Moulay Ismaïl

nom : Rayan Fricamps

semestre : 1
année : 2022/2023
période : Moderne
enseignant responsable : M. Hassler
 Bibliographie :

1/ Dictionnaire, encyclopédie
- HELIE (Jérôme), Petit Atlas historique des Temps modernes, Malakoff; Armand
Colin, 4eme édition, 2021
2/ Manuels généraux
- LUGAN (Bernard), Histoire de l’Afrique du Nord - (Des origines à nos jours),
Monaco, Éditions du Rocher, 2016
- LUGAN (Bernard), Histoire du Maroc - (Des origines à nos jours), Paris,
Édition Ellipses, 2011
- ABITOL (Michel), Histoire du Maroc, Paris, Éditions Perrin, 2014
- RIVET (Daniel), Histoire du Maroc de Moulay Idrîs à Mohammed VI, Paris,
Fayard, 2012
- AL-NASIRI (Ahmad ibn Khalid), Al-Istiqsa, Le Caire, Imprimerie Al-Boulak,
1894
3/ Etudes Spécialisées.
- PLUMMER III (Comer), Empire of Clay The Reign of Moulay Ismail, Sultan of
Morocco (1672-1727), Lulu Publishing Services, 2019
- DE CASTRIES (Henry), Moulay Ismail et Jacques II: une apologie de l'Islam
par un sultan du Maroc, Paris, Ernest Leroux, 1903
- KAKÉ (Ibrahima Baba), L’aventure des Bukhara (Prétoriens Noirs au Maroc au
XVIIIE Siècle, Paris, Présence Africaine, 1969, Chapitre 3, Cairn.info
- DE CASTRIES (Henry), Sources Inédites de l'Histoire du Maroc, Série 1, Vol.2,
Paris, Ernest Leroux, 1920

1
 Sommaire :

Introduction = Page 3

Partie 1 : L’origine de la dynastie Alaouite et l'accession au pouvoir de Moulay

Ismaïl = Page 4,..,6
A : Fin des Saadiens et origine des Alaouites = Page 4,5
B : Les Premiers Alaouites = Page 5,6
C : Prise du pouvoir par Moulay Ismaïl = Page 6

Partie 2 : L’impact de Moulay Ismaïl au sein du royaume = Page 7,..,10

A : Révolte, Prétendants et autres problèmes au sein du royaume= Page 7,8
B : Moulay Ismaïl un roi bâtisseur = Page 8,9
C : Réorganisation administrative par Moulay Ismaïl = Page 9,10

Partie 3 l’impact et les actions du Roi en dehors des frontières du Maroc.

= Page 10,..,13
A : Réorganisation de l’armée et Piraterie = Page 10,11
B : Guerre et Affrontement à l’étranger = Page 11,12
C : Diplomatie et influence = Page 12, 13

Conclusion = Page 14

2
 Introduction

L’Histoire de l’Etat marocain est une histoire bien plus que millénaire mais
pourtant méconnue en occident. Pour comprendre Moulay Ismail ou de son autre
appellation Moulay Ismaïl ben Chérif, il faut d’abord comprendre ce qu’est le Maroc.
Une phrase de Bernard Lugan permet de bien contextualiser l’histoire du Maroc :
≪En 987, quand Hugues Capet monte sur le trône de France, l’Etat marocain a
déjà deux siècles d’existence.≫1
Cette phrase montre l’ancienneté de son histoire. Si l’histoire du Maroc est assez
méconnue en occident, il en est encore plus pour Moulay Ismaïl. Pourtant, Moulay
Ismaïl a régné en tant que sultan du Maroc de 1672 à 1727, soit un règne de 55 ans, un
record de longévité en tant que monarque absolu au Maroc. Il est connu comme le roi
du soleil du Maroc comme le fut Louis XIV en France et Soliman le magnifique pour
l’empire Ottoman. Il est surnommé « roi sanguinaire » par les Européens.
Il est un roi tout aussi bien bâtisseur avec la ville de Meknès que guerrier en
ayant dû affronter différentes rébellions au sein de son royaume, mais aussi tous les
prétendants au trône du Royaume du Maroc qui ont essayé d’une manière ou d’une
autre de prendre le pouvoir comme son neveu Moulay Ahmed ben Mehrez. Sous son
règne, la piraterie barbaresque continua avec la ville de Salé en tant que port principal.
Il est un roi qui n’hésite pas à combattre les autres puissances de son époque comme les
Ottomans et les Européens. Il intensifia aussi les relations diplomatiques avec les pays
d’Afrique de l’Ouest et les pays européens mais surtout le Royaume de France sous
Louis XIV.
Ainsi, tout au long de ce devoir semestriel, nous allons voir le règne de Moulay
Ismaïl ben Chérif. En nous demandant en quoi Moulay Ismaïl ben Chérif peut être
considéré comme un des plus grands rois de l’histoire du Maroc. Pour cela, nous allons
dans une première partie, voir l'accession au pouvoir de Moulay Ismaïl après avoir vue
l’origine de la dynastie Alaouite, puis dans une deuxième partie l’impact de Moulay
Ismaïl au sein du royaume puis pour finir nous verrons l’impact et les actions du Roi en
dehors des frontières du Maroc.

1
LUGAN (Bernard), Histoire du Maroc - (Des origines à nos jours), Paris, Édition Ellipses, 2011, p9

3
 Partie 1) L’origine de la dynastie Alaouite et l'accession au pouvoir de Moulay
Ismaïl

Le Maroc dans son territoire a été peuplé par différents peuples au cours de
l’histoire: les berbères, phéniciens, carthaginois, romains, vandales, byzantins et
arabes2. Pour plusieurs historiens, on peut parler de l’histoire du pays du Maroc comme
on le connaît aujourd’hui uniquement à partir de la conquête d’Idriss 1er3 et ainsi du
premier établissement d’un royaume chérifien4. Le Maroc a ainsi connu sept dynasties
au pouvoir dans son histoire, dans l’ordre nous avons : La dynastie Idrisside la
première, de 789 à 974. La dynastie Almoravide, de 1060 à 1147 qui a régné sur le
Maghreb et Al-Andalus. La dynastie Almohade, de 1145 à 1248. La dynastie Mérinide
de 1244 à 1465. La dynastie Wattassides de 1472 à 1554. La dynastie Saadienne de
1554 à 1659, puis pour finir la dynastie Alaouite, celle de Moulay Ismaïl ben Chérif qui
commença en 1666 jusqu’à aujourd’hui avec l’actuel roi du Maroc Mohammed VI.5

A) Fin des Saadiens et origine des Alaouites

Comme dit précédemment les saadiens sont une dynastie qui a régné de 1554 à
1659. Cette dynastie est connue pour la bataille des Trois Rois en 1578 où Ahmed al
Mansour stoppa l’expédition dirigée par le roi Sébastien de Portugal. Cette victoire lui
permit d'obtenir la légitimité et le parfait contrôle de tout le pays.6 C’est aussi durant le
règne d’Ahmed al Mansour qu’a eu lieu la conquête du Soudan7 où l’empire songhaï a
été envahi par une expédition. Cette expédition a mené à la soumission du roi du
Bournou, Idrīs Alaoma, qui témoigna de sa reconnaissance comme Madhi suprême
mais aussi un contrôle sur les ressources transportées par les caravanes par le Sahara.

2
ABITOL (Michel), Histoire du Maroc, Paris, Éditions Perrin, 2014, 14 p.
3
ABITOL (Michel), Histoire du Maroc, Paris, Éditions Perrin, 2014, 36 p. RIVET (Daniel), Histoire du
Maroc de Moulay Idrîs à Mohammed VI, Paris, Fayard, 2012, 9 p.
4
Chérifien désigne quelqu’un ou quelque chose qui est relatif à la famille des descendants du prophète
Muhammad par sa fille.
5
D’après le musée de l’histoire et des civilisations, Rabat, Maroc. Le temps de règne des dynasties est
parfois débattu.
6
HELIE (Jérôme), Petit Atlas historique des Temps modernes, Malakoff; Armand Colin, 4eme édition,
2021, Fiche 42.
7
Désigne à cette époque l’Afrique Subsaharienne.

4
Mais les Saadiens ont connu une crise de succession après la mort d’Ahmed al Mansour
des suites d’une épidémie de peste qui a touché le territoire marocain. Les trois fils
d’Ahmed al Mansour s'affrontèrent divisant le royaume en deux autour de deux villes :
Marrakech et Fès. Les luttes continuèrent au fil des générations qui arrivèrent, mais ces
luttes ne permettaient pas d’obtenir un royaume du Maroc unifié et au contraire cela
divisa encore plus le Maroc jusqu’à 5 zones8. C’est dans ce contexte-là qu’arrivent les
Alaouites9, une famille qui provient de la région de Yanbo en Arabie. Ce sont des
chérifiens. L’ancêtre des Alaouites est arrivé sous le règne d’Abou Yakoub Youssef
(1286-1307), le second sultan mérinide dans le Tafilalet10 qui deviendra leur fief11.

B) Les Premiers Alaouites

Sans pouvoir central, le Maroc connaît une période de troubles sociaux et

religieux. Tout comme les Saadiens, les Alaouites venaient du désert. En 1660, Fès qui
est la capitale emblématique des Idrissides première dynastie est des Mérinides était
sous le contrôle de la Zaouia12 de Dila. La Zaouia de Dila contrôle un grand territoire
allant de Fès passant par Salé jusqu’à Tadla. Cette confrérie musulmane a vue sa
puissance montée après que Mohammed Ech-Cheick, sultan Saadien s’opposa à la
montée en influence de la confrérie et perdi face à la confrérie. C’est cette confrérie qui
en 1631 poussa les habitants de Tafilalet à se soumettre aux Alaouites afin d’être
protégés. C’est Moulay Mohamed qui en 1636 se proclama sultan en premier afin de se
battre face aux Dilaïtes mais c’est son frère cadet Moulay Rachid qui termina son œuvre
et imposa son autorité à tout le Maroc. C’est même pour cela qu’il est considéré comme
le premier souverain Alaouite 13. Il consolida son pouvoir en affrontant le reste de la
confrérie de Dila jusqu’à raser complètement la ville Dila et prendre le contrôle de
Marrakech. Moulay Rachid s’occupa ensuite des autres forces locales sauf une :

8
Voir carte LUGAN (Bernard), Histoire du Maroc - (Des origines à nos jours), Paris, Édition Ellipses,
2011, p183 ou celle de la Marocanité de Touat 1660 de DE CASTRIES (Henry), Sources Inédites de
l'Histoire du Maroc, Série 1, Vol.2, Paris, Ernest Leroux, 1920
9
Peut aussi être orthographié Alawites.
10
Région du Maroc située au sud-est du Maroc avec comme ville notable Errachidia.
11
LUGAN (Bernard), Histoire du Maroc - (Des origines à nos jours), Paris, Édition Ellipses, 2011, 181p.
12
Établissement religieux sous l'autorité d'une confrérie musulmane, d’après le site internet
https://www.lerobert.com
13
LUGAN (Bernard), Histoire du Maroc - (Des origines à nos jours), Paris, Édition Ellipses, 2011, 184p.

5
≪Une seule « force » locale fut épargnée par le sultan ‘alawite, celle des corsaires de
Salé dont il allait se servir pour développer ses relations avec l’Europe.≫14

Moulay Rachid s'éteint ensuite en 1672, on dit de la fin de son règne :

≪qui fut époque heureuse pour la population au cours de laquelle les vivres étaient à vil
prix.≫15

C) Prise du pouvoir par Moulay Ismaïl

Notre personnage, Moulay Ismaïl, né vers 1645. Il est le frère de Moulay

Rachid. Il était le gouverneur de la ville de Meknès situé à environ 60 kilomètres de la
ville de Fès. À 26 ans, il se fait intronisé à Meknès mais cela n’est pas au goût d’autres
prétendants au trône. Comme souvent la passation du trône16 dans l’Histoire du Maroc
se fait par des luttes entre prétendants. Les prétendants pour le trône laissé par Moulay
Rachid sont son neveu Ahmad b. Mahrez et son fils M’hamed al-‘Alim 17. Dès sa
proclamation de sultan, Moulay Ismaïl reçut aussi des révoltes de la part de plusieurs
peuples berbères. Moulay Ismaïl Ben Chérif récupère ainsi un pays qui a été unifié par
son frère mais qui a tout moment peu re-éclaté à cause des différents prétendants, de
peuples berbères antagonistes mais aussi d’instances religieuses trop radicales et des
puissances étrangères intéressées par le territoire du Maroc comme pour la bataille des
Trois Rois un siècle avant.

14
ABITOL (Michel), Histoire du Maroc, Paris, Éditions Perrin, 2014, 208p.
15
AL-NASIRI (Ahmad ibn Khalid), Al-Istiqsa, Le Caire, Imprimerie Al-Boulak, 1894, Tome 5, 39p
16
Comme pour la mort d’Ahmed al Mansour qui mena à l’éclatement du Maroc
17
RIVET (Daniel), Histoire du Maroc de Moulay Idrîs à Mohammed VI, Paris, Fayard, 2012, 225p

6
 Partie 2) L’impact de Moulay Ismaïl au sein du royaume

A) Révolte, Prétendants et autres problèmes au sein du royaume

Comme nous l'avons vu avant lors de l’intronisation de Moulay Ismaïl Ben

Chérif à Meknès, des voix ont retenti, montrant leurs mécontentements face à Moulay
Ismaïl. Ainsi Moulay Ismaïl était dans l’obligation de les affronter s' il voulait garder
une unité du Maroc. Son fils M’hamed al-‘Alim était d’après les dires de l’époque :
≪le jeune prince jouissait de la faveur des savants et la norme de l’intouchabilité des
shurfâ’18≫19
Moulay Ismaïl captura son fils dans la région de Souss20. Une fois attrapé, il lui coupa
les mains et les pieds, à la suite de cela il mourut. Pour son neveu Ahmad b. Mahrez, la
lutte a été bien plus compliquée. Elle a duré treize années. Ahmad b. Mahrez était
soutenu par la ville de Marrakech. Cette rivalité entre les deux poussa Ahmed b. Mahrez
à demander de l’aide des turcs qui étaient présents dans l’actuel Algérie. Ainsi, Moulay
Ismaïl Ben Chérif affronta les troupes d’Ahmed b. Mahrez situé principalement vers
Marrakech mais aussi dans le Souss et dans le Dra’21et les troupes turcs envoyés
d’Algérie afin d’effectuer des pillages. Grâce à la vivacité de Moulay Ismaïl mais aussi
à son armée, il repoussa les différentes attaques jusqu’à assiéger Taroudant où Ahmed b.
Mahrez mourut.
Moulay Ismaïl vainquit ses deux rivaux avec la force mais il n’y avait pas que
des prétendants qui allaient lui mettre des bâtons dans les roues. Il y avait aussi
différentes tribus qui pouvaient d’un moment à un autre se montrer récalcitrant22. La
meilleure solution pour Moulay Ismaïl autres que la force était d’avoir des relations
avec eux comme celui de mariage. La plupart des Européens qui ont vu Moulay Ismaïl
notèrent l’incroyable force génitrice du sultan. Une force génitrice qui est telle que
18
Titre utilisé afin de désigner un descendant de la famille du prophète Muhammad.
19
RIVET (Daniel), Histoire du Maroc de Moulay Idrîs à Mohammed VI, Paris, Fayard, 2012, 225p.
20
La Région de Souss se trouve aux portes du Sahara du Maroc. Elle possède comme ville connue Agadir.
21
La Région de Dra’ qui peut être orthographié Drâa se trouve à l’est de Souss mais aussi au Sud de
Tafilalet
22
On peut noter la confédération des Aït Atta mais aussi le seigneur de guerre Ghaylân. Ils se sont tous
fait vaincre par Moulay Ismaïl.

7
certaines personnes ont noté 528 garçons et presque autant de filles23. Quant à Germain
Mouette un écrivain français capturé par les corsaire de Salé qui a vécu onze en
captivité au Maroc sous le règne de Moulay Rachid et Moulay Ismaïl Ben Chérif disait :
≪au milieu de la trentaine, il avait déjà plus de soixante enfants selon Mouette, « sans
compter ceux qui sont morts »≫24

B) Moulay Ismaïl un roi bâtisseur

Louis XIV avait une passion pour la construction avec notamment Versaille et
bien pour Moulay Ismaïl Ben Chérif sa passion de la construction s’est déversée dans la
ville de Meknès où il était gouverneur avant de devenir sultan. Moulay Ismaïl haïssait
les autres villes comme Fès ou Marrakech, ainsi il a choisi Meknès une ville qui n’a
jamais été avant utilisé comme capitale du Royaume. Meknès est une ville qui a été
fondée par les Almoravides au XI siècle en tant qu’établissement militaire. Elle est situé
non loin à 20km de Moulay Idriss Zerhoun25. La ville de Meknès ressemble après les
travaux de Moulay Ismaïl à une énorme forteresse entourée de 25 kilomètres de murs
avec différentes portes. La plus majestueuse des portes se nomme Bab al-Mansur al-‘Ilj,
du nom du chrétien converti qui l’a construit26. La cité pouvait accueillir jusqu’à 12 000
chevaux :
≪Au centre du bâtiment se trouvaient des constructions voûtées pour remiser les selles
des chevaux. Un grand grenier carré et en forme de dôme, construit avec des portiques
et des arcs, était destiné à recevoir les armes des cavaliers qui montaient les chevaux ; la
lumière y pénétrait par des grillages en fer établis sur les quatre faces du bâtiment
chaque grillage pesait plus d’un quintal≫27
Moulay Ismaïl avait la volonté de faire de Meknès la plus grande ville impériale
mélangeant le militaire à l’art. Une cinquantaine de palais fut construite et chaque palais

23
Tiré de Al-Zayyani, un historien né 10 ans après la mort de Moulay Ismaïl, source provenant de RIVET
(Daniel), Histoire du Maroc de Moulay Idrîs à Mohammed VI, Paris, Fayard, 2012, 225p
24
ABITOL (Michel), Histoire du Maroc, Paris, Éditions Perrin, 2014, 209p.
25
Moulay Idriss Zerhoun est très importante dans l’histoire du Maroc car c’est ici qu’a vraiment débuté les
conquêtes d’Idriss 1er. C’est d’ailleurs dans cette ville que se trouve le tombeau d’Idriss 1er où des
pèlerinages sont effectués tous les ans par des hommes de tous les Maghreb et de l’Afrique de l’Ouest.
26
ABITOL (Michel), Histoire du Maroc, Paris, Éditions Perrin, 2014, 210p.
27
AL-NASIRI (Ahmad ibn Khalid), Al-Istiqsa, Le Caire, Imprimerie Al-Boulak, 1894, Tome 5, 72p

8
avait une mosquée minimum attachée à lui. Le plus grand est connu pour se nommer
Al-Nasr. Toutes ces constructions ont été possible par les différents artisans où la
plupart étaient envoyés par les différentes tribus mais aussi par les prisonniers et
esclaves qui étaient pour la majorité des esclaves chrétiens et noirs28. Mais pour les
matériaux de constructions ils ne viennent pas tous de carrière comme le note Michel
Abitol :
≪Les matériaux de construction furent le plus souvent réquisitionnés ou pillés sur des
monuments anciens, à l’exemple du Badi’ de Marrakech qui fut saccagé en 1693 pour «
fournir » les marbres nécessaires au palais de Moulay Isma’il≫29

C) Réorganisation administrative par Moulay Ismaïl

Le Royaume du Maroc a beau se doter de belles bâtisses mais si la finance ne

suit pas alors cela est impossible tout comme pour la guerre qui demande beaucoup de
ressources. Pour cela il faut une administration efficace et de ce temps-là au Maroc
l’administration n’est pas des plus compliqués. Pour l’appareil étatique au Maroc on
utilise le terme Makhzen. Dans le Makhzen pendant le règne de Moulay Ismaïl, le Sultan
pouvait traiter n’importe quels cas, qu’il soit grave ou presque insignifiant. Pour ce qui
est de l’autorité dans les provinces, ce sont l’armée du Sultan et les caïds qui sont des
fonctionnaires musulmans qui cumulent les fonctions de juge, d'administrateur et de
chef de police30 qui s’occupaient de cette tâche. Les caïds tenaient au courant de l’état
des provinces où ils exerçaient leur fonction mais aussi des provinces étrangères
permettant au Sultan d’être au courant de tout même des pays frontaliers. Moulay Ismaïl
avait aussi des kuttab31 sous l’autorité du grand vizir32.
≪ Avec le chambellan (hajib), le trésorier qui avait la charge du Bayt al-Mal et les
intendants, ils formaient les Ashab, les « compagnons » du roi,≫ 33

28
PLUMMER III (Comer), Empire of Clay The Reign of Moulay Ismail, Sultan of Morocco (1672-1727),
Lulu Publishing Services, 2019, 34p
29
ABITOL (Michel), Histoire du Maroc, Paris, Éditions Perrin, 2014, 211p.
30
Le titre de caïds pouvait s’acheter, c’était des personnes aisés
31
Des secrétaires et conseillers
32
ABITOL (Michel), Histoire du Maroc, Paris, Éditions Perrin, 2014, 214p.
33
ABITOL (Michel), Histoire du Maroc, Paris, Éditions Perrin, 2014, 215p.

9
Les compagnons du roi résidaient tous dans la capitale permettant un meilleur contrôle
et évitaient tous complots. Pour les impôts ils y avaient la Djizîa concernant les
dhimmis34 du royaume mais aussi des contributions venant des différents marchands et
artisans. La taxe douanière était de 10 %35 mais il y a avait aussi les bénéfices des
différentes courses provenant des ports corsaires comme celle de Tétouan ou de la plus
grande, celle de Salé.

Partie 3) l’Impact et les actions du Roi en dehors des frontières du Maroc.

A) Réorganisation de l’armée et Piraterie

Comme nous avons pu le voir lors des différentes révoltes et rivalités avec les
prétendants au trône, la victoire de Moulay Ismaïl Ben Chérif a surtout été possible
grâce à son armée. L’armée de Moulay Ismaïl était très efficace et était composée de
plusieurs groupes au sein de l’armée.
Le premier est celui des Abids al Bukhari36. Les Abids sont des contingents
noirs, des sortes de janissaires noirs qui ont prêté serments directement au Sultan
Moulay Ismaïl. Avant Moulay Ismaïl Ben Chérif les esclaves noirs étaient utilisés
uniquement pour les tâches domestiques, que cela soit autant les hommes que les
femmes37. C’est Moulay Ismaïl qui eut cette idée. Tous les Abids étaient mariés avec des
femmes noires et les enfants qui allaient naître de leurs unions allaient devenir à leurs
tours à l'âge de 16 ans des Abids permettant une longévité de ce nouveau corps d’armée.
Le nombres d’Abids dans les registres à la mort du Sultan comptait 150 000 Abids.
Moulay Ismaïl fit construire des villages pour la famille des Abids. Les Abids prennaient
de plus en plus d’importance face aux autres groupes au sein de l’armée pendant le
règne de Moulay Ismaïl.

34
Termes provenant du coran qui désigne les non-musulmans.
35
ABITOL (Michel), Histoire du Maroc, Paris, Éditions Perrin, 2014, 216p
36
Provient de l’exemplaire du livre sacré de l’imam alBukhari, ABITOL (Michel), Histoire du Maroc,
Paris, Éditions Perrin, 2014, 212p
37
KAKÉ (Ibrahima Baba), L’aventure des Bukhara (Prétoriens Noirs au Maroc au XVIIIE Siècle, Paris,
Présence Africaine, 1969, Chapitre 3, Cairn.info, 69p

10
 Le second groupe est celui des troupes fournies par les tribus guich. Le terme
guich désigne au Maroc une tribu mettant sa force militaire au service du Makhzen
comme une sorte de service militaire. Les guich reçoivent ensuite des terres possédaient
conjointement par eux et par l’Etat Marocain.
Le troisième groupe et celui des renégats qui pendant la dynastie Saadienne
avait pris une très grande part dans l’armée mais cela posèrent des problèmes lors des
conflits contre les puissances européennes. Les renégats pouvaient être composés de
chrétiens islamisés ou bien de chrétiens mercenaires38. Ils étaient surtout utilisés dans le
domaine de l’artillerie.
Le Royaume du Maroc possédait aussi 2 ports de corsaires Tétouan et Salé dont
le plus important et ce dernier. La course salétine était pour le Sultan une grande source
de revenu mais aussi d’esclaves39 et d'autres ressources notamment grâce à la
contrebande. La course salétine est une source de conflit avec les différentes puissances
européennes qui voient d’un très mauvais œil la piraterie qui se déroule non loin de
leurs côtes.

B) Guerre et Affrontement à l’étranger

Le Maroc est situé à côté de grandes menaces. À l’est se trouve les Ottomans qui
ont toujours voulu essayer d’avoir le Maroc afin d’obtenir tout le Maghreb sous leur
autorité. Mais c’est surtout au Nord que se trouve la plus grande menace, les européens
chrétiens après la Reconquista ont voulu s’étendre jusqu’au Nord du Maroc. Lors de
l’intronisation du Moulay Ismaïl Ben Chérif, les européens possédaient plusieurs villes
au Nord du Maroc. Au début de son règne Moulay Ismaïl récupéra plusieurs places
fortes anglaises comme Mehdiya en 1681, Tanger en 1684, Larache en 1689 et Arzila
en 169140. Il n’y a que les Espagnols qui ont réussi à garder leurs places fortes comme à
Ceuta et à Melilla41.

38
LUGAN (Bernard), Histoire du Maroc - (Des origines à nos jours), Paris, Édition Ellipses, 2011, 187p.
39
Certains esclaves ont même sortis des livres de leurs expériences comme Germain MOUETTE
40
LUGAN (Bernard), Histoire du Maroc - (Des origines à nos jours), Paris, Édition Ellipses, 2011, 186p
41
Villes toujours appartenant aujourd’hui à l’Espagne, le Roi Mohamed 6 fait encore allusion à ses villes
pour qu’ils reviennent au Maroc.

11
 Après une expédition en Algérie face aux Ottomans raté en 1701, Moulay Ismaïl
entreprit la fortification à la frontière orientale afin de mieux résister en cas de nouvelles
attaques des Ottomans.
Le Sultan envoya aussi une expédition dans le Sud afin de soumettre de force les
tribus dans le Soudan. Grâce à cela l’autorité de Moulay Ismaïl alla jusqu’au Sénégal42.
Les prières du Vendredi43 étaient même faites à Tombouctou en l’honneur du Sultan
Moulay Ismaïl. Mais cette expédition au Soudan n’était pas uniquement là afin
d'accroître l’autorité marocaine mais aussi bien pour les esclaves. Les reconquêtes des
places anglaises ont d’ailleurs tout aussi bien rempli le stock d’esclaves chrétiens.
Un autre affrontement eut lieu entre les corsaires de Salé et la Marine française à
la suite de l’obtention du commandement d’une escadre pour but de représailles par
l’amiral Jean d’Estrées mais tous ces efforts voulus par Louis XIV ne menèrent à rien
de concluant. En plus de cela, la guerre avec la Hollande mit en priorité les hollandais
au devant des corsaires. Le souhait de Louis XIV était d’arriver à des négociations afin
d’arrêter la piraterie. Mais la course salétine était tellement lucrative que Louis XIV
avait beau continué à envoyer des navires que les corsaires continuaient et
augmentaient.

C) Diplomatie et influence

Moulay Ismaïl n’utilisait pas que son armée mais bien aussi la diplomatie. Pour
l'intérieur de son pays mais aussi à l’extérieur comme en Afrique de l’Ouest, Moulay
Ismaïl se faisait offrir des femmes afin d’établir en même temps des alliances. Il est
important de savoir que les noirs n’avaient pas la même vision de la part des
maghrébins qu’en Europe à cette époque. Pour les habitants du Maroc, les noirs étaient
vus comme des personnes toujours en forme et vifs alors que les blancs étaient vus
comme des personnes en manque de soleil et donc avec peu d’énergie dû à leurs

42
Une citation du Roi Hassan 2 qui a régné de 1961 à 1999 dit lors d’une élocution sur l’autorité qu’à le
Maroc en dehors des frontières actuelles « Le Maroc est un arbre dont les racines plongent en Afrique et
qui respire par ses feuilles en Europe »
43
Jours saint pour les musulmans

12
pâleurs. On le remarque avec la première femme officielle du Sultan Moulay Ismaïl Ben
Chérif qui était foncée de peau.
Moulay Ismaïl eut des correspondances avec plusieurs souverains d’Europe et
surtout avec Louis XIV. Le Maroc entretenait plusieurs routes commerciales avec la
France et il était ainsi important d’avoir de bonnes relations entre les deux pays. Le but
de Moulay Ismaïl avec la France était d’arriver à une alliance afin de lutter contre les
anglais et espagnols alors que pour Louis XIV comme dit précédemment était surtout au
sujet de la course salétine. Abdellah Benaïcha était un célèbre corsaire qui devint
l’ambassadeur de Moulay Ismaïl dans la cour de Louis XIV. Il arriva en 1698 au sujet
d’un traité. Revenu au pays, il raconta au Sultan tout ce qu’il avait vu et notamment
Marie-Anne de Bourbon, fille de Louis XIV qui le tapa dans l'œil. Moulay Ismaïl
exprima ainsi son envie à Louis XIV mais ce dernier afin de ne pas l’offenser lui offrit
quatres horloges comtoises44.
Le Sultan Moulay Ismaïl envoya aussi des lettres à Jacques II alors qu’il était en
exil en France45. Dans ces lettres Moulay Ismaïl fit l’apologie de l’Islam tout en
proposant son aide afin de récupérer le trône de Jacques II :
≪ Par le grand Dieu! Je ne puis souffrir que votre maison et votre royaume soient en la
puissance et sous le gouvernement d’un Hollandais≫46
Ces lettres semblaient être des lettres qui ne devaient pas être connues par Louis XIV
car un moment donné il dit à Jacques II de quitter secrètement la France pour venir au
Portugal.
Ces lettres envoyées à Jacques II mais aussi à Louis XIV montrent que Moulay
Ismaïl se montrait et traitait les autres souverains européens comme son égal, faisant
preuve du prestige du Maroc qui restait un pays très important en mer Méditerranée
mais aussi dans tout le Maghreb allant jusqu’à l’Afrique de l’Ouest.

44
Ces horloges se trouvent désormais dans son mausolée à Meknes
45
DE CASTRIES (Henry), Sources Inédites de l'Histoire du Maroc, Série 1, Vol.2, Paris, Ernest Leroux,
1920, 1p.
46
DE CASTRIES (Henry), Sources Inédites de l'Histoire du Maroc, Série 1, Vol.2, Paris, Ernest Leroux,
1920, 8p.

13
 Conclusion

Après l’éclatement du royaume unifié Saadien il est très compliqué de réunifier

le pays mais les Alaouites ont réussi jusqu'à nos jours où ils règnent encore. Moulay
Ismaïl Ben Chérif n’a pas hérité du royaume de son frère sans soucis mais a bien dû
faire face à bon nombres de récalcitrants à l’intérieur de son pays. Grâce à une
réorganisation de son armée avec les Abids qui lui sont loyaux mais aussi de
l’administration et de la Makhzan, Moulay Ismaïl a sû accorder une période de paix
pour le Royaume du Maroc. La situation internationale du Maroc était tendue avec les
Ottomans à l’Est et les puissances Européennes au Nord mais tout de même le Sultan a
combattu et à même garder une autorité jusqu’à Tombouctou au détriment de bon
nombres d’esclaves et de victimes. Période d’essor pour la piraterie barbaresque, ce fut
la principale tension entre la France de Louis XIV et le Maroc de Moulay Ismaïl malgré
des routes commerciales entre les deux pays. Moulay Ismaïl a su garder contact avec les
différents souverains avec des lettres ou avec l’utilisation d’ambassadeurs. Malgré ces
prouesses, Moulay Ismaïl Ben Chérif ne laissa pas un royaume unifié pour son
successeur car avec ses environs 1000 enfants, il était sûr que le nombre de prétendants
au trône allaient être considérable faisant passer le Maroc dans 30 années d’anarchie
avant qu’encore une fois un homme se lève pour réussir à réunifier le pays et cet
homme porte le nom de Sidi Mohamed Ben Abdallah.

Rayan Fricamps

14