Niveau : 3AS (LLE)
Durée: 2 heures
Devoir de la langue française du premier trimestre
(2022/2023)
Texte :
Dans cette immense prison surpeuplée, dont chaque cellule abrite une souffrance, parler de soi
est comme une indécence. Au rez -de -chaussée, c’est la « division » des condamnés à mort. Ils sont
là quatre- vingts, les chevilles enchainées, qui attendent leur grâce ou leur fin(…). Pas un détenu qui
ne se retourne le soir sur sa paillasse à l’idée que l’aube ne peut être sinistre, qui ne s’endort sans
souhaiter de toute sa force qu’il ne se passe rien(…)
Les tortures ? Depuis longtemps le mot nous est à tous devenu familier. Rares sont ici ceux qui y
ont échappé. Aux « entrants » à qui l’on peut adresser la parole, les questions que l’on pose sont,
dans l’ordre : « Arrêté depuis longtemps ? Torturé ? Paras ou policiers ? » (…)
Il ya maintenant plus de trois mois que j’ai été arrêté. J’ai côtoyé durant tout ce temps tant de
douleurs et tant d’humiliations que je n’oserai plus parler encore de ces journées et de ces nuits de
supplices si je ne savais que cela peut être utile, que faire connaitre la vérité c’est aussi une manière
d’aider au cessez-le- feu et la paix. Des nuits entières, durant un mois, j’ai entendu hurler des
hommes que l’on torturait et leurs cris raisonnent toujours dans ma mémoire.
Mais, depuis, j’ai encore connu d’autres choses. J’ai appris la « disparition » de mon ami Maurice
Audin, arrêté vingt- quatre heures avant moi, torturé par la même équipe qui ensuite me « prit en
main ». Disparu comme le cheikh Tébessi, président de l’association des Oulémas, le docteur Cherif
Zahar, et tant d’autres (…..)
De l’autre côté du mur, dans l’aile réservée aux femmes, il ya des jeunes filles dont nul n’a
parlé : Djamila Bouhired, Hélyette Loup, Nassima Hablal, Malika Khene, et d’autres encore :
déshabillées, frappées, insultées par des tortionnaires sadiques, elles ont subi, elles aussi, l’eau et
l’électricité.
C’est aux « disparus » et à ceux qui, sûrs de leur cause, attendent sans frayeur la mort, et à tous
ceux qui ont connu les bourreaux et ne les ont pas craints, à tous ceux qui, face à la haine et à la
torture, répondent par la certitude de la paix prochaine et de l’amitié entre nos deux peuples qu’il
faut que l’on y pense en lisant mon récit, car il pourrait être celui de chacun d’eux.
Henry ALLEG. La Question.
Paris, 1980 : Les éditions de Minuit. P.13, 18
Questions :
I- Compréhension :(12pts)
1- Ce texte est-il l’œuvre d’un :
-historien ;
-journaliste ;
-témoin ;
-romancier ;
Recopiez les deux bonnes réponses.
2- A qui l’auteur s’adresse-t-il à travers ce texte ?
3- «Rares sont ici ceux qui y ont échappé » →§2
A quels éléments du texte renvoient les mots soulignés ?
4- « …qui attendent leur grâce ou leur fin » §1, le mot souligné signifie : condamnation, pardon,
isolement. Recopiez la bonne réponse.
5- Complétez le tableau ci-dessous à l’aide des expressions données dans le désordre : les
chevilles enchaînées / côtoyer la douleur et l’humiliation / frappées et insultées/ tortionnaires
sadiques/ employer l’eau et l’électricité / attendent sans frayeur la mort.
Ce qui se rapporte aux colonisateurs Français Ce qui se rapporte aux Algériens
6-Relevez du texte quatre mots ou expressions appartenant au champ lexical de torture.
7- Est-ce que les tortures dont parle l’auteur concernent seulement les algériens ? Justifiez votre
réponse.
8- Quelle est la visée communicative de l’auteur ?
9- « Henry Alleg était un français du côté des algériens, contre la colonisation de l’Algérie, il
était même torturé par les paras. Peut-on dire qu’il a trahi son pays la France?
Répondez en deux ou trois lignes.
II.Production écrite :(8pts)
Traitez un sujet au choix :
1. Vous venez de lire le texte d’Henry Alleg et vous voulez en informer vos camarades.
Rédigez pour le journal du lycée le compte rendu critique.
2. Larbi Ben M’hidi a dit : « Laissez la révolution entre les mains du peuple, il la recueillera. »
En vous appuyant sur vos cours d’histoire, rédigez un texte de 150 mots dans lequel vous
montrez comment le peuple algérien a-t-il contribué à la guerre de libération nationale.
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