Conversion PDF
Conversion PDF
Conversion PDF
1. Piles et accumulateurs
1.a. Définition et exemples
Une pile électrochimique (battery en anglais) est un dispositif permettant de stocker l’éner-
gie sous forme chimique et de la restituer sous forme électrique. La pile a été inventée par Volta
en 1800. La pile de Volta était constituée d’un empilement de disques de zinc et de cuivre. Elle
a joué un rôle très important dans le développement de l’électricité au début du 19 ième siècle
(bien avant l’invention de l’alternateur).
Un accumulateur est une pile pouvant être rechargée par électrolyse.
Une pile (ou un accumulateur) est constituée de deux demi-piles, chacune comportant une
électrode métallique plongée dans un électrolyte. Dans certains cas, il est nécessaire d’ajou-
ter une jonction pour séparer les deux demi-piles tout en permettant le passage d’un courant
ionique.
La figure suivante représente une pile en fonctionnement, débitant dans une résistance
externe. L’anode, sur laquelle se déroule l’oxydation, est représentée à gauche. On note i l’in-
tensité du courant électrique circulant de la cathode vers l’anode dans le circuit externe, et u la
tension entre la cathode et l’anode, qui serait mesurée par un voltmètre.
E
i>0
- u
+
e e
E E
Anode
Cathode
Red1 Ox1
Red2 Ox2
Electrolyte Jonction
Dans l’électrolyte, le courant est sous forme ionique. Dans les électrodes et dans le circuit
externe, il est sous forme électronique. La conversion électrochimique se fait sur la surface
des électrodes. Dans la résistance externe, le champ électrique est dirigé de la borne plus (la
cathode) vers la borne moins (l’anode). C’est le contraire dans l’électrolyte. Il y a en fait une
différence de potentiel entre chaque électrode et l’électrolyte ; dans l’électrolyte le potentiel
est bien décroissant de l’anode vers la cathode.
Une pile est définie par ses deux réactions électrochimiques prépondérantes, d’une part
l’oxydation anodique :
Frédéric Legrand Licence Creative Commons 2
La réduction de l’eau a lieu sur l’électrode de cuivre. Les disques de zinc et de cuivre étaient
séparés par un tissu imbibé d’une solution aqueuse acidifiée (acide sulfurique).
Les deux types les plus répandus de piles commerciales utilisées aujourd’hui sont
. Pile Zn − MnO2 alcaline, une variante moderne de la pile Leclanchée, inventée en
1886.
. Pile au lithium.
Les accumulateurs utilisés couramment sont :
. Accumulateur au plomb (batteries de voitures).
. Accumulateur Ni-Cd et Ni-MH (petits accumulateurs pour appareils électroniques).
. Accumulateur aux ions Lithium (ordinateurs et téléphones portables, appareils photo,
voitures électriques).
La figure suivante montre la coupe d’une pile zinc-bioxide de manganèse, appelée couramment
pile alcaline.
Borne +
Collecteur de courant
en acier Jonction
Borne -
Frédéric Legrand Licence Creative Commons 3
Le zinc est sous forme divisée pour présenter une grande surface, formant un gel avec l’électro-
lyte aqueux, qui est une solution de KOH concentrée. La différence avec la pile de Leclanché,
plus ancienne, est la présence de cet électrolyte alcalin, d’où le nom donné à cette pile.
L’oxydation anodique est celle du zinc :
Pour calculer cette variation d’enthalpie libre, on suppose que le seul phénomène à prendre en
compte est la réaction globale de la pile :
dG = ∆r G(ξ, T, P ) dξ (12)
où l’on a introduit la dérivée partielle de l’enthalpie libre par rapport à l’avancement, appelée
enthalpie libre de réaction. La quantité de charge transférée entre les deux électrodes est liée
à l’avancement par la loi de Faraday :
dq = nF dξ (13)
Cette charge électrique traverse la résistance R du circuit externe dans le sens du champ élec-
trique puisque la différence de potentiel u est positive. Le travail qu’elle reçoit, qui est fourni
par la pile, est donc :
δW = u dq = u nF dξ (14)
La tension u lorsque le courant tend vers zéro (lorsque la résistance R tend vers l’infini) est
par définition la force électromotrice de la pile, appelée aussi tension à vide :
e = lim u (15)
i→0
On obtient finalement une relation entre l’enthalpie libre de la réaction globale et la force
électromotrice :
Une pile neuve (ou un accumulateur chargé) est loin de l’équilibre. Au cours de la dé-
charge, l’avancement de la réaction augmente. Lorsque l’état d’équilibre est atteint, la pile est
déchargée. La figure suivante montre l’évolution de l’enthalpie libre de la pile et de la force
électromotrice en fonction de l’avancement.
Frédéric Legrand Licence Creative Commons 5
ξ
0 ξe
emin
0 ξe ξ
Q
Qp Qe
Qe = nF ξe (17)
Pour une pile alcaline, la force électromotrice décroît progressivement au cours de la décharge.
Pour une pile au lithium, la décroissance est très faible pendant presque toute la décharge et
se fait seulement à l’approche de l’équilibre. Dans tous les cas, il y a en pratique une force
électromotrice minimale emin en dessous de laquelle on ne descend pas, soit parce que la pile
est alors inutilisable, soit parce que la technologie impose de ne pas décharger complètement
(par exemple pour un accumulateur Li-ion).
La quantité de charge Qp correspondante est la capacité pratique (ou capacité disponible),
donnée par le constructeur pour une pile neuve ou un accumulateur neuf complètement chargé.
En pratique, la capacité dépend bien sûr de la tension emin adoptée pour la définir, mais
aussi de l’intensité du courant. Une pile utilisée avec un appareil nécessitant plus de courant a
une capacité plus faible, en raison de l’augmentation des phénomènes irréversibles.
Frédéric Legrand Licence Creative Commons 6
1
H 2 = H + + e− (18)
2
a2 Ox2 + ne− = b2 Red2 (19)
On ne sait pas a priori dans quel sens se font les réactions (d’où le symbole égal). Soit
U = U2 − U1 la différence de potentiel entre les deux électrodes, à courant nul. U est la force
électromotrice de la pile, éventuellement négative (si Red2 est oxydé). Le potentiel d’oxydo-
réduction du couple Ox2 /Red2 est, par définition, la force électromotrice de cette pile :
eq
EOx 2 /Red2
= U2 − U1 (20)
Dans cette notation, l’exposant eq indique que les électrodes sont à l’équilibre, c’est-à-dire que
le courant est nul (mais la réaction globale n’est pas à l’équilibre).
La réaction globale est :
n
H2 + a2 Ox2 = nH+ + b2 Red2 (21)
2
La relation entre l’enthalpie libre de cette réaction et la f.é.m. de la pile est :
eq
∆r G = −nF EOx 2 /Red2
(22)
On écrit alors l’enthalpie libre de la réaction en fonction de son enthalpie libre standard et des
activités :
!
b2
a Red2
∆r G = ∆r G0 (T ) + RT ln (23)
aaOx2 2
Le quotient de réaction est en fait celui de la demi-équation de réduction du couple ; il y a
éventuellement d’autres espèces dans ce quotient. On en déduit la relation de Nernst donnant
le potentiel d’équilibre du couple :
!
a2
eq 0 RT aOx2
EOx 2 /Red2
= EOx 2 /red2
(T ) + ln b
(24)
nF aRed
2
2
Ce potentiel est mesuré lorsque la pile ne débite aucun courant, c’est-à-dire lorsque les
électrodes sont à l’équilibre. Dans une courbe courant-potentiel, le potentiel d’équilibre (ou
potentiel de Nernst) est celui de l’électrode lorsque le courant est nul.
Dans le cadre plus général des réactions d’oxydoréduction, cette relation permet de savoir si
une réaction se fait spontanément, c’est-à-dire si son enthalpie libre de réaction est négative :
le potentiel du couple de l’oxydant doit être supérieur au potentiel du couple du réducteur.
Chaque potentiel dépend de la composition de la demi-pile correspondante, mais la diffé-
rence des potentiels standard donne en général une évaluation assez précise de la force élec-
tromotrice :
0 0
e ≈ EOx 2 /Red2
− EOx 1 /Red1
(26)
W = −∆G − T Sc (27)
Pour une évolution chimique donnée (∆G donnée et donc charge débitée donnée), le travail
est maximal lorsque l’évolution et réversible, c’est-à-dire en pratique lorsque le courant est
très faible. En conséquence, plus le courant débité par la pile est grand, moins elle fournit
de travail électrique (le reste est dissipé dans la pile). L’énergie électrique fournie par la pile
provient de l’énergie chimique de ses constituants. L’énergie chimique libérée est −∆H. La
réaction globale d’une pile est exothermique car elle doit être très favorable à température
ambiante, donc ∆H < 0. On définit le rendement de la pile comme la proportion d’énergie
électrique récupérée par rapport à l’énergie chimique :
W −∆H + T ∆S − T Sc T ∆S T Sc
= = =1+ − (28)
−∆H −∆H −∆H −∆H
Le rendement est maximal lorsque l’évolution est réversible. Le rendement réversible est en
général proche de 1 car le terme entropique T ∆S est faible devant la variation d’enthalpie. Si
∆S > 0 le rendement réversible est supérieur à 1 car dans ce cas une petite partie d’énergie
est prélevée à l’air ambiant sous forme thermique pour être convertie en énergie électrique.
Pour savoir comment le rendement est diminué lorsqu’on augmente le courant débité, une
étude cinétique est nécessaire.
La courbe d’oxydation de Red1 , qui a lieu à l’anode (borne négative), permet de voir l’in-
fluence du potentiel de cette électrode sur le courant. Lorsque la réaction est très lente, il y a
un seuil de surtension η1o . La courbe de réduction de Ox2 , qui a lieu à la cathode, permet de
voir l’influence du potentiel de cette électrode sur le courant. Le point de fonctionnement de la
pile s’obtient, pour une intensité i donnée, en remarquant que i = Ia = −Ic . La tension entre
les deux électrodes est égale à la différence des potentiels moins la chute de tension due à la
résistance de l’électrolyte (et de la jonction) entre les deux électrodes (notée re ) :
u = e − (η1 − η2 ) − re i (31)
La tension en décharge est toujours inférieure à la f.é.m. : u < e. Le terme η1 − η2 est la chute
de tension cinétique, due à la cinétique du transfert de charge et de diffusion au voisinage des
électrodes. Il est souhaitable que les couples soient rapides car les seuils de surtension sont
alors nuls et la chute de tension cinétique est très faible. Le terme re i est la chute de tension
ohmique, due à la résistance de l’électrolyte entre les deux électrodes.
Les piles commerciales sont réalisées avec des couples rapides. La chute de tension ciné-
tique est alors pratiquement proportionnelle à l’intensité du courant (η1 − η2 ≈ rc i) et on peut
Frédéric Legrand Licence Creative Commons 9
u = e − ri (32)
Dans ce cas, la caractéristique courant-tension est linéaire. La pile peut être modélisée par une
source idéale de tension en série avec une résistance.
La résistance interne est d’autant plus faible que la concentration en ions est grande et que
ces ions sont mobiles dans l’électrolyte. D’autres facteurs interviennent, comme la taille des
électrodes et la résistance de la jonction qui sépare les deux demi-piles.
Le courant de court-circuit est par définition le courant qui serait débité par la pile si u = 0 :
e
icc = (33)
r
En pratique, on ne doit jamais réaliser un court-circuit avec une pile ou un accumulateur, car
cela peut provoquer une surchauffe très importante, voire sa destruction.
Le travail électrique fourni par la pile lorsqu’elle débite un courant d’intensité i pendant
une durée ∆t est :
i
Rhéostat 9 Ω
ur
R=1 Ω
Pile
Le rhéostat permet de faire varier le courant débité par la pile. La résistance R permet de
mesurer le courant. La résistance totale du circuit doit être au plus de quelques ohms, car la
résistance interne de la pile est inférieure à 1 Ω. Les tensions ur = Ri et u sont mesurées
avec deux voltmètres ou avec une carte d’acquisition. Voici les résultats obtenus pour une pile
alcaline AA, avec une régression linéaire pour obtenir la résistance interne :
print(e)
--> 1.432881864543754
print(ri)
--> 0.4572537017228609
Frédéric Legrand Licence Creative Commons 11
print(icc)
--> 3.133669250013456
En pratique, une pile de ce type est utilisée avec des courants de quelques dizaines de mA
et la chute de tension est de l’ordre du dixième de volt.
Voici une courbe de décharge d’une pile alcaline (usagée) :
décharge. La valeur 1,2 V est marquée sur l’accumulateur. Par comparaison, la pile alcaline a
une décroissance beaucoup plus marquée de sa f.é.m.
Voici des documents détaillés sur les caratéristiques électriques des piles et accumulateurs :
. Piles alcalines
. Piles lithium
. Accu Ni-MH
Frédéric Legrand Licence Creative Commons 14
Le générateur doit être branché de manière à apporter des électrons sur l’électrode où se trouve
Ox1 . Pour la recharge d’un accumulateur, la figure suivante montre le branchement du généra-
teur de recharge.
La borne plus de l’accumulateur, qui était la cathode lors de la décharge, devient l’anode lors
de la recharge car l’oxydation de Red2 doit être réalisée sur cette électrode. Notons u la tension
appliquée par le générateur. Le travail fourni par ce générateur s’exprime en fonction de cette
tension et de l’avancement de la réaction (36) :
dG = δW − T δSc (40)
Frédéric Legrand Licence Creative Commons 15
Faisons intervenir la f.é.m. de la pile (ou plus généralement de l’électrolyseur) avec la relation :
∆r G = nF e (41)
Le signe est opposé à celui de la relation (16) car il s’agit de l’enthalpie libre de la réaction
inverse (positive). Le travail fourni par le générateur s’écrit donc, pour une charge transférée
dq :
Le point de fonctionnement s’obtient avec la condition i = Ia = −Ic . S’il s’agit d’une courbe
courant-potentiel idéale qui ne tient pas compte de la résistance de l’électrolyte, il faut ajouter
celle-ci. La tension appliquée s’écrit :
Frédéric Legrand Licence Creative Commons 16
Eg
i>0
H2O + H2SO4
H2 O2
Cathode Anode
V2
V1
Alimentation stabilisée
V A
- +
1 2
U(t)
A
i>0
L’alimentation est réglée en stabilisation courant. L’intensité i est mesurée précisément avec
un ampèremètre. La tension U (t) entre les deux électrodes est enregistrée avec une carte de
conversion analogique-numérique. L’intensité i est maintenue constante par le générateur mais
la tension U (t) peut varier au cours du temps (en réalité les variations sont très faibles).
Les deux tubes sont initialement complètement remplis de la solution acide. Notons ∆t la
durée de l’électrolyse, à l’issu de laquelle on relève les volumes V1 et V2 .
L’objectif de cette électrolyse est de produire du dihydrogène, qui se forme à l’électrode 2
(cathode) selon la réaction :
2H+ + 2e− → H2
Si l’on suppose que cette réaction est la seule réaction de réduction, le nombre de moles de
dihydrogène formées est :
Q i∆t
ξ= = (49)
2F 2F
Frédéric Legrand Licence Creative Commons 19
V2
V1
EREF
Potentiostat
CE ET
1 2
100
75
50
25
I (mA)
25
50
75
100
0.5 0.0 0.5 1.0 1.5 2.0 2.5
E (V)
L’électrode de référence étant placée exactement à mi-chemin entre les deux électrodes, ces
courbes permettent de déterminer le point de fonctionnement sans ajouter la chute de tension
due à la résistance de l’électrolyte. En effet, la différence de potentiel entre ET et EREF lors-
qu’il y a oxydation (i > 0) est identique à la différence de potentiel entre CE et EREF lorsqu’il
y a réduction i < 0. Pour I = 50 mA, on lit sur la courbe un potentiel de 2,3 V pour l’anode
Frédéric Legrand Licence Creative Commons 21
et de −0,25 V pour la cathode, soit une différence U = 2,55 V. Cette tension comporte la sur-
tension cinétique et la surtension ohmique, car cette dernière est bien incluse dans les courbes
établies de cette manière.