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Vainqueur Chapitre I

Cours d'éthique et déontologie infirmiers à l'usage des étudiants

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Chapitre 1: REVUE CRITIQUE DE LA LITTERATURE

Cette partie a pour but de présenter les études et théories antérieures qui ont
abordés un ou plusieurs aspects du thème. Elle s’articule autour de deux points
fondamentaux : d’abord l’historique, évolution de la sécurité alimentaire ainsi
que les définitions et dimensions de la sécurité alimentaire, ensuite les concepts
liés à la notion de sécurité alimentaire et les approches théoriques de la sécurité
alimentaire.

I°) Historique, évolution, définitions et dimensions de la sécurité


alimentaire

I-1°) Historique et évolution de la sécurité alimentaire

La sécurité alimentaire a commencé à entrer dans le langage courant au


lendemain de la première guerre mondiale. Durant ces périodes, l’alimentation
qui était perçue comme un produit agricole, voire industrielle, devenait une arme
et un moyen de domination utilisé par les pays dans les relations internationales.
C’est à ce titre que John Block, ministre de l’agriculture du gouvernement de R.
Reagan2 disait : « l’arme alimentaire est la plus importante dont nous disposons
actuellement pour maintenir la paix dans le monde ». Au niveau des Etats, le
contrôle des ressources naturelles équivalait à un contrôle du pouvoir. C’est
ainsi que l’alimentation a acquis une signification de sécurité nationale au sein
des pays. Et cela a impliqué la mise en place de stocks d’aliments dit stocks
stratégiques et de sécurité. Mais également la mise en place de politiques de
soutien à l’agriculture.

Le concept de sécurité alimentaire a été avancé la première fois en 1974 lors de


la conférence mondiale sur l’alimentation à Rome en réponse au nombre de plus
en plus important de personnes affectées par la faim au début des années 70. Au
milieu des années 70 jusqu’au début des années 80, les discussions sur la
sécurité alimentaire se sont plus concentrées sur l’augmentation de la production
agricole dans les pays déficitaires et la création de réserves de céréales
(conception macroéconomique et quantitative).

Cependant, au milieu des années 80, mené par les écrits d’Amartya, une
attention accrue a été portée à la réalité dans certaines grandes famines des
années précédentes, les proportions de nourriture étaient à des niveaux adéquats
dans les pays mais non accessible aux pauvres par manque de ressources.
En conséquent, la sécurité alimentaire s’est transformée en un paradigme plus
complet par lequel la capacité globale d’un ménage d’accéder à la nourriture a
été soulignée comme moyen le plus important par lequel le problème de la faim
mondiale pourrait être amélioré (conception microéconomique).

Vers la fin des années 80 et 90, les questions d’utilisation et du partage des
ressources dans le ménage, la corrélation entre la santé et la consommation de
nourriture et des micronutriments ont gagné une grande importance (conception
qualitative). La consommation alimentaire du ménage devient dès lors un
facteur déterminant.

Aujourd’hui, l’intégration de la production agricole et les problèmes


d’utilisation des ressources impliquent l’entrée d’une variété de disciplines
comprenant la géographie, l’anthropologie, l’agronomie, la science politique,
l’économie agricole, la botanique, la nutrition, la santé, et la sylviculture pour
mieux prendre en compte le problème de la sécurité alimentaire.

2) Définitions et dimensions de la sécurité alimentaire

Concept aux multiples facettes et en constante évolution, la sécurité alimentaire


ne signifie pas la même chose pour tout le monde. Ce qui fait que ce concept a
une multitude de définitions.

La déclaration universelle des Droits de l’homme de 1947 stipule que « toute


personne a droit à un niveau de vie suffisant pour assurer sa santé, son bien-être
et ceux sa famille notamment pour l’alimentation, le vêtement et l’habitat ».4 La
sécurité alimentaire a été définie par rapport à ce droit inaliénable de la personne
humaine.

En 1996, la FAO l’a défini selon les termes suivant : « L’état de sécurité
alimentaire est atteint, aux niveaux individuel, familial, national et mondiale,
quand tous les êtres humains ont, à tout moment, un accès économique et
physique à une alimentation suffisante, sûre et nutritive pour satisfaire leurs
besoins nutritionnels et leurs habitudes alimentaires de façon à pouvoir mener
une vie active et saine » (Déclaration de Rome en 1996).

Selon la Banque Mondiale, la sécurité alimentaire est : « l’accès pour toutes les
personnes à tout moment à une nourriture satisfaisante pour mener une vie
active et saine ».
Malgré cette multitude de définitions, nous pouvons retenir que la sécurité
alimentaire est atteinte lorsque tous les êtres humains ont, à tout moment un
accès physique et économique à une nourriture suffisante, saine et nutritive leur
permettant de satisfaire leurs besoins énergétiques et leur préférence alimentaire
pour mener une vie saine et active.

La sécurité alimentaire est un concept qui inclut des dimensions économiques,


politiques, démographiques, sociales (discrimination à l’accès de nourriture),
culturelles (habitudes alimentaires) et techniques. Ce serait une erreur de limiter
la sécurité alimentaire à la question de la production. Elle dépasse ainsi la simple
notion d’autosuffisance alimentaire.

Pour l’atteindre, il est dès lors indispensable de prendre également en compte le


rôle de facteurs non alimentaires. De ces définitions, nous pouvons tirer quatre
(04) dimensions de la sécurité alimentaire permettant de la caractériser : la
disponibilité, l’accessibilité, l’utilisation et la stabilité.

 Les dimensions de la sécurité alimentaire

La sécurité alimentaire repose sur 4 piliers :

1. La disponibilité physique des aliments pour tous.

Elle implique une offre suffisante de denrées alimentaires de manière à


répondre aux besoins de tous grâce à la production agricole nationale, la
distribution et les importations, ainsi que des politiques, locales ou nationales,
adéquates dans ces secteurs. Donc la disponibilité de nourriture dans un pays
peut être assurée en premier lieux par la production agricole domestique : on
parle alors d’autosuffisance alimentaire. Ensuite la seconde manière d’assurer la
disponibilité alimentaire est l’importation commerciale qui permet de combler le
manque causé par l’insuffisance de la production domestique. Ces importations
qui proviennent des pays du Nord comme les États-Unis, l’Union Européenne
(UE) et de l’Asie sous forme de céréale peuvent être faites par l’Etat ou par des
acteurs privés. Ces denrées alimentaires peuvent concurrencer sérieusement la
production agricole locale. Ainsi, il est important dans l’analyse de la
disponibilité alimentaire, de s’intéresser à la pertinence des importations et leurs
effets structurels négatifs sur la production domestique.

2. L’accès économique et physique à la nourriture, aux besoins de base (santé,


éducation, etc.) et aux ressources adéquates. Il implique des marchés stables, des
prix accessibles aux populations locales, des revenus décents et un pouvoir
d’achat suffisant, permettant aux ménages de subvenir à leurs besoins
alimentaires. Le paradoxe de l’insécurité alimentaire est qu’il s’agit moins d’une
insuffisance globale de la quantité de la nourriture produite que d’un problème
d’accès. Il peut y avoir insécurité même dans des régions qui ont connu une
croissance économique élevée, si les prix du marché sont trop élevés pour les
ménages vulnérables. De même, si des pays disposent de stocks alimentaires
suffisants, la précarité, voire l’absence de réseaux de transports peut empêcher
l’acheminement des denrées dans certaines zones en déficit. L’accès aux
denrées alimentaires concerne la part du besoin alimentaire qui n’est pas
satisfaite par l’autoconsommation et qui s’acquière sur le marché par transaction
(Azoulay et Dillon, 1993).

3. L’utilisation de la nourriture et des ressources liées (eau potable,


assainissement et soins de santé). Il s’agit de fournir une alimentation adéquate
et équilibrée de nature à satisfaire les besoins physiologiques (nutrition) des
populations. Une bonne utilisation des aliments suppose un équilibre
nutritionnel et un apport suffisant en micronutriments (vitamines, minéraux…).
La composante utilisation concerne en générale les perceptions, les savoirs, et
les savoirs faire qui guide la combinaison, la transformation et la consommation
des aliments.

4. La stabilité de l’approvisionnement alimentaire dans le temps (à court terme,


moyen et long terme). Elle doit garantir que l’accès à la nourriture ne sera
menacé ni par l’émergence de chocs soudains (crise économique ou climatique)
ni par des événements cycliques (insécurité alimentaire saisonnière). Cette
stabilité concerne la régularité spatio-temporelle de la disponibilité alimentaire.

II°) Concepts liés à la notion de sécurité alimentaire et approches


théoriques de la sécurité alimentaire

II-1°) Concepts liés à la notion de sécurité alimentaire Pour parler des concepts
liés à la sécurité alimentaire tels que la faim, la malnutrition, la sous-
alimentation, la vulnérabilité et la pauvreté, il est important de s’intéresser à la
notion d’insécurité alimentaire d’abord.

L’insécurité alimentaire est un phénomène dynamique dont l’impact varie en


fonction de sa durée, de sa sévérité, ainsi que des conditions socio-économiques
et de l’environnement (naturel, institutionnel…). La durée fait référence à la
période plus ou moins longue durant laquelle des individus souffrent
d’insécurité alimentaire. Le degré de sévérité se traduit par les compromis faits
par les familles vulnérables, compte tenu des ressources disponibles, lorsque des
crises les obligent à sacrifier la qualité et/ou la quantité des aliments. Leur
diminution entraîne la réduction progressive de l’apport alimentaire.
L’insécurité alimentaire désigne aussi la situation des populations qui sont en
deçà du seuil requis pour s’alimenter à partir de leur propre production et/ou de
leur revenu annuel et qui sont obligées de consommer leurs épargnes, parfois
vendre leurs moyens de production ou solliciter la solidarité. Elle est liée non
seulement à la notion générique de faim qui peut se manifester de diverses
manières, à savoir la famine, la malnutrition et la sous-alimentation mais
également à la vulnérabilité et à la pauvreté.

Chaque jour, l’Homme a besoin de manger et de boire : l’alimentation est donc


indispensable à la vie. Elle est l’une des clés essentielles de la santé. Grâce au
processus de la digestion l’alimentation fournit à notre organisme les matériaux
de base (nécessaires à la fabrication des cellules et des organes qui composent
notre corps) et de l’énergie (utilisée par les cellules ou les organes pour
fonctionner). L’alimentation vient donc comme en réponse à la faim.

En effet, la faim est un vif besoin de manger rendu possible par des contractions
de l’estomac vide. La faim peut être définie comme une sensation douloureuse
causée par une consommation insuffisante d’énergie alimentaire. C’est en
d’autres termes une privation alimentaire. Ainsi tout individu qui a faim souffre
d’insécurité alimentaire, mais tous les individus qui souffrent d’insécurité
alimentaire n’ont pas faim. Car il existe d’autres causes d’insécurité alimentaire
dont celle liées à une consommation inadéquate de micronutriment.

Faim Apport insuffisant en nutriment

Insécurité Alimentaire Consommation énergétique


insuffisante

La manifestation la plus sévère de la faim est la famine qui se caractérise par


l’absence de denrées alimentaires ou l’impossibilité d’y accéder, le grand
nombre d’individus concernés, la menace de mort ou mort massive, la longue
durée du phénomène, une zone géographique donnée et l’absence de mesure
d’assistance (Azoulay et Dillon, 2009). En effet, la famine est un manque total
d’aliments dans une région pendant une certaine période. Le processus
conduisant à la famine est donc complexe.
Contrairement à ce qu’on peut croire, ce n’est pas seulement l’absence ou
l’insuffisance de denrées alimentaires qui cause la famine mais c’est beaucoup
plus l’impossibilité d’accès aux denrées alimentaires par l’autoconsommation ou
l’achat sur le marché. Ainsi selon Sen (1981), les dynamiques des marchés et
leur dysfonctionnement sont importants pour comprendre le phénomène de
famine et y remédier en augmentant la capacité d’accès des ménages au marché
par la dotation en actif qu’il désigne par le terme entitlement5. Selon lui, la
famine peut coexister avec une disponibilité alimentaire.

Quand les apports fournis par l’alimentation ne sont pas adaptés aux besoins de
l’organisme, on parle de malnutrition. Donc, la malnutrition est un défaut
d’adaptation de l’alimentation aux conditions de vie d’un individu, d’une
population ou encore, la malnutrition peut être perçue comme un déséquilibre
alimentaire. Elle peut être liée soit à une alimentation en quantité insuffisante,
soit à une alimentation en quantité trop importante. Ainsi définie, la malnutrition
ne prend pas en compte la suralimentation plus fréquente dans les classes aisées
mais seulement la sous-alimentation qui est plus fréquente chez les pauvres et
qui se caractérise par un déficit en calories et en micronutriments. D’après le
document de la FAO intitulé « Spectre de la malnutrition », après de 30% de la
population mondiale souffre de malnutrition sous une forme ou sous une autre et
des centaines de millions de personnes souffrent de maladies causées par une
alimentation trop abondante ou déséquilibrée.

Lorsque les ressources alimentaires ne suffisent pas pour couvrir les besoins
alimentaires, on parle de sous-alimentation. D’après la FAO, le terme « sous-
alimentation » fait référence à la situation des personnes dont l’apport
énergétique alimentaire est en permanence inférieur au besoin énergétique
alimentaire minimal pour mener une vie saine et pratiquer une activité physique
modérée. En effet, la malnutrition et la sous-alimentation proviennent de
l’insécurité alimentaire. En outre, on parle de vulnérabilité lorsque des
personnes sont capables de maintenir un niveau acceptable de sécurité
alimentaire dans le présent, mais qui pourraient être à risque de souffrir
d’insécurité alimentaire dans le future. La pauvreté, elle, est définie par la
Banque Mondiale (BM) comme une privation du bien-être. Le bien être est
l’accès au minimum nécessaire permettant à chaque individus de vivre
correctement (alimentation, logement…). Pour Sen « le bien être est lié à une
capacité à fonctionner en société ».
Ainsi, il y a l’approche monétaire de la pauvreté (seuil de pauvreté) et il y a
l’approche non monétaire de la pauvreté. C’est en ce sens que A. Sen en 1981
disait que vous êtes pauvre si vous êtes privé de liberté. Et Sen d’ajouter que la
pauvreté est un manque d’avoir, de savoir et de pouvoir. Autrement dit, si vous
n’avez pas de source de revenu vous êtes considérés comme étant pauvre ; si
vous ne savez pas vous êtes pauvres et si vous ne pouvez pas vous êtes pauvres.
Donc la pauvreté renvoie à un manque de revenu adéquat, à un manque de
sécurité, une faible confiance en soi, un sentiment d’impuissance.

II-2°) Les approches théoriques de la sécurité alimentaire

La malnutrition et la famine ont longtemps été expliquées par les problèmes de


la production des biens alimentaires. Toute augmentation de la production
devrait conduire à une réduction des carences alimentaires et nutritionnelles.
Mais selon Malthus à l’origine de la première théorie des famines en 1798, la
croissance arithmétique de l’offre ne pourrait à terme permettre la satisfaction
d’une population en croissance géométrique. Les faits ont aussi démenti cette
théorie car l’exceptionnel développement de la production des biens
alimentaires qu’à connu le monde dans les cinquante dernières années n’a
pourtant pas mis fin au problème de la faim. La planète continue de ne pas
nourrir tous ses habitants : 800 millions de personnes situées essentiellement en
Afrique et en Asie souffre de sous-alimentation (FAO, 2006).

Le problème de sécurité alimentaire dans le monde et surtout en Afrique n’est


pas nouveau. Nombreux sont les travaux, les ouvrages et les colloques qui ont
été réalisés sur ce problème depuis 1974 (année de la parution de ce concept)
jusqu’à nos jours.

L’analyse théorique du concept de sécurité alimentaire a fait apparaitre « la


partie gauche de l’équation alimentaire » (Eischer, 1987). L’accès aux biens
alimentaires est progressivement devenu prépondérant dans la réflexion. Selon
Sen, « la vraie question n’est pas la disponibilité totale de nourriture mais son
accès pour les individus et les familles. Si une personne manque de moyen pour
acquérir la nourriture, la présence de nourriture sur le marché n’est pas d’une
grande consolation » (Sen, 2009).

Ainsi, le concept de sécurité alimentaire s’analyse à différents niveaux ;


mondiale, régional, national, ménages, individus (Azoulay et Dillon, 2003). Au
niveau mondial, le concept met l’accent sur l’état des disponibilités par rapport
aux besoins estimés sur une base annuelle.
Shapouri et Rosen dans leur étude d’Août 2009 intitulée « Evaluation de la
sécurité alimentaire : Pourquoi les pays sont-ils Vulnérable ? » ont examiné la
situation et la perspective de la sécurité alimentaire en Afrique sub-saharienne.
Les résultats obtenus par Shapouri et Rosen montrent que l’Afrique sub-
saharienne fait face à une situation alimentaire préoccupante. En 1998, l’écart de
consommation était estimé à 6,7 millions de tonnes tandis que l’écart de
nutrition se situait à 13,9 millions. Ces chiffrent nous montrent qu’en 1998 la
consommation alimentaire par habitant a baissé par rapport à la moyenne des
trois dernières années de même que par rapport aux ressources alimentaires
minimales nécessaires pour atteindre un état nutritionnel minimal. Selon
Shapouri et Rosen (1999) « l’Afrique subsaharienne est la région la plus
vulnérable en matière de sécurité alimentaire ». C’est pour cela que beaucoup
d’études sont réalisées sur cette partie de l’Afrique dont figure le Sénégal. En
termes de perspective, les résultats de Shapouri et Rosen (1999) indiquent une
tendance marquée à la détérioration de la sécurité alimentaire en Afrique
subsaharienne.

Dès lors, des stratégies et politiques sont mises en place pour essayer de parvenir
à la sécurité alimentaire et de réduire considérablement le nombre de personnes
sous-alimentées. Ces politiques se révèlent sans succès. En effet pour Solagral
(2000) « malgré une amélioration lente mais régulière de la situation alimentaire
dans le monde, la situation demeure très préoccupante en Afrique sub-
saharienne où 180 millions de personnes étaient sous-alimentées entre 1995 et
1997, soit 1/3 de la population ».

Pourtant ces pays Ouest-Africains sont favorables à la production agricole mais


on subit les effets de la crise mondiale de 2008 augmentant le nombre de
personnes affectées par la faim. La croissance démographique continue et
entraine une dégradation des ressources suite à la pression humaine sur le sol, et
de plus l’urbanisation s’accélère causant ainsi des phénomènes de migration de
la campagne vers la ville. Pour atteindre un niveau de sécurité alimentaire
adéquat, Cleassens et Feijen (2007) pensent que « tout repose sur l’augmentation
de la productivité et des investissements en équipement agricoles. En outre, un
accroissement de la main d’œuvre qualifiées, un renforcement des institutions et
une amélioration des politiques en ce qui concerne le crédit, la
commercialisation, les prix agricoles et le régime foncier est favorable à la
sécurité alimentaire ».
Le développement des marchés et des échanges est rarement perçu comme une
composante essentielle de la sécurité alimentaire. Ainsi Azoulay soutient que
l’intégration régionale amorcée dans le cadre de la CEDEAO (par exemple) peut
constituer une voie d’amélioration de la sécurité alimentaire.

Dans les études menées par Edmond zinzindohoué en juin 2012 au Bénin8, il a
montré que l’Atacora malgré ses atouts agricoles, reste marqué par l’insécurité
alimentaire dont 29% de sa population sont en situation d’insécurité alimentaire
d’après les enquêtes menées par le PAM dans l’Atacora. Il est parti d’un constat
et a pu montrer que la pertinence de l’insécurité alimentaire dans ce département
est due à l’inefficacité des politiques contre l’insécurité alimentaire qui ne visent
pas spécifiquement les personnes vulnérables. Et selon lui, l’amélioration de la
sécurité alimentaire dans l’Atacora nécessite d’augmenter le budget alloué au
secteur agricole, augmenter les investissements dans le secteur agricole et
d’améliorer le niveau de revenu des ménages. Il a également noté qu’il faut
l’élargissement des choix économiques des ménages agricoles issus pour la
plupart dans les zones rurales, le renforcement des capacités techniques et
l’amélioration de la protection sociale.

En somme au vue de cette littérature, la situation alimentaire en Afrique de


l’Ouest et au Sénégal en particulier reste encore précaire, malgré les efforts
déployés par le gouvernement du Sénégal pour l’atteindre.

Il a été constaté aussi que la majeure partie des ouvrages se sont penchés sur les
problèmes de la sécurité alimentaire en Afrique subsaharienne, les causes de
l’insécurité alimentaire. Cependant, ils n’exposent ni clairement pourquoi
l’insécurité alimentaire est à un niveau élevé au Sénégal, ni quelles sont les
variables sur lesquelles il faut agir pour réduire considérablement la proportion
de la population sous-alimentée. C’est à quoi les parties qui vont suivre seront
consacrées.

Aujourd’hui, l’intégration de la production agricole et les problèmes


d’utilisation des ressources impliquent l’entrée d’une variété de disciplines
comprenant la géographie, l’anthropologie, l’agronomie, la science politique,
l’économie agricole, la botanique, la nutrition, la santé, et la sylviculture pour
mieux prendre en compte le problème de la sécurité alimentaire.

Comme la sécurité alimentaire est l’un des déterminants sociaux de la santé


(Mikkonen et Raphael, 2011), les façons de voir cette question ainsi que les
interventions publiques à cet égard sont étroitement liées au cadre conceptuel de
la santé présenté à la section précédente.

En effet, à l’instar de la santé, la sécurité alimentaire est un concept qui a


grandement évolué depuis la Conférence mondiale de l’alimentation de 1974 :
auparavant envisagée comme un enjeu international ou national lié à la quantité
de nourriture disponible et évalué en fonction d’indicateurs objectifs, la sécurité
alimentaire est maintenant envisagée comme un enjeu associé aux ménages ou
aux individus, lié aux moyens de subsistance, et évalué en fonction d’indicateurs
subjectifs  comme l’absence de choix, le sentiment de privation et le caractère
socialement acceptable de l’accès aux aliments (Maxwell, 1996). En effet, la
sécurité alimentaire est aujourd’hui généralement définie comme l’accès
physique et économique en tout temps, à une nourriture suffisante, saine et
nutritive satisfaisant les besoins énergétiques et les préférences alimentaires des
individus et leur permettant de mener une vie saine et active (Egeland et autres,
2010; Huet, Rosol et Egeland, 2012).

La sécurité alimentaire comme une question structurelle

Les écrits qui définissent l’insécurité alimentaire comme un problème structurel


(Carter et autres, 2012; Dupéré et Gélineau, 2012; Egeland et autres, 2010;
Emery et autres, 2012; Ford et Beaumier, 2011; Huet, Rosol et Egeland, 2012;
Hwang et Smith, 2012; Kimura, 2013; Kirkpatrick et Tarasuk, 2007; Kirkpatrick
et Tarasuk, 2011; Loopstra et Tarasuk, 2012; Loopstra et Tarasuk, 2013a; Mead
et autres, 2010; Olabiyi et McIntyre, 2014; Narula, 2015; Riches, 1997; Rideout
et autres, 2007; Sriram et Tarasuk, 2016; Willows et autres, 2008) proposent une
vision du problème qui rend le contexte dans lequel évolue un individu
responsable de l’insécurité alimentaire. Selon cette approche, les facteurs
structuraux revêtent beaucoup plus d’importance pour la sécurité alimentaire
que les facteurs individuels.

L’insécurité alimentaire est ainsi définie comme un problème déterminé par le


contexte structurel. Certains parlent de droit à l’alimentation, défini comme un
principe fondamental et universel exigeant l’accès à un approvisionnement
suffisant et nutritif à un coût raisonnable pour chacun (Dupéré et Gélineau,
2012). Narula (2015) ajoute qu’il s’agit d’une obligation qui incombe aux États
en vertu du Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et
culturels, et avance que ce pacte met les États dans l’obligation d’assurer la
production durable des aliments. Cet auteur propose donc de mettre en place des
politiques agricoles qui favorisent les pratiques écologiques et les petits
agriculteurs. Rideout et autres (2007) expliquent qu’outre le Pacte mentionné ci-
dessus, bon nombre d’engagements internationaux et nationaux du Canada font
mention du droit à l’alimentation directement, ou du droit à un niveau de vie
suffisant, qui comprend implicitement le droit à l’alimentation : la Déclaration
universelle des droits de l’homme, la Charte canadienne des droits et libertés, la
Convention relative aux droits de l’enfant, la Déclaration de Rome, le Code de
conduite international sur le droit de l’homme à une nourriture adéquate, le Plan
d’action du Canada pour la sécurité alimentaire, le commentaire général no 12
du Comité sur les droits économiques, sociaux et culturels, qui interprète le droit
à l’alimentation.

Des chercheurs établissent par ailleurs un lien entre l’insécurité alimentaire et


certains facteurs structuraux. Par exemple, Huet, Rosol et Egeland (2012)
associent l’insécurité alimentaire des ménages inuits, touchant 62,6 % des
ménages en 2007-2008, au surpeuplement des logements ou au fait de vivre
seul, d’être prestataire de l’aide sociale ou d’habiter dans un logement social, ou
de vivre dans un logement nécessitant des réparations majeures. Pendant la
même période, Egeland et autres (2010) se sont penchés sur l’insécurité
alimentaire des enfants inuits d’âge préscolaire, déterminant que 70 % d’entre
eux vivaient dans des ménages touchés par l’insécurité alimentaire en 2007-
2008. Ils associent l’insécurité alimentaire aux mêmes facteurs que Huet, Rosol
et Egeland (2012), à l’exception du fait de vivre seul puisque leur étude portait
sur des ménages avec enfants. De la même façon, les Autochtones hors réserve
seraient particulièrement vulnérables à l’insécurité alimentaire en raison de leur
situation socio-économique (Willows et autres, 2008).

Plusieurs associent également le coût lié au logement à l’insécurité alimentaire


en raison de son impact sur le revenu disponible pour l’achat d’aliments
(Kirkpatrick et Tarasuk, 2007; Kirkpatrick et Tarasuk, 2011; Sriram et Tarasuk,
2016). Dans le même ordre d’idées, Loopstra et Tarasuk (2012) associent
l’insécurité alimentaire à trois facteurs, soit le faible revenu, la dépendance à
l’aide sociale et le fait d’être locataire. Kirkpatrick et Tarasuk (2011) expliquent
en effet que dans les ménages à faible revenu, les décisions en matière d’achat
de nourriture se prennent dans un contexte où les besoins sont nombreux et les
ressources sont limitées. Un lien négatif a de même été établi par Kirkpatrick et
Tarasuk (2007) entre la proportion des revenus consacrés au logement et
l’adéquation des dépenses consacrées à la nourriture dans les ménages dans le
bas de l’échelle des revenus. De la même façon, l’étude menée par Loopstra et
Tarasuk (2013a) dans un quartier défavorisé de Toronto, suggère qu’à la suite
d’un changement dans le revenu ou le statut d’emploi, la sévérité de l’insécurité
alimentaire augmente de façon beaucoup plus prononcée chez les ménages qui
paient un loyer aux prix du marché que chez ceux qui bénéficient de logements
subventionnés. De fait, pour Riches (1997), le coût élevé des logements oblige
les gens à choisir entre payer leur loyer et acheter de la nourriture, et comme le
loyer est un coût fixe, il a souvent préséance. Pour cet auteur, la faim au Canada
s’explique par la pauvreté, les inégalités et l’impuissance de la population.

Les ménages souffrant d’insécurité alimentaire sont également plus vulnérables


aux « chocs budgétaires ». Ainsi, une hausse importante des frais de chauffage
peut mener des ménages vers l’insécurité alimentaire ou accentuer un problème
déjà existant. Les propriétaires seraient ici d’emblée plus vulnérables aux
fluctuations des coûts de chauffage puisque ces coûts sont souvent inclus dans le
loyer pour les locataires. Ces derniers sont touchés par la hausse plus tard,
lorsque leur loyer augmente (Emery et autres, 2012).

Toutefois, notons que 15 % des ménages en situation d’insécurité alimentaire au


Canada ne sont pas des ménages à faible revenu (Olabiyi et McIntyre, 2014). De
plus, selon ces auteurs, les locataires, les ménages nombreux, les ménages au
revenu plus modeste et les Autochtones hors réserve sont plus à risque. D’autres
facteurs de risque incluent le fait de souffrir d’une maladie chronique, le faible
niveau d’éducation, le tabagisme et le jeu compulsif.

Le contexte social et familial est également étudié. En effet, pour les enfants, il
existerait un rapport important entre le fait de vivre dans un milieu où les liens
familiaux et sociaux sont faibles et l’insécurité alimentaire, et ce lien est encore
plus fort lorsqu’il y a aussi dénuement matériel (Carter et autres, 2012). De la
même façon, Martin et autres (2004) avancent que le « capital social » a un effet
positif sur la sécurité alimentaire.

Dans un autre ordre d’idées, Kimura (2013) explique que dans le contexte du
courant néolibéral, la sécurité alimentaire a été définie comme une question liée
aux échanges internationaux, chaque pays devant exporter les aliments qu’il
produit efficacement et importer les aliments qu’il produit moins efficacement.
Elle indique par contre qu’il existe un mouvement prenant ses racines dans les
revendications du mouvement paysan La Via Campesina qui avance que la
sécurité alimentaire passe par la souveraineté alimentaire, soit le droit des
peuples de définir leurs politiques agricoles et alimentaires et le droit des
communautés de définir elles-mêmes les solutions locales à ce problème.
Hwang et Smith (2012) abondent dans le même sens et proposent de remédier à
cette situation en adoptant un système pour gérer l’offre de nourriture par
territoire en fonction des capacités de production agricole locale.

1.2.1.1 Des interventions axées sur les systèmes

La compréhension de la sécurité alimentaire comme une question structurelle


suggère que les interventions publiques seront centrées sur les systèmes en place
et que la logique d’action de ces interventions consistera à agir en amont, sur
l’environnement socioéconomique dans lequel évoluent les individus en vue de
créer un contexte favorable à la sécurité alimentaire globale de la population.
Les interventions publiques s’inscriront donc dans le « champ des systèmes » du
cadre conceptuel de la santé.

Kirkpatrick et Tarasuk (2008a) font mention de ce type d’interventions,


soulignant les programmes visant à agir sur le revenu disponible, comme la
Prestation nationale pour enfants et les prestations de sécurité du revenu, mais
ne se penchent pas sur leur impact. Tarasuk et autres (2015) mentionnent
cependant qu’on attribue le degré d’insécurité alimentaire moindre chez les
aînés au fait qu’ils bénéficient du Supplément de revenu garanti. De même,
Dupéré et Gélineau (2012) évoquent sans le mesurer l’impact des dimensions
structurelles qui influencent l’accès aux aliments des personnes en situation de
pauvreté, notamment le contexte économique; les politiques publiques liées aux
prestations sociales, à l’emploi, au logement et au développement municipal et
régional; l’environnement, ce qui inclut le logement, le transport et l’accès à la
terre; ainsi que les liens sociaux.

1.2.2 La sécurité alimentaire comme une question d’accès aux aliments

Les écrits qui définissent l’insécurité alimentaire comme un problème d’accès


aux aliments (Bedore, 2013; Guild, Apparacio et Cloutier, 2012; Pouliot et
Hamelin, 2009) proposent une vision passive du problème, l’insécurité étant un
symptôme des lacunes du système
18

alimentaire. L’insécurité alimentaire étant ici principalement comprise comme


l’absence de faim, on s’intéresse surtout à la quantité d’aliments auxquels les
consommateurs ont accès.

De fait pour Bedore (2013), la sécurité alimentaire est fonction de la


disponibilité des aliments en général. Pour cet auteur, le manque de disponibilité
dans certaines régions s’expliquerait par la concentration et la déterritorialisation
qui ont touché le secteur de l’alimentation au détail depuis les années 1990 et, de
la sorte, fait disparaître une grande partie des petits commerçants : les « déserts
alimentaires » ainsi créés auraient réduit l’accès aux aliments des gens les plus
vulnérables de nos sociétés, comme les personnes à mobilité réduite et les aînés.
Ford et Beaumier (2011) et Mead et autres (2010) font en outre un lien entre les
importants changements subis par le système alimentaire du Nunavut, les
aliments traditionnels perdant du terrain en tant que source de nutrition au profit
des systèmes alimentaires industriels, et les problèmes de disponibilité et
d’accès à des aliments de qualité sur ce territoire.

Pourtant, une étude réalisée dans des quartiers pauvres de Toronto remet en
question le lien entre l’insécurité alimentaire des ménages et la distance à
parcourir pour se rendre à un marché, démontrant que des ménages habitant tout
près d’un supermarché peuvent présenter des taux d’insécurité alimentaire
élevés (Kirkpatrick et Tarasuk, 2010).

De plus, certains chercheurs s’intéressent non seulement à l’accès aux marchés,


mais aussi aux types d’aliments offerts. Ainsi, Gould, Apparacio et Cloutier
(2012) démontrent que les résidents de zones urbaines défavorisées de la ville de
Gatineau ont moins accès à des sources de fruits et légumes frais que les
résidents des autres zones. Pouliot et Hamelin (2009) expliquent, quant à eux,
que les habitants de milieux ruraux ont souvent moins accès à des sources de
fruits et légumes frais parce qu’on y trouve davantage de petits marchés et
dépanneurs offrant moins de variété et qu’ils doivent parcourir une plus grande
distance pour accéder à un supermarché.

Cependant, notons que certains auteurs ont relevé des lacunes importantes dans
l’évaluation des besoins ou de la situation en matière de sécurité alimentaire
envisagée sous cet angle. En effet, Johnson et autres (2014) expliquent que les
recherches dans ce domaine

19

s’intéressent surtout aux milieux urbains, alors que les habitants de régions
rurales sont pourtant aux prises avec d’importantes difficultés, ce qui entraîne
des lacunes dans les connaissances relatives aux choix alimentaires en milieu
rural. Sadler, Gilliland et Arku (2011) apportent quant à eux un bémol
concernant la façon dont les déserts alimentaires sont mesurés, affirmant que
cette mesure est souvent inexacte en milieu rural parce qu’elle est axée sur des
territoires précis et non sur l’accès des utilisateurs en général selon un certain
nombre de caractéristiques, par exemple, l’accès à un véhicule. Shearer et autres
(2015) abondent dans le même sens, avançant que la façon de cerner les déserts
alimentaires est incorrecte puisque les limites géographiques utilisées sont
basées sur le territoire étudié, et donc ne tiennent pas compte des territoires
adjacents.

1.2.2.1 Des interventions axées sur l’environnement alimentaire

La compréhension de la sécurité alimentaire comme une question d’accès aux


aliments suggère que les interventions publiques seront centrées sur la
disponibilité des aliments et que la logique d’action de ces interventions
consistera à agir sur l’environnement alimentaire, soit l’ensemble des conditions
dans lesquelles une personne a accès aux aliments, les achète et les consomme.
Les interventions publiques s’inscriront donc dans le « champ des milieux de vie
» du cadre conceptuel de la santé.

Notons d’abord que si diverses mesures sont mises en place pour pallier les
déserts alimentaires, elles ne règlent pas automatiquement le problème. En effet,
Gill et Rudkin (2014), qui se sont penchés sur l’impact de l’ouverture de
supermarchés sur la consommation de fruits et légumes, démontrent que
l’impact est surtout observable chez ceux qui en consommaient déjà, et non sur
les clientèles défavorisées. À l’inverse, l’étude de Lotoski, Stringer et
Muhajarine (2015), qui se penche sur la mise en place d’une coopérative dans un
désert alimentaire, indique que la majorité des résidants de ce quartier défavorisé
y ont bel et bien fait appel. D’autres se sont penchés sur l’impact des jardins
communautaires et des marchés publics sur ce problème, concluant qu’ils ont
peu d’incidence puisqu’ils tendent à être situés à proximité de supermarchés
(Wang, Qiu et Swallow, 2014). Pour ce qui est des jardins communautaires,
cette situation pourrait être

20

attribuable aux nombreux obstacles juridiques et politiques à leur établissement,


comme ceux constatés à Winnipeg par Mikulec et autres (2013), notamment le
régime foncier, les politiques d’aménagement du territoire et les coûts pour les
utilisateurs.

Qui plus est, notons que selon Riches (1997), lorsque la sécurité alimentaire est
comprise comme un problème d’inadéquation de l’accès aux aliments, les
interventions publiques cherchent à pallier le manque d’aliments disponibles en
mettant notamment l’aide alimentaire et la charité au premier plan. Ces services
ne sont donc généralement pas offerts par les pouvoirs publics, mais plutôt par
l’intermédiaire d’organismes sans but lucratif, parfois subventionnés en partie
par des autorités publiques, comme c’est notamment le cas au Québec (Hamelin
et Bolduc, 2003). L’impact de ce type d’intervention fait l’objet de maintes
études.

Des recherches indiquent notamment que les banques alimentaires ont un impact
limité sur l’insécurité alimentaire en raison du caractère ponctuel de l’aide
offerte et du fait que seule une petite partie des gens qui en souffrent y font
appel. Tarasuk et autres (2014) expliquent en effet que la proportion des
personnes souffrant d’insécurité alimentaire qui utilisent les services des
banques alimentaires oscille entre 20 % et 30 %, et que ceux-ci n’ont pas tous
accès aux mêmes services, les banques ayant souvent des critères différents pour
ce qui est de l’accès à la nourriture, de la quantité offerte et de la fréquence de
l’aide. Loopstra et Tarasuk (2012) abondent dans le même sens, indiquant qu’à
Toronto, seuls 28 % des ménages ayant souffert d’insécurité alimentaire avaient
fait appel à ces banques en 20062007 : parmi ceux qui ne les ont pas utilisés,
certains ont cité des problèmes d’accès et d’information, mais la majorité des
répondants ont choisi de ne pas y avoir recours parce qu’ils estimaient que leurs
besoins étaient insuffisants, que les aliments étaient inadéquats, que les banques
alimentaires n’étaient pas pour eux, ou qu’il était humiliant d’y avoir recours.

Roncarolo et autres (2015) expliquent quant à eux que les utilisateurs des types
d’intervention traditionnels, comme les banques alimentaires et les soupes
populaires, sont plus vulnérables que les utilisateurs de types d’intervention
alternatifs, comme les jardins

21

communautaires et les cuisines collectives. Les types d’intervention


traditionnels attirent en effet des clientèles qui cherchent avant tout à survivre,
alors que les utilisateurs des types d’intervention alternatifs manquent surtout de
ressources pour prendre leur vie en main. Ford et autres (2013) sont du même
avis, expliquant que les personnes qui font appel aux banques alimentaires au
Nunavut souffrent d’insécurité alimentaire chronique, vivent une situation
précaire en matière de logement, sont des femmes autochtones sans emploi et
sans diplôme d’études secondaires. Par ailleurs, l’étude de McIntyre et autres
(2012) démontre que malgré la croissance du nombre de programmes
communautaires visant à contrer l’insécurité alimentaire, la proportion des
ménages les plus vulnérables (insécurité alimentaire avec faim des enfants) qui y
ont recours n’a pas changé, laissant planer un doute sur la capacité de ces
programmes à répondre aux besoins des ménages les plus vulnérables.

Le système de gestion de l’offre qui prévaut au Canada en ce qui concerne le lait


serait également responsable des difficultés d’accès aux produits laitiers
qu’éprouvent les ménages à faible revenu. En effet, alors que, jusqu’à tout
récemment, le Guide alimentaire canadien considérait le lait comme un aliment
de base et recommandait que les Canadiens en consomment de 2 à 4 verres par
jour, le prix trop élevé sur le marché empêcherait les familles à faible revenu de
s’en procurer (Williams, McIntyre et Glanville, 2010). De la même manière,
Irwin et autres (2007) démontrent que les paniers qu’offrent les banques
alimentaires – visant à fournir des repas pour 1 à 3 jours seulement – ne
fournissent ni les calories ni les nutriments qui étaient recommandés par le
Guide alimentaire canadien (les produits laitiers y compris), démentant l’idée
largement répandue selon laquelle les banques alimentaires suffisent à combler
les besoins des gens démunis.

Par ailleurs, Hamelin, Mercier et Bédard (2008) s’interrogent sur la pertinence


des programmes communautaires offerts aux ménages souffrant d’insécurité
alimentaire, confrontant les besoins exprimés par ces ménages aux perceptions
des intervenants communautaires à cet égard. Elles démontrent qu’il existe
d’importantes différences : si la qualité des aliments semble être la première
préoccupation des bénéficiaires de l’aide, pour la majorité des intervenants
communautaires, c’est plutôt la quantité d’aliments qui compte

22

pour les bénéficiaires, ce qui laisse douter de la pertinence des programmes


qu’ils mettront en place à leur intention.

Par ailleurs, Power, Little et Collins (2015) ont examiné les avantages et les
inconvénients de l’adoption au Canada d’un programme similaire au programme
américain de coupons alimentaires – qui fournit aux personnes répondant à
certains critères des coupons leur permettant de se procurer des aliments dans
des marchés d’alimentation. Les auteures concluent qu’un tel modèle aurait un
impact limité sur la réduction de l’insécurité alimentaire au pays parce qu’il ne
règle pas la cause première de la faim, soit la pauvreté.

1.2.3 La sécurité alimentaire comme une question individuelle

Les écrits qui définissent l’insécurité alimentaire comme un problème individuel


(ColemanJensen, 2011; Ford et autres, 2013; Green-Lapierre et autres, 2012;
Heflin, Siefert et Williams, 2005; Huddleston-Casas, Charnigo et Simmons,
2008; Ke et Ford-Jones, 2015; Keller et autres, 2007; Kirkpatrick et Tarasuk,
2008b; Laraia, Siega-Riz et Gundersen, 2006; Locher et autres, 2008;
MacDonald, Andrews et Brown, 2010; Mark et autres, 2012; McIntyre, Bartoo
et Emery, 2014; Muldoon et autres, 2013; Power, 2008; Power, Little et Collins,
2015; Strike et autres, 2012; Tarasuk et autres, 2013) proposent une vision plus
active du problème, l’insécurité étant associée à des caractéristiques
individuelles qui prédisposent une population à ce risque ou à des compétences
ou des connaissances insuffisantes pour composer avec ce problème.

Si la sécurité alimentaire est généralement définie comme une question d’accès


à une nourriture suffisante, saine et nutritive, il est à noter que lorsqu’il est
question des individus ou des ménages, et non de la population d’un pays en
général, les auteurs tendent à parler davantage d’insécurité alimentaire, définie
comme le manque ou la privation de nourriture (Tarasuk et autres, 2014) ou
encore la difficulté à accéder à de la nourriture saine et nutritive en quantité
suffisante (Ford et autres, 2013; Coleman-Jensen, 2011). De nombreux
chercheurs qualifient également le mode d’accès à ces aliments, insistant
notamment sur l’accès socialement acceptable à la nourriture, c’est-à-dire la
mesure dans laquelle le mode d’accès aux aliments est jugé normal par la
population en général (Collins, Power et Little,

23

2014; Green-Lapierre et autres, 2012; Kirkpatrick et Tarasuk, 2008a; Muldoon


et autres, 2013; Riches, 1997; Roncarolo et autres, 2015; Strike et autres, 2012).
Le recours aux banques alimentaires serait donc ici jugé comme socialement
inacceptable (Green-Lapierre et autres, 2012).

De plus, un lien entre la santé mentale et l’insécurité alimentaire est établi par de
nombreux chercheurs. Pour Tarasuk et autres (2013), les troubles anxieux et de
l’humeur sont en effet fortement associés à l’insécurité alimentaire, les
problèmes de santé mentale augmentant le risque d’en souffrir, mais l’inverse
pourrait aussi être vrai, l’insécurité alimentaire pouvant entraîner des problèmes
de santé mentale. Huddleston-Casas, Charnigo et Simmons (2008) ont d’ailleurs
observé cette relation causale bidirectionnelle entre la dépression et l’insécurité
alimentaire chez les mères pauvres en milieu rural. Strike et autres (2012)
abondent dans le même sens, expliquant que l’insécurité alimentaire peut
entraîner des carences en thiamine et en fer, associées à l’anxiété et à la
dépression. Helfin, Siefert et Williams (2005) avancent quant à eux qu’en plus
d’entraîner des carences nutritionnelles chez les femmes, l’insécurité alimentaire
a un effet sur l’opinion qu’elles ont de leurs capacités, et donc augmente le
risque de souffrir de troubles mentaux. Laraia, Siega-Riz et Gundersen (2006)
sont du même avis, indiquant que l’insécurité alimentaire entraîne des troubles
mentaux comme le stress, l’anxiété et la dépression chez les femmes enceintes,
mais que l’inverse est aussi vrai : une faible estime de soi et le sentiment de ne
pas être en contrôle de sa vie peuvent accroître le risque de souffrir d’insécurité
alimentaire. Par ailleurs, les problèmes de santé mentale augmenteraient selon le
degré d’insécurité : les personnes en situation d’insécurité alimentaire avec faim
sont plus susceptibles de présenter des troubles mentaux que celles qui sont dans
cette situation sans pourtant souffrir de la faim (Muldoon et autres, 2013).

Le type d’emploi occupé est également identifié comme un facteur de risque par
certains auteurs. En effet, pour Coleman-Jensen (2011), le risque de souffrir
d’insécurité alimentaire est plus élevé dans les ménages dont le ou la chef de
famille occupe plusieurs emplois ou un emploi à horaires variés à temps partiel.
Le risque d’insécurité alimentaire est associé au fait d’occuper plus d’un emploi
et de vivre un stress lié à l’emploi (McIntyre, Bartoo et

24

Emery, 2014). Un lien fort est ainsi établi entre l’insécurité alimentaire et la
situation socioéconomique des individus et des ménages, maints chercheurs
étant d’avis que la privation est surtout liée à des contraintes financières (Carter
et autres, 2012; Kirkpatrick et Tarasuk, 2007; Kirkpatrick et Tarasuk, 2011;
Loopstra et Tarasuk, 2012; McIntyre, Bartoo et Emery, 2014; Power, Little et
Collins, 2015).

L’idée que les personnes qui souffrent d’insécurité alimentaire manquent en


général de compétences culinaires et autres pour joindre les deux bouts est
également répandue. Pourtant, selon l’étude de Buck-McFadyen (2015), ce
serait faux pour les familles à faible revenu puisque celles-ci utiliseraient une
foule de moyens pour tirer le meilleur parti des ressources à leur disposition et
que la cause du problème serait plutôt liée au manque de revenu. L’étude de
McLaughlin, Tarasuk et Kreiger (2003) arrive aux mêmes conclusions,
démontrant que la majorité des familles à faibles revenus étudiées cuisinent
elles-mêmes une grande partie de leurs repas.

Ceci étant dit, l’insécurité alimentaire est fréquemment associée à des conditions
individuelles selon lesquelles certains pans de la population sont plus à risque de
souffrir de ce problème. La forte prévalence du risque d’insécurité alimentaire
au sein de la population inuite du Canada, par exemple, est notamment
démontrée par Ford et autres (2013). Power (2008) démontre aussi l’importance
de la dimension culturelle en ce qui concerne la sécurité alimentaire des
Autochtones en raison de l’importance que revêtent pour eux les aliments
traditionnels. Les personnes handicapées sont aussi une population à risque en
raison de leurs revenus souvent modestes, conjugués aux coûts élevés liés à la
gestion de leur handicap (Huang, Guo et Kim, 2010). De même, les utilisateurs
de drogues injectables seraient de 2,5 à 6 fois plus susceptibles de souffrir
d’insécurité alimentaire que les autres Canadiens (Strike et autres, 2012).

Certains groupes d’âge seraient par ailleurs plus à risque de souffrir d’insécurité
alimentaire, soit les jeunes et les aînés. Kirkpatrick et Tarasuk (2008b) avancent
en effet que la prévalence de l’insécurité alimentaire est plus élevée chez les
adolescents que chez les enfants plus jeunes, et que cette insécurité entraîne un
manque de nutriments essentiels,

25

notamment de vitamine A, de protéines et de magnésium. Mark et autres (2012)


indiquent aussi que l’apport en calcium et en vitamine D des jeunes (9 à 18 ans)
dans les ménages souffrant d’insécurité alimentaire est insuffisant, notamment
parce qu’ils ne consomment pas suffisamment de lait et de produits laitiers.
L’insécurité alimentaire des enfants serait en outre problématique puisqu’elle
entraînerait des carences en fer, associées à des troubles d’apprentissage chez les
enfants d’âge scolaire, et à des risques plus élevés de dépression et de suicide à
l’adolescence, ainsi qu’à des maladies chroniques comme l’asthme (Ke et Ford-
Jones, 2015).

Les personnes âgées sont aussi une population à risque au Canada, et ce, même
s’il existe des programmes gouvernementaux comme la Sécurité de la vieillesse,
le Supplément de revenu garanti et les régimes de pension du gouvernement
fédéral et des provinces. Green et autres (2008) démontrent en effet que bien que
ces programmes soient la seule source de revenus pour plus de 25 % des aînés
canadiens, ces revenus ne suffisent pas à assurer un régime nutritif à une partie
de cette population, soit les aînés vivant seuls. Keller et autres (2007) indiquent
par ailleurs que les aînés font face à d’autres défis, 20 à 40 % d’entre eux
affirmant que les activités liées à l’alimentation (faire l’épicerie, cuisiner) leur
posent problème. En effet, pour certains, la perte de mobilité pose des problèmes
d’accès à la nourriture, alors que pour d’autres, les frais associés à la maladie
viennent gruger un revenu inexorablement fixe (MacDonald, Andrews et
Brown, 2010). Le fait de vivre seul est également un risque supplémentaire pour
cette population. De fait, selon une étude canadienne, les aînées vivant seules
seraient particulièrement à risque de souffrir d’insécurité alimentaire parce que
souvent plus pauvres, mais qu’elles auraient portant moins tendance à déclarer
en souffrir (Green-Lapierre et autres, 2012). A l’inverse, une étude américaine
indique que ce sont les hommes âgés vivant seuls qui tendent à souffrir
davantage de la faim parce qu’ils manquent d’habiletés culinaires (Locher et
autres, 2008). Pour Wolfe et autres (1996), la sécurité alimentaire d’un aîné est
fonction certes de son revenu, mais aussi de son état de santé, de ses incapacités
physiques, des frais médicaux qu’il doit assumer et de sa capacité à faire face à
des dépenses inattendues. Ces auteurs ont en outre cerné des facteurs
communautaires et individuels qui atténuent la vulnérabilité

26
d’un aîné à l’insécurité alimentaire. Parmi les facteurs liés à la collectivité dans
laquelle évolue un aîné, on retrouve la présence de services de transport et
d’épiceries; parmi les facteurs individuels, ils notent le recours à des
programmes alimentaires publics et privés, le fait d’avoir des économies, la
présence de membres de la famille et l’utilisation de stratégies alimentaires.

1.2.3.1 Des interventions axées sur les caractéristiques individuelles

La compréhension de l’insécurité alimentaire comme un problème individuel


suggère que les interventions publiques seront centrées sur l’individu et que leur
logique d’action consistera à aider les plus démunis à contrer individuellement
ce problème ou à agir sur les comportements des individus en les incitant à faire
de meilleurs choix. Les interventions publiques s’inscriront donc dans le «
champ des caractéristiques individuelles » du cadre conceptuel de la santé.

Par exemple, les programmes publics qui cherchent à inciter certains des plus
démunis de la société, comme les prestataires de l’aide sociale, à se trouver un
emploi sont considérés comme un moyen d’accroître le revenu et donc la
sécurité alimentaire de cette clientèle. Pourtant, l’étude de McIntyre, Bartoo et
Emery (2014) démontre que le fait de travailler n’élimine pas l’insécurité
alimentaire pour un grand nombre de ces ménages puisqu’ils vont grossir les
rangs des travailleurs pauvres.

Notons toutefois que ce sont généralement des initiatives communautaires qui


s’emploient à supprimer les obstacles entravant l’accès aux aliments puisqu’il
existe peu de mesures publiques cherchant à les supprimer directement
(Kirkpatrick et Tarasuk, 2009). Pourtant, les programmes communautaires de
soutien alimentaire ne seraient, selon ces auteures, qu’une solution de dernier
recours pour les gens dans le besoin, qui n’y font appel que dans une proportion
de 20 %. Loopstra et Tarasuk (2013b) expliquent ce faible taux de participation
par le manque d’accès aux programmes – parce que la clientèle visée ne les
connaît pas ou ne sait pas comment y accéder – et par le manque de concordance
entre les mesures du programme et les besoins de la clientèle : les programmes
sont offerts alors que
27

la clientèle visée est au travail ou demandent trop de temps à des gens déjà fort
occupés, ou trop d’efforts à des gens ayant des problèmes de santé.

Des programmes d'aide alimentaire qui cherchent à agir sur une clientèle en
particulier, soit les élèves de milieux défavorisés, auraient cependant plus
d’impact. Roustit et autres (2010) démontrent en effet que des programmes
offerts dans des écoles secondaires de milieux défavorisés ont eu un effet positif
sur le rendement scolaire des élèves bénéficiaires. L’étude de Fulford et
Thompson (2013) démontre en outre l’impact positif de programmes de jardins
communautaires visant spécifiquement les jeunes sur la quantité de fruits et
légumes consommés par les jeunes participants et leur choix nutritionnels
subséquents. Thomas et Irwin (2011) avancent que des interventions axées sur
l’acquisition de compétences culinaires et la « littératie alimentaire » menées
auprès de jeunes à risque auront un impact sur leur sécurité alimentaire future.

Des interventions visent par ailleurs à influer sur les choix alimentaires des
individus, notamment en améliorant l’accès à des aliments sains. Cerin et autres
(2011) démontrent en effet que la proximité des sources d’aliments et l’offre
d’aliments de qualité ont un impact sur le surpoids et la santé des individus, la
prémisse étant que ces éléments influent sur leurs choix alimentaires. Cette
prémisse rappelle celle de Thaler et Sunstein (2010) puisqu’elle suppose la mise
en place d’un cadre qui inciterait les gens à manger mieux en influant sur leur
prise de décisions nutritionnelles. Thaler et Sustein (2010) proposent en effet de
mettre en place des interventions publiques qui encadrent les décisions des gens
afin de les inciter à faire les bons choix. Cet argument repose sur l’idée que les
gens ne font pas les bons choix parce qu’ils manquent d’information ou de
temps, ou que les incitatifs sont insuffisants.

L’approche « nutritionnelle » de la sécurité alimentaire que critique Kimura


(2013) est dans la même veine. Cette auteure démontre en effet que l’accent mis
sur les micronutriments manquants dans l’alimentation des individus fait de
l’insécurité alimentaire un problème individuel puisque la solution consiste à
sensibiliser l’individu à l’importance de ces micronutriments et à l’amener à
modifier son comportement en conséquence. L’auteure ajoute que dans cette
optique, les mères sont rendues responsables de la malnutrition de leurs enfants
en raison des choix nutritionnels qu’elles font pendant la grossesse et après,
notamment en choisissant d’allaiter ou non.
La sécurité alimentaire en RD Congo

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