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Presence No 105

Il s’agit de citation de Maurice Zundel, pretre mystique.

Transféré par

Pierre Philippe Joly
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© © All Rights Reserved
Nous prenons très au sérieux les droits relatifs au contenu. Si vous pensez qu’il s’agit de votre contenu, signalez une atteinte au droit d’auteur ici.
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§ Contemplation

§ Réalités terrestres - réalités divines


§ Biologie religieuse et mystique ecclésiale
§ La Présence de Jésus nous est confiée

No 105 – Janvier 2019


Publication trimestrielle des AMZ Canada
Sommaire

Ø À nos amies et amis de Maurice Zundel 3

Ø Contemplation 4

Ø Réalités terrestres - réalités divines 6

Ø Un univers de participation (Capra) 10

Ø Biologie religieuse et mystique ecclésiale. 12

Ø Appelés à devenir des créateurs (Pison) 23

Ø La Présence de Jésus nous est confiée 26

Ø Nouvelles de votre association 29

Ø Texte de Jean Debruynne 32

« C’est à nous de t’aider, mon Dieu, et de défendre jusqu’au


bout la demeure qui t’abrite en nous. »

« C’est à nous de te rendre présent dans notre monde, de


protéger ta vie en nous, mon Dieu. »

Etty Hillesum
Journal 12 juillet 1942

2
À nos amies et amis de Maurice Zundel

Présence fête Noël avec ce bulletin sur l’Incarnation. Chaque


texte de Zundel nous fait découvrir ce grand mystère de notre vie
chrétienne avec des accents et des colorations différentes.
À travers les textes de Zundel, l’Incarnation c’est la
valorisation infinie de l’homme, le Royaume maintenant, Jésus sur
nos chemins. C’est aussi le mystère qui reprend cette caractéristique
divine, leitmotiv de Zundel : le dépouillement est libérateur et fait de
la place pour l’amour.
Le grand texte : «Biologie religieuse et mystique ecclésiale» est à lire
comme on boit un élixir. C’est un texte qui peut nous refonder, nous
transformer, nous libérer. C’est aussi un regard original, inattendu,
sur l’Église. Nous souhaitons que vous le receviez comme ce qu’il a
été pour nous : un cadeau.
En ce début d’année 2019, bonne, heureuse et sainte année.
Le comité du Bulletin Présence se joint à la prière de Sr Élisabeth de
la Trinité pour que les grâces de ce grand mystère de l’Incarnation du
Verbe éternel, dans la Révélation en Jésus de Nazareth et dans
l’Église, se répandent dans tout l’univers :
Ô Feu consumant, Esprit d’amour, survenez en moi afin qu’il se fasse
en mon âme comme une incarnation du Verbe : que je lui sois une humanité de
surcroît en laquelle il renouvelle tout son mystère.
Colette Pasquis

À celui qui me demanderait pourquoi…Dieu s’est-il fait


homme, ce qui fut le plus sublime ? Je dirais pour que Dieu naisse
dans l’âme et que l’âme naisse en Dieu. C’est pour cela que toute
l’Écriture est écrite, c’est pour cela que Dieu a créé le monde.

Maître Eckhart, Sermon 38 Missus est tiré de Dom


André Gosier

3
Contemplation1
Maurice Zundel
Recherche de la personne p. 54

Qui ne s'est senti comme transporté en prière devant le spectacle


merveilleux d'un petit enfant qui dort ?
La vie en sa fraîcheur intacte y respire avec un suprême abandon.
Il semble qu'elle baigne en une tendresse infinie, qu'elle communie à
une Présence invisible. Le visage s'éclaire d'un sourire intérieur où
passe toute la lumière de l'âme.
Les possibilités innombrables qu'elle enclôt ont la pureté native
du don. Rien n'est encore approprié ; la grâce de la Source affleure
ingénument et glisse en rayons subtils des paupières recueillies sur la
rondeur exquise des joues.
Le père et la mère sont là, retenant leur souffle devant la majesté
de cette innocence dont le regard endormi semble contempler le
monde intérieur et s'insinuer en eux, pour leur faire voir à sa propre
clarté toutes les blessures qu'ils ont infligées à l'Esprit.

1
Ndlr : notre titre
4
Peut-être est-ce là la plus sublime image du jugement dernier :
une sorte de confrontation silencieuse avec l'innocence de Dieu.
L'homme et la femme réalisent la distance entre ce qu'ils furent et
ce qu'ils auraient dû être pour être dignes de ce trésor.
Ils se sont aperçus un jour qu'étant deux ils étaient trois et que
par leur amour une vie nouvelle était entrée dans son cycle
mystérieux.
Ils avaient attendu celui qui devait être homme ou femme. Mais
lui les attendait-il aussi ?
Est-ce eux qu'il aurait choisis s'il avait pu choisir ?
Quelle serait la rencontre avec cet inconnu dont on ne pouvait
qu'imaginer le visage ?
"Est-ce qu'on se reconnaîtrait ?"

Les traits de l'enfant leur sont devenus vite familiers. Ils ont
démêlé ce qu'il tenait de chacun d'eux, les ressemblances qu'il offrait
avec tel ou tel de ses ascendants.
Pourquoi l'image qu'ils s'en sont faite leur échappe-t-elle ce soir ?
Quelle réserve les tient en suspens comme s'ils découvraient soudain
un visage nouveau, comme s'il y avait là plus que leur enfant ?
Ils ont le sentiment d'une présence infinie unie à la plus
mystérieuse fragilité, qui tout ensemble les subjugue par sa pureté et
les attendrit par sa faiblesse : comme si Dieu même leur était confié.
La dignité humaine se révèle à eux dans cette transparence à Dieu. Ils
comprennent que c'est à intégrer celle-ci dans la personne par un
consentement de tout l'être que doit tendre l'éducation et qu'il
faudrait pour accomplir cette oeuvre de clarté qu'ils fussent eux-
mêmes miroir et lumière.

5
RÉALITES TERRESTRES - RÉALITES DIVINES
Maurice Zundel
Manuscrit, date et lieu inconnus.

On pense communément que le partage se fait ainsi : aux


croyants le Ciel, aux habiles la Terre.
C’est faux ; la terre fait partie du Royaume de Dieu. C'est un tout
indivisible, un ensemble parfaitement lié.
A celui qui ne reconnaît point ses limites, qui refuse de se perdre
en un meilleur que soi, l'univers pareillement se refuse et ne peut plus
donner sa joie.
Cette affirmation pourra paraître excessive. Elle montre en tous
cas que nous sommes conscients du problème et de l'angoisse qu'il y
a dans l'effort pour joindre harmonieusement le sensible et le
spirituel, pour accorder la chair et l'esprit.
Pour une conscience qui s'écoute, en vérité, quelle confrontation
et quelle mise en demeure !
Car il n'y a pas moyen de rester neutre. On ne peut feindre de
fermer les yeux sur le monde sensible. On ne peut davantage
méconnaître l'amplitude du vouloir.
Poser un acte humain, en effet, c'est requérir l'infini. L'objet vaut
pour autant qu'il est lui-même l'Absolu, pour autant, tout au moins,
qu'il en porte le reflet. Il suit de là que nos choix ne pourront se
défendre à nos yeux qu'à titre d'étapes dans la conquête du souverain
bien que chacun nomme le bonheur. (En comprenant d'ailleurs, dans
l'extension de ce terme, ce bonheur sublime qui est de consentir au
sacrifice de son bonheur, si cela est nécessaire, hypothétiquement, au
bonheur d'un meilleur que soi.)
Alors, malheur aux choses et aux êtres que nous aimons ! Nous
ne leur laissons point de repos, qu'ils ne nous aient révélé le secret
des abîmes, que nous n'ayons bu à la source d'où tout procède, où
tout revient.

6
Il suffit de nommer Faust, pour savoir où peuvent conduire ces
exigences.
Tout l'intérêt de la tragédie de Goethe, et comme sa mission
particulière entre les monuments de la littérature universelle, c'est,
aussi bien, de mettre à nu un grand mystère, et l'impuissance de
l'homme à le résoudre.
Tout l'ordre visible, jeté dans le pressoir et foulé aux pieds du
géant, ne donnera que des larmes et du sang.
L'objet flétri, la nature violée,
privés simplement de leur éclat,
demeurent impénétrables. Aux yeux de
la chair, l'infini ne peut paraître, et les
mains ne le peuvent saisir.
Un autre regard est indispensable,
un autre toucher : il faut pour trouver
le monde, le dépasser. Car le divin est,
dans les roses, non point leur
substance, mais leur cause seulement, « La rose thé jaune
et leur éternelle raison, et la lumière s’est ouverte. Ce jaune,
mystérieuse qu'elles révèlent, autant qui pourtant n’est pas du
qu'elles durent, suivant le degré de leur tout jaune, devrait suffire
transparence. à vous faire croire en
Elles-mêmes, aussi bien, nous Dieu. »
crient : montez plus haut, ce n'est pas Etty Hillesum
Journal 17 juin 1942
nous. Ipse fecit nos, c'est lui qui nous a
faites.
Comment la fleur répondrait-elle de sa beauté qui passe avant
elle, ne pouvant répondre de son être, lui-même passager ? Ce n'est
qu'un moment, c'est un vestige d'une autre splendeur.
Au premier instant que vous admiriez, vous l'avez peut-être
pressenti : il n'y avait tant de plénitude en votre joie, qu'à raison de la
rencontre, dans cette beauté, de la beauté.
Les limites s'effaçaient, la matière diaphane n'était plus qu'un
voile de lumière sur ce visage ineffable.
L'espace d'un éclair, vous avez vu la vraie face des choses, comme
la joie de l'univers, et rencontré l'infini.
7
La lumière de ton visage s'est levée sur nous, Seigneur, tu as versé la joie dans
nos cœurs.
Il en est bien ainsi : il y a dans les choses telles perfections que
nous ne pouvons concevoir qu'illimitées. Leur notion même nous
entraîne au-delà de leur réalisation présente, vers l'océan sans borne
de l'être, et ce qu'il y a de plus parfait dans l'ordre créé, inclut en sa
valeur propre, une valeur de signe.
Il faut même dire, puisque à tout être convient une certaine
excellence, que tout être possède une aptitude essentielle à nous faire
connaître le Divin. C’est de cette manière que l'infini est dans les
choses. C'est par là que toute réalité devient vénérable, et que le
monde entre dans la grandeur : une nouvelle terre, de nouveaux cieux.
Mais c'est surtout un autre regard chargé d’amour et de respect.
La nature ne se défend plus, elle ne dit plus : Ne me touche pas, car je
ne suis pas encore monté vers mon Père.
Avec le cœur de l'homme, elle est montée vers le Père. Il va de
soi qu'une telle pureté du regard, et une telle liberté dans nos rapports
avec la création, supposent une véritable reconnaissance, celle même
dont il est parlé au chapitre 3 de saint Jean, v. 3-8.
Il sait qu'on possède en esprit, selon la vérité, tout ce que
découvrent les yeux. Chaque chose lui est tout.
Il n'est pourtant l'esclave d'aucune, car si la fleur se dessèche sous
le feu de midi, le rocher brûlant, tout autant, lui reflétera la face de
Dieu.
A plus forte raison, les hommes -dans le plus beau sens du terme-
trouveront-ils grâce à ses yeux. .
Il frissonnera de bonheur, ayant secouru le mendiant qu'il sait
bien avoir été : Jésus-Christ. Alors il s'en ira, par le monde, chanter le
Cantique du Soleil, portant même salut aux hommes et aux choses : le
Seigneur avec vous !
Le nom de saint François, se présente ici, de lui-même. Cette
vision symboliste de l'univers, cependant, ne lui appartient point en
propre.
La plus humble femme y participe, qui se signe en entrant dans
l'église. L'Eglise est la source.
8
Elle nous dit que, par la vertu du Christ, la matière conduit à
l'Esprit et le donne.
Elle appelle toute créature à louer le Seigneur, attentive à susciter,
par ses bénédictions, les ressources spirituelles que chaque être porte
en soi.
Ceux qui la regardent du dehors, ne pouvant croire qu'il y ait en
elle tant de jeunesse et tant de foi, l'accusent de matérialiser l'Esprit.
La vérité, c'est qu'elle spiritualise la matière, en la marquant du sceau
de Dieu.
Nous n'avons plus à nous diviser d'avec le monde qui nous
entoure. Et l'unité, dans nos esprits et dans nos cœurs, nous fait
connaître tout ce qu'il y a de réalité dans ce titre de Sauveur que nous
donnons avec tant de raison.
Au Verbe fait chair pour que la chair pût devenir Verbe du Père.

Dieu a tant aimé les hommes qu’Il leur a donné son Unique ;
Et le Verbe s’est fait FRÈRE,
Frère d’Abel et aussi de Caïn,
Frère d’Isaac et d’Ismaël à la fois,
Frère de Joseph et des onze autres qui le vendirent,
« Frère de la plaine » et « frère de la montagne »1,
Frère de Pierre, de Judas, et de l’un et l’autre en moi.

Christian de Chergé
Moine de Tibhirine
cité par Yves Bériault
dans Seul l’amour a de l’avenir

1 Allusion aux frères ennemis, soldats et islamistes.

9
Un univers de participation
Fritjof CAPRA
LE TAO de la Physique, p. 143 et sv.
J’ai Lu, Mars 2018

En physique atomique, donc, l'homme de science ne peut pas


jouer le rôle d'un observateur objectif détaché, il est au contraire
impliqué dans le monde qu'il observe au point d'influencer les
caractéristiques des phénomènes examinés.
John Wheeler considère cet engagement de l'observateur comme
le trait distinctif de la théorie des quanta, et il a donc suggéré de
remplacer le mot d'«observateur» par celui de «participant».
Selon les termes mêmes de Wheeler, « le plus important, dans le
principe des quanta, est qu'il détruit la notion du monde extérieur à un
observateur séparé de lui sans risques par une épaisseur de 20 centimètres de verre.
Même pour observer un objet aussi minuscule qu'un électron, l'observateur doit
briser le verre. Il doit atteindre l'objet. Il doit installer l'équipement de mesure
qu'il a choisi. C'est à lui de décider s'il mesurera la position ou la vitesse. En tout
état de cause, il ne peut mesurer les deux. En outre, la mesure modifie l'état de
l'électron. L'univers ne sera jamais le même ensuite. Pour décrire ce qui s'est
produit, il faut rayer l'ancien mot d' "observateur " et lui substituer le terme de
"participant". D'assez étrange façon, l'univers est un univers de participation » 2
La notion de «participation au lieu d'observation» n'a été que
récemment formulée en physique moderne, mais elle est familière à
n'importe quel disciple. La connaissance spirituelle ne peut jamais
être obtenue par la simple observation, mais seulement par une
complète participation de l'être entier. Cette notion de participant est
donc décisive dans la conception extrême-orientale du monde, et les
Orientaux ont poussé cette notion jusqu'à l'extrême, au point où
observateur et observé, sujet et objet, ne sont pas seulement
inséparables, mais deviennent également indiscernables. Les
mystiques ne sont pas satisfaits d'une situation analogue à celle de la

2
J. A. Wheeler, dans J. Mehra (édit.), La Conception de la nature selon les
physiciens, p. 244

10
physique atomique, où l'observateur et ce qui est observé ne peuvent
être séparés, mais peuvent cependant être distingués
Ils vont beaucoup plus loin, et, en état de profonde méditation,
ils atteignent un point où la distinction entre l'observateur et ce qui
est observé s'effondre complètement, où sujet et objet fusionnent en
un ensemble indifférencié et unifié.
Ainsi les Upanishad disent-elles : «Là où il y a dualité, pour ainsi
dire, on voit l'autre, on sent l'autre, on goûte l'autre. Mais là où
chaque chose est devenue soi-même, comment et que verrait-on ?
Comment et que sentirait-on ? Comment et que goûterait-on ?» Cela,
donc, est la compréhension ultime de toutes choses.
Elle est atteinte, nous disent les mystiques, dans un état de
conscience où l'individualité se fond en une unité indifférenciée, où le
monde des sens est transcendé et la notion de phénomènes dépassée.
Selon Tchouang-tseu : «La relation avec le corps et ses éléments
disparaît. Les organes des sens sont laissés de côté.
Ainsi, quittant la forme matérielle et disant adieu à mon savoir, je
deviens uni à l'omniprésent. Cela je l'appelle s'asseoir pour oublier
tout.»
Bien entendu, la physique moderne fonctionne dans un cadre très
différent, elle ne peut aller aussi loin dans l'expérience de l'unité de
toutes choses. Mais, avec la théorie atomique, elle a accompli un
grand pas vers la vision du monde des mystiques orientaux. La
théorie quantique a aboli la notion d'objets séparés et introduit la
notion de participant pour remplacer celle d'observateur ; il est
désormais nécessaire d'inclure la conscience humaine dans sa
description du monde.
On en est venu à percevoir le monde comme un tissu de relations
mentales et physiques, dont les éléments sont définissables seulement
dans leur rapport à l'ensemble.

11
Biologie religieuse et mystique ecclésiale.
Maurice Zundel
Conférence à Saint - Séverin, Paris,
le 10 décembre 1961.

L’Église, quelle Église ?


L'Église est une découverte à faire. Elle sera, pour chacun de
nous, ce que nous la ferons. L'Église est pour beaucoup un scandale :
elle leur apparaît comme un conglomérat d'intérêts temporels et
politiques voire financiers, couverts par un Évangile désamorcé,
proclamé sans être vécu au profit des prêtres qui en tirent leur
subsistance, en flattant les bien-pensants qui sont aussi les bien-nantis
par une théologie retardataire qui consacre leurs préjugés et leurs
privilèges.

C'est, plus sinistrement encore à leurs yeux, une sorte d'État dans
l'État qui, partout où il le peut, s'insinue dans les gouvernements et
tente de capter leur appui pour imposer sa tutelle aux esprits et aux
consciences en exploitant, plus ou moins habilement, toutes les peurs
des hommes et leur inépuisable crédulité.

Religion et civilisation
Pour apprécier ce tableau, il faut d'abord distinguer entre biologie
religieuse et religion authentique. Aucun peuple, aussi bien n'a choisi
sa religion qui coïncide presque partout, au moins dans les périodes
décisives, avec des frontières politiques.
12
Constantin et Clovis ont opté pour le Christianisme, comme les
conquêtes de l'Islam ont imposé le Coran. Au bout de quelques
générations, la conversion forcée et en masse est acquise et la religion
nouvelle fait partie des déterminismes que chacun trouve dans son
berceau. Pour s'imposer, la nouvelle religion a dû, naturellement,
composer avec des usages et des croyances populaires qui survivront
sous d'autres noms et accepter de servir le pouvoir qui lui a donné la
préférence.

Après des siècles, elle imprègne la sensibilité de ceux-là mêmes


qui en sont détachés : comme Psichari, encore incroyant, se sentait
chrétien en face d'un musulman convaincu, comme Proust, Rodin et
Barrès, défendaient les cathédrales, ou Maurras «l'ordre catholique» qui
lui semblait perpétuer l'équilibre lucide et sagement rationaliste
d'Athènes ou de Rome.

On comprend, assurément, qu'un artiste soit sensible à un climat


qui se confond, pour lui, avec le patrimoine ancestral et culturel
auquel il se sent lié. Ces valorisations esthétiques ou politiques
peuvent sans doute contenir une part de vérité, mais elles
représentent davantage une adaptation de la religion à l'homme
qu'une adaptation de l'homme à la religion.

Il faut distinguer, ensuite, entre hommes d'église et Église. Les


prêtres sont des hommes et, en tant que tels, ils peuvent, comme tout
le monde, être affectés d'une biologie religieuse qu'ils confondront de
bonne foi avec la religion car, eux aussi, croient trouver, dans l'Église,
le climat qui correspond à leur tempérament et se persuadent
aisément que leurs options politiques, sociales ou raciales, trouvent en
elle une consécration qu'ils prennent pour l'orthodoxie. Ainsi naît le
cléricalisme qui est, précisément, la substitution d'une biologie
religieuse à la religion. Heureusement, les hommes d'église ne
peuvent être identifiés purement et simplement avec l'Église
considérée dans son essence propre.

Naissance de l’Église : de Jésus à l’Esprit Saint


Qu'est-ce donc que l'Église ? Pour saisir son apparition, il faut se
rappeler que la vie de Jésus se termine par un échec. Il n'a pas fait,
avant de mourir, un seul disciple capable de le comprendre. Cet
échec, nous le lisons, reconnu par lui dans cette parole étrange
13
rapportée en l'Évangile de saint Jean : «Il est bon que je m'en aille car, si je
ne m'en vais pas, le Paraclet (l'Esprit Saint) ne viendra pas à vous.»

«Il est bon que je m'en aille.» La présence visible de son humanité
serait donc un obstacle à leur foi ? C'est qu'ils l'ont ramenée à leur
mesure en la chargeant de tous leurs rêves et de toutes leurs
ambitions. Ils n'ont pas perçu son caractère sacramentel. Ils l'ont vue
devant eux, au lieu de la rencontrer au dedans d'eux-mêmes. Jésus est
donc entré seul dans son agonie. Les disciples dormaient.

Après avoir vaincu la mort, c'est-à-dire après la Résurrection, il ne


les trouvera pas plus ouverts. La dernière question qu'ils lui posent, à
la dernière apparition, concerne le rétablissement du royaume en
faveur d'Israël. Ils en sont toujours là, ils ne veulent pas en démordre,
ils attendent encore qu'il les conduise à la gloire et qu'il les fasse siéger
sur des trônes, comme ils l'ont si passionnément rêvé.

En dépit de toutes ces insuffisances, avant même l'illumination


décisive par l'effusion de l'Esprit, en dépit de toutes ces limites, Jésus
les envoie. Il les envoie «à toutes les nations jusqu'aux extrémités de la terre.»
C'est ainsi qu'ils prendront sa mesure qui est d'être universel et
illimité. Il faut qu'ils se fassent fils de l'Homme avec lui pour devenir,
avec lui, fils de Dieu.

Mais comment rempliront-ils une pareille mission avec les


horizons bornés auxquels ils se cramponnent ? Ce serait une gageure
s'il devait les laisser seuls. Mais, justement, il ne les abandonne pas :
«Je ne vous laisserai pas orphelins, je viendrai à vous.» Il ne les quitte que
pour qu'ils puissent le trouver.

Il revient effectivement dans le feu de la Pentecôte mais, cette


fois, il s'établit au-dedans d'eux-mêmes. C'est la première Parousie3.
Sa présence les remplit et aussitôt leur mission commence qui est de
conduire tout homme à ce Christ qui les habite.

3
Retour du Christ sur la terre. Le second devrait advenir à la fin du
monde.
14
Le christianisme est une personne : Jésus
Car l'Évangile apostolique n'est pas un discours sur Jésus, ni
même un discours -consigné par écrit- de Jésus : l'Évangile
apostolique, c'est Jésus lui-même. Le Christianisme, en effet, est une
personne comme Jésus devra bientôt l'affirmer. Aussi bien, la lumière
qu'il apporte est-elle inséparable de sa personne. Elle résulte en effet
de la transparence de son humanité, de son suprême dépouillement,
de l'impossibilité pour elle de limiter le jour divin par aucune espèce
d'appropriation.

C'est cette lumière issue de la divine pauvreté qui nous arrache


aux limites du langage et à la stérilité des commandements. Malheur à
nous si nous n'avions affaire qu'à des discours de lui rapportés par
d'autres, qu'à une doctrine séparée de sa personne. Nous savons trop,
en effet, que des tonnes de discours n'ont jamais changé rien à rien.
Nous savons que le langage est toujours limité parce qu'il devient très
vite inadapté à l'évolution de l'humanité et qu'il donne lieu au
foisonnement des commentaires qui ne font que diviser les esprits.

Heureusement, l'Évangile c'est Jésus, l'Évangile c'est la lumière


qu'il est et que nous sommes appelés à devenir. C'est donc moins un
enseignement que la lumière qui discerne tout enseignement, la
lumière qui fait voir en éclairant chaque chose par l'innocence
incorruptible du regard sans frontière et sans partialité qui réfère
toute réalité à un ordre d'amour où elle se situe à son rang de valeur.
Elle fait voir plutôt qu'elle ne propose des objets à voir, des
constatations ou des notions à enregistrer.

La lumière de l'Évangile, dans le Christ toujours vivant, nous


empêche avant tout de nous limiter et de nous arrêter à des vues
contingentes. C'est pourquoi, elle peut nous introduire en toute
vérité, car la vérité est, en toute chose, cette aptitude à devenir
lumière en l'esprit par une référence, comme nous venons de le noter,
à un ordre d'amour qui s'identifie avec la transparence de la divine
pauvreté.

Toute réalité, dans cette perspective, est ouverte, est une allusion
à cette Présence incorruptible, à cette innocence infinie, à cette
pauvreté abyssale. Et la foi qui enracine en nous cette divine
transparence est très justement définie par le grand poète Coventry
15
Patmore comme «la lumière de la flamme d'amour». L'Évangile
apostolique qui la veut allumer en nous comme un nouveau regard,
c'est donc plus qu'une doctrine : à travers les Douze qui furent ses
compagnons, c'est Jésus lui-même.

Il n'en reste pas moins vrai que, sur le plan visible, ce sont les
Douze qui parlent et ceux qu'ils associent à leur ministère dans la
petite communauté qui constitue l'Église naissante. C'est «en forme
d'Église », aussi bien, que Jésus prend possession de l'histoire. Tout ce
que nous savons de lui, tout ce que nous tenons de lui nous est
transmis par elle. C'est elle qui a écrit, en plusieurs étapes, les livres du
Nouveau Testament dont les exemplaires, d'abord isolés, n'ont été
définitivement réunis que vers la fin du 2e siècle.

On ne peut donc l'enfermer dans ces textes, ni les opposer,


puisqu'ils émanent d'elle. Sa foi s'y exprime assurément mais ne s'y
emprisonne pas. Le Christianisme n'est pas la religion d'un livre.

«Mes archives à moi, c'est Jésus-Christ», répond avec une magnifique


liberté saint Ignace d'Antioche aux disputeurs qui prétendent le
coincer par les textes qu'ils lui opposent. Oui, ne cesserons-nous de
dire avec lui, nos archives c'est Jésus-Christ, Jésus-Christ toujours
vivant et toujours présent. Mais cela suppose évidemment que le
témoignage apostolique est le propre témoignage de Jésus, que la voix
des Douze et de leurs collaborateurs n'est que l'écho de la sienne et
qu'il demeure le seul gardien et le seul interprète de la Parole qu'il est.

C'est précisément ce que Saul apprendra sur le chemin de


Damas : «Je suis Jésus que tu persécutes». Dans un unique éclair, dans la
même illumination, Saul, qui devient saint Paul, connaît Jésus dans
l'Église et l'Église en Jésus. C'est dans cette circumincession, dans cette
inhabitation réciproque de Jésus et de l'Église qu'il est initié au mystère
qui va faire de lui l'Apôtre des Nations.

L’Église, un sacrement tout entier effacé en Jésus


«Je suis Jésus» : toute la théologie de l'Église est là. L'Église, c'est
Jésus. Cela veut dire que tout ce qui n'est pas Jésus, les personnes, les
institutions, les livres, les rites, les décisions dogmatiques ou
disciplinaires, cela veut dire que tout ce qui n'est pas Jésus est
sacrement de Jésus, signe qui représente et communique la vie et la
16
personne même de Jésus. C'est pourquoi, la hiérarchie, sous le nom
de laquelle nous désignons les responsables de la vie ecclésiale, ne
peut être qu'une hiérarchie de pauvreté.

Nous avons reconnu déjà que la pauvreté est la clé du


Christianisme : elle resplendit au cœur de la Trinité, elle rend
diaphane l'humanité de Jésus, elle est inscrite au coeur de l'Église
perçue comme un mystère de foi.

La hiérarchie ecclésiale est donc une hiérarchie de pauvreté. Elle


n'accomplit sa mission que par une démission qui l'efface totalement
en Jésus. Nous n'avons qu'un seul maître en effet : Jésus qui est le
ferment de notre libération, Jésus qui nous révèle notre liberté et qui
nous en donne la clé, en nous introduisant justement au coeur de la
divine pauvreté.

C'est cette pauvreté dans l'Église, c'est cette démission radicale,


constitutive de la hiérarchie qui est la garantie absolue de notre
liberté. A travers les hommes d'Église, Jésus seul a prise sur nous.
L'infaillibilité ministérielle du prêtre, c'est-à-dire le fait que la grâce
des sacrements ne dépend aucunement de la dignité du prêtre,
l'infaillibilité ministérielle du prêtre comme l'infaillibilité magistérielle
des Conciles Universels et du Pape quand ils promulguent une
définition irréformable, signifie explicitement que nous sommes
absolument affranchis et préservés des limites humaines des prêtres
et des hiérarques qui sont uniquement les sacrements d'une grâce qui
jaillit d'une source hors de leur atteinte ou d'un témoignage dont ils
ne peuvent aucunement disposer et qu'ils ne comprennent d'ailleurs
pas plus, ou, plus exactement, pas autrement que la femme illettrée
qui balaie la chapelle du Pape ou la salle du Concile.

Il importe de le bien saisir : l'infaillibilité veut dire, précisément, à


tout homme d'Église dont elle couvre le ministère : « Nous n'avons
jamais affaire à vous, ni à votre intelligence, ni à votre sagesse, ni à votre vertu, ni
à la manière dont vous comprenez les choses. Tout cela ne nous concerne
aucunement, car vous n'êtes, pour nous, que le sacrement, effacé tout entier en
Jésus, qui ne peut jamais nous communiquer que la Parole qui est Jésus. »

Les hiérarques dans leur vie propre, en effet, ne sont à aucun


degré la mesure de notre foi. Ce qu'ils comprennent personnellement
17
du témoignage apostolique les concerne eux seuls. Ils ont à le
transmettre, assurément, mais pour en obtenir l'intelligence, ils sont,
comme les fidèles, renvoyés à leur foi et à leur coeur. C'est pourquoi,
une femme illettrée comprendra mieux le sens d'une définition
dogmatique si elle a plus de foi et plus d'amour que ceux-là mêmes
qui la promulguent et qui n'y concourent, d'ailleurs, qu'au titre de
sacrements d'une vérité inséparable de la Personne qu'elle présente
plus qu'elle ne la représente.

La doctrine : une confidence de l’intimité divine


Il ne s'agit pas ici, en effet, d'une doctrine dont on pourrait
trouver le sens dans la lettre d'un dictionnaire mais d'une confidence
issue de l'intimité divine et qui veut être comprise dans sa lumière.

Le dogme, aussi bien, qui n'est pas autre chose que la reprise dans
une formulation plus explicite et plus dégagée des contingences de
l'histoire, du témoignage apostolique, le dogme, comme toute réalité
ecclésiale, est lui aussi un sacrement. Les mots n'y prennent vie, en
effet, comme en toute confidence, que par l'échange des intimités qui
communient à travers elle. Si nous sommes étrangers à l'intimité du
Christ, si nous ne sommes pas enracinés dans son amour, le dogme
nous est nécessairement impénétrable puisqu'il est, justement, la
communication de la lumière qu'il est et qui ne peut vivre en dehors
de lui, pas plus que le langage de la tendresse ne peut trouver une
résonance dans un coeur absent en qui le « courant » ne passe plus.

C'est pourquoi personne, finalement, ne peut interférer dans


notre intelligence du témoignage apostolique. Dès là que nous
concevons le dogme comme une eucharistie de lumière dont les
hiérarques sont simplement les consécrateurs, comme dans la liturgie
les prêtres le sont du pain eucharistique, personne ne peut dire à
personne ce qu'il signifie sinon avec des mots-sacrements que la foi
seule est capable d'entendre.

Si le Pape était ici, s'il nous parlait, s'il nous disait : « Voilà le sens de
la foi », les mots qu'il dirait, s'il parlait vraiment au nom de l'Église et
en l'engageant, seraient des mots-sacrements, des mots dont il serait
le premier fidèle, des mots que ni lui, ni nous, ne pourrions entendre
sans nous enraciner toujours plus profondément dans l'intimité de
Jésus.
18
C'est pourquoi, à l'intérieur de la foi universelle, à l'intérieur du
Credo chrétien auquel chacun donne son coeur, puisque croire veut
dire précisément donner son coeur, à l'intérieur de ce Credo, dans la
convergence des regards et des cœurs, il y a d'innombrables degrés
d'intelligence et d'illumination selon le degré de libération où chacun
se situe. Plus un être est transparent, plus il est identifié avec les
autres et avec le Christ -ce qui est la même chose- plus il pénètre
profondément dans ces abîmes de lumière et d'amour où notre liberté
respire.

C'est pourquoi, on est souverainement libre dans l'Église vécue


comme un mystère de foi, dans l'Église découverte à travers la
présence et dans l'intimité de Jésus. On ne peut y vivre
authentiquement sans progresser de degré en degré et de clarté en
clarté dans un espace toujours plus vaste où l'on décolle toujours
davantage des limites du langage et des contingences de l'histoire. Et,
pour les mêmes raisons, on y est toujours, à la fois ensemble et seul.

Le paradoxe d’une solitude irréductible et d’une communion


inaltérable
Seul et ensemble, ces deux pôles d'une sociologie vraiment
humaine, s'affirment avec une vigueur unique dans la sociologie
sacramentelle de l'Église où la communauté a ses assises dans la
conscience et se fonde sur la libération intérieure où chacun
communique avec les autres à travers l'espace même de la liberté qu'il
devient.

C'est ainsi que, dans un auditoire soulevé par la même musique,


s'engendre un moment où l'unanimité est si dense, si vivante, si
profonde que chacun à la fois est introduit au coeur de sa plus secrète
intimité et respire dans cette solitude lumineuse et infiniment ouverte
la présence des autres en communiquant avec eux par le centre où
tous ne forment plus qu'une seule âme dans un même
émerveillement, dans une même libération.

Seul et ensemble, ces deux axes prennent d'autant plus de relief


dans la sociologie ecclésiale que l'insertion dans la communauté, pour
le redire encore, s'identifie avec le décollement de soi puisqu'on n'en
fait réellement partie qu'en enterrant le moi-propriétaire pour revêtir
le moi divin, ce qui revient à dire que l'on ne peut s'y enraciner sans
19
devenir, par là même, un bien commun, la solitude d'un coeur-à-
coeur avec Dieu impliquant au maximum cette universalisation par le
centre qui est un don fait à tous les hommes.

Cette vision intérieure, «mystique», correspond seule


adéquatement au corps mystique que constitue l'Église. Il est
impossible de la voir en dehors de cette lumière qui nous soustrait
radicalement à toute domination des hommes d'église qui ne sont
l'Église, précisément, que dans l'exacte mesure où ils cessent d'être
eux-mêmes et d'agir en leur propre nom. Leur ministère est en prise
sur notre foi qui les réduit toujours à leur rôle de sacrements et qui ne
les reconnaît comme tels qu'en leur statut de démission et
d'effacement. Leur autorité, du fait précisément qu'elle est
sacramentelle, ne peut s'exercer qu'en faveur de notre liberté, ne peut
viser ni servir à autre chose qu'à nous libérer de nous-mêmes pour
nous jeter dans les abîmes de Dieu.

Une hiérarchie qui libère au lieu d’embrigader


Rien ne seconderait mieux les efforts si émouvants de
l’œcuménisme qu'un langage calqué rigoureusement sur cette vision
de foi qui ramène à l'état de pur sacrement tout ce qui, dans l'Église,
n'est pas Jésus. Il ne serait plus question alors de primauté, mais de
service.
Présenter la mission de Pierre, par exemple, comme un service,
comme un sacrement d'unité, éclaire évidemment la fonction papale
d'un tout autre jour que ces mots, empruntés à un vocabulaire
étranger à l'Évangile, de primauté ou de souveraineté.

Une hiérarchie de pauvreté et qui se voudrait telle à l'école du


lavement des pieds inventerait sans peine les ponts d'humilité qui
préviendraient toute humiliation en nous reconduisant tous à Jésus
auquel seul nous avons affaire dans l'Église révélée à Saul sur le
chemin de Damas.

Quoiqu'il advienne d'une présentation du mystère de l'Église dont


on souhaite qu'elle renouvelle ses moyens d'expression, retenons,
pour notre immédiate libération, que les hommes d'église ne sont
l'Église que dans la mesure où ils cessent d'être eux-mêmes et qu'ils
sont dans l'impossibilité radicale de disposer du dépôt qui leur est
confié, puisque le sacrement qui les ordonne à Jésus et leur
20
communique la succession apostolique les efface en lui pour garantir
cet effacement même, la permanence inaltérable du témoignage
apostolique qui ne cesse d'émaner de Jésus.

Les hiérarques ne peuvent donc rien d'autre que nous transmettre


ce témoignage de Jésus dans la lumière de Jésus, liés comme ils le
sont par le mandat de nous conduire à Jésus en nous donnant Jésus.
Ils ne peuvent jamais -car la foi discerne implacablement leur statut
de sacrement- ils ne peuvent jamais nous détourner de Jésus ni limiter
Jésus sans cesser immédiatement, pour elle, d'être l'Église.

Pierre, sans doute peut assumer le rôle de Satan, selon le mot du


Seigneur ; il peut faire figure d'Antéchrist en jurant qu'il ne connaît
pas cet accusé qui est pourtant son maître, mais alors il n'est plus
Pierre, il n'est plus, il n'engage plus l'Église et, aussi profondément
que nous sommes solidaires de lui dans la confession de Césarée,
aussi radicalement devons-nous nous séparer de lui au prétoire, en
pleurant, avec lui, ses reniements et les nôtres. La foi n'est jamais
dupe si elle est fidèle à sa propre lumière et c'est toujours Jésus qu'elle
rencontre en l'Église dans la mesure où elle le cherche. Mais il est
impossible de rencontrer Jésus sans être associé à sa mission, sans
devenir apôtre, sans être "envoyé". Toute grâce, en effet, est une
mission : on ne la reçoit jamais pour soi seul mais pour la
communiquer à tous. Nous ne pouvons donc être chrétiens sans
prendre la charge des autres, sans aller vers nos frères, sans nous
faire, à notre tour, fils de l'homme pour devenir authentiquement fils
de Dieu.

L’Église n’est pas une communauté de clercs mais de chrétiens


Cela nous oblige à conclure aussitôt que l'Église ne se réduit pas
aux hommes d'église qui ne sont que les garants sacramentels de
notre rapport immédiat avec le Christ des Apôtres dans la pérennité
de sa présence. Chacun de nous, à sa manière, est l'Église, autant que
le Pape, les évêques ou les prêtres. Nul ne peut, en effet, limiter son
adhésion à Jésus et lésiner sur le don de sa vie au Seigneur et aux
hommes avec lesquels il s'identifie. On ne peut être chrétien que dans
l'universel en prenant en charge le monde entier, toute l'humanité et
toute l'histoire. Tous les membres de l'Église n'ont pas, assurément, la
même fonction, mais tous ont la même mission. Tous sont
responsables du Christ, tous sont appelés à le représenter et à le
21
communiquer et, dans ce sens, sous des aspects divers, tous sont
vicaires du Christ.

Sans doute, je n'hésiterai pas un instant à m'agenouiller avec


vénération devant le Pape en tant qu'il est l'indispensable sacrement
de l'unité ecclésiale, mais cet agenouillement ne sera vrai, sincère et
authentique que si je suis prêt à m'agenouiller avec la même déférence
et la même foi devant le mendiant qui me sollicitera à la sortie de la
basilique vaticane. Comme Jésus s'identifie avec chacun, en effet, tous
concourent à révéler son visage et peuvent, à ce titre, être considérés
comme ses vicaires : les enfants de son enfance, les jeunes gens de
son adolescence, les travailleurs manuels de sa vie artisanale, les
malades de sa souffrance, les mendiants de sa pauvreté. C'est
pourquoi, tous sont dignes du même respect dans les témoignages
complémentaires où ils dessinent ensemble la figure du Christ total.
C'est pourquoi, tous sont consacrés dans la mesure où ils s'effacent
en lui.

De toute manière, nous sommes envoyés, (avant tout ?) ayant


tous à être Christ pour les hommes de ce temps. S'il est vrai, en effet,
qu'aucune doctrine, aucun discours ne peut transformer l'homme
radicalement parce que seule une Présence le touche, parce que seule
une personne est en prise sur une personne et une intimité sur une
intimité, les hommes de ce temps ne pourront reconnaître Jésus que
si nous devenons son visage.

C'est là la seule manière d'être chrétien si l'Église est vraiment


Jésus. Elle ne cessera d'être, pour beaucoup, un scandale, tant qu'elle
n'aura pas à leurs yeux son visage en nous. C'est pourquoi, il nous
faut continuellement la redécouvrir et la redevenir pour la révéler
sous son vrai jour en nous enracinant toujours plus profondément
dans la lumière et dans la pauvreté de Jésus, puisqu'on la jugera selon
ce qu'elle est en nous. En tout état de cause, elle ne peut être elle-
même qu'en étant lui et c'est justement à nous, pratiquement, de la
faire telle.

22
Appelés à devenir des créateurs
Ramón Martinez Pisón Liebanas
La fragilité de Dieu selon Maurice Zundel
Ed. Bellarmin, 1996. p. 155-157

L'éducation religieuse issue d'une interprétation littérale de la


Bible nous a conduits à percevoir la création comme une oeuvre
accomplie une fois pour toutes dès le commencement du monde. On
a continué à traduire un langage mythologique, dont le symbolisme
est une caractéristique essentielle, par un langage ontologique, plus
conceptuel, typique de la culture occidentale ; ainsi, l'interprétation
littérale des deux récits bibliques de la création, selon la Genèse (Gn
1, 1-2, 4a et 2, 4b-3, 24), nous fait concevoir la création comme une
sorte de fabrication divine. En conséquence, le rapport entre création
et liberté a été caractérisé par une tension qu'on a parfois résolue de
façon extrême : ou bien on affirme une certaine conception de la
création qui intègre mal la liberté ; ou bien la liberté est comprise
d'une façon totalement autonome, opposée à l'idée biblique de
création. La contestation radicale de la création au nom de la liberté
est plutôt récente, et a notamment débuté avec Marx. Or Marx
représente l'aboutissement d'un long cheminement passionnant qu'on
ne peut ignorer.
Saint Paul, dans son épître aux Romains (voir Rm 8, 19-23),
parle de solidarité entre la création et la libération de l'homme,
solidarité qui s'enracine dans les récits mêmes de la création, dans
l'Ancien Testament, où l'homme, tiré de la terre, est créé en relation
avec la nature qu'il a la vocation de faire parvenir à l'état d'image de
l'image. La création, comme l'homme, n'apparaît pas comme une
réalité déjà terminée, derrière nous, mais comme une vocation, devant
nous, comme une tâche à accomplir dont la réussite dépend d'une
étroite solidarité entre les deux, qui a été rompue au cours des
siècles : l'idée de création est apparue comme opposée à la vocation
de l'homme à devenir créateur de son monde et de sa propre liberté.
Or cette liberté entraîne-t-elle nécessairement une opposition à la foi
en la création telle que la Bible nous la présente ? La foi en la création
est-elle opposée à la liberté humaine ? Devenir des créateurs suppose-

23
t-il de dominer aveuglément la nature, au lieu d'établir une solidarité ?
Mais reconnaître la naturalisation de l'homme, c'est-à-dire le fait d'être
aussi un produit de la nature, amène-t-il à considérer l'homme
comme le résultat d'une série de déterminismes et de processus
naturels où la transcendance disparaît complétement ?
La création n'est pas le fruit d'un «coup de baguette magique
[de Dieu] qui suscite du néant ce qui n'est pas11». Elle n'est pas non
plus une fabrication. Dieu n'est pas une sorte de potier divin qui
modèle les hommes et les choses comme on fait avec de l'argile ;
l'amour ne peut pas modeler ni fabriquer. «Dieu ne crée pas comme
le potier qui fabrique des vases, Dieu crée comme l'amitié. Dieu crée
comme la sympathie est capable de créer12.» Dieu n'a pas créé des
automates, mais des hommes et des femmes appelés à devenir libres, à
être avec lui des co-créateurs d'un monde qui n'existe pas encore et qui
ne peut exister sans nous, parce que «c'est l'homme, avec sa liberté,
qui est l'acteur de son histoire13». La création est le don de l'amour de
Dieu ; don qui, en tant que tel, attend une réciprocité. «Le monde est
remis entre nos mains, comme nous sommes nous-même confié à
nous-même et, dans le monde comme en nous-même, c'est Dieu qui
nous est confié14.» Toutefois, une des choses les plus difficiles de
notre existence est la compréhension du sens profond de ce qu'on
appelle don, cadeau, présent, offre. On est parfois tellement contraint à
accepter un don qu'on peut perdre la dimension de sa gratuité. La
gratuité suppose des exigences de la part de celui qui offre. D'une
part, ce qui est gratuit ne s'impose pas ; un don imposé perd toute sa
valeur, comme aussi une création imposée. En conséquence, la seule
attitude valable dans l'offrande d'un don est le respect de la liberté de
celui qui le reçoit. Dieu respecte la liberté créée en offrant le don de
la vie à l'homme, sa propre création. Dieu n'a pas créé des robots ni
des marionnettes, mais des êtres appelés à vivre en liberté. C'est
pourquoi la création est en «enfantement» (Rm 8, 19-22) ; elle «attend
la révélation de la gloire des fils de Dieu15». C'est là la dignité de notre
vocation de «créateurs» ; par Jésus-Christ, Dieu a manifesté la
grandeur à laquelle nous sommes appelés. L'univers, la création est
toujours en avant de nous, en sursis, en attente de notre propre
accomplissement16. D'autre part, un don présente aussi des exigences
de la part de la personne qui l'accepte. Accepter un don signifie
s'engager dans une relation d'amour avec celui qui offre ; reconnaître
l'amour offert, c'est aussi se responsabiliser à l'égard de la personne
24
qui nous aime, qui nous offre son amitié, sa vie. Accueillir le don de
Dieu nous amène à être responsables envers nous-mêmes, envers
autrui et envers toute la création. La redécouverte de la dimension
cosmique qui caractérise la vie humaine est d'une grande importance
aujourd'hui. L'écologie nous aide à reconnaître que l'univers est notre
corps dont nous ne pouvons pas nous débarrasser. L'homme est le
responsable du cosmos surtout par son travail, travail qui doit devenir
créateur et respectueux, et non pas destructeur de la nature.
Nous sommes invités, comme dans les fiançailles, à répondre
oui à Dieu, à signer l'alliance d'amour qu'il veut établir avec nous et,
par nous, avec tout l'univers.
Si nous sommes appelés à devenir des créateurs, si la création
est une histoire à deux, si notre liberté est la charnière de cet univers
en sursis, il s'ensuit que nous sommes invités à nous libérer de toutes
nos limites et contraintes afin que tout l'univers soit la manifestation
de notre propre création. C'est la grandeur de l'homme, mais aussi sa
responsabitité17.
-----------
11. M. Zundel, 2e conférence donnée à Londres le 16 février 1964. «J'enrage quand
on dit : Dieu permet le mal
12. M. Zundel, Silence ; Parole de vie, Québec, Anne Sigier, 1990, p. 93 ; voir aussi
p. 94.
13. Claude DAGENS, «Notre corps promis à la résurrection», dans Communio,
XV/1 (1990), p. 11.
14. M. Zundel, Silence ; Parole de vie, Québec, Anne Sigier, 1990, p. 95
15. M. Zundel, Je est un autre, Paris, Desclé de Brouwer, 1971, p. 45.
16. M. Zundel, Ton visage, ma lumière, Paris, Desclé de Brouwer,1989, p. 69.
17. Voir «Le chrétien et le mal», dans DONZÉ, L'humble présence, p. 195.

« Si j’aime les gens avec tant d’ardeur, c'est


qu’avec chacun d’eux j’aime une parcelle de toi, mon
Dieu. Je te cherche partout dans les hommes et je
trouve souvent une part de toi. »
Etty Hillesum, journal 15 sept. 1942

25
La Présence de Jésus nous est confiée
Maurice Zundel
Bex, Suisse, 1951

Il me semble qu'il nous est utile de souligner un aspect de la


carrière de saint Paul qui est peut-être plus à notre portée et qui n'est
certainement pas le moins émouvant. Je veux parler du
désintéressement de saint Paul.
Saint Paul s'est fait un titre de gloire de travailler, de ses propres
mains, pour gagner sa vie. Il le dit d'une manière formelle, à plusieurs
reprises, aux Corinthiens auxquels il écrit. "Je pourrais, comme les autres
apôtres, vivre de l'Évangile, mais personne ne m'enlèvera cette gloire de prêcher
l'Évangile gratuitement." Et, comme il avait appris le métier de tisseur de
tentes, il travaillait le jour et la nuit pour satisfaire à ses propres
nécessités et aux nécessités de tous ceux qui l'accompagnaient.
Voilà une situation qui paraît singulière. (…) Il semble que, par le
travail de ses mains, il soustrait quelque chose à son apostolat, qu'il
aurait pu faire davantage, s'il avait été entièrement libre de ses
nécessités matérielles.
Mais saint Paul sait très bien que c'est là un bien, que l'Évangile
n'est pas un mot, ce n'est pas un enseignement, ce n'est pas une
technique de la prière abstraite. L'Évangile, c'est nous même en état
d'ouverture, en état de lumière, en état de générosité. Et saint Paul
savait très bien qu'il n'y avait pas de procédé, qu'il n'y avait pas de
méthode pour professer le Christ, que le Christ était un vivant, qu'il
était une Présence réelle, que c'était seulement dans le silence total
de lui-même, dans le rayonnement silencieux de son amour que le
visage du Christ se dessinerait avec une authenticité parfaite. Il savait
très bien que l'être est une incarnation et que l'incarnation consiste
précisément à saisir Dieu en pleine pâte humaine.
Notre tentation à nous est toujours d'imaginer la religion comme
quelque chose que l'on met à part, qu'il y a, le dimanche ou le matin
et le soir, un instant privilégié et cette religion, mise ainsi en dehors
de la vie, finit par nous lasser parce qu'elle est quelque chose
d'artificiel, parce qu'il nous faut faire violence pour y entrer. Au lieu
que la direction évangélique, c'est une entrée en plein dans la vie, c’est

26
de nous plonger dans la pâte humaine et la faire lever peu à peu par
ce rayonnement de l'Amour, de la Présence du Christ qui est en
nous par la grâce et qui nous a été confié, précisément, pour
transsubstantier toute la vie humaine en Dieu en la prenant, jour par
jour, en ce qu'elle comporte de plus matériel, de plus commun, de
plus banal, parce que rien n'est banal quand l'amour le transfigure.
Jésus est un charpentier. Il est un ouvrier et il sauve le monde par
ce travail commun et banal, autant que par le sacrifice de la Croix. Et
saint Paul, le grand héraut du Christ, travaille jour et nuit, afin de
subvenir par le labeur de ses mains à toutes ses nécessités et celles de
ses compagnons.
Rien n'est en dehors de Dieu. Rien n'est en dehors de Jésus-
Christ parce que Jésus est au fond de la vie, comme la vie a sa source
en Jésus. Et saint Paul sait bien que c'est par cette voie et nulle autre,
par cette voie qu'il parviendra à rendre sensible aux hommes la
Présence de Dieu, parce qu'il est l'un d'eux, il est comme eux, il n’y a
rien de particulier dans son être. Il n'y a en lui que le sourire intérieur
de la grâce et de l'amour qui change tout, qui transfigure tout et qui
donne précisément aux travaux de tous les jours une noblesse infinie.
C'est la grande voie chrétienne : entrer dans la vie pour identifier
la vie avec Dieu. En s'identifiant avec les autres, comme les autres
sont notre premier chemin vers Dieu. Par ce grand souci de saint
Paul de prêcher l'Évangile gratuitement, c'est surtout le souci de
s'adapter aux autres : "Je me suis fait juif avec les juifs, je me suis fait sous la
Loi comme ceux qui se croient encore sous la Loi, je me suis fait sans Loi avec
ceux qui étaient sans Loi. Je me suis fait tout à tous pour les gagner tous à Jésus
Christ."
Et c'est pourquoi, finalement, entrer dans la vie, agir en pleine
pâte humaine, c'est d'abord entrer dans la vie des autres, s'identifier
avec eux, s'adapter à eux, devenir ce qu'ils sont. Nous sommes
toujours en rivalité les uns avec les autres, nous avons peur que les
autres prennent la première place, qu'ils nous prennent la place que
nous convoitons et, à travers notre politesse, nous sommes en conflit
avec les autres, jusqu'au moment où nous comprenons que la
question n'est pas là, jusqu'au moment où nous sentons que le Christ,
dans celui qui est devant nous, nous est confié, qu'il ne s’agit pas de
lutter à égalité sur le plan horizontal, car Jésus nous a fait crédit, il
nous a donné cette âme et c'est nous le berceau de sa nativité.
27
Et, à partir de ce moment-là, nous sentons qu'il ne s'agit plus de
nous ni de l'autre, mais qu'il s'agit de Dieu et qu'entre nous il y a tout
ce mystère, entre l'autre et nous, il y a la vie du Christ. Alors, tout
naturellement, nous nous retirons devant le Christ et nous faisons le
vide en nous, nous nous rendons disponibles. Comme dans le
pardon : baiser les pieds de l'adversaire pour le désarmer, nous savons
qu'il n'y a pas d'autre méthode, à ce moment-là, que de disparaître
afin que Jésus apparaisse et qu'il soit possible qu'il soit aimé.
Tout saint Paul est là : s'effacer devant le Christ, disparaître en lui,
faire le vide de soi-même, entrer dans un immense silence pour que
Jésus seul apparaisse, pour que sa Parole retentisse dans le coeur des
autres, qu'enfin l’Évangile apparaisse comme la vie de la vie, comme
le grand secret que chacun porte en soi et qu'il vient de découvrir en
lui.
Écoutons ce matin, (…) cette confidence de l’Apôtre. S'il nous
ouvre son coeur, c'est simplement pour nous montrer ce que doit
devenir le nôtre, car nous sommes autant que lui chargés du
Royaume de Dieu et nous avec, avec lui, à porter la sollicitude de
toutes les Églises, le poids de toutes les détresses et l'espérance de
tous les vivants. Et demandons à Dieu, par l'intercession de ce grand
Apôtre, de nous effacer en lui, de nous cacher dans sa lumière afin
que nous fassions toujours davantage de notre vie humaine comme
un sacrement vivant. La tendresse du Seigneur est que nous puissions
réaliser ce mot qui était le secret de saint Jean-Baptiste et qui est
devenu le nôtre : " Il faut qu'il croisse et que je diminue. »
Oui, c'est cela : il y a entre les autres et nous une Présence qui est
comme un rempart de lumière, qui nous délivre de nos propres
limites et de celles des autres. C'est la Présence de Jésus qui nous est
confiée, qui veut naître et grandir par notre amour dans la mesure où
nous entrons dans ce secret bienheureux et qui est exprimé tout
entier dans le mot de saint Jean-Baptiste : "Il faut qu'il croisse et que je
diminue."

Suaire de Turin

28
Nouvelles de votre association

Depuis la parution du numéro 104 de Présence, votre C.A. s’est


réuni deux fois, le 13 octobre puis le 1er décembre. Parmi les
différents sujets régulièrement discutés, deux ont particulièrement
retenu l’attention.
Le premier, l’identification de pistes d’utilisation des soixante-et-
onze ouvrages, de Maurice Zundel ou sur Maurice Zundel, que notre
AMZ Patrick Mc Donald nous a généreusement confiés, il y a déjà
quelques mois. Nous devrions vous en reparler prochainement.
Le second, en préparation de la retraite des 23, 24 et 25 août
2019, - inscrivez bien ces dates à votre agenda ! - nous avons
décidé de tenir une journée de réflexion le samedi 2 février 2019.
N’hésitez pas à nous faire part de votre intérêt, si vous souhaitez y
participer ! Nous vous y accueillerons avec plaisir !
Nous terminons malheureusement cette année 2018 en
partageant la peine de notre grand AMZ Robert Karout qui a vu s’en
aller auprès du Père sa chère Mary, dont tous ceux et celles qui ont eu
la chance de la rencontrer ont pu apprécier le sourire, la bonne
humeur et la qualité de son accueil. Richard Arnaud, Pierre Bogaerts,
Robert Madore, Michelle Poirel, Christina Ruxanda et moi-même
nous sommes joints à ses nombreux amis, pour les funérailles
célébrées en la cathédrale Melkite, Paroisse St-Sauveur, le 5
décembre. Robert ! Tes AMZ prient pour elle et pour toi !
Jean -Marie Sala
Pour les membres de votre C.A.

29
Groupes de partage AMZ Canada

Visitez et faites visiter régulièrement les sites


www.mauricezundel.ca et www.mauricezundel.com
Vos commentaires et suggestions nous aideront à mieux orienter
nos choix pour le site web et pour le bulletin.

30
20-03-2018

31
Dieu n’a jamais voulu d’autre image

« Dieu n’a jamais consenti qu’à une seule image,


qu’à un seul verbe : l’homme !

Mais l’homme n’est pas une image glorieuse


d’or et de feu, de bronze ou de marbre,
de réussite et de puissance.

L’homme n’est qu’une image fragile


taillée dans la chair et le sang, le cœur et l’esprit,
les émotions et les sentiments.

Étrange mélange des couleurs du corps et de l’âme,


du ciel et de la terre, de la mer et du vent
l’homme est cette grande déchirure.

Blessure en lui de l’homme et de la femme,


visage toujours en mouvement d’une histoire
qu’il vit et qu’il raconte,
taillée dans ses rides, burinée dans ses traits.

Dieu n’a jamais voulu d’autre image que celle-là


Justement parce que le visage de l’homme
échappe à toute emprise,
Justement parce que le visage de l’Homme
est nu. »

Jean Debruynne,
Prêtre et poète, 1925-2006

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