Chapitre II : La multiplication végétative
Techniques artificielles
2.1. Les Techniques traditionnelles :
Le bouturage et le marcottage :
1- Le bouturage :
Il consiste à mettre en terre un fragment de plante dépourvu de racines, la bouture,
capable de régénérer une plante entière par formation de racines adventives. Cette
capacité à former des organes adventifs tient aux propriétés fondamentales des cellules
végétales : la totipotence : chaque cellule végétale vivante différenciée possède
l'information nécessaire pour reconstituer toutes les parties d'une plante ;
- La dédifférenciation : une cellule différenciée peut revenir à un état
méristématique, retrouver une activité mitotique intense et développer de nouveaux
points de croissance.
Le bouturage s'effectue en atmosphère humide sur terreau ou sur sable pour
maintenir vivante la bouture en l'absence des organes qui lui manquent.
FIGURE 2.1 : Quelques exemples de bouturage.
A) Bouturage de rameaux de Pélargonium ; B) Bouturage d’« œil » de Vigne ;C) Bouturage
défeuille de Echeveria (Crassulacées) ; D) Bouturage de fragments de racines de Pissenlit. 1 à
5 : La polarité de l’organogenèse est très nettement marquée ; les faces proximales, tournées vers
le collet, forment des bourgeons et les faces opposées, des racines, les fragments les plus éloignés
du collet (3 à 5) forment des bourgeons plus tardivement : il existe un gradient de compétence
morphogène. 6 : Fragment bouturé horizontalement : la polarité d'apparition des bourgeons et des
racines est maintenue.
(A, B, C, d’après le bon jardinier)
2- Le marcottage
C'est un type particulier de bouturage dans lequel la bouture reste reliée à la plante mère
jusqu'à la formation de ses propres racines. C'est l'application de l'enracinement des stolons du
Fraisier. La diversité des techniques horticoles de marcottage permet d'obtenir une propagation
plus ou moins intense (fig. 2.2).
FIGURE 2.2 : Deux exemples de marcottage.
A) Marcottage simple; B) Marcottage chinois: on obtient de nombreux plants à partir
des différents bourgeons axillaires d'un même rameau
(D’après le bon jardinier)
3- Le greffage
Connu depuis l'Antiquité, accidentellement spontané dans la nature, le greffage
est une pratique agronomique qui consiste à implanter dans les tissus d'un végétal, un
bourgeon ou un fragment d'organe portant des bourgeons, détaché du même individu ou
d'un autre, dans le but d'associer les qualités respectives des deux plantes. L'une, le porte-
greffe ou sujet, fournit le système racinaire, et autre, le greffon ou scion, le système aérien.
La soudure des tissus vivants mis en contact permet au greffon de continuer à vivre et à
croître en faisant corps avec le sujet. Le greffage concerne généralement des arbres ou des
arbustes, plus rarement des plantes herbacées. Si les partenaires appartiennent au même
individu, on parle d'autogreffe; s'ils proviennent d'individus différents d'une même
espèce ou d'une même variété, il s'agit d'une homogreffe; enfin, l'hétérogreffe réunit des
végétaux d'espèces ou de genres différents.
3-1- Les techniques de greffage :
Elles peuvent être classées en deux grandes catégories:
- La greffe par approche, au cours de laquelle les deux partenaires sont
étroitement accolés par une surface privée d'écorce et conservent leur propre système
racinaire et leur feuillage jusqu'à l'union complète (la partie basale du greffon est alors
sectionnée).
- La greffe par bourgeon ou rameau détaché, dans laquelle le greffon
comprend un segment de tige isolé portant selon les cas un ou plusieurs bourgeons
associés à un écusson d'écorce (greffe en écusson, fig.2.3C). Si le porte-greffe est de même
diamètre que le greffon, on pratique la greffe anglaise (fig. 2.3A). Mais s'il est de diamètre
supérieur, on réalise une greffe en fente (fig. 2. 3B) ou encore une greffe en couronne.
La greffe peut être faite directement sur l’appareil souterrain du porte- greffe (greffe sur
racine) ou s'opérer sur une simple bouture qui fournira par la suite le système racinaire (greffe-
bouture). On peut aussi faire des greffes de tissus cultivés in vitro.
FIGURE 2.3: Trois procédés de greffage.
A.) Greffe anglaise simple B) Greffe en fente; C) Greffe en écusson.
3.2 Aspects structuraux du développement de la greffe :
Les événements structuraux qui aboutissent à la soudure de la greffe se déroulent selon
une succession qu'on retrouve de façon générale dans tous les exemples étudiés d'unions
réussies.
Une couche d'isolement se met d'abord en place à l'interface de greffe (fig.2.5A); Elle
résulte de la nécrose des cellules détruites lors de la blessure effectuée pour réaliser la greffe
(on l'appelle parfois couche nécrotique). La formation d’une cal cellulaire d'union par
hypertrophie et prolifération des cellules parenchymateuses vivantes et/ou des cellules
cambiales présentes sous la surface blessée permet de combler l'espace ouvert entre le porte-greffe
et le greffon (fig. 2.4); une prolifération intense entraîne parfois la formation d'un « bourrelet» de
greffe. Les cellules des deux cals opposées finissent par s'entremêler et former des
interdigitations. Dans ce nouveau tissu d'origine mixte mais de structure homogène, on a montré
l'établissement de communications par la voie symplasmique grâce à la formation de
plasmodesmes d'origine secondaire dans les parois de fusion (fig.2.5B). La différenciation de tissus
conducteurs s'effectue ensuite dans le cal : des éléments de xylème traversent l'interface de greffe
et assurent l'interconnexion des faisceaux vasculaires sectionnés du porte-greffe et du greffon,
des éléments criblés se formant plus tardivement, Un nouveau cambium se met alors
progressivement en place par dédifférenciation des cellules de parenchyme situées au contact
des cellules cambiales du sujet et du greffon. La connexion vasculaire entre le porte-greffe e le
greffon est ainsi réalisée par un ensemble tissulaire important qui permet la circulation des sèves
entre les deux partenaires (fig.2.6 A et B).
Cette formation n'est cependant pas nécessaire puisqu'elle n'existe pas chez le
Monocotylédones. Le succès d'une greffe est donc lié à la rencontre anatomique précise entre
les partenaires. Il semble important de souligner que dans le phloème néoformé de plages
criblées se forment secondairement e que les pores sont ouverts entre les éléments des deux
partenaires : une continuité du symplasme s'établit. Le mécanisme de la différenciation
vasculaire qui a lieu lors de la greffe reste mal connu. Selon les types de greffe des contacts intra
ou interspécifiques se mettent ainsi en place à travers des parois déjà formées ce phénomène pose
la question de l'existence de facteurs de reconnaissance entre cellules adjacentes d'origine
différente.
FIGURE 2.4: Cal mixte formé parla prolifération de cellules de parenchyme entre les deux
partenaires d'une greffe.
FIGURE 2.5 : Interface de l’hétérogreffe
A) La couche d'isolement, i, est visible entre les cellules du cal formé par le greffon, g et le porte-
greffe, pg (Gr. x 150).
B) Interface d'hétéro greffé d’Impatiens Walleriana sur Impatiens olivieri des plasmodesmes
continus et ramifiés s’établissent entre les cellules des
deux partenaires. Observation au microscope électronique â transmission (Gr. x 33 000).
(Reproduit par Kollman et Yang 1985).
En conclusion, deux points sont à souligner:
1) l'union de greffe, qui soude les deux partenaires et permet le développement
d'une riante composite, est accomplie par des celles qui se développent après que le greffage
a été réalisé.
2) les cellules produites par les partenaires conservent leur propre identité; il n'y a
pas de mélange des contenus cellulaires lors de l'union.
3.3. Les conditions de réussite de la greffe
En dehors des conditions extérieures et des techniques utilisées, les caractères intrinsèques
des partenaires et leur degré de parenté interviennent dans le succès de la greffe.
- Les conditions extérieures concernent les facteurs de l'environnement. Il faut une
température optimale et une humidité atmosphérique élevée pour éviter la dessiccation
des cellules néoformées ; l'apport d'oxygène est indispensable aux cellules en division rapide.
- La technique de greffage doit assurer un contact serré mais étendu entre les régions
cambiales des deux partenaires pour une cicatrisation et une régénération efficaces. Elle doit
aussi faire correspondre la polarité des partenaires: l'extrémité distale du greffon doit être
insérée dans la partie proximale du porte- greffe.
Les caractères intrinsèques des partenaires concernent:
- Leur état physiologique : Le porte-greffe et le greffon doivent manifester une activité de
croissance qui permette la production de régulateurs hormonaux capables de stimuler le
métabolisme cellulaire pour l'initiation des tissus conducteurs et du cambium
- Leur état sanitaire : les matériels infectés par des virus conduisent à des échecs de greffe ou
des baisses de vigueur des plants résultants.
- Le degré de parenté des partenaires intervient enfin de façon capitale dan réussite de la
greffe. A l'opposé de ce qui se produit chez les animaux supérieurs, les autogreffes et les
homogreffes végétales aisées, mais les hétérogreffes donnent d résultats très variables allant
de la compatibilité (même pour des partenaires de famille différentes chez quelques plantes
herbacées) à l'incompatibilité. Dans une hétérogreffe compatible réussie, l a soudure est
complète et durable entre sujet et greffon fig. 2.6 A) : deux plants différents se développent alors
de façon satisfaisante en u n e plante composite. Dans le cas contraire, la greffe est incompatible.
FIGURE 2.6 : Union de greffe dans une greffe en fente.
A) Coupe transversale d'hétérogreffe compatible réussie d'Impatiens walleriana sur
Impatiens olivieri, 12 jour après le greffage. De part et d'autre de la couche d'isolement, j,
l'alignement précis des tissus vasculaires et de cellules parenchyrnateuses de l'écorce et de la
moelle n'est réalisé qu'en partie (flèches) à cause de la différence de diamètre et de position
du cylindre central des deux partenaires (Gr.xll).
B) Schéma d'une coupe de greffe d'Hibiscus. La formation d'un cambium, c, dans le cal d'union
a permis de réunir (les cambiums de; deux partenaires. La production vasculaire a commencé
par endroits (flèches). Le périderme est continu entre le greffon, g, et le porte- greffe, pg.
(A, reproduit par R. Kollman et al. 1985) (B, d’après K. Esau)
3.. L'incompatibilité de greffe
L’étude structurale des greffes incompatibles - faite uniquement chez des plantes
herbacées a permis de montrer que les stades précoces se déroulent normalement. C'est la
différenciation ultérieure d'éléments vasculaires et l'activité cambiale qui se produisent de
façon variable ou n'aboutissent pas qui empêchent la connexion vasculaire entre les deux
partenaires. Production de composés phénoliques (subérification, lignification) conduit dans
tous les cas à la nécrose cellulaire ; celle-ci peut affecter le seul greffon ou les deux partenaires.
4.. Les trois types d'incompatibilité
- L'incompatibilité localisée correspond aux combinaisons de génotypes dans
lesquelles les réactions de « rejet » dépendent du contact réel entre sujet et greffon. Dans ce
cas l’insertion d'un sujet intermédiaire mutuellement compatible permet de lever
l'incompatibilité. C'est l'exemple du Poirier «Williams» greffé sur le Cognassier par
l'intermédiaire d'un « pont compatible ».
- L'incompatibilité transportée n'est pas levée par l'insertion d'un sujet intermédiaire
Dans ce cas, une substance élaborée par un partenaire et toxique pour l'autre est transportée au
travers du sujet intermédiaire jusqu'à l'union de greffe. La différence de réponse qui permet
l'union compatible s'expliquerait par l' fait du transport polarisé de la substance toxique. La
cohésion des partenaires et la prolifération du cal se font généralement bien; les symptômes
d'incompatibilité apparaissent tardivement (après environ une année) dans les tissus
conducteurs de l'union.
- L'incompatibilité retardée se développe plusieurs années après l'opération de
greffage. Elle peut avoir pour origine des agents pathogènes (virus, mycoplasmes, etc., latents)
qui entrent en activité tardivement par le biais de toxines, ou bien des métabolites secondaires
produits en réponse au vieillissement : ces substances provoquent la nécrose des cellules de
l'union de greffe.
FIGURE 2.7 : L’incompatibilité localisée
2.2 La micro propagation par culture in vitro
A coté des techniques traditionnelles qui font appel aux potentialités organogènes de
fragments végétaux comportant le plus souvent un ou plusieurs bourgeons, la multiplication
végétative in vitro est une méthodes moderne qui consiste à provoquer la néoformation de
méristèmes de tige puis de racines à partir de très petits fragments d'organes, de culture de
tissus ou même de cellules isolées ou de protoplastes.
Pourquoi cette différence ?
Il ne semble pas - mais celui qui n'est pas physiologiste animal s'aventure en disant cela -
que la cellule animale puisse retourner à un état indifférencié, non spécialisé, comme le font les
cellules végétales. Et c'est là que se situe la fondamentale différence.
1. Fondements
Toute cellule végétale vivante, quelle que soit sa "spécialisation", du moment qu'elle est
vivante et possède un noyau, est capable de reproduire la plante entière d'où elle provient.
C'est à cette remarquable capacité de la cellule végétale que la culture in vitro doit toute
son extension, et, peut-on dire, son pouvoir. A cause de cela, tout individu du règne végétal peut
ou pourra être cultivé in vitro ; il n'y a pas d'exception. Cependant cela ne veut pas dire que le
développement actuel des milieux de cultures, et les connaissances que l'on peut avoir du
comportement de différentes espèces sur ces milieux de culture, permettent de réaliser
immédiatement et sans problème la culture in vitro de toutes les plantes existant sur la terre.
1.1. La dédifférenciation
Il est bien évident que le passage d'un état différencié - celui de parenchyme médullaire de
tabac par exemple - à l'état de cellule méristématique proliférante, ne se fait pas sans que des
modifications profondes n'apparaissent dans la structure de la cellule. Ces modifications ramènent
la cellule adulte à l'état juvénile, capable de s'orienter vers la formation de n'importe quel organe.
De cellule de parenchyme médullaire, elle va devenir point de départ d'un bourgeon végétatif, ou
d'un méristème radiculaire ... La cellule végétale peut remonter les étapes de son histoire et
redevenir embryon.
Il n'est pas du domaine de cet ouvrage d'expliquer le mécanisme de la dédifférenciation
cellulaire. Dès l'origine de la culture in vitro, des travaux très importants en ont fait leur objet, en
particulier ceux de R. BUVAT (1944). Pour poursuivre avec l'exemple du parenchyme médullaire
de tabac, on voit, dans ce cas, de grandes cellules perdre leurs vacuoles, leur noyau se diviser
activement, et de nombreuses et très petites cellules méristématiques apparaître, au milieu d'autres
cellules parenchymateuses qui, elles, ne se sont pas dédifférenciées. Suivant la composition du
milieu de culture, ces cellules continueront à proliférer pour ainsi dire à l'infini ; elles deviennent
parfois capables de poursuivre leur prolifération, même en l'absence de substances stimulantes,
telles que les auxines et les cytokinines. R.J. GAUTHERET a observé le premier ce phénomène
qu'il a appelé anergie : ces tissus qui continueront à proliférer sans substance de croissance sont
des tissus anergies.
1.2. L'organogenèse à partir de tissus
La culture indéfinie de tissus végétaux a d'abord été le premier objectif des recherches en
culture in vitro du début du siècle jusqu'en 1940 environ.
Durant cette période on n'a pratiquement pas abordé le problème de l'organogenèse in vitro
à partir de tissus. Le souci des chercheurs était d'obtenir des cellules le plus indifférenciées
possibles pour mieux étudier, à partir de ce matériel, les corrélations qui orientent les cellules vers
telle ou telle spécialisation. Parmi d'autres, les travaux de G. CAMUS sur "l'action différenciatrice
des bourgeons d'endive sur les tissus sous-jacents" (1944) sont bien caractéristiques de certains
axes de recherches de l'époque.
Les cytokinines surtout vont jouer un rôle important dans l'étude in vitro des corrélations
entre régulateurs de croissance et l'organogenèse.
F. SKOOG (1957) montre, à partir de parenchyme médullaire de tabac, comment les
interactions entre auxines et cytokinines orientent les tissus, tantôt vers la néoformation de racines,
tantôt vers un développement continu de tissus indifférenciés, tantôt vers la néoformation de
bourgeons.
Tableau 2.1: Principaux constituants entrant dans la composition d'un milieu de culture.
(D'après J. Boccon-Gibod.)
Tableau 2.2 : Composition de deux milieux de culture usuels.
MS (Murashige et Skoog) et B5 (Garnborg, Miller et Ojimak).
FIGURE 2.8: Structure chimique de quelques régulateurs do croissance utilisés en
culture in vitro
.
A) Les trois principales auxines : AIA = acide β-indolylacetique ; ANA = acide
naphtylacétique; 2,4-D = acide 2,4.dichlorophénoxyacétique ;
B) Quelques cytokinines : kinétine = 6 furfurylaminopurine ; zéatine; 2iP = 2-isopenté-
nyladénine et BA, benzyladénine = 6 benzylaminopurine;
C) Une gibbérelline: GA3, l'acide gibbérellique;
D) L'acide abscissique.
2.2.3. Les caractères physiques du milieu
Les caractères physiques du milieu sont également importants. La consistance peut être
liquide ou solide. Les milieux liquides doivent être agités pour éviter la sédimentation et maintenir
l'oxygénation. Pour les milieux solides, on introduit de l'agar-agar à des concentrations qui varient
selon le type d'organe cultivé. Au cours des différentes phases d'une culture, on peut être amené
à modifier la consistance du milieu. Le pH, ajusté avant l'autoclavage, est généralement compris
entre 5 et 6 : ces valeurs sont assez élevées pour que les sels restent en solution, mais suffisamment
basses pour permettre une croissance rapide et la différenciation des tissus. Les échanges gazeux
doivent pouvoir s'effectuer par diffusion au travers des dispositifs de fermeture des récipients ; en
particulier, l'oxygénation joue un rôle important sur le développement des cultures.
2.2.4. Les facteurs de l'environnement
Les facteurs de l'environnement — lumière, température et humidité — doivent être
étroitement contrôlés. Le rôle de la lumière est important dans l'orientation morphogénétique. La
température est généralement maintenue constante de 22 à 25 °C, et l'humidité relative est voisine
de 100 % dans la plupart des cas.
2.2.5. La culture in vitro nécessite la maîtrise de l'acclimatation
Nous avons vu dans les chapitres précédents que les jeunes plants horticoles produits par
les laboratoires de culture in vitro sont fournis aux producteurs en bocaux de verre ou en boîtes
de matière plastique avec leur milieu de culture gélosé. Le repiquage de ces plants sur un substrat
horticole et leur culture en serre constituent la phase de production que l'on appelle
"acclimatation". Cette technique peut être réalisée de différentes façons :
- Par l'entreprise assurant la culture in vitro ;
- Par l'horticulteur lui-même ;
- Par un établissement spécialisé dans la production de jeunes plants.
La conduite de l'acclimatation est simple dans son principe : les facteurs de réussite sont
les suivants : choix du substrat, arrosages (fertilisants ou non), température, humidité relative,
lumière, sans oublier un point fondamental : le contrôle très strict de l'état sanitaire du milieu et
du plant.
2-2-6- Facteurs de reussite
a/ Substrat
Tout substrat utilisé en multiplication traditionnelle peut convenir : le "classique" mélange
2/3 tourbe et 1 /3 sable (ou perlite) est fréquemment employé de même que les substrats prêts à
l'emploi, à base de tourbe. Lorsque les plants sont destinés à la culture hors-sol de fleurs coupées,
on peut utiliser les laines de roche (ou bien d'autres substrats inertes) dont les qualités physiques
(rétention en eau et en air) et sanitaires (absence de germes pathogènes) sont des facteurs de
réussite indéniables.
b/ Arrosages
Les arrosages peuvent être réalisés par aspersion ou manuellement (pour de petits lots)
; la technique du mist-system ou celle du fog-system est fréquemment employée ; elle offre
l'avantage de réaliser l'apport d'eau à des rythmes déterminés par l'insolation de la serre. Pour
certaines productions (Rosier, Gerbera, ...) acclimatées en laine de roche, on pratique l'arrosage
fertilisant avec la même solution nutritive que celle distribuée en culture.
FIGURE 2.9 - La production du Saintpaulia à partir de la micropropagation in vitro
1 - Réception des bocaux contenant les plants issus in vitro
2 - Division des plants
3 - Repiquage
4 - Empotage (pots de Ф 11 cm), trois mois après
5 - Vue générale d'une culture, au premier plan, après six mois de culture, au deuxième plan,
après sept mois de culture.
FIGURE 2.10 - Acclimatation et culture du Gerbera sur laine de roche
(travaux de recherches H.VIDALIE, M.LAFFAIRE et Liliane BRISSET)
1- Réception des vitroplants en bocal de culture.
2- Après lavage des racines pour éliminer la gélose, les plants sont triés.
3- Repiquage des plants en cubes de laine de roche (Cultilène).
4- La culture des plants peut s'effectuer dans des "bouchons" de laine de roche chez
les spécialistes (Microviv).
5- Acclimatation des plants (après 10 jours).
6- Serre d'acclimatation avec brumisation automatique (Microviv).
7- Plant acclimaté avant sa mise en place sur les pains de laine de roche.
8- Vue générale de la serre d'expérimentation à l'ENITHP (Angers), après "plantation" des
cubes.
9- Vue d'ensemble d'un essai après 4 mois et demi de culture.
(Photos 1, 2, 3, 5 , 7, 8, 9 : H. Vidalie ; 4 et 6 : Microviv)
c/ Température
Tout comme en serre de multiplication traditionnelle, la température sera choisie en
fonction de l'espèce cultivée. Mais, généralement, la température de fond est réglée à 1820° C.
d/ Humidité relative
C'est l'un des facteurs de réussite le plus important. Passant d'un microclimat strictement
contrôlé au climat d'une serre, le plant doit être placé le plus rapidement possible dans une
atmosphère à humidité relative élevée et bien contrôlée (voir § Arrosages : mist et fog-system)
: un taux de 80 à 90 % est indispensable pendant les premières semaines. On peut également
maintenir cette H.R. en recouvrant les caissettes de culture d'un film de polyéthylène (perforé ou
non) ou d'un voile en polypropylène que l'on soulèvera régulièrement pour contrôler l'état sanitaire
des plants.
e/ Lumière
La maîtrise de ce facteur est déterminée par l'espèce cultivée en fonction de l'époque
d'acclimatation ; les conditions optimales d'éclairement sont précisées dans les ouvrages
spécialisées traitant des productions horticoles.
Nous avons pu vérifier que ce facteur jouait également un rôle important dans
l'acclimatation de certaines plantes héliophiles telles que le Gerbera ; en Anjou, un ensoleillement
normal en mai-juin permet un gain d'une à deux semaines en durée d'acclimatation par rapport à
un ensoleillement défectueux. Pour ces végétaux (Gerbera, Rosier,...), l'éclairage d'appoint est
indispensable en période hivernale (et printanière en Europe du nord) : on applique généralement
un éclairement continu avec des lampes dont le spectre se rapproche le plus possible du spectre
solaire. Actuellement, les lampes à vapeur de sodium de 400 watts sont très utilisées. Elles
permettent d'obtenir un éclairement minimum de 2 000 lux que l'on applique après 22 heures ou
même toute la journée lorsque l'ensoleillement est très défectueux (éclairement inférieur à 1 000
lux en serres).
f/ Contrôle de l'état sanitaire
Un vitro plant doit être placé dans un environnement dont l'état sanitaire est parfaitement
contrôlé : substrats et contenants neufs, supports de culture désinfectés (à l'eau de Javel diluée par
exemple) ; en outre, des traitements phytosanitaires seront appliqués à titre préventif pour éviter
le développement de Botrytis cinerea en particulier.
Résumé du deuxième chapitre
La multiplication végétative n’est pas naturelle pour de nombreuses plantes : Il a donc
fallu développer des techniques particulières pour faciliter ce mode de propagation ;
par les méthodes traditionnelles et les méthodes biotechnologiques « culture in vitro ».
1) La multiplication végétative artificielle par les techniques traditionnelles est
assurée par les organes non spécialisés : bouturage, marcottage et greffage.
▪ Le bouturage : consiste à mettre en terre un fragment de plante dépourvu de
racines.
▪ Le marcottage : Est un type particulier de bouturage dans lequel la bouture
reste liée à la plante mère jusqu’à la formation de ses propres racines.
▪ Le greffage : consiste à implanter dans le tissu d’un végétal un bourgeon
ou un fragment d’organes portant des bourgeons détachés du même
individu ou d’un autre.
▪ Le but de cette technique agronomique est d’associer les qualités
respectives des deux plantes. L’une le porte greffe ou sujet qui fournit le
système racinaire et l’autre le greffon ou le scion, fournit le système aérien.
▪ Les organes adventifs formés à partir des techniques traditionnelles
exploitent les propriétés fondamentales des cellules végétales : la
totipotence et la dédifférenciation.
2) La multiplication végétative artificielle par les méthodes biotechnologiques «
culture in vitro » :
▪ La biotechnologie végétale est probablement la science la plus
ancienne, elle résulte d’un mariage entre la science des êtres vivants, la
biologie et un ensemble de techniques nouvelles de laboratoire. Les
biotechnologies végétales reposent principalement sur les cultures in vitro
(culture dans le verre). C’est un mode de multiplication végétative artificielle
des plantes.
▪ Il s’agit d’un ensemble de méthodes faisant intervenir d'une part
l'asepsie (stérilisation du matériel, désinfection des explants), et d'autre part
des conditions de culture parfaitement contrôlées (milieux de culture définis
pour chaque type de plante, température, lumière, humidité,).
▪ Le but de cette culture in vitro est de permettre la régénération de la
plante entière autonome et fertile à partir de la propriété des cellules végétales
: la totipotence. (-poten: pouvoir, toti- : tout): elles ont la possibilité de revenir
à un état embryonnaire, et de se redifférencier en toute cellule spécialisée qui
serait nécessaire pour former une nouvelle plante.