Guide EC2 Ponts Routes - SETRA
Guide EC2 Ponts Routes - SETRA
GUIDE METHODOLOGIQUE
L’EUROCODE 2
APPLICATION
AUX PONTS-ROUTES EN BETON
                       L'EUROCODE 2    – APPLICATION AUX PONTS-ROUTES EN BETON
Groupe de rédaction :
       BRISARD Sébastien, Sétra
       BUI Ngoc-Vu, Sétra
       CHARLES Pascal, Sétra
       DARRIEUMERLOU Jean-Marie, CETE du Sud-Ouest
       DAVI Denis, CETE Méditerranée
       DIAS Fernando, Sétra
       GUILLOT Daniel, CETE de l'Ouest
       IMBERTY Florent, Sétra
       LACOMBE Jean-Michel, Sétra
       MARCHAND Pierre, Sétra
       PAILLUSSEAU Pierre, CETE du Sud-Ouest
       PERO Florence, Sétra
       POULIN Benoît, Sétra
Groupe de relecture :
       BONDONET Gaël, Sétra
       BOUCHON Emmanuel, Sétra
       CHAUVEL Guillaume, Sétra
       DE-MATTEIS Daniel, Sétra
       GUAL Jean, Sétra
       LACOSTE Gilles, Sétra
       LE FAUCHEUR Daniel, Sétra
       PEYRAC Pierre, DREIF
       PRAT Michel, Sétra
Groupe de dessin :
       JULLIEN Philippe, Sétra,
       PERRIN Guillaume, Sétra
       RECURT Alain, Sétra
Illustrations de la page de garde : Sétra (G. Forquet) –subdivision Ouvrage d'Art du SGI DDE 49
Préface
PREFACE
Le 6 décembre 2004, à l’occasion du colloque national sur les eurocodes, en présence du Directeur des routes,
Patrice Parisé, la profession française de l’ingénierie, de la construction et de la formation, a fait part de sa
volonté forte et unanime de mettre en uvre rapidement les eurocodes dans le domaine des ouvrages d’art,
privilégiant ainsi le choix d’une période de coexistence courte entre les anciens et les nouveaux règlements.
Coopération institutionnelle avec l’Allemagne, observatoire de suivi de la mise en uvre, guides d’utilisation des
eurocodes, sensibilisation des maîtres d’ouvrages, formations, etc., ce guide, comme les autres, fait partie d’un
ensemble complet et spécifique d’actions du Sétra destiné à la mise en uvre des eurocodes dans le domaine des
ouvrages d’art.
Alors que les eurocodes sont rédigés de façon encyclopédique, ce guide renoue agréablement avec la tradition
française du règlement didactique, reliant textes, commentaires et choix nationaux, accompagnant le projeteur
aux différentes étapes de son travail. Dans le souci de répondre à la demande exprimée, nous avons pris le parti
de rédiger et de diffuser ce guide rapidement, profitant de l’implication forte des ingénieurs du Réseau
Scientifique et Technique et de la connaissance interne au Sétra de la philosophie des textes européens. Ce guide
est certainement perfectible. Proposant ainsi les premières bases françaises du calcul des ponts aux eurocodes,
l’équipe des rédacteurs sera donc pleinement satisfaite lorsque ce travail suscitera une variété d’échanges féconds
avec l’ensemble de la profession française et européenne.
Enfin, au delà du cercle précis des rédacteurs, ce guide reflète aussi l’immense travail accompli par les experts de
la normalisation, notamment ceux qui, comme Ngoc-Vu Bui, membre du project-team européen de l’Eurocode 2,
ont su écouter, dialoguer et convaincre pour aboutir à des textes acceptés par tous, sans reniement des positions
françaises fondamentales.
Hélène Abel *
*A la parution du guide
Ancien Chef du Centre des Techniques Ouvrages d’Art
Directeur de l'AMOTMJ
Préface
Avant propos
AVANT PROPOS
Les eurocodes sont finalement arrivés au bout de longues et laborieuses années de gestation. Sans apporter un
grand bouleversement, ils impliquent tout de même un important effort de familiarisation, d'apprentissage, puis
d'appropriation de la part de la communauté technique, pour entrer dans les m urs et devenir des outils d'un
emploi quotidien.
Ce dernier bout de chemin n'est pas sans difficultés et sans importance. Au contraire, il est même décisif pour
pouvoir légitimement couronner de succès un programme aussi ambitieux. Sans aucun doute bien des préparatifs
sont prévus et seront mis en uvre pour cette ultime étape. Le Sétra, pour sa part, entend y contribuer pleinement
et se doit de mettre à la disposition de la communauté technique un ensemble de guides, ciblés sur les ponts. Ils
accompagneront les projeteurs dans cette délicate période du passage d'anciennes règles aux nouvelles. C'est de
ce besoin que naît le présent guide "L'Eurocode 2 - Application aux ponts-routes en béton".
Le guide commence par les Chapitres 1 à 3 qui traitent des généralités et des bases pour le dimensionnement et la
vérification des projets.
Il se poursuit par quelques thèmes typiques du matériau béton : retrait et fluage dans le Chapitre 4 et
précontrainte dans le Chapitre 5.
Les justifications à effectuer aux états limites ultimes sont traitées ensuite au Chapitre 6 où on y trouve dans le
détail, tous les sujets classiques comme les vérifications vis-à-vis de la flexion, de l'effort tranchant, de la torsion,
du poinçonnement et de la fatigue. Ils sont suivis d'un nouveau sujet : la vérification vis-à-vis de la rupture
fragile.
Les justifications à effectuer aux états limites de service sont traitées au Chapitre 7, où des développements
nouveaux concernent la maîtrise de la fissuration.
Les dispositions constructives font l'objet des Chapitres 8 et 9 ; le premier est relatif aux armatures et le
deuxième aux éléments de structure.
Le dernier Chapitre 10 regroupe des méthodes et justifications spécifiques: vérifications vis-à-vis du tranchant
pour des cas particuliers, méthode des bielles et tirants pour zones de discontinuité, étude de la diffusion de la
précontrainte, "méthode sandwich" pour le calcul des plaques et plus particulièrement le cumul flexion-
cisaillement. Les fondations, traitées de manière très partielle par l'Eurocode 2, doivent faire l'objet de rappels de
références utiles aux projeteurs.
Le guide se termine enfin, par de nombreuses et diverses annexes. En effet, il se veut complet sans pouvoir tout
traiter; et pour éviter d'égarer le lecteur dans une somme excessive d'informations, le parti a été pris de faire des
renvois fréquents à des annexes pour y mettre, notamment, des informations moins essentielles et des
développements détaillés d'exemples d'application.
                                                            *
                                                    *                *
Avant propos
Le guide s'est donné comme premier objectif de présenter d'une manière détaillée les prescriptions ayant un
caractère nouveau par rapport aux pratiques antérieures. A ce stade de la mise en uvre des eurocodes, cette
mise en valeur vise surtout à faciliter leur compréhension et leur utilisation. Les nombreuses pages du guide qui
leur sont consacrées sont là pour donner un maximum d'explications. Il est cependant vrai que pour certaines
prescriptions, il est encore trop tôt pour pouvoir bien cerner leur domaine d'utilisation, pour estimer leur
importance et pour bien évaluer les conséquences de leur application.
Un deuxième objectif consiste à essayer de permettre au projeteur de se retrouver dans ce nouvel ensemble
volumineux et éclaté de règles multiples et diverses. D'où l'existence de nombreux renvois, non seulement à
l'intérieur de l'Eurocode 2, mais aussi à d'autres eurocodes, quand cela est nécessaire et utile.
Pour terminer, le caractère austère d'un tel ouvrage est inévitable. Il est de plus, accentué par le très grand
nombre et la diversité des sujets abordés. Aussi, un effort particulier a été fourni pour rechercher la simplicité et
dans les raisonnements, ou encore la logique dans l'enchaînement des sujets, dans le but d'offrir une relative
commodité de lecture. Le guide aura rempli sa mission si, demain, les projeteurs le trouvent assez facile d'accès,
pratique et utile pour ressentir le besoin de l'ouvrir de façon fréquente. Cela ne doit pas, cependant, les dispenser
de se référer à l'Eurocode 2.
I.        INTRODUCTION
 Les eurocodes constituent un ensemble de normes élaborées au niveau européen avec comme ambition de
 contribuer à l'uniformisation des règles techniques de conception et de calcul des structures. Ils participent ainsi à
 l’harmonisation générale visée à l’échelle de l’Europe et contribuent à l’élimination des diverses entraves qui
 peuvent exister à la libre circulation des produits et des prestations de services. Après une longue période de
 gestation ayant d'abord conduit à la parution de normes européennes expérimentales (XP ENV ou ENV), les
 eurocodes actuels (EN) sont le résultat de la transformation sur une période relativement courte de cet ensemble
 de textes expérimentaux. Ils ont alors nettement gagné en cohérence et bénéficié d’une remise à jour proche des
 derniers développements techniques et scientifiques.
 L’Eurocode 2 "EN 1992 Calcul des structures en béton" (désigné parfois par EC2 dans la suite) traite tout
 particulièrement de la conception et du calcul des structures en béton. Le béton peut être armé ou non,
 précontraint, léger ou de densité normale. Des règles spécifiques pour le béton préfabriqué sont également
 prévues.
 L’Eurocode 2 comporte actuellement quatre parties :
      o   Partie 1-1 : Règles générales et règles pour bâtiments
      o   Partie 1-2 : Calcul du comportement au feu
      o   Partie 2 : Ponts en béton
      o   Partie 3 : Silos et réservoirs
 Les parties 2 et 3 présentent les règles particulières propres à chaque type de structures traité.
 Le traitement complet d’une structure nécessite de se référer à d’autres eurocodes ou parties d’eurocodes,
 notamment l’Eurocode 0 "Bases de calculs" pour les principes, les exigences de base et les combinaisons
 d'actions, les diverses parties de l’Eurocode 1 pour les actions, l’Eurocode 7 pour le calcul géotechnique et
 l’Eurocode 8 pour le calcul sismique. Le présent guide se limite à faciliter l’utilisation de l’Eurocode 2 appliqué à
 la conception et au calcul des ponts-routes en béton.
          Le présent guide s'appuie sur des textes publiés, et d'autres en cours de rédaction lors de sa parution.
          En particulier, les valeurs de paramètres qui sont reprises d'annexes nationales en préparation à la
          date de publication du présent guide, sont susceptibles de modifications ultérieures. Ces cas seront
          signalés et il convient sans exception de se référer aux documents publiés.
 L’harmonisation totale des règles ne pouvant être atteinte dans la pratique qu’au terme d’une certaine période
 d’utilisation, il est prévu au stade initial que les eurocodes proposent des options ou des paramètres dont les
 choix incombent aux différentes autorités nationales. Ces choix peuvent donner lieu à des valeurs différentes de
 celles recommandées par les textes européens. Ils font alors l’objet, pour chaque Eurocode quand cela est
 nécessaire, d’une annexe nationale où leurs valeurs sont précisées ; le présent guide se basera sur les choix
 français en les signalant et en les expliquant le cas échéant.
    Exemples :
    La clause 3.1.6(101)P de l'Eurocode 2 partie 2 remplace la clause 3.1.6(1)P de l'Eurocode 2 partie 1-1 (le
    texte est identique, mais la valeur recommandée est différente pour αcc).
    La clause 5.8.4(105) de l'Eurocode 2 partie 2 est une nouvelle clause qui vient après la clause 5.8.4(4) de
    l'Eurocode 2 partie 1-1.
    La section 113 de l'Eurocode 2 partie 2 est une nouvelle section qui vient après la section 12.
Le fonctionnement de l'annexe nationale de l'Eurocode 2 partie 2 est basé sur les principes suivants, rappelés
dans l'avant-propos de l'annexe nationale :
•   Les clauses citées sont celles de la norme NF EN 1992-2: 2005 ;
•   Lorsque la NF EN 1992-2 rend applicable une clause de la NF EN 1992-1-1, cette clause est applicable avec
    la clause de l'annexe nationale de la NF EN 1992-1-1 correspondante.
I.      EXIGENCES DE BASE
 Les exigences de base formulées par les eurocodes pour la conception et le dimensionnement d'un projet
 reprennent celles déjà existant dans les règlements antérieurs : elles visent à assurer à toute structure des niveaux
 adéquats de résistance, d’aptitude au service et de durabilité. Toutefois, l’exigence vis-à-vis de la durabilité est
 formulée de manière plus explicite et requiert la spécification d’une durée d’utilisation de projet qui, pour les
 ponts, est prise généralement égale à 100 ans ; il est tenu compte des conditions d’environnement propres à
 chaque projet, par l'intermédiaire de classes d’exposition, préalablement définies en fonction de la nature des
 risques de corrosion et d'attaques; il est aussi supposé qu’une maintenance normale et adaptée est effectuée.
 Les eurocodes supposent également que la conception, puis la construction des ouvrages, soient réalisées par des
 personnels qualifiés et expérimentés et que la surveillance et la maîtrise de la qualité soient effectives .
 Les exigences concernant l'exécution et la mise en uvre doivent aussi être satisfaites. En ce qui concerne les
 ouvrages en béton, ces exigences sont traitées dans la norme EN 13670.
 Les coefficients partiels sont utilisés pour définir les valeurs de calculs des variables de base (actions,
 résistances, données géométriques), et couvrir en partie les nombreuses incertitudes qui existent, afin de donner à
 la structure, avec une approximation raisonnable, la marge de sécurité souhaitée. En général ils interviennent
 comme majorants des actions et comme minorants des résistances.
         Les valeurs des coefficients partiels adoptées par l'Eurocode 2 et celles données dans les annexes de
         l'EC0 sont considérées comme conduisant à des structures de la classe de fiabilité RC2
         [EC2-1-1 2.1.2(2), EC0 Anx.C Tab.C.2]. A titre indicatif, pour les ponts, une conception et un
         dimensionnement conformes aux différents eurocodes correspondent à un indice cible de fiabilité β de
         l'ordre de 3,8 pour les ELU de résistance et pour une durée de référence de 100 ans.
 Les valeurs Ed des sollicitations de calcul sont obtenues après majoration des actions par les divers γF . Les
 valeurs Rd de résistance de calcul sont obtenues après minoration par les divers γM des propriétés des matériaux
 entrant dans la détermination de leur résistance.
         Il faut noter que le guide adopte la forme simplifiée de ces coefficients partiels, celle qui inclut les
         coefficients partiels tenant compte des incertitudes de modèles; dans la pratique et pour la majorité
         des cas les valeurs numériques fournies sont usuellement données sous cette forme.
 L'application de la méthode de justification fait ainsi appel à des actions, à leurs diverses combinaisons et à
 l'analyse structurale qui sont définies et précisées ci-après.
IV.1. Actions
 Les actions sont les charges appliquées (forces et couples) ou les déformations imposées à une construction. La
 classification la plus courante est rappelée dans le tableau ci-dessous :
 On peut noter que les déplacements d’appuis et les effets de la température sont aussi considérés comme des
 actions indirectes ou des déformations imposées.
         Le retrait et le fluage peuvent être considérés comme des actions indirectes mais sont traités à part
         comme provenant de propriétés du béton .
 *       Certaines actions comme la neige et le séisme peuvent être considérées comme des actions accidentelles
 et/ou variables selon le site du projet.
         En France, pour les ponts routiers, le séisme est une action uniquement accidentelle. Il fait l'objet de
         règles de justifications spécifiques développées dans l'Eurocode 8.
 •   Charges permanentes :
 G      symbolise en fait les charges permanentes caractéristiques minimales Gk,inf et maximales Gk,sup . Il inclut
 également les effets éventuels des tassements Gset. et se décompose en :
       Action de poids propre :
       Le poids propre de la structure peut être représenté par une valeur caractéristique unique et être calculé sur
       la base des dimensions nominales et des masses unitaires moyennes [EC0 4.1.2(5)]. Le poids volumique du
       béton normalement armé ou précontraint est pris égal à 25kN/m3 [EC1-1-1 ann A Tab.A1]. L'annexe
       nationale de l'Eurocode 1 propose une pondération de 3% sur le poids propre des structures minces
       précontraintes (les ponts ne sont généralement pas concernés par cette clause).
       Action des superstructures :
       L'Eurocode 1 partie 1-1: Actions générales - Poids volumiques, poids propres, charges d'exploitation des
       bâtiments, indique également les dispositions complémentaires particulières aux ponts [EC1-1-1 5.2.3].
Les coefficients ψ 0 , ψ 1 et ψ 2 pour les ponts routiers sont donnés par le tableau A2.1 de l'annexe A2 de
l'Eurocode 0 et rappelées dans le tableau suivant :
                      action                                                         symbole                           ψ0           ψ1    ψ2
                                                                                           TS                          0,75     0,75      0
                                                        gr1a                              UDL                          0,40     0,40      0
                                                                                Trottoir + piste cyclable              0,40     0,40      0
                                                                               gr1b essieu unique                        0      0,75      0
             charges de trafic
                                                                              gr2 force horizontale                      0        0       0
                                                                               gr3 charge piétonne                       0        0       0
                                                                                    gr4 foule                            0      0,75      0
                                                                             gr5 véhicules spéciaux                      0        0       0
                                                                             situation durable (en service)            0,6          0,2   0
                                                        Fwk
              forces de vent                                                situation transitoire (exécution)          0,8           -    0
                                                                                         Fw*  1,0        -        0
            température                                        Tk                             0,6       0,6      0,5
                neige                              QSn,k pendant l'exécution                  0,8        -        0
     charges de construction                                   Qc                             1,0        -       1,0
Note : les valeurs de ce tableau sont sujettes à modification dans l’annexe nationale de l’annexe A2 de l’Eurocode 0.
  Les valeurs de calcul des actions s'obtiennent par l'intermédiaire de coefficients partiels F et sont combinées
  entre elles en fonction des situations de projet à examiner qui sont principalement de trois sortes :
         o   situation de projet durable, (principalement, l'ouvrage à sa mise en service et en fin de durée
             d'utilisation),
         o   situation de projet transitoire (par exemple, l'ouvrage en cours d'exécution ou de réparation),
         o   situation de projet accidentelle (principalement l'ouvrage soumis à un choc, à un séisme).
  Ce sont les annexes A de l’Eurocode 0 "Bases de calculs" qui définissent les règles et les méthodes adoptées pour
  l’établissement de ces combinaisons d’actions. Pour les ponts, c’est l’annexe A2 ; les autres types d'ouvrages ont
  leur propre annexe comme l’annexe A1 pour les bâtiments, etc.
  Le présent guide se contente de rappeler la définition des principales combinaisons les plus utilisées pour les
  ponts.
  ∑γ
   j≥1
         G, jG k, j   + γ P P + γ Q,1 Q k ,1 +   ∑γ
                                                 i >1
                                                        Q ,i ψ 0,i Q k ,i                                       [EC0 Expr.(6.10)]
  ∑
 γ G , j G k , j + γ P P + γ Q,1 Q k ,1 +
 j≥1                                        i ≥1
                                                      ∑
                                                    γ Q,i ψ 0 ,i Q k ,i
                                                                                                            [EC0 Expr.(6.10a) et (6.10b)]
  ∑
 ξ j γ G , j G k , j + γ P P + γ Q ,1Q k ,1 +         ∑
                                                       γ Q ,i ψ 0 ,i Q k ,i
 j≥1                                             i >1
Les charges permanentes Gk et les charges variables Qk sont prises en valeurs caractéristiques, alors que la
précontrainte est prise en valeur probable pour les vérifications aux ELU [EC2-1-1 5.10.8(1)] .
Pour l’application aux ponts routiers et ferrovaires et aux passerelles et pour la vérification des éléments
structuraux (STR) non soumis à des actions géotechniques, l’annexe nationale demande d'utiliser uniquement
l’expression de base (6.10) qui, traduite en fonction des actions, des coefficients partiels et des coefficients ψ
classiques, prend les principales formes suivantes [EC0 Tab.A2.4(B)] :
Les expressions alternatives [EC0 Expr.(6.10a) et (6.10b)] ne doivent donc pas être utilisées pour les ponts et
passerelles.
Le coefficient partiel relatif à la précontrainte P vaut P,fav = 1 si la précontrainte a un effet favorable, et
 P,unfav = 1,2 si elle a des effets défavorables pour la vérification des effets locaux [EC2-1-1 2.4.2.2]. Lors de la
vérification de l'état limite de stabilité en présence d'une précontrainte extérieure, si la précontrainte peut être
défavorable il faut retenir P,unfav = 1,3 (sauf s'il y a des déviateurs en nombre suffisant sur la longueur de
flambement, précise l'annexe nationale).
∑G
 j≥1
            k, j   + P + A d + (ψ 1,1 ou ψ 2,1 ) Q k ,1 +        ∑ψ
                                                                 i >1
                                                                        2 ,i   Q k ,i                        [EC0 6.4.3.3]
ou
                                       
 ∑(
  j≥1
        G k , j,sup + G k , j,inf       ) + P + A
                                         
                                                      d   + 0,6 Tk + Q c
Mais d'une façon générale la définition précise des combinaisons comme des actions à considérer est à trouver
dans l'Eurocode 1-1-6 et son annexe nationale [EC2-2 113.2] ou dans les documents de marché des projets
particuliers.
 Une situation accidentelle particulière aux ponts construits par encorbellements successifs est souvent envisagée
 et peut se produire en cours de construction lors de la chute d'un voussoir ou d'un équipage mobile [EC2-2 113.2
 (103) et (104)]. La combinaison d'actions particulière correspondante est à chercher dans l'annexe nationale à
 l'Eurocode 1 partie 1-6 ou dans le guide sur les ponts construits par encorbellements successifs.
 La combinaison n'est rappelée que de manière formelle et pour mémoire car son utilisation tout comme les
 méthodes d'analyse associées sont particulières et propres à l'Eurocode 8 et le projeteur est vivement invité à s'y
 référer.
                   Si les charges cycliques, qui peuvent être la charge de trafic ou celle du vent sont exclues de cette
                   combinaison, il ne reste plus dans cette combinaison comme action variable non-cyclique que l'action
                   thermique en valeur fréquente. C'est donc l'état moyen de l'ouvrage en service, sous charges
                   permanentes et variation fréquente de température, qui sert d'état de référence pour déterminer les
                   variations de contrainte données par la charge cyclique de fatigue.
        o          la charge cyclique de fatigue Qfat qui peut être l'action du trafic ou l'action du vent.
 Sauf cas particuliers (structures sensibles à l'action du vent), la charge cyclique de fatigue Qfat correspond au
 passage des camions et est représentée par des modèles de charge de fatigue [Chapitre 6-V].
 Quant à la précontrainte, conformément au [EC2-1-1 5.10.9], elle intervient dans la combinaison de vérification
 par ses valeurs caractéristiques; ceci se justifie dans ce cas par le processus de vérification qui utilise des calculs
 de contraintes de type ELS et constitue une exception à la règle générale édictée pour toute vérification de type
 ELU.
             ∑G
             j≥1
                         k, j   + P + Q k ,1 +     ∑ψ i >1
                                                                0, i   Q k ,i                       [EC0 6.5.3.a)]
De la même façon, traduite en terme de paramètres classiques, elle peut prendre les formes suivantes :
                                                 (TS + UDL + q fk ) + Min ( Fw* ; 0,6 Fwk ) 
                                                                                            
                                                 gri i =1a , 2,3, 4 ,5 + 0,6 Tk             
                                             gr1b                                      
     ∑ (G               + G k , j,inf ) + Pk +                                             
                                                  Tk + (0,75 TS + 0,4 UDL + 0,4 q fk ) 
             k , j,sup
    j≥1                                
                                                  Fwk                                        
                                                                                             
                                                  Q Sn ,k                                   
             ∑G
             j≥1
                         k, j   + P + ψ 1,1 Q k ,1 +         ∑ψ
                                                             i >1
                                                                         2, i   Q k ,i                     [EC0 6.5.3.b)]
             ∑G
             j≥1
                         k, j   +P+    ∑ψ
                                       i≥1
                                               2 ,i    Q k ,i                                              [EC0 6.5.3.c)]
V.1. Généralités
 Les justifications à effectuer en phases de construction ne sont pas présentées de manière explicite dans
 l'Eurocode 2 partie 1-1. En revanche, l’Eurocode 2 partie 2 y consacre une section particulière, la 113.
 Il convient de vérifier les ELS et ELU en construction dès lors que
     o   des efforts, autres que ceux appliqués sur la structure finie, sont appliqués,
     o   le schéma statique est modifié entre les phases de construction et la phase en service et que ceci provoque
         une redistribution des efforts,
     o   les phases de construction ont une influence sur la stabilité ou sur la géométrie ou sur les efforts dans la
         structure finie.
 Les justifications en phases de construction se distinguent essentiellement des justifications en phases
 d'exploitation, d'une part par la nature et/ou l'intensité des charges qui entrent en jeu et d'autre part, par le type de
 construction considéré.
 Les charges spécifiques à prendre en compte sont une série de charges de chantier adaptées au mode de
 construction de l’ouvrage [EC1-1-6].
 La simultanéité des charges doit être adaptée à la situation de chantier du projet [EC0 A2.2.1(8)]. En particulier,
 la combinaison des charges de neige et de vent avec les charges de chantier est à définir pour chaque projet.
         Le cumul des charges de personnel et des charges climatiques (neige, vent) n’est pas à effectuer.
 Il faut noter la demande de prendre en compte un vent différentiel vertical (qui peut être ascendant ou descendant)
 et horizontal, pour des ouvrages non-exceptionnels, notamment dans ces vérifications en cours de construction
 [EC2-2 113.2(102)].
         Une valeur de 200 N/m2 est recommandée par l'Eurocode 2 mais l'annexe nationale renvoie vers les
         Eurocodes 1 partie 1-4 et partie 1-6 et leurs annexes nationales respectives.
 L'Eurocode 2-2 rappelle, sans donner de détails, qu'il convient, pour les ponts poussés, de prendre en compte les
 déformations imposées [EC2-2 113.2(105)].
 Le type de construction peut aussi amener à considérer des situations accidentelles, c'est par exemple le cas lors
 de la réalisation d’un fléau de pont construit par encorbellements où il est demandé de tenir compte de la chute
 d’un équipage mobile (cas de la construction d'un tablier coulé en place) ou d’un voussoir (cas d'un tablier à
 voussoirs préfabriqués).
 Enfin, on distingue aussi les vérifications de la résistance de la structure et les vérifications de l'équilibre statique
 et la situation de projet à considérer est une situation transitoire.
La combinaison fondamentale aux ELU est donnée par les annexes nationales de l'Eurocode 0 annexe A2 et de
l'Eurocode 1 partie 1-6.
Il est clair que les critères d'aptitude au service doivent être adaptés pour les phases de construction. Il est
nécessaire d'en faire de même pour les règles de dimensionnement de la précontrainte qui ont été rajoutées pour
compléter les premières. Les détails de ces règles adaptées sont présentés en [Chapitre 7-III].
 L'analyse structurale doit être complétée par des analyses locales pour la vérification de points particuliers. C'est
 le cas par exemple des vérifications des zones d'about ou des vérifications des zones d'application de forces
 concentrées (une application à l'ancrage d'une force de précontrainte est donnée en [Chapitre 10-III]).
 En tout état de cause, l'analyse structurale doit tenir compte des imperfections géométriques qui comprennent les
 écarts par rapport à la géométrie théorique de la structure et les écarts dans la position des charges. Ces
 imperfections géométriques ne sont à prendre en compte qu'aux ELU.
         Il est précisé que les écarts dans les dimensions des sections sont en principe déjà pris en compte dans
         les coefficients partiels relatifs aux matériaux.
         On peut aussi noter que des indications pour quantifier les imperfections géométriques [EC2-1-1 5.2]
         sont fournies pour les éléments soumis à un effort normal et aux éléments verticaux de structures
         soumises à des charges verticales . Ce sont effectivement les éléments ou structures les plus sensibles
         vis-à-vis de ces effets.
              θ 0 = 1           valeur de base
                      200
         avec         2
              α h =       ≤1    coefficien t de réduction avec L longueur de l' élément en mètre
                       L
 A partir de l'inclinaison les effets des imperfections peuvent être pris en compte par l'intermédiaire d'une
 excentricité égale à :
                    L0
         e i = θi                                                           [EC2-1-1 5.2(5)]
                    2
         pour l'application aux piles de pont, L0 est la longueur de flambement .
 Les exemples suivants donnent une illustration de cette règle, et montrent que l'excentricité à prendre en compte
 n'est pas forcément égale à l'inclinaison multipliée par la hauteur :
ei ei ei
                                H                                     H
                                            L0 = 0,7H
L0 = 2H L0 = H
 Pile encastrée à la base et libre en     Pile simplement appuyée en tête et        Pile encastrée en tête (sur tablier,
                 tête                             encastrée à sa base               mais libre de se déplacer ) et à sa
                                                                                                   base
       L0 = 2 H                             L 0 = 0,7 H                                  L0 = H
                  (2 H)                                (0,7 H)                                        H
       e i = θi ×       = θi × H            e i = θi ×         = 0,35 θ i × H            e i = θi ×     = 0,5 θ i × H
                    2                                     2                                           2
Pour une pile parfaitement bi-encastrée, la longueur de flambement est H            et donc la valeur de l'excentricité à
                                                                                2
                            H
appliquer est e i = θ i ×    2 = 0, 25 θ × H .
                                        i
                            2
Pour les ponts en arc, la partie 2 de l'EC2 ajoute la règle supplémentaire suivante:
"Il convient d’établir la forme des imperfections dans les plans horizontal et vertical à partir de la déformée du 1er
mode de flambement horizontal et vertical respectivement. Chaque déformée modale peut être représentée par un
                                                       L
profil sinusoïdal dont l’amplitude est égale à a = θ i   où L est la "demi-longueur d’onde" [EC2-2 5.2(106)].
                                                       2
La longueur d'onde du mode de flambement d'un arc correspond à la période de la sinusoïde représentant la
déformée modale. Dans le cas d'un arc bi-articulé et pour le premier mode de flambement, cette longueur est
égale à la longueur développée de l'arc. La demi-longueur d'onde correspond en général à la longueur de
flambement, et donc l'amplitude "a" à prendre en compte correspond à l'excentricité équivalente donnée dans le
cas général.
                                                                                                 L0
 Comme le fait la partie 1-1 de l'Eurocode 3, il est possible de généraliser la règle e i = θ i       à tout type de
                                                                                                  2
 structure. La difficulté principale consiste, pour une structure complexe, à déterminer la valeur de la longueur de
 flambement, afin d'en déduire le défaut initial.
 Les sections de béton résultant des plans de coffrage servent à la détermination des sections brutes qui,
 généralement, peuvent être utilisées dans les analyses structurales et pour la détermination des sollicitations de
 poids propre.
                      ε   ε 2 
                     k  c  −  c  
                     ε              ε       
         σ c = f cm   c1   c1  
                     1 + (k − 2 )  ε c  
                                   ε  
                                    c1  
σc
fcm
                                                                     tanα = 1,05×Ecm
                                                                 α
                                                                                  εc1   εcu1      εc
                                 Fig./Tab.VI.(3) Diagramme contraintes-déformations du béton
où
c          variable de déformation relative en compression du béton
       1,05 E cm ε c1
k=
            f cm
                   (
ε c1 (0 00 ) = min 0,7 (f ck + 8)
                                     0 ,31
                                             ; 2,8   )        déformation relative au pic de contrainte
                     σp                                                                    σp                 A
              fpk                                                                   fpk
            fp0,1k                                                                fp0,1k
                                                 εp
         0,1%                                                                                                                            εp
                               εuk                                                         fp0,1k / Ep                             εuk
                     Fig./Tab.VI.(4) Diagrammes contraintes-déformations des aciers de précontrainte
Le diagramme de gauche comporte une partie linéaire de pente Ep jusqu'à                                  0,9 fp0,1k suivie d'une courbe ayant
pour équation :
                                  5
     σ         σ             
εp =    + 100          − 0,9 
     Ep       f              
               p 0 ,1k       
Le diagramme de droite est bâtie avec les coordonnées limites des deux branches (ε, σ) :
                                              fp 0,1k            
    o    une branche élastique                       ; fp 0,1k 
                                                E
                                               p                 
    o    une branche supérieure inclinée                   (ε  uk    ; fpk    )
avec, selon l'EN10138 ou l'ATE approprié,         uk   allongement sous charge maximale
fpk est la résistance en traction
fp0,1k est la limite d'élasticité conventionnelle à 0,1%
                                                       f p 0 ,1k
et à défaut de valeur précise on peut prendre                       = 0,9 .
                                                        f pk
Pour ces deux diagrammes une valeur de Ep peut être prise égale à 195 GPa pour les torons [EC2-1-1 3.3.6(3)].
        Les deux modèles de comportement linéaire et non-linéaire sont utilisés dans quatre types d'analyse
        structurale :
        §      analyse élastique-linéaire,
        §      analyse élastique-linéaire avec redistribution limitée,
        §      analyse plastique,
        §      analyse non-linéaire.
                                          σs                         A
                                   kfyk
                                    fyk
                                                                                         εs
                                            fyk / Es                               εuk
                   Fig./Tab.VI.(5) Diagramme contraintes-déformations des aciers de béton armé
Sans préconisation claire de l'Eurocode 2 le diagramme retenu a été défini en cohérence avec celui donné pour les
aciers de précontrainte. Il est bâti avec les coordonnées limites des deux branches (ε, σ)
                                                f yk        
      o   une branche élastique                      , f    
                                               E         yk 
                                                s           
      o   une branche supérieure inclinée                 (ε   uk   , k f yk   )
avec
fyk       limite d'élasticité
 uk       déformation relative et k selon la classe des armatures
          pour la classe B         ε uk ≥ 5%              k ≥ 1,08
          pour la classe C         ε uk ≥ 7,5%            1,15 ≤ k < 1,35
et une valeur de Es qu'on peut prendre égale à 200 GPa [EC2-1-1 3.2.7 (4)].
          Pour le choix des classes d'armatures à utiliser voir le Chapitre 3- du présent guide.
L'analyse élastique-linéaire [EC2-1-1 5.4] s'effectue avec le modèle élastique-linéaire et sert dans la vaste
majorité des cas, à la fois pour les ELS et les ELU. Les hypothèses de base rappelées dans [EC2-1-1 5.4(2)]
supposent :
      o   Un comportement élastique des matériaux
      o   Des sections non-fissurées
      o   Des relations contraintes-déformations linéaires pour le béton comme pour les aciers
      o   Des valeurs moyennes du module d'élasticité Es , Ep et Ecm .
Le processus de justification aux ELU se poursuit généralement, une fois les sollicitations déterminées, par une
vérification de la capacité résistante des sections, effectuée en utilisant les diagrammes déformations-contraintes
réservés à cet usage [Chapitre 6-I].
        La clause [EC2-1-1 5.4(2)] permet l'utilisation de rigidités réduites correspondant aux sections
        fissurées dans une analyse élastique-linéaire pour les effets des déformations thermiques, des
        tassements et du retrait à l'ELU. Ceci permet le cas échéant de modérer les effets du gradient
        thermique lorsque cette action s'avère pénalisante [Chapitre 3-II.3].
Pour les ponts, on n'a pas souvent recours à ce type d'analyse. S'il faut déterminer les sollicitations avec plus de
précision incluant tous les aspects de la redistribution (par fluage, par fissuration ou par plastification) on a
recours à l'analyse non-linéaire.
        Dans la pratique, il arrive que la méthode soit utilisée pour justifier, en situation d'exploitation et aux
        ELU, les sections de clé d'ouvrages construits par encorbellements successifs. La redistribution se fait
        alors par le transfert d'une partie des moments de flexion vers les sections sur appuis intermédiaires
        qui ont été le plus souvent dimensionnées en phase de construction et qui disposent de ce fait d'une
        réserve de résistance.
En principe, le processus complet de justification est similaire à celui utilisant l'analyse linéaire : par exemple,
aux ELU, il commence par une analyse structurale non-linéaire [EC2-1-1 5.7, 5.8.6(1)P, 5.8.6(2)P, début de
5.8.6(3)] pour déterminer les sollicitations ultimes. Ceci est ensuite complété d'une vérification de la capacité de
résistance. Dans cette deuxième étape, les diagrammes "déformations-contraintes" des matériaux utilisés sont
modifiés, notamment par incorporation des divers coefficients de sécurité pour les matériaux γM. On retrouve, de
la même façon, une dissociation entre l'analyse structurale proprement dite et la vérification des sections.
        Deux méthodes générales d'analyse non-linéaire sont proposées dans l'Eurocode 2 . La première assez
        classique, est donnée dans l'Eurocode 2 partie 1-1 . La deuxième, proposée pour les ponts dans
        l'Eurocode 2 partie 2, est plus innovante. Ces deux méthodes seront appliquées à la vérification de
        stabilité de piles de pont [Chapitre 6-VII].
        On notera que l'Eurocode 8 développe aussi des méthodes d'analyse non-linéaire spécifiques.
        Il est nécessaire aussi de tenir compte des effets du second ordre aux ELS dans le cas d'éléments très
        déformables. Les vérifications à apporter concernent les critères classiques de limitation de
        contraintes, d'ouverture de fissures ou, le cas échéant, de déformations. A la différence avec des
        justifications aux ELU, l'analyse s'effectue sans considération des imperfections initiales et avec
        l'hypothèse de l'élasticité linéaire des matériaux. Le béton tendu est toujours négligé s'il est tendu à
        une contrainte de traction en valeur absolue supérieure à fctm.
Désignation de Description de l'environnement :                   Exemples informatifs illustrant le choix des classes d'exposition
la classe
1 Aucun risque de corrosion ni d'attaque
                  Béton non armé et sans pièces métalliques
        X0        noyées : toutes expositions sauf en cas de
                  gel/dégel, d'abrasion et d'attaque chimique
                                                                  Béton à l'intérieur de bâtiments où le taux d'humidité de l'air
                  Béton armé ou avec des pièces métalliques
                                                                  ambiant est très faible
                  noyées : très sec
2 Corrosion induite par carbonatation
       XC1        Sec ou humide en permanence                     Béton à l'intérieur de bâtiments où le taux d'humidité de l'air
                                                                  ambiant est faible
                                                                  Béton submergé en permanence dans de l'eau
       XC2        Humide, rarement sec                            Surfaces de béton soumises au contact à long terme de l'eau
                                                                  Un grand nombre de fondations
       XC3        Humidité modérée                                Béton à l'intérieur de bâtiments où le taux d'humidité de l'air
                                                                  ambiant est moyen ou élevé
                                                                  Béton extérieur abrité de la pluie
       XC4        Alternativement humide et sec                   Surfaces de béton soumises au contact de l'eau, mais n'entrant pas
                                                                  dans la classe d'exposition XC2
3 Corrosion induite par les chlorures
       XD1        Humidité modérée                                Surfaces de béton exposées à des chlorures transportés par voie
                                                                  aérienne
       XD2        Humide, rarement sec                            Piscines
                                                                  Eléments en béton exposés à des eaux industrielles contenant des
                                                                  chlorures
       XD3        Alternativement humide et sec                   Eléments de ponts exposés à des projections contenant des
                                                                  chlorures
                                                                  Chaussées
                                                                  Dalles de parcs de stationnement de véhicules
4 Corrosion induite par les chlorures présents dans l'eau de mer
       XS1        Exposé à l'air véhiculant du sel marin, mais Structures sur ou à proximité d'une côte
                  pas en contact direct avec l'eau de mer
       XS2        Immergé en permanence                           Eléments de structures marines
       XS3        Zones de marnage, zones soumises à des Eléments de structures marines
                  projections ou à des embruns
5. Attaque gel/dégel
       XF1        Saturation modérée en eau, sans agent de Surfaces verticales de béton exposées à la pluie et au gel
                  déverglaçage
       XF2        Saturation modérée en eau, avec agents de Surfaces verticales de béton des ouvrages routiers exposés au gel et
                  déverglaçage                                    à l'air véhiculant des agents de déverglaçage
       XF3        Forte saturation en eau, sans agents de Surfaces horizontales de béton exposées à la pluie et au gel
                  déverglaçage
       XF4        Forte saturation en eau, avec agents de Routes et tabliers de pont exposés aux agents de déverglaçage
                  déverglaçage ou eau de mer                      Surfaces de béton verticales directement exposées aux projections
                                                                  d'agents de déverglaçage et au gel
                                                                  Zones des structures marines soumises aux projections et exposées
                                                                  au gel
6. Attaques chimiques
       XA1        Environnement       à     faible    agressivité Sols naturels et eau dans le sol
                  chimique selon l'EN 206-1, Tableau 2
       XA2        Environnement       d'agressivité    chimique Sols naturels et eau dans le sol
                  modérée selon l'EN 206-1, Tableau 2
       XA3        Environnement à forte agressivité chimique Sols naturels et eau dans le sol
                  selon l'EN 206-1, Tableau 2
   Fig./Tab.I.(1) : Classes d'exposition en fonction des conditions d'environnement, conformément à l'EN
                                          206-1 [EC2-1-1 Tab.4.1]
La classe X0 ne pourrait correspondre qu'exceptionnellement à la situation des ponts. En effet, c'est le cas du
béton supposé à l’abri à l’intérieur de constructions où le taux d’humidité de l’air est maintenu à un niveau très
faible et où il y a peu de risque de corrosion des armatures.
Les deux dernières classes (XF ou XA) qui caractérisent les risques supplémentaires et spécifiques liés aux
conditions de gel et dégel (classes XF1 à XF4) ou d’attaques chimiques (classes XA1 à XA3) se juxtaposent aux
autres classes quand ces risques existent, et ont pour effet de demander des mesures appropriées qui sont à
prendre au niveau de la composition du béton [EN 206-1 Anx.F]. La détermination de l'enrobage se fait ainsi
exclusivement à partir des classes restantes.
On s'oriente donc, en général, vers l'une des trois familles de classes XC, XD ou XS, selon que les armatures du
béton peuvent être soumises respectivement, aux risques de corrosion par carbonatation, par chlorures, ou par
chlorures de l’eau de mer.
La classe finale d'exposition XCi, XDj ou XSk peut alors être déterminée en fonction de la dernière colonne du
Tableau 4.1, en s'aidant des exemples qui y sont donnés à titre informatif. L'annexe nationale rend cette colonne
normative et l'enrichit d'indications précieuses au travers d'une série de notes pour faciliter et mieux cibler les
choix.
        Au niveau des choix structuraux, il est associé à chaque classe d'environnement une classe indicative
        de résistance minimale qu'il faut assurer au béton [EC2-1-1 Anx.E Tab.E.1N]. L'attention est attirée
        sur le fait que le choix d'un béton de durabilité convenable pour sa propre protection et pour la
        protection des armatures, peut conduire à une résistance à la compression du béton supérieure à celle
        requise par le dimensionnement de la structure du point de vue de la résistance.
Les principales indications complémentaires intéressant les ponts et apportées par l'annexe nationale
[EC2-1-1/AN] sont données dans des notes au Tableau 4.1. Elles sont rappelées ci-dessous.
Note 3: Sont à classer en XC4 les parties aériennes des ouvrages d'art y compris les retours de ces parties par les
cheminements et/ou rejaillissements de l'eau.
        Le classement en XC4 tient compte d’un environnement extérieur où même les parties abritées de la
        pluie sont susceptibles d’être soumises à des ruissellements ou projections d’eau, et où la teneur en
        gaz carbonique dans l’air environnant l’ouvrage est a priori plutôt élevée.
Note 6 : En France, les classes d'exposition XF1, XF2, XF3 et XF4 sont indiquées dans la carte donnant les
zones de gel [EN 206-1/AN NA4.1 Fig.NA.2 et Note].
Pour ces classes d’exposition XF, et sous réserve du respect des dispositions liées au béton (EN 206-1 et
documents normatifs nationaux), l’enrobage sera déterminé par référence à une classe d’exposition XC ou XD,
comme indiqué en 4.4.1.2 (12).
Les classes de référence à retenir, pour l'enrobage uniquement, sont les suivantes :
                                     Classes d’exposition
                                     XF1           XF2                     XF3                          XF4
Type de salage       Peu             XC4           Sans objet              pour béton formulé           Sans objet
(cf. Recommandations fréquent                                              sans entraîneur d'air XC4
Gel 2003)                                                                  avec entraîneur d'air XD1
                          Fréquent Sans objet      XD1,                    Sans objet                   XD2,
                                                   XD3 pour éléments                                    XD3 pour éléments
                                                   très exposés*                                        très exposés*
                          Très       Sans objet    Sans objet              Sans objet                   XD3
                          fréquent
* pour les ponts : corniches, longrines d’ancrage des dispositifs de retenue, solins des joints de dilatation
         La correspondance établie par l'annexe nationale à partir des classes XF vers les classes XC ou XD ne
         s'impose que si la classe de référence obtenue est plus sévère que la classe XC ou XD concomitante.
         Dans le cas d'une classe XS concomitante avec une XF il n'y a pas de correspondance et c'est la classe
         XS d'origine du projet qui sert dans la détermination de l'enrobage.
I.2. Enrobage
 Au premier abord, la détermination des valeurs d'enrobage à adopter pour les armatures paraît complexe.
 En effet il faut passer successivement par :
     o   la détermination des classes d’exposition (utilisation du tableau 4.1 comme vu ci-dessus),
     o   la détermination de la classe structurale [EC2-1-1 4.4.1.2(5)],
         La classe structurale est définie de manière conventionnelle pour la détermination de l'enrobage. Elle
         s'appuie sur la durée d'utilisation de projet qui est caractérisée par une catégorie définie en fonction
         des divers types de constructions [EC0 2.3 Tab.2.1] , mais aussi sur d'autres facteurs comme par
         exemple la classe de résistance de béton.
         La classe structurale de référence recommandée est S4 correspond à une durée d'utilisation de projet
         de 50 ans et des classes de résistance de béton au moins égales à celles données en [EC2-1-1 Anx.E].
         Elle est ensuite modulée en fonction de choix particuliers pour le projet (utilisation du tableau 4.3N
         modifié par l'annexe nationale en 4.3NF ci dessous).
          -     Face coffrée des éléments plans (assimilables à des dalles, éventuellement nervurées), coulés horizontalement sur coffrages
                industriels.
          -     Éléments préfabriqués industriellement : éléments extrudés ou filés, ou faces coffrées des éléments coulés dans des coffrages
                métalliques
          -     Sous face des dalles de pont, éventuellement nervurées, sous réserve de l’accessibilité du fond de coffrage aux dispositifs de
                vibration.
   3)     Pour les classes d’exposition XAi, cette correspondance est indicative sous réserve d’une justification de la nature de l’agent agressif.
     o   et enfin, la prise en compte des tolérances d’exécution [EC2-1-1 4.4.1.3] qui permet d'arriver à
         l'enrobage nominal, valeur finale à spécifier sur les plans.
 A l’usage, le projeteur découvre qu’il dispose avec l'Eurocode 2 de règles lui permettant d'orienter plus finement
 ses choix et que les efforts tendant vers une meilleure qualité sont récompensés en retour. Ceci peut s’avérer
 payant en économie de matière surtout dans des réalisations industrielles répétitives. D'un autre côté, l'adoption
 directe sans trop de finesse des valeurs proposées donnent à peu près les résultats des pratiques antérieures. Les
 exemples fournis par la suite en sont une bonne illustration.
                    S3                           20       30            35      40           45          50
                    S4                           25       35            40      45           50          55
                    S5                           30       40            45      50           55          60
                    S6                           35       45            50      55           60          65
     Fig./Tab.I.(6) : Valeurs de l'enrobage minimal cmin,dur requis vis-à-vis de la durabilité dans le cas des
                           armatures de précontrainte [EC2-1-1/AN Tab.4.5NF]
•   La classe structurale de référence recommandée S4 sert de point de départ ; elle correspond à une durée
    d'utilisation de projet de 50 ans et a servi comme base au calibrage des valeurs d'enrobage du tableau.
•   Le tableau 4.3N de l'Eurocode 2 modifié par l'annexe nationale est ensuite utilisé pour effectuer les
    changements de classe structurale compte tenu des conditions particulières du projet :
    o   sur-classement de 2 classes pour les structures dont la durée d’utilisation de projet escomptée doit être de
        100 ans,
    o   sous-classement d'une ou de 2 classes par prise en compte des performances de durabilité du béton par le
        biais de critères basés sur la classe de résistance du béton, la nature du liant ou la compacité de
        l'enrobage.
•   Une fois la classe structurale finale obtenue, les valeurs de l'enrobage minimum cmin,dur à considérer se lisent
    directement dans les deux tableaux 4.4N ou 4.5NF présentés précédemment, en fonction des classes
    d'exposition attribuées au cas étudié.
L'application du tableau 4.4N ou 4.5NF, selon que l'on cherche l'enrobage pour les armatures de béton armé ou
l'enrobage pour les armatures de précontrainte, conduit à une valeur cmin,dur qu’il convient de moduler, le cas
échéant, en fonction d’autres aspects complémentaires. C'est le cas, quand une marge de sécurité supplémentaire
est voulue, ou lors de l'utilisation d'acier inoxydable ou en présence de protection supplémentaire
[EC2-1-1 4.4.1.2(3) et (6) à (13)]. Mais, en général, il n'y a pas lieu de modifier cmin,dur [EC2-1-1/AN 4.4.1.2].
L'Eurocode 2 recommande une valeur courante de 10mm pour cdev . L'annexe nationale confirme cette valeur
mais fixe des conditions particulières qui peuvent permettre une réduction de cette valeur.
Par exemple :
    o     si le système d'assurance qualité inclut une surveillance avec mesure de l'enrobage, la valeur peut baisser
          jusqu'à 5mm,
                  5mm < cdev < 10mm
    o     si, dans le cas de préfabrication, il y a la garantie de mesures précises et la possibilité de rejet en cas de
          non-conformité, elle peut baisser jusqu'à zéro :
                  0mm < cdev < 10mm
           +0 ou -1          selon la classe de résistance du béton qui doit être aussi à base de CEM I sans cendres
      volantes.
           -1                pour enrobage compact en sous-face de dalle
      D'où pour les parois extérieures en sous-face
           4 + 2 (100 ans) – 1 (béton C35/45 MPa pour XC4) – 0 (CEM I mais résistance insuffisante)– 1
      (enrobage compact) = S4
          4 + 2 (100 ans) – 0 (béton C35/45 MPa pour XS1) – 0 (CEM I mais sans objet)– 1 (enrobage compact)
      = S5 . C'est le classement en XS1 qui donne le résultat le plus sévère.
           (les parois d'âmes ne bénificient pas de la réduction pour enrobage compact)
 II.2.1. Généralités
 Conformément à l'annexe nationale de l'Eurocode 1 partie 2, l'annexe A informative de cet Eurocode relative aux
 véhicules spéciaux n'est pas applicable.
 Elle est remplacée par :
 - la réglementation française sur les transports exceptionnels pour la définition de véhicules spéciaux "types",
 - le "Guide pour la prise en compte des véhicules spéciaux sur les ponts routiers", joint en annexe à l'annexe
 nationale de l'Eurocode 1 partie 2 pour la définition des règles de calcul à retenir pour les véhicules spéciaux
 circulant seuls ou mêlés au trafic routier normal.
 De même, le projet peut indiquer des véhicules spéciaux militaires à prendre en compte, par exemple, le convoi
 de porte-engins blindés Leclerc, les chars de 72 ou 110 tonnes, etc.
 Les valeurs caractéristiques des charges associées aux véhicules spéciaux sont les charges nominales de ces
 véhicules multipliées par 1,1.
 II.2.3. Prise en compte des véhicules spéciaux dans les combinaisons d'actions
 Le groupe de charges correspondant aux véhicules spéciaux est appelé groupe 5 et noté gr5.
 "LM3" désignant la valeur caractéristique du véhicule spécial retenu au projet individuel, "LM3 freinage"
 désignant les forces de freinage correspondantes et δ désignant le coefficient de majoration dynamique du
 véhicule spécial, le groupe 5 est défini comme suit :
 - sans trafic routier concomitant :        groupe 5 = gr5 = Q LM3 × δ + Q "LM3 freinage"
 - avec trafic routier concomitant :        groupe 5 = gr5 = Q LM3 × δ + Q "LM3 freinage" + Q 0,4UDL + 0,75TS
 Les combinaisons d'action à considérer pour les véhicules spéciaux sont les suivantes :
ELU   combinaison fondamentale pour
    situations de projet durable et transitoire
                                                      ∑ (1,35 G
                                                       j≥1
                                                                       kj,sup   + 1,00 G kj,inf ) + γ P P + 1,35 gr 5
        En toute rigueur une composante de gradient linéaire transversal peut exister de manière
        concomitante avec la précédente ; elle n'est pas explicitée pour simplifier la présentation.
    o   une composante dite équilibrée, et notée ∆TE. C'est, le champ de température déduit par soustraction des
        deux champs précédents :
La première composante ∆TN est prise en compte de manière classique et ne présente aucune difficulté
particulière. Sa valeur est déterminée au moyen du tableau de l'annexe nationale relatif à la clause 6.1.3.2(1) de
l'Eurocode 1 partie 1-5. De plus, afin d’éviter au projeteur toute erreur de lecture, les courbes de la figure 6.1
sont remplacées par un tableau (strictement équivalent).
En revanche, deux méthodes sont proposées pour la prise en compte des composantes ∆TM et ∆TE qui dépendent
du type de structure, et de l'épaisseur du revêtement.
    o   dans la méthode 1 [EC1-1-5 6.1.4.1], des valeurs forfaitaires de ∆TM sont spécifiées dans l'Eurocode 1
        partie 1-5 ; la composante équilibrée est quant à elle simplement ignorée et aucune valeur n'est fournie.
    o   dans la méthode 2 [EC1-1-5 6.1.4.2], les valeurs des composantes ∆TM et ∆TE se déduisent par
        intégration à partir d'un profil de température ∆T(y) variant dans la hauteur de la section et donné dans
        des tableaux. Cette seconde méthode est plus laborieuse, mais on obtient, dans la plupart des cas, une
        composante ∆TM plus faible que celle imposée par la méthode 1.
        Il est généralement admis de ne pas tenir compte explicitement de la composante équilibrée dans les
        calculs de section. Pour les ponts en béton ses effets sont couverts par un ferraillage de peau adapté.
La distinction entre composantes de variation rapide et lente, introduite dans les pratiques antérieures, n'a pas été
reprise dans les eurocodes. L'intégralité de l'action thermique doit être considérée comme une action de courte
durée donc calculée avec le module sécant Ecm. Une telle disposition peut être justifiée par un calcul de coefficient
de fluage suivant l'annexe B de l'Eurocode 2 partie 1-1.
        On considère pour cela la dalle constituée par la traverse supérieure d'un pont cadre, de 16 m de
        largeur totale, et d'épaisseur 38 cm. Lorsque cet ouvrage est âgé de cinquante ans (la moitié de sa
        durée de vie de calcul), on lui applique une déformation imposée pendant une durée de quatre mois
        (variations saisonnières de température). Un calcul simple du coefficient de fluage montre qu'alors :
         (50 ans + 4 mois, 50 ans) ≈ 0,25
        Une valeur plus défavorable, calculée au début de la durée d'utilisation, à deux ans par exemple de la
        mise en service serait :
         (2 ans + 4 mois, 2 ans) ≈ 0,47
        En d'autres termes, les déformations de fluage sont faibles, et les sollicitations résultant des actions
        thermiques peuvent être calculées avec la valeur Ecm du module d'Young.
                                                     α T I fiss
                                                  ω=−    ⋅      ⋅ ∆TM
                                                      h I brute
           (la courbure étant comptée positivement lorsqu'elle conduit à un allongement de la fibre inférieure)
     A titre d'exemple, considérons la dalle constituée par la traverse supérieure d'un pont cadre et dans laquelle on
     néglige la présence de l'effort normal. On adopte les données suivantes :
     béton C35/45, Ecm = 34 GPa
     largeur totale b = 16 m,
     hauteur totale h = 0,38 m,
     distance de la fibre supérieure au lit inférieur des aciers d = 0,34 m,
     section transversale des armatures du lit inférieur As = 38,1 cm2/m (2ΗΑ20 tous les 0,165m).
     Les inerties obtenues sont les suivantes :
     section brute de béton (armatures négligées) : Ibrute = 73,16 × 10-3 m4,
     section fissurée (béton tendu et armatures comprimées négligés) : Ifiss = 25,96 ×10-3 m4.
     soit un facteur de 2,8 entre les deux inerties, et une réduction des sollicitations dues aux charges thermiques
     dans le même rapport.
 •     Sections brutes : ce sont les sections du béton seul, telles qu'elles résultent des dessins de coffrage, sans
       déduction des évidements, encoches et conduits destinés à recevoir les armatures de précontrainte ou leurs
       ancrage, souvent utilisées pour les analyses structurales comme vu en [Chapitre 2-VI.2.2].
 •     Sections nettes : on les obtient en soustrayant des sections brutes les vides tels que trous, encoches et
       conduits ménagés pour le passage ou l'ancrage des armatures de précontrainte, et ce, même si ces vides sont
       ultérieurement remplis.
• Si σmin > -fct,eff , les calculs sont faits en section non fissurée le cas échéant*.
•   Sinon, les calculs sont faits en section fissurée, c'est-à-dire en négligeant le béton tendu.
La valeur de fct,eff à utiliser pour le calcul des contraintes peut être prise égale à fctm ou fctm,fl
         Pour l'application aux ponts, on utilisera systématiquement f ct, eff = f ctm
         *Il faut évidemment considérer dans le premier calcul la contrainte maximale de traction qu'est
         susceptible de connaître l'ouvrage à l'ELS. En effet, une fois que la section a été fissurée elle ne
         présente plus de résistance à la traction. Ainsi par exemple pour une vérification à l'ELS fréquent,
         même si 0 > σ min > − f ctm il convient de faire le calcul en section fissurée si σ min < − f ctm à l'ELS
         caractéristique.
•   Sections homogènes : elles interviennent dans les calculs en section non-fissurée et sont obtenues en ajoutant
    aux sections nettes la section des armatures de béton armé et/ou de précontrainte multipliée par un coefficient
    d'équivalence.
         Il est rappelé que les sections non-fissurées sont les sections où la contrainte de traction ne dépasse
         pas − f ctm sous combinaison caractéristique ELS.
•   Sections homogènes réduites : elles interviennent dans les calculs en section fissurée pour lesquels le béton
    tendu est négligé; ce sont les sections homogènes obtenues avec la seule partie comprimée du béton.
         Les sections sont fissurées en service quand elles ne vérifient pas le critère des sections non-fissurées
         (ce sont généralement les sections en béton armé et dans le cas de section en béton précontraint on
         parle alors de précontrainte partielle)
•   les matériaux ne subissent aucun glissement relatif (les armatures ont la même variation linéaire que le béton
    situé au même niveau),
•   les armatures et le béton obéissent à la loi de Hooke
        Un second calcul "court terme" avec n = E s            peut être nécessaire lorsque la contrainte de
                                                         E cm
        compression du béton obtenue par le calcul précédent est proche de la limite admissible. Il convient
        alors de vérifier que la compression admissible n'est pas dépassée dans le calcul "court terme".
Pour les sections fissurées en service, le calcul des contraintes est fait comme précédemment pour les charges
permanentes et en section homogène réduite pour les actions variables. Les tensions dans les aciers passifs et les
surtensions dans les câbles de précontrainte à partir de l'état permanent sont calculées avec un coefficient
                                                 E
d'équivalence E s      pour les aciers passifs et p      pour les aciers de précontrainte.
                  E cm                              E cm
•
        La pratique antérieure distinguait la part de surtension des aciers de précontrainte accompagnant le
        retour à zéro de la contrainte du béton adjacent, et la part de surtension ultérieure, en leur affectant
        des coefficients d'équivalence différents. Cette distinction sur le coefficient d'équivalence n'a pas lieu
        d'être ; elle n'est donc pas reconduite.
         Il est par ailleurs rappelé que les différences d'adhérence entre aciers passifs et précontrainte peuvent
         devoir être prises en compte le cas échéant [Chapitre 5-V].
 •   pour le béton : la résistance caractéristique à la compression du béton à 28 jours fck (compte tenu, le cas
     échéant, du minimum requis précédemment) et donc tous les autres paramètres qui en découlent fcm, fctm, Ecm
     etc.(voir tableau 3.1).
         Il est rappelé que le module E cm dépend notamment du type de granulats. L'Eurocode 2 donne des
         valeurs indicatives sur les corrections à apporter à E cm [EC2-1-1 3.1.3(2)]. Lorsque la valeur du
         module a une forte influence sur les résultats des calculs, il est recommandé de procéder à des essais.
 •   pour les armatures passives : les barres et fils à haute adhérence sont utilisés et l’acier requis est caractérisé
     par sa limite conventionnelle d’élasticité et sa classe de ductilité. Pour les ponts l'Eurocode 2 recommande de
     n’utiliser que les classes de grande et très grande ductilité B et C [EC2-2 3.2.4(101P)]. On utilisera donc en
     principe les aciers B500B en général et l'acier B500C dans le cas de besoin d'une très grande ductilité, par
     exemple pour une conception vis-à-vis du séisme. Néanmoins l'emploi de la classe A pour les armatures de
      tranchant et de torsion est admis par l'annexe nationale. Pour plus d'informations on ira utilement consulter la
      norme EN 10080.
•     pour les armatures de précontrainte : il convient d'avoir recours à un acier à haute résistance, caractérisé
      principalement par sa résistance caractéristique à la traction fpk et sa classe de relaxation (classe 2 de
      relaxation de l'Eurocode 2 [EC2-1-1 3.3.2 (4)P]).
•     pour le ciment il y a lieu de faire un choix parmi les 3 classes de ciment S, N et R dont dépendent certaines
      données qui entrent dans le calcul de la montée en résistance du béton au cours des 28 premiers jours
      (caractérisé par le coefficient βcc) [EC2-1-1 3.1.2(6)], ou encore dans le calcul des coefficients de fluage et
      de retrait [EC2-1-1 Anx.B 3.1.4]
          Pour les projets courants on peut adopter la classe de ciment N. Lorsque la conception de l'ouvrage
          nécessite une mise en tension de la précontrainte sur un béton jeune, il est souvent nécessaire de
          recourir à un ciment de classe R pour raccourcir la durée d'attente avant mise en tension.
L'Eurocode 2 n'a pas reconduit la définition de niveaux discontinus : il passe de façon progressive d'une
précontrainte partielle à une précontrainte totale, laissant l'entière liberté au concepteur. Afin de ne pas multiplier
les choix, le Chapitre 7- donne des indications sur les niveaux de précontrainte possibles en service.
Les mêmes réflexions doivent être menées en phase de construction : il convient de définir les tractions
admissibles en fonction du type de charges et des phases considérées. Là aussi, l'Eurocode 2 donne quelques
indications qui peuvent être adaptées en fonction des projets. On se réfèrera également au Chapitre 7- pour une
présentation de ces règles.
 Les déformations différées du béton dues au retrait et au fluage sont à prendre en compte dans les justifications
 aux ELS et généralement négligées aux ELU, sauf quand leurs effets sont significatifs, comme par exemple pour
 les vérifications aux ELU de stabilité de forme, pour lesquelles les effets du second ordre ont une importance
 particulière [EC2-1-1 2.3.2.2].
         On peut signaler d’une manière générale que le retrait et le fluage sont des phénomènes très
         complexes qui encore aujourd’hui ne sont pas complètement maîtrisés ; les modèles codifiés de ces
         phénomènes qui permettent d’effectuer des calculs, en dépit de leur apparente sophistication, sont
         encore assez loin de bien pouvoir représenter la réalité. De plus, l’intensité de ces phénomènes dépend
         fortement de paramètres comme l’humidité ambiante, les dimensions des éléments, la composition du
         béton. Il faut donc garder une certaine prudence vis-à-vis de la précision des résultats des calculs.
         Les pratiques antérieures faisaient abstraction des phénomènes de retrait et de fluage pour les calculs
         des sections en béton armé : le fluage est pris en compte de manière forfaitaire par les coefficients
         d'équivalence, et le retrait par des joints de dilatation et un ferraillage appropriés.
         En revanche, les effets du fluage et du retrait sur la précontrainte sont importants et font baisser de
         manière significative l’effort de précontrainte introduit initialement dans les structures. De plus, pour
         les structures hyperstatiques précontraintes, les déformations dues au fluage peuvent entraîner
         d'importantes redistributions d'efforts. Aussi, pour les structures en béton précontraint, il est plus
         exact de dire que les effets du retrait et du fluage sont pris en compte pour les vérifications aux ELS,
         comme aux ELU. Plus précisément, de manière conventionnelle, leurs effets, déterminés pour les
         vérifications aux ELS, pourront être conservés pour la suite des vérifications aux ELU.
I.      RETRAIT
 Le retrait est une diminution de volume du béton non chargé qui commence au cours de son durcissement et se
 prolonge jusqu’à la maturation définitive du béton. L’Eurocode 2 distingue principalement deux sortes de retrait
 selon leur origine : le retrait endogène (ou retrait au jeune âge) d’origine chimique, qui commence très tôt pour se
 terminer assez rapidement au bout de quelques jours et qui est dû à la diminution de volume de la pâte de ciment
 au cours de son hydratation; le retrait de dessiccation (ou exogène), dû à la variation d’hygrométrie interne, qui
 ne commence pratiquement qu’au décoffrage et qui constitue un processus lent, de longue haleine.
 C'est bien la déformation totale de retrait qui doit être prise en compte dans les calculs. Ceci étant, le risque de
 fissuration suite à des déformations gênées produites par les retraits thermique et endogène dans un béton frais
 coulé au contact d'un béton durci est particulièrement important pour être souligné par l'Eurocode 2
 [EC2-1-1 3.1.4(6)].
         La prise en compte du retrait dans l'analyse structurale a été rappelée au début de ce chapitre pour la
         détermination des sollicitations.
         Pour le calcul des contraintes :
         §    l'effet du retrait n'intervient plus directement dans le cas général où d'autres charges que le retrait
             sont appliquées.
         §    à l'inverse, l'effet du retrait seul et empêché est une cause de la fissuration, et mérite une étude
             particulière; on se reportera à l'exemple de calcul donné en [Annexe VII] du présent guide.
II.     FLUAGE
 Le fluage du béton est le phénomène selon lequel la déformation du béton soumis à une charge constante continue
 de croître dans le temps. Le fluage dépend aussi, en plus des facteurs cités ci-dessus, de la maturité du béton lors
 du premier chargement ainsi que de la durée et de l’intensité de la charge appliquée. L’hypothèse simplificatrice
 d’un fluage linéaire du béton est communément admise à la condition de limiter la contrainte de compression
 dans le béton à 0,45 fck (ou 0,45 fck(t0) si le béton est chargé à un âge t0) sous combinaison de charges quasi-
 permanentes [EC2-1-1 3.1.4(4) et 7.2(3)].
 Cette façon de faire est valable aux ELS comme aux ELU. On peut préciser que pour des structures entièrement
 en béton et construites sans phases cela n'a pas d'incidence sur les sollicitations et affecte uniquement les résultats
 relatifs aux déformations. A l'inverse pour des structures construites par phases ou pour des structures
 composites acier-béton les sollicitations sont évidemment aussi modifiées.
         Pour les structures construites par phases, un calcul avec fluage scientifique donnera des résultats
         plus précis (voir plus loin). Pour les structures composites, l'Eurocode 4 donne les valeurs de
         coefficients d'équivalence à utiliser en fonction du type d'action.
        La façon de prendre en compte le fluage aux ELS dans le calcul des contraintes en section fissurée
        n'est pas détaillée par l'Eurocode 2. A défaut de calcul plus précis, on peut reconduire les coefficients
        d'équivalence, utilisés dans la détermination des sections homogènes réduites [Chapitre 3-III.1].
                                             moment QP
                                             1er ordre
                                               678
                                               M 0 Eqp
                 ϕ
                 { ef = ϕ(∞,t 0 )
                        124 3                 M 0 Ed
                fluage        fluage         1
                                             42   43
                effectif      final    moment de la combinaiso n
                                       considérée 1er ordre
        Il est également possible de définir ϕ ef à partir des moments fléchissants totaux M Eqp et M Ed mais
        ceci nécessite une itération et une vérification de la stabilité sous l’état permanent avec ϕ ef = ϕ(∞, t 0 )
        [EC2-1-1 5.8.4(2) note]
        Si le rapport des moments varie dans l’élément ou la structure, on peut calculer le rapport pour la
        section de moment maximal, soit utiliser une valeur moyenne représentative [EC2-1-1 5.8.4(3)]. On
        privilégiera plutôt la valeur moyenne représentative si on peut la déterminer facilement, car c’est la
        déformation de l’ensemble de la structure qui est intéressante.
L'effet du fluage est alors considéré comme pris en compte par l'utilisation du diagramme contraintes-
déformations du béton obtenu en multipliant toutes les valeurs des déformations relatives par un facteur (1+ϕef)
[EC2-1-1 5.8.6(4)].
         Une analyse non-linéaire se poursuit généralement jusqu'à une vérification aux ELU, ce qui explique
         les définitions de M0Eqp qui est un moment fléchissant provenant d'une combinaison quasi-permanente
         et M0Ed qui est un moment fléchissant de combinaison fondamentale ELU. Une adaptation de la
         méthode aux ELS consisterait à prendre un moment de combinaison caractéristique pour cette
         dernière valeur.
              1
 ks =                 pour les BHP
         (1 + 12ρ s )
    étant le pourcentage des armatures adhérentes, rapport de la section des armatures adhérentes à la section de
     s
 béton.
Chapitre 5- La précontrainte
Chapitre 5- LA PRECONTRAINTE
Chapitre 5- La précontrainte
 Avec l’Eurocode 2 la séparation très nette que faisaient les règles françaises entre béton précontraint et béton
 armé s’estompe pour donner naissance à un texte unique traitant globalement des constructions utilisant le
 matériau béton renforcé par des armatures en acier, qu’elles soient passives ou actives. On peut dire qu’il y a une
 sorte de continuité allant du béton armé où la précontrainte est inexistante au béton à précontrainte totale, en
 passant par du béton à précontrainte partielle.
 L'Eurocode 2 se borne d’ailleurs à la seule précontrainte apportée par la mise en tension d’armatures (barres, fils
 et torons) et en définitive l'essentiel du traitement de la précontrainte apparaît dans le texte de l'Eurocode 2 partie
 1-1 en [EC2-1-1 5.10] ; d'autres éléments indispensables sont donnés de façon disséminée, là où c’est logique et
 nécessaire, sous forme de règles spécifiques. C’est de cette manière notamment que les particularités qui
 caractérisent la précontrainte par pré-tension, post-tension ou extérieure et non-adhérente sont introduites. Ceci
 étant, rien de fondamental n’a été modifié dans la prise en compte de la précontrainte par l'Eurocode 2.
 Mais la précontrainte c'est avant tout les systèmes de précontrainte qui sont des produits de construction. Et, là
 aussi, la logique d'harmonisation européenne joue, avec l'apparition des Agréments techniques européens (ATE),
 dont il convient de dire quelques mots, puisqu'ils sont indissociables de l'utilisation des eurocodes.
Chapitre 5- La précontrainte
Chapitre 5- La précontrainte
Chapitre 5- La précontrainte
Chapitre 5- La précontrainte
 Les différentes méthodes permettant le passage à l'évaluation des effets structurels induits par le comportement
 différé du béton sont décrites brièvement dans l'Annexe KK de l'Eurocode 2 partie 2, notamment la méthode du
 temps équivalent.
 Les pourcentages de majoration et minoration sont respectivement de 10% (rsup = 1,1 ; rinf = 0,9) pour la
 précontrainte intérieure adhérente par post-tension et de 5% pour la précontrainte extérieure ou la précontrainte
 par pré-tension (rsup = 1,05 ; rinf = 0,95).
          Lorsque des mesures appropriées sont prises comme par exemple la mesure directe de la précontrainte
          par pré-tension on peut adopter r sup = r inf =1 .
IV.3. En construction
 Dans les situations en construction les annexes nationales des parties 1-1 et 2 précisent qu'il est possible de
 prendre rsup = rinf = 1,0 lorsque des précautions particulières sont prises, tant au niveau de la conception qu´au
 niveau de l´exécution, pour que la précontrainte probable Pm soit réalisée dans l´ouvrage.
Chapitre 5- La précontrainte
V.       ADHERENCE DE LA PRECONTRAINTE
Les aciers de précontrainte présentent une moins bonne adhérence au béton que les aciers passifs à haute
adhérence. Dans les calculs de contraintes en sections fissurées, les surtensions dans les aciers passifs seraient
donc plus importantes que celles calculées en supposant une adhérence parfaite des aciers de précontrainte.
Le problème ne se pose que pour les calculs de contraintes dans les structures à précontrainte partielle (c'est-à-
dire les structures précontraintes susceptibles d'être significativement fissurées aux ELS).
Deux méthodes sont possibles pour prendre en compte cette différence de comportement vis-à-vis de l'adhérence :
• faire un calcul en faisant l'hypothèse d'une adhérence parfaite, et corriger ensuite les contraintes obtenues
•    faire un calcul de contraintes en réduisant "à la source" la contribution de la surtension des armatures de
     précontrainte.
Ces deux méthodes sont envisagées dans l'Eurocode 2. La première est recommandée pour les calculs en fatigue
[EC2-1-1 6.8.2(2)P], la seconde est proposée pour le calcul du ferraillage minimum ELS [EC2-1-1 7.3.2(3)].
La première méthode a l'avantage de la simplicité mais ne permet pas d'obtenir un état de contraintes qui respecte
les conditions d'équilibre général de la section.
Les modalités d'application suivantes sont recommandées :
     •    Pour les calculs en fatigue des structures à précontrainte partielle, on applique la méthode recommandée
          par l'Eurocode 2 [EC2-1-1 6.8.2]. Une borne supérieure à la variation de contraintes dans les aciers
          passifs peut être obtenue en négligeant totalement les surtensions ∆σ p dans les aciers de précontrainte
          au-delà de l'état de déformation nulle du béton adjacent.
     •    Pour les calculs de contraintes aux ELS dans les structures précontraintes non fissurées, on néglige les
          surtensions ∆σ p dans les aciers de précontrainte.
         Pour les calculs de contraintes aux ELS dans les structures à précontrainte partielle, l'Eurocode
         n'indique pas de méthode précise. On peut s'inspirer de la seconde méthode, qui consiste à calculer
         l'état d'équilibre de la section en pondérant la surtension ∆σ p par un coefficient ξ1 (borné
Chapitre 5- La précontrainte
        supérieurement à 1,0) – ou, ce qui est équivalent, à réduire la section de précontrainte Ap par ce même
        coefficient ξ1 .
        Là aussi, une borne supérieure à la variation de contraintes dans les aciers passifs peut être obtenue
        en négligeant totalement les surtensions ∆σ p dans les aciers de précontrainte.
Des exemples de calcul sont donnés dans les chapitres ELS et ELU de fatigue (application à une dalle de PSIDP
calculée en précontrainte partielle).
        L'utilisation de modèles de calcul plus complexes, représentant de façon adéquate les différences
        d'adhérence entre aciers, reste possible. Voir par exemple l'article de F. Toutlemonde et R. Pascu, du
        Bulletin des Laboratoires des Ponts et Chaussées n°241 de novembre-décembre 2002.
Pour la précontrainte extérieure la surtension résulte de la valeur moyenne de l'allongement entre deux déviateurs,
ou sur une plus grande longueur en cas de glissement sur ces déviateurs. La surtension est donc faible et du fait
de la possibilité de glissements son estimation est aléatoire. Aux ELS, la surtension est donc totalement négligée.
Aux ELU, l'Eurocode autorise une prise en compte forfaitaire de la surtension [Chapitre 6-I.1].
 Ce chapitre traite des justifications aux ELU, en particulier de l'ELU de résistance vis-à-vis de la flexion, de
 l’effort tranchant, de la torsion, et du poinçonnement.
 Les justifications pour des ELU plus spécifiques comme la fatigue, la rupture fragile et le flambement sont
 également présentées.
 Il faut se reporter par contre au calcul des plaques du Chapitre 10-IV pour trouver des éléments concernant le
 cumul des effets de la flexion longitudinale et des effets locaux.
 Le calcul des sollicitations est généralement effectué sur la base d’une analyse élastique linéaire sans
 redistribution (sauf pour l'étude de la stabilité de forme), en tenant compte des caractéristiques des sections
 brutes [Chapitre 2-VI.2.2] et le cas échéant de la largeur participante [EC2-1-1 5.3.2.1 et Chapitre 2-VI.2.1].
 La seule différence par rapport aux pratiques antérieures vient de la prise en compte de la précontrainte
 extérieure.
 L'Eurocode autorise en effet la prise en compte des surtensions dans les câbles non-adhérents. L’accroissement
 de contrainte dans les armatures de précontrainte non-adhérente (par exemple pour la précontrainte extérieure)
 peut être évalué :
     o   à défaut de calcul précis, en prenant en compte un accroissement forfaitaire de 100 MPa [EC2-1-1 et
         EC2-1-1/AN 5.10.8(2)],
     o   sinon, en tenant compte de la déformation d’ensemble de l’élément [EC2-2 5.10.8(103)], au moyen d’une
         analyse non-linéaire géométrique (second ordre, [EC2-1-1 5.7(1)]).
         Il est en général plus défavorable de négliger l’effet de cet accroissement de tension.
         Lorsqu’il est utile d’évaluer cet accroissement, on peut considérer un câble totalement glissant (en
         particulier au droit des déviateurs) au tracé identique au câble réel.
I.1. Lois matériaux utilisées pour les vérifications des sections à la flexion
 Le calcul des sections est basé sur l’utilisation des diagrammes contraintes-déformations particulières données
 dans la Section 3 de l’Eurocode 2 partie 1-1 [EC2-1-1 3.1.7], [EC2-1-1 3.2.7] et [EC2-1-1 3.3.6].
I.1.1. Béton
Plusieurs lois de comportement peuvent être utilisées :
                   ε    
                              n
                                  
σ c = f cd 1 − 1 − c   
                          
                                      pour 0 ≤ ε c ≤ ε c 2
             ε c2              
                                 
σ c = f cd                             pour ε c 2 < ε c ≤ ε cu 2
        Cette loi n’est pas constituée en fait d’une parabole pour les bétons dont la résistance est supérieure à
        50 MPa, dits bétons BHP, puisque l’exposant n est alors compris entre 1,75 pour du C55/67 et 1,4
        pour du C90/105.
σc
fcd
                                                                                    εc
                                            0              εc2               εcu2
                   Fig./Tab.I.(1) : Loi de comportement du béton pour le calcul des sections
Deux autres lois appelées simplifiées sont admises et sont considérées comme équivalentes à la loi "parabole-
rectangle" :
σc
fcd
εc
0 εc3 εcu3
                          f cd = α cc × f ck
                                               γC
       avec     α cc coefficient tenant compte des effets de la durée d’application de la charge sur la résistance
en compression du béton, coefficient dont l’annexe nationale a fixé la valeur à α cc = 1,0
• la loi bilinéaire à palier horizontal, pour laquelle il n’y a pas de limitation des déformations de l’acier ;
                                  f yk
                         f yd =
                                         γS
         avec    γ S coefficient partiel de l’acier de béton armé [EC2-1-1/AN 2.4.2.4(2)] de valeur 1,15 en
situations durable et transitoire et 1,0 en situation accidentelle.
•   une loi représentant le diagramme réel des aciers, sous réserve de lui appliquer le coefficient 1/γS au delà de
    fp0,1k ) [EC2-1-1 3.3.6(7)]. Pour les torons, la loi du règlement antérieur (conforme à la figure [EC2-1-1 3.3.6
    fig.3.9] peut donc être reprise, elle est donc mentionnée sur la figure suivante.
                                 As2                                                                 (1-εc2/εcu2) h
                                                                                            C        (1-εc3/εcu3) h
            d                                      A
      h
                               Ap                                  ∆εp             εp(0)
                       As1
                                       εs εp                                                    εc
                                                 εud                            εc2     εcu2
                                                                         0
                                                                               (εc3)   (εcu3)
 Il faut s’assurer que les déformations ultimes admissibles ne sont pas atteintes, le cas échéant.
 Par ailleurs, pour les membrures comprimées des poutres-caissons (charge relativement centrée vérifiant
  e
    < 0,1 ), il faut vérifier que la déformation moyenne en compression dans la membrure est inférieure à εc2 (ou εc3
  h
 selon le diagramme utilisé) – [EC2-1-1 6.1(5)].
          Cette clause peut être dimensionnante pour les pièces fortement sollicitées (hourdis inférieur sur
          appuis). Il peut être nécessaire de limiter la déformation en fibre extrême à une valeur inférieure à
           cu2(ou 3) pour pouvoir respecter cette condition.
I.3. Conclusion
 Le principe du calcul des sections à l’ELU est conforme aux habitudes de calcul antérieurement pratiquées en
 France, avec une légère réduction des quantités pour les raisons suivantes :
 - α cc = 1,0
 - possibilité d'utiliser un diagramme bilinéaire incliné pour les aciers, qui permet une réduction de quelques
 pourcents du ferraillage.
          On a l'impression qu'on pourrait gagner 5 à 8%, mais en réalité le gain est bien moindre à cause de la
          limitation imposée au béton.
 - possibilité de prendre en compte la surtension des câbles de précontrainte extérieure.
 En revanche, la suppression du pivot A, lorsqu'on utilise des diagrammes à palier horizontal pour les armatures
 de béton armé et de précontrainte, ne permet pas, de façon générale, de réduire les quantités d'aciers, car dans ce
 cas c'est le pivot B qui impose les limites.
 •    des composantes d'effort tranchant dans le cas d'éléments de hauteur variable dues à l'effet Résal [Chapitre
      10-I.1].
Dans la suite les expressions font apparaître uniquement bw ; il faut lire bw,nom le cas échéant.
 •   une vérification de la résistance de la section sans armatures d'effort tranchant. Si celle-ci est concluante,
     seul le ratio minimum d'armatures [EC2-1-1 9.2.2] rappelé en [Chapitre 9-III.1] est à mettre en uvre et la
     vérification ci-dessous n'est pas à faire ; il peut être cependant être omis dans le cas des dalles (pleines,
     nervurées ou alvéolées) lorsqu’une redistribution transversale des charges est possible [EC2-1-1 6.2.1(4)].
 •   une vérification de la résistance avec armatures d'effort tranchant qui comprend à la fois la vérification de la
     résistance des bielles de béton et celle de la résistance des armatures de cisaillement ;
 •   la prise en compte de l’effort de traction longitudinal supplémentaire qui doit intervenir dans le
     dimensionnement des armatures longitudinales.
         Les règles générales édictées pour la justification des sections s'appliquent lorsque les charges sont
         appliquées en partie supérieure des éléments.
         Lorsque des charges sont appliquées en partie inférieure, il faut ajouter des armatures verticales
         suffisantes pour transmettre la charge en partie supérieure [EC2-1-1 6.2.1(9)].
         Ces conditions peuvent se présenter lors de croisement de poutres.
         Elles se présentent également dans les ponts caissons :
         - le poids du hourdis inférieur exerce directement une traction sur le bas des âmes.
         - pour des caissons de hauteur variable avec hourdis courbe, l'effort normal Ni résultant de l'ensemble
         des contraintes normales sur celui-ci, induit une poussée au vide Q = Ni / R où R est le rayon de
         courbure du hourdis. Dans le cas où Ni est une traction, Q exerce une traction sur les âmes.
         - les câbles de précontrainte, situés dans le hourdis inférieur ou dans le bas des âmes, induisent
         également une poussée au vide QP = FP / R vers le bas.
Q=Ni/R R
                                                                                Ni
                                   Ni
II.2.1. Eléments pour lesquels aucune armature d'effort tranchant n'est requise
             [                                  ]
VRd, c = C Rd, c k (100 ρ1 f ck ) 3 + k 1 σ cp b w d
                                        1
                                                                                    [EC2-1-1 6.2.2 Expr.(6.2.a)]
où
                     200
     k =1 +              ≤ 2,0 avec d exprimé en mm
                      d
1 = A sl /b w d ≤ 0,02
             L'expression (6.2a) fait intervenir le ratio d'armatures longitudinales ρl = Asl / bw d dans lequel
             peuvent être comptées les armatures de précontrainte adhérentes. Ce ratio est surtout prévu pour des
             sections rectangulaires et n'a pas beaucoup de signification pour les poutres caissons, pour lesquelles
             il est préférable de le négliger et de ce fait, ne retenir que l'effort résistant donné par l'expression
             (6.2b).
             Les expressions (6.2a) et (6.2b) ne diffèrent que par le premier terme de la somme entre parenthèse.
             La comparaison de ces deux termes montre que pour les dalles bénéficiant d'un effet de redistribution
             transversale, l'expression (6.2b) est toujours prépondérante.
Les valeurs de vmin préconisées par l'annexe nationale appellent les commentaires suivants :
        Le coefficient partiel γC est mis en évidence ce qui permet de traiter les cas de situations accidentelles.
        La valeur préconisée pour les dalles bénéficiant d'un effet de redistribution transversale donne des
        efforts résistants beaucoup plus élevés que pour les poutres à dimensions égales.
II.2.2. Eléments pour lesquels des armatures d'effort tranchant sont requises
Cette vérification est basée sur un modèle de treillis tel que représenté ci-après [EC2-1-1 6.2.3] :
Elle nécessite :
    o   la vérification de la résistance des bielles
    o   la vérification ou la détermination des armatures d'effort tranchant
L'Eurocode 2 présente à la fois le cas des armatures perpendiculaires à la fibre moyenne ( = 90°) pour
lesquelles les expressions se simplifient et celui des armatures inclinées d'un angle quelconque. Par la suite, les
expressions avec un angle quelconque sont explicitées; leur simplification est facile et immédiate.
        Lorsqu'on souhaite minimiser le ferraillage d'effort tranchant, on choisira l'inclinaison des bielles la
        plus faible compatible avec leur résistance en compression. Cela peut toutefois conduire à majorer de
        façon importante les aciers longitudinaux. De plus, si la direction des bielles choisie à l'ELU est trop
        éloignée de la direction élastique des contraintes principales de compression à l'ELS, des fissurations
        importantes peuvent se produire sous effort tranchant en service, accompagnées de problèmes de
        fatigue.
        Dans le cas d'éléments de ponts en béton armé, il est donc recommandé de ne pas trop incliner les
        bielles à l'ELU, pour ne pas créer de problème de fissuration excessive en ELS. On pourra par
        exemple borner inférieurement l'inclinaison à 34° (cot34° = 1,5), conformément à l'annexe nationale
        [EC2-1-1/AN 7.3.1(10) et EC2-2/AN 6.8.1(102)].
        Dans le cas d'éléments en béton précontraint, où les suppléments d'aciers passifs longitudinaux sont
        faibles, il est généralement intéressant d'incliner les bielles le plus possible.
        Il faut signaler enfin que le schéma présenté dans la figure ci-dessus n'est valable qu'en partie
        courante de la poutre. Près des appuis, une étude spéciale de la bielle d'about doit être effectuée. Le
        choix d'une bielle trop inclinée peut nécessiter d'ancrer des aciers longitudinaux en quantité
        importante, et on peut avoir intérêt à réduire l'inclinaison des dernières bielles.
Il convient de vérifier :
VEd ≤ VRd,max
VEd est l'effort tranchant agissant de calcul.
VRd,max est l'effort résistant de la bielle en béton qui est donné par :
VRd,max = α cw b w z ν1 f cd (cotθ + cotα) (1 + cot 2 θ)                      [EC2-1-1 Expr.(6.14)]
       cw est un coefficient prenant en compte l'état de contrainte dans la membrure comprimée. Les valeurs
recommandées, validées par l'annexe nationale, sont les suivantes :
        1                     pour les structures non précontraintes
        (1 + σcp/fcd)         pour 0 < σcp ≤ 0,25 fcd                   [EC2-1-1 Expr.(6.11.aN)]
        1,25                  pour 0,25 fcd < σcp ≤ 0,5 fcd             [EC2-1-1 Expr.(6.11.bN)]
        2,5 (1 - σcp/fcd) pour 0,5 fcd < σcp < 1,0 fcd                  [EC2-1-1 Expr.(6.11.cN)]
L'annexe nationale complète et précise que pour le cas d'éléments en flexion composée avec un effort de traction,
mais dont une membrure reste comprimée, on peut prendre :
         cw,t   = 1+σct/fctm
Le cas d'une section entièrement tendue n'est toutefois pas traité.
        Pour la détermination de cw , σcp est la contrainte de compression moyenne (>0), σct est la contrainte
        de traction moyenne (<0), chacune étant déterminée sous l'effort normal de calcul sur la section de
        béton, en tenant compte des armatures.
        Plus précisément, les contraintes normales peuvent être déterminées par un calcul élastique
        conventionnel bien que le calcul soit mené aux ELU. On a alors σcp = N/S (contrainte au centre de
        gravité de l'ensemble de la section). Pour les sections non précontraintes, on trouve bien σcp = 0 et
        αcw = 1.
         Pour prendre en compte les armatures on utilise les valeurs de coefficient d'équivalence n données au
        [Chapitre 3-III.1.4]. Dans le cas de sections très comprimées, il est du côté de la sécurité de négliger
        la participation des aciers. Dans le cas de sections peu comprimées, une variation de 15% de la
        section (obtenue pour un ratio d'armatures longitudinales de 1%), n'entraîne qu'un écart de 3%
        environ sur cw.
        Il est précisé qu'il n'y a pas lieu de calculer la valeur de σcp à une distance inférieure à 0,5d×cot du
        nu de l'appui.
Si l'effort tranchant sollicitant de calcul VEd est supérieur à VRd,max calculé ci-dessus, la bielle n'a pas assez de
capacité de résistance. Elle peut être trop inclinée par rapport à la verticale et/ou l'épaisseur des âmes est
insuffisante. Il faut commencer par redresser la bielle. Lorsque celle-ci atteint 45°, et si la résistance n'est
toujours pas suffisante, il faut alors augmenter l'épaisseur des âmes.
        Toutefois dans certains cas, la résistance des bielles peut être augmentée [Chapitre 10-I.6].
La détermination des armatures se fait en égalant cette capacité de résistance au tranchant sollicitant de calcul
VEd :
                                      VEd
         A sw s =
                       z f ywd   (cot θ + cot α) sin α
        La section efficace des armatures est plafonnée à la valeur donnée par l'expression suivante :
         A sw, max ⋅ f ywd
                             ≤ 1 α cw   ⋅   1 ⋅   f cd / sin α                              [EC2-1-1 Expr.(6.15)]
              bw ⋅ s           2
        Cette expression est à utiliser en prenant en compte les valeurs de f cd et f ywd obtenues en situation
        durable et transitoire. Elle ne s'applique pas en situation accidentelle.
        Elle traduit l'égalité de VRd , max et VRd ,s lorsque la résistance des bielles est atteinte pour leur angle
        d'inclinaison maximum de 45° ou cot θ = 1 , c'est à dire lorsque VEd épuise totalement la résistance du
        béton de la section.
        Dans le cas où il n'y a pas de discontinuité de VEd (chargement uniforme par exemple), la
        détermination des armatures d'effort tranchant sur une longueur élémentaire 1 = z (cot θ + cot α) peut
        être effectuée en considérant la plus petite valeur de VEd sur cette longueur [EC2-1-1 6.2.3(5)].
        Cette disposition revient à décaler la courbe enveloppe des sections d'armatures d'effort tranchant
        vers les appuis.
      II.2.2.c) Cas des ouvrages construits par tronçons préfabriqués et sans précontrainte adhérente
Ce cas est traité en [EC2-2 6.2.3(109)].
Dans ce cas, l'ouverture du joint dans les membrures tendues diminue la hauteur du béton comprimé qui permet
la transmission des bielles. La section des armatures d'effort tranchant doit tenir compte de cette hauteur réduite.
La hauteur réduite hred est la hauteur de béton comprimé, calculée lors de la vérification de la section en flexion
aux ELU.
Il faut alors vérifier que hred > 0,5h. Sinon ,il faut augmenter la précontrainte pour recomprimer les joints.
L'angle d'inclinaison des bielles se déduit de la valeur de hred par l'expression suivante :
                          h red =
                                       VEd
                                               (cot θ + tan θ)        [EC2-2 Expr.(6.103)]
                                    b w ν f cd
La section des armatures d'effort tranchant est alors donnée par :
                          A sw          VEd
                               =                                      [EC2-2 Expr.(6.104)]
                           s     h red f ywd cot θ
        On remarque que ces expressions se déduisent de celles du calcul de résistance des sections courantes
        en remplaçant z par hred .
Par ailleurs sa prise en compte doit être telle que (MEd/z +∆Ftd) ≤ MEd,max/z                  [EC2-1-1 6.2.3(7)] et
[EC2-2 6.2.3(107)].
Pour des éléments comportant un ferraillage d'effort tranchant, cet effort ∆Ftd peut être obtenu par un décalage de
la courbe des moments de :
                 a l = z (cot -cot )/2                           [EC2-1-1 Expr.(9.2)]
                Avec :     inclinaison des bielles d'effort tranchant
                            inclinaison des aciers sur l'axe longitudinal de la poutre
                          z bras de levier du couple élastique.
        On démontre facilement que l'expression donnant le décalage correspond à l'hypothèse d'un treillis
        multiple (ce qui est assez vrai pour les structures de ponts dans lesquels les éléments sont de grande
        hauteur par rapport à l'espacement des armatures transversales). Pour un treillis simple et des
        armatures non-inclinées le décalage vaut zcotθ.
Cette disposition est représentée par la figure [EC2-1-1 Fig.9.2] reproduite ci-dessous.
Cependant, dans le cas où les efforts sollicitants sont tels qu'il n'y a pas besoin d'armatures d'effort tranchant, il
convient de prendre :
                 al = d   avec d = hauteur utile              [EC2-1-1 6.2.2(5)]
         Cette possibilité est prévue en [EC2-1-1 6.3.2(3)] pour la torsion, mais est aussi applicable au cas de
         l'effort tranchant.
 Dans la membrure tendue, l'effort de traction est équilibré par les armatures longitudinales (aciers passifs et
 éventuellement précontrainte adhérente) [EC2-1-1 6.2.3(7) et EC2-2 6.2.3(107) note]. La contrainte de traction
 dans les armatures de béton armé doit rester inférieure à la contrainte limite définie par [EC2-1-1 3.2.7] et la
 tension totale des armatures de précontrainte doit rester inférieure à la contrainte limite définie par
 [EC2-1-1 3.3.6].
 Pour la prise en compte des armatures de précontrainte adhérentes dans le cas où elles sont inclinées,
 l’Eurocode 2 propose un système de treillis explicité par la figure reproduite ci-dessous [EC2-2 Fig.6.102N].
         Nota : La résistance des armatures doit également prendre en compte les sollicitations de torsion
         concomitantes. Les armatures de précontrainte adhérentes peuvent participer à la résistance mais en
         tout état de cause leur surtension totale est limitée à p = 500 MPa [EC2-2 6.3.2(103)]. Cette limite
         est rarement atteinte dans la pratique. D'autre part, la surtension doit être déterminée à partir de
         l'état permanent.
cette distance sont cependant maintenues jusqu'à l'appui. Il convient de vérifier que l'effort tranchant sur appui
n'excède pas VRd,max [Chapitre 6-II.2.2].
        Pour les ponts en béton, les effets des charges permanentes sont généralement supérieurs à ceux des
        charges d'exploitation, ils peuvent alors être considérés comme soumis principalement à des charges
        réparties.
Fig./Tab.II.(7) : Armatures d'effort tranchant dans le cas de transmission directe aux appuis
         dans le sens de la sécurité. L'étude précise de la bielle d'about devrait conduire à un effort
         intermédiaire entre les valeurs de 0,5VEd×cotθ et VEd×cotθ.
III.1. Principes
 L'Eurocode 2 ne traite explicitement que de la résistance à une torsion circulaire (ou pure) d'un élément de
 section pleine ou creuse et énonce que la torsion gênée peut être négligée dans le cas des caissons et des sections
 pleines [EC2-1-1 6.3.3].
 Par ailleurs, l'Eurocode 2 effectue la justification de la résistance en torsion circulaire dans une section fermée à
 parois minces, à partir de l'équilibre avec le flux de cisaillement exercé ; le cas d'une section pleine est traité,
 comme dans les règlements antérieurs, en l'assimilant à une section creuse à parois minces équivalentes. Chaque
 paroi de section est alors vérifiée séparément, selon le principe d'un treillis résistant à l'effort tranchant qui lui est
 appliqué.
         Dans le cas d'ouverture des joints sans armatures adhérentes, il faut se préoccuper de la modification
         du schéma de résistance et de la distribution des efforts de torsion [EC2-2 6.3(106)]. Ceci concerne
         les ouvrages en caisson construits par tronçons préfabriqués sans précontrainte adhérente dans la
         zone tendue. Le schéma de répartition des efforts peut s'apparenter alors à celui d'une section ouverte.
 L'étude des tabliers de ponts en béton vis-à-vis de la torsion, dès lors que leur section est complexe comme un
 multi-poutres ou un multi-caissons, doit être précédée d'une analyse structurale appropriée permettant de
 déterminer les sollicitations de torsion propres à chaque élément longitudinal. Si ces sections peuvent être
 considérées comme indéformables, alors elles peuvent être justifiées selon les prescriptions de l'Eurocode 2.
         Une section en T, si elle peut être considérée comme indéformable, peut être décomposée en sections
         élémentaires, modélisées chacune par une section à parois minces équivalentes. La résistance en
         torsion de l'ensemble est prise égale à la somme des résistances des sections élémentaires. Dans ce
         cas, la redistribution des moments de torsion dans les sections élémentaires doit être proportionnée à
         la rigidité de torsion à l'état non fissuré de celles-ci. Chaque section élémentaire peut être calculée
         séparément.
 Dans le cas de sections déformables l'étude doit se faire avec des méthodes appropriées.
         La torsion gênée introduit des contraintes normales qui peuvent être non négligeables dans le cas de
         profils minces ouverts et de sections très élancées. Dans ces cas, elle peut être étudiée à l'aide de
         modèles de réseaux de poutres ou de modèles aux éléments finis.
III.1.1. Calcul des flux de cisaillement de torsion dans une section creuse ou pleine
A - feuillet moyen
C - enrobage
Ce calcul nécessite la connaissance des épaisseurs des parois. Dans le cas de section creuse, tef,i sont les
épaisseurs réelles des parois.
Dans le cas d'une section pleine la figure ci-dessus représente le principe de détermination de la section creuse qui
lui est équivalente. L'épaisseur des parois tef,i est alors supposée constante.
        tef,i = A/u en général
        A            est l'aire totale de la section délimitée par le périmètre extérieur, partie creuse comprise
        u            est le périmètre extérieur de la section
        tef,i doit être supérieure à deux fois la distance entre le parement extérieur et l'axe des armatures
        longitudinales.
La sollicitation tangente VEd,i dans une paroi i du fait de la torsion est donnée par :
         VEd,i = τ T ,i t ef,i z i                                                 [EC2-1-1 Expr.(6.27)]
        zi      est la longueur de la paroi i, définie par la distance entre points d'intersection des parois
        adjacentes.
         Il y a ici un risque de confusion car le symbole choisi par l'Eurocode 2 pour la longueur de paroi est
         similaire à celui utilisé pour le bras de levier du couple élastique.
 Les justifications se font ensuite pour chacune des parois, de la même manière que pour l'effort tranchant.
 Dans le cas de sections pleines, le cumul tranchant-torsion ne peut plus se faire simplement par cumul des
 cisaillements correspondants comme présenté ci-dessus. Le cisaillement de tranchant s'exerce en effet sur toute la
 largeur de l'élément, alors que le cisaillement de torsion s'exerce sur les parois de la section creuse équivalente. Il
 est alors nécessaire de revenir aux sollicitations de tranchant et de torsion pour effectuer la vérification, comme
 présenté ci-dessous.
          est donné en 6.2.2 (6) de l'Eurocode 2 partie 1-1 et                       cw   par la note 3 de l'expression (6.9) ; ils ont été
déjà rappelés en [Chapitre 6-II.2.2.a)].
VRd,max est la valeur maximale de l'effort tranchant résistant de calcul selon les expressions (6.9) ou (6.14) de
l’Eurocode 2 partie 1-1. On est dans le cas de sections pleines, et la largeur complète de l'âme peut être utilisée
pour déterminer VRd,max.
La contrainte de cisaillement de torsion                  T,i,   se déduit aisément de la définition du flux de cisaillement [EC2-1-
1 Expr.(6.26)]:
                        TEd
             τT,i =
                      2Ak tef,i
La contrainte de cisaillement de tranchant, issue de l'effort tranchant trouvé dans le treillis constitué par chaque
paroi est obtenue en divisant cet effort tranchant par la section de la paroi (tef,i × zi) et donc une contrainte de
cisaillement moyenne.
            C'est là la différence majeure par rapport aux pratiques antérieures qui proposaient des vérifications
            ELU locales basées sur les contraintes tangentes déterminées point par point le long de la paroi avec
            les formules classiques de l'élasticité linéaire. En certains points (centre de gravité des âmes
            notamment) la contrainte de cisaillement locale est nettement supérieure à la contrainte moyenne.
Le cisaillement résistant Rd,max,i peut être conventionnellement obtenu à partir de l'expression donnant le tranchant
résistant apporté par les bielles de béton [EC2-1-1 Expr.(6.14)]. On obtient ainsi :
Dans le cas d'utilisation des contraintes de cisaillement, de la même façon, on divisera les efforts tranchants dans
chaque paroi par tef,i × zi pour faire apparaître les cisaillements moyens dans l'expression précédente, soit :
        Asw,i/s = (       V,i   +    T,i)   × tef,i × zi/(z fywd cot )
                     où
                     uk              est le périmètre de la surface Ak
Pour l'application de l'expression [EC2-1-1 Expr.(6.28)], on remarque que chacun de ses membres est équivalent
à une force au mètre linéaire de paroi.
On peut donc écrire :
                 ∆Ftd,T =TEd cotθ /(2×Ak)
Dans un hourdis d'épaisseur e dont la contrainte moyenne de compression est        h,   on peut écrire :
                 Fh = e   h
L'effort résiduel à reprendre par les armatures de torsion et par mètre linéaire de hourdis est ainsi :
                 ∆F =∆Ftd,T – Fh = TEd cotθ /(2×Ak) - e     h
Si ∆F > 0 , il reste une traction résiduelle à reprendre par des armatures. Dans le cas contraire, il n'y a pas lieu de
prévoir des armatures longitudinales complémentaires de torsion.
Cette vérification concerne en premier lieu les hourdis peu comprimés, mais elle peut également s'étendre au bas
des âmes.
        Le cumul des armatures longitudinales de torsion et des autres armatures doit normalement être
        envisagé pour des cas de charges concomitants.
où
         TRd,c     est le moment de fissuration en torsion (plus exactement moment de torsion avant fissuration de
 l'élément), qui se déduit de l'expression [EC2-1-1 Expr.(6.26)] en posant τT,i = fctd .
         soit TRd, c = 2fctd t ef,i A k
        VRd,c est l'effort tranchant résistant de calcul de l'élément en l'absence d'armatures de tranchant donnée
 par [EC2-1-1 Expr.(6.2)]
 d est calculé à partir de dy (centre de gravité des aciers longitudinaux) et dz (centre de gravité des aciers
 transversaux) :
       dy + dz
d=
           2
Il est important de noter que la diffusion de la charge se produit sur toute la hauteur de béton mais aussi sur
l’épaisseur d’enrobé.
                                           (
                             v Rd ,c = Max C Rd ,c k (100 ρ l f ck )
                                                                       1
                                                                           3   + k1 σ cp   ) ; (v   min   + k 1 σ cp   ))
où :
•      fck est donné en MPa
                  200
•       k =1+         ≤ 2,0 , avec d en mm
                   d
•      ρ l = ρ ly ρ lz (plafonné à 2%)
•      bw est la plus petite largeur de la section droite tendue. Pour une dalle de grande longueur, bw = 1000mm, de
       façon à calculer un effort VRd,c par ml
              σ cy + σ cz
•      σ cp =              en MPa, avec une valeur minimale de –1,85MPa                [EC4-2].
                   2
•      Les valeurs de CRd,c et k1 sont fournies par l’annexe nationale. On appliquera les valeurs suivantes :
                o Si σcp ≥ 0 : voir Eurocode 2 partie 2
                                      0,18
                          § C Rd ,c =       = 0,12
                                       γc
                          § k 1 = 0,10
                o Si σcp < 0 : voir EN 1994-2
                                      0,15
                          § C Rd ,c =       = 0,10
                                       γc
                          § k 1 = 0,12
• vmin = 0,035×k3/2×fck1/2
           La calibration de la formule de résistance au poinçonnement a été faite avec vmin donnant la résistance
           à l'effort tranchant des poutres en l'absence d'aciers d'efforts tranchant. Il n'y a pas lieu d'effectuer la
         correction apportée à vmin par l'annexe nationale de l'Eurocode 2 partie 1-1 pour les dalles
         bénéfiçiant d'un effet de redistribution transversale.
 Si la vérification n'est pas satisfaite il faut prévoir des aciers d'effort tranchant. On recherche alors le contour
 pour lequel cette relation est satisfaite, on dispose des aciers calculés avec l’expression (6.52) jusqu'à une
 distance de 1,5d de ce contour et on contrôle le poinçonnement au nu du poteau selon l’expression (6.53).
                                     
                 o    k=Min1+ 200 ;2 =2,0
                              170    
                 o    σ cp = 0 MPa (on néglige l'effet favorable de la compression longitudinale éventuelle)
                      C Rd ,c k (100 ρ l f ck )         = 0,38MPa
                                                 1/ 3
                 o                                                                     pour un béton C30/37
                                             3
                 o    v min = 0,035 × 2,0        2    × 30 = 0,54MPa > 0,38 MPa
        •    Justification :
    On a :        0,31MPa =vEd ≤vRd,c =0,54MPa
Le poinçonnement est donc bien vérifié : il n’y a pas besoin d’aciers verticaux.
 Les armatures d'effort tranchant soumises à des variations de contraintes doivent également faire l'objet de
 vérification à la fatigue. Mais, pour le béton précontraint où on a respecté le critère de l'annexe QQ, il n'y a pas
 de problème de fatigue car la section n'est pas fissurée en ELS et pour le béton armé l'application de la limite
 d'inclinaison de la bielle citée ci-dessus permet la dispense de la vérification.
 En conséquence, dans les exemples suivants, ne sont traitées que des vérifications d'armatures de flexion
 longitudinale à la fatigue.
lourds (le niveau élevé des charges et donc des variations de contraintes créées, un nombre de cycles élevé jouent
un rôle important dans la résistance à la fatigue).
Le principe de la justification fait appel aux notions d'étendue de contraintes, de cycles d'application, de courbes
de résistance à la fatigue, d'endommagement, de modèles de charge de fatigue, etc., et se synthétise sous la forme
de la vérification de la règle de cumul de Palmgren-Miner.
        σ0 est la contrainte sous charges permanentes et précontrainte, évoluant lentement sous des effets à long
        terme tels que retrait, fluage, pertes différées de précontrainte ou à moyen terme (gradient thermique).
        ∆σPL sont les variations de contrainte rapides sous l'effet des passages des camions les plus lourds autour
        de l'état à σ0.
L'Eurocode 2 précise ensuite que :
"L'action cyclique Qfat doit être combinée avec la combinaison de base défavorable." [EC2-1-1 6.8.3(3)]
On recherchera la combinaison qui combinée avec la charge de fatigue produit une variation de contrainte
maximale. On retiendra donc la combinaison donnant un maximum de traction dans les aciers passifs, ou une
contrainte minimale du béton au niveau de la zone d'enrobage, lorsque celle-ci reste comprimée à l'état de
référence à vide.
Pour les charges permanentes G, c'est la valeur maximale Gmax qui est retenue.
Pour la précontrainte [EC2-1-1 5.10.9] on retiendra la valeur caractéristique inférieure Pk,inf = rinf.Pm,t, Pm,t étant
la force de précontrainte probable à l'instant t. Par ailleurs, le fluage et le retrait du béton ont pour effet de
réduire la précontrainte et la compression du béton des zones d'enrobage des aciers passifs étudiés. En
conséquence la situation de l'ouvrage à long terme est en général plus défavorable. C'est donc par convention la
situation à l'infini qui servira comme situation de référence.
        Il est assez logique de prendre en compte cet état. En effet les variations de contraintes sont
        appliquées pendant toute la durée de vie de l'ouvrage. En revanche le fluage et le retrait du béton ne
        feront évoluer les efforts dans l'ouvrage que grosso-modo pendant les 20 premières années. Pour un
        ouvrage ayant une durée d'utilisation de projet de 100 ans, l'état "à long terme", qui concerne 80 % de
        cette durée d'utilisation, sera donc le plus représentatif.
L'état de référence à vide de l'ouvrage est ainsi représenté et exprimé par la combinaison :
                 C0 = Gmax + Pk,inf + 0,6.∆ΤΜ              où ∆ΤΜ représente l'effet du gradient thermique.
 Mfat = M0 + MQfat est le moment fléchissant total; il fluctue en fonction de la position de la charge de fatigue, tout
 comme MQfat le moment fléchissant dû à la charge de fatigue seule, alors que le moment fléchissant de l'état de
 référence, M0 reste constant.
 Les étendues de contraintes sont ensuite calculées à partir des sollicitations sous combinaison de fatigue,
 obtenues suite à une analyse élastique-linéaire.
         Bien que la justification à la fatigue soit une justification aux ELU car la rupture des armatures par
         fatigue est un état limite ultime, l'Eurocode 2 rappelle à juste titre que la combinaison d'actions pour
         la justification à la fatigue est de type ELS et fait intervenir des charges du niveau de charges
         fréquentes.
 •   une méthode générale avec détermination du spectre d'étendues de contrainte en utilisant les modèles de
     charge de fatigue FLM4 ou FLM5 et un calcul d'endommagement ;
 •   une méthode de l'étendue de contrainte équivalente [EC2-1-1 6.8.5] et [EC2-2 Anx.NN] , appelée par la suite
     méthode équivalente, avec détermination de l'étendue de contrainte qui donnerait un endommagement
     équivalent en utilisant le modèle de charge de fatigue FLM3 pour les ponts routes ;
 •   une méthode alternative [EC2-1-1 6.8.6] pour une vérification simplifiée des armatures passives avec
     utilisation d'une charge cyclique fréquente qui, plus précisément, peut se faire avec la combinaison de charge
     fréquente, en faisant intervenir le modèle principal de charge LM1 pour les ponts routiers.
 Dans le présent chapitre, après une présentation du principe et des exigences de base relatifs à la justification vis-
 à-vis de la rupture fragile, les deux méthodes de vérification proposées par l'Eurocode 2 partie 2 sont tour à tour
 décrites et détaillées. Une application numérique vient illustrer ces deux méthodes à partir du cas d'une poutre de
 pont VIPP. L'annexe VI développe le détail du calcul pour les exemples du PSIDP et du pont caisson construit
 par encorbellements successifs.
 Le risque visé concerne les conséquences de la rupture d'un certain nombre d'armatures de précontrainte,
 principalement par corrosion, si cette rupture se produit au voisinage d'une même section d'un élément et reste
 non observable jusqu'à apparition de la première fissuration de flexion. Lorsque la fissuration finit par se
 produire, il est nécessaire que des armatures passives puissent prendre le relais de la résistance du béton à la
 traction, avec une marge suffisante pour qu'une intervention soit possible en temps utile.
 Ce principe peut être considéré comme satisfait si les exigences définies ci-après sont respectées par les éléments
 structuraux linéaires des ouvrages (poutres, caissons, chevêtres,...) précontraints par précontrainte intérieure au
 béton, mise en uvre par post-tension [EC2-2/AN 6.1(109)]. Ces règles sont également applicables aux poutres-
 dalles lorsque le marché le spécifie. Leur extension à ce type de structure n'est toutefois recommandée que pour
 les poutres-dalles étroites (par exemple larges de moins de 4 m, encorbellements latéraux non compris).
 La justification du critère de rupture fragile peut être apportée par l'une quelconque des deux méthodes
 alternatives suivantes (l'annexe nationale écarte la possibilité d'utiliser la méthode c prévue par l'Eurocode 2) :
 •    Méthode a) : vérifier qu'en cas de ruptures successives de câbles ou de torons, la fissuration se produirait
      avant que la résistance ultime ne soit dépassée, sous l'effet des charges fréquentes ;
 •    Méthode b) : prévoir un ferraillage minimal adéquat capable de reprendre à lui seul le moment de fissuration
      en l'absence supposée de toute précontrainte ;
 Ces deux méthodes ont pour même objectif de permettre la détection d'éventuelle détérioration de la précontrainte
 par l'apparition de fissures décelables lors des surveillances normales de l'ouvrage, afin d'alerter le maître
 d'ouvrage pour une intervention en interrompant le trafic et en remplaçant les câbles corrodés avant
 l'effondrement de la structure.
         Le critère de rupture fragile concerne uniquement les zones tendues sous les sollicitations de l'ELS
         caractéristique, déterminées en négligeant les effets isostatiques de la précontrainte.
         L'Eurocode 2 ne le dit explicitement que pour la méthode b, mais c'est a fortiori vrai avec la méthode
         a) : si on a enlevé tous les câbles et que la section reste comprimée en ELS caractéristique, elle est
         comprimée en ELS fréquent et donc sa résistance ultime n'est pas dépassée.
         Le critère de rupture fragile ne s'applique qu'à la précontrainte intérieure longitudinale. Les câbles
         constituant la précontrainte extérieure, protégés par des produits souples (graisses ou cires), peuvent
         faire l'objet d'une surveillance régulière et leur endommagement est plus facilement détectable. Ils ne
         sont donc pas visés par ce critère. La corrosion de la précontrainte transversale, généralement
         injectée à la cire et non-adhérente, ne peut conduire qu'à des désordres locaux et n'est par conséquent
         pas non plus visée par ce critère.
         En outre, l'annexe nationale dispense les éléments précontraints par pré-tension de la justification à la
         rupture fragile, considérant que les câbles de précontrainte pré-tendus, sont protégés de la corrosion
         par le béton d'enrobage, au même titre que les aciers passifs, et que le risque de corrosion généralisée
         d'un câble est plus faible qu'en post-tension.
         Si les clauses [EC2-1-1 5.10.1(5)P] et [EC2-2 5.10.1(106)] sont générales, la clause [EC2-2
         6.1(109)] restreint en revanche leur application à la flexion. C'est le parti qui est retenu dans les
         exemples présentés dans la suite. Cependant, dans l'exemple du VIPP étudié, il serait pertinent de
         considérer à proximité de l'appui la rupture fragile par effort tranchant. Une indication sur la façon
         de procéder est donnée à la fin de l'application numérique.
La mise en application pratique de la méthode s'effectue sur la base des contraintes σc,f obtenues sous l'effet des
sollicitations de l'ELS fréquent en fibres extrêmes tendues et se décline 2 étapes :
         1ère étape : Déterminer, sous l'effet des sollicitations de l'ELS fréquent, le pourcentage d'armatures de
      précontrainte à considérer rompues pour provoquer la première fissuration de l'élément. Cette quantité est
      exprimée, pour chaque lit (i) de câbles, en pourcentage αi de la force de précontrainte totale Pm,t :
                                                                1  e × y
                         αi tel que :       c,f   - ∑ α i Pm, t  + 0i    = - f ctm
                                                    i           S     I 
        Dans ce calcul, il convient de considérer en premier une suppression de torons sur le lit le plus proche
        de la fibre extrême tendue (c'est à dire les plus exposés à la corrosion). Si la suppression de tous les
        câbles de ce lit ne suffit pas à provoquer la fissuration, le lit suivant sera considéré, et ainsi de suite…
        En toute rigueur, quatre combinaisons sont à envisager, qui font intervenir successivement Pm ,0 ;
        Pm ,∞ ; M ELS freq , max ; M ELS freq , min . Dans la pratique, il suffira d'étudier uniquement les combinaisons
        ( Pm ,∞ , M ELS freq , max ) et ( Pm ,∞ , M ELS freq , min ), plus représentatives du phénomène qui ne peut se
        produire qu'au bout d’un certain temps.
        Il est à noter que seul l'effet isostatique de la précontrainte est supprimé, les effets hyperstatiques étant
        emprisonnés dans la structure pour des câbles intérieurs adhérents.
         2ème étape : Vérifier qu'avec cette précontrainte réduite et une réduction proportionnelle de la section
      d'acier de précontrainte, la résistance ultime à la flexion reste supérieure au moment donné par les
      combinaisons fréquentes d'actions. Si la conclusion s'avère négative, ajouter des armatures passives de
      manière à ce que la condition soit satisfaite.
         Pour le calcul, il est conseillé de modéliser la diminution de la précontrainte (rupture des torons) par
         un chargement extérieur se cumulant au torseur de l'ELS fréquent :
                  Ntot = NELS freq – Σ αι .Pm,t
                  Mtot = MELS freq – Σ αι .Pm,t . e0 i
         où NELS freq et MELS freq représentent le torseur d'efforts s'appliquant sur la section pour la combinaison
         à l'ELS fréquent étudiée (y compris les effets de la précontrainte complète) .
         On vérifie alors que le couple Nto t, Mtot se trouve à l'intérieur du diagramme de résistance, obtenu en
         appliquant aux matériaux les coefficients partiels correspondant à la situation de projet accidentelle.
         L'Eurocode 2 partie 2 précise que les effets de la redistribution éventuelle des sollicitations, liée à la
         fissuration, peuvent être pris en compte. Toutefois cette prise en compte résulte d'une analyse non
         linéaire qui n'est habituellement pas pratiquée dans le cadre des calculs usuels à l'ELU de résistance,
         et peut être négligée.
         - zs est le bras de levier des aciers passifs à l'ELU de résistance (≈ 0,9 d dans le cas d'une section
         rectangulaire).
         Il est à constater que, du point de vue des sections d'armatures calculées, la méthode (b) constitue une
         enveloppe de la méthode (a) lorsque l'on suppose tous les câbles de précontrainte rompus. Il s'agit en
         réalité du ferraillage de non-fragilité calculé avec N = 0 .
 A s, min doit être disposé dans toutes les zones tendues sous les sollicitations de l'ELS caractéristique, déterminées
 en négligeant les effets isostatiques de la précontrainte.
 En outre, il convient de comptabiliser dans A s, min , tous les aciers passifs longitudinaux disposés pour d'autres
 raisons (ferraillage de flexion longitudinale, minimum, fatigue, etc…).
         L'Eurocode 2 partie 2 prévoit également, et sous certaines conditions, de comptabiliser dans A s, min
         les armatures de précontrainte pré-tendues [EC2-2 6.1(110) ii)]. Il y a lieu de s'y référer le cas
         échéant.
Dans le cas des poutres hyperstatiques, As,min de la fibre inférieure devra être prolongé sur les appuis
intermédiaires, sauf s'il peut être démontré que la plastification des aciers tendus en fibre supérieure de la section
sur appui intervient avant la rupture par écrasement du béton comprimé en fibre inférieure.
        Dans les joints des voussoirs préfabriqués, où pour des raisons évidentes liées à la méthode de
        construction, il est impossible de disposer un quelconque ferraillage passif, les formules de
        l'Eurocode 2 partie 2 conduisent logiquement à une quantité d'armatures de non fragilité nulle.
   Considérons la poutre d'un VIPP représentée ci-dessous. On se contente dans cet exemple de considérer les
   sections situées à proximité des appuis : au ¼ de travée et à 1m de l'appui.
Coupe longitudinale
Section au ¼ et à ½ travée
  Caractéristiques de la section :
       S = 1,66 m2
       I = 0,886 m4
       v' = 1,55 m
  Matériaux :
       Béton : C35/45 ; fctm = 3,2 MPa
  Précontrainte :
       6 × 4T15S (Ap = 6 × 600 mm2)
       fp0,1k = 1660 MPa
       c0_lit inférieur = 10 cm
       c0_lit supérieur = 20 cm
  Dans la section située à un mètre de l'appui, on suppose que le centre de gravité de l'ensemble des câbles est
  situé au centre de l'âme, à une distance de 1,10m de la fibre inférieure.
à 1 m de l'appui au ¼ de travée
  •         Calcul du nombre de torons à supprimer pour obtenir la fissuration à l'ELS fréquent (méthode a) :
  αi sur le lit inférieur tel que :
                        1  e × y
      c,f   - α i Pm, ∞  + 0i    = - f ctm
                        S     I 
                                               σ c,f + f ctm                         σ c,f + 3,2
  soit :                             αi =                        =
                                                  1 e ×y                    1      (−1,55 + c 0 ) × ( −1,55) 
                                            Pm, ∞  + 0 i           5,02 ×       +                           
                                                  S      I                  1,66           0,886              
  Le nombre de torons à supprimer pour atteindre la fissuration en fibre inférieure est alors obtenu en
  multipliant αi par le nombre total de torons, soit :
  ni = αi × (6 × 4)
à 1 m de l'appui au ¼ de travée
c0 1,10 m 0,10 m
αi 114,9% 34,2%
ni 24 8,2
  Le lit de câbles inférieur contenant uniquement 20 torons, cela revient à supprimer l'équivalent de :
            8,2 torons sur le lit inférieur au ¼ de travée ;
            24 torons (soit la totalité des câbles) à 1m de l'appui.
  • Vérification de la résistance ultime de la section "à précontrainte réduite" sous l'effet cumulé de la
  combinaison d'actions fréquentes et de la diminution de la précontrainte calculée (méthode a) :
  Le torseur d'efforts à appliquer à la section est obtenu en retranchant aux sollicitations de l'ELS fréquent,
  l'effet isostatique de la précontrainte supposée rompue déterminée à l'étape précédente :
            Ntot = (1 – Σ αi) Pm,∝
            Mtot = MELS Freq – Σ αi . Pm,∝ . e0i
  avec :                e0_lit inf_1/4 travée = - (1,55 – 0,10) = - 1,45 m
Ntot 0 MN 3,30 MN
  La dernière étape du calcul consiste alors à vérifier, à partir d'un calcul de section, que les couples de valeurs
  (Ntot ; Mtot) se trouvent dans le diagramme de résistance ELU de la section, après suppression des câbles
  supposés corrodés, et le cas échéant à déterminer le complément d'armatures passives à rajouter.
  Les seules sections nécessitant un léger complément d’armatures passives sont donc celles se trouvant à
  proximité immédiate de l’appui. Les autres sections sont vérifiées vis-à-vis du critère de rupture fragile
  (méthode a) avec une sécurité très confortable (coefficient de sécurité de 3 à 4).
Le bras de levier des aciers passifs à l’ELU, zs, est obtenu directement grâce au logiciel de calcul de section_:
                                  1,83
  D'où :          A s, min =              = 21,28 cm2,
                               2,15 × 400
    soit une section complémentaire d'armatures de : 21,28 – 13,84 = 7,44 cm2, à disposer sur toute la longueur
    de la poutre. La méthode (b) est donc bien plus contraignante que la méthode (a).
 On peut vérifier sur cet exemple qu'il n'y a pas de risque de rupture fragile à l'effort tranchant, en extrapolant la
 méthode a) au cas de l'effort tranchant. L'application numérique ci-dessous montre comment procéder.
    On considère la section située à 1m de l'appui. L'effort tranchant ELU dans cette section vaut :
    V = 1,35.Vg + Vp + 1,35.Vq = 1,35×0,68 – 0,63 + 1,35×0,87 = 1,46 MN
    Supprimons maintenant la totalité de la précontrainte. L'effort tranchant sous charge fréquente vaut alors :
    V = Vg + Vq,fréq = 0,68 + 0,52 = 1,20 MN.
    (cette valeur est supérieure à l'effort tranchant sous ELS caractéristique V = Vg + Vp + Vq = 0,92 MN)
    La valeur reste inférieure à l'effort tranchant ELU. Les aciers d'effort tranchant sont donc suffisants, il n'y pas
    de risque de rupture fragile.
         Si la valeur avait été dépassée, on aurait pu affiner la vérification en déterminant de façon plus
         précise quelle quantité de précontrainte il fallait supprimer pour provoquer la fissuration de l'âme (au
         sens du critère donné dans l'annexe QQ de l'EN1992-2). Il est en effet possible que la fissuration à
         l'effort tranchant soit déjà visible lorsqu'on supprime la totalité de la précontrainte. On aurait ensuite
         pu comparer cette valeur à la résistance ultime de la poutre, en situation accidentelle, afin de vérifier
         si le ferraillage passif d'effort tranchant était suffisant.
         La vérification simultanée de ces trois critères est relativement pénalisante et ne devrait se réaliser
         que pour des cas simples et indiscutables.
 Pour traiter aux ELU l'analyse non-linéaire et au second ordre, la partie 1-1 de l'Eurocode 2 [EC2-1-1 5.8.5]
 propose une méthode générale, suivie de deux méthodes simplifiées pour des cas simples, principalement des
 éléments isolés ou qui se ramènent à des éléments isolés. Ces méthodes simplifiées sont, strictement parlant, des
 calculs linéaires avec prise en compte de manière forfaitaire et simple les effets non-linéaires.
 Pour les ponts, l'Eurocode 2 partie 2 propose une méthode moins classique pour l'analyse non-linéaire, fondée sur
 le concept d'un format de sécurité global, et dont le niveau de sécurité est déterminé par rapport à la ruine de
 calcul de la structure.
 Pour faciliter la lecture du guide, ne seront présentées ci-après que les deux méthodes générales. La méthode
 générale de la partie 1-1 plutôt classique, sera traitée assez brièvement. L'approche nouvelle de la méthode
 générale de la partie 2 avec le format de sécurité globale mérite d’être plus détaillée. Quant aux deux méthodes
 simplifiées elles sont traitées en annexe [Annexe VI], où est donnée en exemple, l'étude complète de la stabilité de
 deux piles de pont avec utilisation des quatre méthodes offertes par l'Eurocode 2..
VII.2. Méthode générale d analyse non-linéaire et au second ordre de l Eurocode 2 partie 1-1
 Cette méthode est décrite aux clauses [EC2-1-1 5.8.6].
VII.2.2. Matériaux
La méthode utilise le diagramme déformations-contraintes du béton dédié à une analyse non-linéaire [EC2-1-
1 5.8.6(3)]qui a été présenté en [Chapitre 2 V.3.1]. Ceci n'est pas entièrement satisfaisant car ce diagramme fait
appel au module de déformation Ecm du béton; l'analyse pourrait donc sous-estimer les déformations et ne pas
donner une sécurité suffisante surtout quand le second ordre est pris en compte.
C'est pourquoi l'Eurocode 2 offre une meilleure alternative en suggérant d'utiliser, à la fin de la même clause
[EC2-1-1 5.8.6 (3)], des diagrammes déformations-contraintes basés sur les valeurs de calcul.
Ces diagrammes utilisent le module de déformation Ecd pour le béton, obtenu en divisant Ecm par       cE=   1,2 et fcd à
la place de fcm , soit la loi de comportement définie par les paramètres et la figure qui suivent :
            ε   ε 2 
           k c  −  c  
               ε          ε
σc = f cd   c1   c1  
                         εc  
           1 + (k − 2 )  ε  
                        c1  
où
εc       déformation relative en compression du béton
       1,05 E cd ε c1
k=
            f cd
                    (
εc1( 0 / 00 ) = min 0,7 (fck + 8 )
                                    0.31
                                           ; 2,8   )     déformation relative au pic de contrainte
          Ecm
E cd =                  valeur de calcul du module d’élasticité du béton
          γ cE
                              0,3
               f +8 
E cm   = 22000 ck                          module d’élasticité sécant du béton
               10 
σc Contrainte
fcd
Arctg(1.05 Ecd)
                                                                           ε c1              ε cu1             εc
                                                                                  Déformation relative
Pour les armatures de béton armé et de précontrainte, les lois prévues pour la vérification de sections
[Chap.6 I.1.2] et [Chap.6 I.1.3] et définies par fyd et fpd sont utilisées.
           Un seul ensemble de diagrammes déformations-contraintes est alors utilisé pour l'analyse structurale
           comme pour la vérification de sections, ce qui effectivement plus cohérent et rationnel. Les
           diagrammes particuliers prévus pour le béton,( parabole-rectangle, bilinéaire) sont à laisser de côté.
           Dans ce cas l'analyse structurale peut s'effectuer avec une vérification en simultanée des sections dans
           le processus de calcul. Ceci a l'avantage de permettre la fusion des deux étapes de la justification et la
           "charge de ruine" de calcul peut alors être directement obtenue.
σc Contrainte
Arctg(1.05 Ecm)
                                                               ε c1              ε cu1             εc
                                                                      Déformation relative
                ε   ε 2 
               k c  −  c  
                   ε         ε
σc = γ cf fck   c1   c1  
                             εc  
               1 + (k − 2 )  ε  
                             c1  
où
εc       déformation relative en compression du béton
                    (
εc1( 0 / 00 ) = min 0,7 (fck + 8 )
                                   0.31
                                          ; 2,8   )     déformation relative au pic de contrainte
                                     σ      Contrainte
                                                                     loi bilinéaire avec
                                                                     branche inclinée
                         1,1 k f yk
                            1,1 f yk
Arctg(Es)
                                                      ε yd                                 ε uk           ε
                                                                               Déformation relative
Elle est bâtie avec les coordonnées limites des deux branches (ε, σ )
                                                    1,1f yk            
    o   Branche élastique                   ε yd =         ; 1,1f yk 
                                                      Es               
    o   Branche supérieure inclinée                   (ε   uk   ; 1,1 k f yk   )
avec
        εuk valeur de déformation relative sous charge maximale
        k valeur minimale de f t / f y (         )k
        L'attention du projeteur est attiré sur le fait que le critère général de vérification Ed ≤ R d ne reflète
        pas exactement le format de vérification dans le cas d'un flambement. Ceci a d'ailleurs été signalé par
        l'Eurocode 0 [EC0 6.4.2(3)P]. Il faut prendre, dans ce cas, au sens large, le terme "résistance" et le
        symbole qui lui est associé R comme représentant les sollicitations qui correspondent à un niveau de
        chargement donné; l'Eurocode 2 partie 2 le choisit comme étant égal à celui de la charge de ruine de
        calcul réduit par un coefficient de 1,27.
Des trois critères de vérification proposés par l'Eurocode 2-2 le présent guide n'en adopte donc qu'un seul, le plus
simple et le plus pratique car il ne fait pas intervenir les coefficients partiels pour incertitudes de modèle (c'est
d'ailleurs aussi, ce qui est utilisé dans la méthode générale de l'Eurocode 2 partie 1-1). Pour plus de détails et
d'explications concernant le choix de la "bonne" inéquation le projeteur se reportera à l’Annexe VI.
Les points de passage obligés sont par contre parfaitement identifiés, à savoir
    o   la situation sous charges permanentes G (représentant Gmin ou Gmax) qui est un état de référence obtenu à
        la suite d'un calcul détaillé approprié, prenant en compte tous les effets du fluage
    o   la situation en service G + Q (Q représentant symboliquement l'ensemble des charges variables
        intervenant dans la combinaison fondamentale ELU)
    o   la situation sous combinaison fondamentale ELU         [(γ ) ⋅ G + (γ ) Q]
                                                                 G          Q        (qu'on a appelé charge de projet
        pour simplifier)
    o   et enfin la situation de ruine de calcul obtenue avec la charge de projet majorée par un facteur
        multiplicateur.
                   γQ Q
                                                                  U (q ELU = γG G+γQ Q)
                                                S'
                      Q                           S (qSERV =G+Q)
                                                                                        Charges
                                                                                        permanentes
                                                                                        pondérées
G γG G λ γG G
On s'aperçoit sur un graphique illustrant l'évolution des charges, que dans le cas général, avec des valeurs de γG
et γQ différentes, les points S (pour service), U (pour ELU) et R (pour ruine) ne sont pas alignés et donc que les
pas d'incrémentation doivent être différents entre S et U d'une part et entre U et R d'autre part.
                                                    [                      ]
Un incrément de charge entre S et U peut s’écrire α i (γ G − 1)G + (γ Q − 1) Q , avec
                                                                                   ∑α            i    valant 1.
        La poursuite de l'incrémentation des charges à partir de la charge de projet peut à priori se faire de
        différentes façons. On pourrait, par exemple, continuer avec le même pas utilisé pour passer de la
        situation en service à l'ELU de calcul, ou même n'incrémenter que les charges non-permanentes, ce
        qui constitue une option radicalement différente. Mais ces options différentes ne permettent pas
        d'exprimer la charge de ruine comme étant proportionnelle à la charge de projet qud = λ qELU; ce
        dernier choix a été retenu par l'Eurocode 2 pour exprimer le niveau de sécurité.
        La ruine est atteinte à partir d’incrément de charge et il est généralement impossible de dépasser le
        pic de contrainte de la loi de Sargin. Mais si le calcul est fait avec un logiciel permettant de dépasser
        ce pic, l'état de ruine obtenu peut être différent. Cette distinction a peu d’incidence sur le flambement
        des structures isostatiques. En revanche, cela peut être important pour les calculs de redistribution
        d'efforts, où une augmentation de la capacité de rotation des sections augmente les possibilités de
        redistribuer. Les cas concernés par ces différences sont cependant assez rares.
        Lorsqu’on ne sait pas a priori si G a un effet favorable ou défavorable vis-à-vis du flambement, deux
        calculs sont à faire, l’un avec γG = 1 et l’autre avec γG = 1,35 , associé à Gmin et Gmax respectivement.
        Les incréments de charges sont alors à adapter en conséquence.
             M                                                  M
                                   (a)                                                (a)
N N
chemin de chargement
On constate que la courbe (N, M) se termine à l'arrêt des calculs, en un point A, situé en général à l'intérieur du
domaine de résistance de la section étudiée. Mais elle peut aussi bien se terminer avec un point A se trouvant sur
la courbe (a).
Entre-temps, cette courbe est passée successivement par les points (NS, MS) de la situation en service et (NELU,
MELU) de la situation ELU de calcul.
Quand le point A se trouve sur la courbe (a), la ruine de calcul de la structure s’est produite par rupture locale
dans la section étudiée. Cette section est la section critique et sa résistance limite a été atteinte.
        L'identification de la section critique dans laquelle la ruine locale se produit constitue une des
        difficultés d'application de la méthode.
Quand le point A se situe à l’intérieur du domaine délimité par la courbe (a), il y a alors deux cas de figure :
 •   Soit c'est encore une rupture localisée mais qui s'est produite dans une autre section que celle étudiée : pour
     cette section, qui n'est pas la plus sollicitée, les sollicitations obtenues lors de l'arrêt des calculs sont
     évidemment éloignées de son domaine de résistance.
 •   Soit c'est une instabilité d'ensemble de la structure, et dans ce cas , on doit vérifier que tous les points A de
     toutes les sections qu'on étudie se retrouvent à l'intérieur de toutes les courbes (a) associées. Ce critère sera
     d'ailleurs le seul moyen pour identifier le mode de rupture de la structure par instabilité d'ensemble.
         En fait on peut savoir qu'il y a eu instabilité d'ensemble quand on est certain d'avoir fait l'étude de la
         section critique et que son point A se trouve à l'intérieur de sa courbe (a).
                                     M
                                      MA                                   A
MD D
MU U
MS S
                                       q SERV    q ELU = q ud    q ud q ud        q
                                                           λ      γ0'
                         Fig./Tab.VII.(7) : Vérification de la sécurité        Combinaison (q, M)
structure très élancée pour obtenir des sollicitations plus réalistes afin de mieux optimiser la matière à mettre en
place (sections d’armatures et incidence sur le dimensionnement des fondations d’une pile par exemple).
La méthode générale de l’Eurocode 2 partie 1-1 est d'application tout à fait similaire aux règles antérieures et
n'appelle donc pas de remarques particulières. On rappelle qu’elle offre une meilleure alternative en suggérant
d'utiliser le même ensemble de diagrammes déformations-contraintes pour l’analyse et pour la vérification des
sections. Ceci constitue une vraie simplification par rapport aux règles antérieures.
L’Eurocode 2 offre la méthode générale de la partie 2 comme une alternative à la méthode générale de la partie 1-
1. Son utilisation présente deux intérêts principaux :
Le premier intérêt est de mettre en évidence la marge de sécurité qui existe entre la charge de projet (charge de la
combinaison fondamentale ELU) et la charge qui conduit à la ruine de calcul de la structure. En effet la méthode
conduit à obtenir un dépassement de la charge de projet pour obtenir la ruine. Le niveau de sécurité voulu est
ensuite défini par rapport à cette charge de ruine et est fixé au départ par la méthode.
Le second intérêt de la méthode est qu'elle permet de savoir si la structure atteint la ruine de calcul par rupture
d’une section ou par instabilité d'ensemble. Cette connaissance peut être utile pour orienter son
redimensionnement, localement, s’il s’agit d’une rupture de section (renforcement du ferraillage par exemple) ou
de façon plus globale, s’il s’agit d’un problème de flambement (action sur l’élancement de la structure)
La méthode générale de l’Eurocode 2 partie 2 est du même niveau de complexité théorique que la méthode
générale de l’Eurocode 2 partie 1-1. Elle nécessite des modalités pratiques d'application peut être un peu plus
élaborées. Mais elle permet certainement une analyse plus fine dans les cas d'instabilité d'ensemble.
En conclusion on peut a priori utiliser la méthode générale de l’Eurocode 2 partie 1-1 qui est bien connue et il est
proposé qu'on fasse appel à la méthode générale de l’Eurocode 2 partie 2 dans les cas où les informations
supplémentaires apportées par cette méthode sont utiles au projeteur. En tout état de cause, il est suggéré que la
méthode qui serait appropriée soit précisée dans les clauses techniques des marchés pour tout projet particulier.
 Les justifications aux ELS visent à assurer à toute structure l'aptitude au service requise pendant la durée
 d'utilisation de projet choisie. Elles contribuent aussi à la protection vis-à-vis des dommages pouvant nuire à la
 durabilité de la structure.
 Dans leur principe, les principales règles de justification d'une structure aux états limites de service selon
 l'Eurocode 2 sont proches de celles utilisées précédemment en France : limitation des contraintes, maîtrise de la
 fissuration dans les zones tendues et/ou cisaillées et limitation des déformations.
 La principale nouveauté réside dans l'expression de la maîtrise de la fissuration : au lieu d'une limitation de
 contraintes des aciers adhérents, elle se fait par un calcul d'ouvertures de fissures conventionnel. Cela permet une
 approche unifiée entre béton armé et béton précontraint.
 De plus l'Eurocode 2 partie 2 donne une méthode pour maîtriser la fissuration provoquée par le cisaillement dans
 les âmes pour les cas où cette vérification est nécessaire.
 Dans le cas des ponts routiers en béton la limitation des déformations est en général non-dimensionnante. Ne
 seront donc abordés dans ce guide que les deux aspects limitation des contraintes et maîtrise de la fissuration. On
 se reportera à l'Annexe VII pour des exemples de calcul détaillés.
 Enfin, l'application des règles antérieures permettait un dimensionnement de la précontrainte grâce à une
 définition précise de trois classes de justification. Avec l'Eurocode 2 la situation est plus floue, et il a paru
 nécessaire de donner quelques indications sur le sujet au projeteur.
         L'Eurocode 2 donne des conditions minimales à respecter. Certaines peuvent se traduire par des
         conditions sur la précontrainte, d'autres non. Mais la définition de la précontrainte est l'affaire du
         concepteur et une bonne conception n'est pas nécessairement celle qui colle le plus près aux limites
         fixées par l'Eurocode.
 I.1.1. En service
 Il est recommandé de limiter la contrainte de compression dans le béton à 0,45 fck sous combinaison quasi-
 permanente des charges pour, principalement, limiter les effets du fluage (flèches excessives, effets
 hyperstatiques importants…). Ceci permet alors d'utiliser les modèles de fluage linéaire [EC2-1-1 3.1.4(4) ;
 7.2(3)]. Dans le cas contraire, il convient de considérer un fluage non-linéaire.
 En l'absence de confinement, la contrainte de compression dans le béton doit être limitée à 0,6 fck sous
 combinaison caractéristique dans les parties exposées à des environnements de classe XD, XF et XS
 [EC2-2 7.2(102)]
         En général, on appliquera également cette limitation à l'ensemble des structures d'ouvrages d'art
         indépendamment de la classe d'environnement. Rappelons que cette limitation permet de se dispenser
         d'une vérification à la fatigue du béton comprimé [EC2-1-1/AN].
 I.1.2. En construction
 Dans le même esprit la contrainte de compression dans le béton doit être limitée à 0,45 fck(t) en phase de
 construction [EC2-1-1 3.1.4(4) ; 5.10.2.2(5)].
         La clause 5.10.2.2(5) précise que le fluage non-linéaire doit être pris en compte si la contrainte de
         compression dépasse de façon permanente 0,45 fck (t) . Au moment de la mise en tension d'un câble, on
         peut donc admettre un dépassement temporaire de cette valeur. La valeur maximale de compression
         admissible est précisée ci-après.
 La contrainte de compression dans le béton doit être limitée à 0,6 fck(t). Pour la prétension, on peut admettre de
 monter à 0,7 fck(t) sous réserve de justifications par essais ou par l'expérience que la fissuration longitudinale est
 évitée [EC2-1-1 5.10.2.2(5)].
         Cette limitation doit être appliquée indépendamment de la classe d'environnement.
         (sauf si la structure est soumise uniquement à des déformations imposées, par exemple dues au retrait
 gêné, dans ce cas, la limite est portée à fyk)
         La valeur de 0,8 f yk est élevée et cette limitation de contrainte dans les aciers passifs sous ELS
         caractéristique n'est en général pas dimensionnante.
II.1. Principe
 Le principe adopté par l’Eurocode 2 pour la maîtrise de la fissuration consiste à définir [EC2-2/AN
 Tab.7.101NF] :
      o   une valeur limite de l'ouverture calculée des fissures en fonction de la classe d'exposition et de la nature
          de l'élément considéré (béton armé, béton précontraint à armatures non-adhérentes, ou béton précontraint
          à armatures adhérentes)
      o   et/ou un critère de vérification de non-décompression
 •    qu'il faut ensuite vérifier par le biais d'un calcul d'ouverture de fissures et d'un calcul de contraintes.
 •    Eléments en béton armé et béton précontraint à armatures non-adhérentes soumis à des classes d'exposition
      XC , XD ou XS
                    wmax < 0,3mm sous combinaison fréquente pour des classes d'exposition XC
                 wmax < 0,2mm sous combinaison fréquente pour des classes d'exposition XD ou XS
          Le choix de la combinaison quasi-permanente est bien adaptée au cas des bâtiments, où les charges
          quasi-permanentes représentent une part importante des charges (les coefficients ψ 2 sont
          généralement non nuls). En ouvrage d'art, au contraire, les coefficients ψ 2 sont très généralement
          nuls. La combinaison fréquente apparaît donc comme plus pertinente pour évaluer les ouvertures de
          fissure, et c'est le choix qui a été fait dans l'annexe nationale de l'Eurocode 2-2.
          Malgré cette correction, la limitation de l'ouverture de fissure sous charge fréquente ne sera
          généralement pas dimensionnante pour les classes d'exposition XC. C'est le cas notamment de la
          flexion transversale des hourdis de ponts mixtes ou de ponts caissons. L'application stricte de cette
          règle peut conduire à des contraintes relativement élevées sous charges de trafic, et la fatigue des
          aciers passifs peut alors être dimensionnante. L'annexe nationale de l'Eurocode 2-2 dispense de calcul
          en fatigue les structures en béton armé pour lesquelles σs < 300MPa sous l'ELS caractéristique. Cette
          dernière condition sera généralement dimensionnante pour les ouvrages en classe d'exposition XC,
          tandis que la limitation d'ouverture de fissure pourra être dimensionnante pour les ouvrages en classe
          d'exposition XD ou XS.
 •   Méthode "simplifiée" : l'Eurocode 2 partie 1-1 donne une méthode simplifiée pour cette vérification en 7.3.3,
     moyennant un certain nombre d'hypothèses, notamment la présence d'un ferraillage minimal plus important
     que le strict minimum requis.
 Le calcul des contraintes dans les aciers en vue du calcul d'ouverture de fissures est toujours effectué en section
 fissurée. Les coefficients d'équivalence à utiliser sont donnés au Chapitre 3-III.1 de ce guide.
 Les deux méthodes sont utilisées et présentées en annexe par l'intermédiaire d'exemples de calcul.
         Signalons que le domaine d'emploi de la méthode simplifiée de l'Eurocode est plus restreint que celui
         de la méthode directe : pour utiliser la méthode simplifiée, il faut avoir un ferraillage minimum
         calculé avec les valeurs de σs lues dans des tableaux (et pas avec fyk), fonction du diamètre ou de
         l'espacement des aciers [EC2-1-1 7.3.3] ; il faut effectuer les corrections données par les formules
         (7.6N) et (7.7N). Enfin, les tableaux donnent généralement des résultats défavorables par rapport au
         calcul direct, notamment pour des aciers de gros diamètres pour lesquels les taux de ferraillage
         effectifs sont bien supérieurs à ceux qui ont été pris en compte dans l'établissement des tableaux.
         Pour toutes ces raisons, la méthode directe a été privilégiée dans la plupart des exemples de calcul de
         ce guide, notamment pour les calculs de vérification. L'utilisation des tableaux de la méthode
         simplifiée de l'Eurocode garde un intérêt en phase de dimensionnement des aciers.
         La méthode directe de calcul d'ouvertures de fissures présente elle-même un certain nombre de
         limitations. Elle est adaptée au cas de sections rectangulaires en flexion composée non déviée (c'est
         sur la base d'essais sur ce type de sections qu'a été fait le calibrage des formules). Par ailleurs, elle
         n'a pas été calibrée pour la détermination d'ouvertures de fissures dans les pièces épaisses.
         Se pose alors le problème de la généralisation de ces formules au cas de formes de coffrages plus
         complexes, au cas de sections en flexion déviée, ou au cas de structures épaisses.
         Note : Le calcul direct peut conduire à des sections d'acier plus importantes; néanmoins, la méthode
         "rustique" reste sécuritaire.
 •   Pour les ouvrages en béton précontraint par post-tension le ferraillage minimal est requis dans toutes les
     sections où, sous la combinaison caractéristique de charges et pour la valeur caractéristique de la
     précontrainte, le béton est tendu (c'est-à-dire σ < 0).
 •   Pour les ouvrages à fils adhérents, aucun ferraillage minimal n'est requis dans les sections où la valeur
     absolue de la contrainte de traction du béton est inférieure à 1,5 fct,eff.
 Dans une poutre en béton armé, il y a toujours lieu d'appliquer le ferraillage minimal.
 Le principe de calcul du ferraillage minimal est énoncé en [EC2-1-1 7.3.2(1)P] : les armatures adhérentes mises
 en places doivent être capables de reprendre sans plastifier les efforts de traction enfermés dans le béton au
 moment de la fissuration.
 Une modalité d'application est donnée en [EC2-1-1 7.3.2(2)] dans le cas de sections rectangulaires en flexion
 composée :
         As,min×fyk = kc×k×fct,eff×Act     [EC2-1-1 Expr.(7.1)]
        De façon générale, il convient de prendre fct,eff = fctm [EC2-2 7.3.2(102)]. Toutefois, lorsque l'on est
        certain que la fissuration se produira uniquement au jeune âge (cas d'une poutre soumise uniquement
        à des déformations gênées par exemple), il est possible de prendre une valeur réduite fct,eff = fctm(t),
        sans toutefois descendre en-dessous de 2,9 MPa [EC2-2 7.3.2(105)].
La valeur de kc a été calibrée par rapport au principe général énoncé ci-dessus. La valeur est exacte dans le cas
de la traction simple et de la flexion simple, et elle est sécuritaire dans les cas de flexion composée.
Dans le cas d'une section rectangulaire en flexion simple, kc vaut 0,4. Le ferraillage minimal vaut donc
                                           As,min = 0,4×fctm×0,5×b×h / fyk
Soit, avec d = 0,9 h :
                                            As,min = 0,23×(fctm / fyk)×b×d
        Ce ferraillage est légèrement plus faible que le ferraillage minimum donné pour les poutres à la
        section 9 de l'Eurocode 2 partie 1-1 (coefficient 0,23 au lieu de 0,26). Il s'agit dans les deux cas d'un
        ferraillage minimum basé sur les mêmes principes. Pour clarifier cela, l'annexe nationale de
        l'EN1992-1-1 a précisé que le ferraillage de la section 9 était applicable pour les éléments en béton
        armé, et que celui de la section 7 était applicable pour les éléments en béton précontraint.
La formule donnée dans l’Eurocode 2 contient un terme supplémentaire (coefficient k). Sa valeur doit
généralement être prise égale à 1,0, sauf pour les pièces larges ou hautes soumises uniquement à des
déformations imposées (voir exemple d'application en annexe).
Signalons enfin que l'expression (7.1) est écrite dans l'Eurocode 2 partie 1-1 de façon plus générale avec σs au
lieu de fyk. Cela est dû au fait que cette expression peut également être lue à l'envers, pour calculer une contrainte
:
                                              σs = k c×k×f ct, ef f ×A ct
                                                                            As
Ce calcul permet d'estimer la contrainte dans les aciers passifs d'une pièce fissurée soumise à des déformations
imposées. Un exemple d'utilisation est donné en annexe.
        C'est donc bien la valeur σs = fyk qui doit être utilisée pour calculer le ferraillage minimum. Ce point
        a d'ailleurs été clarifié par l'annexe nationale. Ce n'est que lorsqu'on souhaite utiliser les tableaux de
        la méthode indirecte (7.3.3) qu'il convient d'adopter une valeur plus faible de σs , pour se conformer
        aux hypothèses selon lesquelles ont été établis ces tableaux.
•   on découpe la section en éléments rectangulaires qui sont soit des hourdis, soit des âmes ; les modalités de
    découpage sont indiquées en [EC2-2 7.3.2 fig.7.101]
•   on détermine le moment de fissuration Mfiss, c'est-à-dire le moment créant une contrainte de traction fctm en
    fibre extrême, en supposant l'effort normal extérieur global N inchangé (dans une poutre précontrainte, on
    prendra généralement N = Pk,inf)
         Pour une section où N et M varient tous les deux (cas d'un poteau par exemple), il peut être plus
         sécuritaire de déterminer les sollicitations de fissuration en considérant un point de passage de la
         résultante des contraintes normales identique à celui de la sollicitation de service la plus défavorable.
 •   dans un élément de type âme, on calcule le ferraillage minimal selon la formule générale en prenant σc égal à
     la contrainte au centre de gravité de l'âme
• dans un élément de type hourdis, le ferraillage minimal est obtenu par la relation :
         La première condition revient à équilibrer 90% de l'effort de traction dans la membrure avant
         fissuration ; on considère de façon forfaitaire que les 10% restants repassent dans les âmes par
         changement du bras de levier. La seconde condition assure un ferraillage minimal des membrures
         permettant d'équilibrer un moment "local" de fissuration (une face tendue à fctm et une face à
         contrainte nulle).
 •
         La généralisation du calcul du ferraillage minimum à des sections quelconques peut se faire en
         revenant au principe énoncé en [EC2-1-1 7.3.2(1)P] : on vérifie que sous les sollicitations de
         fissuration, les aciers mis en place ne plastifient pas.
        Il va de soi que la vérification ci-dessus doit se faire avec l'ensemble des contraintes provoquées par
        les efforts de flexion, tranchants et de torsion concomitants. La vérification est à faire sur toute la
        hauteur des âmes, soit en général au niveau du centre de gravité et du gousset côté de la membrure
        tendue.
        Bien que le texte ne le précise pas, la justification est à faire sous combinaison ELS caractéristique.
                                                                σ    σ 
                                                                                 2
                                                            σ1 = x −  x  + τ 2
                                                                 2    2 
                                                                σ    σ 
                                                                                 2
                                                            σ3 = x +  x  +τ 2
                                                                 2    2 
        Les expressions ci-dessus sont applicables si σx 0. Lorsqu'une vérification est nécessaire en un point
        où σx < 0, il est loisible de calculer σ1 et σ3 en prenant σx = 0 ; la vérification s'écrit alors
                                     f ctk 0, 05
        τ      fctb, soit τ ≤
                                           f
                                 1+ 0,8 ctk 0, 05
                                               f ck
        Cela revient à maîtriser la fissuration des âmes sous sollicitations tangentes indépendamment de la
        traction longitudinale, qui est elle équilibrée directement par les armatures longitudinales. Ce n'est
        pas dit explicitement dans l'annexe QQ, mais on retrouve ce principe dans d'autres annexes (annexe F
        notamment), ainsi que dans la pratique française antérieure (BPEL).
Si le critère 1 > -fctb est vérifié ( 1 plus grande contrainte principale de traction), alors la section n'est pas
fissurée sous sollicitation tangente. Aucun ferraillage d'effort tranchant n'est à prévoir en ELS hormis le
ferraillage minimum.
Si le critère n'est pas vérifié, l'annexe QQ demande qu'on maîtrise la fissuration des âmes selon les méthodes
prévues à la section 7 de l'Eurocode 2 partie 1-1 [EC2-1-1 7.3.3 ou 7.3.4 et 7.3.1] en tenant compte de la
 déviation entre la direction de la contrainte principale et les directions des armatures. Toutefois, la référence à ces
 clauses ne donne aucune indication pratique pour effectuer le calcul complet d'ouverture de fissure.
 Il paraît donc très souhaitable de dimensionner les âmes pour qu'elles ne soient pas fissurées à l'ELS.
            Par ailleurs, le fait d'avoir des âmes trop minces peut poser d'autres problèmes (diminution du bras de
            levier des aciers passifs vis-à-vis de la flexion transversale, difficultés de bétonnage, réduction de la
            résistance en torsion, etc.). Il convient de tenir compte de ces phénomènes dans le choix des épaisseurs
            d'âmes, et ne pas se limiter au seul critère ELS de l'annexe QQ de l'EN1992-2.
 L'équation (QQ101) peut exprimer la limitation des contraintes de cisaillement d'une autre façon, plus habituelle
 aux projeteurs:
        =            ×       −
                                 5f ck × f ctk;0,05 ×   (   x    +    y              ) (
                                                                          + f ctk;0,05 ×    x   +   y   − 5f ck   )
                 x       y
  adm
                                                                (5f ck + 4f ctk;0,05 ) 2
          Ces deux limites apparaissent dans l'Eurocode, puisque la première dispense de calcul en fatigue, et la
          seconde permet un calcul des contraintes en section non fissurée.
          Ces règles sont à prendre comme des recommandations pour le dimensionnement, sauf bien sûr dans
          le cas où un fonctionnement de structure en précontrainte partielle est plus économique.
          Pour ces règles ajoutées au projet on peut choisir d'utiliser la précontrainte probable.
          Dans le tableau ci-dessus, les limites de contraintes de traction fixées en construction sont à respecter
          en zone d'enrobage des câbles. En dehors de cette zone, on peut admettre des tractions plus
          importantes et se contenter d'une vérification d'ouverture de fissure.
          Il convient de fixer ces règles lors de l'établissement du projet, car elles peuvent avoir une incidence
          sur le dimensionnement du coffrage et de la précontrainte. Ces règles devront être indiquées dans les
          documents du marché. On peut choisir pour ces règles d'utiliser la précontrainte probable.
 Le présent chapitre concerne essentiellement la section 8 de l'Eurocode 2 "dispositions constructives relatives aux
 armatures de béton armé et de béton précontraint – généralités" des parties 1-1 et 2. Ce chapitre analyse certaines
 des dispositions constructives exposées dans cette section 8. Il n'est pas exhaustif et il ne saurait dispenser de la
 lecture de l'Eurocode.
 Les paragraphes I à VI sont consacrés aux barres isolées et le paragraphe VII aux paquets de barres.
 Certains des sujets traités dans la section 8 de l'Eurocode 2 ne sont pas abordés dans ce chapitre. C'est
 notamment le cas des points suivants :
     o   Treillis soudés
     o   Ancrage d'armatures au moyen de barres soudées
     o   Précontrainte
 D'autres parties de l'Eurocode 2 présentent également des dispositions correspondant à des exigences minimales.
 Celles-ci sont abordées dans les chapitres correspondants du présent guide.
 Il est à noter que, conformément à la clause 8.1 de la partie 1-1 de l'Eurocode 2, la section 8 ne traite que des
 armatures de béton armé à haute adhérence, des treillis soudés et des armatures de précontrainte.
         En ce qui concerne les armatures de béton armé de type "rond lisse", et en l'absence de nouveaux
         textes sur le sujet, il est loisible de conserver les dispositions constructives exposées dans le BAEL 99
         et dans la norme NF A35-027 de janvier 2003.
 Les armatures de béton armé utilisées doivent être conformes à la norme EN 10080.
 Ces distances libres doivent vérifier :     eh , ev ≥ emini = sup { φ ; (dg + 5mm) ; 20mm) }
 avec    dg dimension du plus gros granulat et φ diamètre de la barre
II. DIAMETRE ADMISSIBLE DES MANDRINS DE CINTRAGE POUR LES BARRES PLIEES
II.1. Généralités
 Conformément à la clause (3) du 8.4.1 de l'Eurocode 2 partie 1-1, les coudes et crochets ne contribuent pas aux
 ancrages des barres comprimées.
 Ce chapitre s'applique à toutes les parties de barres tendues pliées par cintrage, que ce soit celles :
 - des coudes, crochets ou boucles des ancrages des armatures,
- des coudes des armatures continues pliées (barres relevées et autres barres cintrées),
Fig./Tab.II.(2) : Coudes des armatures continues (barres relevées et autres barres cintrées)
 Le diamètre admissible des mandrins de cintrage dépend de deux critères : le non-endommagement des armatures
 et la non-rupture du béton.
 •   Domaine d'emploi
 Pour une barre de diamètre φ ce critère doit faire l'objet d'une vérification si l'une au moins des 3 conditions
 suivantes n'est pas remplie :
     o   condition n°1 : L'ancrage nécessaire de la barre ne dépasse pas 5φ au-delà de l'extrémité de la partie
         courbe
     o   condition n°2 : La barre n'est pas disposée près d'une surface et il existe une barre transversale de
         diamètre supérieur ou égal à φ à l'intérieur de la partie courbe
     o   condition n°3 : Le diamètre du mandrin est supérieur ou égal aux valeurs recommandées pour le critère
         de non-endommagement aux armatures.
Fig./Tab.II.(5) : Origine de la partie courbe par rapport au début de l'ancrage pour une barre tendue
Pour les ancrages par courbure de barre tendue, la condition de non-rupture du béton est généralement
satisfaite avec un diamètre de mandrin φm ≥ 10 φ.
Plus précisément, pour les ancrages par crochet ou coude, le respect des prescriptions suivantes dispense de
vérifier la condition de non-rupture du béton :
    o Enrobage ≥ φ
    o    Aciers de classe B500B ou inférieure
    o    Diamètre de mandrin : φm = 10 φ
    o    Longueur d'ancrage en partie droite (avant l'origine de la courbe) supérieure aux valeurs indiquées dans
         le tableau ci-après.
                                                        Classe du béton
                Entraxe
                          C30/37 C35/45        C40/50     C45/55 C50/60          C55/67     C60/75
                  2φ       31 φ   25 φ          20 φ         16 φ       13φ       10 φ       10 φ
                  3φ       25 φ   19 φ          14 φ         10 φ       6φ         3φ         3φ
                  4φ       21 φ   15 φ           9φ           5φ         φ          0          0
                  5φ        18 φ       11 φ        6φ          φ                     0          0
                                                                          0
                  6φ        15 φ        8φ         3φ                     0          0          0
                                                               0
                    Fig./Tab.II.(6) : Longueur d'ancrage minimale nécessaire en partie droite
         Cette longueur d'ancrage en partie droite est une longueur minimale à respecter et ne dispense pas du
         calcul de la longueur d'ancrage lbd qui peut donner une longueur d'ancrage en partie droite supérieure
         à la longueur minimale indiquée dans le tableau ci-dessus, notamment lorsque le calcul est effectué
         avec la longueur d'ancrage équivalente.
    Exemple, pour un coude normal à 90°, φ ≤ 32 mm, béton de classe C35/45, entraxe = 2 φ et φm = 10 φ (figure
    a). Avec α1 = 0,7 et les autres αi égaux à 1, le calcul de la longueur d'ancrage lbd [Chapitre 8-III] donne :
    lbd = 0,7 × lb,rqd = 0,7 × 46 φ = 32,2 φ, soit une longueur d'ancrage en partie droite de :
    lbd – [5 φ + (π / 2) × (φm / 2 + φ / 2)] = 18,6 φ.
    Dans ce cas, c'est la longueur d'ancrage minimale en partie droite 25 φ indiquée dans le tableau
    [Fig./Tab.II.(6)], nécessitée par la condition de non rupture du béton et le choix φm = 10 φ, qui prévaut.
    Au contraire, pour un entraxe de 3 φ et un béton de classe C40/50 (figure b), le tableau [Fig./Tab.II.(6)]
    indique une longueur d'ancrage minimale en partie droite de 14 φ. C'est alors le calcul de la longueur
    d'ancrage lbd, qui donne une longueur d'ancrage en partie droite de 15,8 φ, qui prévaut.
Figure a Figure b
Cependant, suivant les conditions d'entraxe et la classe du béton, des diamètres de mandrin inférieurs à 10φ
peuvent être obtenus en vérifiant le critère de non-rupture du béton.
                                                        Classe du béton
                       Entraxe
                                 C35/45      C40/50    C45/55 C50/60        C55/67     C60/75
                         2φ       22 φ        19 φ      17 φ       15 φ       14 φ      13 φ
                         3φ       17 φ        15 φ      13 φ       12 φ       11 φ      10 φ
                         4φ       15 φ        13 φ      11 φ       10 φ        9φ        9φ
                         5φ       13 φ        12 φ      10 φ        9φ         8φ        8φ
                         6φ       12 φ        11 φ       9φ         9φ         8φ        7φ
          Fig./Tab.II.(7) : Diamètre minimal du mandrin, pour des aciers de classe B500B ou inférieure, en
                    fonction du diamètre φ de la barre, pour des coudes d'armatures continues
Le calcul est ici effectué comme dans l'exemple précédent mais en considérant 100% de l'effort.
III.1. Définitions
 La clause 8.4 de l'Eurocode 2-1-1 fait intervenir 5 types de longueur d'ancrage.
 lb        longueur d'ancrage de référence
           C'est la longueur nécessaire pour ancrer un effort donné par scellement droit pour une barre isolée.
 lb,rqd    longueur d'ancrage de référence requise
           C'est la longueur nécessaire pour ancrer l'effort As σsd par scellement droit pour une barre isolée en
           supposant que la contrainte d'adhérence est constante et égale à fbd.
           (avec σsd contrainte de calcul de la barre dans la section à partir de laquelle l'ancrage est mesuré)
 lbd       longueur d'ancrage de calcul
           C'est la longueur d'ancrage pour une barre en tenant compte de sa forme et de son environnement.
 lb,min    longueur d'ancrage minimale en l'absence de toute autre limitation
 lb,eq     longueur d'ancrage équivalente
           C'est une formule simplifiée pour lbd dans des cas courants. Dans le cas d'ancrages courbes elle
           permet notamment de calculer la longueur d'ancrage sans prendre en compte le diamètre de mandrin
           utilisé.
III.2. Principe
 Le principe de la détermination d'une longueur d'ancrage comprend deux étapes :
 1- détermination de lb,rqd la longueur d'ancrage de référence requise (dans l’hypothèse d’un scellement droit) pour
 ancrer l'effort de calcul. Il est à noter que cet effort de calcul n'est pas forcément égal à l'effort maximal
 admissible pour la barre pour la situation correspondante.
 2- détermination de lbd la longueur d'ancrage de calcul qui tient compte de la forme et de l'environnement de la
 barre. Il est à noter que cette longueur de calcul est inférieure à lb,rqd et qu'elle est déduite de celle-ci via
 l'application de coefficients minorateurs.
 •     Cas des barres comprimées : Les coudes et crochets ne contribuent pas aux ancrages des barres comprimées
       [EC2-1-1 8.4.1(3)]. Il est loisible de mesurer la longueur d'ancrage comme indiqué sur le schéma suivant :
           Afin de ne pas multiplier inutilement les calculs de longueurs d'ancrage, il est loisible de retenir le
           même effort à ancrer pour tous les aciers d'un diamètre et d'une nuance donnés : l'effort donnant la
           longueur d'ancrage maximale soit As σsd = As fyk / γS.
           Il convient alors de faire le calcul dans le cas d'une situation non accidentelle avec γC = 1,5 et
           γS = 1,15, le cas accidentel étant moins défavorable du fait du rapport γC / γS qui vaut 1,2 en accidentel
           et 1,3 sinon.
           Cependant un calcul précis prenant en compte la valeur exacte de l'effort de calcul, peut être effectué
           par exemple pour justifier un acier particulier ou les aciers d'un ouvrage existant.
 Une détermination par une approche simplifiée (longueur d'ancrage équivalente) est également possible dans
 certains cas.
         Fig./Tab.III.(3) : Barres inclinées avec l'horizontale d'un angle compris entre 45° et 90° - Bonnes
                                              conditions d'adhérence
     Fig./Tab.III.(4) : Conditions d'adhérence pour les barres inclinées d'un angle compris entre 0 et 45°
                                            avec l'horizontale
    Conditions φ ≤ 32mm 1,65                  2,00     2,32       2,69      3,04      3,37      3,68      3,99      4,28      4,43     4,57     4,57
    d'adhérence
     "bonnes" φ = 40 mm 1,52                  1,84      2,14      2,48      2,80      3,10      3,39      3,67      3,93      4,07     4,21     4,21
     Conditions φ ≤ 32mm 1,16                  1,4      1,62      1,89      2,13      2,36      2,58      2,79      2,99      3,1       3,2      3,2
    d'adhérence
    "médiocres" φ =40 mm 1,06                 1,29      1,49      1,73      1,96      2,17      2,37      2,57      2,75      2,85     2,94     2,94
        Comme indiqué ci-avant, le tableau a été établi dans le cas d'une situation non accidentelle avec
        γC = 1,5 et γS = 1,15               (rappel : fctd = αct fctk,0,05 / γC)
(avec σsd contrainte de calcul de la barre dans la section à partir de laquelle l'ancrage est mesuré)
 Le tableau ci-dessous donne la longueur d'ancrage de référence nécessaire pour ancrer la totalité de l'effort de
 calcul que peut reprendre la barre et non plus l'effort particulier auquel elle est soumise. Comme expliqué
 précédemment, la valeur de contrainte de calcul retenue est σsd = fyk / γS.
                 fck / fck      12 /    16 /    20 /   25 / 30    30 /      35 /    40 /    45 /    50 /    55 /    60 /    70 /
    cube                         15      20      25                37        45      50      55      60      67      75      85
    φ barre (mm)
           φ ≤ 32 mm            66 φ    54 φ    47 φ    40 φ      36 φ      32 φ    30 φ    27 φ    25 φ    25 φ    24 φ    24 φ
           φ =40 mm             72 φ    59 φ    51 φ    44 φ      39 φ      35 φ    32 φ    30 φ    28 φ    27 φ    26 φ    26 φ
       Fig./Tab.III.(6) : Valeurs de la longueur d'ancrage de référence nécessaire pour ancrer fyk / γS ,
  exprimée en fonction du diamètre de la barre, pour des aciers B500B et dans des conditions d'adhérence
                                                 "bonnes"
Exemple : fck = 35 MPa, fyk = 500 MPa, bonnes conditions d'adhérence, φ = 20 mm, fbd = 3,37 MPa
                φ σ         
    l b , rqd =   ⋅  sd     = (500 / 1,15) / (3,37 × 4) φ = 32,25 φ = 645 mm
                               
                 4   f bd   
 Pour des conditions d'adhérence "médiocres", la valeur du tableau est divisée par 0,7. On obtient alors, en
 exprimant la longueur d'ancrage de référence nécessaire en fonction du diamètre de la barre :
 Pour les barres tendues :                lb,min > max { 0,3 lb,rqd ; 10 φ ; 100 mm }
 Pour les barres comprimées :             lb,min > max { 0,6 lb,rqd ; 10 φ ; 100 mm }
        En prenant les valeurs minimales α1=α4=(α2α3α5)=0,7, il s’ensuit lbd= 0,34 lb,rqd. Il est donc impossible
        d'avoir lbd < 0,3 lb,rqd pour les barres tendues. De même pour les barres comprimées, avec α4=0,7 il
        découle lbd = 0,7 lb,rqd ; il est donc impossible d'avoir lbd < 0,6 lb,rqd.
Tous ces coefficients α étant inférieurs ou égaux à 1, il résulte du tableau ci-dessus donnant les longueurs
d'ancrage de référence nécessaires pour ancrer fyk / γS que :
pour les qualités de béton généralement utilisées pour les ouvrages d'art, la longueur d'ancrage de calcul
d'une barre tendue en acier B500B par scellement droit est inférieure ou égale à 50 φ.
        Cette valeur de 50 φ est valable pour des conditions d'adhérence médiocres [Chapitre 8-
        Fig./Tab.III.(7)]. Si cette valeur est utilisée comme longueur d'ancrage, il n'est alors pas nécessaire de
        vérifier dans quelles conditions d'adhérence se trouve la barre.
De même :
pour les qualités de béton généralement utilisées pour les ouvrages d'art, la longueur d'ancrage de calcul
d'une barre tendue en acier B400B par scellement droit est inférieure ou égale à 40 φ.
Pour certaines configurations, une simplification consiste à considérer que l'ancrage des barres tendues est assuré
moyennant la prise en compte de longueurs d'ancrage équivalentes.
Pour les coudes "normaux", crochets "normaux" et les boucles "normales", les longueurs d'ancrage
équivalentes lb,eq sont définies comme indiqué ci-après.
   Fig./Tab.III.(8) : Longueurs d'ancrage équivalentes pour les coudes et crochets normaux et les boucles
                                               normales
        Les dessins définissent également les notions de coude "normal", crochet "normal" et boucle
        "normale", boucle pour laquelle les efforts sont identiques pour les deux extrémités.
        lb,eq = α1 lb,rqd
    o   Pour les armatures tendues, avec cd > 3 φ :               l b , eq = 0,7 l b ,rqd
                                         a                                               cd = c
                               c d = min  ; c1 
                                          2    
                          pour les coudes ou crochets                                 pour les boucles
                           Fig./Tab.III.(9) : Valeurs de cd en fonction du type d'ancrage
         La méthode simplifiée proposée par l’Eurocode 2 partie 1-1 ne présente pas d'intérêt pour les coudes
         et crochets. Elle augmente la longueur d'acier par rapport à un calcul pessimiste immédiat où l'on
         retient 1 pour les coefficients α2 à α5 et où l'on a donc : lbd = α1 lb,rqd .
         Par exemple, pour un HA16 avec R = 5 φ , le supplément de longueur d'acier vaut :
         - pour un coude normal à 90° : 0,57 R + 4,8 φ , soit 12 cm environ
         - pour un crochet normal à 180° : 2,14 R + 5,6 φ , soit 26 cm environ.
         Pour les boucles normales, l'écart entre les deux méthodes est minime.
V. RECOUVREMENT
V.1. Généralités
 Les clauses correspondantes sont en [EC2-1-1 8.7.1]
 La transmission des efforts d'une barre à une autre peut s'effectuer par :
     o   Recouvrement
     o   Soudage
     o   Organe mécanique (manchon)
V.2. Définitions
         L'Eurocode 2 partie 1-1 utilise selon les cas les termes "voisins" et "adjacents". En fait, l'analyse de la
         version anglaise montre que ces deux termes doivent être considérés ici comme strictement synonymes.
 - "recouvrements voisins" : recouvrements de barres voisines. A noter que les recouvrements peuvent être
 situés dans des sections différentes.
 - "recouvrements voisins pour une section donnée" : Dans ce cas les barres recouvertes peuvent ne pas être
 voisines.
     Les recouvrements B et C sont voisins. Les recouvrements B et D sont voisins pour la section A considérée.
                        Fig./Tab.V.(1) : Recouvrements voisins pour une section donnée A
 On considère qu'un recouvrement concerne une section donnée si son axe est situé à une distance inférieure à
 0,65 l0 de cette section, où l0 est la longueur du recouvrement.
  Les recouvrements des barres C et D dont les axes sont situés à plus de 0,65 l0 de la section A, ne concernent pas
                                                     celle-ci.
                 Fig./Tab.V.(2) : Recouvrements à prendre en compte pour une section donnée
     o   Les recouvrements ne concernent pas la même section : dans ce cas il convient de les espacer d'au moins
         0,3 l0. Avec cette disposition, il n'existe aucune section qui soit concernée par à la fois les deux
         recouvrements.
 La distance libre dans la direction transversale entre barres adjacentes de deux recouvrements voisins doit être
 supérieure à 2φ et 20 mm.
 Il est loisible de limiter l'application de cette règle à chaque nappe considérée séparément, lorsque les
 recouvrements des nappes voisines sont décalés.
 α6 est un coefficient de sécurité qui prend en compte la simultanéité de plusieurs recouvrements concernant une
 section donnée.
 α6 = (ρ1/25)0,5 avec ρ1 proportion de barres avec recouvrement dont l'axe se situe à moins de 0,65 l0 de l'axe du
 recouvrement considéré. α6 varie de 1 à 1,5.
           ρ1                    < 25%                      33%                   50%                     > 50%
           α6                      1                        1,15                   1,4                      1,5
    Pour un recouvrement rectiligne, il y aurait l0 = α6 lb,rqd ; pour un recouvrement avec courbures, la formule
                                          simplifiée donne l0 = α6.α1.lb,rqd.
                             Fig./Tab.V.(7) : Longueur l0 pour des recouvrements avec courbures
    Exemple de calcul de longueur de recouvrement - cas d'un crochet normal à 180° avec α1=0,7 α2.α3.α5=0,7
    et α6=1,4 (50% de recouvrements pour la section considérée).
    Comme précédemment, la contrainte de calcul prise est σsd = fyk / γS, et la situation durable est considérée.
                                       f yk
                  φ σ sd φ              γs                        φ f yk                   1,5                   φ f yk
    l b , rqd =         =                                     =                                           = 0,58
                  4 f bd 4                     f ctk ;0, 05       4 f ctk ;0 ,05 2, 25 × 1,15 × 1 × 1 × 1        4 f ctk ;0 ,05
                             2,25η1 η 2 α ct
                                                   γc
    Soit le cas particulier suivant : α1 = 0,7 (crochet avec cd >3φ), α2α3α5 = 0,7, et α6 = 1,4 (50% de
    recouvrements dans la section considérée).
                                                                          φ f yk               φ f yk
    l 0 = 0,7 × 0,7 × 1, 4 × l b ,rqd = 0,7 × 0,7 × 1,4 × 0,58                           = 0,4
                                                                          4 f ctk ;0, 05       4 f ctk ;0 ,05
    o      Boucle normale :
           Les "boucles normales" ne sont pas utilisées pour les recouvrements. En particulier, les boucles
           d'extrémité d'éléments préfabriqués ne sont pas des "boucles normales".
           La jonction de barres comprimées par barres rectilignes est conseillée. De plus, pour les barres
           courbes de diamètre moyen ou important, la poussée au vide en fin de courbe peut être importante, et
           justifie la non-prise en compte de la partie courbe pour le recouvrement.
         Dans le cas d'utilisation de barres rectilignes, il est rappelé qu'il convient de prendre des dispositions
         pour assurer la sécurité du personnel.
On a alors α6 = 1,5.
V.7. Armatures transversales dans une zone de recouvrement dans le cas de barres tendues
 Les clauses correspondantes sont en [EC2-1-1 8.7.4.1]
 Trois niveaux d'exigence croissants sont retenus pour les armatures transversales en fonction de l'agressivité des
 recouvrements considérés.
                 avec     Ast section des armatures transversales et As section d'une des barres du recouvrement
                          ρ1 voir définition ci-avant [Chapitre 8-V.5]
 Alors deux nouveaux cas se présentent :
         2ème cas : ρ1 ≤ 50% ou a > 10 φ alors il convient de placer des aciers transversaux en premier lit et
 perpendiculaires à la direction du recouvrement.
         3ème cas : ρ1 > 50% et a ≤ 10 φ, alors les armatures transversales utilisées doivent être des cadres, étriers
 ou épingles, et perpendiculaires à la direction du recouvrement.
                                                         l0
                                                                                φ
Fig./Tab.V.(9) : Définition de "a" = distance entre recouvrements voisins dans une section donnée
         Ces dispositions peuvent être assouplies si les recouvrements sont situés dans des zones où les barres
         sont peu sollicitées.
Dans les deux derniers cas, il convient de répartir les armatures conformément au dessin ci-après.
     Fig./Tab.V.(10) : Dispositions des armatures transversales dans une zone de recouvrement de barres
                                                 tendues
           Fig./Tab.V.(11) : Autre disposition possible des armatures transversales dans une zone de
                                      recouvrement de barres tendues
 Les mêmes règles que pour les barres tendues s'appliquent, avec une disposition supplémentaire : ajouter de
 chaque côté du recouvrement une barre transversale placée à une distance inférieure à 4φ de l'extrémité du
 recouvrement.
         Comme pour les barres tendues, il est possible de répartir les armatures transversales uniformément
         sur la longueur de recouvrement, mais toujours avec les deux barres supplémentaires placées de part
         et d'autre du recouvrement.
         Ces deux barres supplémentaires ont pour but de s'opposer à l'éclatement du béton comprimé au
         contact de la tranche d'extrémité de la barre.
VII.1. Généralités
 Les barres peuvent être regroupées par paquets. Les aciers doivent être de même type et de même nuance,
 éventuellement de diamètres différents sous réserve que le rapport des diamètres n'excède pas 1,7.
 Sauf indication contraire les règles pour les barres individuelles s'appliquent également aux paquets de barres.
 Le nombre de barres d'un paquet est limité à 3, sauf pour les cas des barres verticales comprimées et des barres à
 l'intérieur d'une jonction par recouvrement pour lesquels 4 barres peuvent être groupées au maximum.
 Les armatures doivent être disposées de façon compacte afin d'opposer le minimum de gêne à la mise en place du
 béton.
 Dans le cas particulier d'un paquet de deux barres disposées l'une au dessus de l'autre et lorsque les conditions
 d'adhérence sont bonnes, le paquet est traité comme une barre individuelle.
Ces distances libres doivent vérifier : eh , ev ≥ emini = sup { φ ; (dg + 5mm) ; 20mm) }
Fig./Tab.VII.(4) : Ancrage d'un paquet de deux barres tendues avec un décalage important
Fig./Tab.VII.(5) : Ancrage d'un paquet de trois barres tendues avec un décalage important
     Cas particulier d'un ancrage droit du paquet de barres avec, pour une barre isolée, lbd (φ) = lb,rqd (φ)
     - paquet de deux barres : la longueur d'ancrage du paquet est : lpaquet ≥ 2,3 lbd (φ)
     - paquet de trois barres : lpaquet ≥ 3,6 lbd (φ)
    o    2ème cas : le diamètre équivalent φn est utilisé pour calculer lbd : lbd (φn) =   n lbd (φ).
         Le paragraphe correspondant de l'EN1992-1-1 est incomplet. Il est loisible de retenir un décalage
         minimum des barres comme indiqué sur les dessins ci-dessous.
    Cas particulier d'un ancrage droit du paquet de barres avec, pour une barre isolée, lbd (φ) = lb,rqd
    - paquet de deux barres :     lpaquet = 1,3 lbd (φ2) = 1,3 × 1,41 × lbd (φ) = 1,83 lbd
    - paquet de trois barres :    lpaquet = 1,6 lbd (φ3) = 1,6 × 1,73 × lbd (φ) = 2,77 lbd
o Cas particulier : φn < 32 mm et barres au voisinage d'un appui : pas d'obligation de décaler les barres.
Fig./Tab.VII.(8) : Ancrage de paquet de barres tendues au voisinage d'un appui pour φn < 32mm
 •   Cas des paquets de deux barres, avec φn < 32 mm : il n'est pas nécessaire de décaler les barres pour le
     recouvrement. La longueur de recouvrement l0 est calculée avec le diamètre équivalent φn.
 On applique les mêmes dispositions d'armatures transversales en zone de recouvrement que celles définies pour
 les barres individuelles ([Chapitre 8-V.7], en remplaçant φ par φn).
 •   Cas d'un paquet de deux barres avec φn ≥ 32 mm ou d'un paquet de trois barres : les arrêts de barres doivent
     être décalés longitudinalement d'au moins 1,3 l0, où l0 est calculé avec φ. Il est possible d'utiliser une barre
     supplémentaire de recouvrement, sans toutefois dépasser 4 barres dans une section de recouvrement.
        Fig./Tab.VII.(11) : Recouvrement d'un paquet de 3 barres tendues, avec une 4ème barre de
                                           recouvrement
 Les dispositions constructives concernent le ferraillage minimal ainsi que les dispositions à prendre pour les
 ferraillages [EC2-1-1 Sect.9].
      Application numérique à une poutre rectangulaire de hauteur supérieure à 1,0m, de 30cm d'épaisseur d'âme,
      avec un béton C30/37 et des aciers passifs fyk = 500 MPa :
      Selon la clause [EC2-1-1 7.3.3(3)], la quantité d'acier de peau à disposer, sur les joues des poutres, en zone
      tendue, est égale à :
      As,peau = 0,4×0,5×2,9×0,30×1,0 / 500 = 3,50 cm²
      Soit une quantité de 1,75 cm²/m de parement.
      Exprimé en terme de pourcentage de la section tendue, cette valeur est égale à :
      ρ = kc×k×fct,eff / fyk = 0,4×0,5×2,9 / 500 = 0,12%
      Selon [EC2-2/AN 9.1(103)], le ferraillage de peau à mettre en place sur tout le pourtour de la poutre est égal
      à 3cm²/m pour les classes d'expositions courantes (XC4), ou 5cm²/m en environnement agressif (XD, XS).
           On constate sur l'application numérique que le calcul selon [EC2-1-1 7.3.3(3)] donne une valeur
           inférieure au minimum de 3cm²/m donné en [EC2-2/AN 9.1(103)]. Dans les cas courants, il est
               possible de se dispenser du calcul de [EC2-1-1 7.3.3(3)] et utiliser directement les valeurs forfaitaires
               de la section 9.
 •         w
               est le taux d’armatures d’effort tranchant
• Asw est l’aire de la section des armatures d’effort tranchant régnant sur la longueur s
• s est l'espacement des armatures d’effort tranchant, mesuré le long de l'axe longitudinal de l’élément
 •             est l’angle entre les armatures d’effort tranchant et l'axe longitudinal [EC2-1-1 9.2.2(1)].
               Par rapport aux pratiques antérieures l'expression (9.5N) conduit à moins d'acier pour des bétons de
               faibles résistances caractéristiques et à plus d'acier pour des résistances caractéristiques plus élevées.
12.0c m2/m
10.0c m2/m
8.0c m2/m
6.0c m2/m
                       4.0c m2/m
                                          EC2 Asw/(s.bw)=0.08*racine(fck)/fyk*10000=
                       2.0c m2/m
                                          BPEL At/(st.bn)=0.4*gs/fyk*10000=
                       0.0c m2/m
                                   25    30                35                 40       45    50
Cependant au moins 50% des aciers d'effort tranchant doivent être sous forme de cadres et d'étriers (c'est une
valeur recommandée reprise par l'annexe nationale).
Pour les poutres, de hauteur utile d, les espacements maximaux des cours d'armatures d'effort tranchant sont
limités à :
                Sens longitudinal        sl,max= 0,75 d (1+cot )           [EC2-1-1 Expr.(9.6N)]
                Sens transversalst,max= 0,75 d    600mm [EC2-1-1 Expr.(9.8N)]
Pour les dalles, l'espacement maximal dans le sens longitudinal garde la même expression et l'espacement
maximal transversal est modifié et limité à :
                Sens transversal         st,max   1,5 d   (α = π/2)
                avec    = angle d'inclinaison des armatures sur la fibre moyenne
        Pour le cas de barres relevées qui sont moins utilisées en pratique, il faut se référer au texte de
        l'Eurocode 2.
      Les règlements antérieurs ne prévoyaient pas de spécifications particulières sauf pour les armatures
      longitudinales qui devaient être regroupées dans les angles.
I. EFFORT TRANCHANT
 L'effort tranchant à prendre en compte [EC2-1-1 6.2.1(6)], avec prise en compte de la variation due à l’effet
 Résal est : VEd - Vccd - Vtd .
         L'Eurocode 2 place l'effet Résal ici du côté des efforts sollicitants, mais le met aussi du côté des efforts
         résistants comme dans l'expression suivante :VEd < VRd = VRd,s + Vccd + Vtd [EC2-1-1 6.2.1(2) et (5)]
         Les deux manières sont équivalentes. Les règlements antérieurs privilégiaient la seconde.
         Une présentation plus habituelle de la règle, appliquée aux caissons est comme suit :
         A proximité d'un appui intermédiaire, la section est soumise à un moment M et un effort tranchant VEd
         négatifs. Le hourdis inférieur est fortement comprimée alors que le hourdis supérieur est peu
         comprimé, voire tendu.
         Dans le cas où le hourdis supérieur reste comprimé, la variation d'effort tranchant de l'effet Résal peut
         se calculer comme indiqué sur le schéma suivant.
      Ns est la résultante des contraintes normales du hourdis supérieur (Ns >0 pour une compression).
      Dans le cas de traction c'est la somme des efforts de traction des aciers du hourdis .
       s   est l'angle d'inclinaison de la fibre moyenne par rapport au hourdis supérieur.
      Ni et    i   sont les valeurs correspondantes pour le hourdis inférieur.
      La variation due à l'effet Résal est égale à : ∆VRésal = - Vcc,s – Vcc,i = - Ns.sin(αs) + Ni.sin(αi)
      Avec Ni > Ns et αs        αi , la variation ∆VRésal est positive.
      L'effort VEd étant négatif, l'effet Résal est dans ce cas favorable puisqu'il réduit l'effort tranchant (en
      valeur absolue).
      La prise en compte de l'effet Résal est a priori favorable car susceptible de réduire l'effort tranchant
      général, pour les sections près des appuis intermédiaires.
      Par contre lorsque l'on se rapproche de la mi-travée, le hourdis supérieur devient très comprimé, le
      hourdis inférieur tendu et l'effet Résal accroît l'effort tranchant général.
      La seule différence avec les pratiques antérieures vient du fait qu'on ne prenait pas en compte les
      zones d'âmes communes avec les hourdis.
      Une autre manière de prendre en compte l'effet Résal est aussi développée dans l'article de D. Le
      Faucheur, "Cumul des aciers de cisaillement et de flexion", paru dans la revue Ouvrages d'art du
         Sétra n°41 auquel le projeteur pourra se rapporter pour plus de détails. Elle a le mérite de se baser
         sur une expression analytique qui se prête plus facilement à une programmation pour logiciel. Elle
         donne cependant une valeur majorante de l'effet Résal car l'ensemble de la section est prise en compte.
  Dans ce cas, d est la hauteur utile de la membrure et bt sa longueur, soit appliqué à la figure ci-dessous d = hf et
 bt = x .
Les expressions ci-dessus sont plus spécifiquement adaptées aux poutres en T en béton armé.
Dans le cas du béton précontraint, et des caissons, en l'absence d'efforts concentrés apportant de brusques
variations d'effort normal dans les hourdis, il est plus judicieux de recourir aux expressions classiques de la
RDM et de calculer :
Les surfaces de reprises sont classées en très lisses, lisses, rugueuses et avec indentations :
     type de reprise                                                                        coefficients
     très lisse: surface coulée au contact de moules en acier, en matière plastique, ou
                                                                                        c = 0,25 et        = 0,5
     en bois traité spécialement :
     lisse : surface réalisée à l'aide de coffrages glissants ou surface extrudée ou
                                                                                     c = 0,35 et           = 0,6
     surface non coffrée, laissée sans traitement ultérieur après vibration :
     rugueuse : surface présentant des aspérités d'au moins 3 mm de haut, espacées
     d'environ 40 mm, obtenues par striage, lavage direct ou toute autre méthode c = 0,45 et               = 0,7
     donnant un comportement équivalent :
     avec indentation : surface présentant des clés comme sur la Figure 6.9 :               c = 0,50 et    = 0,9
L'Eurocode 2 partie 2 prescrit de prendre c = 0 pour les vérifications en fatigue ou dynamiques. Les sollicitations
dues aux charges de trafic (UDL et tandem TS par exemple) ne sont pas à considérer comme des actions
dynamiques. Les actions de séisme sont, par contre, des actions dynamiques.
         L'Eurocode 2 partie 1-1 demande seulement de diviser par deux les valeurs de c dans le cas de
         vérification en fatigue ou dynamique.
 Lorsque la contrainte normale à la reprise est une contrainte de traction il faut prendre c = 0.
I.4. Eléments en flexion composée, non fissurés à l'ELU et ne nécessitant pas d'armatures de
tranchant
 Pour les éléments ne nécessitant pas d'armatures de tranchant, soumis à une flexion composée et qui ne sont pas
 fissurés à l'ELU, la clause [EC2-1-1 6.2.2(4)] renvoie à [EC2-1-1 12.6.3], qui traite de la résistance à l'effort
 tranchant d'éléments en béton non-armé.
 La clause [EC2-1-1 12.6.3(3)] précise le sens de "non-fissuré à l'ELU" pour un élément : il reste complètement
 comprimé ou la valeur absolue de la contrainte principale de traction dans le béton est inférieure à fctd.
         Cette clause donne des formules de calculs calibrées pour des sections rectangulaires et pour le cas où
         la contrainte normale transversale est nulle. Le cas de sections complexes n’est pas envisagé car la
         valeur k = 1,5 [EC2-1-1 Expr.(12.4)] adoptée correspond bien au cisaillement maximal d’une section
         rectangulaire.
 Il est ajouté par la clause [EC2-1-1 12.1(2)] que la section 12 s’applique aux éléments pour lesquels l’effet des
 actions dynamiques peut être ignoré. Elle ne s applique pas quand les effets sont ceux engendrés par des
 machines tournantes et les charges de trafic.
 Elle ne saurait donc concerner les tabliers de ponts mais peut s'appliquer à d'autres éléments de structures tels
 que les semelles de fondation et les pieux dont le diamètre est ≥ 600 mm et pour lesquels NEd/Ac ≤ 0,3fck
 La justification consiste à vérifier que le cisaillement τcp dans une section soumise à un effort tranchant et un
 effort normal reste inférieure à une résistance de calcul en cisaillement et compression du béton fcvd. Le projeteur
 est renvoyé au texte de l'Eurocode 2 pour l'utilisation détaillée des expressions (12.5), (12.6), (12.7) [EC2-1-
 1 12.6.3(2) et (3)]. Elles permettent de tracer une courbe des contraintes de cisaillement admissibles aux ELU
 pour ces pièces peu armées, donnée ci-dessous. Dans la même figure a été ajouté la courbe donnant la contrainte
 limite donnée par l'annexe QQ pour les ELS, à titre de comparaison.
         La contrainte de cisaillement limite ainsi obtenue est inférieure à la contrainte limite calculée selon
         les prescriptions de l'annexe QQ de l'Eurocode2 partie 2. Ce résultat est logique : le critère de
         l'annexe QQ traduit la non-fissuration sans coefficient de sécurité, tandis que les expressions
         [EC2-1-1 12.6.3 Expr.(12.5) à (12.7)] traduisent la résistance à l'effort tranchant de pièces non
         armées, avec une sécurité importante puisque la rupture correspondante est fragile. Par contre elle
         autorise, sans armature, des contraintes de cisaillement plus élevées que les expressions [EC2-1-1
         Expr.(6.2a) et (6.2b)] comme le montre la droite représentant 1,5VRd,c/bwd résultant de ces formules et
         calculée avec le ratio maximal d’aciers passifs.
6.00
5.00
                                                 4.00
       tau admissible MPa
3.00
2.00
1.00
                                                 0.00
                            -5.00                    0.00                     5.00                   10.00                  15.00                  20.00                   25.00
                                     tau adm EC2 pour fck= 35 MPa et sigmaY= 0                                EC2 ELU Cisaillement adm issible béton non armé Taucp=1.5VEd/Acc
                                     1.5 VRd,c/bwd selon 6.2a et 6.2b avec Asl/bwd =0.02
      Fig./Tab.I.(7) : Contrainte de cisaillement admissible aux ELU selon [EC2-1-1 12.6.3] comparé aux
                              contraintes admissibles aux ELS de l'annexe QQ
I.5. Éléments précontraints à une seule travée ne nécessitant pas d'armatures de tranchant
 Ce cas est traité en [EC2-1-1 6.2.2(2)] et permet notamment de justifier les poutres préfabriquées précontraintes
 par pré-tension utilisées dans les structures de bâtiments. L'application des prescriptions données ne pose pas de
 difficulté particulière et le projeteur est invité à se reporter au texte de l'eurocode.
I.6. Cas particuliers permettant une augmentation de la résistance des bielles béton
                fck              25       30       35         40       50      60        70         80        90
          expression (6.6)     0,540    0,528     0,516     0,504     0,480   0,456     0,432     0,408     0,384
      1   expression (6.10)    0,600    0,600     0,600     0,600     0,600   0,600     0,550     0,500     0,450
           rapport    1/       1,111    1,136     1,163     1,190     1,250   1,316     1,273     1,225     1,172
Il montre également que cette règle est plus favorable pour les bétons de résistance moyennement élevée.
                Fig./Tab.I.(8) : Répartition de la précontrainte dans les membrures par les blocs d'about
                                                   [EC2-2 Fig.6.101]
II.1. Principe
 Dans la figure de droite les flèches verticales représentent une contrainte de compression transversale
 éventuellement nulle.
L'Eurocode 2-1-1 conseille de ne pas concentrer les aciers de tirants dans leur position théorique de modèle mais
de les répartir sur la zone d'épanouissement des contraintes [EC2-1-1 6.5.3(3)].
L'Eurocode 2-1-1 rappelle ensuite les expressions des efforts de traction pour deux cas simples :
        a) pour le cas de régions de discontinuité partielle ( b    H/2) , [EC2-1-1 Fig.6.25 a) ] ,
                          1 b−a
                    T=          F                                                [EC2-1-1 Expr.(6.58)]
                          4 b
        b) pour le cas de régions de discontinuité totale ( b > H/2), [EC2-1-1 Fig.6.25 b) ] ,
                          1       a
                    T=     1 − 0,7  F                                         [EC2-1-1 Expr.(6.59)]
                          4       h
(2) Les n uds soumis à traction et compression avec tirants dans une direction
  Fig./Tab.II.(5) : N ud soumis à compression et à traction avec armatures dans une direction [EC2-1-1
                                              Fig.6.27]
(3) Les n uds soumis à traction et compression avec tirants dans deux directions
     Fig./Tab.II.(6) : N ud soumis à compression et traction avec armatures dans deux directions [EC2-1-1
                                                 Fig.6.28]
 préciser ce qu'il y a lieu de faire, juste derrière l'ancrage dans la zone appelée de première régularisation. Elle
 n'est pas destinée à traiter le problème de la diffusion dans sa totalité.
III.2. Application des règles de l'Eurocode 2 au cas simple d'un seul ancrage
 C'est l'application de la méthode bielles et tirants dont les principes ont déjà été présentés au paragraphe
 précédent [Chap.10 II].
 III.2.1. Données
 Soit une poutre en béton de section 0,5m × 1m à laquelle une force de précontrainte de Pmax = 1MN à la mise en
 tension, est appliquée.
 Caractéristique du béton à t 0 , date de mise en tension: f ck (t 0 ) = 30MPa
                                                                       f yk       500
 Caractéristique du ferraillage passif, f yk = 500MPa soit f yd =             =        = 435MPa
                                                                        γs        1,15
 Les premiers n uds sont placés directement derrière la plaque d'ancrage. L'effort est conventionnellement divisé
                                                                                                  ( )
 en deux derrière l'ancrage et est diffusé grâce à deux bielles inclinées de 33,7° ( a tan 2 ). Une fois la diffusion
                                                                                            3
 effectuée, l'effort est bien réparti dans la section avec une contrainte uniforme modélisée par deux bielles
 horizontales situées au quart inférieur et au quart supérieur de la section. Il est généralement admis que cette
diffusion s'effectue de façon complète sur une longueur de l'ordre de la dimension transversale de l'élément. Cette
longueur est déterminée par le choix de l'angle de diffusion qui donne, à son tour, la section d'armatures
nécessaire.
        On peut noter que dans le modèle standard utilisé pour un effort concentré, l'angle de diffusion est
        aussi souvent adopté comme correspondant à 2 pour 1 (2:1).
                                      (         )
 σ Rd,max = k 2 ν' fcd = 0,85 × 1 − 30 × 30 = 15 MPa soit une valeur largement supérieure à la contrainte
                                    250 1,5
appliquée.
           Les noeuds après diffusion peuvent être appelés"'noeuds diffus" (pour "smeared nodes") dans la
           méthode bielles-tirants; ils sont généralement dispensés de la vérification du critère de compression
           limite du béton.
                      Pmax
Cela donne c =                     , soit dans l'exemple c = 0, 236m et δ = 0, 283m .
                   0,6 fck ( t 0 )
             q    Ferraillage
Comme déjà annoncé ci-dessus, le ferraillage à disposer dans le prisme de première régularisation qu'on vient de
déterminer est en principe donné par les ATE des procédés de précontrainte. Sa section minimale peut être
déduite du dimensionnement simple donné en [EC2-2 Anx.J.104.2 (103)] :
            Pmax
As = 0,15         γ        , soit dans cet exemple A s = 4 cm 2 .
             f yd P, unfav
Ce ferraillage transversal doit traverser le prisme de première régularisation selon deux directions orthogonales et
avoir dans chacune de ces directions la section minimale précédente. Les armatures seront en outre réparties sur
toute la longueur du prisme.
        Le ferraillage donné par l'ATE est souvent plus fort en quantité au minimum requis. Il est toutefois
        défini pour un ancrage isolé. Il convient d'adapter son façonnage aux dimensions réelles des éléments
        surtout dans le cas de plusieurs ancrages juxtaposés. Il convient aussi d'assurer une bonne couture du
        prisme au béton environnant de l'élément.
                                             ( )                                      P
Considérant des bielles inclinées à a tan 23 , ceci donne une force dans le tirant de d × 2 = 0,4MN .
                                                                                      2 3
                                                  0, 4
Cela donne un ferraillage de diffusion A sd =          = 13,3 cm2 à placer en complément des aciers A s
                                                  300
précédemment définis sur la longueur du prisme de première régularisation [Fig./Tab.III.(1)].
 Ces informations ne sont pas données dans l'Eurocode 2. En principe il faut aller voir dans les documents traitant
 de façon détaillée la méthode bielles et tirants. Le bon sens permet néanmoins de penser que ces armatures
 devraient être réparties et avoir comme position moyenne celle du tirant du modèle, tout en respectant les règles
 de bonne construction.
 III.3.1. Principe
 On vérifie la diffusion selon deux directions orthogonales, correspondant en général aux axes principaux d'inertie
 de la section étudiée (bien souvent l'horizontale et la verticale).
 Le calcul de diffusion de la précontrainte est réalisé dans deux zones :
 - une zone comprenant le voisinage immédiat de l'ancrage appelée prisme local ;
 - une zone dite de régularisation incluant toute la section sur la longueur nécessaire à la régularisation des efforts.
 Si D est une donnée correspondant à la première direction, la donnée correspondante dans la deuxième direction
 sera D'.
 La présente méthode est basée sur la vérification des contraintes de cisaillement dans des plans de coupures
 réalisées dans la pièce considérée.
2b 0 et 2b '0 sont les dimensions du bloc d'about testé pour l'obtention de l'agrément technique européen.
Fmax est la force de précontrainte à la mise en tension.
Par ailleurs, c et c' sont limités de façon à ce que les proportions du rectangle restent voisines de celles du bloc
d'about.
Pour cela, le rectangle homothétique à la section du bloc d'about d'aire A est défini par ses dimensions c 0 × c '0 :
             b0                                b '0
c0 = A                       et     c '0   = A
             b '0                              b0
Puis une variation de ± 15% sur ces dimensions est autorisée pour définir le rectangle d'impact.
Ainsi, c et c' doivent respecter les conditions :
                  1
0,85c 0 ≤ c ≤        c0
                0,85
c × c' = A
                                          A se =
                                                   [0,15 ξ + sin (ξ −1)]× Fd
                                                              f yd
                           2
                 ξ=
                          3 1
                       d× + 
                         h c
                         voir les figures [Fig./Tab.III.(3)] et [Fig./Tab.III.(4)] pour les définitions de d, c et h .
  Dans l'exemple :
  d = 0,5 m
  c = 0,236 m
  h=1m
  α = 0 rad
  on en déduit : ξ = 0,743
   Ase =
           [0,15 × ξ + sin α(ξ − 1)]× Fd = [0,15 × 0,743]×1,2 =3cm²
                       f yd                    500 / 1,15
             (
   LR = max H − d , H
                     2
                         )
                              (         )
   Dans l'exemple, LR = max 1− 0,5 ; 1 = 0,5 m
                                     2
III.3.4.b) Vérification des contraintes et calcul des armatures à disposer sur la zone de régularisation
où fcsd(t0 ) est la contrainte limite de cisaillement du béton, à la mise en tension : fcsd (t0 ) = 1,2 × fctk 0,05(t0 ) .
Dans l'exemple :
             H −c           0,5 − 0,236
    V* = Fd × 2   2 = 1,2 ×            2 = 0,46MN
                H                 1
   d'où
     *=0
    τ* =     V * = 1,83 MN
           LR × 0,5
Sachant que fctk 0,05(t0 ) = 2MPa, fcsd(t0 ) = 2,4MPa , le critère τ * − σ* ≤ fcsd ( t 0 ) est bien vérifié.
                                        Asc =
                                                ( V * − N *) ×  0,2 + 0,8 ×        τ * − σ * 
                                                    f yd                               fcsd 
                                                                                               
            0,46            1,83 
    Asc =       × 0,2 + 0,8 ×         = 10cm²
            435              2,4 
Dans le cas où la section n'est pas la section d'about définitive, il faut se reporter au guide édité par le Sétra.
III.5. Conclusions
 Sur l'exemple choisi les deux méthodes donnent des résultats quasi-similaires. Cependant, il ne faut pas perdre de
 vue que l'utilisation de la première méthode, méthode bielles et tirants, a été grandement facilitée grâce à la
 simplicité de l'exemple, exemple choisi dans un but didactique. On a aussi déjà souligné qu'elle n'a pas précisé
 suffisamment où et comment doivent être placés les ferraillages et qu'elle devient rapidement inextricable pour
 des structures complexes. En revanche, la deuxième méthode, encore appelée "méthode analytique" et qui a servi
 de base aux pratiques antérieures, a le grand mérite de traiter le problème de la diffusion à partir d'une approche
 globale. De ce fait elle est non seulement complète mais permet encore une adaptation aisée à des cas beaucoup
 plus complexes que l'exemple choisi.
 En conclusion il est conseillé au projeteur d'utiliser le guide "Diffusion des efforts concentrés- Efforts de
 précontrainte et des appareils d'appui" édité par le Sétra qui a fait le bilan des connaissances acquises sur le sujet
 et corrigé certaines imperfections des pratiques antérieures. De plus les règles de ce guide ont été adaptées avant
 sa parution pour être rendues conformes à l'esprit et aux notations des eurocodes.
 moment moyennée sur une largeur égale à 2 fois l'épaisseur de la dalle (moyenne faite transversalement à la
 direction de l'effort considéré).
         En pratique, pour les épaisseurs et les charges couramment utilisées en ouvrages d'art, la différence
         entre les deux calculs est minime. Les abaques de moment de flexion dans les hourdis de pont publiés
         par le Sétra ont pris en considération les moments de pointe.
     •      une méthode générale de justification d'une plaque sous un ensemble de sollicitations concomitantes.
 Ces règles de cumul sont toutes formulées aux ELU.
 Dans le cas plus général où il existe deux moments de flexion de signes contraires, la répartition entre les deux
 nappes d'armatures doit respecter les règles suivantes :
     Asup + Ainf      Max { Acis ; ½ Acis + Aflexion,sup ; ½ Acis + Aflexion,inf }
     où
     Aflexion,sup est la section d'aciers passifs en nappe supérieure nécessaire pour équilibrer le moment de flexion
     correspondant
     Aflexion,inf est la section d'aciers passifs en nappe inférieure nécessaire pour équilibrer le moment de flexion
     correspondant
          En proposant cette règle de cumul, l'Eurocode considère qu'il n'y a pas occurrence simultanée de la
          flexion maximale et du cisaillement maximal. Toutefois, l'Eurocode néglige la participation du béton
          comprimé à la reprise des cisaillements, ce qui va dans le sens de la sécurité.
 L'Eurocode ne précise pas la façon de répartir les aciers de couture entre les deux faces. La répartition suivante
 peut par exemple être adoptée :
          Asup     Acis / 4 + Aflexion,sup
          Ainf     Acis / 4 + Aflexion,inf
          Asup + Ainf      Acis
 D'autres répartitions sont toujours possibles, notamment pour l'évaluation d'ouvrages existants.
    Exemple 1:
    Aflexion,sup = 20cm²                     Aflexion,inf = 0cm²        Acis = 12cm²
    La section totale d'armatures doit dépasser max (12 ; 20+12/2) = 26,0 cm², à ventiler entre les deux nappes.
    En adoptant la répartition conseillée, 23cm² seront placés en nappe supérieure et 3 cm² en nappe inférieure.
    Exemple 2 :
    Aflexion,sup = 5cm²                      Aflexion,inf = 5cm²        Acis = 36cm²
    La section totale d'armatures doit dépasser max (36 ; 5+36/2) = 36 cm², à ventiler entre les deux nappes en
    respectant un minimum de 14cm² en nappe supérieure et 14cm² en nappe inférieure. On mettra donc 18cm²
    par nappe.
Les annexes F et LL de l'Eurocode 2 partie 1-1 et Eurocode 2 partie 2 présentent une méthode utilisable pour
vérifier de façon générale la résistance aux ELU d'une plaque soumise à une combinaison quelconque de
sollicitations concomitantes.
La méthode est directement applicable à une plaque munie d'un ferraillage orthogonal, et elle peut être
généralisée moyennant quelques adaptations au cas d'une plaque avec ferraillage biais.
Le principe général de cette vérification consiste à décomposer la plaque en 3 feuillets :
    •   2 feuillets extérieurs, qui équilibrent les efforts de flexion et les cisaillements dans le plan de la plaque,
    •   1 feuillet intermédiaire, qui équilibre les cisaillements transversaux
Les efforts de plaque sont décomposés sur ces 3 feuillets. Les 2 feuillets extérieurs travaillent alors en membrane,
c'est-à-dire qu'ils ne sont soumis qu'à des efforts dans leurs plans, sans moments de flexion.
L'articulation des différentes parties du texte de l’Eurocode 2 est la suivante :
    •   L'annexe F de l'Eurocode 2 partie 1-1 (modifiée par l'Eurocode 2 partie 2, et complétée par la clause
        6.109) présente la justification d'une membrane en béton
    •   L'annexe LL de l'Eurocode 2 partie 2 présente la façon de décomposer les efforts sur les 3 feuillets, et la
        façon de justifier la plaque
    •   L'annexe MM de l'Eurocode 2 partie 2 est une application simplifiée de l'annexe LL au cas des âmes de
        poutres
L'ordre de cette présentation est dû au fait que les efforts dans les feuillets externes dépendent des choix faits
pour justifier le feuillet intermédiaire.
L'application de ce modèle montre que même une dalle tendue dans les deux directions peut équilibrer des efforts
de cisaillement. Autrement dit, il n'y a pas d'interaction entre la résistance au cisaillement dans le plan de la dalle
et la traction.
Le modèle proposé permet en théorie de choisir une orientation des bielles complètement libre, ce qui supposerait
un béton parfaitement plastique. En pratique, l'orientation des bielles est conditionnée par le comportement de la
membrane aux ELS. Un grand écart par rapport à ce comportement risque de provoquer des fissures
inacceptables. Pour cela, l'annexe F prévoit une limitation donnée à la fin de la clause [EC2-2 Anx.F.1(104)].
 Si la plaque est fissurée vis-à-vis des efforts transversaux, il convient d'ajouter aux deux équations précédentes
 les compléments d'efforts longitudinaux donnés par (LL126). Les expressions (LL143) et (LL144) s'en
 déduisent.
 Enfin, un traitement particulier doit être accordé au cas (fréquent) où les nappes d'aciers sont excentrées par
 rapport aux membranes extérieures. C'est l'objet des équations (LL149) et (LL150), qui permettent de corriger
 les efforts membranaires pour tenir compte de cet excentrement.
 IV.4.5. Résumé
 En résumé, le processus complet de justification d'une plaque fissurée est le suivant :
 - choix des épaisseurs de feuillets (2 paramètres)
 - choix éventuel de θ si la plaque est fissurée à l'effort tranchant transversal (1 paramètre)
 - pour chaque membrane, choix de l'inclinaison des bielles d'effort tranchant longitudinal (2 paramètres)
 S'il existe une combinaison de ces 5 paramètres telle que les contraintes dans le béton et les aciers dans les 3
 feuillets soient satisfaites, alors la plaque est justifiée.
IV.5. Conclusion
 La méthode dite "sandwich" est une méthode générale qui semble satisfaisante d'un point de vue théorique, mais
 dont la mise en uvre est consommatrice en calculs. Dans les cas courants, lorsque c'est possible les règles de
 cumul forfaitaires telles que présentées plus haut seront à privilégier. Dans les cas plus complexes, pour des
 plaques soumises à des sollicitations multiples, la méthode de l'annexe LL peut apporter une réponse globale et
 cohérente à la question du dimensionnement des plaques en béton, et permettre une optimisation des quantités
 d'aciers passifs.
V.      FONDATIONS
 L'Eurocode 2 aborde les fondations dans un certain nombre de ses clauses, d'une manière disparate selon le thème
 traité, mais aussi d'une manière incomplète car il renvoie naturellement pour tout problème d'interaction des
 structures avec les terrains, à l'Eurocode 7 "Calcul géotechnique" qui comprend deux parties : l'EN1997-1
 "Règles générales" et l'EN1997-2 "Reconnaissance des terrains et essais géotechniques".
 Il a été admis toutefois, au niveau du CEN, que l'Eurocode 7 soit consacré principalement aux règles
 fondamentales du calcul géotechnique et nécessite des compléments à apporter par d'autres normes nationales.
 C'est pourquoi, l'annexe nationale à l’Eurocode 7 partie 1 précise que son application sur le territoire français
 s’appuie sur des normes nationales complémentaires dont les principales, pour les fondations d'ouvrages d'art,
 sont :
Il s'agit cependant de normes encore en cours d'élaboration, à la date de rédaction du présent guide, et dans
l'attente de leur parution, le projeteur pourra utilement se reporter aux dispositions du Fascicule 62 Titre V du
CCTG, pour ce qui concerne notamment les conditions de prise en compte de l'interaction sol-structure (utiles
notamment pour les justifications de résistance structurale STR et la justification géotechnique des fondations
GEO [EC0 6.4.1]). En effet, ces dispositions, compatibles avec L'annexe nationale à l’Eurocode 7 partie 1,
seront reprises pour l'essentiel par les normes nationales complémentaires en préparation.
Il apparaît ainsi utile de préciser ce que l'Eurocode 2 apporte au projeteur pour les fondations de ses projets de
ponts.
Partant du principe général selon lequel la vérification d'une structure en béton relève de l'Eurocode 2 (STR), le
problème est illustré clairement en disant qu'une semelle de fondation, voire un pieu, se calculera normalement
avec les méthodes et règles de l'Eurocode 2 une fois que les effets de l'interaction sol-structure auront été bien
pris en compte.
Il faut cependant aller chercher prioritairement les facteurs liés au mode d'exécution des ouvrages géotechniques
dans les documents appropriés. Cela est le cas, par exemple, de la valeur limite de compression dans le béton
d'un pieu foré, définie par l'intermédiaire d'un facteur partiel spécifique [EC2-1-1 2.4.2.5]. L'annexe nationale de
l'Eurocode 2 partie 1-1 précise alors au projeteur qu'il faut se reporter à la norme NF EN 1536 traitant des pieux
forés [EC2-1-1/AN 3.1.2(2)P].
Ce principe est d'application générale concernant les fondations pour éviter tout risque d'incohérence ; d'ailleurs,
ce risque est faible, puisqu'en principe, l'élaboration des normes complémentaires spécifiques tient compte de
l'existence des eurocodes.
Annexes
ANNEXES
1. Données communes
Les ouvrages proposés sont supposés supporter une 2 × 2 voies à trafic normal et sont à tabliers dédoublés.
Chaque tablier comporte une dalle de 12,30m qui porte le profil suivant :
    o   Une glissière de type GS2 de 0,50m d’encombrement
    o   Une bande dérasée gauche de 1,00m d’encombrement
    o   2 voies de 3,50m d’encombrement
    o   Une bande d’arrêt d’urgence de 3,00m d’encombrement
    o   Une barrière de type BN4 de 0,80m d’encombrement.
Le découpage en voussoirs conduit à un VSP de 8,0m de long, un voussoir de clavage de 2,0m de long soit 13
voussoirs courants de 3,46m de long environ et une partie sur cintre de 16,0m en travées de rive.
Les principales caractéristiques des sections sur pile et à la clé sont :
    o    Sur pile Ac = 9,50m² ; Ic = 52,73m4 ; v = 2,60m
    o    À la clé Ac = 6,34m² ; Ic = 6,93m4 ; v = 0,95m
Le béton constitutif du tablier est du C60/75 dont les caractéristiques principales sont :
    o    fck = 60 MPa ; fcm = 68 MPa
    o    Ecm = 39 GPa
•   de câbles de fléau 12T15S à raison d’une paire par voussoir courant soit 13 paires de câbles,
    o   posés en deux lits (9 + 4 paires de câbles dont l’axe est situé à 0,13m et 0,22m de la fibre supérieure) et
        ancrés sur la tranche des voussoirs à 0,40m de la fibre supérieure,
    o   les caractéristiques principales sont :
        Ep = 195 GPa ; fpk = 1860 MPa ; fp0,1k = 1637 MPa ;
        φgaine = 0,09m ; ρ1000 = 2,5 ; recul d'ancrage de 6mm ; coefficient de frottement µ = 0,19 ; déviations
        angulaires parasites k = 0,01.
•   de câbles de continuité intérieure 12T15S à raison de 2 paires en travées de rives et 3 en travée centrale
    o   posés en un lit (dont l’axe est situé à 0,13m de la fibre inférieure); de la culée aux voussoirs V8 et V9
        pour la travée de rive et entre les voussoirs V7 V8 et V9 pour la travée centrale (ancrés en bossage à
        0,43m de la fibre inférieure) ,
    o   les caractéristiques principales sont identiques à celles des câbles de fléau,
•   de câbles de continuité extérieure 19T15S régnant sur 2 travées à raison de 2 paires en travées de rive et
    donc 4 en travée centrale.
    o   posés en un lit (dont l’axe est situé à 0,32m de la fibre inférieure à la clé et à 0,28m de la fibre
        supérieure sur pile) et ancrés au droit des poutres des voussoirs sur pile,
    o   les caractéristiques principales sont identiques à celles des câbles de fléau.
Les armatures passives sont de type B500B pour tous les aciers.
Les appuis de cet ouvrage sont constitués de deux piles de 32m et 21m de hauteur, fondées sur 6 pieux de
diamètre 1,60m. Les fûts de piles sont rectangulaires, 2,30m longitudinalement sur 4,60m transversalement, et en
béton C30/35.
3. Exemple du PSIDP
Il s’agit d’un ouvrage de type PSIDP à 3 travées de 17,50m – 27,00m – 17,50m, constitué d’une dalle à larges
encorbellements de 0,90m de hauteur et de 12,30m de large.
Pour les besoins de certains calculs (fatigue, maîtrise de la fissuration en particulier), le même ouvrage est
dimensionné avec une précontrainte partielle. Ses caractéristiques générales sont conservées mais le nombre de
câbles est réduit à 15 câbles 12T15S. Les excentricités des câbles sur pile et à la clé sont alors modifiées pour
être conformes au schéma suivant :
                      F               33,50 
       α = 2 arccos1 −  = 2 arccos1 −        = 1, 287 rd Angle de l’arc
                    R              167,50 
       A = R × α = 167,5 × 1, 287 = 215,57 m Longueur de l’arc
    Fig./Tab.(2) : Formes des imperfections géométriques de l arc dans le plan vertical et dans le plan
                                               horizontal
                          1        2      1           2       
       θl = θ0 × α h =       min     =     min               = 0,0009632 rd
                         200             200                  
                                    L               215,573 / 2 
                                      215,573
                L                               2 = 0,0512 m
         a = θ l = 0,0009632 ×                                   amplitude maximale du profil sinusoïdal
                2                          2
                                                           
                      πs                     π si        
         a i = a sin  i     = 0,0512 × sin 
                                                               amplitude des deux ondes à l’abscisse curviligne si
                       l0                    215,573     
                                                       2   
                          1        2      1         2     
         θl = θ0 α h =       min     =     min           = 0,00068109 rd
                         200             200              
                                    L               215,573 
                   L                215,573
         a = θl      = 0,00068109 ×         = 0,074 m amplitude maximale du profil sinusoïdal
                   2                   2
                      πs                     π si 
         a i = a sin  i     = 0,074 * sin 
                                                        amplitude de l’onde à l’abscisse curviligne si
                       l0                    215,573 
o Pour L=45m θ i = 0,00149 rd soit e i = 45 × 0,00149 = 0,067m (> e 0 = 0,02m ) [EC2-1-1 6.1(4)]
S2 S1
                                                                                          A2
                                                                                          A1 (cdg)
                                                                                          A3
                                                                        I1
Bien entendu dans le cadre d'une étude d'exécution, les justifications vis-à-vis du cisaillement doivent être établies
dans de nombreuses sections transversales. Dans chaque section transversale, les deux âmes doivent être étudiées
si les efforts ne sont pas symétriques. Différentes coupures locales doivent également être considérées telles que
les coupures au droit des goussets (par exemple A2, S1 et S2 de la figure).
Pour l'illustration des applications numériques qui vont suivre les seules coupures considérées sont A1, A3 et I1,
justifiées vis-à-vis des cisaillements de tranchant et de torsion dus aux efforts généraux, sans tenir compte des
efforts de flexion transversale ou de diffusion éventuels, qui, normalement, doivent être analysés par ailleurs.
3.1. Généralités
Le calcul d'ensemble de l'ouvrage a été mené en utilisant le logiciel ST1 du Sétra, en tenant compte des phases de
construction et des charges de l'Eurocode 1.
Les extraits de résultats utiles aux différentes justifications et rappelés ci-après sont issus des enveloppes des
efforts ELS et ELU et correspondent à la situation de l'ouvrage en service, au temps infini après toutes pertes de
précontrainte effectuées.
Les résultats sont déterminés pour deux cas de concomitance des sollicitations :
    o   Moments de flexion My extrêmes et autres sollicitations concomitantes
    o   Contraintes de cisaillement extrêmes au niveau du centre de gravité (section A1) et autres sollicitations
        concomitantes
Dans les résultats, les contraintes de cisaillement tiennent compte de :
    o   l'effet Résal dû à l'inclinaison des hourdis
    o   l'effet de la précontrainte
    o   l'effet de la torsion
        On peut constater que l'effet Résal ne réduit pas la valeur de l'effort tranchant dans ce cas. Ceci est dû
        au fait que le hourdis supérieur de largeur importante est fortement comprimé alors que le hourdis
        inférieur l'est peu, voire tendu. La prise en compte de l'effet Résal n'est donc pas forcément favorable
        s'il a été calculé avec soin, en tenant compte de l'inclinaison des deux hourdis sur la fibre neutre.
4.1. Résistance des âmes sans armatures d'effort tranchant autres que la section minimale
Il s'agit de vérifier [Chapitre 6-II.2.1] si l'effort tranchant résistant des âmes dépourvues d'armatures
transversales est suffisant et comme on est dans le cas d'un caisson de supposer le ratio ρ nul et d'appliquer
l'expression :
                 VRd,c ≥ (vmin + k1 σcp) bw d                        [EC2-1-1 Expr.(6.2b)].
                 vmin étant défini par 0,053/γC k3/2 × fck1/2
                 k1 = 0,15 ( valeur recommandée, adoptée par l'annexe nationale)
                 fck = 60 MPa
                 σcp = 6,813 MPa = contrainte normale moyenne compte tenu de la précontrainte
                 vmin = 0,053/γC k3/2 × fck1/2 = 0,053/1,5×1,2893/2 × fck1/2 = 0,4004
                 (ces valeurs sont celles de l'annexe nationale pour les poutres)
                 VRd,c = (vmin + k1.σcp) bw d = (0,4004+0,15 × 6,813) × 0,32 × 2,398/cos8,6° = 1,10 MN par âme
                 d étant pris selon le biais de l'âme
L'effort résistant par âme vaut 1,10 MN pour un effort sollicitant par âme de VEd = 2,942/2/cos8,6° = 1,49 MN.
La section S(l/2) ne peut donc être justifiée avec la section minimale d'armatures. Il faut donc prévoir et
dimensionner des armatures cisaillement et la justifier en conséquence.
        A titre indicatif si la résistance de la section sans armatures avait été suffisante la justification de la
        section se serait terminé par une détermination de section d'armatures d'âmes minimale comme suit :
        Cette section minimale est donnée par les expressions [EC2-1-1 Expr.(9.4) et (9.5)]
                 ρw = Asw / (s × bw × sinα )
                 et ρw > ρw,min avec ρ w,min = (0,08 f ck ) / f yk
                 fck = 60 MPa et fyk = 500 MPa, ρw,min = 0,00124, bw = 0,32 m et sinα = 1 (aciers verticaux)
                 Asw / s = 4 cm²/m et par âme
Les âmes sont soumises à la fois à du cisaillement et à de la flexion transversale. Dans ce cas la vérification de la
condition de non écrasement du béton doit se faire en réduisant l'épaisseur de béton de la zone comprimée en
flexion [Chapitre 10-IV.3.3].
Un calcul parallèle de flexion a conduit à évaluer la zone comprimée en flexion (zone strictement nécessaire) à 2
cm, valeur à déduire de la largeur de l'âme.
D'où bw= 0,32-0,02 m =0,30 m largeur nette de l'âme
z = bras de levier du couple élastique de l'âme, ici pris égal à la longueur biaise = 2,457 m
                f 
ν1 = ν = 0,6 1 − ck  = 0,6×(1-60/250) = 0,456
              250 
cot = 1 car les aciers sont inclinés à 90° sur la fibre neutre (en fait les aciers sont verticaux, très légèrement
inclinés sur la fibre neutre)
d'où VRd,max = 5,42 MN pour une âme
On peut vérifier que la section nécessaire ne dépasse pas la section maximale utile donnée par :
A sw, max f ywd
                  ≤ 1 α cw ν1fcd                                                    [EC2-1-1 Expr.(6.15)]
     bws            2
           αcw =1,17
             1= 0,456
Il s'en déduit :
Asw,max/s = 0,5αcw         1 fcd   bw /fywd = 0,5 × 1,17 × 0,456 × 40 × 0,32 / 434,78 =78,5.10-4 m²/m= 78,5 cm²/m
            ∑ A sl f yd    =
                               TEd
                                    cot θ                                                           [EC2-1-1 Expr.(6.28)]
                  uk           2A k
                      (i) Effort pouvant être reprise par surtension des câbles de précontrainte
Dans la section considérée, le hourdis inférieur comporte 4 câbles éclisses 12T15S injectés au coulis de ciment,
donc adhérents, dont l'effort total calculé de façon concomitante aux efforts de dimensionnement pris en compte
vaut :
        Fp = 8,54 MN. (à l'état permanent)
        La tension des torons est ainsi de   p=8,54/4/0,0018    = 1186 MPa
S'agissant de torons de résistance caractéristique à la traction fpk =1860 MPa, fp0,1k = 0,9fpk, la possibilité de
surtension vaut :
        ∆ p= 0,9×1860/1,15 –1186 = 270 MPa (valeur largement en dessous de la limite de surtension de 500
MPa)
et la force pouvant être reprise par surtension de l'ensemble des 4 câbles est ainsi de :
 Fp = (270×4×12×150×10-6) = 1,94 MN soit 0,35 MN/ml de hourdis inférieur.
Il faut des armatures additionnelles car l'effort longitudinal de traction supplémentaire (0,661+0,162=0,823
MN/ml) ne peut être repris en totalité par surtension des câbles adhérents (effort de 0,35 MN/ml) .
Avec le cas de charge donnant le moment maximum, le même calcul de cette section conduirait à un effort de
traction résultant de -1,12 MN/m, soit une section d'amatures longitudinales de :
        25,74 cm²/m soit 143 cm² pour l'ensemble du hourdis.
C’est cette section d’armatures qu’il y a lieu de retenir.
On en déduit pour les câbles de précontrainte l'allongement restant avant d'atteindre l'allongement maximum de
calcul ud. C’est la différence entre l’allongement calculé et l'allongement maximal de calcul ud (voir
[EC2-1-1 Fig.3.10]) : pE = ud - pE.
A la déformation    ud    est associée la contrainte   ud.   L'augmentation de contrainte possible dans les câbles est :
                    p=      ud - pE
Dans le hourdis inférieur le centre de gravité des aciers passifs est au même niveau que celui des câbles éclisses
intérieurs au béton. Ils subissent donc les mêmes déformations. La déformation supplémentaire pour les aciers
passifs vaut ainsi :       sE =   pE
Il s’en déduit la contrainte maximale possible s pour les aciers de béton armé en fonction de la courbe
contraintes-déformations (voir [EC2-1-1 Fig.3.8]) et la variation de contrainte possible s = s - sE.
La section des câbles éclisses de hourdis inférieur est Ap, celle des aciers passifs As.
L’effort " en réserve" de la section est donc :
          FR =     p.Ap   +       s.As
                                                                         Section S(l/2)
                                                                  Cisaillement Moment
                              Effort
                                                                   maximal        maximal
 Effort Normal ELS QP (MN)                                              42,913         42,913
 Moment de flexion My ELS QP(MN.m)                                        0,043          0,043
 Effort d'un câble éclisse de hourdis inférieur (MN)                      2,154          2,154
 Effort d'un câble de fléau (MN)                                          1,937          1,937
 Effort Normal ELU (MN)                                                 42,917         42,914
 Moment de flexion My ELU(MN.m)                                         36,647         53,081
 Effort tranchant réduit avec effet Résal (MN) = VEd                     -2,942         -1,493
 Effort longitudinal de traction de tranchant MN                           3,69            0,0
 Effort longitudinal de traction dû à la torsion MN                       0,901           0,02
 Effort longitudinal total MN                                              4,59           0,02
 RESULTATS ELU
 Sections d'aciers dans le hourdis inférieur en cm²
 Aciers BA nécessaires en flexion                                         0,00            86,73
 Aciers complémentaires de tranchant et torsion                          70,97             0,12
 Total aciers dans le hourdis inférieur                                  70,97            86,85
Nota : Dans le cas du cisaillement maximum tous les efforts de flexion et une partie des efforts horizontaux de
tranchant et torsion sont repris par la surtension des câbles. Les calculs avec CDS plus fins permettent une
économie d'acier.
4.6. Vérification d'une section de reprise de bétonnage (exemple de la coupure au niveau bas de
l'âme - coupure A3)
Le choix de cette coupure fait intervenir la détermination au préalable des efforts de suspension induits dans les
âmes par le hourdis inférieur. Ces efforts sont à prendre en compte dans l'étude de toute coupure horizontale
effectuée dans la hauteur des âmes.
 4.6.c) Contrainte limite de cisaillement dans la coupure- calcul de la section d'armatures nécessaire
La contrainte limite de cisaillement le long de la reprise de bétonnage est donnée par :
vRdi = c fctd +     n   +   fyd ( sin + cos ) ≤ 0,5 fcd                                 [EC2-1-1 Expr.(6.25)]
avec une valeur plafond de 0,5 fcd = 0,5 × 0,456 × 40 = 9,12 MPa (cette valeur plafond ne peut être atteinte).
         c= 0,45 et = 0,7 en considérant une reprise rugueuse présentant des aspérités d'au moins 3 mm de haut,
         espacées d'environ 40 mm
         fctd = 2,03 MPa = contrainte de traction admissible du béton
          n = contrainte normale à l'interface. Comme l'âme est soumise à une traction verticale dû à la
         suspension du hourdis de F = 0,0378 MN/ml, il faut prendre c×fctd = 0.
            n   = -0,0378/0,32 = -0,118 Mpa.
            = 90° = inclinaison des aciers sur la reprise de bétonnage
            =As/Ai = ratio des aciers traversant la reprise rapportés à la surface de celle-ci
Le respect de la contrainte limite de cisaillement permet alors de calculer les ratios d'aciers nécessaires à assurer
l'équilibre de la reprise de bétonnage en égalant vEdi et vRdi :
vEdi = 1,86 ≤ vRdi = 0 - 0,7 × 0,118 +       × 434,78 × (0,7+0)= -0,0826 + 304,35 ×
8.00
7.00
                                                 6.00
     tau admissible MPa
5.00
4.00
3.00
2.00
1.00
                                            tau BPEL91adm pour fcj= 60 MPa et sigmaY= 0                              tau adm EC2 pour fck= 60 MPa et sigmaY= 0
                                            contraintes de calcul au centre de gravité                               contraintes de calcul en bas des âm es
En flexion transversale, l'implantation des charges de fatigue est d'une grande importance. Comme dans l'exemple
précédent, deux cas peuvent être envisagés.
1er cas : sur la voie réelle de droite                          2e cas : sur la voie conventionnelle accolée au dispositif
                                                                de sécurité
Dans le premier cas, l'ajout d'une voie de circulation par suppression de la BAU est considéré comme
improbable. Le passage des charges de fatigue ne produit donc aucun effort et aucun dommage par fatigue dans
la section d'encastrement.
A l'inverse, dans le deuxième cas, qui permet d'anticiper le passage éventuel de l'autoroute à 3 voies par sens de
circulation, la justification vis-à-vis de la fatigue devient un critère de dimensionnement important.
2. Méthode générale
Cette procédure de vérification des armatures est définie par la clause [EC2-1-1 6.8.4]. Elle consiste à faire un
calcul d'endommagement à partir de cycles d'étendues de contrainte et utilise les courbes de résistance à la fatigue
S-N des armatures.
Il faut ensuite analyser, classer les différentes étendues de contraintes par famille de valeurs ∆σsi et déterminer
leur fréquence d'occurence. Le résultat conduit à un spectre des étendues de contraintes [(∆σsi ; ni )i], schématisé
par le graphique suivant. (ni : nombre d'occurrence dans chaque famille, encore appelé nombre de cycles).
Représentée en échelle logarithmique la courbe type de ∆σs en fonction de N peut être considérée comme
constituée de deux demi-droites de pentes 1/k1 et 1/k2. La position des demi-droites est fixée par l'étendue de
contrainte ∆σRsk correspondant à un nombre de cycles particulier N* choisi pour les essais. Quelques courbes
utiles pour les projets, correspondant à différents types d'armatures et conditions de mise en uvre, ont ainsi été
étudiées et ont leurs paramètres définis dans les tableaux [EC2-1-1 Tab.6.3N et 6.4N], et reproduits ci-dessous.
Fig./Tab.(6) : Paramètres des courbes S-N pour les armatures de béton armé
Dans un cas simple, avec une étendue de contrainte constante ∆σs, il s'agit simplement de vérifier : n              N, N étant
le nombre de cycle à la rupture correspondant à ∆σs.
Dans un cas plus général, avec des variations de contraintes d'étendues différentes, l'endommagement global est
calculé en appliquant la règle de cumul des endommagements de Palmgren-Miner, DEd,i étant l'endommagement
produit par les ni cycles de chaque étendue ∆σsi : DEd,i = ni/Ni .
                                                                                                  ni
Le critère de vérification dans un cas général s'écrit alors :           D ed = ∑ D ed,i = ∑         ≤1
                                                                                                  Ni
Il faut donc calculer pour chaque ∆σsi du spectre d'étendue de contrainte, en tenant compte de γs,fat , la valeur Ni
correspondante pour calculer l'endommagement causé par ni cycles d'application de ∆σsi . Les expressions de N
en fonction de ∆σs s'obtiennent aisément à partir des équations des demi-droites:
                                                                                                              k1
                                              ∆σ        1                              1 ∆σ Rsk        
Si ∆σ s ≥
          ∆σ Rsk
                           log( ∆σ s ) − log  Rsk
                                              γ
                                                        =
                                                         k
                                                              (
                                                              log N * − log N   )   N=N  *
                                                                                        γ
                                                                                                          
                                                                                                          
           γ s ,fat                           s ,fat      1                            s ,fat ∆σ s     
                                                                                                              k2
                                ∆σ                                                     1 ∆σ Rsk        
si ∆σ s ≤
          ∆σ Rsk
                           log  Rsk
                                γ        
                                                               (
                                           − log( ∆σ s ) = 1 log N − log N *   )   N=N  *
                                                                                        γ
                                                                                                          
                                                                                                          
           γ s ,fat             s ,fat                    k2                           s ,fat ∆σ s     
        1                                                      70
                                    200    4,50                                     20           40           80
                                                               130
                                           4,20                70
        2                           310    1,30                120 – 120             5           10            5
"Chaque camion standard est supposé parcourir l'ouvrage en l'absence de tout autre véhicule".
[EC1-2 4.6.5(3)] .
Dans la réalité, en fonction de la géométrie de l'ouvrage, la présence simultanée de plusieurs camions sur
l'ouvrage est envisageable. Pour obtenir un spectre complet, il est alors nécessaire de considérer des convois de
plusieurs camions. Les étendues de contrainte dues à chaque convoi vont alors dépendre des différents types de
camions constituant ce convoi et de la distance entre les véhicules.
La clause [EC1-2 4.6 (2) note 2] indique que lorsque la présence simultanée de plusieurs camions sur le pont
ne peut être négligée, il convient de n'utiliser le modèle FLM4 que complété par des données supplémentaires,
spécifiées dans l'annexe nationale. D'après l'annexe nationale, ces données supplémentaires (distance entre
véhicules sur une même voie, densité du trafic sur les différentes voies lentes) sont alors à préciser, pour chaque
projet individuel, dans le marché.
Dans la pratique, l'hypothèse qui consiste à ne considérer qu'un seul camion est valable sur des ouvrages ou des
éléments de dimensions faibles ou moyennes (30m).
        Pour les ouvrages de grandes dimensions, l'accumulation de camions sur une même travée donne des
        variations de contrainte plus fortes que la passage d'un seul camion. Pour des travées de longueur
        moyenne (< 30m), avec des longueur de camions du modèle FLM4 variant de 5,00 à 15,00 m, cette
        différence est moins marquée. Par ailleurs, la probabilité d'occurrence d'avoir plusieurs camions sur
        une même travée devient faible.
Le spectre de variation de contraintes peut donc s'exprimer sous la forme [[(∆σsi,j ; ni )j] i= 1 à 5].
La durée d'utilisation de projet Nyears est définie par le maître d'ouvrage. Elle est couramment prise entre
70 et 120 ans.
La proportion pi des différents types de camion peut être déterminée à partir du tableau précédent, conforme au
tableau [EC1-2 Tab.4.7], à partir du type de trafic.
Le nombre de véhicule par an et par voie lente Nobs peut être déterminé à partir du tableau suivant, conforme
au tableau [EC1-2 Tab.4.5], en fonction de la catégorie de trafic.
        Le type de trafic ( trafic local, distances moyennes, longues distances) et la catégorie de trafic ne sont
        pas liées. En effet une route principale de type "longues distances" avec un faible trafic de camions est
        en catégorie 3 de trafic. A l'inverse, une voie urbaine à 2×2 voies supportant un fort trafic de poids
        lourds constitué essentiellement de camions à 2 essieux (20 T) a un trafic de catégorie 1 et de type
        "trafic local".
La catégorie de trafic ne doit pas non plus être confondue avec la classe de chargement des ponts routiers définie
dans la clause [EC1-2 4.2.2]. En effet, indépendamment de la catégorie de trafic, la plupart des ouvrages seront
dimensionnés avec un chargement de 2e classe. Les ouvrages supportant un trafic de catégorie 4 pourront
éventuellement supporter un chargement de 3e classe.
Avec l'utilisation du modèle FLM4 et donc un spectre d'étendues de contrainte limité [[(∆σsi,j ; ni )j] i = 1 à 5], le
calcul de l'endommagement se résume, si les étendues de contraintes sont suffisamment faibles, à l'application de
l'expression suivante :
Il s'agit de vérifier directement la résistance des armatures vis-à-vis de la fatigue, à partir d'une étendue de
contrainte équivalente ∆σs,equ = λs.∆σs,EC , avec:
    o   ∆σs,EC = σs,max - σs,min est l'étendue de contrainte maximale due au passage du camion du modèle FLM3
        calculée en déterminant les positions défavorable (σs,max) et favorable(σs,min) du camion sur l'ouvrage ;
    o   λs : coefficient d'endommagement équivalent à déterminer à partir de l'annexe [EC2-1-1 Anx.NN]. La
        détermination de ce coefficient sera illustrée plus simplement dans les applications numériques.
                                                                                            ∆σ Rsk
Le critère de vérification vis-à-vis de la fatigue est alors :                 ∆σs ,equ ≤
                                                                                             γ s,fat
        Calibration de la méthode
        Le paramètre λs a été calibré de manière à obtenir une équivalence, vis-à-vis de l'endommagement,
        entre le nombre N* de cycles d'une étendue de contrainte ∆σs,equ = λs.∆σs,EC et un spectre [(∆σi ; ni )i]
        dû à un trafic routier type.
        L'expression générale de l'endommagement est donnée par la relation :
                               k
                   γ     
                            2
                                                                                           ∆σRsk
        La condition Ded            1 est alors équivalente à :                ∆σs,equ ≤
                                                                                            γs,fat
        Le coefficient d'ajustement λs a été calibré, à partir de mesures de trafic et de calcul sur différents
        types d'ouvrages (flexion longitudinale) ou d'éléments (flexion transversale) et à partir des relations :
                ∆σs,equ
         λs =                            ∆σs,equ =k 2 1 ⋅∑n i(∆σsi ) 2
                                                                    k
                              et                                              (équivalence des endommagements)
                ∆σs,EC                                N* i
5.1. Données
 5.1.a) Projet
En théorie, chaque section du PSIDP est à vérifier vis-à-vis de la fatigue. Dans l'exemple suivant, la vérification
se limitera aux armatures de béton armé et de précontrainte des sections sur appui et à mi-travée.
La précontrainte longitudinale est constituée de 15 câbles 12T15S.
Le ferraillage passif est constitué de 23HA20, soit une section de 72,25 cm², en partie supérieure de la section
sur appui, et en partie inférieure de la section à mi-travée.
    o    trafic de type "longue distance" avec une répartition des différents camions types dans les proportions
         suivantes : p1 = 20 % ; p2 = 5 % ; p3 = 50 % ; p4 = 15 % ; p5 = 10 %
La durée d'utilisation de projet de l'ouvrage est Nyears = 100 ans.
La note [EC1-2 4.6.1 Note 1] propose d'ajouter 10 % de Nobs pour chaque voie rapide.
Pour simplifier la suite de l'application numérique, le trafic des poids lourds sur les voies rapides n'est pas pris en
compte. Au regard des coefficients transversaux, le moment dû à un camion centré sur les voies rapides
représente environ 80% du moment dû à un camion centré sur la voie lente. Dans le cas présent, la prise en
compte du trafic poids lourds sur les voies rapides n'a que très peu d'influence sur la justification vis-à-vis de la
fatigue.
Les figures suivantes montrent la variation du moment fléchissant en fonction de la position longitudinale des
différents camions circulant sur la voie lente. (coefficient de répartition transversale inclus).
Fig./Tab.(15) : Section à mi-travée - variation du moment due au passage des camions sur la voie lente
  Fig./Tab.(16) : Section sur appui P1 - variation du moment due au passage des camions sur la voie lente
Les variations des efforts dues au passage des camions sont combinées avec les efforts correspondant à l'état de
référence. Les courbes montrant l'évolution du moment global Mfat pendant le passage des camions sont les
mêmes que les courbes précédentes, à une translation près (suivant un axe vertical) ; Mfat = M0 + MQfat
L'effort normal reste constant : N = N0 = 29,95 MN.
Le tableau suivant donne les valeurs extrêmes du moment MQfat dû aux charges de fatigue et du moment global
Mfat.
        Ces diagrammes montrent l'importance de la définition d'un état de base dans la combinaison de
        fatigue. Les relations entre les contraintes et le moment ne sont pas linéaires. La variation de moment
        due au passage d'un camion donne une variation de contraintes dépendant de l'état "à vide".
Pour la section sur appui, les contraintes de traction dans les aciers passifs supérieurs apparaissent pour des
moments MQ inférieurs à –3,20 MN.m.
Le graphique [Fig./Tab.(16)] montre que le moment MQfat reste supérieur à cette valeur. La section sur appui
reste donc entièrement comprimée sous le passage des charges de fatigue du modèle FLM4. Il n'y a aucune
fatigue pour les armatures de la section sur appui.
Dans le cas de la section à mi-travée, la courbe [Fig./Tab.(18)] montre l'apparition de traction dans les aciers
passifs du lit inférieur pour des moments MQ supérieurs à 0,910 MN.m.
Le passage de chaque camion de type i ne produira donc qu'une seule étendue de contrainte :
    o   pour les aciers passifs : ∆σs,i = σs,max,i
    o   pour la précontrainte : ∆(∆σP,i) = ∆σP,max,i (variation de la sur-tension)
Pour tenir compte de la différence de comportement vis-à-vis de l'adhérence, entre armatures de béton armé et
armatures de précontrainte, un coefficient de majoration η est appliqué à la variation de contraintes des aciers
passifs, conformément à la clause [EC2-1-1 6.8.2(2)].
Le calcul de η est effectué à partir des valeurs suivantes :
    o   As = 72,26 cm²       φs = 20 mm ;
    o   AP = 15×AP,câble = 270 cm²            φP = 1,6 A P,câble = 67,88 mm ;
Les étendues de contrainte appliquées aux armatures de la section à mi-travée sont déterminées à partir de la
relation contrainte-moment correspondante des armatures représentée dans la figure [Fig./Tab.(18)] :
                         Type de camion i             1         2       3        4         5
                         ∆σs,i = η×σs,max,i          0,546    7,242   12,213    6,058    7,659
                         ∆(∆σP,i )                   3,779    6,618   8,741     6,114    6,796
              N ⋅N
                                               k
                            γ      
                                                             (       )
                                      2
i, j
                                   ∑    pi(∆σsi, j )
                                                        k2
         L'expression         k2                             s'apparente à une étendue de contrainte "moyenne"
                                   i, j
                                                                                         Nobs × N years
         ∆σmoy <
                      ∆σRsk
                     γs,fat × K
                                                             avec         K = k2
                                                                                              N*
                                                                                                            et                           (
                                                                                                                     ∆σmoy = k 2 ∑ pi ∆σsi, j   )
                                                                                                                                                k2
i, j
                               k2
         Le paramètre               Ded peut donc être considéré comme le rapport entre une étendue de contrainte
         moyenne et une étendue de contrainte limite. Ce paramètre est donc plus simple à interpréter que
         l'endommagement Ded.
         Les résultats sont les suivants :
         Aciers passifs :                     9    Ded = 0,116 < 1
                                                           k2
       Les tableaux suivants montrent la variation de           Ded en fonction de Ded.
       Lorsque la vérification à la fatigue sera satisfaisante, les valeurs de Ded seront souvent très faibles. Un
       endommagement de 1 % des aciers passifs correspond à 9 Ded = 60% de l'étendue de contrainte
       admissible. La section est alors plus proche de l'état limite ultime de fatigue que ne le laisse paraître
       la valeur de l'endommagement.
                                                   k2
                                        Figure :        Ded en fonction de Ded < 1
       Lorsque la vérification n'est pas satisfaisante, l'endommagement prend rapidement des valeurs
       importantes. Un endommagement de 5,0 des aciers passifs, correspond à              9
                                                                                              D ed = 1,20. Il suffit alors
       d'augmenter la section des aciers passifs de l'ordre de 20 %, pour obtenir une diminution des
       contraintes du même ordre, et des valeurs d'endommagement proche de 1,0.
                                                   k2
                                        Figure :        Ded en fonction de Ded >1
La charge de fatigue Qfat est dans ce cas le camion du modèle FLM3. Conformément à la clause
[EC2-2 Anx.NN.2.1(101)], les charges d'essieu du modèle doivent être pondérées par les coefficients suivants :
      o   1,75 pour une vérification des sections sur appuis intermédiaires des ponts continus,
      o   1,40 pour toutes les autres sections.
          Il est important que ce coefficient de pondération soit appliqué à la charge, et donc aux efforts
          sollicitant la section, la relation entre les variations de contrainte et les variations de moments n'étant
          pas linéaire. Les figures [Fig./Tab.(18) ou Fig./Tab.(19)] montrent que la variation de contrainte
          ∆σs(γQ×∆M) est supérieure à γQ×∆σs(∆M). (γQ = 1,40 ou 1,75)
La figure suivante montre la courbe de variation des moments MQfat= γQ.MFLM3, au niveau de la section sur appui
et à mi-travée, pendant le passage du camion FLM3 dans l'axe de la voie lente (coefficient de répartition inclus) :
• No = 29,95 MN
Pour la section sur appui, les contraintes de traction dans les aciers passifs supérieurs apparaissent pour un
moments MQfat inférieur à –3,20 MN.m (application de la méthode générale).
La figure précédente montre que le moment MQfat reste supérieur à cette valeur. Comme dans la méthode
précédente, la section sur appui reste donc entièrement comprimée sous le passage du camion FLM3.
Dans le cas de la section à mi-travée, les contraintes dans les aciers passifs inférieurs apparaissent pour un
moment MQfat supérieur à 0,910 MN.m.
Les contraintes extrêmes sont calculées avec les sollicitations suivantes :
    o   No = 29,95 MN
    o   MQfat,min = -0,39 MN.m                                 à      σs,min = comprimé ;       ∆σP,min   0
    o   MQfat,max = 2,40 MN.m à Mfat,max = 5,94 MN.m           à      σs,max = 12,72 MPa;       ∆σP,max = 14,13 MPa.
La lecture des coefficients λs,1 s'effectue sur les courbes concernant les poutres continues (indice a):
    o    3a) aciers de béton armé (k2 = 9)                                                 λs,1 = 1,18
    o    2a) armatures de précontrainte courbes dans gaines en acier (k2 = 7)              λs,1 = 1,35
o aciers passifs : ∆σs,equ = 29,26 MPa 176,00 MPa (∆σRsk = 202 MPa)
                                                                                                  ∆σ Rsk
Pour la "méthode équivalente" :                                                      ∆σ s,equ ≤
                                                                                                   γ s,fat
On peut ainsi comparer les rapports entre l'étendue de contrainte calculée et l'étendue de contrainte limite. Dans
                                                              k2
le premier cas, ce rapport est donné par le paramètre              D ed , tandis que dans le deuxième cas, il est donné par
l'expression : γs,fat ×∆σs,equ / ∆σRsk
                                                      k2
                                                           D ed               γs,fat ×∆σs,equ / ∆σRsk
Dans ce cas, la "méthode équivalente" est donc sécuritaire. La différence entre les deux méthodes s'explique par
le fait que, pour des sections en béton précontraint, sollicitées en flexion composée, l'hypothèse de base de la
"méthode équivalente" (la linéarité de la relation entre les variations de contrainte et de moment) n'est pas
vérifiée.
6.1. Données
 6.1.a) Projet
Dans l'exemple suivant, la section d'encastrement de l'encorbellement de l'ouvrage en béton précontraint construit
par encorbellements successifs est considérée. Il s'agit ici d'une section en béton armé pour laquelle les aciers
passifs sont vérifiés vis-à-vis de la fatigue.
                  MQ,fat
         ∆σs =                     avec As section d'acier et z bras de levier du couple élastique
                  z × As
Il n'est donc pas nécessaire dans ce cas de connaître l'état de référence de la section d'encastrement. Il suffit
d'étudier les variations du moment lors du passage des charges de fatigue.
Pour l'application numérique, les hypothèses suivantes sont adoptées :
    o   Coefficient d'équivalence acier-béton : α =15
    o   Hauteur, position des aciers : h = 0,32 m et d =0,28 m
    o   Bras de levier du couple élastique z = 0,90×d            0,250 m.
Les étendues ∆M1,2 , ∆M2,2 , ∆M5,3 et ∆M5,4 relativement faibles sont négligées.
                      N ⋅N
                                                                     (           )
                                                           k2
                                             γs,fat      
                                                           ⋅ ∑ pi ∆Mi, j
                                                                                 k2
                 Ded = obs years    ⋅ 
                          N*            z ⋅ As ⋅ ∆σRsk     i, j
                                                                   ∑ p i ⋅ ( ∆M i, j )
                                                                                     k2
Le tableau suivant donnent les valeurs de ∆M moy = k 2                                           :
Cette fonction peut être définie comme une étendue moyenne de moment vis-à-vis de la fatigue des aciers passifs.
                                                                                                                 ∑ pi ⋅ (Mi, j )k
I                1                  2                3              4                    5                  k2                      2
pi               20 %               5%               50 %           15 %                 10 %
pi×(|∆Mi,1|)k2 4,30.1011            1,90.1012        1,01.1013      6,80.1011            2,94.1011
                                                                                                                 28,76 kN.m/m
pi×(|∆Mi,2|)k2 3,44.10
                       6
                                    3,75.104         1,39.1011      6,19.109             1,05.109
                                             avec ∆M exprimée en kNm/ml pour le calcul
                         Nobs × N years    γ
Soit : As,fat ,lim = 2                  × s,fat × ∆M moy
                    k
                              N*         z × σRsk
Le dimensionnement aux ELU, hors considérations de fatigue, conduit à un section de 16,50 cm²/m. La fatigue
n'est pas dimensionnante dans ce cas.
         Simplification du calcul
         Dans l'exemple précédent, le passage de chaque camion de type i donne lieu à plusieurs étendues de
         contraintes (ou de moment) ; une étendue principale ∆σi,1 (∆Mi,1) et des étendues secondaires ∆σi,2 ,
         ∆σi,3 …
                                   ∆σi, j ∆Mi, j
         Soit αi,j le rapport            =       avec j      2                et                 αmax = Max (αi,j)
                                   ∆σi,1 ∆Mi,1
         Dans un premier un calcul ne sont pris en compte que les étendues principales ∆Mi,1. Ensuite les deux
         premières étendues sont pris en compte, ∆Mi,1 et ∆Mi,2 , en supposant ∆Mi,2= αmax .∆Mi,1
                                                            ∆Mmoy,1=k 2 ∑pi⋅(∆Mi,1) 2
                                                                                         k
         Dans le premier cas :
       Le facteur reliant ∆Mmoy,2 et ∆Mmoy,1 est une fonction de α, f(α) = 2 1 + (α ) 2 et peut être représentée
                                                                            k          k
       Dans un cas extrême, avec α = 1,00, la valeur de f(α) reste inférieure à 1,10. Pour des valeurs plus
       faibles (α < 0,70), les valeurs de f(α) sont très proches de 1,00 (<1,01).
       En conséquence, la prise en compte des étendues principales de contrainte (ou de moment) pour
       chaque type de camion permettra, dans la plupart des cas, d'obtenir une très bonne approximation de
       l'étendue moyenne de contrainte (ou de moment).
       Dans l'exemple précédent :      αmax = ∆M3,2 / ∆M3,1= 18,68 / 30,08 = 0,62
                                       f(αmax) = 1,001
       Le calcul prenant en compte toutes les étendues ∆Mi,j , donne ∆Mmoy = 28,76 kN.m/m
       En ne prenant en compte que les étendues principales, le calcul donne ∆Mmoy = 28,74 kN.m/m
       La différence est inférieure à 0,1 % !
       En pratique, dans le cas général, il suffit donc de déterminer, pour chaque camion de type i, les
       positions défavorable et favorable sur la(les) voie(s) lente(s) donnant les contraintes extrêmes, σmax,i ,
       σmin,i , et les étendues de contrainte principale ∆σi,1 = σmax,i - σmin,i .
i =1
L'étendue de contrainte ∆σs,EC est simplement obtenue à partir de l'étendue maximale de moment et de la relation :
                  ∆Mmax MQ,fat,max
         ∆σs,EC =         =              avec MQfat,max = 46,79 kN.m/ml et MQfat,min = 0
                   z × As     z × As
        Dans l'application de la "méthode équivalente", seule l'étendue de contrainte maximale due au camion
        FLM3 est prise en compte. Dans cet exemple, l’étendue de contrainte secondaire est importante. Il
        convient de noter que la calibration de la méthode, avec le coefficient d'ajustement λs,1, tient déjà
        compte de ce phénomène.
7. Conclusions générales
Les principales étapes de la méthode générale, avec utilisation du modèle FLM4, sont résumées ici. Il est
nécessaire de déterminer :
    o   les efforts (N0 ; M0) sous la combinaison de base
    o   l'implantation de la voie lente
    o   la variation des efforts en fonction de la position x du camion i sur l'ouvrage : MFLM4,i (x)
Une simplification de la méthode consiste à déterminer, pour chaque camion de type i, les positions défavorable
et favorable donnant σsi,max et σsi,min , et de ne tenir compte que de l'étendue de contrainte maximale ∆σsi,max =
σsi,max – σsi,min.
Dans la plupart des cas, le calcul suivant donnera une bonne approximation de l'étendue de contrainte moyenne :
Pour la "méthode équivalente", avec utilisation du modèle FLM3, il est nécessaire de déterminer :
    o   les efforts (N0 ; M0) sous la combinaison de base
                               ∆σRsk
La condition est : ∆σs,equ ≤                avec   ∆σs,equ = λs,max ×∆σs,EC
                                γs,fat
La méthode générale et la méthode équivalente conduisent à des résultats comparables si l'hypothèse de linéarité
entre efforts sollicitants et contraintes est vérifiées (flexion simple). Dans le cas contraire (flexion composée), la
"méthode équivalente" s'avère sécuritaire.
La méthode dite simplifiée est toujours très sécuritaire par rapport aux deux autres.
1. Cas du PSIDP
Est considéré dans cette annexe l'exemple du PSIDP commun à l'ensemble des chapitres du présent guide.
Seul le calcul réalisée sur la section de la première travée située à 2,50 m de la première pile, notée section n°7,
est détaillé ici.
Un tableau récapitulatif des quantités de ferraillage à disposer dans les autres sections est alors fourni, qui
permet d'identifier les sections les plus critiques vis-à-vis du critère de rupture fragile.
Rappel des sollicitations obtenues dans la section, avec Pm,infini (cf. remarque sur les combinaisons Chap. 6 VI.2) :
        Pm, infini = 44,75 MN
        MELS freq, max = 0,81 MNm
        MELS freq, min = -5,63 MNm
Le critère concerne uniquement les zones tendues sous les sollicitations de l'ELS caractéristique, déterminées en
négligeant les effets isostatiques de la précontrainte (Chap 6. VI.1) :
        MELS cara -P, max = 2,92 MNm            et    MELS cara -P, min = -7,28 MNm
Le critère de rupture fragile dans cette section va donc concerner à la fois la fibre supérieure et la fibre inférieure.
Dans le cas de la combinaison obtenue pour M = MELS freq, max, σc,f = 4,81 MPa en fibre inférieure
                                     (respectivement, σc,f = 1,53 MPa en fibre supérieure pour MELS freq, min).
1.1. Calcul du nombre de torons à supprimer pour obtenir la fissuration à l'ELS fréquent (méthode
a)
Cette première étape consiste à déterminer αι tel que :
                              e ×y 
          c,f   - αi.Pm,∞  1 + 0i  = - fctm
                           S    I 
Vérification de la résistance ultime de la section "à précontrainte réduite" sous l'effet cumulé des
combinaisons de l'ELS fréquent et de la diminution de la précontrainte calculée (méthode a) :
Le torseur d'efforts à appliquer à la section est obtenu en retranchant aux sollicitations de l'ELS fréquent, l'effet
isostatique de la précontrainte supprimée déterminée à l'étape précédente :
         Ntot = (1 – Σ αi) Pm,∝ = (1 – 1,00) × 44,75 = 0 MN                 (3,38 MN pour MELS freq, min)
         Mtot = MELS Freq – Σ αi . Pm,∝ . e0i = 0,81 – 1,00 × 44,75 × –0,015 = 1,48 MNm
                                                                            (-5,02 MNm pour MELS freq, min)
La dernière étape du calcul consiste alors à vérifier, à partir d'un calcul de section, que les couples de valeurs
(Ntot ; Mtot) se trouvent dans le diagramme de résistance ELU de la section, après suppression des câbles
supposés corrodés, et le cas échéant à déterminer le complément d'armatures passives à rajouter.
Pour N = 0 MN, le moment ELU maximal admissible est de 0 MNm, ce qui conduit à une section totale
d'armatures passives à disposer en fibre inférieure de 36 cm2.
Respectivement, pour N = 3,38 MN, le moment ELU minimal admissible est de –4,1 MNm, ce qui conduit à une
section totale d'armatures passives à disposer en fibre supérieure de 52 cm2.
Le bras de levier des aciers passifs à l’ELU par rapport au centre de compression, zs, est obtenu directement
grâce au logiciel de calcul de section :
                  zs = 0,81 m pour les aciers disposés en fibre inférieure
                  (respectivement zs = -0,80 m pour les aciers disposés en fibre supérieure)
Les mêmes calculs, réalisés sur les autres sections, conduisent aux résultats indiqués dans le tableau ci-dessous.
PS : Les quantités de ferraillage indiquées dans le tableau ci-dessus incluent les armatures disposées pour
d'autres raisons, notamment la justification vis-à-vis de la flexion longitudinale.
Est considéré dans cette annexe l'exemple du pont construit par encorbellements successifs, à hauteur variable,
commun à l'ensemble des chapitres du présent guide.
Seul le calcul réalisée sur la section correspondant à la fin du premier voussoir courant de la travée centrale,
notée section n°18, est détaillé ici.
Un tableau récapitulatif des quantités de ferraillage à disposer dans les autres sections est alors fourni, qui
permet d'identifier les sections les plus critiques vis-à-vis du critère de rupture fragile.
Rappel des sollicitations obtenues dans la section, avec Pm,infini (cf. remarque sur les combinaisons Chap. 6 VI.2) :
        Pm, infini = 83,46 MN
        MELS freq, max = 31,3 MNm
        MELS freq, min = -17,3 MNm
Le critère concerne uniquement les zones tendues sous les sollicitations de l'ELS caractéristique, déterminées en
négligeant les effets isostatiques de la précontrainte (Chap. 6 VI.1) :
        MELS cara -P, max = -118 MNm            et   MELS cara -P, min = -185 MNm
Ces deux valeurs sont négatives et il n'y a donc lieu de considérer que la fibre supérieure.
Dans le cas de la combinaison obtenue pour M = MELS freq, min, σc,f = 8,42 MPa (11,23 MPa pour MELS freq, max).
2.1. Calcul du nombre de torons à supprimer pour obtenir la fissuration à l'ELS fréquent (méthode
a) :
Cette première étape consiste à déterminer αι , correspondant aux câbles de fléaux, tel que :
                              e ×y 
          c,f   - αi.Pm,∞  1 + 0i  = - fctm
                           S    I 
Ce qui correspond dans les deux cas, pour obtenir la fissuration, à supprimer la totalité des 24 câbles de fléaux:
               24 × (12×150)
                                   =65 % .
        24 × (12×150) + 8×(19×150)
2.2. Vérification de la résistance ultime de la section "à précontrainte réduite" sous l'effet cumulé
des combinaisons de l'ELS fréquent et de la diminution de la précontrainte calculée (méthode a) :
Le torseur d'efforts à appliquer à la section est obtenu en retranchant aux sollicitations de l'ELS fréquent, l'effet
isostatique de la précontrainte supprimée déterminée à l'étape précédente :
La dernière étape du calcul consiste alors à vérifier, à partir d'un calcul de section, que les couples de valeurs
(Ntot ; Mtot) se trouvent dans le diagramme de résistance ELU de la section, après suppression des câbles
supposés corrodés, et le cas échéant à déterminer le complément d'armatures passives à rajouter.
Pour N = 29,21 MN, le calcul de section montre que le moment ELU minimal admissible est de –82,5 MNm, ce
qui conduit à une section totale d'armatures passives en fibre supérieure de 197 cm2.
                                                                           (0 cm2 pour MELS freq, max)
Le bras de levier des aciers passifs à l’ELU par rapport au centre de compression, zs, est obtenu directement
grâce au logiciel de calcul de section :
                   zs = - 4,98 m
D'où : As,min =
                     - 76,2   = 306 cm2.
                  -4,98 × 500
Les mêmes calculs, réalisés sur les autres sections, conduisent aux résultats indiqués dans le tableau ci-dessous.
Il ressort de ce tableau que :
        - la méthode (b) constitue systématiquement une enveloppe sécuritaire de la méthode (a) ;
         - les sections pouvant nécessiter un complément de ferraillage en fibre supérieure vis-à-vis de la
vérification du critère de rupture fragile dans cet exemple (pont construit par encorbellement de hauteur variable)
sont celles situées à proximité des appuis en travée centrale (voussoirs Vd1 et Vd2) et jusqu'au tiers de travée
compté depuis la pile en travées de rives (voussoirs Vg1 à Vg5).
         - les sections pouvant nécessiter un complément de ferraillage en fibre inférieure vis-à-vis de la
vérification du critère de rupture fragile dans cet exemple (hauteur variable) sont celles situées à proximité des
culées en travées de rives (voussoirs Vg13 et Vg12).
PS : Les quantités de ferraillage indiquées dans le tableau ci-dessus incluent les armatures disposées pour
d'autres raisons, notamment la justification vis-à-vis de la flexion longitudinale.
L’étude porte sur les deux piles du pont construit par encorbellements.
Les imperfections géométriques initiales sont déduites d’une inclinaison globale donnée à chaque pile [l'Eurocode
2-1-1 5.2(7), EC2-2 5.2(106)] ce qui permet de calculer une excentricité en tête de pile.
1. Données initiales
                                                   EC2-1-1                                     EC2-2
        Valeur de calcul du                                                                        0 ,3
                                  E                                                   f 
                            E cd = cm                                     E cm = 22000 cm 
        module                    γ cE                                                 10 
                                        32837                                                     0 ,3
                               E cd =         = 27364MPa                               38 
                                         1,2                              E cm = 22000                 = 32837MPa
                                                                                       10 
Acier de classe B
Valeur de déformation relative                                                  ε uk = 0,05
sous charge maximale
Valeur minimale de (ft/fy)k                                                      k = 1,08
Limite d élasticité                                                          fyk = 500MPa
caractéristique
Valeur de calcul du module                                                  Es = 200000MPa
 élasticité
                                                       EC2-1-1                                         EC2-2
Fin de branche élastique ELU
Valeur de déformation relative              f yd       434,78                         1,1f yk        550
                                   ε yd =          =          = 0,002174                        =          = 0,00275
                                            Es         200000                           Es          200000
2. Application des critères simplifiés pour négliger les effets du fluage et du second ordre
2.1. Fluage
La valeur finale du coefficient de fluage peut être calculée à partir de l’équation de base décrite dans l’annexe B
de l’Eurocode :
ϕ(t, t 0 ) = 1 +
                                                  1
                              ×        ×                ×
                                                         (
                                                     0, 20  
                                                                   )        
                  0,1⋅ 3 h 0   f cm   0,1 + t 0   (β H + t − t 0 ) 
           1 − 70 / 100   16,8              
ϕ(∞,20) = 1 +
                                        1
                         ×      ×              × 1 = 1,225 × 2,725 × 0,521× 1 = 1,739
           0,1 ⋅ 1533   38   0,1 + 20
                 3                         0, 20 
                                                         (            )
Le coefficient de fluage effectif est déterminé avec les moments maximaux à la base des piles.
           Pile de 21m                                                     Pile de 32m
                                  M 0 Eqp                                                     M 0 Eqp
            ϕ ef = ϕ(∞, 20)                                                 ϕ ef = ϕ(∞, 20)
                                  M 0 Ed                                                      M 0 Ed
                                2,497                                                         2,881
            ϕ ef = 1,739 ×             = 0,190                              ϕ ef = 1,739 ×          = 0,150
                                22,838                                                       33,322
                               1             1                                                1             1
                   A=                =                = 0,963                     A=                =                = 0,971
                          1 + 0,2ϕ ef 1 + 0,2 × 0,190                                    1 + 0,2ϕ ef 1 + 0,2 × 0,150
Les effets du 2nd ordre doivent être pris en compte pour les deux piles
3. Méthode simplifiée basée sur une estimation de la courbure 1/r [EC2-1-1 5.8.8]
                     M
                     { Ed = M 0 Ed + M
                            123 {2
                    moment     moment       moment
                    total      1er ordre    2 nd ordre
La méthode permet de calculer le moment du 2nd ordre [EC2-1-1 5.8.8.2(3)] à partir d’une estimation de la
courbure de la structure à l’équilibre [EC2-1-1 5.8.8.3(1) à (4)] , du choix d’un coefficient c dépendant de la
distribution des courbures des moments du 1er et du 2nd ordre [EC2-1-1 5.8.8.2(4)] et d'un excentricité e2 créé par
le 2nd ordre. Le produit de cet excentricité e2 et de l’effort normal de calcul agissant donne le moment du 2nd
ordre.
                                      1 l0 
                                            2
                      {2 = {
                      M       N Ed         
                                     r   c 
                              effort       
                   moment
                   2 nd ordre normal
                                     1 42 43
                                       e2
                   où :
                      1
                          courbure estimée
                      r
                      c = π 2 si courbure sinusoïdale , c = 8 si courbure constante
e2
N comb
                                                       L=lo/2        γG Npp
                                                                M2     R
                          n −n                   (1 + ω) − n                 (1 + 0,044) − 0,221 
              K r = min  u         ; 1 = min                 ; 1 = min                     ; 1 = 1
                          n u −n bal             (1 + ω) − n bal             (1 + 0,044) − 0,4      
                                                           f    λ          
              K ϕ = max (1 + βϕ ef ; 1) = max 1 +  0,35 + ck −   ϕ ef ; 1
                                                          200 150          
                                     30 63,3              
              K ϕ = max 1 +  0,35 +    −     × 0,190 ; 1 = 1,015
                                     200 150              
               1   ε yd   0,002174
                 =      =             = 0,0021664
               r0 0,45d 0, 45 × 2,230
       1
         = 1 × 1,015 × 0,0021664 = 0,0021989
       r
Kr
1,0
                                                                        1+ω            n
                                                   0,4
Fig./Tab.(3) : Paramètre Kr
4. Méthode simplifiée basée sur une estimation de la rigidité nominale EI [EC2-1-1 5.8.7]
                                                         
                                                    β 
                               M Ed = M 0 Ed 1 +
                               { 123             NB      
                              moment  moment
                                                      − 1
                              total   1er ordre  N Ed    
             π2
        β=      dépend de la distribution des moments du 1er et du 2nd ordre [EC2-1-1 5.8.7.3(2) à (4)]
             c0
       Dans le cas d’éléments isolés de section constante soumis à un effort normal constant, il est admis une
       distribution sinusoïdale du moment du 2nd ordre et c0 prend une valeur qui dépend de la distribution du
       moment du 1er ordre M0Ed , soit par exemple :
                                                                                       π2 π2
                             Pour une distribution constante de M0Ed , c0 = 8 et β =      =   ≈ 1, 234
                                                                                       c0   8
                                                                                           π 2 π2
                             Pour une distribution parabolique de M0Ed , c0 = 9,6 et β =      =     ≈ 1,028
                                                                                           c 0 9. 6
                                                                                           π2 π2
                             Pour une distribution triangulaire de M0Ed , c0 = 12 et β =      =   ≈ 0,822
                                                                                           c 0 12
       Dans le cas d’éléments isolés pour lesquels soit l’effort normal et/ou la section varient, ou qu’une charge
       transversale est appliquée, β = 1 constitue normalement une simplification raisonnable.
                π 2 EI
        NB =     2
                   est calculée à partir d’une estimation de la rigidité nominale EI obtenue par l’addition de
              l0
       deux termes, l’un relatif au béton, l’autre relatif aux armatures, sous réserve que le ratio géométrique
                        A
       d’armatures ρ = s ≥ 0,002 , [EC2-1-1 5.8.7.2 (1) à (4)].
                        Ac
        EI = K c E cd I c + K s E s I s
             1424   3 123
                 béton       armatures
                                   f ck     30
                            K1 =         =      = 1, 225
                                   20       20
                                        λ                           63,3         
                            K 2 = min  n     ; 0,20  = min  0,221 ×      ; 0, 20  = 0,082
                                         170                        170          
                          1, 225 × 0,082
                   Kc =                  = 0,084
                             1 + 0,190
                   Ks =1
On rappelle que lorsque le projeteur n'a pas à sa disposition de logiciel permettant de coupler non-linéarité
géométrique et non-linéarité matériaux, il est possible de rechercher pour une section jugée a priori critique, l’état
d’équilibre en exprimant de deux manières la relation liant le moment de flexion dans la section critique avec la
courbure de celle-ci :
    -   La loi moment-courbure externe où le moment de flexion sollicitant la section est la somme du moment
        du 1er ordre M0Ed et du moment du 2nd ordre. Pour simplifier, la répartition des courbures le long de la
        structure est considérée linéaire, ce qui permet de déterminer l'effet du second ordre en fonction de la
        courbure de la section critique uniquement ;
    -   La loi moment-courbure interne où le moment de flexion résistant résulte de l’état de contraintes de la
        section soumise à une courbure imposée, à effort normal donné ;
    -   L’intersection ou non des deux courbes représentatives de la loi externe et de la loi interne permet de
        vérifier qu’il existe ou non un état d’équilibre. Dans l’affirmative, l’intersection des deux courbes donne
        la valeur du moment total MEd à l’équilibre.
                                         N comb                f (x)
                                   Xi
                                                γ G Pi
                                                                      déformée
                                                                     sinusoïdale
                             l0
                                           R
                                         N comb
                                                    e2
                                                    x                                                           2
                                                                                                               l0 1
                                                                                                        e2 =
                                                                                                               π2 R
          1                                l0
                                                           π × x   l 20 1
         M  = M 0 Ed +  N comb + γ G Pi
          R            
                                             ∫
                                             0
                                              2    1 − sin
                                                   
                                                            l 0
                                                                   dx  2
                                                                  
                                                                    π R
          1                           l        2  l 1
                                                           2
         M  = M 0 Ed +  N comb + γ G  Pi 0  1 −   02
          R                           2        π  π R
          1                               π − 2 l0 1
                                                          2
         M  = M 0 Ed +  N comb + γ G N pp
          R                                 π  π 2 R
          1                      γ G N pp  l 20 1
         M  = M 0 Ed +  N comb +          
          R                       2,752  π 2 R
          1                     1,35 × 5,555  (2 × 21)
                                                                    2
                                                             1
         M  = 22,838 + 39,220 +               ×        ×
          R                        2,752         π 2
                                                             R
          1                       1
         M  = 22,838 + 7496,813 ×
          R                       R
                                                                                               1
La valeur du moment externe pour la courbure correspondant à l’équilibre de la structure         = 0,00030143 (voir
                                                                                               R
ci-après) est égale à :
         M(0,00030143) = 22,838 + 7496,813 × 0,00030143 = 25,098MN.m
                                                                           εsc                                          σsc
                          A sc                                                                                                       Fsc
                 YG
                                       Ysc
            Yi
Arctg(1/R) Fc
                                                                                                                                          Yc
                            G
        h
                                                                                 Yhc
                                                                                                               σci
                                       Yst
εci(1+ ϕef)
                          A st                                                                                                       Fst
                                                       εst                                               σst
bi
                                                                           εsc                                          σsc
                          A sc                                                                                                       Fsc
                                                                                                                                               Fc
                                                 Arctg(1/R)
                 YG
                                       Ysc
            Yi
Yhc
                                                                                                                                          Yc
                            G
        h
                          A st                                                                                                 Fst
                                                 εst                                               σst
bi
                            ε bi
                ε ci =
                         (1 + ϕ ef )
                         ( Yhc   − Yi ) ⋅ (1 R )
                ε ci =
                            (1 + ϕ ef )
                       (1,819 + Yi ) × 0,00030143
                ε ci =                                  avec − 2,30 ≤ Yi ≤ 0
                                (1 + 0,190)
    o   Sur les aciers situés au dessus du centre de gravité de la section
                ε sc = ε b − [( YG − Ysc ) ⋅ (1 R )]
                               ε sc sans limitation si branche supérieure horizontal e
                         avec 
                                ε sc ≤ ε ud si branche supérieure inclinée
                                                  f yd
                      ε s ≤ ε yd ⇒ σs = ε s
                                                  ε yd
                                    branche horizontal e
                                    σ = f
                                     s    yd
                                    branche inclinée
                      ε s > ε yd   ⇒
                                                    ε − ε yd                        
                                    σ = ε s ⋅  f + s                     (
                                                                  ⋅ k ⋅ f yd − f yd   )
                                     s
                                          ε s 
                                                  yd
                                                      ε ud − ε yd                     
                                    
                      avec ε s = ε sc ou ε st      et    σs = σsc ou σst
                                                                                                          ∑F
                                                                                                          i =1
                                                                                                                  ci
        Ces équations peuvent être résolues par une méthode numérique en découpant la hauteur h de la section
        en n tronçons.
        Nota : Si cette condition n’est pas vérifiée, on réajuste la déformation relative εb choisie au départ (ou la
        courbure 1/R) pour que l’effort normal interne Nint égalise l’effort sollicitant NEd.
L'analyse structurale a été effectuée avec une vérification en simultané de la section critique dans le processus de
calcul. La section critique est validée.
                                                          25,098 
On notera que l’écart avec le calcul PCP ci-après est de        − 1 = 2,7%
                                                          24,441 
        M Ed = 43,220MN.m
        e 2 = 0,227m
        M Ed 43,220
              =       = 1,297
        M 0 Ed 33,322
32
28
24
                                                20
                                Abscisses (m)
16
12
                                                4
                                                                                       M0Ed        MEd
                                                0
                                                     0   5   10   15    20   25   30   35     40   45    50
                                                                   Moments (MN.m)
                                 1 M Ed    41,199
    Résultat méthode basée sur    :      =        = 1,80
                                 r M 0 Ed 22,838
                                      M Ed 48,572
    Résultat méthode basée sur EI :         =       = 2,13
                                      M 0 Ed 22,838
Le calcul PCP démontre le caractère très sécuritaire des deux méthodes simplifiées.
Pour la pile de hauteur 32m, les sollicitations obtenues avec les deux méthodes simplifiées dépassent largement le
                                                                                         1
moment résistant de la section critique (MEd = 78,853MN.m avec la méthode basée sur , MEd = 310,482MN.m
                                                                                          r
avec la méthode basée sur EI).
                                                                           50,646 
                                [              ]
    Charge de projet q ELU = γ G G + γ Q Q = [1,35 G + 1,35 Q] ⇒ point U         
                                                                           39,129 
                                                            65,839 
    Charge de ruine q ud = λ q ELU = 1,30 q ELU ⇒ point A         
                                                            61,156 
             q ud q ud              51,841 
    Charge        =     ⇒ point D         
             γ O ' 1,27             40,176 
Le point U est situé avant le point D sur le chemin de chargement, ce qui signifie que la pile est correctement
dimensionnée.
                                                q ud
Le niveau de sécurité atteint est égal à λ =         = 1,30 > γ O ' = 1,27 .
                                               q ELU
                             Pile L=32m
                             Ruine par instabilité d'ensemble
                                                          Pile L=21m
                                                          Ruine par rupture de section
                                                                           A
                                                                                           (a)
                                                                       D
                                                   A
                                          D
                                         U
                                                   Chemin de chargement
                                                   Points de passage obligés
                                                       A sous charge de ruine qud
                                                               qud
                                                       D sous 1,27
                                                       U sous charge de projet qELU
                                         (a)       Diagramme d'interaction de la section
  Fig./Tab.(9) : Mode de ruine des piles et application du format de sécurité avec le couple (effort normal,
                                                  moment)
Pile L=21m
                          ME                                                            MR
                                                                                A
                                                                       91,948
                                                                       D
                                                                                       61,584
                                                   U
                        24,031
                                           q ELU = q ud
                                                   2,95
                                                                       q ud
                                                                       1,27
                                                                                q ud     q
Pile L=32m
ME MR
                                                            A
                                                61,156
                                                       D
                        39,129                                                         40,176
                                                    U
                                 q ELU = q ud
                                         1,30
                                                       q ud q ud
                                                       1,27
                                                                                         q
 6.2.c) Courbe (b) d’intéraction (N,M) et détermination de (ND, MD) représentées par un point D
On construit conventionnellement un domaine de sécurité réduit défini par une courbe (b) obtenue par homothétie
de la courbe (a) par rapport à l’origine O (0, 0) et passant par le point C (NC, MC). Elle coupe le chemin de
chargement en un point D (ND, MD).
Le contrôle vis-à-vis de la sécurité est satisfait si le point U (NU, MU), représentant les sollicitations obtenues par
le chargement qELU de la combinaison fondamentale ELU, est situé avant le point D (ND, MD) sur le chemin de
chargement, autrement dit s'il se trouve à l’intérieur du domaine de sécurité (b) déduit de (a).
                 N                                 115,199 
        POINT B  B                                       
                 MB                                  66,323 
            Coefficient γRd                             1,06
                  NC                              108,678 
        POINT C                                         
                 MC                                 62,569 
                N                                 109,943                               108,850 
       POINT D  D                                                                           
                MD                                  62,333                                61,584 
  Section critique validée 1 ?                          OUI                                    OUI
        1
            Rappel : La section est validée si le point U est situé avant le point D sur le chemin de chargement.
Les résultats obtenus avec l’inégalité (5.102 b) sont mis pour comparaison. Les deux inégalités donnent
sensiblement les mêmes sollicitations limites (ND, MD).
                N                               54.866 
       POINT B  B                                    
                MB                               43,176 
        Coefficient γRd                             1,06
                NC                               51,760 
      POINT C                                        
               MC                                 40,861
               N                                52,540                               51,841 
      POINT D  D                                                                        
               MD                                40,976                               40,176 
  Section critique validée 1 ?                      OUI                                    OUI
       1 Rappel : La section est validée si le point U est situé avant le point D sur le chemin de chargement.
Les résultats obtenus avec l’inégalité (5.102 b) sont mis pour comparaison. Les deux inégalités donnent
sensiblement les mêmes sollicitations limites (ND, MD).
Pile L=21m
                                                                                                                (a)
                                                                                                         A
                                                                       Pile L=32m
                                                                                                     B
                                                                                                 C
                                                                                                         (b)
                                                                                A                    D
                                                                            B    (b)
                                                                        C
                                                                             D
                                                                            U
  Fig./Tab.(12) Application du format de sécurité selon l inégalité (5.102 a) avec le couple (effort normal,
                                                moment)
       Avec
       γRd = 1,06 coefficient partiel associé à l’incertitude de modèle de résistance
       γSd = 1,15 coefficient partiel associé à l’incertitude de modèle, des actions et/ou de leurs effets
       γg coefficient partiel relatif aux actions permanentes G, compte non-tenu des incertitudes de modèle
       γq coefficient partiel relatif aux actions variables, compte non-tenu des incertitudes de modèle
       γG = γSd γg coefficient partiel relatif aux actions permanentes G
       γQ = γSd γq coefficient partiel relatif aux actions variables Q
       γO = 1,20 coefficient de sécurité global
       γO’ = γO × γRd = 1,27
L'annexe nationale a réécrit ces trois inégalités sous une forme conforme aux prescriptions de l'Eurocode 0.
                                                résistance symbolique correspond ante
     eftet des actions                                    6
                                                          474   8
 64  4744   8
 E(γ GG + γQQ ) ≤
                                                            q ud 
                                  1     ×                 R                           Inégalité (5.102 a)
                                   γ Rd                     γO 
ou
                             résistance symbolique correspond ante
                                         6
                                         474  8
6effet
  4 4des
       7actions
         44   8
E(γGG + γ QQ ) ≤
                                          q 
                                         R ud                                         Inégalité (5.102 b)
                                           γO' 
ou
                                               résistance symbolique correspond ante
       effet des actions                                    6
                                                            474  8
      6  44748       4
γSd      (
      E γ gG + γ qQ ≤    )           1 ×
                                      γRd
                                                              q
                                                            R ud 
                                                               γ
                                                                   
                                                                                    Inégalité (5.102 c)
                                                                O 
Il est demandé d'une manière générale que l'une trois inégalités soit satisfaite. Un examen plus détaillé permet
cependant de s'apercevoir que les trois inégalités ne sont pas totalement équivalentes et que chacune est valable
dans des conditions précises. Pour cela, il est nécessaire de revenir au format général de vérification défini par
l'Eurocode 0 et rappelé brièvement au [Chapitre 2 IV].
L'inéquation générale à vérifier s'écrit Ed ≤ Rd avec comme premier membre les effets des actions et comme
second membre le domaine de résistance [EC0 Expr.(6.8)]. Le domaine de résistance est défini par l'ensemble des
sollicitations limites atteintes dans une section donnée de la structure.
En fait cette inéquation se décline en plusieurs inéquations lorsque chaque membre est exprimé en faisant
apparaître de manière explicite les différents facteurs partiels de modèle :
Ed = γSd E(γf F) ou Ed = E(γF F)                                                   [EC0 Expr.(6.2) et (6.2a)].
et Rd = (1/γRd ) R(X/γm) ou Rd = R(X/γM)                                          [EC0 Expr.(6.6) et (6.6a)].
Il y a deux façons d'exprimer le premier et le second membre, donc au total quatre possibilités d'écrire le critère
de vérification.
L'Eurocode 0 précise, qu'en fait, toutes ces expressions n'expriment pas la justification vis-à-vis du flambement
[EC0 6.4.2(3)P]. En effet, le flambement peut se produire avant que les limites de résistance des matériaux ne
soient atteintes. Dans ce cas se pose la question du choix du symbole à mettre au second membre pour définir
l'état-limite correspondant. Par facilité l'Eurocode 2-2 a conservé le symbole R et a choisi d'utiliser les charges
appliquées pour définir les limites; d'où l'utilisation de R(qud), même si, dans le cas du flambement, ce n'est plus
une résistance, au sens strict du terme, qui intervient.
En introduisant les symboles utilisés par l'Eurocode 2-2, (γGG + γQQ) pour les charges correspondant à la
combinaison fondamentale d'ELU, et qud pour la charge ultime de ruine de calcul, le critère de vérification de la
sécurité est exprimé en écrivant que les valeurs maximales des effets des actions sont limitées par les valeurs
minimales des limites de "résistance", soit par l'inégalité:
 E(γGG + γQQ) < R(qud /(γRd × γo))
Le comportement appelé « sur-proportionnel » se rencontre quand les sollicitations croissent plus rapidement
que les actions; c'est notamment le cas du flambement. L'inégalité de base peut être détaillée par la suite
d'inégalités suivante:
                            6444inégalité
                                      447(54    .102 b )
                                                   44448
              γ                                   q ud  1                   q 
γ Sd E γ G  G+ Q     Q  < E(γ G G + γ Q Q ) < R               <      × R  ud 
       γ Sd      γ Sd 
                                                   4 γ Rd × γ O     γ Rd
                                                                                 γ4
                                                                                   O 
144444444444444424444                                    444444444                  3
                                        inégalité    ( 5.102 c )
On reconnaît facilement dans cette suite d'inégalités les trois inégalités a), b) et c) de l'Eurocode 2-2 réécrites
correctement. Il est aussi aisé de voir que la seule vérification de l'inégalité b) assure la vérification des deux
inégalités a) et c).
En revanche, avec le comportement dit « sous-proportionnel » c'est à dire quand les sollicitations croissent
moins rapidement que les actions (section qui se plastifie par exemple), la suite d'inégalités s'écrit différemment,
comme ci-après :
64444444444444inégalité            447( 54.102 b )
                                              444444444444448
                                  γ                        q           q ud 
E(γ G G + γ Q Q ) < γ Sd E γ G  G+ Q       Q < 1      × R  ud  < R              
                           γ Sd      γ Sd        γ Rd
                                                              γO         γ Rd × γ O 
                    1444444442444444443
                                         inégalité    ( 5.102 c )
Il est aussi facile de contrôler que les inégalités a) et b) sont satisfaites dès lors que l'inégalité c) est vérifiée.
6.4. Récapitulatif des résultats des quatre méthodes sur la section à l encastrement)
EC2-1-1 EC2-2
La pile est correctement dimensionnée vis-à-vis des sollicitations données par les quatre méthodes d’analyse
structurales
(*) Les sollicitations obtenues par les deux méthodes simplifiées dépassent largement le moment résistant de la
section critique.
Par contre, la pile est correctement dimensionnée vis-à-vis des sollicitations données par les deux méthodes
générales.
Cet exemple confirme que les méthodes simplifiées sont très sécuritaires et qu’il faut préférer les méthodes
générales pour obtenir un dimensionnement plus réaliste et précis des structures élancées.
        Dans cet exemple, il conviendrait soit de vérifier la fatigue des armatures, soit d'augmenter la section
        d'armatures pour limiter le taux de travail à 300 MPa sous ELS caractéristique.
                                  0.200
                   -0.250
                                                      -0.380
La section d'aciers passifs est As = 72cm² (section dimensionnée à l'ELU de flexion), à base de HA20.
La distance entre le hourdis supérieur et le centre de gravité des aciers vaut ds =0,84 m
Valeurs de sollicitations :
Pm,CT = 34,99 MNm (valeur court terme)
Pm,LT = 32,32 MNm (valeur après pertes différées)                   Pk,inf,LT = 0,9Pm,LT = 29,09 MN
Mg+g' = 9,39 MNm
MGT = 0,85 MNm (moment dû au gradient thermique positif)
MLM1,fréq = 4,77 MNm
MLM1,carac = 7,40 MNm
Les caractéristiques mécaniques de la section sont données en annexe.
Sous ELS QP, la section est comprimée. Le calcul des contraintes se fait donc en section non fissurée. Par
simplification, tous les calculs de contraintes ont été faits en section brute. La combinaison ELS QP donnant la
plus petite compression en fibre inférieure est obtenue pour le moment :
M = M g + g ' + 0,5M GT + Pk ,inf, LT ⋅ e00 = 3,62 MNm
Les contraintes correspondantes valent :
σ = 6,2 MPa en fibre supérieure
σ' = 0,2 MPa en fibre inférieure
La contrainte au niveau du centre de gravité des câbles de précontrainte vaut σcp = 1,0 MPa
Sous ELS caractéristique, les contraintes de traction en fibre inférieure dépassent fctm. Les calculs sont donc
faits en section fissurée.
Lorsqu'il y a fissuration, il est admis que les armatures de précontrainte adhérentes situées dans la zone tendue
contribuent par leur surtensions à la maîtrise de la fissuration sur une distance 150 mm du centre de l'armature.
 Les calculs sont faits à partir des coefficients d'équivalence Es/Ecm et Ep/Ecm (autrement dit, pas de prise en
compte du fluage, conformément aux recommandations du chapitre 4 de ce guide).
La surtension des aciers de précontrainte au-delà de l'état de déformation nul du béton adjacent est pondérée par
           φs
ξ1 = ξ ⋅      , rapport des capacités d'adhérence des armatures de béton précontraint et de béton armé. Pour le
           φp
calcul des contraintes, ce terme est compté pour tous les aciers de précontrainte situés dans le béton tendu (tandis
que pour les calculs d'ouvertures de fissures et pour le ferraillage minimal de maîtrise de la fissuration seule est
comptée la surtension des aciers de précontrainte situés dans Ac,eff, voir l'application numérique ci-dessous).
La surtension initiale (avant retour à zéro, notée ∆σ ' p ) est comptée intégralement.
D'après le tableau 6.2 de l'EC2, ξ = 0,5 (précontrainte par post-tension adhérente constituée de torons,
fck < 50 MPa)
                                                                     20
φ s = 20 mm, φ p = 1,6 A p = 1,6 1800 = 68 mm, ξ1 = 0,5 ⋅               = 0,34
                                                                     68
                               Ep
Par ailleurs, ∆σ' p = σ cp ⋅          = 6,0 MPa
                               E cm
Les équations d'équilibre pour le calcul en section fissurée sont les suivantes :
N = Fc − A s ⋅ σ s − A p ⋅ (∆σ' p + ξ1∆σ p )
où Fc est l'effort de compression dans le béton
M = M c + As ⋅ σ s (d s − v ) + A p ⋅ (∆σ ' p +ξ1∆σ p )(d p − v )
où Mc est le moment dû aux contraintes de compression dans le béton, exprimé par rapport au centre de gravité
de la section.
Par ailleurs les équations de compatibilité des déformations sont écrites , et le système obtenu est résolu.
Les calculs ne sont pas détaillés ici et les résultats suivants sont obtenus:
Sous ELS fréquent :
N = Pk ,inf, LT = 29,09 MN
σ s = 94 MPa
σ s = 298 MPa
        εsm - εcm = 0,6 σs/Es = 282 µm/m (le premier terme de l'équation (7.9) de l'EC2 donne un résultat négatif)
        sr,max = 3,4 × 30 + 0,425 × 0,8 × 0,5 × 20 / 1,11 % = 408 mm
        wk = sr,max × (εsm - εcm) = 282.10-6 × 408 = 0,12 mm
La valeur obtenue est inférieure à la limite admissible de 0,2mm.
As = 800 mm²
Ap = 200 mm², P0 = Ap.σp0 = 270 kN
Ac = 250² - 800 - 200 = 61 500 mm² (section nette)
Diamètre équivalent des torons de précontrainte : les torons T13S sont constitués d'un fil central de 4,40 mm de
diamètre et de 6 fils périphériques de 4,25 mm. La formule proposée en 6.8.2(2)P est φP = 1,75φwire. soit φP =
1,75 × 4,25 = 7,44 mm
Rapport de capacité d'adhérence des torons par rapport aux aciers HA : ξ = 0,6 (torons en pré-tension)
Rapport de capacité d'adhérence des torons par rapport aux aciers HA, corrigé de leurs diamètres :
                                            ξ1 = √(0,6×16 / 7,44) = 1,136
Ce cas particulier donne ξ1 > 1. Bien que ce ne soit pas dit explicitement, il serait contraire à l'esprit du texte de
prendre une valeur supérieure à 1,0. ξ1 = 1 sera donc retenu pour le calcul des contraintes (même adhérence).
            La formule (7.12) de pondération de φeq ne s'applique que dans le cas d'aciers passifs de diamètres
            différents. Ici, il n'y a qu'un seul diamètre d'acier passif de référence, c'est cette valeur qui doit être
            introduite dans la formule.
            Notons que dans le cas général il faudrait utiliser la définition ξ1² = ξ φeq / φp
Ac,eff = Ac
            En effet, l'aire efficace de chaque acier passif est délimitée par un carré de 2,5(h-d) = 125mm de côté.
            Les aires efficaces des 4 aciers passifs suffisent donc à couvrir la section, sans même compter
            l'armature de précontrainte.
σs − k t
           f ct ,eff
                       (1 + α ρ )
           ρ p ,eff
                           e   p , eff
Calcul de wk :
wk = 522 × 0,57 = 0,30 mm
Ac,ef = 0,09 m²
ρef = As,sup / Ac,ef = 0,63 %
k2 = (440+330)/(2 × 440) = 0,87 (on retrouve le coefficient kc,inf calculé plus haut)
sr,max = 3,4 × 30 + 0,425 × 0,8 × 0,87 × 12 / 0,63 % = 670 mm
εsm - εcm = max [ (σs – kt×fct,eff/ρp,eff.(1+αe×ρp,eff)) /Es ; 0,6 σs/Es ] [EC2-1-1 Expr.(7.9)] avec kt = 0,4
εsm - εcm = max [ (440 – 0,4×3,2/0,63%.(1+5,86×0,63%)) / 200000 ; 0,6×440 / 200000 ]
         = max [ 1,18 mm/m ; 1,32 mm/m ] = 1,32 mm/m
         L'Eurocode 2 partie 3 donne une formule légèrement différente pour ce cas spécifique :
         εsm - εcm = 0,5 σs/Es , au lieu de l’expression (7.9) de l’Eurocode 2 partie 1-1, soit 1,10 mm/m. Cette
         dernière formule, qui est plus favorable sera utilisée.
wk = 1,10.10-3 × 670 = 0,74 mm
Cette expression est valable à proximité des aciers. L'espacement de 200mm étant supérieur à
5(c+φ/2) = 180 mm, l'expression (7.14) est également utilisée, soit
sr,max = 1,3h = 312 mm
wk = 1,10.10-3 × 312 = 0,34 mm
Ce résultat n'est pas logique, puisqu'il donne un espacement de fissures plus grand au niveau des aciers qu'entre
deux aciers (contrairement à la figure 7.2 de l'Eurocode 2 partie 1-1). Cela montre les limites des formules, qui
sont manifestement calées pour des poutres en flexion plutôt que pour des dalles en traction. Pour une dalle, les
résultats expérimentaux montrent qu'il serait plus juste d'utiliser sr,max = 1,3.max(s ; h), où s est l'espacement des
aciers, bien que cela ne change pas le résultat ici.
Calcul de l'ouverture de fissure en nappe inférieure :
hc,ef = min ( 2,5× (h-d) ; h/2 ) = min ( 2,5×37 ; 120 ) = 92 mm
Ac,ef = 0,0925 m²
ρef = As,inf / Ac,ef = 0,83 %
k2 = 0,87 (inchangé)
sr,max = 3,4×30 + 0,425×0,8×1,17×14 / 0,83 % = 601 mm
εsm - εcm = 0,82 mm/m              [EC2-3 Anx.M.1]
wk = 0,82.10-3 × 601 = 0,49 mm
Pour mémoire, calcul loin des aciers :
sr,max = 1,3h = 312 mm
wk = 0,82.10-3 × 312 = 0,26 mm
Bilan
Le ferraillage mis en place n'est pas suffisant pour reprendre entièrement les efforts dus aux déformations
imposées.
Ferraillage à mettre en place pour équilibrer les déformations imposées avec wk = 0,3 mm
Le même diamètre d'aciers en fibre supérieure et inférieure est adopté, afin de symétriser le problème. Donc kc =
1,0
        Fig./Tab.(3) : Illustration du problème traité : fissuration d'un voile restreint sur un seul côté
Ce problème est traité de façon détaillée dans l'Eurocode 2 partie 3, en particulier les annexes L et M.
L'ouverture de fissure est calculée à partir de l'expression εsm - εcm = R × εfree, où εfree est le retrait libre qui se
produirait en l'absence de blocage, et R un coefficient réduction lié au type de blocage.
Pour la partie centrale d'un voile de rapport L / H = 5,0 / 3,3 = 1,5 la valeur recommandée de R est R = 0,5 à la
base du voile, et R = 0 au sommet du voile (tableau L.1)
Le ferraillage est dimensionné pour la zone la plus sollicitée, soit R = 0,5
εfree est la somme de deux termes :
    -   retrait thermique : par exemple, pour une élévation de température de 40°C, εfree = α.∆T = 0,4 mm/m
    -   retrait différentiel entre les deux éléments : il est donné par la courbe εcd(t+7) - εcd(t). Cette courbe est
        maximale pour t = 0, soit ∆εcd = 0,02 mm/m (négligeable).
Les Eurocodes, Conception des bâtiments et des ouvrages de génie civil, Editions Le Moniteur (2005)
Toward a consistent design of structural concrete, Jorg Schlaich et al, PCI Journal, May-June 1987
…..