L'EUROPE BOULEVERSÉE PAR LA RÉVOLUTION FRANÇAISE
1- l'émergence d'une nation de citoyens égaux
La France vit sous un régime, la monarchie absolue, en crise. Le roi
concentre tous les pouvoirs et exerce son autorité sans contrôle. Les sujets
sont soumis au souverain de droit divin. Il impose son pouvoir au pays en
s’appuyant sur un appareil administratif centralisé à Versailles. La société est
toujours fondée sur trois ordres et sur le respect des privilèges de la noblesse
et du clergé (ex : exemption d’impôt) mais aussi de corps constitués : régions,
villes, métier…bénéficiant du droit de fixer l’impôt, de s’administrer elle-même
ou d’un statut particulier. Cet ordre ancien est de plus en plus contesté par les
philosophes des « Lumières » (Montesquieu, Voltaire, Rousseau, Diderot...), les
élites bourgeoises et le peuple.
Les difficultés et des soulèvements de paysans et des émeutes d’artisans
obligent le roi à convoquer les Etats Généraux (représentation des trois ordres)
pour le 1° mai 1789. Les élections des représentants des ordres
s’accompagnent de la rédaction de cahiers de doléances, dans les provinces et
dans les communes. Les trois ordres qui s’expriment sont divisés sur les
réformes nécessaires. La noblesse et le clergé restent accrochés à leurs
privilèges mais certains nobles réclament en même temps des réformes
politiques. Le tiers état rejette le système d’ancien régime et une partie
soutient les innovations politiques comme la rédaction d’une constitution.
Les Etats Généraux s’ouvrent à Versailles le 5 mai 1789. Le roi
refuse toute idée de réforme politique et sociale. Le Tiers, qui a déjà obtenu le
doublement de ses représentants, exige le vote par tête et non le vote par
ordre, ce que le roi refuse. Le 17juin, les députés du tiers état, déçus par
l’attitude de Louis XVI, se proclament Assemblée Nationale. Le 20 juin, dans la
salle du jeu de Paume, ils jurent de ne pas se séparer avant d’avoir donner une
constitution à la France. L’assemblée devient assemblée nationale
constituante. Louis XVI n’a cédé qu’en apparence. Le 11 juillet, il concentre des
troupes autour de Paris. Le 14 juillet, pour se procurer des armes, les parisiens
s’emparent de la Bastille, prison où l’on pouvait être incarcéré par simple
décision royale (symbole de l’arbitraire monarchique). La Grande Peur gagne
tout le pays pendant l’été 1789. Les paysans attaquent et pillent les châteaux.
Dans la nuit du 4 août, afin de rétablir le calme, les députés abolissent les
privilèges. Les opposants à la révolution fuient à l’étranger. Le 26 août,
l’assemblée vote la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen.
Le 12 juillet 1790, la constitution civile du clergé réorganise l’église.
Certains prêtres l’accepte mais nombreux sont ceux qui restent fidèles à Rome.
Ce sont les réfractaires. Le 14 juillet 1790, la fête de la fédération célèbre
l’unité de la nation. Mais en juin 1791, le roi tente de fuir à l’étranger. Il est
arrêté à Varennes et ramené à Paris (voir page 264). Sa fuite lui fait perdre la
confiance des français. Le 3 septembre 1791, la Constitution est votée. La
France est une monarchie constitutionnelle. Mais le suffrage censitaire réserve
le vote aux plus riches. De plus le roi a un droit de véto contre les décisions des
députés.
2- chute de la monarchie et première expérience républicaine
En plus de la crise intérieure, la France rentre en guerre contre
l’Autriche le 20 avril 1792. Le 10 août 1792, les patriotes prennent d’assaut les
Tuileries, massacrant les gardes suisses. Le roi et sa famille se réfugient à
l'Assemblée nationale. Accusés de trahison, ils sont arrêtés et le roi est
suspendu. Le 20 septembre 1792, la France gagne contre les autrichiens à
Valmy. Le même jour, une nouvelle assemblée constituante, la Convention,
élue au suffrage universel, se réunit. Elle prononce la déchéance du roi et
proclame la République (22 septembre).
La Convention est vite dominée par les Montagnards, qui agissent
sous la pression des sans culottes parisiens. Le roi est jugé, puis exécuté le 21
janvier 1793. La convention doit faire face à une guerre extérieure contre
l’Autriche et la Prusse et à une guerre intérieure, en Vendée, où a lieu un
soulèvement royaliste. Elle vote en mars 1793 une série de décrets créant un
tribunal révolutionnaire pour juger les contre révolutionnaires et un Comité de
Salut Public. Les Montagnards et Robespierre dominent la Convention et le
Comité de Salut Public. Ils imposent la Terreur. Les suspects sont guillotinés,
les sans culotte imposent une politique de déchristianisation (nouveau
calendrier, mariage civil…). L’invasion étrangère est repoussée, la révolte
vendéenne écrasée. La Terreur est de plus en plus mal acceptée. Le 9
thermidor an II (27 juillet 1794), Robespierre est arrêté et exécuté le
lendemain.
Après la chute de Robespierre, les députés modérés mettent fin au
régime de Terreur. Ils rétablissent les libertés économiques et les principes de
1789. Les sans culottes sont désarmés. Les royalistes tentent un coup d’état le
13 Vendémiaire an IV (5 octobre 1795) mais un jeune général, Napoléon
Bonaparte, le fait échouer. La Constitution de l’an III crée le Directoire : la
France est dirigé par 5 directeurs et deux conseils législatifs élus au suffrage
censitaire indirect. Mais les problèmes économiques perdurent, ruinant les
petits épargnants. Le régime ne vit que grace au soutien de l’armée. Le 18 et
le 19 brumaire an VIII (9 et 10 novembre 1799) Bonaparte met fin au Directoire
par un coup d’état. Il prend le titre de Premier Consul.
3- La France de Napoléon Bonaparte (1799-1815)
Le consulat gouverne la France de 1799 à 1804. Une nouvelle
constitution rétablit le suffrage universel mais supprime en fait le pouvoir de
décision des français, le corps législatif étant essentiellement nommé par le
premier consul. De plus l’initiative des lois appartient à ce dernier. Le pouvoir
exécutif appartient à trois consuls mais en réalité Bonaparte, premier consul,
dispose de tous les pouvoirs. En 1802, il devient consul à vie. Le consulat
accentue la centralisation du pays. Un préfet est nommé dans chaque
département, ainsi que les juges et les maires des villes de plus de 5000
habitants. Bonaparte crée les lycées pour former les élites du pays. La légion
d’honneur permet de récompenser les fidèles. En 1804, le Code civil est
promulgué. Il maintient les grands principes de 1789, réaffirme le droit de
propriété et donne au père de famille une autorité considérable. Il maintient le
calendrier révolutionnaire. Le concordat signé en 1801 entre Napoléon et le
pape, proclame le catholicisme « religion de la majorité des français ». La
prospérité économique revient grâce à la paix et à une nouvelle monnaie
stable, le franc germinal. L’esclavage est rétabli dans les colonies. Le consulat
est transformé en Empire par la constitution de l’an X (18 mai 1804). Napoléon
est nommé empereur héréditaire.
4- L'Europe Napoléonienne
La France compte 108 département après les guerres révolutionnaires en
1802. Napoléon est défait sur mer par les anglais à Trafalgar en 1805 mais est
victorieux sur terre la même année contre les autrichiens (Austerlitz). En 1812
la France compte 130 départements. Pour réaliser ces conquêtes, Napoléon
mobilise 2 millions d'hommes en 12 ans. Les états européens, hormis le
Royaume Uni, sont contraints de s'allier à la France ou d'avoir à leur tête un
membre de la famille Bonaparte. Le modèle administratif et judiciaire français
est adopté dans de nombreux pays. Mais cette domination suscite aussi des
rejets : l'Espagne se soulève à partir de 1808 contre les français. Suite à de
nombreuses défaites face à une coalition européenne, Napoléon est obligé
d'abdiquer en 1814. C'est la Restauration : Louis XVIII, frère de Louis XVI,
monte sur le trône.
Exilé à l'île d'Elbe, il s'échappe et reprend le pouvoir pour une courte
période (les Cent Jours). Les puissances alliées décident de reprendre la guerre
contre la France. Napoléon attaque anglais et prussiens positionnés en
Belgique sur la plaine de Waterloo le 18 juin 1815. Après huit heures de
combat et 45000 morts, les français sont vaincus et Napoléon est obligé de
fuir. Il abdique de nouveau le 22 juin et est de nouveau exilé à Sainte Hélène
jusqu'à sa mort en 1821. Louis XVIII revient sur le trône. Les vainqueurs de
Napoléon se réunissent au congrès de Vienne (1814-1815) pour rétablir la paix
et les monarchies européennes.