These Jalabert Full LR
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THÈSE
présentée
pour obtenir
par
Antoine Jalabert
Titre de la thèse :
Je remercie vivement MM. Amara Amara et Fabien Clermidy qui par une disponi-
bilité exemplaire et un soutien de tous les instants ont encadré ce travail de thèse.
J’adresse également mes sincères remerciements à MM. Robert Baptist, Rachid Bou-
chakour, Christian Piguet, ainsi qu’à Mme Patricia Desgreys pour m’avoir fait l’honneur
de présider, de rapporter et d’examiner ce travail.
Je tiens à exprimer toute ma sympathie aux nombreuses personnes qui m’ont accom-
pagnées et que j’ai côtoyées au cours de ces trois années de thèse, plus particulièrement,
D. Axelrad, J.M. Clerc, F. Gayral, C. Gonzalez, R. Lemaire, B. Payet, A. Peizerat, C.
Rechatin, J. Wei et K. Wood.
Je n’oublierai pas de remercier les membres du laboratoire IAN, les participants aux
projets RTB : Post-CMOS moléculaire 200mm et Nanosys, ainsi que J.P. Bourgoin,
G. Chamming’s, R. Perdriaux et D. Vuillaume qui m’ont apportés leur soutien et avec
qui j’ai partagé des discussions très fructueuses pour la réalisation de ce travail de thèse.
Introduction générale 1
I État de l’art 7
i
ii Table des matières
2.1.3 Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 46
2.2 Nanofabric : Reprogrammabilité et tolérance aux défauts de fabrication . 46
2.2.1 Éléments de base de la Nanofabric . . . . . . . . . . . . . . . . . 47
2.2.1.1 Le bloc logique de base : le nanoBlock . . . . . . . . . . 47
2.2.1.2 La Nanofabric . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 48
2.2.2 La tolérance aux défauts de fabrication . . . . . . . . . . . . . . . 49
2.2.3 Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 50
2.3 FPGA nanométrique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 51
2.3.1 Architectures reprogrammables spatialement . . . . . . . . . . . . 52
2.3.2 La fabrication des NWs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 52
2.3.3 Diodes programmables . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 53
2.3.4 Adressabilité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 54
2.3.5 Restauration de niveau logique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 55
2.3.6 Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 55
2.4 Interface Micro-nano . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 56
2.4.1 Des transistors à partir d’un réseau de nanofils . . . . . . . . . . 56
2.4.2 L’adressage micro-nano . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 59
2.4.3 Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 61
2.5 Architecture neuromorphique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 61
2.5.1 L’architecture CMOL : une architecture hybride . . . . . . . . . 62
2.5.2 Le CrossNet . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 64
2.5.3 Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 65
2.6 Automate Cellulaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 66
2.6.1 Qu’est ce qu’une cellule QCA ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 67
2.6.2 Implémentation avec des jonctions tunnel métalliques . . . . . . . 71
2.6.3 Vers une implémentation moléculaire . . . . . . . . . . . . . . . . 73
2.6.4 Perspectives . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 73
2.7 Le crossbar moléculaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 74
2.7.1 Le crossbar d’interrupteurs moléculaires . . . . . . . . . . . . . . 75
2.7.2 Réalisation expérimentale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 76
2.7.3 Perspectives . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 78
II Contribution originale 85
A Chronogrammes 143
Bibliographie 166
Publications 173
Introduction générale
Contexte de l’étude
Plus proche de nous, alors que les experts scientifiques et les stratèges économiques
discutent avec acharnement de l’évolution de la fameuse loi de Gordon E. Moore [Cor05]
au delà de 2015, dans ce monde d’incertitude une chose s’impose avec évidence ; Per-
sonne ne sait vraiment quelles seront la taille, la nature et la physique des composants
électroniques de demain [SB04].
1
2 Introduction générale
Fig. 1 – [Had00] : Délai moyen vs. densité de composants, montrant la limite en dissi-
pation thermique, la limite relativiste et la limite quantique, pour les circuits intégrés
CMOS à température ambiante
Cette période charnière qui semble se dessiner devant nous reflète aussi l’incroyable
complexité sans-cesse croissante qu’est la conception micro-électronique. Parallèlement
à cet approfondissement systématique de tel ou tel domaine, les connaissances et les
compétences requises s’étendent de plus en plus jusqu’à se confondre. Pour pouvoir
appréhender de manière globale la micro-électronique (nano-électronique ?) de demain,
l’homme de l’art devra probablement avoir de solides connaissances dans des domaines
variés, de l’électronique classique au monde de la chimie moléculaire en passant par la
physique quantique, la biologie, la théorie des probabilités et autres outils mathéma-
Introduction générale 3
tiques indispensables.
Par ailleurs, le flot de conception, bien qu’amélioré, enrichi et optimisé, n’a pas
fondamentalement changé depuis quelques décennies et l’avènement de la synthèse de
circuit, aussi appelée compilation sur silicium. Il apparaît tout aussi clairement que le
monde de l’industrie ne changera ses méthodes de développement que si une alternative
économique et technologique viable voit le jour. Dès aujourd’hui, nous sommes déjà
très proches des limites de la lithographie optique, la longueur d’onde utilisée dans les
procédés technologiques de pointe étant 193nm en technique DUV (Deep Ultra Vio-
let). Il est attendu que l’industrie n’utilise pas le 157nm pour passer directement à la
lithographie EUV (Extreme Ultra Violet) en 2006-2007, permettant la mise en produc-
tion de la technologie < 32nm autour de 2010, une machine EUV coûtant entre 50
et 60 Millions de dollars [Bri04]. Cependant, IBM vient récemment d’annoncer qu’il
maîtrisait une nouvelle technique (High-index immersion) lui permettant d’étendre la
technologie DUV aux nœuds 32nm, repoussant encore une fois plus loin une échéance
certaine. Parallèlement, de nouvelles alternatives voient le jour, comme la lithographie
par empreinte [CKR96], la lithographie e-beam [CRRT99] [LCJ+ 02], ou encore la litho-
graphie dig-pen (Chad Mirkin). Au prix d’une usine moderne (3, 5 Milliard de dollars en
2007 d’après TSMC), l’enjeu est de taille, et les promesses de méthodes de fabrication
révolutionnaires1 attisent, à juste titre, certains appétits.
Dans la logique d’évolution des architectures de calcul vers toujours plus de puis-
1
Auto-assemblage et auto-organisation de molécules [HHDT03], assemblage bio-chimique contrôlé
par ADN [KBB+ 03], nano-assemblage par virus génétiquement modifié [NPLB04] ou encore nanofil
métallique à base d’organisme microbien [ea06]
4 Introduction générale
sance, il semble de plus en plus certains pour les raisons rappelées précédemment (es-
sentiellement, fréquence et dissipation thermique) que nous soyons voué à imaginer de
nouvelles manières de traiter l’information. Cependant, paradoxalement, un sérieux frein
à la recherche de ces nouveaux paradigmes de calcul pour remplacer, ou compléter, celui
introduit par Von Neumann [vN37] réside dans le fait que la très grande majorité de la
recherche dans le domaine des nanotechnologies se focalise sur l’aspect matériaux et sur
des composants de type transistor. Le cycle n’est pas vertueux : ne sachant pas vraiment
dans quelle direction s’engager, la recherche au niveau composant s’attèle à reproduire
des composants électroniques classiques, alors qu’inversement, sans nouvelles briques de
bases ayant des fonctionnalités originales, les concepteurs de circuits ne peuvent que
transposer l’existant à l’échelle nano. Cette difficulté conduit à la situation actuelle, où
l’effort de recherche entrepris au niveau circuit et architecture pour réfléchir à la manière
d’intégrer de nouveaux nano-composants de manière fondamentalement différente, est
quasi inexistant.
Structure de l’étude
Initialement ouvert de manière beaucoup plus large sur les architectures de calcul
à base de composants issus de l’électronique moléculaire, nous avons précisé le thème
de recherche de l’étude sur les aspects mémoire par la suite. C’est pourquoi le lecteur
trouvera dans la première partie de ce manuscrit, un état de l’art générale sur les nano-
technologies. Les deux premiers chapitres sont ainsi dédiés, respectivement, aux maté-
riaux de base de l’électronique moléculaire et à leurs applications (nanofils, nanotubes
et molécules) d’une part, et aux architectures innovantes de traitement de l’information
issues de la recherche dans ce nouveau domaine, d’autre part. Le chapitre trois pré-
sente succinctement les points mémoires commerciaux actuels avant d’en confronter les
caractéristiques à ceux issus de l’électronique moléculaire. Ce dernier chapitre, volon-
tairement concis, permet d’introduire la contribution de nos travaux développée dans
le deuxième volet de cette thèse.
État de l’art
7
Chapitre 1
Le plus souvent présentés en tant que point de départ de la recherche dans le do-
maine des nanotechnologies, les matériaux de l’électronique moléculaire ont pour points
communs leurs dimensions nanométriques qui impliquent une prise en compte de phé-
nomènes physiques et électriques jusqu’à présent ignorés.
Nous présenterons dans un premier temps la famille des nanofils, avant de nous
intéresser plus spécifiquement à un de ses dérivés où le matériau semiconducteur est re-
couvert de molécules. Nous détaillerons ensuite le domaine des nanotubes, en abordant
leurs propriétés peu communes ainsi qu’un tour d’horizon de leurs nombreuses possibi-
lités d’applications. Nous clôturerons ce chapitre en présentant différentes applications
de molécules dont certaines caractéristiques originales sont exploitées.
Les nanofils sont une famille de nano structures, appelés également nano maté-
riaux, étudiés par un grand nombre d’équipes de recherche. Ils tirent leur appellation de
leur largeur nanométrique (environ 10nm) et du fait de leur rapport longueur/largeur
9
10 Les matériaux de l’électronique moléculaire
souvent supérieur à 1000. Ces propriétés font qu’ils sont référencés dans la catégorie
des matériaux à une seule dimension (1D) où les phénomènes quantiques ne sont plus
négligeables. Pouvant être isolants (ex : SiO2 ,T iO2 ), métalliques (ex : Ni, Pt, Au) ou
semiconducteurs (ex : InP, Si, GaN), ils focalisent aujourd’hui un effort considérable
dans la perspective de pouvoir réaliser des composants électroniques innovants. Les na-
notubes de carbone font partie de la famille des nanofils, leurs propriétés physiques et
électroniques peu courantes font que nous leur consacrerons une section à part entière
(section 1.3).
Les réalisations et les domaines d’application des nanofils semiconducteurs sont va-
riés, avec, par exemple, de la logique à diode permettant de réaliser des portes logiques
(figure 1.1) et du calcul [HDC+ 01], une interface originale sous la forme d’un décodeur
d’adresse entre les mondes micro et nano électronique [ZWC+ 03] (section 2.4) et des
transistors à effet de champs (NW-FET) [jWM+ 04] [McE00] [Avo02a]. Parce qu’ils sont
le point de départ de la contribution scientifique de cette thèse (partie II), c’est une
sous-famille de ces derniers que nous avons choisi d’approfondir dans la suite de cette
partie.
Fig. 1.1 – [HDC+ 01] : Nanologique à base de nanofil : (A) Illustration d’une porte lo-
gique OR réalisée à partir du croisement d’un nanofil semiconducteur de type N par des-
sus deux nanofils de type P. Au dessus, Image SEM (échelle 1µm) du circuit réalisé (B)
Niveau électrique pour toutes les combinaisons logiques possibles (0,0) ;(0,1) ;(1,0) ;(1,1)
avec niveau logique ’0’ valant 0V et niveau logique ’1’ valant 5V (C) Table de vérité de
la fonction logique
Transistor à nanofil semiconducteur recouvert de molécules 11
Dans [LFL+ 04], les molécules ont été synthétisées en suivant des méthodes issues de
la littérature [MA96] [DBSA01] et elles ont été caractérisées par 1 H et 13 C NMR, par
spectroscopie de masse et par analyse élémentaire. Des études de voltamétrie cyclique
ont par ailleurs révélé que la molécule exhibait un comportement de transfert d’élec-
trons réversible, sous la forme d’un cycle d’hystérésis, avec une paire de pic rédox1 de
F e(II)/F e(III) autour de 0.8-0.9V .
1
Molécules en solution dans de l’acetonitrile, en utilisant une sonde Ag/AgN O3
12 Les matériaux de l’électronique moléculaire
Fig. 1.2 – [LFL+ 04] : (a) Image SEM d’un nanofil mono-crystalin de In2 O3 synthétisé
par ablation laser (b) Image SEM du transistor réalisé. Cadre : Image TEM haute-
résolution du nanofil
Ainsi réalisé, le transistor à nanofil moléculaire occupe une surface de 2µm (longueur
Transistor à nanofil semiconducteur recouvert de molécules 13
du canal) par 10nm (largeur du nanofil). Pour des raisons de fabrication, et de manière
à ce que la mono-couche de molécules ne soit pas recouverte, la grille de contrôle se re-
trouve sous l’oxyde. La figure 1.4 illustre la coupe du transistor ainsi obtenu [LFL+ 04].
Oxide
S D Métal
Nanofil
G Grille en face arrière
Molecules
Fig. 1.4 – [LFL+ 04] : Coupe schématique du transistor NWFET moléculaire proposé
par Meyyappan et al.
Fig. 1.5 – [LFS+ 04] : Transistor à nanofil sans noyaux métalliques par Meyyappan et
al.
possible de pouvoir obtenir jusqu’à huit courants IDS différents2 . Ces différences de
conduction sont séparées d’environ 500nA entre chaque état3 (Figure 1.6), ce qui per-
met de distinguer 8 états, soit 3 bits d’information. On peut ainsi dire que le composant
NWFET moléculaire dispose d’une grille flottante, constituée par la mono-couche de
molécules.
Les figures 1.6(a) et 1.6(b) présentent les caractéristiques IDS (VGS ) pour VDS =
−75mV et IDS (VDS ) pour VGS = 0V , respectivement.
La Figure1.6.(b) illustre quant à elle les caractéristiques IDS −VDS enregistrées après
que le transistor eut été programmé par impulsion sur la grille (avec la source suppo-
sée comme référence), pour les différentes valeurs de VG = +25, −2.5, −5, −7.5, −10,
2
Une fois la tension de programmation appliquée sur la grille, la lecture s’effectue à VG = 0
3
Pour VDS = 0.5V
Transistor à nanofil semiconducteur recouvert de molécules 15
Finalement, le tableau 1.1 donne les différentes valeurs de résistance, extraites par
interpolation linéaire des caractéristiques, valable pour −0.5V ≤ VDS ≤ 0.5V .
D’une part, les phases que l’on qualifiera programmation (pour VGS << 0V ) et
celle appelée effacement (pour VGS >> 0V ), ont pour conséquence de respectivement
oxyder (F e2+ −→ F e3+ ) et réduire (F e3+ −→ F e2+ ) la population de molécules par
effet électrostatique interposé. En effet, la grille étant située sous le canal et séparée du
nanofil semiconducteur par un oxyde de Si O2 , une différence de potentiel négative va
engendrer l’accumulation de charges négatives sur l’armature métallique qu’est la grille,
en conséquence de quoi une accumulation de charges positives se formera dans le nano-
fil. C’est cette armature intermédiaire qui va, grâce à la présence de multiples charges
positives, capter les électrons libres présents autour des noyaux de Fer des molécules de
bis(terpyridine) − F e2+ et ainsi les oxyder en F e3+ .
La maigre littérature dans le domaine nous renseigne que c’est a priori l’ampli-
tude seule du signal appliqué sur la grille qui va déterminer le nombre de molécules
réduites ou oxydées, avec pour conséquence une variation du seuil de conduction VT .
Par ailleurs, le comportement en fréquence de ce type de transistor est actuellement
inconnu. A l’image de la grille flottante d’un point mémoire flash, la couche moléculaire
agit donc comme une grille programmable à effet mémoire.
Cependant, toutes les molécules ne semblent pas réagir de la même façon pour un
VGS donné, à VDS faible. La localisation physique des molécules sur le nanofil, la disper-
sion sur les seuils d’oxyo-réduction de chaque molécule (jusqu’à 300mV de différence), la
qualité et l’épaisseur variable des différentes couches de matériaux peuvent expliquer ce
phénomène. C’est donc un ensemble de paramètres bien distincts qui permet d’obtenir
plusieurs niveaux programmables de courant, avec une différence de conduction utili-
sable par l’électronique de contrôle CMOS. Par exemple, environ 500nA entre chaque
état à VDS = 0.5V , comme sur la figure 1.6.
Après avoir décrit les différents types de CNT, détaillé leurs propriétés de transport
électronique et présenté plusieurs méthodes de synthèse, nous dresserons un tableau du
large domaine d’application de ce nouveau matériau.
Fig. 1.7 – [SGK+ 05] : Vue d’artiste du plus petit transistor à nanotube au monde par
Infineon, son canal mesure seulement 18nm !
fourniture de bureau très courante ; le crayon à papier ! En effet, le trait laissé par un
crayon n’est autre qu’un ensemble de feuilles de graphite déposées à la surface d’un
support. On peut ainsi considérer un nanotube de carbone comme étant une feuille de
graphite qui s’est enroulée sur elle même pour former un tube, éventuellement fermée
aux deux extrémités. Cette structure, a priori extrêmement simple, se révèle être très
complexe et débouchant sur de multiples usages. Ainsi, la direction de l’enroulement ou
chiralité, est structurellement importante, elle détermine en effet les caractéristiques de
Les nanotubes de carbone 19
(8,8)
(10,-2)
(8,0)
a2 a1
Fig. 1.9 – [Dai02] : Schéma d’une structure de graphite. a1 et a2 sont les vecteurs de
base du réseau. En enroulant la feuille pour former un cylindre de façon à ce que les
deux extrémités d’un vecteur (m,n) du réseau se joignent, on obtient un nanotube (m,n).
Les indices m et n déterminent le diamètre du nanotube et sa chiralité. Cette dernière
désigne le motif d’arrangement formé par les atomes de carbone constituant le CNT
Les nanotubes définis par une seule feuille de graphite sont appelés monoparois ou
Single Wall NanoTubes (SWNTs), alors que ceux désignés par le terme multiparois ou
Multi Wall NanoTubes (MWNTs) sont composés de plusieurs SWNTs coaxiaux, chacun
pouvant être de chiralité différente.
D’un diamètre moyen de 1.4nm (mini 0.4nm), les SWNTs (fig.1.11(a)) sont souples,
ils supportent le fait d’être tordus ou aplatis et ils peuvent, dans une certaine mesure,
s’allonger sans casser. Leur production est plus difficile comparée à celle des multipa-
rois. Ces derniers (fig.1.11(b)) sont constitués d’une multitude de couches (près de 50
pour le maximum constaté), chacune d’elles pouvant être de chiralité différente. Les
MWNTs contiennent beaucoup plus de défauts que les monoparois, ce qui a pour effet
de diminuer leurs propriétés, dont le tableau de la figure 1.8 rappelle quelques valeurs
caractéristiques. Dans les deux cas, les longueurs observées expérimentalement peuvent
aller jusqu’à quelques centaines de microns.
20 Les matériaux de l’électronique moléculaire
Fig. 1.10 – Structures possibles d’un CNT (droite) Il existe une multitude de motifs
possibles, les deux principaux étant le zigzag (m,0) et l’armchair (m,m). Les autres
structures présentant des colonnes d’hexagone en spirale autour de l’axe du nanotube
sont dites chirales (gauche) Sur le NT Zigzag, le motif est horizontal, sur le NT Armchair
le motif est vertical
Fig. 1.11 – [PH03] : (droite) Modélisation d’un nanotube monoparoi (gauche) Modéli-
sation d’un nanotube multiparois
Une caractéristique des nanotubes de carbone est l’extrême sensibilité de leurs pro-
priétés électroniques à la chiralité de leur structure. Un SWNT peut être métallique,
semi-conducteur, à grand ou petit gap, suivant les valeurs des paramètres structuraux
Les nanotubes de carbone 21
(m,n).
Ainsi un nanotube arm-chair (Figure 1.10) est métallique, et les nanotubes dont les
paramètres (m,n) respectent la condition m − n 6= 3 ∗ p où p est un entier, sont de type
semi-conducteur.
– Dans le cas d’une grande résistance de contact, c’est à dire plus importante que la
h
résistance quantique (RC >> RQ = 2e2
), le nanotube forme une barrière tunnel
avec les contacts. A basse température, on observe les phénomènes de blocage de
coulomb, dans ce régime le transport électronique s’effectue électron par électron,
l’aspect particule de ceux-ci est prépondérant. A haute température, le nanotube
présente un comportement de liquide de Luttinger, c’est à dire que la conductance
d’un CNT métallique varie comme une fonction puissance avec la température ou
la tension appliquée [MB99].
– Dans le cas de contacts électriques parfaits, c’est à dire une résistance de contact
faible, un nanotube sans défaut présente en théorie une résistance valant la moi-
tié du quantum de résistance, soit une résistance dans le transport balistique de
6, 45KΩ. Dans un tel régime, le nanotube ne dissipe pas de chaleur, les électrons
n’étant pas arrêtés par le milieu traversé. Cette caractéristique en font de bons
candidats pour l’implémentation de fils moléculaires.
En ce qui concerne les nanotubes multiparois, il semble que la conduction soit ma-
joritairement assurée par le nanotube externe.
Les défauts dans le réseau structurel d’un nanotube modifient fortement ses pro-
priétés électriques. Quelles sont la nature et la position exactes de ces défauts ? Quelles
sont leurs relations avec les propriétés de transport ? Ce sont des questions auxquelles
tente de répondre la communauté scientifique, en abordant le problème, par exemple,
par l’approche de la simulation numérique et du calcul ab-initio [JK01].
22 Les matériaux de l’électronique moléculaire
Lors de la fabrication par arc-discharge [CJ97], un arc électrique est généré entre
deux électrodes sous une atmosphère de gaz neutre (hélium, argon). Ces deux électrodes,
la cathode et l’anode, sont des bâtons de graphite présentant un orifice rempli d’un mé-
lange de catalyseur métallique (Fer, nitrate) et de poudre de graphite. La synthèse est
rapide (2mn), ce qui rend ce procédé moins coûteux et plus rapide que celui dit par
laser-ablation. Ce dernier, présentée dans [AT96], est similaire à la précédente méthode,
exception faite de l’utilisation du laser pour évaporer le carbone.
Chacun des deux procédés conduit à la synthèse d’un grand nombre de nanotubes
entremêlés et mélangés à des impuretés, ce qui complique très sérieusement les étapes
de purification. Bien que ces méthodes mettent en jeu des températures très élevées,
supérieures à 3000°C, elles ont l’avantage d’avoir un très bon rendement (70%) vis-à-vis
de la quantité de graphite introduite.
Dernière méthode décrite, la synthèse par dépôt en phase vapeur, ou CVD [HD96],
consiste en la décomposition par catalyse d’un hydrocarbure dans un four entre 500
et 1200°C. Lors du refroidissement du système, la croissance des nanotubes s’effectue
sur des catalyseurs, qui sont généralement des nano-particules de fer, de nitrate ou de
cobalt. Se déroulant le plus souvent sur une surface d’oxyde d’aluminium poreux, cette
technique permet d’obtenir des NTs alignés (Figure 1.12).
Les trois méthodes décrites ne permettent pas de maîtriser la chiralité des NTs syn-
Les nanotubes de carbone 23
Fig. 1.12 – [Dai02] : Image au MEB d’un réseau de MWNTs. Chaque tour est un paquet
de MWNTs orientés perpendiculairement à la surface.
thétisés, autrement dit, il n’est pas aujourd’hui possible de choisir la propriété électrique
du NT. Par conséquent, une étape de tri post-fabrication doit être réalisée pour distin-
guer les NTs semiconducteurs des NTs métalliques. Une méthode assez répandue utilise
la pointe de microscope à force atomique (Atomic Force Misroscope ou AFM), d’autres
procédés de tri existent, comme par exemple la destruction constructive [HTA04], qui
consiste à détruire dans un bouquet de SWNTs ceux qui sont métalliques, permettant
ainsi de ne garder que les NTs semi-conducteurs.
Suggéré précédemment, l’intégration des NTs dans un circuit, permettant par exemple
de le caractériser, est une étape distincte de la synthèse. C’est à dire qu’il faut passer
par plusieurs étapes complexes pour pouvoir tester expérimentalement un circuit, en
commençant d’abord par fabriquer les nanotubes, puis par les trier, pour pouvoir en-
fin les déposer au bon endroit sur un wafer. C’est pourquoi une partie de la recherche
actuelle dans le domaine se focalise sur la synthèse in situe de nanotubes de carbone,
permettant en un seul procédé de faire croître les NTs localement sur le circuit (figure
1.13) [YT04].
Une approche encore plus exotique pour faire croître des NTs in situe est proposer
par Braun et al. de l’institut de technologie à Haïfa, Israël. L’idée est de placer préci-
24 Les matériaux de l’électronique moléculaire
Fig. 1.13 – [YT04] : (a) schéma d’un décodeur CNT, (b) image au MEB d’un CNT
entre 2 électrodes
Fig. 1.14 – Image au MEB d’un SWNT contacté par des fils d’or auto-assemblés sur
de l’ADN [KBB+ 03]
sement les nanotubes par auto-assemblage en utilisant des brins d’ADN (Figure 1.14
[KBB+ 03]).
L’opération s’effectue sur un wafer de silicium couvert d’oxyde. Un brin d’ADN syn-
thétique posé en surface code une information sur la destination précise du nanotube.
Ce nanotube, convenablement fonctionnalisé en solution, s’apparie au brin d’ADN par
l’intermédiaire de procédés mettant en jeu d’autres brins d’ADN et des protéines. En-
fin, les extrémités sont contactées avec de l’or qui s’auto-assemble sur le brin d’ADN
fonctionnalisé par de l’argent.
Finalement, bien que plusieurs scénarios crédibles soient avancés et que différentes
techniques de synthèse existent, la compréhension et la maîtrise du processus de crois-
sance n’en sont encore qu’à leurs balbutiements. Pour plus de précisions sur ces méca-
Les nanotubes de carbone 25
Fig. 1.15 – [JGW+ 03] : Transistor CNT, image au MEB (droite), à l’AFM (gauche)
Une technique pour obtenir des transistors de type n consiste à doper chimiquement
26 Les matériaux de l’électronique moléculaire
le nanotube. Avouris et al. d’IBM Research à New York, propose un autre procédé
consistant en un recuit du transistor dans un environnement vidé d’air [VD01].
Cependant, quelle que soit la méthode, cette transformation n’est pas définitive,
une fois exposé à l’air, le transistor redevient de type p. Une solution consiste alors à
encapsuler le transistor sous un film isolant [VD01]. La figure 1.16 montre une porte
logique inverseur, constituée d’un même CNT ayant une partie p et une partie n servant
de canal pour deux transistors, la partie exposée ayant été dopée au potassium [VD01].
Fig. 1.16 – [VD01] : (a) image AFM d’un inverseur à CNTFET, (b) caractéristique
mesurée
Afin d’améliorer les caractéristiques électriques des transistors, les contacts électrodes-
nanotubes doivent être améliorés. En utilisant des électrodes de palladium, Daï et al.
propose une solution pour réduire les barrières Schottky au contact métal-nanotube
semiconducteur dans un transistor constitué d’un nanotube monoparoi [JGW+ 03].
D’autre part, toujours dans un but applicatif type transistor, Martel et al. a dé-
montré l’utilisation de nanotubes métalliques dans la fabrication de transistors à peu
d’électron (SET) [Mar03].
exploite cette propriété en disposant sous chaque colonne de nanotubes suspendus, une
ligne jouant le rôle de contre-électrode. La distance entre les deux électrodes est de
180nm et la distance entre les nanotubes et la contre-électrode est de 18nm [JMB+ 04].
Fig. 1.18 – Mémoire électro-mécanique NRAM à base de nanotube présentée par Nan-
tero [Pau04]
28 Les matériaux de l’électronique moléculaire
Fig. 1.19 – Degré d’ouverture (en fonction d’une différence de potentiel) d’une nano-
pince à base de nanotubes de carbone permettant la manipulation d’objet à l’échelle
moléculaire [KL99]
ment jouer le rôle d’interrupteur dans la gamme de fréquence du GHz, ouvrant ainsi
de large perspective d’application dans les domaines de la logique, des mémoires, des
générateurs d’impulsion et des amplificateurs de courant ou de tension. [LLM+ 04] pré-
sente le premier nano-relais à base de MWCNT et mesure expérimentalement le courant
source-drain en fonction de la tension de grille.
Émission de lumière Les nanotubes peuvent être utilisés comme d’excellentes sources
de photons, réalisant par exemple, de minuscules diodes électroluminescentes (figure
1.21), permettant même d’envisager de l’interconnexion optique sur puce. Une méthode
pour générer des photons consiste à utiliser la propriété d’ambipolarité d’un nanotube
de carbone semiconducteur structurellement parfait. En maintenant le transistor dans
VD
un état bloqué suivant la condition VG = 2 , cela conduit à injecter la même quantité
d’électrons au niveau de l’électrode de source que de trous au niveau de l’électrode de
drain. De cette manière ils se recombinent dans le canal de conduction en émettant
des photons. Il a été démontré que la position de recombinaison peut être précisément
contrôlée par le potentiel de grille. Cette approche a été réalisée expérimentalement par
30 Les matériaux de l’électronique moléculaire
Fig. 1.21 – [HTA04] : Vue d’artiste d’une source de lumière à partir d’un simple nano-
tube de carbone.
Émetteurs à effet de champ pour écrans plats [Dij06] Les structures classiques
pour faire de l’émission de champ (Field Emission Device ou FED) sont les structures
diodes où les émetteurs sont au potentiel de la cathode qui est disposée en regard d’une
électrode polarisée positivement : l’anode (figure 1.23(droite)). Ce dispositif très simple
n’est pas bien adapté pour faire des dispositifs utilisant l’émission de champ comme des
écrans. En effet, le champ d’extraction qui est imposé par une électrode assez éloignée
nécessite l’application de forts potentiels, ce qui pose des problèmes de commutation.
Samsung a présenté en 1999 un prototype d’écran couleur de 9" de diagonal (576x242
pixels) utilisant cette technique FED [Cho99], figure 1.22.
Une structure triode originale basée sur des paillassons de nanotubes compatible
avec une réalisation grande surface a été mise au point au LETI. La figure 1.24 la décrit
et précise son intégration dans un sous-pixel d’un écran-plat.
Les nanotubes de carbone 31
Fig. 1.23 – [Dij06] : (gauche) Structure diode à effet de champ. Le champ appliqué au
sommet de l’émetteur est Fapp = Vda où d est la distance anode-cathode (typiquement
1mm). (droite) Structure triode à effet de champ. Le champ appliqué au sommet de
l’émetteur est proportionnel à Vag où a est le rayon du trou de grille (typiquement 1µm).
Cette structure se compose d’un premier niveau métallique constituant les colonnes
de l’écran et représentant les conducteurs cathodiques. Un deuxième niveau métallique
est déposé sur la couche d’isolant pour réaliser les grilles qui constituent les lignes de
l’écran. Au centre , on réalise avec un troisième masque des plots de catalyseurs de 5µm
par 10µm sur lesquels viendront croître les nanotubes. Cette structure est simple et
facile à réaliser car elle ne comporte aucun motif ayant une forte résolution.
32 Les matériaux de l’électronique moléculaire
Fig. 1.24 – [Dij06] : Vues au MEB de la structure triode. A gauche, vue d’un sous pixel
couleur avec les plots de CNT entre les grilles. A droite, détails des plots de nanotubes
entre les grilles.
Les molécules en tant que composants à part entière et non pas seulement en tant
que matériau font aussi partie de l’intense effort de recherche actuelle visant une nou-
velle fois à miniaturiser et à intégrer toujours plus de dispositifs.
Cette ultime forme de composants miniatures fait partie d’un domaine d’où pourrait
émerger une réelle innovation et des changements radicaux, en rupture avec la microélec-
tronique actuelle. L’information, le calcul et le transport pouvant être imaginer comme
étant des phénomènes chimiques, électroniques, magnétiques ou encore mécaniques, leur
fabrication étant généralement des procédés de synthèse chimique en lieu et place des
techniques de lithographie optique. La synthèse de molécules n’est pas un domaine nou-
veau et les différentes industries dans le domaine (pharmaceutique, pétro-chimique,. . .)
démontrent chaque jour un peu plus la maîtrise des techniques et des procédés, mais
c’est seulement au cours de la dernière décennie que certains ont imaginé les utiliser
pour faire du traitement de l’information.
Les domaines d’application sont variés ; des interrupteurs électro-mécaniques [LCJ+ 02]
permettant, par exemple, de réaliser des mémoires [CJO+ 03], des réseaux d’intercon-
nexions configurables [HHDT03], des zones de stockage de charge électronique pour tran-
sistors à effet de champs [LFL+ 04] ou encore, plus ambitieux, du calcul intra-moléculaire
[SFJ03]. Cette liste n’est évidement pas exhaustive et la recherche actuelle dans ce do-
maine est d’une extrême richesse imaginative et réserve souvent des surprises d’un point
de vue de microélectronicien. Certains aspects rendent ces molécules très attractives en
vue d’une intégration hybride (CMOS-molécules) dans les 5 à 10 ans à venir. Nous ré-
sumons ci-dessous quelques unes de leurs propriétés et applications originales.
(a) Conformation de la porphyrine à hance ou- (b) Conformation de la porphyrine à hance fer-
verte mée
(a) Rotaxane comme interrupteur ouvert (b) Rotaxane comme interrupteur fermé
Cette molécule a été utilisée dans des travaux (controversés [SOB+ 04]) présentés par
Hewlett-Packard [CJO+ 03] (cf. section Le crossbar moléculaire page 74) qui décrivent la
fabrication et la mise en œuvre fonctionnelle d’un circuit à base d’électronique molécu-
laire comprenant une monocouche de [2]rotaxane prise en sandwich entre deux réseaux
de nanofils semiconducteurs.
Fig. 1.28 – Molécule de catenane composée de deux anneaux imbriqués pouvant tourner
l’un autour de l’autre
L’existence de différents états de charge pour des niveaux de tensions distincts, per-
met d’envisager l’utilisation de telles molécules dans des architectures de mémoires à
stockage de charge comme c’est le cas aujourd’hui avec les DRAM (section 3.1) ou les
FLASH (section 3.3).
Dans [LMG+ 04] est détaillée une stratégie pour augmenter la densité d’intégration
d’une mémoire en utilisant une approche multivaluée où la cellule de stockage de charge
est constituée de molécules (porphyrines et férocenes) ayant plusieurs états d’oxydo-
réduction. En combinant ces deux molécules, les potentiels caractéristiques d’oxydation
de la férocène et de la porphyrine sont conservés, ce qui permet de distinguer 4 états
(neutre, et les trois autres états d’oxydation cationique de la férocène et de la porphy-
rine, la figure 1.29 l’illustre).
Fig. 1.29 – Voltamétrie cyclique (100 V s−1 ) d’une monocouche auto-assemblée (Self
Assembled Monolayer ou SAM) de porphyrine [RD+ 00]
La principale difficulté pour simuler l’utilisation des molécules dans des circuits
complexes de traitement de l’information est qu’il n’existe pas de méthodologie ou de
38 Les matériaux de l’électronique moléculaire
modélisation appropriée. Il est aujourd’hui très difficile de pouvoir faire des mesures
électriques reproductibles d’une seule molécule, les physiciens et chimistes mesurant
généralement les propriétés d’un ensemble de molécules. Du côté de la simulation, l’ap-
proche ab-initio qui consiste à partir des équations physiques et de la géométrie des
molécules est probablement la meilleure, même s’il est vrai que les temps et les res-
sources de calculs gigantesques nécessaires brident encore la recherche dans ce domaine.
Par ailleurs, beaucoup de travail théorique au niveau de la compréhension des phéno-
mènes en jeux reste à accomplir.
Depuis plus de 50 ans, nous avons basé la plupart, si ce ne sont pas l’ensemble, des
architectures d’ordinateurs sur le modèle de Von Neumann, inspiré par le modèle théo-
rique d’Alan Turing au cours de la première moitié du XX me siècle [vN37]. Quelques
récents changements de stratégie technologique1234 et marketing56 d’acteurs majeurs
de la microélectronique laissent à penser qu’effectivement, nous sommes bien en train
d’atteindre les limites des architectures de calcul d’aujourd’hui.
Cependant, ces limitations sont aussi une chance pour prendre en compte, explorer
et évaluer encore plus intensivement d’autres paradigmes de traitement de l’informa-
tion comme le calcul quantique et les réseaux de neurones, ou plus innovant, comme les
1
Intel abandonne l’architecture de ce qui devait être le Pentium V
2
Baisse des fréquences des processeurs x86 au profit d’architectures plus efficaces comme le Pentium-
M, virtualisation, intégration de plusieurs cœurs sur une même puce
3
Le processeur G5 d’IBM inaugure la technologie SOI à l’échelle industrielle pour réduire la puissance
tout en augmentant encore une fois la fréquence
4
Le nouveau processeur CELL d’IBM/SONY/TOSHIBA est constitué d’un processeur central type
PowerPC et de 8 autres processeurs dédiés de type DSP
5
Intel change la convention d’appellation de ses processeurs et abandonne ainsi officiellement la
course à la fréquence
6
La puissance consommée devient un argument commercial pour les processeurs de bureau
39
40 Les architectures de l’électronique moléculaire
QCAs, ou enfin, plus original encore comme la Nanocell, une des approches ambitieuses
détaillées ci-dessous.
2.1.1 La Nanocell
Alors que les puces hybrides représentent les premières opportunités pour les com-
posants moléculaires à s’immiscer dans le monde des circuits de traitement de l’informa-
tion, l’approche auto-assemblée et organisée au hasard représente une vraie nouveauté
pour la conception des puces, radicalement différente du principe de fabrication et de
caractérisation top-down que l’industrie microélectronique utilise à ce jour. Simplicité
et relatif faible coût de fabrication, reprogrammabilité, très haute tolérance aux défauts
de fabrication, tels sont les atouts de la Nanocell (NC).
Elle est fabriquée à partir d’une cavité créée sur un wafer de silicium classique. Cette
cavité a été expérimentalement conçue dans des dimensions de l’ordre du µm2 , mais
on peut tout aussi bien imaginer les diminuer à la taille minimale que nous permet
la lithographie. A la périphérie de la Nanocell, à la limite de la cavité, sont disposés
des pads d’entrées/sorties métalliques permettant l’interconnexion entre les Nanocells
et/ou avec d’autres dispositifs permettant, par exemple, la mise à niveau des signaux
ou l’isolation électrique. Des particules métalliques d’or ou de platine sont déposées au
hasard à l’intérieur de la cavité ; Elles jouent le rôle de points d’interconnexion pour les
Nanocell : l’approche bottom-up 41
éléments actifs que sont les molécules. Une mono-couche contenant des switches molé-
culaires est déposée par la suite sur la cavité. Les molécules qui ont des terminaisons à
base de thiols, viennent ainsi se déposer entre chaque particule métallique. Le graphe
d’interconnexion électrique de la Nanocell est ainsi créé.
La molécule utilisée par l’équipe de Tour est la nitroaniline (Figure 2.2), molé-
cule conjuguée avec un centre rédox. D’autres molécules aux caractéristiques similaires
peuvent être également utilisées, les conditions à remplir sont doubles : présenter une
caractéristique de résistance différentielle négative pour une certaine plage de tension
dV (NDR : Negative Differential Resistance, cf. section 1.4.1 p.33) et pouvoir être com-
mutée dans au minimum deux états différents, en fonction de certains seuils de tension.
Dans l’exemple de la nitroaniline, l’application d’une tension de +1, 75V à ses bornes
entraîne la commutation dans un mode non-linéaire (’1’ sur la figure). Inversement, une
tension de −1, 75V fera basculer la molécule dans une mode linéaire (’0’). Les pro-
priétés de cette molécule permettent de l’utiliser, par exemple, comme un interrupteur
contrôlable en tension. Le graphe d’interconnexion interne peut donc être entièrement
reconfigurable, à condition que chaque molécule soit adressable individuellement.
semble des simulations réalisées par Tour et al. avait pour hypothèse forte, l’accessibilité
de chaque molécule, les expériences ayant permis de démontrer la preuve du concept.
Il ne semble pas que cette fonction ait été réalisée en pratique par l’équipe. Ce pro-
blème de conversion courant-tension est une contrainte car il complexifie grandement le
concept qui se veut être le plus simple possible. Une des voies à explorer serait d’envi-
sager l’intégration à l’intérieur de la nanocell de ces circuits de conversion.
A terme, sous réserve que le concept soit validé et que les problèmes d’adressabi-
lité soient résolus, l’effort le plus important résidera dans l’après-fabrication, ce qui est
Nanocell : l’approche bottom-up 43
relativement nouveau car, en plus de tester la nanocell pour y déceler des défauts de
fabrication, il faut surtout découvrir l’ensemble des fonctions logiques implémentables.
Pour ce faire, Tour et al. ont implémenté, par simulation, un algorithme génétique
[THH+ 02] qui, à partir d’un graphe d’interconnexion aléatoire, est capable d’explorer
l’ensemble des solutions de la Nanocell avec comme principaux paramètres, outre la
fonction logique cible, le nombre de plots de la Nanocell, le nombre de particules d’or
déposées et le nombre de molécules interconnectées.
Une limitation supplémentaire de la NC dans son état actuel réside dans le fait que
chaque fonction logique (NOT, NAND, XOR,. . .) a des niveaux logiques (en tension)
propres. Par exemple, et toujours en simulation, un inverseur (Figure 2.5) se voit carac-
térisé par un niveau logique bas de −40nA et d’un niveau logique haut de 930nA alors
44 Les architectures de l’électronique moléculaire
qu’une NC configurée en porte NAND (Figure 2.6) a ses niveaux situés respectivement
à −20nA et 840nA. La différence est certes minime sur cet exemple, mais elle met en
lumière une fois de plus la difficulté à interconnecter les NCs du simple point de vue
des niveaux logiques.
Il est à noter que l’équipe a réalisé un prototype fonctionnel (Figure 2.7, [Tou03b]) de
mémoire présentant, à température ambiante, un comportement reproductible de com-
mutation entre un mode linéaire et un mode non linéaire, avec de surcroît de très bonnes
caractéristiques PVR (Peak to Valley Ratio) [CRRT99] de l’ordre du milliampère. Par
ailleurs, deux types d’effet mémoire, non-volatile après une semaine d’exposition à l’air
libre, ont été mis en évidence [CRRT99] [Che00], l’un est une lecture avec destruction
de l’information et l’autre sans destruction de l’information.
2.1.3 Conclusion
En effet, le concept de nanocell apporte certes une réponse convaincante (faible coût
de fabrication, tolérance aux défauts de fabrication, reprogrammabilité,. . .) aux pro-
blèmes majeurs que rencontre l’industrie de la microélectronique, mais il faut bien voir
qu’une fois les problèmes de fabrication surmontés, la difficulté réside dans la capacité
à fonctionnaliser chaque NC en une ou plusieurs fonctions mémoires ou logiques relati-
vement simples (AND, OR, NOT,. . .) et à les interconnecter entre elles. Le temps passé
à réaliser ces étapes post-fabrication risque de prendre le dessus sur les avantages.
grande quantité de dispositifs défectueux, l’équipe s’est intéressée aux méthodes de test
et d’évaluations de tels circuits.
Le nanoBlock est un bloc logique qui réalise une fonction booléenne à 3 entrées, 3
sorties et sa fonction complémentaire (Figure 2.8(b)).
– Des latchs moléculaires, similaires à ceux de la Nanocell (section 2.1). Ils res-
taurent le signal aux sorties du nanoBlock en dérivant l’énergie du signal d’hor-
loge entrant. En effet, dans la logique à diode, la dégradation du signal n’est pas
compensée (voir figures 2.10(a) et 2.10(b)).
Fig. 2.9 – [SCG01] : Exemple d’implémentation en logique à diode d’une porte AND à
deux entrées
2.2.1.2 La Nanofabric
La figure 2.12 représente le schéma de principe d’une Nanofabric. Les carrés jaunes
et rouges représentent des nanoBlocks, ils diffèrent par la direction de leurs entrées sor-
ties. Soit ils sont orientés face Sud-Est (SE), soit ils sont orientés face Nord-Ouest (NW)
Nanofabric : Reprogrammabilité et tolérance aux défauts de fabrication 49
Leur recherche d’une technique de test prend en compte la très haute densité d’inté-
gration des dispositifs moléculaires ainsi que le taux de défauts de fabrication qui devrait
être relativement élevé, de l’ordre de 10% [SFG+ 03]. L’idée est de montrer qu’il est pos-
sible de détecter relativement rapidement les défauts dans un circuit contenant un très
grand nombre de dispositifs en utilisant l’aspect reconfigurable de chaque cluster. Ces
50 Les architectures de l’électronique moléculaire
Le principe de la méthode de test est de faire des tests dans différentes directions,
de clusters en clusters, verticalement et horizontalement. L’intersection de la ligne et de
la colonne ayant échouée le test indique la présence d’un dispositif défectueux (figure
2.13(a)). La cellule de test est composée de plusieurs clusters, elle se propage sur le
circuit comme une vague (figure 2.13(b)). Chaque cellule fonctionalisée en testeur teste
et configure la cellule voisine et ainsi de suite. Autrement dit, une fois qu’une région
de la Nanofabric est testée et qu’une carte de ses défauts est obtenue, elle peut être re-
configurée en circuit testeur pour les autres régions voisines, c’est une forme d’auto-test.
2.2.3 Conclusion
thode de test rapide et automatisée, pour des circuits contenant un très grand nombre
de composants et de défauts.
fornia Institute of Technology. Ses travaux sont toujours focalisés sur les architectures
reprogrammables spatialement (comme les FPGAs), les problèmes d’interconnexions et
d’optimisations. Il s’applique depuis quelques années à proposer un design de PLA (Pro-
grammable Logic Array) exploitant les propriétés d’intégration des nano-technologies.
Son approche architecturale plutôt haut-niveau rend ses travaux dépendant de la tech-
nologie utilisée (Nanotubes, nanofils, molécules,. . .) mais a le mérite d’anticiper et donc
de donner des axes de recherches aux équipes travaillant sur les dispositifs élémentaires
précédemment cités.
propriétés suivantes :
– Leur taille peut être contrôlée par croissance sur des particules d’or (par exemple)
jouant le rôle de catalyseur. Ainsi, [CLG+ 01] [ML98] ont démontré la réalisa-
tion de NWs ayant un diamètre de seulement 3nm, et cela sans aucun procédé
lithographique.
– En contrôlant les composants de l’environnement de croissance (gaz), les NWs
semi-conducteurs peuvent être dopés localement pour influencer leurs propriétés
électriques [YCL00] [MSGL02] [MSGLJLL02] [DWL03].
– La conduction au travers de NWs dopés peut être contrôlée par un champ élec-
trique comme dans les FETs [HDC+ 01].
– L’alignement simple ou sur plusieurs niveaux (crossbar) de nanofils peut être réa-
lisé par des techniques microfluidiques performantes [HDWL01] [DWL03] [WJWL03].
Une nouvelle fois, c’est plus un cahier des charges que DeHon établit à l’intention
des technologues (chimistes, physicien, électronicien). En effet, se basant sur les travaux
de Rueckes et. al. [RKJ+ 00] ainsi que sur les très controversées [SOB+ 04] publications
de HP à propos de son crossbar 8x8 à base de rotaxane [CJO+ 03], il établit, en généra-
lisant, que certains types de molécules présentent des propriétés électriques d’hystérésis
54 Les architectures de l’électronique moléculaire
utilisables pour un effet mémoire permettant soit le stockage d’information, soit la confi-
guration de la cellule. A partir de ça, il développe son concept en prenant pour hypothèse
qu’il sera un jour possible de maîtriser l’industrialisation fiable d’une molécule ayant
pour caractéristique :
– Une résistance qui change significativement entre l’état ’ON’ et ’OFF’
– La possibilité d’avoir un comportement de type diode
– La possibilité de changer la molécule d’état ’ON’ à un état ’OFF’ par application
d’un potentiel de programmation.
– Une assez bonne reproductibilité
2.3.4 Adressabilité
Comme rappelé dans l’introduction, DeHon s’est intéressé très tôt dans ses travaux
à la problématique de l’interface entre les mondes micro et nano. Après avoir envisagé
de recourir à l’idée du décodeur d’adresse à base de molécules illustré par le brevet
HP [SP01] dans ses premières propositions architecturales, DeHon, bien inspiré par ses
collaborations avec Lieber, propose dans [ADS03] un décodeur d’adresse basé sur la
modulation du dopage sur la longueur d’un NW, la figure 2.15(a) l’illustre.
(a) Nanofil codant une adresse par modula- (b) Décodeur permettant l’interaction des
tion de dopage deux mondes micro et nano
La logique à diode implémentée par DeHon forme donc un plan OU (cf. Figure
2.14). Chaque NW en sortie du plan, peut donc être programmé pour réaliser la fonc-
tion logique OU de ses entrées. Le problème est que la logique à diode ne permet pas
de cascader plusieurs niveaux de logique à cause de la perte en tension aux bornes de
chaque diode (gain < 1). De plus, les portes OU ne sont pas des éléments logiques
universels, c’est à dire qu’on ne peut pas fabriquer par exemple la fonction logique
inverseur NOT à partir de OU. DeHon a donc envisagé d’implémenter des étages de
restauration et d’inversion de niveaux logiques à base de NW dopé et contrôlé comme
un FET [DeH03a] entre chaque étage de diode.
Enfin, tout comme dans un PLA traditionnel, DeHon envisage de pouvoir avoir accès
à la fois au signal logique et à son complément. Le plan OU qui reçoit les deux signaux
(original et son complément) doit être programmé en fonction de la polarité nécessaire.
Comme on peut le voir sur la Figure 2.16, à cause de la distribution stochastique
de NW, certaines entrées du plan OU seront seulement mémorisées (ex : Figure 2.16,
ligne 5), certaines seront seulement inversées (ex : Figure 2.16, ligne 2), d’autres seront
à la fois inversées et mémorisées (ex : Figure 2.16, lignes 0, 1 et 3) et enfin, certaines ne
seront pas accessibles (ex : Figure 2.16, ligne 4).
2.3.6 Conclusion
expérimentaux, que sur le plan structurel, car basé sur des concepts éprouvés, à défaut
d’être révolutionnaires.
Fig. 2.17 – [WJWL03] : Des nanofils (en bleu) à l’interface air/eau sont (a) compressés
par la méthode Langmuir-Blodgett jusqu’à obtenir le pitch désiré. (b) Les NWs sont
transférés à la surface d’un substrat pour créer une matrice parallèle uniforme. (c)
L’intersection de NWs est réalisée par répétition du processus perpendiculairement (en
rouge) à la première couche (en bleu).
58 Les architectures de l’électronique moléculaire
Le dispositif ainsi créé est appelé Crossed semiconductor Nanowire Field-Effect Tran-
sistor (cNW-FET). En effet, à l’intersection de chaque couple de nanofils perpendicu-
laires est créé un FET de type p, dont les process de fabrication sont détaillés dans
[CLG+ 01]. Les transistors obtenus présentent des caractéristiques très encourageantes
quant à leurs utilisations possibles dans des circuits numériques classiques. Les figures
2.18(a), 2.18(b) et 2.18(c) synthétisent des résultats de mesures expérimentales. La fi-
gure 2.18(a) montre que l’évolution de ISD en fonction de VSD est bien linéaire, ainsi
que la saturation pour des valeurs de VSD négatives, comme c’est le cas pour un p-FET
[Sze81]. Le graphique de la Figure 2.18(b) nous renseigne sur la transconductance ( dI
dVG ,
SD
courbe en échelle linéaire) d’un cNW-FET typique qui est de l’ordre de 1250nA/V . Le
ratio on/off et la pente sous seuil (courbe log) sont respectivement de l’ordre de 7.106 et
de 160mV /dec. Enfin, la Figure 2.18(c) représentant un échantillon de cNW-FET, nous
confirme la reproductibilité de ces mesures et les bonnes performances de ces transistors.
Le traitement chimique consiste à faire une fenêtre dans une couche d’isolant par
lithographie e-beam, puis à traiter la jonction avec une solution aqueuse de tetra-
ethylammonium chloride (TEA). Le traitement entraîne une modification des carac-
téristiques de conductance bien mise en évidence sur la figure 2.21.
La réalisation du décodeur d’adresse 4x4 est visible sur la figure 2.22(a). Les inter-
sections situées sur la diagonale ont été chimiquement traitées, ce circuit correspond au
montage de la figure 2.19. La figure 2.22(b) détaille les entrées et sorties du décodeur
d’adresse et confirme bien qu’il se comporte comme un démultiplexeur. Il est à noter
que d’après Lieber et al., le gain observé de ces cNW-FETs est supérieur à celui aux
résultats obtenus à partir de diode moléculaire comme la [2]rotaxane utilisée par Chen
et al. dans [CJO+ 03], émettant ainsi l’hypothèse qu’il n’y aurait pas besoin de circuit
de restauration de niveau logique.
Interface Micro-nano 59
(a) Famille de courbe ISD (VSD ) pour dif- (b) ISD (VG ) en linéaire (bleu) et log
férentes valeurs de VG (rouge) pour un VSD de 1V
Fig. 2.19 – [ZWC+ 03] : Décodeur d’adresse basé sur un cNW-FET. Un décodeur 4x4
dont les intersections de la diagonale ont été traitées chimiquement (en vert) ce qui créé
un décodeur One-Hot
Les auteurs sont assez confiants dans les perspectives d’amélioration de leur dé-
codeur. En effet, la vitesse de montée assez modeste sur la courbe de la conductance
en fonction de VG , s’expliquerait par un phénomène d’hystérésis induit par l’eau de la
60 Les architectures de l’électronique moléculaire
Fig. 2.20 – [ZWC+ 03] : Décodeur d’adresse basé sur un cNW-FET. Un décodeur Two-
hot permettant d’adresser 6 lignes nano à partir de 4 lignes d’adresse micro
Fig. 2.21 – [ZWC+ 03] : Caractéristique des cNW-FETs après modification chimique.
(A) Conductance en fonction de Vg avant (bleu) et après (rouge) traitement avec TEA.
(B) Histogramme de la tension de seuil pour 30 cNW-FETs avant (bleu) et après (rouge)
traitement avec TAE.
2.4.3 Conclusion
(a) Image SEM du décodeur 4x4 cNW-FET one- (b) Monitoring en temps réel des entrées (bleu)
hot réalisé et des réponses en sortie (rouge) du décodeur.
La tension d’alimentation est de 3.3V et la ré-
sistance de charge de 40M Ω
Likharev, physicien à l’université de Stony Brook de New York, possède une grande
expertise dans le domaine des dispositifs SET (Single Electron Tunneling). Il propose
un concept général d’architecture de circuit appelé CMOL ( CMOS/ nanowires /Mo-
lecular ). Il s’agit d’une approche hybride comprenant une couche CMOS par dessus
laquelle est formé un réseau de nanofils. Aux intersections de ces nanofils, des molécules
sont auto-assemblées. L’implémentation de réseau de neurone est selon lui la meilleure
application pour ce type de circuits, et dans cette optique, son équipe a développé le
CrossNet (Distributed Crosspoint Networks).
62 Les architectures de l’électronique moléculaire
Cette proposition d’architecture de circuit hybride CMOL se base sur les considé-
rations suivantes [Lik04] :
– Il est peu envisageable d’étendre à l’échelle du nanomètre la logique booléenne
associée aux circuits CMOS ainsi que les techniques de lithographie actuelles. En
effet, la précision requise est de l’ordre de l’Angstroem, et quand bien même ce
serait réalisable, les coûts de fabrication seraient beaucoup trop élevés
– La solution est donc d’avoir une approche de fabrication bottom-up, les dispositifs
actifs sont chimiquement synthétisés et de taille reproductible
– Cependant, des circuits uniquement composés de molécules sont tout aussi peu
envisageables, car le gain en tension de nano-transistors à effet de champ ou des
SET est encore généralement inférieur à 1, hors un gain supérieur à 1 est la
condition nécessaire au fonctionnement de tout circuit, qu’il soit analogique ou
numérique
– L’hypothèse de départ pour intégrer des dispositifs moléculaires dans des archi-
tectures est donc de les interfacer avec une couche de logique CMOS qui apporte
un gain en tension supérieur, mais aussi d’autres fonctionnalités impossibles à
réaliser avec les nanotechnologies
C’est pourquoi la coupe d’un circuit CMOL peut se décomposer en trois étages de
technologies différentes et aux fonctionnalités distinctes (figure 2.23) :
– Une couche de dispositifs avancés en technologie CMOS, réalisée par lithographie
classique
– Deux couches faisceau de nanofils parallèles, interconnectées avec la précédente
aux travers de plots
– Des dispositifs moléculaires à deux électrodes, auto-assemblés aux intersections
des nanofils.
La difficulté d’alignement des nanofils avec les plots de connexion vers la partie
CMOS est astucieusement solutionnée en les plaçant suivant un réseau carré légère-
ment incliné par rapport au réseau de nanofils, figure 2.24(a). L’angle d’inclinaison α
du réseau nano est calculé en fonction du grain (pitch) des réseaux micro et nano,
α = sin−1 (Fnano /βFCM OS ). De cette manière, théoriquement, l’ensemble des nanofils
sont accessibles par la logique de contrôle CMOS enfouie en dessous.
Architecture neuromorphique 63
(a) Vue schématique du dessus du sous système (b) Détails de l’adressage d’un nanodevice
plot/nanofil/molécule. Un réseau carré de plots lé- grâce à deux cellules CMOS
gèrement incliné permet d’interfacer tous les nano-
fils organisés en réseau
Fig. 2.24 – [Lik04] : Adressage micro-nano. L’angle d’inclinaison du réseau nano α est
fonction du grain des réseaux micro et nano, α = sin−1 (Fnano /βFCM OS )
Parmi les applications envisageables pour les circuits CMOL, leur simple utilisa-
tion en tant que remplacement de circuits logiques booléens CMOS classiques n’est pas
réaliste [Lik04]. En effet, d’après [SL04], les architectures à base de dispositifs d’électro-
64 Les architectures de l’électronique moléculaire
nique moléculaire ne peuvent à la fois présenter une grande densité d’intégration et une
haute tolérance aux fautes. Par ailleurs, les dispositifs moléculaires à deux électrodes
présentant une trop grande dégradation du signal, les amplificateurs CMOS nécessaires
pour palier ces effets ramènent la densité moyenne en dispositifs de ces circuits en des-
sous du niveau des circuits purement CMOS, perdant donc l’avantage en intégration
attendu par l’utilisation de molécules. D’autre part, avec une telle densité de dispositifs
(1011 .cm−2 ), les contraintes sur la puissance dissipée par unité de surface (inférieure à
quelques nanowatts) et sur l’utilisation d’une différence de niveaux logiques acceptable
(environ 1V ), imposent un compromis sur la vitesse d’opération, donnant des circuits
très peu performants.
Bien qu’il semble que les mémoires en technologie hybride soient plus avantageuses
que les mémoires CMOS7 , Likharev et son équipe focalisent leurs travaux sur l’utilisa-
tion de ce type de circuit pour la réalisation de réseaux de neurone. Ils proposent ainsi
le CrossNet (distributed Crosspoint Networks), que nous détaillons ci-dessous.
2.5.2 Le CrossNet
En combinant deux de ces dispositifs, une synapse à trois valeurs (−1,0,1) est obte-
nue. Pour certains modèles de réseau de neurone (réseau de Hopfield) ceci est suffisant,
mais pour d’autres modèles (perceptrons), des synapses multivaluées sont nécessaires.
Le CrossNet (figure 2.27) est donc utilisé dans une structure de type réseau de Hop-
field, bien que la condition de connectivité maximale entre les neurones généralement
imposée par ce type de réseau ne soit pas satisfaite. Cependant, les résultats obtenus
[TLML04] démontrent la très bonne tolérance aux défauts de fabrication du CrossNet.
En outre, [TML03] et [LMMT03] montrent que cette topologie n’engendre pas non plus
de pertes de propriétés importantes dans le fonctionnement du réseau de neurones.
7
Avec une densité élevée (1011 .cm−2 ) de dispositifs, tout en maîtrisant un taux de défauts inférieur
à 10%
Architecture neuromorphique 65
Fig. 2.25 – [KK.99] : (a) Dispositif SET réalisant la fonction d’une synapse de type Bi-
WAS (Binary-Weight, Analog Signal) (b) Simulation numérique Monte-Carlo du single-
electron tunnelling
Fig. 2.26 – [KK.99] : Une implémentation moléculaire possible d’une synapse (Mayr et
al., 2003)
2.5.3 Conclusion
Dans l’état de l’art actuel, il s’agit de l’unique proposition visant à utiliser l’élec-
tronique moléculaire pour implémenter le paradigme de traitement de l’information par
66 Les architectures de l’électronique moléculaire
En 1993, MM. Lent, Tourod, Porod et Bernstein [LTPB93] proposent la notion d’au-
tomates cellulaires quantiques (Quantum Cellular Automata, QCA) dans lequel l’état
de charge de points quantiques est déterminé par celui de ses voisins. Depuis, l’univer-
sité de Notre Dame (Indiana, USA) effectue un nombre important de travaux sur les
automates cellulaires quantiques (Quantum Cellular Automata QCA) au sein des deux
départements Department of Chemistry and Biochemistry et Department of Electrical
Engineering. Le concept de QCA se pose en alternative à la technologie VLSI CMOS
ultime pour l’implémentation de portes logiques dans une architecture de type Von
Neumann. Il s’agit d’une approche permettant la réalisation de calculs en représentant
l’information binaire non plus comme étant l’état d’interrupteurs de courant, mais la
configuration des charges dans une cellule constituée d’un ensemble de points quan-
Automate Cellulaire 67
tiques.
Différents types de dispositifs QCA ont été démontrés, certaines équipes proposant
d’utiliser des points métalliques, d’autres ayant réalisé une implémentation moléculaire
[LIL03]. La fiabilité, la tolérance aux défauts ainsi que les stratégies de conception de
tels systèmes ont été étudiées. Cependant, les obstacles majeurs à l’implémentation de
systèmes QCA sont aujourd’hui encore liés aux problèmes de restauration de gain dans
les cellules [OAK+ 02] [TL02] et à la dissipation de puissance [TL02].
Une cellule QCA est constituée d’un petit nombre de points quantiques. Un point
quantique est une structure de taille nanométrique suffisamment petite pour que des
phénomènes quantiques y soient prépondérants. Une de ses caractéristiques intéres-
santes est que la charge présente est discrète, on peut ainsi charger le site électron
après électron. Une cellule standard QCA est composée de quatre points quantiques
diamétralement opposées deux à deux, sous l’effet de la force de répulsion de Coulomb,
les électrons excédentaires vont se positionner dans les coins diamétralement opposés
de la cellule. Comme le montre la figure 2.28, deux configurations de polarisation sont
possibles, chacune correspondant alors à une valeur codée binairement de ’0’ ou ’1’.
Fig. 2.28 – [OAB+ 97] : Schéma de cellules à quatre points quantiques, la force de
répulsion de Coulomb impose aux électrons d’occuper les coins opposés de la cellule
Les dispositifs QCA sont ainsi construits en disposant les cellules les unes à côtés
des autres de façon appropriée. Les fonctions QCA nécessaires à l’utilisation en logique
sont le fil (Figure 2.29), la porte majorité (Figure 2.30(a)), l’inverseur (Figure 2.31),
le fan-out (Figure 2.33, où une même information incidente est envoyée vers plusieurs
fils), le crossover (Figure 2.34, le croisement entre 2 fils). En fixant la valeur d’une des
entrées de la porte majorité à ’0’ (P = −1), on obtient une porte AND, en la fixant à
’1’ (P = +1) on obtient une porte OR (Figure 2.30(b)).
(a) La sortie prend la valeur majoritaire- (b) En fixant la valeur d’une des entrées de la porte
ment représentée aux entrées majorité à ’0’ (P = −1), on obtient une porte AND.
Inversement, en la fixant à ’1’ (P = +1) on a une
porte OR
Fig. 2.31 – [QCA] : Inverseur à QCA. Les cellules positionnées à 45 degrés les uns par
rapport aux autres interagissent inversement, leur polarisation est toujours inverse
Automate Cellulaire 69
Fig. 2.32 – [QCA] : Chaine d’inversion à QCA. Chaque cellule prend la polarisation
inverse de son plus proche voisin
Fig. 2.33 – [QCA] : Fanout à QCA. Une même information incidente est envoyée vers
plusieurs fils
Fig. 2.34 – [QCA] : Crossover à QCA. L’information qui se propage sur la ligne verticale
n’interagit pas avec le fil horizontal
70 Les architectures de l’électronique moléculaire
Dans ces circuits à base de QCA, le signal d’horloge synchronise le système et amène
aussi l’énergie nécessaire au fonctionnement de chaque cellule [LT97]. Ce signal contrôle
le débit des électrons passant d’un point à un autre par effet tunnel quantique, et donc
ainsi leur polarité. Quand le signal d’horloge est haut, la barrière de potentiel entre
les points est basse, et les électrons se déplacent dans la cellule. Inversement, une fois
l’horloge au niveau bas, la barrière de potentiel est haute et les électrons se localisent
(par polarisation) en fonction de l’interaction avec les points voisins. En fonction du
nombre de cellules QCA et de leurs arrangements, on peut ainsi distinguer plusieurs
régions d’horloge, en fonction de la phase, distinguables sur la figure 2.35(a) par leurs
différents niveaux de gris.
A partir de ces éléments de base, on peut concevoir des fonctions logiques plus com-
plexes, comme par exemple un additionneur complet [Ber03] [QCA] illustré par la figure
2.35(a) et schématisé par la figure 2.35(b).
(a) Implémentation d’un additionneur complet à (b) Schéma équivalent avec des bascules-D
QCA. Les niveaux de gris indique les régions d’hor- de l’additionneur complet à QCA
loge en fonction de la phase
Un registre à décalage QCA a également été réalisé [KOR+ 03] (Figure 2.36). Cepen-
dant, le fonctionnement de ces dispositifs expérimentaux a lieu à très basse température,
la plus élevée relevée dans la littérature fait état de 70mK, ce qui pose un sérieux pro-
blème.
Fig. 2.36 – [KOR+ 03] : (a) Schéma d’un registre à décalage QCA, (b) image au MEB
du registre à décalage fabriqué
Les types d’erreurs rencontrés dans le registre à décalage ont été caractérisés. Dans
le fonctionnement du latch, le bit est sauvegardé tant que le signal d’horloge est présent,
quand il a disparu l’information est perdue. D’où la différence de phase entre clock1 et
clock2 que l’on peut constater sur la figure 2.37.
Les erreurs dans le registre à décalage peuvent être de quatre types différents :
– Erreurs en délais : l’information stockée dans le latch est perdue avant la fin du
cycle d’horloge. Ceci apparaît quand la durée du signal d’horloge est comparable
72 Les architectures de l’électronique moléculaire
Fig. 2.37 – [KOR+ 03] : Fonctionnement d’un registre à décalage. (a) Entrée VIN appli-
quée à L1 (b) Horloge VC1 du latch L1. (c) Sortie de L1 mesurée par la tension du dot
D1. (d) Horloge VC2 décalée en phase appliquée au latch L2. (e) Sortie de L2 donnée
par le potentiel du dot D4
Dans un QCA moléculaire [LIL03], les points quantiques sont les centres redox de
la molécule. Un centre redox peut gagner un électron (réduction), ou en perdre un
(oxydation) sans détruire ses liens chimiques. Les molécules possédant au moins deux
centres redox entre lesquels un électron peut se déplacer sont des composés à valence
mixte. Leurs simulations montrent que ces molécules sont de bons candidats pour un
fonctionnement QCA.
En particulier, une molécule F e3 − Ru2 (figure 2.38) a été caractérisée par des
techniques électrochimiques et spectroscopiques [QSL+ 03]. Les résultats préliminaires
permettraient d’envisager une implémentation moléculaire des QCA.
2.6.4 Perspectives
de commutation de ces dispositifs magnétiques les rendent actuellement encore très peu
compétitifs.
Tous les dispositifs fabriqués restent encore à l’état de prototypes de laboratoire car
le nombre d’électrodes requis par de tels systèmes est trop important. Enfin, un autre
aspect crucial tant pour la crédibilité de ce nouveau paradigme que pour sa survie et ses
débouchés industriels, reste pour l’instant sans solution : il s’agit du problème de l’inter-
façage des QCA avec des systèmes plus classiques qui n’est pas encore réellement abordé.
est considéré comme l’une des premières approches bottom-up consistant à fabriquer le
composant ou le système avant de le caractériser et donc de pouvoir le configurer.
Fig. 2.39 – [CJO+ 03] : (a) Représentation schématique de la structure du crossbar (b)
Structure moléculaire de la molécule bistable de [2]rotaxane
Prise en sandwich entre deux rangées de nanofils, l’une réalisée en platine, l’autre
en titane (Figure 2.39(a), en jaune), la monocouche de [2]rotaxane (Figure 2.39(a), en
vert) est le principe actif du dispositif. La molécule est constituée de deux parties se
bloquant mutuellement : un axe aux extrémités bloquantes entouré d’un anneau [ea01]
[ea03b]. Le lecteur pourra se référer à la section 1.4.2 (figure 1.27) pour plus de précision
sur la molécule de [2]rotaxane.
Plusieurs centaines de crossbar 8x8 ont été fabriqués sur un wafer. Chacune des
64 intersections de ces dispositifs est testée indépendamment grâce à leurs 16 contacts
(Figure 2.40(a)). Les nanofils créés par Imprint Lithography ont une largeur de 40nm
(Figure 2.40(b)(c)(d) ).
Chaque crossbar 8x8 (Figure 2.7.2) a tout d’abord été testé à température ambiante
comme une mémoire de 64 bits. Après avoir trouvé une matrice sans défaut, l’équipe
y a mémorisé les 64 bits suivants (en code ASCII) : HPinvent (Figure 2.7.2). La mé-
morisation (l’écriture) d’un bit consiste à fixer la résistance de chaque intersection par
application d’une tension de programmation aux bornes de la ligne et de la colonne cor-
respondant à cette intersection. Les niveaux logiques sont donc fonction de la résistance
de chaque intersection et donc du courant qui la traverse. Soit environ 5.108 Ω pour un
’0’ et 4.109 Ω pour un ’1’. La lecture s’effectue en mesurant le courant de l’intersection
considérée.
Utilisant leur invention sur les décodeurs d’adresses moléculaires [SP01], Chen et
al. proposent d’implémenter dans deux sous-matrices 4x4 de la matrice 8x8 principale,
un multiplexeur et un démultiplexeur entourant un emplacement mémoire 4x4 (Figure
2.42). Cependant, un problème de seuil électrique dû vraisemblablement aux capacités
et aux diodes externes ne permit pas de vérifier entièrement le contenu de la mémoire.
Une fois la mémoire 4x4 programmée, seule une sous-matrice 2x4 a pu être clairement
lue.
Le crossbar moléculaire 77
Fig. 2.40 – [CJO+ 03] : (a) image de 4 circuits de test sur 625 créés, montrant que chaque
circuit a 16 contacts. (b)(c) Images SEM d’une intersection de nanofils. (d) Image AFM.
(a) Crossbar 8x8 et résistance pro- (b) Mesure des 64 valeurs de résis-
grammable à chaque intersection tance à chaque intersection
2.7.3 Perspectives
Bien que vivement critiqués par la communauté scientifique, l’annonce faite par HP
présentant ses travaux comme étant la révolution technologique tant attendue sera fi-
nalement remise en cause dix mois plus tard par les auteurs eux-mêmes [SOB+ 04]. Il
semblerait que l’effet mémoire observé ne soit pas dû à la commutation de l’anneau des
molécules de [2]rotaxane, mais plutôt de la création de filaments par ionisation entre les
deux électrodes à chaque intersection du crossbar lors de la phase de programmation.
Cependant, bien que l’explication du phénomène de mémorisation observée soit toujours
soumise à débat, HP continue de travailler sur ce projet, S.Williams ayant déclaré lors
de la conférence TNT 2006 que les informations stockées dans les mémoires réalisées il
y a plus de 3 ans étaient encore valides.
Cette étude a le mérite d’être l’une des premières dans le domaine qui présente à la
fois un prototype technologique associant lithographie et auto-assemblage moléculaire,
ainsi qu’un concept original de mémoire avec décodeur d’adresse à base de logique à
diode programmable.
Chapitre 3
3.1 DRAM
Une cellule mémoire de type DRAM, pour Dynamical Random Access Memory,
est formée d’un transistor d’accès (1-T) en commutation tout ou rien (interrupteur) et
d’une capacité dipolaire stockant 1 bit d’information sous la forme de charge. A cause
des courants de fuite sous le seuil du transistor d’accès, la charge de la capacité ne peut
pas être gardée longtemps et doit être rafraîchie régulièrement (1 − 4ms). C’est une
cellule mémoire volatile dont la taille est de 0.22µm2 en technologie 90nm. La figure
3.1 montre le schéma le plus simple d’un point mémoire DRAM où l’accès en lecture
détruit l’information stockée. Il faut donc une phase d’écriture après chaque phase de
lecture.
1
Pour les détails des différents types de mémoires actuellement les plus répandus, le lecteur pourra
consulter différents ouvrages de référence tel que [Ito01]
79
80 Les points mémoires
WordLine
Interrupteur
DataLine
Point mémoire
3.2 SRAM
La figure 3.2 montre une cellule SRAM standard à six transistors (6-T) constituée de
deux inverseurs et de deux transistors MOSFETs d’accès connectés à une paire de lignes
différentielles de donnée (ou de bit). La SRAM est capable de stocker 1 bit d’information.
L’information binaire, 0 ou 1, est codée par l’état d’une bascule logique. Pour obtenir une
bascule, l’entrée et la sortie d’un des inverseurs sont connectées à la sortie et à l’entrée
de l’autre inverseur, respectivement. La cellule SRAM est plus rapide que la DRAM, et
contrairement à cette dernière, tout en étant volatile, l’information stockée ne nécessite
pas de rafraîchissement pour être conservée. Taille de cellule standard (6-T) : 1µm2 en
technologie 90nm, 0.7µm2 en technologie 65nm.
WL
VDD
DL DL
3.3 Flash
La cellule de type Flash a pour principal avantage de pouvoir conserver une infor-
mation une fois l’alimentation électrique coupée tout en garantissant un temps d’accès
Flash 81
en lecture relativement faible. L’information est donc non-volatile. Une cellule de type
Flash (fig.3.3) ressemble à un transistor MOSFET avec la particularité d’avoir une grille
flottante prise entre la grille de contrôle et le substrat. C’est la quantité de charge pré-
sente dans cette grille flottante qui code l’information.
CG Oxyde
Substrat de type P
FG Dopage de type N
Grille flottante
S D
Grille de contrôle
DL DL
DL DL SG
WL
SG
WL WL
SL
WL
SG2
SL SL
(a) Type NOR (b) Type NAND
2005/0121660 A1 [Mis05]. Les figures 3.5(a) et 3.5(b) présentent les cellules mémoires
proposées dans ces brevets.
Nantero (cf. section 1.3.4.2) propose aussi, et de manière commerciale, une mémoire
organisée de manière matricielle, de très haute densité, non-volatile et théoriquement
84 Les points mémoires
Fig. 3.6 – Mémoire électro-mécanique NRAM à base de nanotube présentée par Nantero
[Pau04]
Contribution originale
85
87
Contexte et Motivation
Les dispositifs à base d’électronique moléculaire tels les nanotubes, les nanofils, les
molécules de porphyrines ou de rotaxanes apparaissent comme des candidats potentiels
à l’intégration dans les mémoires du futur. En effet, leur utilisation permettrait d’ob-
tenir, de part leurs dimensions nanométriques, des densités très élevées, bien au-delà
de la roadmap silicium, tout en réduisant les coûts de fabrication grâce aux procédés
d’auto-assemblage et d’intégration tridimensionnelle.
Cependant, l’état de l’art actuel semble indiquer qu’à cette échelle, les variations
technologiques d’un composant à l’autre seront très élevées. Par ailleurs, ce domaine
étant relativement récent, il n’existe pas de modélisation de ces dispositifs permettant
d’explorer par simulation de nouveaux circuits et architectures complexes.
Modélisation du transistor
moléculaire NW-FET
Dans ce chapitre, nous présentons les détails d’une modélisation générique d’un tran-
sistor à effet champs à grille flottante moléculaire [JCA06a]. Le domaine étant encore
en pleine évolution et les explications des phénomènes physiques n’étant elles-mêmes
pas complètement abouties, l’approche adoptée se veut donc pragmatique, privilégiant
la fonctionnalité et l’optimisation en temps de calcul. Les objectifs de cette modélisa-
tion sont, essentiellement, de pouvoir disposer d’un modèle reproduisant fidèlement le
comportement électrique spécifique de ces transistors, et de permettre ainsi de pouvoir
simuler et analyser des circuits plus complexes en un temps raisonnables.
89
90 Modélisation du transistor moléculaire NW-FET
4.1 VHDL-AMS
De nouveaux attributs utilisables par les quantités (et certains signaux de types
réels) spécifiques à VHDL-AMS ont fait leur apparition.
– ’dot et ’integ représentent, respectivement, la dérivation et l’intégration d’une
quantité par rapport au temps. Par ailleurs, l’attribut ’delayed permet de dé-
caler temporellement deux quantités.
– Le produit d’une quantité par une fonction de transfert peut être obtenu par
l’utilisation des attributs ’ltf, pour la transformée de Laplace dans un système
continu, ou ’ztf, pour la transformée en Z pour le système discret.
– ’slew(ddt1,ddt2) permet de suivre la vitesse de variation d’une quantité en
limitant sa dérivée à ddt1 (montée) et à ddt2 (descente). C’est un attribut ty-
piquement destiné à modéliser de manière simple le slew-rate d’un amplificateur.
De la même façon, ’ramp(tr,tf) fixe les temps de montée et de descente d’un
signal réel, permettant ainsi d’intégrer de manière plus réaliste des signaux numé-
riques dans le monde analogique.
– L’attribut ’above permet de savoir si une quantité est au-dessus ou en-dessous
d’un seuil.
VHDL-AMS 91
entity resistance is
generic (RVAL: real);
port (terminal t1, t2: electrical);
end entity resistance;
Cette nouvelle mouture du langage permet aussi d’effectuer un choix entre plusieurs
DAEs en fonction d’une condition grâce à la construction IF ... USE ... ELSE
... END USE. Par ailleurs, pour faciliter la convergence du simulateur, le pas de si-
mulation autour des discontinuités peut être volontairement affiné par l’utilisation de
la commande BREAK ON [quantité subissant la discontinuité ou signal changeant d’état].
VHDL-AMS apparaît donc comme le langage le plus abouti aujourd’hui pour mo-
déliser de manière comportementale, et avec une précision suffisante, les principaux
phénomènes physiques d’un système donné. Permettant en outre de réutiliser sans mo-
dification les modèles numériques VHDL, VHDL-AMS est donc particulièrement adapté
92 Modélisation du transistor moléculaire NW-FET
4.2 Modélisation
L’objectif est de modéliser le plus fidèlement possible le comportement électrique
d’un nouveau type de transistor à nanofil semiconducteur et à grille flottante molécu-
laire dont plusieurs publications nous donnent l’allure de leurs caractéristiques [LFL+ 04]
[RD+ 00] [DHL02]. La compréhension des phénomènes électro-chimiques en jeu n’étant
pas encore aboutie mais l’allure des courbes pouvant être assimilée en partie à des ca-
ractéristiques électriques de transistors classiques, nous avons divisé le cœur du modèle,
illustré par la figure 4.2(a), en deux parties. La première calcule le courant IDS en
fonction de VDS et de VG grâce à la mise en équations du comportement du transistor.
La seconde est un processus VHDL-AMS qui évalue le nombre de molécules oxydées
et réduites, déterminant ainsi le VT du transistor. Ce modèle doit reproduire le com-
portement d’un transitor NWFET moléculaire dont la figure 4.2(b) nous donne une
illustration pour un transistor à nanofil semiconducteur d’oxyde d’indium In2 O3 et aux
molécules de F e2+ − terpyridine.
Equations
Model
D S
Estimation V T
G
(a) Vue haut niveau de la modélisation VHDL-AMS (b) Caractéristiques électriques IDS en fonc-
tion de VGS d’un transistor à nanofil semi-
conducteur d’oxyde d’indium In2 O3 et aux
molécules de F e2+ − terpyridine [LFL+ 04]
Fig. 4.2 – Transistor NWFET moléculaire : vue haut niveau et caractéristiques expéri-
mentales
de la manière suivante :
– On utilisera systématiquement les équations classiques du MOS, quel que soit le
signe de VG , jusqu’à atteindre le potentiel limite VGSat > 0, au delà duquel le
courant sera évalué suivant une fonction de saturation.
dVG
– Il y a aussi une limite pour VG << 0 et dt > 0 au-delà de laquelle le courant
IDS est nul. Cela correspond au phénomène électro-chimique où la totalité des
molécules est oxydée.
Le travail sur la partie du modèle dédiée aux équations électriques consiste à trans-
former la tension de seuil constante VT en une variable. Nous avons aussi complété le jeu
d’équations classiques par l’ajout d’une fonction de saturation en courant liée au phé-
nomène d’hystérésis électro-chimique. La figure 4.3 illustre la caractéristique IDS (VG )
modélisée.
Ainsi, les équations (4.1) et (4.2) sont ainsi directement dérivées de la modélisation
du transistor MOS. C’est le processus combinatoire décrit plus loin qui se chargera de
re-calculer VT .
2 dVG
quand (4.1)
IDS = K1 2(VG − VT )VDS − VDS >0
dt
94 Modélisation du transistor moléculaire NW-FET
IDSmax
IDS
m
− IDSmax −IDS (VG −VGSat )
(IDSmax − IDSSat ) 1 − e Sat + IDSSat
IDSSat
2
VDS
K1 (VG − VT )VDS − 2
VGSat
VGM AX
2
VDS
K2 (VG − VT )VDS − 2
0
0 VT for dVG
<0
VT for dVG
>0 dt VG
dt
Fig. 4.3 – Détail des équations électriques utilisées dans la modélisation du transistor
moléculaire NWFET
2 dVG
quand (4.2)
IDS = K2 2(VG − VT )VDS − VDS <0
dt
Les constantes K1 et K2 sont des paramètres génériques du modèle. Le tableau 4.1
résume leur valeur extraite de données expérimentales [LFL+ 04] [LLL+ 04] [DHL02].
Tab. 4.1 – Différentes valeurs de K extraites de [LFL+ 04] [LLL+ 04] [DHL02]
In2 O3 In2 O3 N-doped InP
Bis(terpyridine) − F e 2+ Co − porphyrin Co − phthalocyanine
[LFL+ 04] [LLL+ 04] [DHL02]
K1 365e Ω · V
−9 −1 −1 980e Ω · V
−9 −1 −1 77e Ω−1 · V −1
−9
m
− (VG −VGSat )
IDS = (IDSmax − IDSSat ) 1 − e IDS
max
−IDS
Sat + IDSSat (4.3)
avec
−IDSmax
m= (4.4)
VT − VGSat
VGSat représente la tension de grille au delà de laquelle le courant commence à
saturer pour des raisons vraisemblablement liées à la population de molécules. Il est
quant à lui recalculé à chaque changement de valeur de VT et de VDS . Il est défini par
l’équation (4.5) et correspond à la résolution de l’équation (4.1) pour IDS = IDS Sat .
K1 · (VDS + 2VT ) + IDSSat
VGSat = VDS · (4.5)
2K1 · VDS
MAX_IDS_VG0 et VDS_FIXE sont des paramètres du modèle extraits des courbes
expérimentales et définissent, respectivement, le courant maximal IDS à VG = 0 et la
tension VDS lors de la mesure de la caractéristique IDS (VG ).
MAX_IDS_VG0
IDSSat = VDS · (4.6)
VDS_FIXE
MAX_IDS
IDSM ax = VDS · (4.7)
VDS_FIXE
La mise en œuvre de toutes ces équations nous permet de reproduire fidèlement le
96 Modélisation du transistor moléculaire NW-FET
Compte tenu de la grille métallique en face arrière largement débordant sous les deux
électrodes de Drain et de Source (cf. fig.4.4), le modèle intègre en outre les équations
relatives à la modélisation des capacités Grille-Source et Grille-Drain. Par ailleurs, la
modélisation de ces capacités facilite la convergence du simulateur, au détriment, il est
vrai, d’un temps de calcul légèrement plus important. Les équations du courant dans
ces capacités sont données par (4.8) et (4.9).
Oxide
S D Métal
Nanofil
G Grille en face arrière
Molecules
Fig. 4.4 – Coupe schématique d’un transistor NWFET à grille flottante moléculaire
dVGS
IGS = COx · (4.8)
dt
dVGD
IGD = COx · (4.9)
dt
COx est un paramètre constant du modèle et correspond à la capacité d’oxyde cal-
culée entre la grille métallique et le plot métallique du drain ou de la source. On prend
pour le moment pour hypothèse que le composant est symétrique.
Ayant posé au début de cette étude pour hypothèse que seule l’amplitude de la
tension de grille influençait la quantité de molécules oxydées ou réduites, à la suite
d’un train d’impulsion d’amplitude variable, seule la valeur la plus négative de VG est
considérée. Autrement dit, en prenant l’exemple du transistor à nanofil de In2 O3 et
à grille moléculaire de Bis(terpyridine) − F e2+ , nous prenons pour hypothèse qu’une
impulsion de tension de grille VG de −5, 0V survenant après une impulsion de −7, 5V ,
n’aura aucune influence sur le calcul de VT . Le calcul de la tension de seuil VT est ainsi
directement relié à l’effet mémoire observé.
Inversement, lorsque VG > VGSat (figure 4.3) alors la tension de seuil VT vaut l’ex-
pression de l’équation (4.11). Cette expression est la solution de l’équation (4.2) pour
IDS = 0, c’est à dire l’intersection de la courbe avec l’axe des abscisses.
Pour le calcul de VT , dans le but de coller au plus près à l’influence des phénomènes
électrostatiques sur l’oxydo-réduction des molécules, sans pénaliser trop lourdement
VGS +VGD
l’aspect calcul, la tension VG est assimilée à la tension moyenne VGM = 2 .
4.3 Simulation
4.3.1 Environnement de simulation
Les simulations ont été réalisées avec l’outil Advance MS v4.3_1.4 de Mentor Gra-
phics. Beaucoup plus rapide que la version précédente, la v4.3_1.4 n’implémente pas
pour autant un certain nombre de fonctionnalités comme la notion de tolérance prévue
dans les spécifications de VHDL-AMS ou encore l’utilisation élargie de la commande
generate. Cela nous oblige à développer un outil pour générer du code sur-mesure. L’ou-
til écrit en Matlab est détaillé dans la section 6.1 page 118.
4.3.2 Résultats
Motivé par les résultats expérimentaux disponibles sur la mesure des multiples ni-
veaux programmables de conductivité (à VG = 0) du canal de certains types de NWFET
moléculaires (Figure 4.2(b)), nous avons choisi de commencer par simuler le transistor
à nanofil de In2 O3 et à grille moléculaire de Bis(terpyridine) − F e2+ . La figure 4.5 est
un exemple de déclaration VHDL-AMS de l’entité d’un tel composant.
entity NWFET_molecular is
generic(
MAX_REDOX_WRITE_VG: real := -1.97881e+01;
MAX_IDS_VG0: real := -1047.0e-9;
MAX_IDS: real := -1700.0e-9;
VDS_FIXE: real := -0.075;
SEUIL_REDOX: real := 0.9; --- Fe(II)/Fe(III)
MAX_REDOX_ERASE_VG: real := 2.97351e+01;
Coxg: real := 1.17e-16;
NbMolecules: real := 3077.0;
K1: real := 365.0e-9; --- ~= 1/2.ţn.Cox.W/L
K2: real := 375.0e-9
);
port(terminal drain, source, gate : electrical);
Les résultats de la simulation IDS (VG ) du transistor à nanofil de In2 O3 à grille mo-
léculaire de Bis(terpyridine) − F e2+ sont rapportés sur la figure 4.6. Ils montrent le
comportement d’hystérésis attendu et présentent une très bonne concordance comparés
avec les résultats expérimentaux issus de [LFL+ 04] (Figure 4.2(b)).
à être générique, présente une très bonne concordance avec les résultats de mesure de
différents dispositifs présentés dans plusieurs publications, avec seulement quelques pa-
ramètres différents. Cela tend à démontrer que l’approche choisie pour modéliser les
transistors à effet de champs et à grille flottante moléculaire est a priori pertinente. On
peut aussi penser que les phénomènes mis en jeu sont similaires, quel que soit le type
de molécules et de nanofil semiconducteur.
102 Modélisation du transistor moléculaire NW-FET
Porté essentiellement par les objets électroniques grand public très gourmands en
mémoire de stockage comme les lecteurs MP3, téléphones portables et autres appareils
photos numériques, le marché de la mémoire non-volatile est en continuelle expansion,
en terme de volume de vente. Il gagne aussi progressivement des parts de marché, avec
comme résultat prévisionnel, environ 40% (32M ds) du marché des mémoires à l’horizon
2009, contre 36% (16M ds) en 2005 (source : IC Insight).
105
106 Présentation de la cellule mémoire moléculaire
Cette spécificité est une contrainte très forte qui nous empêche d’envisager d’utiliser
ces transistors en remplacement direct des points mémoires Flash dans les architectures
classiques de type NOR ou NAND (cf. chapitre 3).
WordLine
Interrupteur
DataLine
Point mémoire
CMOS n’est cependant pas réellement intéressante, ni dans une perspective de très
haute densité d’intégration, ni même dans le but de réduire les coûts de fabrication.
En effet, l’enchevêtrement de composants classiques et de composants moléculaires ne
facilitera probablement pas les différentes étapes de fabrication et encore moins une
haute densité d’intégration.
5.2.1 Description
ReadDataLine
WordLine
A1
M1
VS
WriteDataLine
Fig. 5.2 – La cellule mémoire proposée composée de deux transistors NWFETs molé-
culaires en série
Ainsi le transistor A1 sera programmé dans l’état le moins résistif dans le cas d’un
accès en lecture et sera programmé dans son état hautement résistif pour les autres
opérations. Le transistor M 1 sera quant à lui utilisé pour stocker une information mul-
108 Présentation de la cellule mémoire moléculaire
Le premier avantage de cette structure est de se présenter sous la forme d’un qua-
dripôle compact et de pouvoir ainsi tirer profit des dimensions réduites du transistor
NW-FET moléculaire. Le second réside dans le fait de pouvoir stocker une informa-
tion multivaluée dans le composant mémoire, ce qui permet d’augmenter la densité
d’intégration. Par ailleurs, cette cellule peut être réalisée en peu d’étapes lithogra-
phiques [LFL+ 04], dans la même technologie d’électronique moléculaire permettant,
par exemple, l’auto-assemblage des molécules. Cet aspect, déterminant dans le coût de
fabrication d’une puce, laisse envisager la possibilité de bancs mémoires de très grande
capacité, compacts et relativement peu coûteux.
2µm
ReadDataLine
Nanowire
WordLine VS 20nm
z x WriteDataLine
Fig. 5.3 – Layout classique d’une cellule moléculaire multivaluée à base de deux tran-
sistors NW-FET moléculaire
Plus prospectif et plus ambitieux, la figure 5.4 illustre un autre mode de réalisation
par l’alignement vertical d’un tel dispositif qui permettrait d’étendre le design de la cel-
lule de base vers la troisième dimension, portant les perspectives de densité d’intégration
La cellule mémoire de base 109
bien au-delà des prévisions de la roadmap ITRS 2005 [itr]. Cette cellule occuperait une
surface de seulement 400nm2 . Par ailleurs, n’étant plus contraint par la longueur du
nanofil, on peut penser qu’en l’agrandissant dans la troisième dimension, on augmente-
rait ainsi le nombre de molécules assemblées dessus, en conséquence de quoi le nombre
de bits stockés pourrait être supérieur aux 3 bits du dispositif expérimental.
Oxyde WordLine
Grille
Electrode
Nanofil
ReadDataLine 2µm
z WriteDataLine
VS
y x
20nm
Fig. 5.4 – Coupe d’une cellule moléculaire multivaluée 3D alignée verticalement à base
de deux transistors NW-FET moléculaires
La figure 5.5 est l’illustration de douze cellules de base alignées verticalement sto-
ckant 48 bits (4 bits par cellule) sur une surface de 0, 014µm2 , soit 0, 000292µm2 par bit.
Par comparaison, une cellule Flash de type NOR ((facteur de taille 10F2) en technolo-
gie 90nm stockant 2 bits par cellule occupe 0, 04µm2 , soit une surface de 0, 02µm2 par
bit, soit encore, environ 70 fois moins que la cellule moléculaire à alignement vertical
proposée. Autre élément de comparaison, les nouvelles mémoires1 Flash de type NAND
fabriquées par IM Flash Technologies2 , ont une capacité de 4Gbit et sont réalisées en
technologie 50nm. Chaque cellule (facteur de taille 4F2) ne stocke qu’un seul bit (Single
Level Cell, SLC) et occupe une surface effective de 0, 0138µm2 .
1
Information du 12 septembre 2006
2
Société créée au début de l’année 2006 regroupant les activités mémoires de Micron Technology
Inc. et d’Intel Corp.
110 Présentation de la cellule mémoire moléculaire
Les paramètres et valeurs des variables utilisés pour les simulations des différentes
séquences sont donnés dans le tableau 5.1.
VD
ROF F
RD
RGAcc RON
VGAcc
A1
M1
RS
VS
RGP t
VGP t
Paramètre Valeur
ULO 1.0e−6 V
UREAD 0.75V
UERASE 30.0V
UP ASS −20V
UP ROG −n ∗ 2.5V avec 1 ≤n≤ 8
RON 10.0Ω
ROF F 1.109 Ω
Delay 4ns
Par ailleurs, le délai de 4ns est choisi de manière à ce que les niveaux électriques
puissent s’établir convenablement, compte tenu de notre modélisation ; ils ne reflètent
aucune notion de performance ni de fréquence de fonctionnement. Ne disposant pas de
mesures expérimentales sur la réponse en fréquence de ces dispositifs, il nous est actuel-
lement impossible d’en prédire la vitesse.
Application de la tension
permettant d’effacer le
RS = RON RS = RON
transistor mémoire
VS = ULO
pour programmer le
VS = ULO
transistor mémoire
RD = ROF F RD = ROF F
VD = ULO VD = ULO
RGAcc = ROF F
RGAcc = RON
VGAcc = ULO
VGAcc = ULO
RGP t = RON
VGP t = UERASE RGP t = RON
VGP t = UP ROG
Delay
Delay
VGP t = ULO
Remise à zéro
Remise à zéro
RGAcc = RON VGP t = ULO
Delay Delay
RD = RON RD = RON
(a) Effacement (b) Programmation
et lecture (fig.5.8), on suppose comme état initial que le transistor d’accès A1 est sys-
tématiquement dans un état bloqué (hautement résistif, IDS = 0A à VGS = 0V ) et
qu’inversement, le transistor M 1 stockant l’information est quant à lui systématique-
ment dans un état programmé (c’est à dire dans un son état haute-impédance) , c’est à
dire à VGS = 0V et VDS 6= 0V , IDS 6= 0A. Ces séquences sont présentées pour démon-
trer l’aspect fonctionnel de cette cellule, elles ne sont optimisées d’aucune manière, ni
en terme de consommation, ni en terme de vitesse.
La séquence de lecture (fig.5.8) est un peu plus longue car elle nécessite de rendre
complètement passant le transistor d’accès A1 puis de le bloquer une fois la lecture en
La cellule mémoire de base 113
RS = RON
VS = ULO UD = UREAD
RD = RON
VD = ULO Lecture du
Delay
RGAcc = RON courant
VGAcc = UP ASS
Transistor RGP t = ROF F UD = ULO
d’accès VGP t = ULO
Delay
passant Delay
Delay
RGP t = ROF F
VGAcc = ULO VGAcc = UERASE
Delay Delay
Transistor
RGP t = RON UGAcc = ULO d’accès
bloqué
Delay
RGP t = RON
Cependant, autant les temps de simulation d’une seule cellule sont courts, de l’ordre
de la seconde, autant une simple séquence d’effacement/écriture/lecture d’un mot de
40 bits dans un plan mémoire de 256 lignes, avec 10 cellules par ligne, stockant 4 bits
par cellule (soit 256x40bits théoriques) prend environ une heure sur une station SUN
Opteron 64bits (fréquence de 2GHz et 2Go de RAM)3 . En conséquence, une fois le
fonctionnement de l’architecture mémoire validé avec le modèle complet, nous avons
développé un modèle optimisé et fonctionnellement complet de la cellule. Les temps de
simulation se voient alors drastiquement réduits, ce qui nous permet d’étudier l’aspect
tolérance aux dispersions technologiques.
C’est dans le chapitre 6 que nous allons nous intéresser à l’exploration et à l’évalua-
tion de différentes méthodes permettant de rendre une architecture de mémoire tolérante
à un taux de dispersion élevé. Pour se faire, nous intégrerons plusieurs milliers d’ins-
tances de ce modèle optimisé sous la forme d’un plan mémoire organisé en 256 adresses
contenant chacune entre 10 et 12 cellules suivant la méthode de tolérance aux variations
évaluée.
Dans ce chapitre, nous avons présenté une structure de point mémoire non-volatile,
capable de stocker une information multi-niveaux, et exploitant au maximum les carac-
téristiques spécifiques des transistors à effet de champ, à nanofils et à grille flottante
moléculaire. Nous avons aussi proposé deux implémentations possibles de cette struc-
ture, la première se distingue par des dimensions réduites et par une relative simplicité de
réalisation, alors que la seconde est caractérisée par une intégration 3D ultra-compacte.
Par ailleurs, nous avons engagé en septembre 2005 une procédure visant à breveter la
structure de la cellule. Elle a finalement abouti en août 2006 à l’enregistrement d’une
demande de brevet sous la référence FR-06-07087 [Jal06].
1
Dans notre cas, nous nous sommes intéressés à une loi Gaussienne
117
118 Architecture tolérante aux dispersions technologiques
Fig. 6.1 – Interface de saisie Matlab des paramètres caractéristiques d’un transistor
moléculaire
Pour faciliter l’utilisation de l’outil, les chemins d’accès relatifs au fichier modèle
(Template), au fichier destination (Target) ainsi qu’au fichier permettant la sauvegarde
2
Nous nous sommes intéressés à une loi de type Gausienne
120 Architecture tolérante aux dispersions technologiques
MAX_IDS
IDS
MAX_IDS_VG0
MAX_REDOX_ERASE_VG
SEUIL_REDOX
0 VG
Fig. 6.2 – Schéma illustrant les variations des paramètres de chacun des deux transistors
de la cellule mémoire
Fig. 6.3 – Interface de saisie Matlab des paramètres du plan mémoire à générer
des informations sur la dispersion appliquée, peuvent être renseignés dans la partie
gauche de l’interface représentée par la figure 6.3.
Une fois le code généré, les résultats sont affichés dans une fenêtre où l’on peut vi-
sualiser, pour l’ensemble des transistors d’accès, comme pour l’ensemble des transistors
mémoires, la répartition géographique des dispersions sous la forme d’une matrice en
couleur de la taille du plan mémoire, ainsi que l’histogramme des dispersions. Ces ré-
sultats sont aussi parallèlement sauvegardés dans un fichier Matlab à l’extension *.rep.
La figure 6.4 illustre l’interface de visualisation des résultats et les figures B.1 et B.2 en
annexe B, sont deux exemples de fragments de plan mémoire générés respectivement
Architecture proposée 121
Fig. 6.4 – Interface de visualisation des résultats de dispersion sur le plan mémoire
généré.
Le choix de la politique d’intégrité doit être motivé par la prise en compte de diffé-
rents paramètres, tels le temps d’accès en lecture et le temps d’accès en écriture, ceux-ci
étant directement liés à la puissance consommée. Les différentes techniques de tolérance
aux variations que nous présentons ci-après doivent permettre de faire ce choix en trou-
vant le meilleur compromis en fonction de l’application.
K L L
A1 A2 N
Mc0 M1 M2 Address
N
ECC
DAC Write Write
DAC DAC
K L L
du bus d’adresse au bloc qui décode et active la ligne d’adresse sélectionnée (Row Ad-
dress Decoder).
124 Architecture tolérante aux dispersions technologiques
Ce bloc est utilisé pour l’écriture et l’effacement des bits de données. Il divise les
M bits du bus de données (M = 8) en L bits de mvBits (L = 4) et contrôle les deux
convertisseurs numérique-analogique 4bits (Write DAC) qui permettent de programmer
ou d’effacer l’information stockée.
Par ailleurs, ce bloc peut calculer à partir des données en entrée un code correcteur
d’erreur (ECC) permettant de vérifier et de corriger d’éventuelles erreurs. Ce code est
stocké dans une colonne supplémentaire, son écriture se fait au travers d’un convertis-
seur identique à celui servant à programmer les cellules mémoires mais dont la résolution
utilisée n’est que de K bits, par exemple 3bits (ECC DAC). On utilise ainsi les mêmes
cellules physiques pour l’ensemble du plan mémoire (information et codes correcteurs),
mais leur exploitation diffère.
– Une cellule peut être programmée au maximum dans 16 états distincts, ceci cor-
respondant au stockage de 4bits d’information par cellule,
– Le temps d’effacement d’une cellule est défini comme étant supérieur au temps
d’écriture, lui-même supérieur au temps de lecture. Cela permet de mieux com-
parer les différentes méthodes de tolérances aux dispersions.
– Pour les méthodes De Base, Evaluation d’Erreur et Boucle d’Evaluation d’Erreur,
les résultats sont établis sur un peu moins de 6000 tirages pour chaque taux de
variation étudié (0.5%, 1%, 1.5%, 2%, 2.5%, 3%, 4%, 5%, 6%, 8%, 10%, 15% et
20%).
– Pour les trois autres méthodes à base de code correcteur d’erreur, les résultats
sont établis sur un peu moins de 10000 tirages pour chaque taux de variation
étudié (0.5%, 1%, 1.5%, 2%, 2.5%, 3%, 4%, 5%, 6%, 8%, 10%, 15%, 20% et 25%).
Cette architecture, la plus simple qu’il soit, va donc nous servir de référence. Le
bloc s’occupant de la conversion analogique-numérique se compose d’un ensemble de
comparateurs et d’un tableau de valeurs de référence, réalisé par exemple par un en-
semble de registres. Ce module sera utilisé dans toutes les autres méthodes évaluées, à
quelques détails près. Cette table de référence peut-être mise à jour à tout moment par
l’utilisation d’un signal de calibration. Au cours de nos simulations, cette procédure de
calibration est exécutée une seule fois avant chaque batterie de tests en écriture-lecture3 .
La semi-intelligence de ce module amplificateur de lecture (Sense Amplifier ) réside dans
le fait qu’il choisit dans un tableau de référence4 l’index de la valeur la plus proche de
la valeur mesurée.
Les résultats présentés par les figures 6.6(a) et 6.6(b) correspondent respectivement
au taux d’erreur au moment de la lecture et au nombre moyen de cellules défaillantes
lors d’erreur de lecture en fonction, dans les deux cas, d’un taux de dispersion fixé. On
3
cf. hypothèses formulées au début de la section 6.2.3
4
cf. hypothèses au début de la section 6.2.3
126 Architecture tolérante aux dispersions technologiques
90
2
Taux d’erreur (%)
60
50 1.8
40
1.6
30
20 1.4
10 1.2
0
0 5 10 15 20 1
Dispersion (%) 0 2 4 6 8 10 12 14 16 18 20
Dispersion (%)
(a) Taux d’erreur au moment de la lecture (b) Nombre moyen de cellules défaillantes lors
d’erreur de lecture
constate comme point de référence qu’avec seulement 5% de dispersions sur les para-
mètres (section 6.1.2), le taux d’erreur s’élève à pratiquement 50%.
Cette méthode repose sur la constatation suivante : avant toute écriture, une cellule
doit être effacée, c’est à dire que le transistor à effet de champ et à grille flottante molé-
culaire doit être préalablement réinitialisé avant qu’une nouvelle valeur y soit program-
mée. Le principe d’oxydo-réduction du transistor moléculaire5 fait qu’il est obligatoire
de passer par une phase de réinitialisation pour programmer une valeur plus petite que
la valeur actuellement stockée6 .
L’idée est donc d’exploiter cette caractéristique illustrée par la figure 6.7, en partant
5
cf. section 1.2.3
6
Autrement dit, si le transistor est programmé dans son état ’5’, il n’est pas possible de le pro-
grammer dans son état ’2’ sans passer par une phase d’effacement. Inversement, la compréhension que
nous avons du fonctionnement de ce dispositif et des phénomènes en jeux, nous pousse à croire que le
passage de l’état ’2’ à l’état ’5’ est possible sans phase d’effacement
Architecture proposée 127
de l’étape 1 en bleu où le transistor est programmé dans l’état ’1’. Une fois le composant
effacé (étape 2 en rose), il est programmé par une impulsion de tension de grille VGS
(étape 3 en vert) dans un état intermédiaire entre l’état hautement-résistif et l’état ’0’,
soit équivalent à un état ’−0.5’ servant de référence7 . Une fois VG revenue à 0V (étape
4 en rouge), l’amplificateur de lecture est activé et les cellules sont lues. Le bloc de
lecture compare la valeur du courant lue pour l’état ’-0.5’ à une valeur de référence, et il
retourne alors au processus en charge de l’écriture un coefficient pour chaque cellule de
l’adresse sélectionnée, correspondant à une approximation de la dispersion de la cellule
par rapport à une cellule de référence. Ce coefficient est ensuite utilisé directement par
la séquence d’écriture pour moduler la tension de programmation appliquée (étape 5 en
cyan) permettant d’aboutir à l’étape 6 (marron) où la valeur programmée et lue est ef-
fectivement ’0’. Prenons l’exemple suivant : une fois effacée, une cellule est programmée
dans l’état intermédiaire ’−0.5’. Le courant de cette cellule est ensuite détecté comme
étant 0, 95 fois celui de référence. La méthode est donc de programmer cette cellule à
1, 05 fois la tension normalement utilisée pour une cellule de référence.
Les résultats présentés par les figures 6.8(a) et 6.8(b) correspondent respectivement
au taux d’erreur au moment de la lecture et au nombre moyen de cellules défaillantes
lors d’erreur de lecture en fonction, dans les deux cas, d’un taux de dispersion fixé.
7
De cette manière, et dans le pire des cas, la cellule est programmée dans l’état ’0’
128 Architecture tolérante aux dispersions technologiques
IDS
2
niveau ’2’
niveau ’1’ 1
niveau ’0’ 6
niveau ’-0.5’
4 niveau ’−0.5’ lu pour ce composant
5
3 0 VG
VG theorique pour le niveau ’0’
VG effectif pour le niveau ’0’ de ce composant
Cette méthode hérite des deux précédentes et ajoute une étape de vérification ré-
cursive. Dans ce cas, l’idée est de réaliser plusieurs boucles de programmation de type
Évaluation d’Erreur, en programmant le transistor par valeur inférieure8 avec un pas
fixé en fonction du taux de dispersion relevé9 . Une fois programmé, on effectue dans la
foulée une étape de lecture pour comparer ce qui vient d’être écrit avec ce que l’on veut
programmer. Si la valeur lue ne correspond pas à ce qui doit être écrit, le cycle reboucle.
Les résultats présentés par les figures 6.9(a) et 6.9(b) correspondent respectivement
au taux d’erreur au moment de la lecture et au nombre moyen de cycles d’écriture com-
8
Toujours pour éviter le passage par une phase d’effacement, très coûteuse en temps et en énergie
9
cf. hypothèses formulées au début de la section 6.2.3
Architecture proposée 129
2.4
70
60
50 1.6
40
30 1.45
De Base
20 Evaluation Erreur
10 Boucle Evaluat. Erreur 1.3
0
0 2.5 5 7.5 10 12.5 15 17.5 20 22.5 25 1.15
Dispersion (%)
1
0 2 4 6 8 10 12 14 16 18 20
Taux de dispersion (%)
(a) Taux d’erreur au moment de la lecture (b) Nombre moyen de cellules défaillantes lors
d’erreur de lecture
55
53
Nombre moyen de cycles pour ecrire
49
0.06 45
41 Boucle Evaluat. Erreur
0.05
37 Evaluation Erreur
33 De Base
0.04
Taux d’erreur (%)
29
0.03 25
21
0.02 17
13
0.01
9
0
5
0 10 20 30 0 2 4 6 8 10 12 14 16 18 20 22 2425
Dispersion (%) Dispersion (%)
(a) Taux d’erreur au (b) Nombre moyen de cycles d’écriture comparé aux deux autres mé-
moment de la lecture thodes
paré aux deux autres méthodes en fonction, dans les deux cas, d’un taux de dispersion
fixé.
fonction du taux de dispersion et jusqu’à cinq fois plus lent que la méthode de base, cette
technique présente d’excellents résultats en terme de taux d’erreur de lecture, puisqu’il
flirte en effet avec les 0%.
Nous avons donc implémenté un algorithme de Code Correcteur d’Erreur [kle], aussi
appelé ECC (Error Code Corrector), permettant de détecter n erreurs et d’en corriger
m, avec m < n. Shannon et Hamming commencèrent à travailler sur ces thématiques à
la fin des années 1940 et depuis lors, des centaines de travaux ont été publiés dans le
domaine.
Les codes de Hamming que nous utilisons font partie d’une sous-famille des Codes
Blocs appelée Code Linéaire. En codage binaire, la distance de Hamming est le nombre
de bits différents entre deux mots de tailles égales, elle permet donc de quantifier com-
bien deux mots sont différents. La capacité à détecter des erreurs et à en corriger dé-
pendent directement de la distance de Hamming dHam entre deux mots appartenant
au même code. En effet, le nombre de bits faux détectables est donnée par l’expres-
sion NED = dHam − 1, alors que le nombre de bits faux corrigibles vaut quant à lui
Architecture proposée 131
dHam −1
NEC = 2 .
De ce fait, une erreur d’écriture ou de lecture entraîne, dans le cas général, un déca-
lage d’un niveau12 . Si nous nous intéressons alors aux conséquences au niveau du codage
binaire, cela veut dire qu’une simple erreur d’un seul état induit jusqu’à 4 erreurs au
niveau de la donnée binaire. En effet, dans le cas du stockage de 4 bits par cellule, l’état
’7’ est codé ’0111’ alors que l’état ’8’ est lui codé par ’1000’, la distance entre les deux
codes est maximale. Autrement dit, une erreur a priori bénigne enlève tout l’intérêt des
codes correcteurs d’erreur utilisés, car ces derniers ne seront même pas capable de cor-
riger une erreur de niveau. En effet, les codes de Hamming que nous utilisons peuvent,
suivant les cas, détecter et corriger une ou deux erreurs.
Pour contourner ce problème lié au codage binaire simple, la solution est alors d’im-
plémenter un module de conversion vers le codage Gray, à la fois au moment de l’écriture
de la donnée, et donc bien évidemment au moment de sa lecture. De cette manière, et
dans le cas le plus général, une erreur dans une cellule multivaluée de n bits n’entraîne
qu’un seul bit faux par cellule, le code correcteur étant en mesure de le détecter et de
le corriger.
b = 2.
90
85
80
75
70
65
Taux d’erreur (%)
60
55
50
45
40
35
30
25 De Base
20 Error Sensing
15 ECC Error Sensing H4 3b/cell
10
5
0
0 2 4 6 8 10 12 14 16 18 20 22 24 25
Dispersion (%)
Pour la méthode Hamming [44,32 ;5,2] avec 4 bits par cellule pour les cellules dédiées
ECC et 4 bits par cellule pour les données (ECC H5/4 Error Sensing), la surface de la
matrice mémoire est la même que pour la méthode précédente. En revanche, les cellules
supplémentaires sont exploitées sur 4 bits et l’on constate que cette méthode corrige
jusqu’à 41% de bits supplémentaire (moyenne de 34% sur toutes les variations). Cepen-
dant, malgré le nombre de bits corrigés supplémentaires, force est de constater que la
capacité des codes correcteurs à corriger les erreurs, à la fois des données, et aussi du
code lui-même, est limitée par l’utilisation de la dynamique maximale de chaque cellule.
Autrement dit, bien que cette méthode bénéficie d’un code correcteur sur 12 bits (com-
paré aux 7 bits précédents), les résultats en terme de taux d’erreur sont pratiquement
identiques à la méthode précédente, voir moins bons pour des taux de variations élevés.
Cette approche est donc moins intéressante que la précédente du fait de la complexité
supplémentaire des blocs de génération et de correction ECC, impliquant un surcoût en
surface et en consommation.
90
85
80
75
70
65
60
Taux d’erreur (%)
55
50
45
40
35
30 De Base
25 Error Sensing
20
ECC Error Sensing H4 3b/cell
15
10 ECC Error Sensing H5 4b/cell
5
0
0 2 4 6 8 10 12 14 16 18 20 22 24 25
Dispersion (%)
90
85
80
75
70
65
60
Taux d’erreur (%)
55
50
45
40
35
30
25 De Base
20 Error Sensing
15 ECC Error Sensing H4 3b/cell
ECC Error Sensing H5 4b/cell
10
ECC Error Sensing H5 3b/cell
5
0
0 2 4 6 8 10 12 14 16 18 20 22 24 25
Dispersion (%)
La dernière méthode évaluée, Hamming [44,32 ;5,2] avec 3 bits par cellule pour les
cellules dédiées ECC et 4 bits par cellule pour les données (ECC H5/3 Error Sensing),
ajoute une cellule supplémentaire sur chaque ligne, augmentant ainsi la surface globale
de plan mémoire d’environ 33% par rapport à la méthode Error Sensing. Cela permet de
conserver un code correcteur de 12 bits, tout en exploitant une dynamique de 3 bits par
cellule dédiée ECC. A l’inverse de la précédente, l’utilisation de cette méthode peut être
justifiée grâce à ses performances en termes de correction de bits et de taux d’erreurs.
En effet, elle permet effectivement de réduire le taux d’erreur par rapport à la méthode
Error Sensing, jusqu’à près de 37 points de mieux pour un taux de dispersion de 15%.
renseigne sur les limites de ces méthodes ECC basées sur l’utilisation du même type de
cellule mémoire pour les données et pour le code correcteur. En effet, à partir de 15%
de dispersion, le taux de bits corrigés diminue sensiblement pour les méthodes ECC
H4/3 et ECC H5/3, stockant toutes deux 3 bits par cellule ECC, alors que la méthode
ECC H5/4 (4 bits par cellules ECC) voit son taux de bits corrigés stagner dès 10%
de variation, avant de diminuer comme les autres. Pour inverser cette tendance, il fau-
drait, par exemple, diminuer le nombre de bits stockés par les cellules dédiées ECC, ce
qui entrainerait, à distance de Hamming égale, un nombre de cellules supplémentaires.
Une autre possibilité, toute aussi coûteuse en surface, serait d’augmenter la distance de
Hamming, c’est à dire, le nombre de bits du code correcteur.
Le lecteur pourra se référer à la figure 6.14 pour une synthèse graphique des résultats
et en annexe C pour les données brutes.
1.6
1.5 ECC H4/3
1.35 ECC H5/4
ECC H5/3
1.2
Taux de bits corriges (%)
1.05
0.9
0.75
0.6
0.45
0.3
0.15
0
0 2.5 5 7.5 10 12.5 15 17.5 20 22.5 25
Dispersion (%)
Fig. 6.13 – Comparaison entre les trois méthodes à codes correcteurs d’erreur du pour-
centage du nombre de bits corrigés par rapport au nombre de bits écrits, en fonction du
taux de dispersion
136 Architecture tolérante aux dispersions technologiques
90
85 De Base
80 Evaluation Erreur
Boucle Evaluat. Erreur
75
CCE H4 3b/cell
70 CCE H5 4b/cell
CCE H5 3b/cell
65
60
Taux d’erreur (%)
55
50
45
40
35
30
25
20
15
10
5
0
0 2 4 6 8 10 12 14 16 18 20 22 24 25
Dispersion (%)
Fig. 6.14 – Taux d’erreur en fonction du taux de dispersion, toutes méthodes confondues
Les trois autres structures de mémoires, basées sur celle plus simple appelée Éva-
luation d’Erreur, intègrent quant à elles différents blocs supplémentaires, réalisant une
Conclusion et perspectives 137
Pour les architectures intégrant des codes correcteurs d’erreurs, c’est essentiellement
la surface du circuit qui augmente13 , tout en apportant une fois de plus une meilleure to-
lérance aux variations ; jusqu’à 37 points de mieux que la méthode Évaluation d’Erreur
et jusqu’à 51 points de mieux que l’architecture De Base, à taux de dispersion équivalent.
Nous avons donc évalué différentes méthodes offrant plusieurs pistes de réflexion sur
des techniques de tolérance aux variations. Avec plus de temps, il aurait été intéressant
de combiner les techniques de redondance temporelle (méthode Boucle d’Evaluation
d’Erreur ) et de redondance spatiale (méthode à base de code correcteur d’erreur) pour
évaluer sur un très grand nombre de cycles en lecture/écriture, l’intégrité de données
définies comme critiques. Par ailleurs, pour exploiter entièrement les fonctionnalités de
l’architecture proposée, une simulation cas réel serait envisageable14 pour étudier une
politique dynamique de robustesse de l’information. Par ailleurs, une étude sur l’uti-
lisation d’autres types de codes correcteurs plus adaptés aux canaux de transmission
bruités comme les TurboCodes apparaît comme une étape supplémentaire intéressante.
Finalement, en regard des résultats obtenus, il semblerait pertinent d’évaluer avec plus
de précision toutes les méthodes proposées pour des taux de dispersion plus faibles (par
exemple, entre 0 et 5%) tout en poussant plus loin des calculs de surface et de consom-
mation.
13
La surface du plan mémoire augmente entre 27% et 33%, il faut aussi ajouter la surface et la
consommation supplémentaire des blocs liés à la correction d’erreur (encodage, décodage, correction)
14
Pour reprendre l’exemple évoqué en introduction, une simulation d’un système type appareil photo
numérique aurait été intéressante. En effet, on peut imaginer un microcontrôleur devant lire ses instruc-
tions dans une mémoire (nécessité d’une fiabilité totale) et écrivant puis relisant une image (fiabilité
moins critique)
138 Architecture tolérante aux dispersions technologiques
Conclusion générale
Cependant, l’état de l’art actuel semble indiquer qu’à cette échelle, le taux de dis-
persion technologique d’un composant à l’autre sera largement plus élevé par rapport
à ce que les architectures de mémoires actuelles sont capables de gérer. Par ailleurs,
ce domaine étant relativement récent, il n’existe pas de modélisation de ces dispositifs
permettant d’explorer par simulation de nouveaux circuits et architectures complexes.
Dans ces travaux de thèse, nous proposons une méthodologie permettant, à partir de
mesures expérimentales de composants issus de l’électronique moléculaire, de développer
et d’analyser au niveau fonctionnel, dans un temps raisonnable, des circuits et architec-
tures complexes.
Pour cela, une première contribution présente une modélisation générique de transis-
tors à grille flottante moléculaire utilisant le langage VHDL-AMS. Ce modèle combine
des équations électriques dérivées de celles du MOS, des équations empiriques détermi-
nées à partir de mesures expérimentales et des processus VHDL-AMS émulant certains
aspects physico-chimique de ces composants. Cette modélisation, optimisée en temps
139
140 Conclusion générale
Enfin, pour faciliter l’exploration architecturale, nous avons développé une plate-
forme outil en Matlab - VHDL-AMS permettant de saisir les caractéristiques de com-
posants expérimentaux et de générer et analyser des plans mémoires réguliers où les
paramètres de chaque instance de modèle de composant peuvent subir des variations.
Ces plans mémoires aux taux de dispersions variables (entre 0.5 et 25%) ont été simulés
dans plusieurs architectures de mémoire différentes. Six techniques originales visant à
assurer l’intégrité de l’information dans les mémoires ont été présentées et comparées,
en mettant en avant leurs avantages et inconvénients respectifs, en termes de taux d’er-
reurs et de vitesse de fonctionnement, ainsi qu’en évaluant comparativement leur surface
silicium.
Dans le cadre de perspectives de ces travaux, nous distinguons plusieurs points qui
auraient le mérite d’être approfondis.
En effet, dans la continuité de ces travaux, il serait sans doute intéressant, dans un
premier temps, de se pencher sur l’évaluation d’autres méthodes visant à garantir un cer-
tain niveau de fiabilité, comme l’utilisation d’autres types de codes correcteurs d’erreur,
par exemple les TurboCodes, très coûteux en ressources de calculs mais très efficaces.
Par ailleurs, nous n’avons pas encore évoqué le concept de duplication ou de réplication
de l’information, en double ou en triple, dans un autre plan mémoire, par exemple.
Une étude combinant une méthode de redondance temporelle ainsi qu’une technique
redondante spatialement serait tout aussi intéressante. Il est aussi réaliste d’imaginer
simuler des exemples d’application plus complètes, ce qui permettrait, sans doute, de
mieux évaluer les différentes techniques de tolérance aux dispersions, en fonction du type
d’information à stocker. Finalement, toujours à court terme, des calculs plus précis de
surfaces et de consommations des différents blocs permettrait aussi d’abonder dans ce
Conclusion générale 141
sens.
Chronogrammes
143
144 Chronogrammes
Exemples de code
147
148 Exemples de code
Fig. B.1 – Exemple d’une partie d’un plan mémoire généré à partir du modèle de cellule
complet
Exemples de code 149
Fig. B.2 – Exemple d’une partie d’un plan mémoire généré à partir du modèle de cellule
optimisé en temps de calcul
150 Exemples de code
Annexe C
Résultats de simulation
MéthodeDe Base
moyenne Nbre de
% variation tirages erreurs % erreur nbre mbits cycles pour
faux écrire
151
152 Résultats de simulation
moyenne Nbre de
% variation tirage erreurs % erreur nbre mbits cycles pour
faux écrire
0,5 5879 0 0 16
1 5879 10 0,17009696 1 16
1,5 5879 67 1,1396496 1 16
2 5879 240 4,08232693 1,0125 16
2,5 5879 280 4,76271475 1,007143 16
3 5879 603 10,2568464 1,014925 16
4 5879 858 14,5943188 1,058275 16
5 5879 1144 19,4590917 1,08042 16
6 5879 1621 27,5727164 1,163479 16
8 5879 2022 34,3936044 1,183482 16
10 5879 2452 41,7077734 1,254078 16
15 5879 3627 61,6941657 1,456024 16
20 5879 3970 67,5284912 1,592443 16
moyenne
Nbre de boucles Nbre N Nbre de cycles
max boucles % variation tirages Erreurs % erreur nbre mbits
supplémentaires moyen pour écrire
faux
Fig. C.4 – Données brutes pour la méthode Évaluation d’Erreur à Code Correcteur
d’Erreur (ECC), avec une distance de Hamming minimale de 4 et 3 bits par cellule
dédiée à l’ECC
Résultats de simulation 155
Fig. C.5 – Données brutes pour la méthode Évaluation d’Erreur à Code Correcteur
d’Erreur (ECC), avec une distance de Hamming minimale de 5 et 4 bits par cellule
dédiée à l’ECC
156 Résultats de simulation
moyenne
Nbre de bit
% variation tirages erreurs % erreur nbre mbits
corrigé par ECC
faux
0,5 9371 0 0 0
1 9371 0 0 54
1,5 9371 8 0,08536976 1,125 143
2 9371 48 0,51221855 1,229167 276
2,5 9371 17 0,18141074 1,882353 616
3 9371 101 1,07779319 1,326733 1030
4 9371 126 1,34457368 1,619048 1369
5 9371 285 3,04129762 1,621053 1903
6 9371 561 5,98655426 1,770053 2709
8 9371 792 8,45160602 1,856061 3328
10 9371 1202 12,8268061 1,96589 3808
15 9371 2334 24,9066268 2,190231 4728
20 9371 3430 36,6022836 2,209038 4545
25 9371 4065 43,3785082 2,318819 4148
Fig. C.6 – Données brutes pour la méthode Évaluation d’Erreur à Code Correcteur
d’Erreur (ECC), avec une distance de Hamming minimale de 5 et 3 bits par cellule
dédiée à l’ECC
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157
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168 Table des figures
B.1 Exemple d’une partie d’un plan mémoire généré à partir du modèle de
cellule complet . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 148
B.2 Exemple d’une partie d’un plan mémoire généré à partir du modèle de
cellule optimisé en temps de calcul . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 149
173
A generic modeling approach for molecule-gated
nanowire transistors using VHDL-AMS
Antoine JALABERT Fabien CLERMIDY Amara AMARA
CEA - LETI CEA - LETI ISEP
Grenoble, France Grenoble, France Paris, France
Email: antoine.jalabert@cea.fr Email: fabien.clermidy@cea.fr Email: amara.amara@isep.fr
Abstract— A generic VHDL-AMS model for molecular-gated raised, which depletes the major carriers in the semiconductor
nanowire FET is presented. This compact modeling aimed at nanowire, and hence oxidizes part or all of the redox molecules
reproducing the specific electrical characteristics of this new class population. Positively charged molecules act as a positive
of devices, combining accuracy for circuits functional analysis
with efficient simulation time. Three different devices have been chemical gate allowing the NWFET to be turned on at a
successfully modeled and simulated. Comparison to experimental high negative back-gate voltage. Conversely, a high positive
data shows very good accordance. bias will lead to the reduction of redox molecules, inducing
a compensating negative gate, thus shifting back the VT to a
more positive value. They also showed that similar result on
I. I NTRODUCTION
VT shift could be obtained using only VDS pulses. However, it
Molecules, as part of new electronic devices, attract much seems the device performance falls very quickly in this mode
of the attention of today’s research on new technological of operation, that’s why we will mainly focus on back-gated
trends and innovative components. Multilevel memory points charge injection. Finally, Meyyappan et al. later reported in a
[1] [2] [3], programmable logical gates and new logical study on a family of Bis(terpyridine) − Fe2+ molecules [7],
functions [4] [5] [6] for instance are some of the multiple the major influence of the ligand (between the nanowire and
application examples that focus a lot of energy. Combining the molecule) on charge retention and VT range shift capability.
both MOSFET functional behaviors and an innovative
programmable floating gate influencing channel conductance, III. M ODELING
molecule-gated nanowire field effect transistors (NWFET) In order to be able to simulate complex circuits, including
are promising candidates that could well revolutionize programmable logic and memories, a compact modeling,
tomorrow’s electronic devices. However, designs and that does not sacrifice simulation time, fitting molecule-gated
functional simulations of circuits around such devices require nanowire transistor basic electrical behaviors is needed. This
high level models with enough accuracy to provide system modeling also had to be generic enough so that it can be
analysis. Actual modeling are generally fitted MOS models adapted to other molecules and other semiconductor materials.
that do not take into account the chemical aspect of the We propose a model combining pseudo-physical equations,
device, in particular the redox phenomenon. In this paper, empirical equations and VHDL-AMS processes dealing with
we will present a new VHDL-AMS modeling approach for chemical aspects.
molecule-gated nanowire field effect transistors.
All these requirements along with other common
characteristics between molecule-gated nanowire transistors
II. M OLECULE - GATED NANOWIRE TRANSISTORS
such as, IDS versus VG electrical hysteresis behavior and
Most, if not all, of today’s published experimental variable VT threshold as a function of the population of
molecule-gated nanowire transistors devices are build on a oxidize/reduce molecules, lead to the development of a
pseudo-MOS structure [1] [2] [5]. This common test structure compact modeling using VHDL-AMS (IEEE 1076.1) [8]
in MOSFET characterization allows molecules to safely analog and digital capabilities.
self-assembled all over the semiconductor material because
the control gate is at the back of the device, thus preventing
molecules not to be covered by oxide. Figure 1 illustrates the Oxide
structure of such devices. S D Metal
Nanowire
Lieber et al. in [5] first proposed an electro-chemical expla- CG Control back gate
nations, pointing out the fundamental role of redox molecules. Molecules
When applying a negative potential between the Back-Gate Fig. 1. Color. Pseudo-MOS structure of a gated-molecule nanowire transistors
and Source or Drain (VDS has to be low), the nanowire band is
In2 O3 In2 O3 N-doped InP
Bis(terpyridine) − Fe2+ Co − porphyrin Co − phthalocyanine
[1] [9] [5]
K1 365e−9 Ω−1 ·V −1 980e−9 Ω−1 ·V −1 77e−9 Ω−1 ·V −1
K2 375e−9 Ω−1 ·V −1 3.17e−6 Ω−1 ·V −1 65e−6 Ω−1 ·V −1
TABLE I
K VALUES EXTRACTED FROM EXPERIMENTAL DATA ( [1] [9] [5]).
Fig. 2. Color. Current IDS versus VG characteristics of In2 O3 nanowire IDS current is null. This behavior correspond to the electro-
devices with self-assembled Co − porphyrin. Inset: structure of the molecule. chemical phenomenon that sees all molecules being oxidized.
Courtesy Zhou et al. [9].
When VG > VGSat , IDS is evaluated accordingly to a sat-
uration function whose expression is given by equation (3).
The choice of an exponential interpolation was motivated by
two reasons. The first one being that simulated characteristics
Because the model has to be accurate, functional and fit well with measured data, while the second one is that
fast, ab initio methods and other calculations of molecular an exponential function naturally implies a saturation, thus
structure approach, are not suited at all. The core of this emulating the fact that the number of reducible molecules is
model written in VHDL-AMS is divided in two parts. The a finite number. It should be mentioned that equation (3) is
first one computes the IDS current function of the back gate calculated to be tangent to equation (1), at point (VGSat ,IDSSat )
potential VG , while the second evaluates the proportion of as shown on figure 3.
oxidized/reduced molecules, thus determining the VT of the
transistor. This modeling has to reproduce molecule-gated m
− IDSmax −IDS (VG −VGSat )
nanowire transistors electrical behaviors such as illustrated by IDS = (IDSmax − IDSSat ) 1 − e Sat + IDSSat
figure 2. Some examples can be found in the following papers:
(3)
In2 O3 semiconductor nanowire with Bis(terpyridine) − Fe2+
with
molecules [1] [7], In2 O3 semiconductor nanowire with
Co − porphyrin molecules [9] and N-doped InP nanowire −IDSmax
with cobalt − phthalocyanine molecules [5]. m= (4)
VT −VGSat
As the electrical behaviors of the studied molecule-gated VGSat is continuously evaluated by equation (5) and is a
NWFET is similar to typical N-MOS and depleted N-MOS function of VT and VDS . Its expression corresponds to the
characteristics, part of the electrical equations are derived solution of equation (1) with IDS = IDSSat .
from Shichman and Hodges [10] quadratic model. Figure 3
details the different equations use to describe IDS (VG ) electrical
IDSmax
characteristics.
− m
(VG −VGSat )
IDS
IDSmax −IDS
As all the devices exhibit pronounced hysteresis behavior, (IDSmax − IDSSat ) 1 − e Sat + IDSSat
we choose to model this not-so-common phenomenon in the
following manner. Whatever the sign of VG is, and unless IDSSat
VG > VGSat > 0 or VG << 0, we compute IDS with equation (1)
and equation (2), for dV dVG 2
VDS
dt > 0 and dt < 0, respectively. These
G K1 (VG −VT )VDS − 2
equations are similar; K1 and K2 are given constant parameters,
specific to the studied device, while VT is a variable of the
model, calculated by a VHDL-AMS process dealing with
VGSat
2
dVG 2
IDS = K1 2(VG −VT )VDS −VDS when >0 (1) K2 (VG −VT )VDS −
VDS
2
dt 0
0 VT for dVG
<0
VT for dVG
>0 dt VG
2 dVG dt
IDS = K2 2(VG −VT )VDS −VDS when <0 (2)
dt Fig. 3. Color. Summary of electrical equations used to model molecular-gated
nanowire transistors
K1 and K2 are experimental constants. Their respective
molecules. In that case, VT equal the given constant model
parameter VGMAX . Conversely, when VG > VGSat , then VT equals
the expression of equation (10). This expression is the solution
of equation (2) for IDS = 0, in other words, it is the crossing
point of the curve with the VG -coordinate axis.
In order not to lower simulation speed, and because normal
operation of the device is supposed to be with VDS low, for VT
computing, VG was approximate to the mean potential VGM =
VGS +VGD
2 .
K2VDS (VDS − 2VGM ) + IDS
VT = − (10)
2 ∗ K2VDS
In a future work, this process will also be in charge of
Fig. 4. Color. IDS versus VG hysteresis loops obtained by sweeping gate taking into account the retention time of the specific device
voltage from −n ∗ 2.5V to 10 + n ∗ 2.5V and then back to the starting value. n being simulated, and thus modifying VT over time.
is the index of levels from 2 (the innermost curve) to 8 (the outermost curve).
Courtesy Zhou et al. [1].
IV. S IMULATION
We have chosen to first simulate a Bis(terpyridine) − Fe2+ -
gated In2 O3 nanowire transistor because of its demonstrated
K · (VDS + 2VT ) + MAX IDS VG0
VGSat = VDS FIXE
(5) programmable multilevel conductances at VG = 0 as seen on
2K figure 4. The complete study of the experimental device can
MAX IDS VG0 and VDS FIXE are given parameters of be found in [1]. Figure 6 is an example of the simulated
the model and are extracted from experimental data. They VHDL-AMS entity declaration of such device.
represent, the maximal IDS current at VG = 0, and the VDS
bias used to record IDS (VG ) characteristic, respectively. For this study, we have simulated the DC response of this
IDSSat and IDSmax are respectively, the current of saturation molecular-gated nanowire transistor, integrated in a simple test
and the maximum current for a fixed VDS . These variables are circuit, sweeping VG to different gate voltage, from 0V to −n ∗
constants for a given VDS . Equations (6) and (7) give their 2.5V , then to 10 + n ∗ 2.5V and then back to 0V , with VDS =
respective literal expression. −0.075V and Source grounded, as in [1] experiments. n is
the index of levels from 2 (the innermost curve) to 8 (the
MAX IDS VG0 outermost curve).
IDSSat = VDS · (6)
VDS FIXE IDS (VG ) simulation results are reported on figure 8. They
demonstrate the specific hysteresis loop behavior as expected,
MAX IDS
IDSMax = VDS · (7) and they also show a very good accordance compared to
VDS FIXE
experimental data found in [1]. Similar results were obtained
simulating In2 O3 nanowire transistor with Co − porphyrin
molecules (simulation results: fig.7, experimental data:
Regarding the pseudo-MOS structure used, we integrated
fig.2) and N-doped InP NWFET with Co − phthalocyanine
equations for the modeling of Gate-Source and Gate-Drain
simple MOS capacitor. Their expression is given by equations
(8) and (9).
dVGS
IGS = COx · (8)
dt
dVGD
IGD = COx · (9)
dt
COx is a given parameter of the model under the assumption
that the device is symmetrical.
Abstract— A novel Multi-Level memory Cell (MLC) using molecules, above a semiconductor nanowire, as a charge
molecular-gated nanowire field effect transistors (MG-NWFET) trapping gate. Mainly to prevent damaging molecules, most
is presented. This new memory point, technologically homo- of today’s published experimental devices are built on a
geneous, can store a multivalued information within a highly
compact and scalable structure. Using a previously presented pseudo-MOS structure [2] [3] [5]. Figure 1 illustrates the
electrical modeling of a MG-NWFET, simulation results demon- structure of such a device. Lieber et al. in [5] first proposed an
strate the potential of such memory cell for non-volatile, ultra- electro-chemical explanation of the unique/specific hysteresis
dense and low-cost memories. behavior of the MG-NWFET, pointing out the fundamental
role of redox molecules. When applying a negative potential
I. I NTRODUCTION between the Back-Gate and Source or Drain (VDS has to
be low), the nanowire band is raised, which depletes the
During the last few decades, the memory market share major carriers in the semiconductor nanowire, and hence
(MOS Memory, DRAM, Flash) has expanded in a continuous oxidizes part or all of the redox molecules population.
way to become the number one revenue for the semiconductor Positively charged molecules act as a positive chemical gate
industry. On-chip, especially for processor ICs, the memory allowing the NWFET to be turned on at a high negative
area has also dramatically increased to now represent more back-gate voltage. Conversely, a high positive bias leads to
than 70% of the total chip area. According to the ITRS [1] the reduction of redox molecules, inducing a compensating
there is no reason to expect the tendency to be reversed, negatively charged gate, thus shifting back the VT to a
embedded memory is forecasted to represent 90% of total area more positive value. Meyyappan et al. later reported in a
usage in 2011. These figures clearly point out the strategic study on a family of Bis(terpyridine) − Fe2+ molecules [6]
aspect of the memory market. the major influence of the ligand (between the nanowire
Based on molecular scaled devices combining both MOS- and the molecule) on charge retention and VT range shift
FET functional behaviors and a programmable floating gate, capability. From a functional point of view, a MG-NWFET
molecular-gated nanowire field effect transistors are promising can be written in a state by applying a negative VG pulse
candidates that could well revolutionize tomorrow’s memories (oxidization of the population of molecules), read by sensing
[2] [3] [4]. Very high density could be one of the key the current under a fixed VDS bias with VG = 0V and erased
advantages of this new technology along with an efficient by applying a large positive VG pulse (reduction of the
cost reduction thanks to the use of chemically self-assembled molecules population).
molecules in a bottom-up approach.
In this paper we propose a compact non-volatile multilevel
memory cell, based on molecular-gated nanowire field effect Oxide
transistors. In a first part, the molecular-gated nanowire S D Metal
transistor device and its VHDL-AMS modeling is briefly Nanowire
presented, before discussing its possible integration in a CG Control back gate
memory array. As a consequence, the multilevel memory cell Molecules
structure is described in a second part. Finally, we conclude
Fig. 1. (Color) Pseudo-MOS structure of a gated-molecule nanowire
and discuss a starting point for fault-tolerant molecular transistor
memory architecture explorations.
VGSat
is composed of two MG-NWFETs serially connected. The
VGMAX
VGAcc
WordLine VS 20nm
z WriteDataLine A1
y VS
y x
M1
z x WriteDataLine 20nm
RS
VS
Fig. 4. (Color) Left. Possible 2D layout of the presented cell. Right.
Example of 3D integration of the proposed cell. Dimensions are given based
on experimental devices [2]
RGPt
beyond the ITRS forecasts [1]. Indeed, the cell itself would VGPt
TABLE I
VARIABLES AND PARAMETERS USED FOR THE SIMULATION OF THE
DIFFERENT READ , WRITE AND ERASE SEQUENCES
Variable Value
ULO 1.0e−6V
UREAD 0.75V
UERASE 30.0V
UPASS −20V
UPROG −n ∗ 2.5V with 1 ≤n≤ 8
RON 10.0Ω
Fig. 5. (Color) Illustration of a 3D integration and vertical alignment of 12
ROFF 1.0e9 Ω
cells capable of storing at least 36 bits on an area of only 0.014µm2 .
Delay 4ns
row in the memory array), the corresponding RS and RGAcc cell. The memory point performs as expected, the 8 different
have to be set to RON , while for all other rows, they must be resistive states can easily be distinguished from one another
set to ROFF . with around 400nA between each corresponding sensed cur-
rent. Due to bottom-up fabrication approach, variability of this
RS = RON
VS = ULO
kind of memory cell is a probable issue. That is why, further
RD = ROFF memory exploration have been realized, simulating a physical
VD = ULO
RGAcc = RON array of 256 rows with 10 cells per row and 4 bits per cell (vir-
VGAcc = ULO tual size 256x40bits). We use a VHDL-AMS code generator
RGPt = RON
VGPt = UPROG written under MATLAB to apply a variation on the generic
Delay parameters of the 5120 transistors composing the memory
array. Although simulation results show that all operations
VGPt = ULO
are perfectly working, simulation time increases drastically;
Delay 3 command sequences (erase/write/read) take about 1 hour
RD = RON
on an Opteron SUN work station (64bits/2GHz/2GB). As a
consequence, in a future work, we will develop a functional
Fig. 7. Flowchart of the write command sequence. (A1) access transistor is
macro-model of the cell for dispersion and fault tolerant
”OFF”, (M1) storage transistor is programmed. memory architecture exploration.
IV. C ONCLUSION
The read command sequence detailed by the flowchart We have proposed a novel memory cell composed of two
(fig.8) requires more cycles to be completed because it first identical, serially connected, molecular-gated nanowire field
needs to set ”ON” the access transistor. Conversely, it also effect transistors capable of storing a multivalued information
needs to set back ”OFF” the (A1) transistor after the fixed within a highly compact structure. We have also shown some
voltage (UREAD ) current sensing phase. possible high density 2D and 3D layout of the proposed
cell. Using a previously developed electrical modeling of
RS = RON a MG-NWFET, we have also presented a methodology to
VS = ULO write and read such a cell and the potential of the associated
RD = RON
VD = ULO memory arrays for non-volatile, ultra-dense and low-cost
RGAcc = RON
VGAcc = UPASS Access memories.
RGPt = ROFF transistor
VGPt = ULO
is ”ON”
Delay R EFERENCES
[1] “http://www.itrs.net/common/2005itrs/home2005.htm.”
VGAcc = ULO
[2] C. Li, W. Fan, B. Lei, D. Zhang, S. Han, T. Tang, X. Liu, Z. Liu,
Delay S. Asano, M. Meyyappan, J. Han, and C. Zhou, “Multilevel memory
based on molecular devices,” Applied Physics Letters, vol. 84, no. 11,
RGPt = RON 2004.
[3] K. M. Roth, N. Dontha, , R. B. Dabke, D. T. Gryko, C. Clausen, , J. S.
Delay Lindseya, D. F. Bocian, and W. G. Kuhrb, “Molecular approach toward
information storage based on the redox properties of porphyrins in self-
UD = UREAD assembled monolayers,” American Vacuum Society, September/October
Delay Current 2000.
sensing [4] Q. Li, G. Mathur, S. Gowda, S. Surthi, Q. Zhao, L. Yu, J. S. Lindsey,
UD = ULO D. F. Bocian, and V. Misra, “Multibit memory using self-assembly of
mixed ferrocene/porphyrin monolayers on silicon,” Advanced Materials,
Delay vol. 16, no. 1, pp. 133–137, January 2004.
[5] X. Duan, Y. Huang, and C. M. Lieber, “Nonvolatile memory and pro-
RGPt = ROFF grammable logic from molecule-gated nanowires,” Nano Letters, vol. 2,
VGAcc = UERASE no. 5, pp. 487–490, 2002.
Delay Access [6] C. Li, W. Fan, D. A. Straus, B. Lei, S. Asano, D. Zhang, J. Han,
transistor M. Meyyappan, , and C. Zhou, “Charge storage behavior of nanowire
UGAcc = ULO is ”OFF” transistors functionalized with bis(terpyridine)-fe(ii) molecules: Depen-
dence on molecular structure,” J.Am.Chem.Soc., vol. 126, pp. 7750–7751,
Delay 2004.
[7] A. Jalabert, F. Clermidy, and A. Amara, “A generic modeling approach
RGPt = RON for molecule-gated nanowire transistors using vhdl-ams,” IEEE PRIME
2006 conference proceedings, 2006.
[8] “Ieee 1076.1 working group: Analog and mixed-signal extensions to
Fig. 8. Flowchart of the read command sequence. (A1) access transistor is
vhdl.” [Online]. Available: http://www.eda.org/vhdl-ams/
”OFF”, (M1) storage transistor is programmed.
[9] C. Li, J. Ly, B. Lei, W. Fan, D. Zhang, J. Han, M. Meyyappan,
M. Thompson, and C. Zhou, “Data storage studies on nanowire transistors
with self-assembled porphyrin molecules,” J. Phys. Chem. B, vol. 108,
Using a dynamic of 8 resistive states (3 bits), simulation of pp. 9646–9649, 2004.
multiple erase/write/read sequences have been done on a single