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Académie de Marrakech-Tensift-Haouz
Examen régional
Juin 2011
Texte :
CRÉON : Et cette nuit, la première fois, c'était toi aussi?
ANTIGONE : Oui. C'était moi. Avec une petite pelle de fer qui nous servait à faire des
châteaux de sable sur la plage, pendant les vacances. C'était justement la pelle de Polynice. Il
avait gravé son nom au couteau sur le manche. C'est pour cela que je l'ai laissée près de lui.
Mais ils l'ont prise. Alors la seconde fois, j'ai dû recommencer avec mes mains.
LE GARDE : On aurait dit une petite bête qui grattait. Même qu'au premier coup d’œil,
avec l'air chaud qui tremblait, le camarade dit : « Mais non, c'est une bête. » « Penses-tu, je
lui dis, c'est trop fin pour une bête. C'est une fille. »
CRÉON : C'est bien. On vous demandera peut-être un rapport tout à l'heure. Pour le
moment, laissez-moi seul avec elle. Conduis ces hommes à côté, petit. Et qu'ils restent au
secret jusqu'à ce que je revienne les voir.
LE GARDE : Faut-il lui remettre les menottes, chef ?
CRÉON : Non.
Les gardes sont sortis, précédés par le petit page. Créon et Antigone sont seuls l'un en face
de l'autre.
CRÉON : Avais-tu parlé de ton projet à quelqu'un ?
ANTIGONE : Non.
CRÉON : As-tu rencontré quelqu'un sur ta route ?
ANTIGONE : Non, personne.
CRÉON : Tu en es bien sûre ?
ANTIGONE : Oui.
CRÉON : Alors, écoute : tu vas rentrer chez toi, te coucher, dire que tu es malade, que tu
n'es pas sortie depuis hier. Ta nourrice dira comme toi. Je ferai disparaître ces trois hommes.
ANTIGONE : Pourquoi ? Puisque vous savez bien que je recommencerai.
Un silence. Ils se regardent.
CRÉON : Pourquoi as-tu tenté d'enterrer ton frère ?
ANTIGONE : Je le devais.
CRÉON : Je l'avais interdit.
ANTIGONE, doucement. Je le devais tout de même. Ceux qu'on n'enterre pas errent
éternellement sans jamais trouver de repos. Si mon frère vivant était rentré harassé d'une
longue chasse, je lui aurais enlevé ses chaussures, je lui aurais fait à manger, je lui aurais
préparé son lit...Polynice aujourd'hui a achevé sa chasse. Il rentre à la maison où mon père et
ma mère, et Etéocle aussi, l'attendent. Il a droit au repos.
CRÉON : C'était un révolté et un traître, tu le savais.
ANTIGONE : C'était mon frère.
CRÉON : Tu avais entendu proclamer l'édit aux carrefours, tu avais lu l'affiche sur tous les
murs de la ville?
ANTIGONE : Oui.
CRÉON : Tu savais le sort qui était promis à celui, quel qu'il soit, qui oserait lui rendre les
honneurs funèbres ?
ANTIGONE : Oui, je le savais.
CRÉON : Tu as peut-être cru que d'être la fille d'Oedipe, la fille de l'orgueil d'Oedipe, c'était
assez pour être au-dessus de la loi.
ANTIGONE : Non. Je n'ai pas cru cela.
CRÉON : La loi est d'abord faite pour toi, Antigone, la loi est d'abord faite pour les filles
des rois !
I- COMPRÉHENSION : (10 points)
1) En vous référant à votre lecture de la pièce de théâtre « Antigone »,
a) Situez ce passage par rapport à la scène qui précède.
b) Dites quels sont, parmi les personnages cités ci-après, ceux qui meurent à la fin de cette
pièce de théâtre. (Ismène, Hémon, Créon, Antigone, la nourrice, Eurydice). (1 point)
2) Dans ce passage Antigone reconnaît être allée enterrer son frère.
a) Combien de fois est-elle allée le faire ?
b) De quoi s’est-elle servie, à chaque fois, pour le faire ?
3) « Conduis ces hommes à côté, petit », demande Créon.
a) À qui s’adresse-t-il dans cet énoncé ?
b) Qui sont ces hommes de qui il parle ?
4) Les didascalies présentent la rencontre de Créon et d’Antigone comme un affrontement.
Quelles sont les deux expressions qui le montrent ?
5) Créon tente d’étouffer l’affaire de l’enterrement.
a) Que propose-t-il, pour cela, à Antigone de faire ?
b) Que compte-t-il faire de son côté ?
6) Dans sa réponse à Créon :
a) Antigone, a-t-elle accepté sa proposition ? Justifiez votre réponse par une expression du
texte.
b) Sur quel principe fonde-t-elle sa réponse ?
Relevez du texte l’expression qui le montre.
7) Pour convaincre Antigone, Créon se comporte tantôt en roi, tantôt en oncle.
a) Comment se manifeste son comportement en tant qu’oncle ?
b) Comment se manifeste son comportement en tant que roi ?
8) a) Relevez dans le passage deux mots appartenant au champ lexical de la mort.
b) Relevez dans la première réplique du garde une comparaison et une métaphore.
II- PRODUCTION ÉCRITE : (10 points)
Sujet :
« Il est temps que les parents arrêtent de décider à la place de leurs jeunes enfants »,
déclare un éducateur.
Partagez-vous cette idée ?
Dans un texte d’une vingtaine de lignes, vous présenterez votre point de vue sur ce que
devrait être le rapport parents/jeunes, en l’appuyant au moyen d’arguments pertinents et
d’exemples précis.