b deux réels et soit f une fonction définie et continue sur [a,b].
Si f (a) = f (b) et si f est dérivable sur ]a,b[, alors il existe c ∈ ]a,b[ tel que
f ′ (c) = 0.
f (b) − f (a)
f ′ (c) = .
b−a
77
Fonctions réelles
a c b x
Figure 3.5 – Des illustrations des accroissement finis. À gauche, le taux d’accrois-
sement f (b)−f
b−a
(a)
est la pente de la sécante entre a et b, alors que f ′ (c) est la pente
de la tangente en c. Le T.A.F. nous dit qu’il existe c tel que ces deux pentes sont
égales et donc que la tangente est parallèle à la sécante. À droite, si on connaı̂t une
borne M sur la dérivée d’une fonction, alors l’I.A.F. nous fournit un cône de pointe
(x,f (x)) et de pentes M duquel la fonction ne peut s’échapper.
78
Fonctions réelles
Exemple :
√ √
Montrons que un = n + 1− n tend vers 0 quand n tend vers +∞. Pour cela,√on
applique une inégalité des accroissements finis. On prend la fonction f : x 7→ x
et les points a = n et b = n + 1. On a f ′ (x) = 2√1 x et donc |f ′ (x)| ≤ 2√1 n sur [a,b].
On obtient alors
√ √ 1
n+1− n ≤ √ −−−−−−−→ 0 .
2 n n−→+∞
C’est toute l’essence des inégalités des accroissements finis : si la vitesse de crois-
sance de la fonction diminue et tend vers 0, l’écart des valeurs entre n et n + 1
doit aussi tendre vers 0.
79
Fonctions réelles
x −∞ −1 1 +∞ y
f ′ (x) + 0 − 0 +
3 +∞
f (x) 1
−∞ −1 x
−1
Nous avions vu que ±1 était potentiellement deux extrema locaux, sans en avoir
la certitude. Maintenant, nous pouvons bien dire que la fonction f a exactement
deux extrema locaux : x = −1 est un maximum local et x = 1 est un minimum
local.
• Estimations : par essence, les inégalités des accroissements finis sont la source
de nombreuses estimations. Par exemple, comme | cos x| ≤ 1 sur R, on sait que
| sin x − sin 0| ≤ 1.|x − 0|, c’est-à-dire que
∀x ∈ R , | sin x| ≤ |x| .
Regardons maintenant le log. Il a pour dérivée 1/x et 1/x ≤ 1 pour tout x ≥ 1.
Donc (ln x − ln 1) ≤ 1.(x − 1) pour tout 1 ≤ x. Si x ∈ ]0,1[, on a 1/x > 1 et
(ln 1 − ln x) > 1.(1 − x) pour tout x ≤ 1. Dans les deux cas, on retrouve la même
inégalité (attention au changement de sens quand on passe de (1 − x) à (x − 1) si
x < 1) :
∀x > 0 , ln x ≤ x − 1 .
On peut aussi utiliser l’étude de fonctions. Par exemple, on considère la fonction
f : x 7→ ex − x − 1. Elle est dérivable sur R et f ′ (x) = ex − 1. Connaissant les
valeurs de l’exponentielle, on obtient que la fonction f est donc décroissante sur R−
et croissante sur R+ : elle atteint son minimum en 0 où f (0) = 0. Donc
∀x ∈ R , ex ≥ x + 1 .
80
Fonctions réelles
Notons que ce résultat n’est pas si trivial. Par exemple, si I n’est pas un intervalle,
il n’est plus vrai. Ainsi considérons la fonction f définie sur R∗ := R \ {0} par
f (x) = 1 si x > 0 et f (x) = −1 si x < 0. On a que f est dérivable sur R∗ et que
f ′ ≡ 0. Pourtant f n’est pas constante car elle prend deux valeurs. Par contre, on
peut dire que f est constante sur chaque intervalle ] − ∞,0[ et ]0, + ∞[.
Exemple :
La proposition ci-dessus permet de démontrer rapidement des formules. Par
exemple, si on part de la propriété du logarithme que ln 1 = 0 et que ln′ (x) = 1/x.
Pour tout a > 0, considérons la fonction f : x 7→ ln(ax) − ln(x). On a
1 1 1 1
f ′ (x) = a− = − =0
ax x x x
et donc f est une fonction constante. On sait que f (1) = ln(a) − ln 1 = ln a et on
obtient donc que pour tout x > 0, f (x) = ln a. Ceci montre la formule
• Règle de L’Hôpital : il s’agit d’une règle qui peut être utile. Elle a été publiée par
le marquis de L’Hôpital (1661-1704, France), mais on pense qu’elle a été découverte
par Jean Bernoulli (1667-1748, Suisse). Le marquis de L’Hôpital payait ce dernier
pour faire de la recherche en mathématique et avait le droit de publier en son nom
les résultats trouvés.
Proposition 3.45 (règle de L’Hôpital)
Si deux fonctions g et h sont continues et dérivables dans un voisinage de a
avec g(a) = h(a) = 0 et que la limite de g ′ (x)/h′ (x) existe quand x → a, alors
la limite de g(x)/h(x) existe aussi et
g ′ (x) g(x)
lim ′
= lim .
x→a h (x) x→a h(x)
81
Fonctions réelles
quand b tend vers a, c tend aussi vers a, ce qui donne la limite voulue. Le détail
est laissé au lecteur (voir exercices de TD).
Il existe d’autres versions (en ±∞, pour des limites infinies etc.) qu’on pourra
trouver dans d’autres cours en ligne.
Exemple :
On considère la fonction f : x 7→ x+sin x
e3x −1
. Cette fonction n’est pas définie en x = 0
à cause de la division par e0 − 1 = 0. Peut-on la prolonger par continuité en
zéro ? La limite est une forme indéterminée du type ≪ 0/0 ≫. On applique la règle
de L’Hôpital. La dérivée de g : x 7→ x + sin x est g ′ (x) = 1 + cos x → 2 quand
x → 0. La dérivée de h : x 7→ e3x − 1 est h′ (x) = 3e3x → 3 quand x → 0.
Comme g ′ (x)/h′ (x) tend vers 2/3 quand x tend vers 0, on est bien dans le cadre
d’application du résultat ci-dessus et
x + sin x 2
3x
−−−−−→ .
e −1 x−→0 3
• Théorème de la limite de la dérivée : voici un autre résultat qui peut être utile
quand une fonction n’est pas clairement dérivable en un point. On donne ici l’énoncé
≪ à droite ≫ mais on peut aussi écrire symétriquement l’énoncé ≪ à gauche ≫ et les
regrouper pour avoir la dérivation des deux côtés par le théorème 3.20.
Proposition 3.46 (limite de la dérivée)
Soit f une fonction continue sur [a,b] et dérivable sur ]a,b]. Supposons que la
dérivée f ′ admettent en outre une limite à droite en a quand x → a+ . Alors
f est dérivable à droite en a et f ′ (a+ ) = limx→a+ f ′ (x).
f (a) − f (x)
f ′ (c(x)) =
a−x
(on notera que c : x 7→ c(x) n’est pas forcément continue). Quand x tend vers
a, c(x) tend aussi vers a car c(x) ∈ ]a,x[. Par hypothèse, f ′ (c(x)) a donc une
limite finie et il en est de même pour le taux d’accroissement f (a)−f
a−x
(x)
quand
+
x → a . Par définition, on vient de montrer que f est dérivable à droite en a.
82
Fonctions réelles
Exemple :
√
On considère la fonction f : x ∈ R+ 7→ x sin(x). Il s’agit bien une fonction
continue sur [0, + ∞[ mais la dérivabilité en 0 pose problème car la racine carrée
n’est pas dérivable en 0 et donc on ne peut appliquer la proposition√de dérivation
des produits. Mais si x > 0, on a bien que f est dérivable et f ′ (x) = x cos x+ sin
√x .
2 x
Comme sin x ∼ x en 0, f ′ (x) → 0 quand x → 0. La proposition précédente nous
dit donc que f est bien dérivable à droite en zéro et f ′ (0) = 0.
Si on connaı̂t une erreur δx dans une mesure, l’erreur δf = f (x + δx) − f (x) sur
la quantité f vérifie donc δf = f ′ (x)δx + r(δx). Dans les sciences appliquées, il est
alors d’usage de négliger les termes d’ordre petit en δx. Dans ce cas, on retrouve
l’estimation d’erreurs
δf ≃ f ′ (x)δx .
δ(f g) 1 1
(f g)′ (x)δx = f ′ (x)g(x) + g ′ (x)f (x) δx
≃
(f g)(x) (f g)(x) (f g)(x)
′ ′
f (x)δx g (x)δx δf δg
= + ≃ + .
f (x) g(x) f (x) f (x)
Faisons pour finir une petite application numérique. Imaginons que l’on creuse un
tunnel qui s’enfonce dans une montagne selon une pente montante de 30o ± 0,1o
pendant 50 m. On pense donc gagner en hauteur 50 sin(30o ) = 25 m. Mais quelle
est l’erreur possible à cause de l’imprécision de la pente ? Notre fonction mesurant
π
l’altitude gagnée en fonction de l’angle est f : x 7→ 50 sin( 180 x). Attention : il est
très important de passer en radian car les dérivées des fonctions trigonométriques
que l’on apprend correspondent à ces fonctions avec des entrées en radians ! On peut
π
donc calculer que f ′ (30) = 50 × 180 cos( π6 ) = 0,7557 . . .. En multipliant ce facteur
par δx = 0,1, on trouve alors notre gain en altitude en incluant l’erreur possible
50 m
25 ± 0,076 m
30o ± 0,1o
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Fonctions réelles
En utilisant que x∗ est un point fixe, si un ∈ I ∩]x∗ −δ,x∗ +δ[ et si un+1 = f (un ),
on a donc
|un+1 − x∗ | ≤ α|un − x∗ | .
Comme α < 1, on a en particulier que |un+1 − x∗ | < |un − x∗ | < δ et donc
que un+1 ∈ I ∩ ]x∗ − δ,x∗ + δ[. Par récurrence, on obtient que si initialement
u0 ∈ I ∩ ]x∗ − δ,x∗ + δ[, alors la suite (un ) reste dans cet intervalle et
∀n ≥ 0 , |un − x∗ | ≤ αn |u0 − x∗ | .
Exemple :
On reprend le cas de la suite logistique un+1 = f (un ) avec f (x) = 52 x(1 − x). Pour
le paramètre λ = 25 , on est dans la zone ]2,3] où on s’attend à avoir 0 comme point
fixe répulsif et un autre point fixe x∗ ∈ ]0,1[ vers lequel toutes les suites non nulles
convergent. Ce second point fixe est ici x∗ 6= 0 tel que x∗ = f (x∗ ) = 52 x∗ (1−x∗ ). On
trouve donc que x∗ = 53 . On a f ′ (x∗ ) = 52 (1−2x∗ ) = − 21 . Comme |f ′ (x∗ )| = 12 < 1,
le résultat ci-dessus montre bien que ce second point fixe est attractif. Il faudrait
encore travailler un peu en étudiant plus globalement la fonction pour vérifier
que son attraction s’exerce sur tout ]0,1[ et pas seulement un petit voisinage
]x∗ − δ,x∗ + δ[.
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Fonctions réelles
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Fonctions réelles
intermédiaires). Prenons t0 comme le premier temps où cela arrive (à cet endroit,
on triche un peu car on admet son existence, mais il est possible de faire cela plus
proprement). Pour ce t0 , on a x′ (t0 ) = f (x(t0 )) = f (0) > 0. Le lien entre dérivée
et variations nous dit que x(t) est donc strictement croissante près de t0 et donc
que x(t) < 0 pour t < t0 proche de t0 . Mais alors c’est que x(t) avait déjà quitté le
cylindre x ≥ 0 avant t0 , ce qui est contradictoire avec notre choix de t0 . On vient
donc de justifier que x(t) reste strictement positif pour tout t > 0, sans même avoir
de formule pour cette solution.
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À connaı̂tre en priorité :
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