L’infection urinaire du
nourrisson et l’enfant
P. Ass BENECHCHEHAB Youssef
Pédiatrie
2ème Semestre
2021 - 2022
www.um6ss.ma
Plan du cours:
Introduction
Epidémiologie
Physiopathologie
Diagnostic positif
• Définition
• Mode de prélèvement
• Diagnostic de gravité
Particularités de la pyélonéphrite et la cystite aigue
• Infection urinaire haute
• Infection urinaire basse
Conclusion
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Objectifs pédagogiques:
1- Diagnostiquer une infection urinaire.
2 – Distinguer entre une infection
urinaire haute et basse
2- Argumenter l’attitude thérapeutique
et la prévention d’une infection urinaire.
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1 Introduction
Bactériurie significative.
Pyélonéphrite aiguë = infection bactérienne avec invasion tissulaire du
bassinet et du parenchyme rénal.
Infection urinaire basse = ne menace pas le parenchyme rénal.
PEC différente (diagnostique, thérapeutique et étiologique).
Approche selon l’âge de l’enfant.
pyélonéphrite aiguë: germes vessie ==˃ reins.
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1 Introduction:
Infection urinaire haute: Infection urinaire basse:
Pyélonéphrite aigue: Cystite aigue :
Infection urinaire localisée à la vessie,
IInfection atteignant le parenchyme rénal
généralement bénigne.
Possibilité de complications
Grave ++
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2 Epidémiologie:
- Pathologie fréquente.
- Dans la période néonatale, les garçons sont plus touchés que les filles.
- Au-delà de 1 an, l’infection urinaire touche plus souvent les filles que
les garçons, avec un pic de fréquence vers 2 à 3 ans.
- Mode de révélation principal d’une uropathie.
- Risque de séquelles définitives.
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2 Epidémiologie:
Escherichia COLI dans 80% des cas.
Proteius Mirabilis, Entérocoques et klebsielle
Niveau de résistance d’E-Coli aux antibiothérapie en France:
oaugmenté: 50% pour l’amoxicilline et 68% pour l’amoxicilline- acide
clavulanique en France.
oModéré (10 %) pour le cotrimoxazole et Cefixime.
oTrès faible ( moins de 2%) pour Cetriaxon et gentamycine.
Au Maroc:
Résistance de l’Ecoli à l’amoxicilline de 43%, A l’amoxicilline acide
clavulanique de 32%.
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2 Epidémiologie:
Prise en charge en quatres étapes :
Diagnostic positif
Diagnostic de localisation
Recherche d’une étiologie
Traitement.
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3 Physiopathologie:
Voie ascendante = mode principal d’infection de l’arbre urinaire
Point de départ de l’infection urinaire du garçon est le prépuce. Un
phimosis ou un décalottage difficile sont des facteurs favorisant
l’infection.
La virulence est également un facteur important de la pathogénie : des
facteurs de virulence permettant une adhésivité et une diffusion rapide
depuis la flore fécale vers le rein .
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3 Physiopathologie:
Flore digestive: réservoir des bactéries des IU.
- Urines et arbres urinaires : stériles.
- Colonisation microbienne : chemin inverse de l’écoulement normal de l’urine.
- Les 3 premières étapes = IU basse.
- Les 3 dernières = IU haute.
- PNA = infection du bassinet et du parenchyme rénal
Facteurs favorisants:
Nourrisson: couches, immaturité vésicale, prépuce étroit.
Enfant ( propreté acquise): hygiène, trouble mictionnels, vulvite, rétention stercorale, oxyurose.
Présence d’une anomalie fonctionnelle ou organique: situation prédisposante.
Reflux vésico-urétéral:
La plus fréquente des anomalie organique.
Véhicule l’infection vers le haut appareil urinaire.
- Primitif
- Secondaire: augmentation de la pression vésicale
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4 Diagnostic positif:
bactériurie > 10 5 unités formant colonie (UFC)/ml av ec une
leucocyturie pathologique (> 104/ml en l’absence de leucopénie
constitutionnelle ou transitoire) accompagne la bactériurie.
Bactériurie < 10 5 germes ( sous traitement).
Bactériurie >10 4 UFC/ml ( cathétérisme).
En utilisant la technique de la ponction sus-pubienne, la seule présence
d’une bactériurie à 102 est suffisante pour porter le diagnostic car il n’y a
pas de risques de souillure.
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4 Diagnostic positif:
Dépistage par la bandelette
urinaire, si enfant d'âge ≥ 3
mois, à la recherche de la
présence de leucocytes et de
nitrites.
Confirmation diagnostique par
l’ECBU, en cas de signes
urinaires, BU positive ou enfant
d'âge < 3 mois.
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4 Diagnostic positif:
Dépistage de l’infection urinaire.
Si signes fonctionnels urinaires: ECBU
d’emblée.
Détection de leucocytes ( si leucocyturie
≥ 104
Détection de nitrites ( nitrate réductase
de la bactérie)
Si positives : ECBU pour confirmation
diagnostique ( VPN = 97%).
Si âge > 3 mois, la négativité d’une
bandelette permet d’éviter l’ECBU.
En dessous de cet âge, la BU n’est pas
recommandée, mauvaise VPN.
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4 Diagnostic positif:
• Examen cytobactériologique des urines:
Indispensable à la confirmation diagnostique.
Examen direct + mise en culture.
Examen direct: mise en évidence d’une leucocyturie (
supérieure à 104/ml et caractériser la bactérie (
morphologie, GRAM )
Culture: identifie l’espèce bactérienne et de la
quantifier, effectuer un antibiogramme. Significative si
supérieur à 10 5 UFC/ml.
Absence de leucocyturie et VPN 100%
de bactériurie
Bactériurie sans leucocyturie Souillure
Infection débutante
Leucocyturie sans bactériurie IU décapitée, vulvovaginite,
maladie inflammatoire
(kawasaki)
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4 Diagnostic positif:
Mode de prélèvement:
Toilette périnéale.
nouveau-né et nourrisson = technique de la poche.
Durée de pose de poche = 20 minutes.
Technique des poches n’a pas été considérée comme suffisamment
fiable dans la conférence de consensus américaine pour être
préconisée. Seuls sont préconisés la ponction sus-pubienne et le
sondage vésical.
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4 Diagnostic positif:
Mode de prélèvement:
La ponction sus-pubienne est la technique la plus fiable, peu risquée
mais invasive.
Le cathétérisme vésical = fiable mais a les mêmes inconvénients. Il ne
pose pas de problème chez la fille mais peut entraîner des lésions
urétrales chez le garçon.
Technique du milieu de jet = non invasive, idéale chez l’enfant ayant
une miction volontaire mais requiert beaucoup de patience chez le jeune
enfant.
Enfant plus grand = milieu du jet, après une toilette locale.
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• Diagnostic de gravité:
Facteurs de risque - Age ≤ 3 mois
- Existence d’une uropathie
sous-jacente
- Etat d’immunosuppression
Facteurs de sévérité - Syndrome septique marqué (
fièvre élevée mal tolérée,
trouble hémodynamiques)
- Signe de déshydratation,
altération de l’état général.
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5 Pyélonéphrite/ cystite:
Pyélonéphrite Cystite
Age A tout âge Enfant
Température ≥39° ≤38,5°
Signes généraux +++ 0
Signes fonctionnels + +++
urinaires
Localisation des Lombo-abdominale hypogastrique
douleurs
Palpation lombaire Douloureuse indolore
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5 Pyélonéphrite/cystite:
• Pyélonéphrite aigue:
Fièvre élevée à 39-40 °C, frissons, sueurs, altération de l’état général,
douleurs abdominales en particulier lombaires.
Hyperleucocytose à polynucléaires neutrophiles.
syndrome inflammatoire (élévation de la C réactive protéine ou de la
procalcitonine).
Peu spécifique. Il peut s’agir uniquement d’une fièvre mal expliquée.
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5 Pyélonéphrite/cystite:
• Signes cliniques:
Nouveau né Nourrisson et jeune Grand enfant
enfant
syndrome infectieux grave Fièvre inexpliquée Fièvre élevée
ictère Trouble hémodynamiques Douleurs abdominales ou
lombaires
déshydratation Signes algiques Signes fonctionnels urinaires
( pollakiurie, mictions
impérieuses, énurésie)
Perturbations ioniques
Insuffisance rénale ( reflux
massif avec atteinte
bilatérale)
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5 Pyélonéphrite/cystite:
• Pyélonéphrite aigue:
Imagerie non nécessaire au diagnostic.
Complications +++ (abcès, lithiases...)
Facteurs favorisants (reflux vésico-urétéral, uropathie malformatives,
lithiases...).
Gros rein et hyperéchogénécité du parenchyme rénal.
Zones hypoperfusées en écho-doppler.
La prescription d’une scintigraphie au DMSA doit rester très limitée en
pratique courante car le plus souvent, elle n’a pas de conséquence
thérapeutique.
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5 Pyélonéphrite/cystite:
• Pyélonéphrite aigue:
Recherche d’une étiologie:
Bilan étiologique:
Radiologique chez l’enfant jeune et repose avant tout sur l’interrogatoire à
la recherche d’une instabilité vésicale chez l’enfant ayant acquis la
propreté.
instabilité vésicale = cause fréquente d’infection urinaire de l’enfant ayant
acquis la propreté.
vessie immature.
Signes urinaires
Elle peut être secondaire à une constipation chronique
diagnostic clinique
Pyélonéphrite aiguë = mode principal de révélation des uropathies
obstructives, des reflux vésico-urétéraux, des lithiases et du
dysfonctionnement vésical.
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5 Pyélonéphrite/cystite:
• Pyélonéphrite aigue:
Échographie rénale et vésicale :
opérateur expérimenté.
Examen de première intention.
Cavités excrétrices dilatées et lithiase.
Rein et les cavités excrétrices intra-rénales, la vessie et les uretères.
Urètre postérieur dilaté.
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5 Pyélonéphrite/cystite:
• Pyélonéphrite aigue:
Cystographie rétrograde ou sus-pubienne
Diagnostic de reflux vésico-urétéral.
Non indispensable d’emblée chez la fille en cas de première infection
urinaire basse lorsque l’échographie est normale.
techniques isotopiques moins irradiante ; la période d’observation est plus
longue permettant de mettre plus facilement en évidence un reflux vésico-
urétéral intermittent.
La cystographie isotopique indirecte moins fiable.
Deuxième épisode d’infection urinaire.
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5 Pyélonéphrite/cystite:
• Pyélonéphrite aigue:
Urographie intraveineuse:
beaucoup moins utilisée actuellement.
N’apporte pas beaucoup plus d’informations sur l’aspect des cavités
excrétrices par rapport à l’échographie, examen non agressif pour l’enfant et
non irradiant.
Examens scintigraphiques:
Ils peuvent apporter des renseignements supplémentaires : la scintigraphie
au DMSA visualise les cicatrices focales.
Quantifier la filtration glomérulaire globale et de chaque rein.
quantifier le degré d’une obstruction en cas de suspicion
d’uropathie obstructive. 25
5 Cystite/pyélonéphrite:
• Pyélonéphrite aigue:
Conduite à tenir:
Hospitalisation si: PNA en cas de présence de signe évoquant une IU
haute compliquée ( facteurs de risques et sévérité)
Impossibilité d’une bonne observance ou d’accès au traitement.
Facteurs de risque - Age ≤ 3 mois
- Existence d’une uropathie sous-
jacente
- Etat d’immunosuppression
Facteurs de sévérité - Syndrome septique marqué ( fièvre
élevée mal tolérée, trouble
hémodynamiques)
- Signe de déshydratation, altération
de l’état général.
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5 Pyélonéphrite/cystite:
• Pyélonéphrite aigue:
Traitement curatif:
stériliser le parenchyme rénal
prévenir les cicatrices rénales définitives.
Les antibiotiques utilisés doivent avoir une bactéricidie rapide et une
élimination urinaire à forte concentration.
Choix initial de l’antibiothérapie = connaissance du profil de résistances des
germes urinaires le plus souvent rencontrés localement.
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5 Pyélonéphrite/cystite:
• Pyélonéphrite aigue:
Traitement curatif:
Les céphalosporines de 3e génération injectables et les aminosides ont
les critères d’efficacité les plus favorables.
Relais per os par Cotrimoxazole ou le Céfixime.
Traitement parentéral (intraveineux) de 3 jours relayé par un traitement per
os de 10 jours en monothérapie qui est préconisé.
Céfixime 8 mg/kg/j en deux prises ou Cotrimoxazole 30 mg/kg/j en deux
prises.
L’association à un aminoside est logique car la pénétration de cet
antibiotique dans le parenchyme rénal est excellente (nouveau-né ou
nourrisson de moins de 3 mois, en cas d’uropathies sévères,
immunodépression ou de signes cliniques de gravité)
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5 Pyélonéphrite/cystite:
• Pyélonéphrite aigue:
Traitement préventif:
prise en charge des causes favorisantes des infections urinaires, les
mesures hygiéno-diététiques et l’antibioprophylaxie.
Le traitement antibiotique préventif = réduire la fréquence des
pyélonéphrites et donc de prévenir les cicatrices rénales.
Bactrim® en une seule prise le soir (2 mg/kg/j de triméthoprime) et la
nitrofurantoïne (1 à 2 mg/kg/j) en une seule prise le soir.
Le céfaclor (Alfatil®) est très utilisé chez le nouveau-né et le nourrisson.
Traitement instabilité vésicale: Les mesures d’éducation mictionnelle sont
primordiales : mictions régulières dans un environnement calme et adapté,
hygiène locale, lutte contre la constipation.
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5 Pyélonéphrite/cystite:
• Pyélonéphrite aigue:
Traitement préventif:
Un traitement médicamenteux par l’oxybutynine (Ditropan®, Driptane®) en
cas d’immaturité vésicale peut être proposé mais en surveillant les effets
indésirables anticholinergiques.
Le recours à des séances de kinésithérapie périnéale peut s’avérer
important chez certaines petites filles avec des immaturités vésicales
handicapantes.
Circoncision a fait la preuve de son efficacité plus que l’antibioprophylaxie.
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Suivi immédiat et complications:
Antibiothérapie précoce: stérilisation rapide des urines et faible risque de
réinfection à moyen terme et faible risque de cicatrices rénales.
ECBU de contrôle: non systématique, si évolution défavorable ou bactérie
résistante au traitement probabiliste.
PNA = pathologie grave, risque de septicémie / Cystite = pathologie
bénigne.
Suivi à long terme et pronostic:
Risque de cicatrices parenchymateuses rénales qui peuvent induire une
protéinurie, une HTA et une réduction néphronique avec IR chronique
notamment si PNA répétées ou traitées tardivement.
Pas de séquelles à long terme pour les cystites, récidives possible si
constipation boissons insuffisants.
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5 Pyélonéphrite/cystite:
• Cystite:
Infection urinaire basse
signes vésicaux : pollakiurie, brûlures mictionnelles, dysurie, sans fièvre.
Traitement
oral de 3 à 5 jours. court efficace.
Eviter les céphalosporines de 3e génération.
Cotrimoxazole en première intention puis adapter secondairement à
l’antibiogramme.
Prévention :
Prise en charge de l’instabilité vésicale.
Vessie immature.
Constipation chronique dont le traitement efficace peut suffire à normaliser le
fonctionnement vésical.
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1 Pyélonéphrite/cystite:
• Cystite aigue:
- Evoqué chez Absence de signes généraux ( parfois fièvre
la petite fille modérée)
âgée de plus
de 3 ans.
Absence de douleurs lombaires
Signes fonctionnels variés et intenses ( dysurie,
brulures mictionnelles, pleurs à la miction,
pollakiurie, envie impérieuse d’uriner, fuites
urinaires, douleurs hypogastriques, hématurie
macroscopique
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A retenir
Prise en charge :4 étapes:
diagnostic positif : bactériurie supérieure à 105 germes.
diagnostic de localisation :signes cliniques et des signes biologiques.
diagnostic étiologique : l’interrogatoire et l’échographie rénale.
Traitement antibiotique.
cystographie rétrograde dès la première pyélonéphrite aiguë: non
systématique.
Le traitement de la cystite = 5 à7 jours, antibiotiques oraux.
Traitement pyélonéphrite: intraveineux pendant 3 à 4 jours puis relais per
os.
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