Critère de Weyl
Références : ε > 0. On sait qu’il existe une fonction en escalier g qui ap-
Oraux X-ENS Analyse 2, Serge Francinou proche uniformément la fonction f à ε près sur [0,1] c’est-à- dire
kf − gk∞ ≤ ε. En utilisant l’inégalité triangulaire, on obtient :
n Z 1 n
Déf. Soit (un )n∈N∗ une suite de [0, 1] et a, b ∈ [0, 1] avec a ≤ b. La 1X 1X
| f (uk ) − f| ≤ | (f (uk ) − g(uk )) |
suite (un ) est équirépartie si et seulement si, pour tout a, b, on a n k=1 0 n k=1
| {z }
≤ε par convergence uniforme
Card{k ∈ {1, ..., n}, uk ∈ [a, b]} n
lim = b − a.
Z 1
1 X
n→∞ n + | g(uk ) − g|
n k=1 0
Théo. Soit (un )n∈N∗ une suite de [0,1] et a, b ∈ [0, 1] avec a ≤ b.
| {z }
≤ε car g est en escalier
Alors on a équivalence entre les propriétés suivantes : Z 1 Z 1
+ | g− f|
(i) (un ) est équirépartie. | 0 {z 0 }
(ii) Pour toute fonction f : [0, 1] −→ R continue, on a ≤ε par convergence uniforme
n Z 1 d’où le résultat.
1X
lim
n→∞ n
f (uk ) = f (t)dt (ii)⇒(i) Soit a, b ∈ [0, 1] avec a < b. On considère les suites de fonctions
k=1 0
continues φk et ψk définies pour k suffisamment grand par les
figures suivantes :
(iii) Pour tout p ∈ N∗ , on a
n
1X
lim e2iπpuk = 0
n→∞ n
k=1
Démonstration. Dans toute la démonstration, nous noterons
Xn (a, b) = Card{k ∈ {1, ..., n}, uk ∈ [a, b]}.
(i)⇒(ii) Notons que la quantité Xn n(a,b) est égale à n1 nk=1 χ[a,b] (uk ) où
P
χ[a,b] désigne la fonction caractéristique du segment [a, b] et que
Rb
a χ[a,b] = b − a. La propriété (ii) est donc vérifiée pour les fonc-
tions caractéristiques d’un segment. De plus, on sait que toute
fonction en escalier est combinaison linéaire de fonctions carac-
téristiques de segments (qui peuvent être réduits à un point pour
atteindre les valeurs de discontinuité de f ). On a donc que la
propriété (ii) est vérifiée pour toutes les fonctions en escalier. On observe pour tout p assez grand que ψp ≤ χ[a,b] ≤ φp . Ainsi,
Soit maintenant f : [0, 1] −→ R une fonction continue et soit pour tout n ≥ 1, n1 nk=1 ψp (uk ) ≤ Xn n(a,b) ≤ n1 nk=1 φp (uk ). Par
P P
1
Critère de Weyl
hypothèse, Ce calcul est possible car, comme θ ∈ / Q, e2iπpθ 6= 1 pour tout
n Z 1 p ∈ N∗ . Comme | e2inπpθ |= 1 pour tout n ∈ N∗ , la suite
1X 1 2inπpθ −1
( ee2iπpθ −1 )n∈N∗ est bornée et ( n1 nk=1 e2iπp{kθ} )n∈N∗ tend vers 0
P
lim ψp (uk ) = ψp = b − a −
n→∞ n k=1 0 p quand n → ∞. Ainsi, la suite ({nθ})n∈N∗ est équirépartie.
et • Supposons que θ = pq ∈ Q, avec p, q ∈ N∗ premiers entre eux. On
n Z 1
1 X 1 a
lim φp (uk ) = φp = b − a +
n→∞ n k=1 0 p {(n + q)θ} = {nθ + p} = {nθ}.
d’où le résultat. Ainsi, la suite ({nθ})n∈N∗ est périodique de période q et n’est
(ii)⇒(iii) On applique le (ii) aux fonctions x 7−→ cos(2πpx) et donc pas équirépartie.
x 7−→ sin(2πpx).
(iii)⇒(ii) Par linéarité, on a la propriété (ii) pour tout polynôme trigono-
Leçons possibles : 202 - 223
métrique du type
n
X n
X
x 7−→ a0 + ak cos(2kπx) + bk sin(2kπx).
k=1 k=1
D’après le théorème de Weierstrass trigonométrique, toute fonc-
tion continue f : [0, 1] 7−→ R avec f (0) = f (1) est limite uniforme
d’une suite de polynômes trigonométriques de ce type.
Ex. Soit θ > 0. La suite ({nθ})n∈N∗ est équirépartie si et seulement
si θ ∈
/ Q.
Démonstration.
• Supposons θ ∈ / Q. Pour prouver que la suite (nθ)n∈N∗ est équiré-
partie, on va utiliser le critère de Weyl. On a, pour tout p ∈ N∗ ,
n n
1X 1X
e2iπp{kθ} = e2iπpkθ
n k=1 n k=1
n
1X
= (e2iπpθ )k
n k=1
e2iπpθ e2inπpθ − 1
= . 2iπpθ .
n e −1