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Chapitre IV. Essai Au Pressiometre

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Chapitre IV.

Essai au pressiomètre Menard

Chapitre IV. Essai au pressiomètre Menard

L’essai au pressiomètre est un essai de chargement du sol en place permettant de donner une
loi de comportement en contraintes- déformation. Il permet de déterminer une caractéristique
de déformabilité (Em) et une caractéristique de rupture (Pl). L’essai a fait l’objet de la norme
française NF P 94 - 110 et de la norme américaine ASTM 4719.

VI.1.- Domaine d’application


L’essai pressiométrique peut être réalisé dans tous les types de sols saturés ou non, y compris
dans le rocher (avec plus d’incertitude) et les remblais.

VI.2- Principe de l’essai pressiométrique Menard


L’essai consiste à descendre dans un forage soigneusement calibré une cellule cylindrique tri
cellulaire gonflante radialement. La cellule est dilatée radialement dans le forage préalable,
selon un pas de chargement imposé. On mesure les variations de volume du sol au contact de
la sonde en fonction de la pression appliquée.
Trois paramètres du sol sont déduits de l’essai :
- le module pressiométrique Em qui définit le comportement pseudo élastique du sol,
- la pression limite Pl qui caractérise la résistance de rupture du sol ;

- la pression de fluage Pf définit la limite entre le comportement pseudo élastique et l’état


plastique.
VI.3.- Description de l’appareil
Le pressiomètre Menard comprend deux parties
principales : la sonde et l’unité de contrôle, dite
‘‘contrôleur pression - volume’’ (figure 1).

Figure 1. – Appareil pressiométrique

Essais in situ 1 Dr S. FAYE


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Chapitre IV. Essai au pressiomètre Menard

VI.3.1.- La sonde pressiométrique


Elle est descendue dans le forage et se compose de trois cellules indépendantes, montées autour
d’une âme métallique :
 la cellule centrale, dite cellule de mesure, qui contient de l’eau et dont la mise en
pression au cours d’essai provoque la variation de volume (figure 2) ;
 les deux cellules de garde, qui contiennent du gaz et encadrent la cellule de mesure de
manière à maintenir la forme globalement cylindrique de la sonde lors de la mise en
pression des cellules de mesure ; ainsi, la déformation de la cellule de mesure est
uniquement radiale et l’essai pressiométrique est un essai en déformation plane (figure
2).

Figure 2. – Principe de fonctionnement de la sonde pressiométrique

Suivant la conception technologique de la cellule cylindrique, on distingue deux principaux


types de pressiomètres (figures 3 et 4) :
- le pressiomètre de type E qui est équipé d’une sonde a cellules superposées, connues
commercialement sous le nom de sonde E et permet d’appliquer au niveau de la sonde,
des surpressions pouvant atteindre 30 bars, cette valeur est suffisante pour l’étude de
tous les ouvrages courants de génie civil ; il est recommandé pour les essais dans les
sols mous à moyennement consistant,
- le pressiomètre de type G qui comporte une sonde a cellules emboitées, cette sonde de
type G, d’un montage plus facile que la précédente, est utilisées dans les sols raides ; en
raison de sa conception (la membrane constituant les cellules de garde enveloppe la
cellule de mesure), elle impose à l’operateur la prise de dispositions particulières lors
de l’expansion, car la pression dans la cellule centrale doit toujours être supérieure a
celle qui règne dans les cellules de garde.

Essais in situ 2 Dr S. FAYE


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Chapitre IV. Essai au pressiomètre Menard

Figure 3. – Types de sonde pressiometrique

Sonde à membrane souple Sonde à tube fendu


Figure 4. – Description des types de sonde pressiometrique

VI.3.2.- Contrôleur pression – volume ou CPV


C’est le dispositif qui permet de dilater la sonde et de mesurer les pressions et les volumes d’eau
injectés (figure 5). Il est placé à la surface du sol auprès du forage pressiométrique et se compose
d’un boitier posé sur un trépied et une réserve de gaz sous pression (air ou azote) qui, après
détente par un mano-détendeur, pousse sur une colonne d’eau vers la cellule de mesure par
l’intermédiaire des tubulures de liaisons. La mesure de la pression est effectuée à l’aide d’un
manomètre (ou d’une batterie de manomètres de différente capacité). La mesure du volume est

Essais in situ 3 Dr S. FAYE


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Chapitre IV. Essai au pressiomètre Menard

obtenue par la lecture de l’abaissement du niveau de la colonne d’eau devant un indicateur


gradué au centimètre cube prés, appelé volumétrie.
Certains CPV peuvent en outre être équipés de dispositifs d’enregistrement automatique des
paramètres d’essais et de stockage des données pour interprétation ultérieure. Ces enregistreurs,
dont l’usage est recommandé, sont également équipés d’une petite imprimante qui permet, sur
site, de visualiser certains résultats d’essai.

Figure 5. – Contrôleur pression – volume au CPV

VI.3.2. - Les tubulures


Elles assurent les connections entre le CPV et les cellules de la sonde. L'une sert au passage
de l’eau, l'autre sert au passage du gaz (figure 1).

VI.4. - Réalisation de l’essai


L’essai au pressiométre est réalisé en deux grandes phases : la réalisation d’un forage
préalable et l’exécution de l’essai proprement dit (figure 5).
VI.4.1. – Forage pressiométrique
Le forage doit être réalisé à l’aide d’outils de foration adaptés au terrain rencontré, conformément aux
prescriptions de la norme (tableaux 1 et 2), afin que :

 le trou de forage soit correctement calibré au diamètre de la sonde pressiométrique, soit


approximativement 60 mm ;
 le sol au bord du trou ne soit pas complètement déstructuré par l’outil et le fluide de foration.

Dans les terrains graveleux et éboulant où l’équilibre des parois n’est pas assuré, la sonde peut
être introduite directement dans le terrain. Dans ce cas, la sonde est placée à l’intérieur d’un
tube métallique (tube lanterné) qui porte des fentes longitudinales et est battu dans le terrain par
passe d’un mètre (figure 4).

Essais in situ 4 Dr S. FAYE


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Figure 6. – Principe de l’essai au pressiométrique

Tableau 1. Profondeur maximale du forage pressiométrique en fonction du type de sol


suivant NF P 94-110-1
Longueur maximale du
Nature des terrains
forage avant essai (m)
Vases et argiles molles 1**+
Argiles moyennement compacts 3+
Argiles compacts, marnes raides 5
Limons
- au-dessus de la nappe 5
- sous la nappe 3+

Sable lâches
- au-dessus de la nappe 3
- sous la nappe 1**+

Sables moyennement compacts et compacts 5


Sols grossiers : graviers, galets, argiles à silex, etc. 5
Roches altérées, Roches tendres 5
** Ou intervalle entre deux essais consécutifs
+ un tubage est recommandé au delà de 10 mètres de profondeur

Essais in situ 5 Dr S. FAYE


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Tableau 2. Techniques de forage autorisées suivant NF P 94-110-1

VI.4.2. - Exécution de l’essai


Le forage terminé, la sonde préalablement étalonnée est descendue dans le forage à la cote
prévue pour l’essai. L’opérateur soumet à la sonde une pression par paliers de pression
d’incréments égaux, maintenus chacun pendant une minute. Pour chaque palier de pression,
l’opérateur note la quantité d’eau qui quitte le CPV, au bout de 15 s, 30 s et 60 s (figure 7).
L’essai est réalisé généralement tous les mètres.
L’essai peut être considéré comme terminé s’il comporte au moins huit paliers et si une des
conditions est satisfaite :
- la pression de 5MPa est atteinte,
- le volume du liquide injecté dans la cellule centrale attient au moins 600 cm3 pour les
sondes standards.
Pour les essais ou la pression est inferieure a 5MPa, on veillera à ce qu’il y ait :
- au moins trois paliers au-delà de la pression de fluage,
- au moins quatre paliers avant la pression de fluage.

Figure 7. –Programme de chargement de l’essai pressiométrique

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VI.5. - Expression des résultats

VI.5.1. - Traitement des données

VI.5.1.1. - Courbe pressiométrique brute


Les résultats des mesures sont traduits par deux courbes brutes :
- la courbe pressiométrique obtenue en portant en abscisse les pressions et en ordonnée
les déformations volumétriques en fin de palier (figure 8) ;
- la courbe dite de fluage correspondante, c’est-à-dire la différence entre la déformation
finale (a 60’’ et la déformation a 30’’) (figure 9).

La courbe pressiométrique (figure 8) se décompose en 3 phases, dont les deux premières se


raccordent en un point d’inflexion noté (Pr, vr). Pr est appelée pression de recompaction ou de
reconstitution.
Ainsi, on distingue :
 une phase initiale P˂ Pr qui correspond à la phase ou la réponse du massif est gouvernée
pour l’essentiel, par le serrage progressif du terrain au bord du trou,
 une phase pseudo élastique (Pr ˂P˂Pf) est la partie rectiligne de la courbe
pressiométrique ;
 une phase de déformation plastique (P˃Pf) qui traduit une déstructuration progressive
du massif en raison de la nature et de l’intensité du champ de contrainte déviatorique
qui lui est imposé.

Figure 8. Courbe pressiométrique brute


Le point d’inflexion (Pr, Vr) peut être déterminé en représentant l’inverse des pentes des paliers
successifs de l’essai (figure 9). La courbe de fluage traduit les variations de volume mesurées
entre 30 et 60 secondes (ΔV60 - ΔV30) pour chaque palier de pression. Elle se décompose de

Essais in situ 7 Dr S. FAYE


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trois segments dont les points anguleux correspondent à la pression de reconstitution et de


fluage. Ce point d’inflexion est le seul point singulier de la courbe pressiométrique.

Figure 9. Courbe de fluage

VI.5.1.2. - Courbe pressiométrique corrigée


Les courbes établies directement à partir des lectures des valeurs de pression au manomètre et
de volume au CPV sont des courbes brutes. Elles doivent doivent être corrigées en prenant
compte :
- de la hauteur piézométrique ;
- des variations parasites de volume ;
- de la résistance propre de la sonde.

VI.5.1.2.1. - Correction de la hauteur piézométrique


La pression mesurée au niveau du CPV doit être majorée de la pression correspondant au poids
de la colonne d’eau entre le CPV et le milieu de la cellule de mesure. A titre d’exemple, pour
un volume V mesuré, la pression réelle appliquée au sol à la profondeur H est :

P’=Pm + (H + h0)γw

Pm : pression mesurée au manomètre


h0 : hauteur du CPV au-dessus du sol
H : profondeur de la sonde

VI.5.1.2.2. - Correction d’inertie


Il s’agit de la résistance que les membranes des cellules opposent à la déformation ; elle est
déterminée par la dilation de la sonde à l’air libre. La courbe d’étalonnage ainsi obtenue permet
de définir une pression nécessaire pour dilater la sonde d’un volume Vm sans étreinte extérieur
de la pression P qui s’exerce réellement sur la paroi du forage.

P= P’-Pi = Pm - Pi + (H + h0)γw

Essais in situ 8 Dr S. FAYE


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Pi : pression d’inertie : pression correspondant au volume Vm sur la courbe de résistance propre


de la sonde
P : pression corrigée

VI.5.1.2.3. - Correction de volume


Le volume V lu sur la courbe de lecture CPV est un volume brut qui englobe les déformations
dues à la déformation réelle du terrain et au variation parasite de volume. Les variations
parasites de volume proviennent de la dilatation du CPV, des canalisations diverses et de la
compressibilité de l’eau. Elles sont évaluées par étalonnage, en dilatant le système alors que la
sonde est placée dans un tube d’acier indéformables. Ainsi, le volume réel de la sonde est :

V=Vm - ΔV

Vm: volume mesure au manomètre


V : volume corrige
ΔV : volume parasite

VI.5.1.2.4. – Courbe corrigée


La courbe pressiométrique corrigée est la représentation de V = f(P) et prend donc en compte
la pression réellement appliquée au sol (figure 10). A partir de cette courbe trois phases sont
identifiables :
 partie OA : phase de mise en contact de la sonde avec le sol,
 partie AB : phase pseudo-élastique,
 partie BC : phase de grandes déformations et de développement de la rupture.
On repère sur cette courbe les points A (PA ; VA) et B (PB ; VB) marquant les limites inférieures
et supérieures de la partie linéaire (pseudo-élastique).

Figure 10. Courbe Pressiométrique corrigée

VI.5.2. - Calcule des caractéristiques pressiométriques


Trois paramètres sont déduits des résultats corrigés de l’essai pressiométrique.

1. Le module pressiométrique (EM) définit le comportement pseudo-élastique du sol. EM est donné


par :

Essais in situ 9 Dr S. FAYE


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Chapitre IV. Essai au pressiomètre Menard

Δp
EM = k.
ΔV
Δp PB −PA
= : inverse de la partie linéaire de la courbe pressiométrique,
ΔV VB −VA
PA ; VA : pression et volume correspondant au début de la phase pseudo-élastique,
PB ; VB : pression et volume correspondant à la fin de la phase pseudo-élastique,
k : coefficient qui dépend du coefficient de poisson, du type de sonde utilisé et de la valeur du
volume au débute la phase pseudo-élastique,

k=2(1+ν).Vm

V : volume de référence de Menard,

VA + VB
V = Vs .
2

Vs : volume de la cellule centrale (550 cm3),


ν : coefficient de poisson du sol (ν = 0,33)

d’ou :
Δp
EM = 2,66. V . ΔV

2. La pression de fluage Pf correspond à la fin de la phase pseudo-élastique, elle est


déterminée pour valider les résultats de l’essai. En effet dans un essai bien réussi la
rupture entre la phase pseudo-élastique et la phase plastique est très nette sur la courbe
de fluage et est une confirmation de la validité de l’essai.
3. La pression limite Pl correspond à la rupture du sol environnant. Elle est donnée par
l’asymptote de la courbe pressiométrique. Comme cette asymptote n’est pas toujours
facile à définir, une autre définition a été donnée. La pression limite est la pression
correspond au doublement de volume de la cavité initiale, dont le volume est pris à Vs
+2VA, Vs étant le volume de la sonde au repos, qui est en pratique voisin de 550 cm3.
VI.5.3. - Présentation des résultats
Les résultats expérimentaux relevés par l’opérateur ou enregistrés sont interprétés soit
manuellement ou le plus souvent par ordinateur. Dans ce dernier cas, le programme calcule la
courbe corrigée ainsi que les caractéristiques EM et pl qu’il présente à l’écran et sur imprimante.
Les valeurs de EM et pl déterminées sur un forage sont ensuite présentées sur un profil en
fonction de la profondeur z et de la cote. Ce profil est appelé profil pressiométrique (figure 11).
En plus des caractéristiques pressiométriques, ce profil indique la nature des sols rencontrés
ainsi que le niveau éventuel à la nappe d’eau souterraine, ces informations étant obtenues lors
du forage préalable nécessaire à la mise en œuvre de la sonde. L’outil de foration utilisé est
également indiqué.

Essais in situ 10 Dr S. FAYE


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Figure 11. Profil pressiométrique

VI.6. - Exploitation des résultats de pressiométrique

VI.6.1. - Classification des sols en fonction des essais pressiométrique


D’après Menard les valeurs du rapport EM/P1 – P0 sont en liaison avec l’histoire du sol en
particulier avec sa raideur. Ce rapport représente un paramètre important sur lequel Menard
s’est est basé pour proposer une classification des argiles purement cohérentes (tableaux 3).
Une classification des sols est également basée sur le module pressiométrique et la pression
limite (tableaux 4).

Tableau 3. Classification des sols d’après Menard (Cassan, Tome1)

𝒎 𝐄
Rapport (𝑷 −𝑷 ) Nature du sol
𝒍 𝒐

Em Argile remaniée et triturée


<5
𝑃𝐿 − 𝑃0
Em Argiles sous consolidée ou légèrement remaniée
𝑃𝐿−𝑃0
<8

Em Argile normalement consolidée


𝑃𝐿−𝑃0
< 12

Em Argile légèrement surconsolidée


< 15
𝑃𝐿−𝑃0

Em Argile fortement surconsolidée


𝑃𝐿−𝑃0
˃ 15

Essais in situ 11 Dr S. FAYE


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Tableau 4. Classification des sols d’après Menard (Cassan,Tome1)


Nature du sol EM(MPa) PL(MPa)
Vase et tourbe 0,2- 1,5 0,02 – 0,15
Argiles molles 0,5 – 3,0 0,05 – 0,30
Argiles plastiques 3-8 0,3 – 0,8
Argiles raides 8,0 – 4,0 0,6 - 2
Marnes 5 - 1000 0,6 - 6
Sables vaseux 0,5 - 2 0,1 – 0,5
Limon 2 - 10 0,2 – 1,5
Sable et gravier 8 - 100 1,2 - 5
Sable sédimentaire 7,5 - 40 1-5
Roches calcaire 80 - 20000 3 à (+) de 10
Remblais récents 0,5 – 1,0 0,05 – 0,3
Remblais anciens 4 - 15 0,4 - 1
Remblais graveleux récents bien compacts 10 - 15 12 - 5

VI.6.2 - Corrélation entre EM et les autres paramètres des sols


L’essai pressiométrique est un essai rapide non drainé et ne traduit pas directement le
phénomène de consolidation du sol. Les applications de l’essai pressiométrique aux prévisions
de déformation à log terme conduisent à se rattacher empiriquement à se la théorie de la
consolidation. A cet effet, Menard à défini, un coefficient rhéologique (a) appelé coefficient de
structure du sol. Ce coefficient fournit la corrélation entre le module pressiométrique et le
module œdométrique
EM=α.Eoed

Essais in situ 12 Dr S. FAYE


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