Jury
Jury
Jury
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HISTOIRE DU JURY.
Ouvrages sous presse.
Ôuiruges nouveau^.
IMPRIMERIE DE DAVID ,
ru« for-DB-FKa (r.-s.-G.)-
HISTOIRE
DU JURY,
PAR M. AIGNAN,
HKUBBB DS I/'lUSTITOT (aCADKMIE rHAKÇllSB).
PARIS,
ALEXIS EYMERY, LIBBAIBE, RUE MAZARIKE , H » 3o
KT, A BRUXELLES, CHEZ DEMAT, lMPHIMEUn-LIBIÏAIHE.
1832.
de ty&iiéraUon ÔÇ démette.
AVERTISSEMENT.
'•...':'!
CHAPITRE PREMIER.
* .
(1) Dans les étals despotiques, chaque maison est un
empire séparé. [Mostesq., Esprit des Lois. liv. 4> cl). 2.]
(a) Slrabon, liv. 16,
DP JUMM ig
voir dérobé l'or des cendres du palais de
Sardanapalè, fut jugé et condamne à mort
par ses compagnons d'armes(i).
Et la vieille 'Egypte , asiatique par ses
mœurs et par ses origines, n'enlrevit-elle pas
la première le fondement de toute société
humaine, lorsqu'elle rendit cette belle loi
qui mettait la vie de chacun sous la protec
tion de tous, et faisait peser la responsabilité
de l'attaque sur quiconque avait dénié la
défense (2)?
Et la république juive] ne fut-elle pas ori
ginale et remarquable en ses institutions ju
diciaires, comme eni toute autre chose! Elle le
fut à; tel point, que son système d'adminis
tration de. la justice mérite qu'on s'y arrête
tin moment; ; " i > s ;'!:;;'»'; .
■fî> '^'..j'» •»•''. .' *'•..' '*"]\i
"1[ï) 'iModbre de Sidlej Kv. "'i,'ti^'" ''' ' .'
HISTOIRK
• CHAPITRE II.
• " '» " i.• 1 . .' ' *
CHAPITRE III.
<
DU TORY. 33
qu'un cœur et qu'une âme pour diriger nos
affaires. Craintes et espérances, nous mîmes
tout en commun. Punir le crime et récom
penser la vertu, fut le seul but de nos efforts.
La loi, enfin, devint notre seul roi; la jus
tice, notre unique précepteur. »
Cependant, par une tendance inévitable,
cette démocratie pure, si belle dans les
mœurs des peuplades naissantes et dans les
discours des peuples civilisés, avait insensi
blement dégénéré en tyrannié. Peu â peu les
serviteurs de l'état en étaient devenus les
maîtres, et, de sss propres trésors, avaient
acheté la chose publique. Ce fut alors que
Solon vit l'asservissement du peuple, et que
son doux et puissant génie en trouva le re
mède dans le balancement, jusqu'alors in
connu, des pouvoirs. Sa république est ap
pelée démocratique, parce que les ambitieux
et les flatteurs de la multitude y régnèrent dé
finitivement en brisant la constitution de l'é
tat; mais cette constitution, de sa nature,
était mixte. L'isotès , ou égalité politique,
qui en faisait la base , n'était que la jouissance
commune des mêmes droits; l'archoutat, le
sénat et l'aréopage, formaient l'élément aris
tocratique du Gouvernement; et quant à le
54 HISTOIRE
lément populaire , il se composait des assem
blées législatives du peuple, et des dicastères
ou tribunaux de justice, dont voici l'organi
sation.
De même que l'initiative et la direction des
lois appartenaient au sénat, de même l'ini
tiative et la direction de la justice apparte
naient aux archontes. Lorsqu'une plainte s'é
levait en action civile ou criminelle, le motif
et les circonstances en étaient examinés parle
magistrat tenant l'audience, et qui était or
dinairement un des six archontes thesmo-
thètes; ou, en cas d'empêchement, un des
inspecteurs des travaux publics. Le plaignant
était appelé pour déclarer si ses témoins
étaient prêts, ou s'il en avait de nouveaux à
produire; le défenseur, pour proposer ses
moyens et ses exceptions. Cet examen prépa
ratoire s'appelait anacrise (i). La cause,
ainsi préparée, était rejetée ou admise par le
magistrat; et ce n'était qu'après son admis
sion que le dicaslère en était saisi.
Tout Athénien, âgé de trente ans accom
plis , d'une vie irréprochable , et qui ne devait
rien au trésor public, était habile à remplir
. <;;.PolI,u?, Uv. 8. , ., ,
, fa) La proposition d'un clepsydre, ou sablier, fut faite
par Bouche à l'Assemblée constituante; il voulait réduire à
cinq minutes le maximum du temps accordé à chaque ora
teur. M. de Germon t-Tonnerre , en lui répondant, affecta
•d'ttre troublé dans ses idées par le spectre des fatales cinq
minutes , et cette plaisanterie lit tomber la proposition. Ce
qui vaudrait mieux que le sablier pour épargner les redites
et les pertes de temps dans les assemblées politiques, ce
serait d'empêcher les discours corits.
4p histoire
phon , nous apprend de quelle manière était
distribuée cette mesure. « La durée du juge
ment (i), dit-il, est divisée en trois parties.
La première est accordée à l'accusateur ,
aux lois et au public ; la seconde , au défen
deur et à son conseil ; la troisième, à vous,
dicastes, pour donner votre déclaration.»
C'était surtout par cette raison que , lors
que les avocats s'écartaient de la cause, il
était du devoir du président de les y rame
ner (a). Chacune de leur» divagations était
un larcin fait à l'accusé.
Il y a lieu de croire que les jurés exerçaient
successivement dans l'instruction du procès
les fonctions de jury d'accusation, et celles de
jury de jugement. En effet , il fallait bien que
l'accusation fût d'abord jugée par eux , puis
qu'elle était rejetée et l'accusateur puni d'une
amende de cinq cents ou mille drachmes (55
ou 70 francs), selon la gravité de la cause,
s'il ne réunissait pas en sa faveur le cinquiè
me des suffrages. Or«ela suppose nécessaire
ment un vote, tandis que la condamnation
. ;l .•' 1
fi t: CHAPITRE 'IVî' ^ - W-ïjt f ». '
. t. i
54 HISTOIRE
autres peines ; soit qu'étant privé, par un
arrêt public, de l'eau, du feu et du couvert,
il fût réduit par cette excommunication ter
rible, à chercher un ciel moins inhumain.
Tel était le profond respect, tels étaient les
inviolables prémunissemens dont la tête d'un
citoyen de Rome était entourée. Si les têtes
romaines tombèrent depuis, par milliers,
sous les proscriptions , cette protection
même en fut la cause. La passion irritée de
l'obstacle, renversa violemment des barrières
qu'elle ne pouvait franchir ; et la barrière des
lois une fois renversée,' on ne s'arrête plus,
l'arbitraire est un sauvage qui s'enivre de sa
fureur.
Les Romains (ceci est de la plus haute im
portance à bien observer) distinguaient tou
tes leurs causes en particulières et publiques.
Les premières étaient 1° les causes civiles
jugées, selon les cas, par le préteur, ou par
les centumvirs (1); a0 les petites causes cri
minelles, dans lesquelles le repos de l'état
n'était pas directement compromis. Elles
avaient pour juges les triumvirs, ou, comme
les causes civiles , le préteur seul , car ses
CHAPITRE VI.
CHAPITRE Vit
CHAPITRE VIII.
■
%tî JURY. $7
plëbéiferis , :séttalfcut* oto ch'eVâÙbl's > constds
Sortant de chargé, tbiis étaient âccuiafoîfes de
la morne maniéré et Justiciables de là hiômc
"àUtorité. Si îb sëftàleur Càtriîûà fut accusé
dans le sénat par Cicbroh, 'fcfe n'était qu'e poiri?
donner plus d'êebt à là plainré, fcfpour ou
vrir mieux l'œil de H'oine sur les dangers
immmtehs qui la méha<^iènt ; mais déjà le
conspirateur était cité par L. Paulùs Selon
les formes accoutumées, et il ne pouvait
échapper à la colère dn sénat que pour tom
ber dans la juridiction dii prêteur (i). •/ ;,
Cette jUrî'dlctïoft he connaissait qiiô trois
exceptions: celle des' pontifes, pour ïe juge
ment des vestales, et en général, pour la dé
cision de toutes les causes qui intéressaient la
religion ; celle des censeurs qui, dans les causes
de mœurs, infligeaient quelquefois des peines
très-graves (2); et celle des décemvirs, magis
trats spéciaux qui, en certains cas de haute
S
88 HISTOIRE
trahison, et de lèze-majeslé populaire, étaient
nommés par les comices pour prononcer en
première instance. Rabirius, dont il a été
parlé plus haut, avait été jugé par les décem-
virs avant de l'être par le peuple (i).
Sauf ces trois spécialités, la justice de
Rome présentait le phénomène de s'appli
quer sans distinction de personnes, à tous les
Romains.
".•.••' »i • .#
CHAPITRE L\.
""' '• . ;/ .: ;1 •'• . . ï
Justice sous les empereurs, — Loi royale. — Établissement
du droit civil. *- Abolition du jury. — Opposition entre
les légistes et les philosophes .
' CHAPITRE X.
(i) ier Cnpitulaire de 809, art. 11. Loi salique, titre Sg»
art. Ier.
tfC JURY; 101
«oùvent des amis communs parvenaient à les
concilier. Hors ces deux Cas , le jugement
public prononçait contre le condamné le ban
nissement, ou lui appliquait la composition.
Mais, lorsque les grands établissemens qui
Suivirent les irruptions des barbares dans
l'empire romain , les eurent fait profiter des
avantages d'une naissante civilisation, la so
lidarité individuelle dont l'exercice était alors
trop difficile , fut remplacée par le piège des
bourgs, centènes et décanies. Chaque bourg
ou cilé devint le siège d'une association par
ticulière, dont tous les membres étant res
ponsables du dommage causé par l'un d'eux ,
avaient un intérêt personnel à découvrir le
coupable, et, à plus forte raison, à ne point
Yavoriser son impunité (1). De là^ naquit la
coutume, universellement introduite, d'ad
mettre le prévenu à purger l'accusation par
son propre serment et par celui de plu
sieurs hommes libres , qui attestaient son
innocence (2). La loi voulait sagement que le
nombre de ces conjurateurs ou compur-
gateurs , augmentât selon la gravité de la
(i) Il ne faut pas confondre les uns avec les autres. Les
premiers étaient les te'moins du fait à charge ou à décharge ,
selon les circonstances ; les autres , à proprement parler ,
des certificateurs de bonne conduite et de bonne renommée.
Ils répondaient aux laudalores des Romains , dont j'ai ou
blié de parler , et dont un accusé ne pouvait pas décemment
produire moins de dix , ainsi que Cicéron le déclare dans
plusieurs de ses discours.
(2) Loi salique, tit. 55, art. Ier. Appendice du 3e Capi-
tulaire de 8o3 , art. 3. Théorie des lois positives de la mo
narchie françaire . t. 8.
104 HISTOIRE
convoqué d'extraordinaires, il suffisait que le
comte fût assisté de sept hommes libres , ou
rachimbowrgs , désignés par lui (i) ; ce qui
n'excluait pas la faculté qu'a voient les autres ci
toyens de prendre part au jugement. Mais ils
usaient peu de cette faculté; l'exercice leur
£n était de plus on plus onéreux par la compli
cation des intérêts Sociaux , par la difficulté
des communications , et surtout par les pé
rils attachés aux fonctions de juge , puisqu'on
sait que, dans cette jurisprudence barbare ,
le condamné pouvait prendre à partie son
juge , et provoquer contre lui une amende ,
ou même l'appeler en duel. Les comtes de
vinrent donc â peu près les seuls dispensa
teurs de la justice , grâce au soin qu'ils avaient
de concentrer le choix de leurs assesseurs
entre un petit nombre d'hommes dévoués;
et, comme souvent ils faisaient payer aux
autres les exemptions de services, ils tiraient
un double avantage de cet abus , dont le scan-
.dale ne leur importait guères, depuis qu'ils
ïi'étaient plus nommés par le peuple.
Çe fut pour réprimer ce désordre , que les
rois firent dresser des listes de citoyens ins
truits , appelés scabins ( de scabelium t d'où
... • . ,•
CHAPITRE XI.
, '* . .•
Féodalité — Cours seigneuriales. — Jugeraens par pairs.—
Tribunaux permanens. 1 , •• . -
. - * : * '- ' *
iest vrai . que les états de Bretagne, qui s'assemblaient tous les
deux ans. avaient conservé plus d'indépendance el de-
vigueur , mais il suffit d'avoir lu les lettres de M"* de Sévi-
gné pour se faire une idée de cette indépendance, et des
excès proconsulaires du gouverneur de la Bretagne. Il faut
toujours en venir à reconnaître que, sans liberté de la presse^
il ne peut pas même subsister une ombre de représentation
nationale. Ceux qui établissent l'inquisition des. écrits, le
savent bien.
(i) Sous Louis xn, l'épuisement du trésor, suite des
malheureuses guerres d'Italie , lit que quelques emplois de
finances furent vendus. L'exemple de cette prostitution ne
fut pas perdu pour François I"c qui, pressé par le besoin de
payer les Suisses, l'étendit aux charges de judicaturc, dont il
augmenta considérablement le nombre. Enfin , Henri iv ren
dit les magistratures héréditaires, par l'établissement de la.
Paillette ; et cet excès du mal en fut en quelque sorte le
correctif, parce qu'il donnait aux parlemens un esprit de
corps qui , dans quelques occasions , offrait une apparence de
contrepoids. Mais cet avantage ne se faisait sentir que dans
les cours souveraines. « La vénalité des charges était dans
les officiers subalternes (selon les expressions de M. Sallier
déjà cité) un véritable fléau. Ceux qui embrassaient cet
état, dit-il (p. 38), y cherchaient des moyens d'existence et
de fortune. Ils regardaient leur office comme une ferme dont
ils s'attachaient à tirer tout le parti possible. La faculté qu'ils
avaient de les vendre au plus haut prix qu'ils pouvaient en
obtenir, était un encouragement de plus pour inventer de
nouveaux abus qui devenaient pour eux, non-seulement une
jouissance viagère, mais un capital qu'ils vendaient a leurs
successeurs avec leurs charges. »
1$2 HISTOIRE
rois Ier, humiliés par les insultes de Louis
XIV (îj ; persécutés par les exils et les coups
' tr'
CHAPITRE XIII.
(ï) S'il n'est pas une des branches de l'État dans les
quelles ce roi n'ait introduit la corruption ; s'il a perverti
le clergé par son concordat ; la magistrature , par la véna
lité des offices et des hommes ; l'administration , par le
désordre et les prodigalités , du inoins une gloire lui reste
pure , celle d'avoir fondé le luxe de la cuisine royale.
« Outre sa table , de laquelle jamais rien n'approcha , dit
Brantôme, il y avait encore celles du grand-maître, du
grand-chambellan , du chambellan , des gentilshommes de
la chambre , des gentilshommes servants , des valels-de-
chambre , et tant d'autres , et toutes si bien servies que
rien n'y manquait. Et ce qui était le plus remarquable ,
c'est que dans un village, dans les forêts, dans les assem
blées , l'on y était traité comme si l'on eût été dans Paris. »
Il ne faut pas demander si les tables des courtisans se
réglaient sur ce modèle. La France , c'est-à-dire la cour ,
était un pays de Cocagne. Charles -Quint, enchanté de
voir la substance de ce beau royaume s'évaporer dans la
fumée des festins , ne cessait de se récrier d'admiration ,
et François Ier était au comble de la joie. Son seul ebagrin
était de ne pouvoir entrer en partage des mines du Potose
avec son rival. Il demandait à voir l'article du testament
d'Adam qui excluait les autres rois européens de la pro
priété de l'Amérique; car il croyait naïvement que le
monde n'avait été créé que pour les rois. Il ne se doutait
pas que, si Adam eût fait un testament en bon père de
famille , les rois auraient eu plus a perdre qu'à gagner.
DU JURY* 139
l'auteur de cette monstruosité, le Chancelier
Poy.et, ne tarda pas à en devenir la victime*
ce moderne Phalaris fut enfermé dans son
taureau (1). .?
. ' V . ■ ,'S .' > î
CHAPITRE XïV.
. \
Cours de justice d'Angleterre ; quatrième constitution du
jury.— S'il est vrai que l'union des grands avec le peuple
soit la source des libertés de l'Angleterre?— De quelle
cause réelle et permanente ont dérjvé ces libertés..
s
DU JURY. l47
mune fît disparaître cette différence de trai
tement dont la prolongation eût empêché la
fusion des deux peuples , en les séparant par
la barrière intolérable de la faveur et des pri
viléges.
Telle fut la véritable source de ce puissant
esprit public qui n'abandonna jamais l'An
gleterre au milieu de toutes ses convulsions,
et dont elle a tant de raison d'être fière, que
les plus grandes aberrations de son orgueil
semblent en être justifiées.
Il suivit de là , que l'affranchissement des
communes , au lieu de tourner , comme en
France , au profit de la monarchie absolue ,
ou , comme en Italie et en Allemagne , à l'ac
croissement du pouvoir aristocratique , ne
servit en Angleterre qu'à resserrer plus étroi
tement le lien de la nation, accoutumée à se
considérer dans son ensemble , et non dans
ses fractions et ses localités.
Tout, jusqu'aux guerres civiles qui la dé
chirèrent ; tout , jusqu'aux règnes tyranni-
ques dont elle fut accablée , lui devint défi
nitivement une cause de bonheur et de
liberté , parce que le repos , dont le besoin
est toujours plus vif après les troubles et les
excès , ne fut jamais pour elle de 1 abattement
l/|8 HISTOIRE
et de l'apathie , mais un sentiment plus vif
du bon ordre , et de la puissance des lois.
Voilà comment , lorsque le principe d'un état
est ,vivifiant , les poisons même peuvent lui
apporter vie et santé, tandis que les meilleures
substances sont fatales aux Gouvernemens qui
recèlent un principe de mort. Eh France , il
y a eu beaucoup plus de bons rois , et bien
moins de tyrans qU'en Angleterre ; mais l'ou
vrage des premiers a péri avec eux, et celui
des seconds leur a survécu ; au lieu que chez
les Anglais, l'ouvrage des bons rois a été so
lide et permanent , et les plaies des mauvais
règnes ont été rapidement cicatrisées^
Ainsi , après l'es orages enfantés par le des
potisme de ïîehri III, Edouard I" ramena le
calme, eii admettant au parlement les dépu
tés des comrriunes, qui s'y sont maintenus
jusqu'à nos" jours ; étlé même monarque , en
introduisant dans là ctiarribre haute des pairs
par diplôme, porta un coup mortel à la puis
sance de la féùdalitél "'" '.,
Mais la feodalité , précisément parce qu'elle
étaitTaiblè et îhoffensive, n'a 'jamais été plei
nement chassée du sol de l'Arigléterre; elle
n'y détruit aucune liberté, mais elle les gâte
et les salit toutes; et nous allons voir que,
vti stskrr i%$
particulièrement , elle domine les institutions
judiciaires et le jury, sinon avec un véritable
péril pour les franchises de la nation , du
moins avec un grave inconvénient pour sa
dignité.
10
HISTOIRE
i
l5i6 HISTOIRE
CHAPITRE XYJ.
, : ... Y ...
DU JURY. , lOS
, « > . • ...
, CHAPITRE XVII.
» •! '
Continuation.—Jury en matière criminelle. — Grand jury,
ou jury d'accusation. — Sa composition. — Sa forme de
procéder. —' Ses attributions de haute police.
CHAPITRE XIX.
CHAPITRE XX.
. ii . •
DÛ JURT. "99
CHAPITRE XXI.
CHAPITRE XXII.
: : , CHAPITRE
^ XXIII.
^ • » . ii »
<" • » •••.•• ' :. ; :
Cours populaires des États-Unis d'Amérique; cinquième
constitution du jury. — Organisation des tribunaux. —
Comment le jury est formé•.
V CHAPITRE XXIV.
1
33 8 ItlSTOÎAE
tions ambitieuses ou virulentes ; point de
gestes de théâtre ni d'emportemens ; des pei
nes douces et équitables. Dans ce pays, la
loi frappe sans colère et ses organes sans
servilité. . ,
, Les jurés, de même qu'en Angleterre,
prononcent sans désemparer , si l'évidence
est palpable et s'ils sont unanimes; ou se re
tirent dans leur chambre pour délibérer.
Dans ce dernier cas, le constable qui les pré
cède jure de ne les laisser communiquer avec
personne, de ne pas même leur parler, ex
cepté pour leur demander s'ils sont d'accord,
et de ne point laisser pénétrer d'alimens du
dehors.
. L'unanimité des douze voix étant néces
saire pour opérer la condamnation, les jurés de-
meurentainsiséquestrésde toutecommunica-
tion et privés de tout secours, jusqu'à ce que
cette unanimité soit acquise. Si leurs forces
s'épuisent, et qu'il y ait des malades parmi
eux , avant qu'on arrive au résultat demandé,
le président des assises peut, dans la môme
session, soumettre la cause à un autre jury.
Lorsque les jurés sont d'accord, ils en pré
viennent le constable, qui les conduit à la
salle d'audience. Après qu'ils ontrepris leurs
places, le greffier les appelle par leurs noms,
DU JURY. 2 2g
et demande au chef : «-Trouvez -vous l'accusé
coupable ou non coupable ? » En cas d'affir-1
mative, le défenseur a droit d'exiger que la
déclaration soit répétée individuellement par
chaque juré; et si tous ne disent pas de mê
me, ils sont renvoyés pour délibérer de nou
veau. Toutes ces choses se passent en pré
sence du public et de l'accusé.,
- Le dernier jour de l'assise, la Cour fait
comparaître tous le3 individus déclarés cou
pables pendant la session, et c'est alors seur
lement que leurs sentences sont prononcées.
Quelquefois, sur la demande du défenseur,
elle accorde que le procès soit jugé de nou
veau à la session suivante.
Les peines peuvent être ou remises par la
grâce ( que le gouverneur ou le corps légis
latif ne refuse jamais à la demande des ju
ges), ou abrégées par la bonne conduite de
ceux qui les subissent; la peine de mort est
prononcée très-rarement. ;. .
Il est rare aussi qu'il y ait appel pu révi
sion de la décision du jury, tant la justice et
l'humanité y président. • , .
Nous avons déjà vu de quelle admirable
modération le jury américain donna des
preuves dans l'affaire de Smith, et par quels
éclataus présages d'équité s'annonça son exis
* i5
23o HISTOIRE
lence républicaine. Ces promesses, il n'a pas
cesse de les tenir; il a marché constamment
dans les mêmes voies de sagesse et d'impar*
tiaiité. Jetons un coup-d'œii sur la manière
dont il procéda dans la Caroline du sud pen
dant les premières années qui suivirent la
révolution : les autres états offrent le même
spectacle.
La guerre cruelle qui s'était engagée entre
deux peuples , dont l'un ne voulait pas être
esclave de l'autre , avait laissé en Amérique
de longues habitudes de troubles et de dé
sordres. Les habitations des cultivateurs pa
triotes, étaient souvent assaillies à main ar
mée , par les partisans de l'Angleterre ; car il
s'est trouvé , même parmi les Américains ,
de vils renégats de la patrie. Mais les pro
priétés de ces derniers étaient exposées à
leur tour au pillage et à la dévastation. Tant
que ces déplorables excès eurent le caractère
d'hostilités et de représailles, le jury s'abs
tint de les punir, de quelque côté qu'elles
eussent été commises. Mais, la paix faite, il
n'y eut plus moyen de les tolérer.
La première cause dans laquelle le jury
montra quelque sévérité , fut, en 1784 , celle
du capitaine White , dont la propriété avait
été ravagée par des maraudeurs. Trois fu
su tory. à:3-r
rent mis eii cause pour réparation du dom
mage , estimé 1000 livres sterling. Plusieurs
témoins déposèrent en faveur du chef d'en-
fr'eux nommé Màc-NeHy, que lui-même avait
été fait prisonnier dans sa propre maison ,
obligé de remettre sei armes, conduit en dé
pôt à la plantation du plaignant; et là tenu
sous bonne et sévère garde, tandis que l*hà-
bitation était pillée. Ces témoins ajoutèrent
que l'accusé n'avait reçu pour son compte
aucune part du butin ; qu'au contraire, de
la plantation du capitaine White , il aVaîf
été conduit à plusieurs autres fort éloignées,
et que c'était de là seulement qu'après trois
jours de détention , il avait eu la permission,
de retourner chez lui.
Mais il fut prouvé que , deux mois après,
Mac-Neily avait joint là garnison anglaise à
Georges-Town , et avait servi dans les troupes
ennemies. Cette circonstance" et plusieurs
autres ayant fait reconnaître au jury que sa
détention n'avait été qu'une feinte , et que ,
prisonnier, en apparence, des maraudeurs ,
il avait été réellement leur guide et leur com
plice dans la dévastation des propriétés du
capitaine White, il fut condamné à Çoo liv.
sterling de dommage envers le plaignant, et
et ses coaccusés à 200 liv. Le jury fut surtout
2 52 HISTOIRE
déterminé à infliger cette peine , par le désir
de mettre un terme aux ravages qui ne ces
saient de se commettre dans les campagnes.
Peu de temps après , il eut à prononcer
sur le débat suivant. Un particulier, nommé
Êvans , à la suite d'une violente querelle con
tre un de ses voisins appelé Huey , avait été
frappé par celui-ci de plusieurs coups de cou
teau , et ce n'était qu'au bout de plusieurs se
maines qu'il avait été complétement guéri de
ses blessures. Quelque temps après sou réta
blissement, il se présenta, la nuit, à la tête d'un
parti d'hommes armés, à l'habitation de son
adversaire, et se la fît ouvrir d'autorité. Lors
que sa troupe et lui furent entrés, il proposa
à Huey d'accommoder leurs différends moyen
nant une obligation de 28 liv. sterling, que
celui-ci souscrirait à son profit. Après de
. longSt pourparlers , l'obligation fut souscrite.
Le lendemain matin, la troupe armée quitta
la plantation d'Evans , et se rendit à un mille
de distance, à celle d'un sieur Franklin , à
qui elle fit endosser le billet.
Il s'agissait de décider si l'obligation était
valide. Evans le soutenait et en provoquait le
paiement. Il prétendait que nulle menace n'a
vait été exercée contre le signataire , encore
moins contre l'endosseur chez lequel on s'é-,
du jury. a53
tait présenté en plein jour ; que la transac
tion , nécessitéé par leurs différends, avait
été pleinement volontaire, et qu'elle devait
recevoir son .effet. , .'"'")
Le jury en pensa autrement.il jugea qu'une
obligation imposée par un parti d'hommes
armés était sans valeur , et annulla celle
qu'avaient souscrite Huey et Franklin.
Il est inutile de pousser plus loin ces exem
ples de procédures. L'intérêt en est faible ,
précisément parce que les mœurs sont sim
ples , et la justice patriarchale. Dans un vo
lumineux recueil de causes , à peiné une
condamnation capitale se fait-elle apercevoir.
Heureux peuple! puisses- tu long-tempsencore
préserver tes villes et tes campagnes de la
dépravation de cette vieille Europe ,' à la-
'àuélle il m'est pénible de retourner !
.
, )' ... i ...|
.: ' • . ::..:).
tj'»■ m-
3 54 HISTOIRE
CHAPITRE XXV.
/
*4a HISTOIRE
arrêta définitivement ia Constitutic** fran
çaise, élaborée depuis trois ans, monument
éternel de sagesse et de philantropie, malgré
quelques erreurs inséparables de la faiblesse
des hommes et de la difficulté des temps.
Le chapitre cinquième asseyait le pouvoir
judiciaire sur les fondemens suivans , qu'il
importe à l'histoire de reproduire aux yeux;
c'est une fouille curieuse dans de belles
ruines.
. l .
CHAPITRE XXVI.
s ...
Formes de la procédure. — Instruction préparatoire , on
de police.—Plaintes ou dénonciations civiques.—Procès-
verbaux du délit. — Mandat d'amener. — Mandat d'arrêt.
;""T i, .. .
• ", . I ..'..j' .>>!
;. • > • CHAPITRE XXVII. :. j
fi i.'.q , i il.;.:: .• ' ' * . : ' .; i
Sûiie. — Instruclion judiciaire. — Translation du prévenu
dans la maison d'arcêt du district. — Fonctions du direc-
. '|çpr du jury. — Formation de la liste et opérations du
jury d'accusation.
i' ;"i'.' y: , ,' . , :.; .. .. .
: Lorsque le prévenu a. été conduit dans la
maison d'arrêt du .district et la procédure
remise, au greffier du tribunal , par l'officier
chargé de l'exécution du mandat d'arrêt , la
société a pris ses sûretés contre l'apparence
du crime ; toutes les protections d'humanité
sont dues à la possibilité de l'innocence.
Et d'abord , c'est dans une simple maison
d'arrêt et non point dans les maisons de
justice ou dans les prisons, que le prévenu
doit être déposé (1).
L'administration est chargée de la manière
la plus spéciale de veiller à ce que cette dis-
(1) Presque nulle part cette distinction n'a lieu. Nous bâ-.
tissons a profusion des hôtels de ministres et des salles
d'opéra ; mais pour des prisons saines, décentes et séparées
selon les destinations que la loi leur assigne , point de fonds.
F»n France, an ne songe nu bien-être que des puissaus, de»
DU JURY. 253
position s'observe. Elle est chargée aussi de
donner tous les soins à la propreté, à la sa
lubrité des lieux de détention , et de mettre
en liberté quiconque , d'après l'inspection
des registres du geolier, n'aurait pas été
,écroué selon toutes les formalités minutieu
sement protectrices , que prescrit le règle
ment.
Les deux reconnaissances retirées , tant de
la personne du prévenu que des pièces , sont
présentées le jour même par l'exécuteur du
mandat d'arrêt au juge de district que le tri
bunal a nommé à tour de rôle pour remplir
les fonctions de directeur du jury.
Le premier devoir de ce magistrat est d'en
tendre aussitôt , ou au plus tard dans les
vingt-quatre heures, le prévenu , et d'exami
ner , d'après les pièces , si le délit emporte
peine afflictive ou infamante ; car ce n'est que
dans ce cas que le ministère des jurés est
nécessaire (1). Il dresse de cette audition un
paix. Les escrocs , les filous , les filles de joie , devaient être
à peu près les seuls justiciables de celte juridiction infe'rieure.
Depuis, on a trouvé le moyen d'y attirer les écrivains , par
une combinaison qui a paru doublement heureuse , en ame
nant l'avilissement des lettres , et la suppression du jury
dans les cas où sa présence est le plus nécessaire.
uo jxjKt. a 55
Le tribunal prononce sur l'opposition. Si
elle est admise, ce qui a lieu lorsque le délit
n'est pas de nature à mériter peine afflictive
ou infamante, l'acte d'accusation est annuité,
et le prévenu est mis en liberté; sauf à être
poursuivi correctiounellement, s'il y a lieu;
et sauf aux parties intéressées à se pourvoir
au civil, ainsi qu'elles aviseront.
Si l'opposition n'est pas faite ou est rejetée,
l'affaire est soumise à un jury d'accusation
formé de la manière suivante :
Tous les trois mois, le procureur syndic
de chaque district (tous les administrateurs
étaient alors élus par le peuple) dresse une
liste de trente citoyens du district, ayant les
qualités requises pour être électeurs (i). Le
directoire examine cette liste, et l'arrête; un
exemplaire en est envoyé à chacun des ci
toyens qui la composent, avec désignation du
jour où s'assemblera le jury.
Huit jours avant cette assemblée, le direc
teur du jury fait mettre dans un vase les
CHAPITRE XXVIII.
262 HESTOIEE
ne peuvent s'accorder, chacun d'eux peut
récuser séparément dix jurés.
C'est le quinze de chaque mois que l'assise
est ouverte. Les jurés absens sont remplacés
par un tirage sur la liste des deux cents , et
subsidiairement parmi les éligibles. Si leur
absence n'a pas une excuse valable, le tribu
nal leur applique les peines déterminées par
là loi.
L'accusé, conduit à la maison de justice,
est d'abord entendu par le président, en pré
sence de l'accusateur public et du commis
saire du roi, dans les vingt-quatre heures,
au plus tard. Le greffier tient note de ses ré
ponses pour servir de renseignemens.
L'accusé peut choisir un ou deux amis
pour conseils , sinon le président lui en dé-,
signe un d'office. Les conseils prêtent ser
ment devant le tribunal, de n'employer que
la vérité dans la défense de l'accusé, et de se
comporter avec décence et modération. Le
jugement a lieu à la première assemblée du
jury, à moins que le tribunal ne juge néces
saire de le proroger jusqu'à l'assemblée du
mois suivant. Avant la réunion du jury, un
juge entend les nouveaux témoins qui pour
raient survenir, et communication est don
née à l'accusé de leurs dépositions.
du stsvti a 63
Au jour de l'assemblée, les jurés et ad
joints sont introduits à l'audience publique
où sont les juges, l'accusateur public, le
commissaire du roi, l'accusé. Le président
fait prêter à chaque juré, le serment dont la
formule suit: « Citoyen, vous jurez et pro
mettez d'examiner avec l'attention la plu9
scrupuleuse, les charges portées contre ,
de n'en communiquer avec qui que ce soit
jusqu'après votre déclaration ; de vous déci
der d'après les témoignages , et suivant votre
conscience et voire intime et profonde con
viction, avec l'impartialité et la fermeté qui
conviennent à un homme libre. » Chaque juré
répond :• Je le jure. » Les adjoints ne prêtent
serment que lorsqu'ils sont requis d'entrer
en fonctions.
L'accusé comparaît â la barre, libre et sans
fers. Le président lui dit qu'il peut s'asseoir;
lui demande ses noms, âge , profession et de
meure; et le greffier tient note des réponses.
Le président avertit ensuite l'accusé d'être
attentif à tout ce qu'il va entendre. L'acte
d'accusation est lu par le greffier. Les témoins
dont la liste a été notifiée à l'accusé depuis
vingt-quatre heures au moins, et qui se sont
retirés après la lecture de l'acte d'accusation,
sont successivement rappelés et entendus.
2 64 HISTOIRS
Chacun d'eux prête serment de parler sans
haine et sans crainte , de dire la vérité, toute
la vérité , rien que la vérité. L'accusé et ses
conseils, ainsi que l'accusateur public, peu
vent dire , tant contre les témoins personnel
lement que contre leur témoignage, tout ce
qu'ils jugent utile à la cause. 11 est également
libre à l'accusateur public , aux jurés et au
président, de demander aux témoins et à
l'accusé , tous les éclaircissemens dont ils
croient avoir besoin. Les témoins évidem
ment faux peuvent être immédiatement ar
rêtés soit par l'ordre du président, soit à la
réquisition des parties. . ,
Tous les coaccusés sont compris dans le
même acte d'accusation et jugés ensemble.
Seulement il s'engage un débat pour chacun
d'eux , sur les circonstances qui leur sont
particulières. Un interprète assermenté, que
le président choisit, et que les parties peu
vent récuser avec motifs, traduit, au besoin,
les déclarations des témoins ou des accusés.
Les débats ne sont point écrits. Les juges
et les jurés peuvent prendre de simples
notes, sans que la discussion en soit inter
rompue. Le commissaire du roi peut, à cha
que point de l'instruction, faire aux juges,
au nom de la loi , toutes les réquisitions qu'il
dc juR-ir. a65
croit convenables, et il lui en est donné acte.
Le tribunal peut passer outre , sauf au com
missaire du roi à se pourvoir en cassation.
. Tous les témoins entendus, et lorsque le
président a déclaré les débats fermés , l'accu
sateur et la partie plaignante, s'il y en a une,
expliquent les moyens par lesquels ils pré
tendent justifier l'accusation. L'accusé ou ses
conseils répondent. Les premiers peuvent ré
pliquer; mais la parole, en dernier lieu, de
meure toujours à l'accusé; ensuite le prési
dent fait un résumé de l'affaire, et la réduit
à ses points les plus simples. Il fait remarquer
aux jurés les principales preuves produites
pour ou contre l'accusé. «Ce résumé, dit l'ins
truction, est destiné à éclairer le jury, à fixer
son attention , à guider son jugement; mais
il ne doit pas gêner sa liberté. » •' • •', •
Le président pose ensuite les questions i
résoudre, et les jurés se retirent dans leur
chambre, où ils restent jusqu'après leur dé
cision sans pouvoir communiquer avec per
sonne. Le premier inscrit sur le tableau dans
l'ordre du tirage , est leur chef.
Toutes les pièces leur sont remises , excepté
les déclarations écrites des témoins ', qui n'ont
servi que de docurriènsdendant le cours des
débats.
366 «îW1**
Les jurés décident d'abord si le fait est
constant; puis, si l'accusé en est convaincu}
puis, avec quelles circonstances aggravantes
ou atténuantes; puis enfin, s'il est excusable.
Toute cette série de questions épuisée, ils
passent successivement dans la chambre du
conseil, où l'un des juges, assisté du com
missaire du roi et du jury, reçoit leurs décla
rations verbales, et leur donne, pour être
placées dans deux boites , les boules blanches
ou noires conformes à ces déclarations. En
suite, chacun d'eux se retire. Il faut dix vois
sur douze, relativement à chaque question,
pour condamner l'accusé.
Lorsque les déclarations individuelles sont
finies, les jurés rentrent dans la chambre
du conseil pour assister à l'ouverture des
boîtes. La décision est recueillie et constatée
par le chef des jurés.
Alors chacun va reprendre sa place à l'au
dience , et le chef des jurés se levant , pro
nonce en leur nom la déclaration en ces
termes ; « sur mon honneur et ma conscience,
la déclaration du jury est...* Le greffier reçoit
et écrit cette déclaration , qui est signée de
lui et du président. L'accusé est rappelé pour
l'entendre. Si elle est favorable, le président le
fait mettre immédiatement en liberté ,. sauf à
DP SVUf. 267
l'accusateur public à provoquer de nouveau
son arrestation, s'il a été inculpé pour un autre
fait, par les déclarations des témoins. Si la
déclaration du jury est contraire , le commis
saire du roi requiert l'exécution de la loi. Car
les décisions du jury sont sans appel. C'est le
peuple lui-même qui a prononcé par la voix
de ses mandataires. Quelle autre autorité
qu'eux-mêmes pourrait infirmer leurs juge-
mens? C'est pour cela que les adjoints sont
établis. Dans le cas où la décision contre l'ac
cusé paraîtrait aux juges visiblement erronée,
le tribunal peut ordonner que les trois jurés
adjoints qui ont assisté à touted'instruction ,
se joignent aux douze dont la déclaration
vient d'être rendue. Alors il se fait un nou
vel examen , et il faut douze voix sur les
quinze pour que la condamnation soit main
tenue. Mais ces cas ne peuvent être qu'infini
ment rares.
Le président demande au condamné s'il
n'a rien à dire pour sa défense, qui ne peut
plus porter que sur le caractère du délit , ou
sur l'application de la peine. Les juges opi
nent, et le président prononce le jugement,
après avoir lu le texte de la loi sur laquelle
il est fondé.
Le jugement, soit de condamnation , soit
a68 HISTOIRE
d'absolution , est écrit par le greffier ; le pré
sident est tenu, sous peine d'être suspendu
de ses fonctions , d'en envoyer copie , tant à
la municipalité du domicile de l'accusé ab
sous ou condamné , qu'à celle de la maison
d'arrêt du district où il a été détenu.
La condamnation est exécutée au bout de
trois jours, à moins que, dans l'intervalle,
le condamné ou le commissaire du roi ne se
soit pourvu en cassation de l'arrêt, pour cause
de nullités prononcées par la loi , soit dans
l'instruction, soit dans le jugement, ou pour
fausse application de la loi.,
Si le jugement est annulé pour cette der
nière cause , le nouveau tribunal criminel
auquel l'affaire est renvoyée par celui de cas
sation , juge sur la déclaration déjà existante
du jury, après avoir entendu l'accusé ou ses
conseils, ainsi que le commissaire du roi.
S'il est annulé pour violation de formes , l'ins
truction est recommencée devant un nouveau
jury. Le jugement de ce second tribunal peut
être attaqué par la voie de cassation , , de
même que le premier.
La procédure relative aux contumaces a
quelques formes particulières. Après l'accom
plissement des mesures prescrites pour la
perquisition de l'accusé , ses biens et revenus
du JURf'. 56g
sont séquestrés , à la requête du commissaire
du roi. Une ordonnance du président du tri
bunal criminel déclare qu'il est déchu du ti
tre de citoyen français ; que toute action
en justice lui est interdite durant sa contu
mace , et qu'il va être procédé contre lui
malgré son absence.
L'instruction a lieu , en effet , devant les
jurés , comme s'il était présent ; mais ses con
seils ne sont pas admis à plaider sur le fond
de l'affaire ; ils ne peuvent que présenter
pour son absence des motifs d'excuses dont
la légitimité est jugée par le tribunal.
Le recours eu càssatiou n'a point lieu
en faveur du contumace. La prescription est
opérée à son profit par un délai de vingt ans.
Après ce délai , ses héritiers peuvent deman
der la levée du séquestre de ses biens, laquelle
est prononcée de droit à sa mort naturelle,
ou après cinquante ans de la date du juge
ment. A quelque époque que l'accusé contu
mace se représente ou soit arrêté , les procé
dures faites contre lui sont anéanties ; ses
tiens lui sont rendus , et l'instruction a lieu
à son égard de la manière ci-dessus détaillée.
Les plaintes relatives aux crimes de faux ,
de banqueroute et autres semblables délits
qui exigent des connaissances particulières,
a 70 HISTOIRE
sont portées sans intermédiaire devant le
directeur du jury qui exerce en cette circons
tance les fonctions d'officier de police. Ce
sont des jurys spéciaux qui prononcent, savoir:
Un jury d'accusation , dont le tableau dressé
par le procureur syndic du district présente
seize noms réduits à huit par le sort ; et un
jury de jugement , dont la liste formée par
le procureur général syndic du département,
est composée de vingt-six noms. Si , par l'ef
fet des récusations péremptoires de l'accusé,
qui peuvent aller jusqu'à vingt noms , cette
liste est réduite au-dessous de quinze, com
prenant douze jurés et trois adjoints , ce
nombre est complété par la voie du sort.
Cette première récusation est sans préju
dice des récusations motivées , dont le juge
ment appartient au tribunal criminel. L'ac
cusé peut même faire porter sa récusation
sur la liste tout entière , en alléguant quel
que cause ou preuve de partialité de la
parjt de l'officier qui l'a faite. Le tribunal
prononce. ■
Telle était la série de formes tutélaire i
qu'avait opposées l'assemblée constituante
aux procédures ténébreuses de l'ancien ré gi-
me. Elle organisa le jury de la nation ; elle
sut, à de légères exceptions près, l'er4tou
»0 TORT. â^l
rer de tous les prémunissemens de la sa
gesse. Mais un bien si précieux fut prompte*
meut corrompu. La justice devint bientôt
entre les mains des factions une arme terri
ble et toute puissante avec laquelle d'abord
elles frappèrent , et bientôt furent frappées.
a73 HISTOIRE
.* ". . .... . » . ' t >. » , î. .
CHAPITRE XXIX.
î . r ' '' . " • . . . .' . - '.)'• ■ . I l'- >
CHAPITRE XXX.
CHAPITRE XXXI.
CHAPITRE XXXII.
CHAPITRE XXXIII.
' •'• .» " ' .' ' '/*'.; *''
CHAPITRE XXXIV.
t
316 HISTOIRE
1791 ; seulement, après la promesse d'exa
miner avec l'attention la plus scrupuleuse
les charges portées en l'accusation , on a in
tercalé celle, déjà exprimée en d'autres termes,
« de ne trahir ni les intérêts de l'accusé, ni
ceux de la société qui l'accuse.» Mais il est
résulté de cette addition , que les mots ,
« de n'en communiquer avec personne jus
qu'après la déclaration , » n'étant plus rap
prochés du mot charges , on a mis dans la
bouche des jurés le sermènt absolu de ne
communiquer avec personne; de sorte que,
par une inconcevable légèreté de rédaction ,
l'acte le plus solennel et le plus religieux
que puisse faire un citoyen , débute mani
festement par un parjure.
La marche des débats reste matériellement
la même ; mais on sent quelle influence mo
rale elle peut recevoir de l'action du pouvoir
discrétionnaire. Les interruptions ou sup
pressions de la défense , sont un des moyens
par lesquels ce pouvoir s'est fait quelquefois
sentir. - >
Les dénonciateurs récompensés pécuniai
rement par la loi , ne peuvent être entendus
en témoignage. La déposition des autres peut
être reçue ; mais le jury sera averti de leur
qualité de dénonciateur. Il n'est pas dit que ,
DU JURY. 3l7
si l'on oublie de le faire, la procédure sera
nulle. Surtout il n'est pas dit que le jury sera
averti de la qualité des dénonciateurs , s'ils
se trouvent mêlés par hasard avec leurs vic
times sur le banc des accusés.
Quelques heureux changemens ont été in
troduits dans la manière de poser les ques
tions. L'assemblée constituante , par le désir
très-louable de caractériser toutes les nuances
possibles de la situation de l'accusé , s'était
jetée dans des combinaisons difficiles à ré
duire en solutions claires , surtout pour des
hommes à qui les fonctions de jurés étaient
toutes nouvelles. D'après le nouveau code,
la question résultant de l'acte d'accusation
est enveloppée tout entière en ces termes :
« l'accusé est- il coupable d'avoir commis
tel meurtre, tel vol, ou tel autre crime,
avec toutes les circonstances comprises dans
le résumé de l'acte d'accusation ? » Et la ré
ponse du jury exprime la négative ou l'af
firmative simple , ou l'affirmative dégagée
de telle ou telle circonstance qu'elle spé
cifie.
Mais les diverses séries de questions éta
blies dans le code de 1791 , étaient toujours
terminées par la question suivante: «L'accusé
est-il excusable? « Question susceptible d'être
3l8 HISTOIRE
posée dans toutes les causes, sauf à n'être
admise que dans un très-petit nombre. C'était,
dans une constitution populaire, l'exercice
du droit de grâce ramené à sa source ; on a
voulu, dans un code monarchique, le faire
refluer vers le monarque seul ; et la raison
de l'excuse a été supprimée (1).
CHAPITRE XXXV.
•. .il
• (i) C'est par une Cour spéciale qu'a e'té jugé le général
Moreau. Le pouvoir sollicitait secrètement de la complai
sance des juges une condamnation capitale, en promettant
de faire gi Ace à l'accusé. « El qui nous fera grâce à nous-,
mêmes? » s'écria héroïquement M. Clavier, l'un des juges,
digne beau-pire du respectable M. Courrier-
DO JURY. 33 1
fonctionnaires publics , jugeant les appels
comme d'abus des juridictions ecclésiasti
ques, et prononçant sur les conflits d'attri
butions entre les tribunaux.
Ainsi, toutes les armes possibles d'oppres
sion furent remises entre les mains du pou-,
voir, s'il lui convenait d'en faire usage, et
tous les moyens efficaces de défense furent
retirés successivement aux accusés, si la na
ture du délit voulait qu'ils fussent jugés
dans le cabinet des ministres ou de leur»
agens.
Ici se termine l'histoire du jury frau
dais (i). . .ï , , i
<„ » ... »«
(i) A la vérité, la Charte l'adopte, et s'engage à le re
produire f mai» son vêtement civique ne lui est poiut encore
taillé. . ! <. . . < ,, . <•'•.,
La question, aujourd'hui, est de savoir, npn s'il sera
réorganisé, mais si on le conservera tel qu'il est \ les uns
plaident pour , et les autres contre. On peut ou le suppri
mer, ce qui serait une révolution; ou le conserver: le tout
dépend de savoir quels résultats sociaux on se propose d'ob
tenir. Mais le conserver tel qu'il est, c'est impossible. Il y
a une raison dans les choses qui ne peut pas impunément
être toujours violée.
On dira que le relevé des condamnations et h cqui|terriens
prononcés tant en Angleterre qu'en France présenwà peu
près le même résultat , c'est-a-dire que dans les deux pays
en a , comme terme moyen , deux condamnations sur trois
accusations;, et l'on en conclura que ee qu'on appelle I*
33a HISTOIRE
; \ . . ' • '
jury en France n'est pas plus imparfait que le' jury d'An
gleterre. Cette conclusion est très-fausse. Pour qu'elle fût
bonne , il faudrait que l'élément de l'accusation fût le.
même dans, tes deux pays. Mais si l'accusation en Fi ance
est d'une rigueur telle qu'elle admette moitié ou seulement
un tiers plus de causes qu'en Angleterre , on sent tout de
suite dans quelle proportion l'équilibre est dérangé. D'ail
leurs , ces calculs de statistique , qui sont excellens pour les
clioses matérielles , sont sujets à grande erreur dans les
objets moraux. Qu'importerait que dans la comparaison
entçe deu-x pays jouissant d'institutions judiciaires toutes
différentes , la somme totale des j-ugernc.ns offrît un' résultât
à peu près pareil? Est-ce que tel jugement ressemble à tel,
autre jugement de manière à çe qu'ils, puissent être addi
tionnés ensemble et réduits en valeurs de chiffres ? Dans
les pays où les institutions sont- vicieuses, ne suffit-il pas de
quelques causes particulières, jugées ou sans équité ou au
moins sans garantie envers les accusés et sans sécurité à
Pégard du- pays , pour que toute comparaison devienne
impossible aveG les autres états mieux constitués ? Ge n'est
que par des raisonnemens immédiatement appliqués- à lav
nature des choses , qu'une pareille question peut êlrer
éclaircie..
BU JURY. 335
554 HMTom»
nie , où n'existe nulle science de gouverne^
ment , nulle distinction -de pouvoirs , où pres
que l'état de grossière nature est conservé au
sein de la société, de9 agglomérations de voi
sins sous le nom de centèues, de décanies,etc»
venant témoigner pour ou contre un de leurs
membres devaut les autres membres assem
blés , sont tout l'artifice de la protection so
ciale , et tout le mécanisme du jury.
Bientôt de ces associations dénaturées et
corrompues, sort la fédération féodale avec
son jury de catégories appelé jugepient def
pairs.
Enfin toutes ces monarchies de détail sont
Successivement vaincue» et absorbées par les
monarchies en gros, et toute trace de jury
disparaît. Le monarque qui donne les lois ,
prononce aussi la justice , soit par lui-même
soit parses délégués; et si ces derniers cessaient
d'avoir à lui remettre leurs fonctions, c'est qu'il
les leur a vendues. La justice, condition né»
cessaire , et expression même de la société r
est devenue un trafic , une chose commer
ciale estimée tant.
Mais dans une contrée où la ceinture éter
nelle des mers et l'énergie des anciens hom
mes a resserré et tenu en vigueur les vieille»
associations populaires, ni la féodalité ni la
jtvg. 335
monarchie n'ont pu prévaloir stir die» au
point de les étouffer. Le jury, ou jugement
du pays, tel à peu près que le connaissaient
les républiques de l'antiquité , n'a donc pas
cessé d'y être admis et d'y conserver sa subs
tance sous des formes plus ou moins défect-
tueuses, plus ou moins étrangères au carac
tère qui lui est propre. ..- , i
C'est dans les colonies émancipées de cette
métropole, que le jury se manifeste avec toute
son excellence et toute sa simplicité. Le peu
d'étendue des états et la jeunesse de leur ci
vilisation, permettent d'y dégager la justice de
tout notre déplorable attirail européen.
Enfin la France, devenue libre à son tour,
se composa, d'après l'étude approfondie de»
divers jurys anciens et modernes, un jury
vraiment national, auquel bien peu d'avan
tages manquaient pour qu'il atteignît la per
fection. Elle n'en jouit pas long-temps. L'a
narchie et le despotisme furent prompts à le
lui ravir. La charte instituée le lui rendra-t-
elle? C'est ce que le temps nous apprendra.
Cependant d'autres peuples marchent à
grands pas dans les voies de la liberte. Puis
sent l'ordre et la modération les y accompa
gner toujours ! Leur premier soin, le premier
fruit de leur précieuse conquête , est d'orga
356 HISTOIRE • *
nîser un jury qui protége contre les péril
leuses puissances des hommes, la vie, l'hon
neur, les biens, la liberté de tous les citoyens.
Les formes de ce jury peuvent dépendre des
-localités; mais l'essenee partout doit en- être
ta même; il me reste, d après tout ce qui
précède, à la déterminer; c'est là le complé
ment, et, à proprement parler, le but de
mon ouvrage.
DU JURY. 337
CHAPITRE XXXVII.
CONCLUSION.
!
DU JURY. : 3/(9
Déjà l'Afrique elle-même , la sauvage et bar
bare Afrique, s'enorgueillit de le posséder.
Sur les rives de Sierra-Leoue, des jurés , les
uns noirs, les autres blancs , administrent en
commun la justice; et le Dieu qui les a créés
tous , sourit à ce mélange fraternel (i).
Et nous , Français , dans ce rajeunissement
des nations , à quel âge politique sommes-
nous arrivés? L'empire nous devendra-t-il
FIN.
TABLE
. •. . . i
DES CHAPITRES.
DÉDICACE. ' ,. .
Avertissement, vij
Chapitre I". Ce que c'est que le Jury. — Justice
primitive; peuples d'Europe; peuples d'Asie. i3
Chap. II. Système judiciaire des Juifs.— Les Sophetim
et les Soterim. — Leurs attributions. — Étaient
choisis par le peuple. — Instruction publique des
causes. — Egalité des peines. — Douceur remar
quable envers l'accusé". — Révision des arrêts.
— Humanité dans l'exécution. — Condamnation
de Jésus -Christ. — Jugemens de zèle. ao
Chap. III. Dicaslères d'Athènes; première constitu
tion du jury.— Institués par Solon.— Dans quelles
vues. — Leur nombre. — Leurs attributions, —
Leur formule de serment. — Leur mode de pro
céder. — Juridiction de l'Aréopage. — Juges am-
bulans. 3o
Chap. IV. Corruption de la justice dans Athènes. —
Salaire des dicastes , introduit par Periclès. —
Procès de Cléophon. — Affaire des patriotes sous
Us trente tyrans. 45
352 TABLE
Chap. V. Judicia , ou tribunaux romains ; seconde
constitution du jury. — Justice arbitraire sous les
rois. — Organisation des tribunaux sous la répu
blique. — Formes de l'accusation. 5l
Chap. VI. Suite. — Formation de la liste générale des
juges ou jurés. — Variation dans les dlémens de
cette liste >. selon les temps de la république. —
Tirages ; récusations. 5g
Chap. VU. Suite. — Débats. — Émission et dépouille
ment des votes. — Fraudes et violences commises
à cet égard dans les temps malheureux de la ré
publique. — Procès de Clodius. 70
Chap. VIII. Suite. — Appel des causes publiques au
' jugement du peuple.—Mode de recueillir les voix.
— Rares exceptions à la forme ordinaire des ju-
gemens. 81
Chap. IX. Justice sous les empereurs. — Loi royale.
:— Établissement du droit civil. — Abolition du
jury. — Opposition entre les légistes et les philo
sophes. 89
Chap. X. Placites , ou plaids des Germains ; troi
sième constitution du jury. — Garantie mutuelle
des individus. — Grands plaids. — Compositions.
— Solidarité , ou pièges des bourgs et cités. —
Petits plaids. — Compurgateurs. — Scabins. 97
Chap. XI. Féodalité — Cours seigneuriales. — Juge-
mens par pairs. — Tribunaux permanens. 106
Chap. XII. Administration de la justice sous l'ancienne
monarchie française. — Organisation des tribu
naux. — Toutes les cours, toutes les juridictions
sont envahies' par les rois. — Cas royaux et pré-
vôtaux : bailliages ; sénéchaussées ; présidiaux ;
liculenans de roi ; parlcinens. 1 13
DES CHAPITRES. 355