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Pour les articles homonymes, voir Sol.
Le sol est le support des cultures mais aussi pour partie leur produit, tout
particulièrement l'humus dont la perte fragilise le sol.
Tous les sols qui prennent ou ont pris naissance à la surface de la lithosphère
forment la pédosphère.
Une base de données contenant des données géographiques d'occupation du sol existe,
au niveau de l'Union européenne : il s'agit de Corine Land Cover. Des données plus
précises sont recueillies par le GMES ; la base de données les contenant est «
Urban Atlas »23.
Statut juridique
Le statut du sol a beaucoup varié selon les époques et les lieux, mais le sol était
autrefois plutôt un bien commun ou la propriété de rois ou de seigneurs, ou encore
de religieux.
Depuis quelques siècles, de manière générale le sol et le foncier ont été de plus
en plus privatisés.
Fraction minérale
La fraction minérale représente l'ensemble des produits de l'altération physique
puis chimique de la roche mère.
La fraction minérale est composée d'une fraction grossière et d'une fraction fine :
Fraction organique
La matière organique du sol (en) (MOS) est la matière organique provenant à 99 % de
la décomposition et du métabolisme d'êtres vivants végétaux, animaux et microbiens
(fongiques, bactériens), le % restant correspondant à des organismes vivants25. Le
terme MOS est préféré à humus depuis la fin du xxe siècle (ce dernier sous-tendant
une théorie fausse, la théorie de l'humus) pour désigner ces constituants
organiques végétaux, animaux et microbiens fortement décomposés ou non par
l'humification31.
En milieu peu actif, la décomposition des litières est lente, l'horizon organique
OH est épais, brun noir, fibreux et acide. On parle de mor ou terre de bruyère.
En milieu biologiquement plus actif mais sans bioturbation, l'horizon OH est moins
épais et constitue un moder.
En milieu biologiquement très actif, la décomposition est très rapide, l'horizon
OH] disparaît et apparaît un horizon A grumeleux, composé d'agrégats argilo-
humiques à fer et aluminium. On parle de mull.
Selon l'acidité du sol, sous climat tempéré, l'humus prendra la forme de mull,
moder ou mor (sur substrat siliceux) ou mull, amphi ou tangel (sur substrat
carbonaté)34,35.
Les deux tiers du carbone organique des écosystèmes terrestres sont contenus dans
les sols36. Contrairement à une idée répandue qui veut que le poids global des
plantes « visibles » représente la majorité de la biomasse totale de la terre (en
réalité, la biomasse végétale — composée des champignons dans le sol, des racines37
et des plantes « visibles38 » en surface — constitue 50 % de la biomasse
terrestre)39, 75 % de la biomasse terrestre est dans le sol (champignons et
bactéries constituant l'essentiel de la biodiversité du sol)40.
Fraction liquide
L'eau capillaire et l'eau pelliculaire forment l'eau de rétention (eau retenue dans
tous les horizons pédologiques), le ressuyage consistant à éliminer l'eau
gravitaire46. Cependant, seule l'eau capillaire correspond à la réserve utile en
eau d'un sol, l'eau pelliculaire étant inutilisable par les plantes car retenue
très énergiquement (phénomène d'adsorption) sous forme de films très minces autour
des particules de terre45.
Fraction gazeuse
Le tableau ci-dessous établit une composition comparée entre l'air du sol et l'air
atmosphérique extérieur50.
Des ions (Ca2+, Mg2+, K+, NH4+, NO3-…) arrivent dans le sol en solution dans l'eau
d'infiltration, à partir des pluvio-lessivats, de la décomposition de la litière ou
bien encore des processus d'altération, et peuvent se fixer aux particules
colloïdales citées ci-dessus, formant le complexe absorbant.
D'autres ions, comme les sulfates (SO42-) ou les iodures (I-) sont apportés par les
précipitations atmosphériques.
Les particules colloïdales chargées négativement peuvent se présenter à l'état
dispersé ou floculé.
À l'état dispersé, les particules se repoussent en raison de leur polarité, et
occupent tous les interstices du sol, où elles peuvent s'accumuler (colmatage du
sol) ou bien migrer (lessivage du sol). Dans le premier cas le sol devient
asphyxiant, et l'eau ne s'y infiltre plus, le sol est difficile à travailler. Dans
le second cas il se forme un niveau d'accumulation d'argile en profondeur, pouvant
entraîner la formation d'une nappe perchée.
À l'état floculé, les particules colloïdales sont neutralisées électriquement par
les ions métalliques chargés positivement, et s'agglutinent avec ceux-ci. Les
flocons formés laissent un espace lacunaire, perméable à l'eau et à l'air. C'est un
sol avec une bonne structure.
En agriculture, une bonne analyse de sol est nécessaire afin de corriger
d'éventuelles anomalies. Les sols argileux, souvent qualifiés de « lourds » ou «
collants », retiennent bien l'eau mais sont asphyxiants et difficiles à travailler
car trop plastiques quand ils sont humides et trop durs quand ils sont secs. Les
sols limoneux plus légers requièrent moins de puissance de travail mais ils ont une
instabilité structurale élevée (en raison du faible taux en colloïdes), une
tendance à devenir plastiques à l'état humide et une tendance marquée, en séchant,
à former une « croûte de battance ». Les interventions doivent donc s'effectuer sur
un sol convenablement ressuyé sous peine de le compacter fortement. Les sols
sableux sont bien drainants (ce qui favorise l'aération) mais « brûlent » la
matière organique (non protégée par le complexe argilo-humique, elle est facilement
dégradée) et sont sensibles au risque érosif. Enfin, « les sols équilibrés de type
limono-argilo-sableux présentent une très bonne aptitude à la mise en valeur mais
ils s’avèrent les plus sensibles au risque de compaction lors du passage des roues
des engins agricoles51 ».
Structure du sol
La structure du sol est l'arrangement des particules minérales du sol en agrégats
sous l'effet de liaisons par des colloïdes (minéraux argileux, substances humiques)
ou des hydroxydes de fer ou d'aluminium. Cette structure peut être particulaire (ou
absence de structure), comme pour le sable meuble ; fragmentaire ou grumeleuse (cas
le plus courant), les constituants étant rendus solidaires par le complexe argilo-
humique qui forme des agrégats (sol à structure sphérique, angulaire, lamellaire)
et des mottes52 (éléments structuraux formés par les actions de fragmentation et de
compactage des outils) ; massive (ou continue) comme le limon « battant », les
argiles53. La description précise de cette structure est difficile d'autant qu'elle
varie souvent d'un emplacement à l'autre. Si l'analyse structurale à l'échelle des
mottes est possible (état interne et mode d'assemblage)54, cette difficulté a
conduit les pédologues à caractériser la structure par des données mesurables
(stabilité structurale, porosité et perméabilité, rétention en eau, indice de
battance…)55.
Profil du sol
Les profils de sol (ou fosses pédologiques) permettent d'étudier les horizons du
sol et l'activité biologique.
Profil de sol montrant les horizons principaux (d'après United States Department of
Agriculture56).
Pour décrire un sol, il est nécessaire de l'observer en tranches parallèles à la
surface, appelées horizons. Deux types d'horizons se superposent habituellement :
une suite d'horizons humifères, reposant sur des horizons minéraux (voir le profil
de sol pour plus de précisions).
Les horizons humifères sont les horizons les plus riches en êtres vivants
(pédofaune et microflore). On les observe surtout en forêt.
O (ou A0) comprend la litière fraîche et les matières organiques qui en dérivent,
en cours de transformation :
OL - litière fraîche - comprend l'ensemble des débris bruts (feuilles mortes, bois,
fleurs et fruits, cadavres d'animaux) qui tombent au sol et s'accumulent en surface
tout en restant reconnaissables ;
OF - horizon de fragmentation (parfois appelé à tort horizon de fermentation), avec
une température et une humidité optimales (en raison de l'isolation fournie par la
litière fraîche), de nombreuses racines fines en croissance,souvent mycorhizées,
horizon où l'activité biologique est à son optimum ;
OH - horizon d'humification - horizon composé en majorité de matière organique
morte transformée par les organismes du sol, avec de nombreuses boulettes noires ou
brun foncé observables (issues de la défécation des animaux du sol et responsables
de la couleur sombre de cet horizon), ainsi que des racines vivantes et mortes
(rhizodéposition), ces dernières étant à leur tour en voie de transformation ;
A - horizon mixte, composé d'éléments minéraux et d'humus, dont la structure dépend
de l'incorporation plus ou moins rapide de l'humus et du mode d'agrégation des
particules minérales et organiques.
Les horizons minéraux sont les moins riches en organismes vivants :
Autre exemple de cartographie : grands types de sols tels que définis par la base
de référence mondiale pour les ressources en sols (WRB)58
Carte de richesse en nématodes (moyenne par pays, évaluation d'après les données
fournies par les pays à l'Agence Européenne pour l'Environnement, initialement
publiées 2010-12-08)
Les efforts de diminution des émissions et retombées acides ont porté leurs fruits
(pour SO2, NOx, COV et NH3). Les dépassements de la « charge critique » de
retombées acides sont en diminution (unité : eq ha-1a-1). Attention, sur cette
carte de l'Agence Européenne pour l'Environnement, les valeurs pour 2010 sont les
valeurs-cibles prévues par l'adhésion à la mise en œuvre de la directive NEC. Ces
cibles ne sont peut-être pas atteintes partout60
Types de sols
Il existe un grand nombre de types de sols, parmi lesquels les sols bruns, les
podzols, les sols hydromorphes (à gley ou pseudo-gley), les sols rouges, les sols
isohumiques, les sols ferralitiques, les sols ferrugineux. Voir la Classification
française des sols pour plus de détails.
Odeur du sol
L'odeur de la terre fraîchement labourée, ou mouillée après une période sèche, est
due (entre autres) :
au pétrichor, un liquide huileux sécrété par certaines plantes, puis absorbé par
les sols et roches argileux pendant les périodes sèches ;
à la géosmine, un composé aromatique (terpène) produit par différents micro-
organismes et responsable du goût de terre humide de certains vins63.
Pour bien comprendre ce phénomène il faut se rendre compte que la pluie, venant
après une période de sécheresse, chasse l'air du sol, qui vient alors se répandre
dans l'atmosphère. L'odeur du sol après la pluie nous donne donc un aperçu de
l'atmosphère dans laquelle vivent les organismes du sol, ce monde aveugle où la
communication chimique via des composés volatils tient un rôle prépondérant dans
les interactions entre individus64 et entre espèces65,66,67.
Services écosystémiques
Ce n'est que depuis le début xxie siècle que les chercheurs étudient activement les
nombreux services écosystémiques fournis par les sols69. Leurs travaux se sont en
effet d'abord focalisé sur les écosystèmes forestiers et les agrosystèmes, les sols
opaques ayant longtemps été connotés très négativement comme le montrent leur
association à la saleté, dans la culture occidentale moderne au moins (on y enterre
les excréments, les déchets, les morts, sa couleur ainsi que sa matière nous
paraissent sales) et de nombreuses expressions, plutôt à consonance péjorative («
s’enterrer quelque part », « être terre à terre », « mettre un genou à terre », «
cul-terreux »…)70. Ainsi, selon les critères du Service d'Information des Sols
Africains (ASIS) du Centre International d'Agriculture Tropicale (CIAT), un sol est
considéré comme sain lorsqu'il parvient à la fois à71 :
Par la richesse de ses fonctions, la diversité des formes de vie qu'il abrite et
les services écosystémiques qu'il assure, le sol est considéré comme un patrimoine
essentiel dont la conservation est le garant de la survie de l'humanité82. En 2014,
Costanza et al. estime la valeur de 17 services écosystémiques à l'échelle mondiale
entre 125 000 et 145 000 milliards de dollars (pour un PNB mondial de 60 000
milliards de dollars). La perte de services écosystémiques due au changement
d'usage des sols entre 1997 et 2011, est évaluée entre 4 300 et 20 200 milliards de
dollars83.
Grâce à sa porosité le sol retient une quantité considérable d'eau, qui en son
absence et selon la nature du terrain (pente, rugosité, porosité de la roche)
rejoint immédiatement la nappe phréatique ou s'écoule en nappe, ruisselle,
provoquant inondations et érosion. La quantité d'eau retenue dans le sol, appelée
réserve utile, permet la croissance des plantes au cours de la saison de végétation
et l'eau du sol alimente les réservoirs naturels (mares, tourbières) ou artificiels
(retenues collinaires) situés dans les déclivités du terrain ainsi que les systèmes
d'irrigation. La présence de matière organique améliore considérablement la
capacité du sol à retenir l'eau, notamment en surface, grâce à sa grande capacité
d'adsorption, notamment lorsque la matière organique est humifiée. Il en est de
même pour les particules minérales les plus fines que sont les argiles. D'une
manière générale, plus la texture du sol est grossière (cailloux, graviers, sables
grossiers), moins il est capable de retenir l'eau.
L'eau du sol passe dans les plantes par l'intermédiaire de l'absorption racinaire
et effectue son ascension sous l'influence conjointe de la poussée radiculaire et
de la transpiration. Une partie de l'eau est directement évaporée à la surface du
sol, sous l'influence du soleil et du vent mais aussi du simple différentiel de
concentration de la vapeur d'eau entre le sol et l'atmosphère (diffusion).
L'ensemble de ces processus constitue ce que l'on appelle l'évapotranspiration.
L'évapotranspiration potentielle ou ETP, déterminée par le climat régional et la
position topographique, est calculée à l'aide de modèles mathématiques tenant
compte d'une couverture végétale "idéale". Elle permet de cartographier les
potentialités hydriques des sols et les besoins en irrigation à l'échelle locale,
nationale ou mondiale85. En cas de sécheresse prolongée les capacités du sol à
fournir de l'eau aux plantes (Sa réserve utile en eau) et aux autres organismes
peuvent atteindre leurs limites - on parle de stress hydrique - comme en Europe
occidentale lors de la sécheresse de 197686.
Stocks de carbone dans le sol et en forêt dont par la biomasse, (en MtC =
mégatonnes de carbone, = millions de tonnes de carbone)87,88
Le protocole de Kyoto a mis en avant l'importance du sol comme puits de carbone,
surtout en zone tempérée. Les enjeux sont très importants, car le CO2 émis par les
microbes constitue l'essentiel du flux de dioxyde de carbone (CO2) émis de la
surface du sol vers l'atmosphère10, et le second flux de carbone terrestre le plus
important. Les plantes émettent du CO2 la nuit, mais la plupart du temps cette
émission est très largement compensée par la photosynthèse le jour10. Les sols
mondiaux contiennent, selon la profondeur considérée, entre 1 500 et 2 400
gigatonnes de carbone organique (provenant de la dégradation des résidus végétaux
et animaux), soit deux à trois fois plus que le carbone contenu sous forme de CO2
dans l'atmosphère89.
La fonction puits de carbone est encore mal cernée car elle varie fortement dans
l'espace et dans le temps, selon les conditions biogéographiques, agro-
pédologiques, voire de pollution du sol. La respiration du sol est facile à mesurer
localement mais ses variations locales et saisonnières rendent les bilans globaux
difficiles. De plus, aucun instrument de télédétection ne peut aujourd'hui la
mesurer à l'échelle de vastes territoires90.
Des modèles doivent donc être construits sur la base d'extrapolations, calés et
vérifiés avec les données du terrain. À ce jour les modèles et les études de
terrain laissent penser qu'un réchauffement climatique, même d'un ou deux degrés,
devrait fortement perturber la biodiversité du sol et donc le cycle du carbone10.
Sur la base d'un gradient latitudinal de la distribution des formes d'humus
forestières, et avec toutes les réserves associées à ce type de calcul qui ne tient
pas compte de la capacité de dispersion des invertébrés terrestres, on peut prévoir
que l'activité des vers de terre va s'accroître de plus en plus, une augmentation
de température de 1 °C faisant décroître l'Humus Index (indice traduisant
l'accumulation de matière organique en surface)91,92 de 0,3 unité93. Mais
l'incorporation par les animaux fouisseurs de la matière organique accumulée en
surface ne signifie pas pour autant que le sol va déstocker son carbone, car la
matière organique résiste mieux à la biodégradation lorsqu'elle est liée à la
matière minérale et/ou incluse dans les agrégats du sol94.
Le bilan respiratoire du sol et son évolution commencent à être mieux approchés. Le
bilan correspond à la somme des flux de CO2 et de vapeur d'eau libérés par le
métabolisme des bactéries, des animaux du sol, des racines des plantes et des
champignons du sol. Une méta-analyse (Nature, mars 201010) a porté sur 439 études.
Sur la base des 50 années de données d'émissions des sols recueillies sur 1,434
points de données répartis sur toute la planète, les auteurs ont conclu que les
sols du monde entier ont encore augmenté leurs émissions de CO2 entre 1989 et 2008,
probablement à cause de l'augmentation de l'activité microbienne induite par
l'accroissement de température et l'eutrophisation, résultant en une biodégradation
de l'humus. Les changements de comportement du sol sont lents, mais se traduisent
par des effets globaux très significatifs. Selon cette méta-analyse l'expiration
des organismes du sol vers l'atmosphère a augmenté d'environ 0,1 % par an (0,1 Pg
C/an) de 1989 à 2008, pour atteindre en 2008 environ 98 milliards de tonnes de
carbone (98 ± 12 pg C), soit 10 fois plus de carbone que ce que les humains
injectent dans l'atmosphère annuellement. Le réchauffement climatique est le
facteur explicatif qui semble dominant, via l'accroissement de la vitesse de
décomposition de la matière organique du sol, cependant, selon Eric Davidson,
biogéochimiste au Woods Hole Research Center, à Falmouth, Massachusetts, il faut
tenir compte des incertitudes qui existent dans l'équilibre entre l'augmentation de
la production végétale (donc des apports de matière organique au sol) et
l'augmentation de la vitesse de décomposition de cette matière organique95. Les
auteurs de cette méta-analyse ont à cette occasion posé les bases d'un observatoire
mondial de l'expiration des sols, appuyé sur une base de données actuelles jumelée
à une base de données météorologiques historiques, de haute résolution96. Des
données déjà disponibles, après prise en compte des moyennes climatiques annuelles,
de la surface foliaire, des dépôts d'azote et des changements des méthodes de
mesure du CO2, se dégage une tendance à l'augmentation, avec des flux de CO2
effectivement corrélés aux anomalies de la température de l'air (anomalies par
rapport à la moyenne des températures de la période 1961-1990). Il reste à
différencier la part du carbone anthropique issu de l'atmosphère et reperdu, et
celle anormalement perdue ou émise par la matière organique du sol à la suite d'une
perturbation des processus pédologiques. Ce CO2 ajoute ses effets à ceux du méthane
qui semble également en augmentation à partir de la fonte des pergélisols97. Une
très petite part du CO2 expiré par les sols peut aussi provenir des bactéries
méthanotrophes. Mais ce CO2 serait, en termes de bilan, moins nuisible pour le
climat comparé au méthane, considéré comme un gaz à effet de serre plus puissant.
Les auteurs de la méta-analyse concluent des données disponibles qu'elles sont
compatibles avec une accélération en cours du cycle du carbone terrestre, en
réponse au dérèglement climatique.
L'importance du sol comme puits de carbone (et pour la biodiversité, notamment pour
les sols prairiaux et forestiers98,99) est mieux reconnue100. Une conférence
européenne, Puits de Carbone et Biodiversité, qui s'est tenue à Liège (Belgique) du
24 au 26 octobre 2001, a rappelé l'importance des relations entre puits de carbone
et biodiversité101. On peut également citer l'initiative 4p1000 qui prône le
stockage de carbone dans le sol102.
Enjeu pour la lutte contre l'effet de serre : selon le groupe de travail du
Programme européen sur le changement climatique (PECC) consacré aux puits de
carbone liés aux sols agricoles, les sols agricoles de l'UE présentaient à eux
seuls un potentiel équivalant à 1,5 à 1,7 % des émissions de CO2 de l'Union
européenne, potentiel qui devra peut-être être revu à la baisse avec le
réchauffement103.
Biodiversité / Sol vivant, support et milieu de vie
Article détaillé : Biodiversité du sol.
Végétaux, animaux et micro-organismes profitent de la désagrégation des roches de
la croûte terrestre et y contribuent, coproduisant le sol et y puisant l'eau et les
nutriments14. À l'échelle moléculaire, les champignons et leurs métabolites104, le
mucus (des vers de terre notamment105) et les exopolysaccharides (dextrane,
xanthane, rhamsane, succinoglycane) sécrétés par les bactéries106 jouent un rôle
important dans la formation et la conservation des sols par leur capacité à agréger
les particules minérales et organiques, créant ainsi une structure stable
permettant l'aération et la circulation de l'eau, et protégeant le sol de
l'érosion107.
En plus des virus, ce sont jusqu'à 100 millions de microorganismes qui vivent dans
un gramme de sol14.
Identification des menaces
Les pesticides et le labour sont deux facteurs d'érosion et de perte de sol. Ces
deux pratiques culturales, communes en agriculture conventionnelle, en dégradant la
structure par la disparition de l'activité des organismes fouisseurs (vers de
terre)113, favorisent le départ des particules fines (limons, argiles) sous
l'influence de l'eau et du vent114. Le surpâturage entraîne une réduction de la
biodiversité et de la capacité du sol à résister au stress hydrique, en diminuant
la macroporosité, notamment en zone subtropicale (Argentine par exemple)115. La
dégradation des sols peut aussi être aggravée par la monoculture de quelques
espèces (dont celles destinées à produire des agrocarburants)116,117. Les
réflexions se portent désormais plus sur la réutilisation de déchets verts118 ou de
plantes dédiées (voir Biocarburant). La production d'agrocarburants est en effet
une nouvelle vocation proposée pour certains sols. L'intérêt et le bilan écologique
de ces carburants sont cependant très discutés119, notamment en raison du risque de
détournement des sols de cultures vivrières vers des productions commerciales dans
les pays les plus pauvres (Changement d'affectation des sols), et en raison d'un
bilan global neutre, voire négatif en termes de bilan carbone et effet de serre120.
Selon la Cour des Comptes en 2012121 « Le bilan environnemental des biocarburants
est fort loin d’être à la hauteur des espoirs placés en eux. Si l'on intègre (ainsi
qu’il a été fait dans les dernières études d'impact environnemental) le changement
d'affectation des sols indirects (CASI), on obtient pour l’EMHV des émissions de
gaz à effet de serre qui sont doubles de celle du gazole ».
Connaître pour mieux protéger, restaurer et gérer les sols nécessite d'identifier,
localiser et cartographier leur biodiversité, leur niveau de dégradation, de
pollution, leur degré de vulnérabilité, leur isolement écologique et leur degré de
résilience face aux usages par l'homme ou face au dérèglement climatique. Cela
permettra aussi de mieux identifier certains enjeux (production alimentaire,
protection de l'eau, puits de carbone, biodiversité, etc.).
Pour mieux comprendre l'écologie des sols, on commence à approcher leur diversité
biologique128 : par la mesure de la diversité des ADNs présents, par certains
indices tels que l'abondance en micro-organismes, nématodes, enchytréides ou
lombrics, réputés être de bons bioindicateurs de la qualité biologique des sols, en
particulier de leur diversité fonctionnelle. Un indicateur synthétique de qualité
biologique des sols agricoles de Bretagne a été proposé dans le cadre du programme
RMQS-Biodiv127. Des programmes spécifiques portent sur ce thème (ex BIODEPTH,
Nouvel atlas européen du Centre Commun de Recherches (JRC) qui porte notamment sur
la biodiversité des sols en Europe et fait apparaître certaines menaces auxquelles
elle est exposée ; il montre que le Royaume-Uni, la Belgique, le Luxembourg, les
Pays-Bas et le nord de la France ont particulièrement dégradé leurs sols et que la
biodiversité du sol y reste plus menacée qu'ailleurs).
Un Réseau de mesure de la qualité des sols est mis en place en France en 2001.
Une revue critique de ce concept de qualité du sol a été réalisée en 2018 par Else
K. Bünemann et al.146.
Les menaces
Articles détaillés : Régression et dégradation des sols et Surface imperméabilisée.
Article connexe : Directive cadre pour la protection des sols.
Cet autre graphique met visuellement en évidence le fait que la perte de terres
agricoles due à l'urbanisation et à l'artificialisation (routes…) est
proportionnellement beaucoup plus importante dans les petits pays très peuplés (Les
Pays-Bas étant un exemple typique). Ici, la France, bien qu'elle compte parmi les
trois pays qui perdent le plus de sols agricoles, paraît moins touchée en raison de
la taille de son territoire (données estimées à partir de la mise à jour de
l'occupation du sol Corine Land Cover)
Le sol est une ressource naturelle, peu ou lentement renouvelable, globalement en
voie de dégradation (surtout dans les pays pauvres, où elle n'est pas compensée par
les hausses de productivité actuellement permises par la mécanisation, les engrais
et les pesticides). Ce patrimoine est aussi en régression quantitative selon l'ONU
(FAO), organisation essentiellement consacrée à l'agriculture, à la sylviculture et
aux écosystèmes mais aussi et de plus en plus aux « établissements humains »
(villes, habitations, zones d'activité, parkings, etc.)148.
Un autre problème est la dispersion dans le monde d'espèces invasives de vers plats
(Plathelminthes terrestres) dont certains sont d'importants prédateurs des vers de
terre (20 % des vers de terre auraient disparu des zones du Royaume-Uni où
plusieurs de ces espèces ont été introduites)157.
Sols pollués
Article détaillé : Sols pollués.
Les retombées atmosphériques, les boues d'épuration, certains engrais (phosphates
riches en cadmium en particulier), les pesticides et parfois les eaux d'irrigation
apportent dans les sols des quantités significatives de métaux lourds (non
dégradables, bioaccumulables)158 et de divers polluants ou contaminants microbiens,
parfois pathogènes159.
Les sols agricoles contiennent souvent des micropolluants qui ont pour origine le
fonds géochimique160, les séquelles de guerre, ou plus souvent les retombées
atmosphériques (45 000 t/an de zinc et 85 000 t de plomb/an estimés dans les années
1990 pour l'Europe des 12161) et parfois les eaux d’irrigation162.
En France, l’INRA a étudié sept métaux lourds (Cd, Cr, Co, Cu, Ni, Pb et Zn) dans
460 horizons de sols agricoles, et trouve un taux médian de 0,22 mg/kg, contre 0,10
en sols forestiers équivalents163. Dans une région industrielle (Nord de la
France), P. Six (1992, 1993) confirme ces résultats dans le département du Nord:
sur 1000 horizons labourés, n’ayant pas subi d’apports de boues d'épuration, la
valeur médiane des teneurs en métaux lourds est de 0,37 mg/kg164. Hormis dans le
cas d'espèces métallophytes, l'exportation naturelle par les végétaux est faible
(moins d'un % des apports de boues résiduaires dans les récoltes étudiées sur
quinze à dix ans).
Répartition mondiale des sols selon la taxonomie des sols de l'USDA. 4,8 milliards
d'hectare (38 %) sont des terres agricoles167 dont la perte de fertilité et
l'érosion des sols sont des enjeux majeurs ; les forêts qui occupent 4 milliards
d'ha (31 %) sont marquées par la déforestation des sols ; les quatre derniers
milliards d'ha restants (31 %) correspondant à des zones urbaines (l'urbanisation
s'accompagnant d'une artificialisation des sols), des roches, des glaces, des
déserts, des lacs168…
En France, le Grenelle de l'Environnement a proposé en 2007 les concepts de trame
verte et de remembrement environnemental, qui pourraient tous deux contribuer à
restaurer les sols. Un bail environnemental a été créé en application de la Loi
d'orientation agricole (LOA) du 6 janvier 2006 (décret de mars 2007169). Ce bail ne
vaut cependant que dans certaines zones géographiques précisées par le décret et
pour des bailleurs privés, si leurs parcelles sont situées dans des espaces
naturels sensibles et si les clauses conformes au document de gestion officiel sont
en vigueur dans ces zones. Ce bail permet d'imposer une liste limitative de
pratiques culturales susceptibles de protéger l'environnement. Leur non-respect par
le repreneur du bail peut entraîner sa résiliation.
En 2017 le sol est identifié comme ressource stratégique dans le Plan de
programmation des ressources qui est l'un des éléments de la stratégie nationale de
transition vers l'économie circulaire.
Le land art est une forme d'art contemporain, pratiquée en plein air et utilisant
le sol (la terre) comme support et souvent comme matériau d'œuvres d'art par nature
éphémères, mais maintenues dans les mémoires grâce à la photographie, notamment les
photographies aériennes.
Le soil art, utilisant de façon symbolique les couleurs de la terre pour attester
son importance dans notre vie, est un domaine de l'art contemporain qui s'est
spécialisé sur ce sujet176. La pédothèque, collection d'échantillons de terre dont
la couleur est classée selon le nuancier de Munsell), de l'artiste Kôichi Kurita en
est une des illustrations177.
Le sol est également très présent dans la poésie. Francis Ponge a été décrit comme
un poète du sol178. Eugène Guillevic publie en 1942, la même année que Le Parti
pris des choses de Francis Ponge, un recueil de poèmes, Terraqué, dont le titre
affirme son enracinement dans la terre de son pays natal, la Bretagne.
Sol à la Renaissance
Sol à la Renaissance
Europe
Article détaillé : Directive cadre pour la protection des sols.
Directive Sols
En 2006, l'Europe définie sa stratégie thématique en faveur de la protection des
sols dans un cadre européen pour la protection des sols à destination des États
membres dans une directive dénommée Directive cadre pour la protection des sols, ou
Directive sols185.