Langue Enseigné Et Dialecte Arabe
Langue Enseigné Et Dialecte Arabe
Contact : ddoc-theses-contact@univ-lorraine.fr
LIENS
UNIVERSITE NANCY 2
ECOLE DOCTORALE « LANGAGE, TEMPS, SOCIETE »
U.F.R SCIENCES DU LANGAGE
CRAPEL-ATILF-CNRS
Par
Farag DARDOUR
Sous la direction de
Monsieur le Professeur Richard DUDA
JURY
Je dédie cette thèse à mon père Emhimmad DARDOUR, qui aurait bien souhaité voir le fruit
de ce travail.
.أھدي رسالة الدكتوراه إلي روح والدي امحمد دردور الذي كان مشتاقا لرؤية ثمار ھذا الجھد قبل أن ينتقل الي رحمة ﷲ
3
Remerciements
Je tiens à remercier mon directeur de recherche, Monsieur Richard DUDA, pour avoir
accepté de suivre mon travail de thèse et pour son soutien constant, sa précieuse aide ainsi que
ses conseils au cours de ces années pour améliorer la qualité de mes recherches.
J’adresse également mes plus vifs remerciements à mes collègues libyens et à tous
ceux qui, de près ou de loin, par leur soutien moral et matériel, ont apporté leur précieuse
contribution à cette recherche.
4
SOMMAIRE
INTRODUCTION 11
CONCLUSION 269
BIBLIOGRAPHIE 274
BIBLIOGRAPHIE ARABE 289
SOURCES INTERNET 295
INDEX DES NOMS 297
LISTE DES FIGURES 299
LISTE DES TABLEAUX 302
ANNEXES 303
Annexe 1 304
Annexe 2 323
Annexe 3 332
Annexe 4 337
Annexe 5 339
Annexe 6 343
Annexe 7 347
11
INTRODUCTION
Mais la réalité linguistique arabe peut apparaître encore plus complexe. Par exemple, l'arabe
parlé à Tripoli, la capitale de la Libye, est différent de celui de Bengazi, la seconde ville du
pays. Dans plusieurs pays arabes, il existe des variétés dialectales différentes en usage selon
les régions. Les dialectes qui varient d’un pays à un autre sont employés au quotidien entre les
interlocuteurs. Ils ne sont pas utilisés dans les discours officiels.
1
Aujourd’hui, la langue arabe est parlée par près de 377 millions de personnes
13
Mais l’importance de la langue arabe, par son influence culturelle et religieuse, est
encore beaucoup plus considérable.»
Mais cela ne signifie pas que l’arabe ne rencontre pas de difficultés dans sa pratique
chez les Arabophones. En effet, il continue de souffrir de l’impact du bilinguisme et de la
diglossie d’une part, et d’autre part du manque de moyens dans l'enseignement. Toutes ces
raisons, nous ont poussé, en tant qu’enseignant de l'arabe en Libye, à réfléchir sérieusement
sur l’enseignement/apprentissage de l’arabe en adoptant une nouvelle méthodologie qui
répond à la réalité locale.
Les chercheurs détiennent une part de responsabilité pour pallier à cet handicap et ils
peuvent avancer progressivement dans la mesure où ils disposent d’une réelle volonté
intellectuelle. Cela peut se faire par une première action qui est celle d’accorder de
l’importance au potentiel humain, les apprenants et les enseignants. Pour la prospérité et le
développement durable d’une société, il faut donc un enseignement adapté à ses besoins,
répondant aux exigences de notre ère et s’adaptant aux changements continus, sinon il sera
voué à l’échec.
PREMIERE PARTIE
CHAPITRE I
PROBLEMATIQUE ET METHODOLOGIE
1. Problèmes didactiques
En effet, nous sommes encore loin d'avoir trouvé à ce jour, la formule appropriée pour
créer un mécanisme d'acquisition/production opérationnelle, permettant le développement
d’une compétence linguistique qui facilite les échanges langagiers et la spontanéité
communicative. Les travaux menés dans les domaines linguistiques et didactiques ont mis au
service de la pratique langagière un éventail de possibilités méthodologiques et pédagogiques.
La méthodologie audio-visuelle et l'approche communicative ont révolutionné ces domaines
en permettant aux apprenants de faire appel à leurs capacités réceptives au lieu de s'appuyer
uniquement sur le manuel et l'enseignant.
Des études menées en arabe ont certes souligné différents problèmes dont souffre
l'enseignement de la langue. Ces études traitent dans la plupart des cas, des problèmes
grammaticaux sans avoir aplani les obstacles entravant depuis toujours l'acquisition/
production spontanée, comme si elles oubliaient l'existence du dialecte. La cause nous semble
résider dans le fait que les connaissances didactiques ne sont pas orientées ni programmées
efficacement, bien que cela dépende aussi de la volonté de l’apprenant et de sa motivation
pour apprendre.
linguistique et didactique de l'enseignant apparaît comme l'axe autour duquel tournent tous les
facteurs de l'enseignement/apprentissage.
Pour notre part, nous pensons que l'enseignement/apprentissage d'une langue dépend
de façon inévitable de la stratégie didactique mise en œuvre par l'enseignant notamment au
niveau scolaire. Autrement dit, le savoir et le savoir-faire de cet enseignant conditionnent le
degré d'efficacité de la pratique langagière au sein de la classe de langue, ainsi que le
rendement ultérieur de cette pratique.
Il est vrai que l’apprenant joue un rôle essentiel, surtout dans un contexte didactique
communicatif. Mais la responsabilité de l’enseignant reste déterminante. La plupart des
activités pédagogiques dépendent de lui. Pour cette raison, la participation de l’apprenant est
en amont et en aval est très déplacé voire inexistante. Nous avons pu soulever cette
problématique après notre visite dans des établissements scolaires et grâce aux conversations
que nous avons eues avec les différents acteurs de la vie scolaire, en l’occurrence enseignants,
apprenants et directeurs. C’est pourquoi, nous avons choisi de traiter le problème de la
pratique langagière au sein de la classe d'arabe dans quelques lycées de Libye, à travers une
étude analytique du savoir linguistique et didactique de l'enseignant d'arabe.
2. Le bilinguisme
Selon J-P. CUQ (2003:36) « on entend par bilinguisme la coexistence au sein d’une
même personne ou société de deux variétés linguistiques.»
Le bilinguisme dans les pays arabes constitue une fracture linguistique d’autant plus
que les techniques utilisées par les langues étrangères véhiculent des contenus ayant des
conséquences culturelles et psychologiques.
17
A. AL-QASIMI (2006) pose le problème des locutions non arabes les plus répandues
dans les domaines techniques. Ces locutions répondent aux exigences actuelles du
développement des sciences et techniques.
Le bilinguisme est relevé au niveau de l’arabe oral et de l’écrit avec l’influence des
autres langues étrangères telles que le français, l’espagnol, l’anglais, notamment dans les pays
du Maghreb. Par exemple dans cette région, les francophones utilisent un verbe français en y
ajoutant un pronom préfixe pour décrire une situation telle que le verbe (toucher), « il touche»
est prononcé [ya-touche]. Ou un pronom suffixe en arabe comme dans « supprimes-la ». En
arabe certains disent [supprime-ha]. Aussi, certains mots arabes se conjuguent au futur,
même s’il n’existe pas en langue arabe. Par exemple le verbe en arabe [ya-‘mal], « travailler »
est traduit par les francophones par [ya-‘mal-ra], « Il travaillera » en français.
3. L’arabisation
1
http://www.arabicacademy.org.eg/
2
http://www.sis.gov.eg/VR/acadmy/html/acadmay07.htm
3
http://www.majma.org.jo/
4
ISESCO =Islamic Educational, Scientific and Cultural Organization,
http://www.isesco.org.ma/francais/index.php
18
commence dès l’enseignement supérieur. La plupart des universités arabes n’ont pas arabisé
leurs méthodes et programmes, à l’exception de la Syrie qui a arabisé son enseignement
depuis le début du Primaire jusqu’au Supérieur.
Dans ce cas, A. IBN-NUMAN (2005 :6) indique que l’apprenant dans les universités
arabes qui étudie en langue étrangère est plus privilégié : il acquiert l’information en anglais
ou en français, la mémorise et la traduit en arabe pour mieux la comprendre. Pour
l’expression ou l’écriture, il effectue l’opération inverse, il réfléchit en arabe et la transforme
en anglais, ainsi de suite. Mais, les apprenants en sciences connaissent des problèmes
linguistiques qui ne leur permettent pas d’assimiler les cours prodigués justement en anglais.
4. Méthodologie de recherche
dernier domine au quotidien avant, pendant et après la scolarisation; il est en réalité la langue
maternelle. Pourtant, c'est l'arabe standard qui est utilisé aussi bien dans l'enseignement que
dans les discours des médias et dans les relations institutionnelles. Il constitue aussi la langue
écrite, la seule admise pour la rédaction de tout type de document ou de contrat administratif.
D'une part, la formation de cet enseignant n’est basée que sur des études limitées à la
littérature ou à la grammaire de l'arabe. D’autre part, les programmes pédagogiques
universitaires dans le département d'arabe continuent dans le même sens et la question de
l’enseignement n’est que rarement traitée. Le futur enseignant d'arabe ne dispose dans sa
formation que d’anciens ouvrages décrivant la langue et qui traitent des aspects grammaticaux
en reprenant et exposant les différentes analyses de leurs auteurs. Ceci, sans jamais aborder la
question de la communication dans cette langue. Nous pouvons avancer que la déficience de
cette pratique découle certainement de tout le processus actuel de la programmation et de
l'orientation des études universitaires.
Par contre si l’enseignant est doté d’un savoir linguistique et didactique efficace et
suffisant, il peut être un catalyseur dynamique dans la création d’un contexte d'échanges
langagiers dans sa classe. Ce qui peut à la fois répondre aux besoins réels et aux attentes des
apprenants et faire que ces derniers participent aux activités organisées.
Etant nous-mêmes enseignant d'arabe, nous nous trouvons engagé dans une situation
que nous ne pouvons pas ignorer, puisqu'elle nous concerne directement. C'est dans ce
20
contexte que sont apparues les motivations qui sont à l'origine du choix de ce sujet. Les
objectifs assignés à notre recherche se situent sur plusieurs plans :
Au niveau scientifique :
Nous allons essayer de mettre l'accent, dans la mesure de notre possible, sur l'arabe
dialectal. Car il influe sur la conduite et l'organisation des pratiques langagières en classe. Ce
qui freine l'évolution générale de l'enseignement/apprentissage de l’arabe standard.
Au niveau professionnel :
Mieux connaître le rôle que joue l'enseignant au sein de la classe, ainsi que la
responsabilité qu'il assume dans la gestion des activités de cette classe.
Au niveau didactique :
Au niveau personnel :
L’ensemble de notre enquête se base sur l’hypothèse que pour qu’il soit efficace,
motivant et enthousiasmant, tout enseignement/apprentissage doit prendre en compte la
biographie langagière de l’apprenant, son environnement socio-culturel, son héritage et
capital culturel ainsi que sa dimension psychologique. L’apprenant ne doit pas être considéré
comme un simple récepteur.
Hypothèse (1) :
Le niveau des connaissances de base supposées acquises par l'actuel enseignant libyen
d'arabe ne lui permet pas de répondre aux exigences de l'enseignement et de l’organisation
d'une classe d'arabe standard.
Hypothèse (2)
L’hypothèse qui tient lieu de fondement à l’ensemble de ce travail consiste à dire que
tout apprentissage de langue pour qu’il soit à la fois efficace, motivant et enthousiasmant doit
prendre en compte l’apprenant dans ce qu’il est, ainsi que son environnement socio-culturel.
Ceci revient à ne pas considérer les apprenants comme des réceptacles neutres, sorte de tabula
rasa, susceptibles d’être contraints d’ingurgiter ce que l’on leur enfourne.
Il est difficile de se passer du dialectal pour un certain temps du moins. Nous avons
constaté que les locuteurs libyens, apprenants et enseignants ne communiquent qu'en dialecte.
Les conditions d'introduction de l'arabe standard dans la communication en ont fait une
langue réservée aux médias. Son enseignement n'a jamais été ressenti comme une priorité qui
puisse atténuer l’influence du dialecte. La langue dialectale ne peut pas être un moyen de
communication entre les Libyens et d’autres arabes. Ceci ne permet justement pas au dialecte
d’occuper une place officielle. De plus, l’utilisation de l’arabe standard est perçue par la
société comme étant un symbole de culture, réservé à une élite. Il faut tout de même rappeler
qu’en Libye, l’arabe dialectal ne prend qu’une forme verbale. Or, l’écrit et la lecture ne sont
effectués qu’en arabe standard ou classique.
La première partie aura pour but de présenter un aperçu historique de la langue arabe
et de faire une synthèse de la situation existante, relative à la coexistence de l'arabe standard
et du dialecte dans l'enseignement/apprentissage de l'arabe à l'école en Libye. Aussi, nous
précisons les principales différences entre l’arabe standard et les dialectes, sur les plans
phonétique, grammatical et conjugaison. Nous allons adopter une démarche qui fait appel à
une réflexion personnelle en mettant l’accent sur les manquements qui sont, à notre point de
vue, la cause principale des difficultés rencontrées dans l’enseignement/apprentissage de
l’arabe notamment l’expression orale.
23
La deuxième partie aura pour objectif de mettre en évidence la réalité de cette pratique
à travers des données statistiques. Pour cette partie, deux questionnaires et un entretien ont été
exploités dans des lycées libyens. A travers les questions posées, nous avons voulu établir un
diagnostic de la situation sur le terrain pour envisager une solution adéquate. Les résultats
recueillis serviront à formuler des propositions pour améliorer l’enseignement dans l'avenir,
surtout au niveau de la compétence linguistique et didactique de l'enseignant d’arabe.
Pour réaliser ce projet, il nous a fallu faire appel à de nombreux ouvrages sur la
linguistique et la didactique des langues, ainsi qu’à de nombreux documents officiels.
Nous avons eu recours donc à deux types d'approches. La première est une approche
théorique qui consiste à analyser des recherches et des travaux existants, relatifs aux
problèmes linguistiques en didactique de classe de langue. La seconde est une investigation de
terrain qui débouchera sur des résultats statistiques grâce à l’enquête.
CHAPITRE II
QUELQUES REPERES HISTORIQUES
POUR LA LANGUE ARABE
L’arabe fait partie de la famille des langues chamito-sémitiques qui couvrent une
partie de l’Afrique et une partie de l’Asie. C'est-à-dire, sur une situation géographique qui
s’étend vers le sud « du Maghreb au Nigéria, une partie du Cameroun, l’Ethiopie, l’Erythrée
et la Somalie » et vers le Nord Est, c'est-à-dire de « Malte, tout le Proche Orient jusqu’aux
frontières de l’Iran » (AL-SAMARAI 1983 :13 etc.).
Certaines langues sémitiques telles que l’ougarique, l’éblaite… remontent à 2000 ans
avant notre ère. Parmi les langues sémitiques figurent l’arabe avec 377 millions de locuteurs
25
• « Un système de consonnes très complet: beaucoup d’entre elles sont articulées dans
la gorge, il existe aussi des consonnes (emphatiques): qui se prononcent avec une
expiration plus importante;
• Les mots se forment le plus souvent par enrichissement d’un radical de trois lettres.
• Le féminin est souvent dérivé du masculin grâce à la lettre t suffixée, préfixée ou bien
à la fois préfixée et suffixée.
• Les pronoms compléments d’objet
d’objet et les possessifs suffixés au verbe ou au nom sont
très voisins des pronoms personnels indépendants,
• Le verbe est souvent en tête de la phrase, les propositions subordonnées suivant la
principale.»
Il faut noter qu’on ne retrouve pas ces caractéristiques dans toutes les langues
sémitiques.
Les langues sémitiques ont en commun un nombre important de lexèmes. Il n’est pas
facile d’approprier l’origine du mot à telle ou telle langue. Pour illustrer cette situation, nous
avons pris quelques exemples dans les langues sémitiques, les plus connues du
groupe, l’arabe et l’hébreu :
En français
1. Bonjour 2. Sept 3. Tête 4. Nom
En arabe En hébreu
1. salām 2. sab’t 3. r’as 4.’ism 1. šalūm 2. šava 3. r’aš 4. šam
Nous constatons à travers ce graphique (figure 1.2) qu’il y a une ressemblance entre
les deux langues sémitiques au niveau de la prononciation.
26
Les Arabes étant connus pour leur pudeur et conservatisme, le genre poétique a permis
d’exprimer leurs sentiments et passions amoureuses. Autrefois, les tribus arabes menèrent une
vie qui se distinguait par des conflits quasi permanents (IBN-HALDUN 1 s.d. : 55 etc.). De ce
fait, le genre poétique était un moyen incontestable de communication et de négociations.
Autrement dit, les poètes jouaient le rôle d’ambassadeurs des tribus. Par le biais de la poésie,
les poètes prenaient donc en charge la défense des valeurs des leurs. Selon A. ROMAN :
L’année 610 est une étape importante pour les Arabes, puisque c’est l’année de la
Révélation du Coran au prophète Muḥammad et l’apparition de l’Islam.
1
Ibn ḫaldūn (1332-1406), Historien Maghrébin, il a été l’un des premiers théoriciens de l'histoire des
civilisations. Il a en outre conçu et formulé une philosophie de l'Histoire.
27
Selon M. ELIADE (1983 :87), le Coran est un corpus qui par sa seule existence
constitue un élément fondamental de cohésion linguistique. De plus, apparaissant comme la
propre parole éternelle et immuable de Dieu, il prenait une valeur de norme définitive. Mais
cette langue n’a pas réussi à s’implanter comme langue parlée. A. AL-SAMARAI (1983 :61)
a souligné que le brassage ethnique entre Arabes et non Arabes (perses et romains entre
autres) durant cette conquête a eu une influence non négligeable sur l’arabe. Celui-ci s’est vu
attribuer des prononciations différentes et des termes étrangers.
C’est ainsi que les grammairiens et philologues durant cette période avaient une
volonté consciente d’organiser l’arabe. Mais leurs principales préoccupations étaient d’ordre
religieux. Ce qui donna une impulsion à leurs recherches. Leur conception de cette langue
avait une projection du caractère sacré du Coran sur la langue même. MALHERBE souligne
dans le même sens que:
Les philologues arabes ont entamé une vaste enquête qui a dépassé le cadre de
l’analyse grammaticale et lexicale du Coran, afin de constituer un corpus complet de l’arabe.
Ils ne se limitèrent pas uniquement aux hadiths du prophète transmis par la tradition orale et
aux poésies anciennes, mais ils ont aussi étendu leurs recherches à tout lexique existant dans
les dialectes des tribus réputées être d’origine arabe tels que : Quṣaī, Asad, Hadīl, Tamīm, et
une partie du Kināna. Ce travail qui a duré prés d’un siècle a permis de rédiger l’essentiel
d’une grammaire originale. D. COHEN ajoute dans ce sens :
« C’est grâce à ce travail qu’en un siècle fut établi l’essentiel d’une grammaire qui
constitue l’un des chefs-d’œuvre historiques de science du langage, et d’une
somme lexicale d’une stupéfiante richesse » D. COHEN (1996:709).
Depuis la période des Omeyades et surtout dans celle des Abbassides (661-1258), la
civilisation musulmane a connu un essor culturel et fabuleux. D’innombrables ouvrages ont
été publiés, à partir du 7ème siècle, comme par exemple l’œuvre de al-‘yn de Al-farāhīdī1, al-
kitāb de Sibawayh2, al-ẖaṣā’iṣ de Ibn-jinnī3 et al-muzhar de Al-siyûṭī4.
« L’arabe est la langue littéraire de l’Islam. Légèrement modifié dans son écriture
au XIIIe siècle par le persan, le mongol et le turc, qui l’adoptèrent comme langue
officielle du Coran » BROCKELMANN (1949 :7).
L’écriture alphabétique a été inventée par les Phéniciens qui se sont basés sur
l’écriture des Sumériens et l’ancienne écriture égyptienne, hiéroglyphique. Les Phéniciens ont
1
Le célèbre philologue et lexicographe arabe, Al-ẖalīl Bin Aḥmad Al-farāhīdī (718-786) a été chargé de
concevoir un nouveau système de taškīl. Al-farāhīdī a introduit des signes vocaliques qui reproduisent en
miniature la forme initiale ou une partie de certaines lettres tel le signe hamza. Le nouveau système s'est
popularisé à travers le monde arabe et constitue un élément essentiel de l'identité de l’écriture arabe. Le
développement de l’étude de la prosodie dans la poésie arabe est l’œuvre la plus importante de Al-farāhīdī. Il a
été également le premier à croire en la spécialisation des apprenants.
2
Sibawayh est le plus grand grammairien de la langue arabe né en Iran (765-796). Il s’est installé à Bassora en
Iraq, l’une des capitales de la culture classique. Sa plus grande œuvre al kitāb, qualifiée par certains de coran de
la grammaire arabe, est restée pendant des siècles la source d’enseignement de la langue.
3
Abûlfatḥ Ibn-Jinnī né à Mossoul et décédé à Bagdad en1002, littéraire, grammairien et poète; parmi ses divers
ouvrages : al-ẖaṣā’iṣ.
4
Le célèbre philologue historien, Abdul Ruḥmān Al-siyūṭī né en Égypte (1445-1505). Après plusieurs
déplacements entre la Syrie, Hijāz, Yémen, Inde et Maroc, il s’est réinstallé en Égypte où il s’est consacré à ses
ouvrages, environ 600 œuvres, parmi lesquelles « l’histoire des Califes. »
29
mélangé les deux caractères en les développant pour arriver enfin à une écriture typiquement
phénicienne qui est transcrite en fonction d’un ensemble de lettres dont chacune représente un
son, c'est-à-dire un phonème. Grace à leurs périples commerciaux et leurs déplacements, les
Phéniciens diffusèrent cette écriture qui a été adoptée par la majorité des habitants de la
région comme les Araméens.
Au 2ème siècle av. J.-C., les territoires araméens ont été conquis par les Nabatéens qui
ont adopté leur langue, culture, mode de vie, art et architecture. Dans le diagramme ci-dessous
de R. BLACHÈRE (1990 :61), l’arabe écrit fait partie de l’ensemble des systèmes d’écriture
sémitiques.
Figure 1.3 : L’arabe et sa relation avec l’ensemble des systèmes d’écritures sémitiques
Nous précisons que les Nabatéens avaient pour capitale Pétra qui se trouve dans
l’actuelle Jordanie. Cette capitale, selon BROCKELMANN, (1949 :11, etc.) était un éminent
centre de rayonnement culturel et économique pendant plus de cinq siècles successifs. Grâce à
sa situation géographique, elle a été un point de passage des caravanes du Saba au Yémen et
celles des tribus de la Méditerranée (les côtes de Syrie, Liban et Palestine).
diversifiés. Après le déclin puis la disparition du royaume araméen, l’écriture nabatéenne s’est
imposée comme un style utilisé dans le nord de l’Arabie.
« L’écriture arabe, le fait est aujourd’hui bien établi, dérive de la cursive utilisée
par les Nabatéens de Pétra, introduite en Arabie Occidentale, notamment à la
Mekke, au VI‛s. avant J.-C. au plus tard » R. BLACHÈRE et al. (2004:16).
La manifestation la plus marquante de l’écrit, en tant que tel, dans l’ère préislamique
est le genre poétique, qui était quelque chose de prestigieux voire sacré. L’exemple le plus
concret en est la décision d’accrocher les poèmes les plus célèbres sur les murs de la Kaaba à
la Mecque. Cette dernière même avant l’ère de l’islam était à la fois un grand centre de
commerce, d’échanges et un point de passage de rencontres des voyageurs et des caravanes
des nomades de la péninsule arabique du Moyen-Orient. Les poèmes accrochés sur le mur de
la Kaaba sont appelés les al-mu‘allaqāt. Littéralement, ils signifient les « suspendues » et
représentent les meilleurs et les plus beaux poèmes choisis par les chefs de tribus. (A. AL-
ANDALUSI 1998 :306), Al-siyūṭī rapporte une version portant sur l’appellation de ce genre
31
de poèmes. Avec ces al-mu‘allaqāt, la langue arabe a rehaussé le prestige de l’écrit. Il y avait
également des textes portant sur des accords de paix ou de non agression entres les tribus. Il
s’agit notamment de pactes et de sermons qui font état des échanges commerciaux (AL-
SIYUTI 1998 : 69, etc.). Nous pouvons ajouter que les textes les plus importants à accrocher
étaient les contrats commerciaux rédigés par les caravanes appelées les caravanes d’été et
d’hiver. Il s’agit des deux grands voyages; le premier se passe en été et l’autre en hiver,
effectués entre le Yémen et le Cham. Finalement, cette écriture n’a pas cessé de se développer
et de se propager jusqu’à l’ère préislamique. Nous avons donc dit que l’écrit était bel et bien
présent, puisque les Arabes lui ont accordé deux intérêts à double vocation : poétique et
commerciale.
Comme nous l’avons indiqué précédemment, l’ère préislamique est caractérisée par
une tradition orale. Les écrits se limitent dans les pactes, contrats, conventions et
correspondances entre les chefs de tribus. Après l’avènement de l’islam, l’écriture est devenue
une nécessité religieuse. Dès lors, les compagnons du prophète estimèrent que l’écriture est le
seul moyen pour sauvegarder le texte coranique. La venue de l’islam constituait une vraie
rupture et ceci est rapporté par A. ROMAN :
Le Coran codifié au 7ème siècle par le ẖalife ‘ṯmān, compagnon du prophète est énoncé
dans une langue très proche de celle de la poésie et des documents en arabe ancien.
Cependant, ce texte a été révélé en plusieurs lectures correspondant aux dialectes des
principales tribus de la péninsule, notamment Qurayš, Tamīm, Hadīl, Muḍar etc.
Les quatre Califes (632-660), pendant leurs règnes, se sont intéressés à l’écriture et à
la transcription du Coran ainsi qu’aux paroles du Prophète ḥadīt. Ils ont également utilisé
l’écriture dans leurs correspondances officielles et dans des textes contenants des pactes avec
les autres tribus. De plus, l’Etat musulman a attribué un grand intérêt à l’écrit comme étant
32
une trace tangible. Il le considérait aussi comme un acte crédible des diverses rédactions des
dignitaires politiques et militaires des Califes et Emirs des territoires de l’empire
musulman (M. TABARI 1989 : 7, etc.).
A l’époque des deux empires : Omeyades et Abbassides, c’est une période dite de
lumière connue pour ses activités très intenses sur le plan culturel et intellectuel. Elle a généré
l’apparition de nombreuses écoles philologiques et philosophiques. En outre, il y a eu
l’apparition d’un large mouvement de traduction et d’interprétation en langue arabe.
Cependant, l’écriture et la publication ont connu leur apogée avec d’imminentes élaborations
portant sur le copiage de livres et œuvres interprétés et traduits de langues étrangères comme
le persan, le grec et le latin, etc. Ces œuvres concernent, pour la plupart, des domaines
scientifiques, artistiques, littéraires et surtout philosophiques.
2. Structures linguistiques
L’écriture arabe serait née entre le 3ème et le 7ème siècle. Selon C.-J. ROBIN (2002 :
110), la première attestation de l’écriture en langue arabe est apparue en 512 après J.C, en
Syrie sous une forme trilingue. Il s’agit d’un texte écrit en grec, en syriaque et en langue arabe
sur un linteau d’église.
La figure 1.4 montre une image contenant le texte en trois langues parmi lesquelles
l’arabe trouvé sur un linteau à Zabad au sud est d’Alep en Syrie actuelle. L’image est extraite
de la revue Sciences et Vie parue en juin (2002 :110).
Figure 1.4 : Image du linteau de Zabad illustrant la plus ancienne trace de l’écriture arabe
33
Figure 1.5 : Image agrandie du linteau de Zabad illustrant la plus ancienne trace de l’écriture arabe
Il est clair d’après cette figure 1.5 qu’il y a une très grande ressemblance entre
l’inscription trouvée à Zabad et l’écriture arabe originale proposée dans la figure 1.6. Notons
que cette écriture se rapporte à une époque où il n’y avait pas de points diacritiques pour
distinguer les lettres et que l’écriture arabe ne possédait
possédait aucun symbole pour noter les
voyelles brèves et hamza en milieu de mot.
Selon C. DHAYF (1992 : 13), le grand grammairien Abu Al-’aswad Al-d’alī (décédé
en 688) a mis en place un style graphique pour faire en sorte que chaque son corresponde à
34
une lettre « idiogramme ». Pour cela, il a rajouté des lettres en puisant dans cet alphabet. Il a
rajouté des points au-dessus ou au-dessous de la lettre. « Un point ; deux et parfois trois. »
La graphie { }, représentait trois phonèmes [b, t, ṯ]. Après le rajout des points, on
obtient trois graphies séparées : [b] {}ب, [t] {}ت, [ṯ] {}ث.
La graphie {}ح, représentait trois phonèmes [ḥ, j, ẖ]. Après le rajout d’un point, on
obtient trois graphies séparées : [ḥ] {}ح, [j] {}ج, [ẖ] {}خ.
La graphie {}ص, représentait deux phonèmes [ṣ, ḍ]. Après le rajout d’un point, on
obtient deux graphies séparées : [ṣ] {}ص, [ḍ], {}ض.
La graphie {}ر, représentait deux phonèmes [r, z]. Après le rajout d’un point, on
obtient deux graphies séparées : [r], {[ }رz], {}ز.
La graphie {}ط, représentait deux phonèmes [ṭ, ẓ]. Après le rajout d’un point, on
obtient deux graphies séparées : [ṭ] {}ط, [ẓ] {}ظ.
La graphie {}د, représentait deux phonèmes [d] [ḏ]. Après le rajout d’un point, on
obtient deux graphies séparées : [d] {}د, [ḏ] {}ذ.
La graphie {}ع, représentait deux phonèmes [‘, ġ]. Après le rajout d’un point, on
obtient deux graphies séparées : [‘] {}ع, [ġ] {}غ.
La graphie {}ٯ, représentait deux phonèmes [f, q]. Après le rajout des points, on
obtient deux graphies séparées : [f] {}ف, [q] {}ق.
La graphie {}س, représentait deux phonèmes [s, š]. Après le rajout des points, on
obtient deux graphies séparées : [s] {}س, [š] {}ش.
Selon les anciens philologues l’alphabet arabe comporte 29 lettres, car ils considèrent
la graphie hamza { }ءcomme une lettre à part. Nous ne partageons pas ce point de vue et nous
pensons que l’alphabet arabe est de 28 lettres et que la graphie hamza ne peut être une lettre à
part, du fait qu’elle a la même prononciation que le ’alif {}أ. Elle s’écrit avec une lettre
support. Quant à certains mots tel que šā’a { }شَاءoù la graphie hamza n’a pas de lettre
support, en réalité, elle en avait une, mais elle a été supprimée, car l’origine du mot était šā’ī
{ }شائيavec une lettre support qui est la lettre ī {}ي. L’argument est que dans la 2ème personne
du féminin au présent, on dit tašā’ī {}تشائي, et au pluriel on dit, tašā’uūn {}تشاؤون. Dans ces
cas, la graphie hamza du mot šā’a { }شَاءa un support apparent. D’après ce point de vue, la
graphie hamza est considérée comme une lettre supplémentaire.
35
En ce qui concerne les voyelles brèves, il s’agit de quatre marques typographiques qui
s’écrivent au-dessus ou au-dessous des lettres. Elles peuvent correspondre aux trois voyelles
françaises : [a, u, i].
Il existe trois voyelles brèves proprement dites, de plus, une autre marque qui pourrait
correspondre à une sorte de voyelles muette, [sukûn].
Les voyelles brèves [a, u, i] sont depuis le 7ème siècle utilisées grammaticalement
comme signe de désinence.
Outre les voyelles brèves, il existe un autre type de voyelle appelée voyelle longue. (F.
IMBERT 2008 :41) Elles sont appelées aussi des semi consonnes : ’alif, wāw, yā’. Grâce à la
phrase suivante, nous décrivons le système vocalique de l’arabe :
Par ailleurs, d’autres linguistes contemporains parmi eux I. NUR AL-DIN, indiquent
que le nombre de voyelles en arabe est plus que trois. Ils considèrent que chaque voyelle
brève a des dérivés pour chacune d’elle. Les consonnes sont sonores, emphatiques, nasales ou
sourdes. Consonnes et voyelles se présentent sous forme de géminées et d’articulation
palatale. Les voyelles [u, i] ont aussi une réalisation consonantique en semi-voyelle w et y. Un
exemple : taqūlīn {}تَقُولِين, (tu dis). al-walad yal‘ab {}ال َولَد يَل َعب, (le garçon joue).
L'une des originalités de cette écriture est qu'elle est consonantique, c’est-à-dire que
seules les consonnes sont en général écrites ainsi que les voyelles longues. L’arabe est une
langue dans laquelle les voyelles servent à préciser la fonction grammaticale du mot et son
sens. Mais chaque lettre possède une forme différente selon sa place dans le mot. (F.
IMBERT 2008 :41, etc.)
Nous pouvons dire que ces rajouts ont contribué à enlever l’ambigüité que pourrait
présenter un phonème, un mot ou un énoncé. Par ailleurs, le lecteur peut se poser la question
sur la grammaire de l’arabe et sur son fonctionnement avant l’introduction de ce système
vocalique. La réponse est évidente, puisque comme nous l’avons signalé précédemment, la
culture et les traditions arabes reposaient essentiellement sur l’oral. Avant le vaste contact
avec les étrangères après le 7ème siècle, les Arabes maîtrisaient la langue classique sans
difficulté. En revanche, l’expansion du nouvel Etat musulman a imposé l’introduction de
l’écrit dans tous les domaines de la vie.
Il faut rappeler que l'écriture arabe a servi à transcrire de nombreuses langues non
chamito-sémitiques: des langues iraniennes « farsi », turques « le turc sous l'Empire ottoman
jusqu'en 1928 », indiennes « ourdou », austro-asiatiques « malais » et africaines. Pour noter
les sons de ces langues qui n'existent pas en arabe, on utilise des points ou des signes
diacritiques conférant à la lettre arabe une nouvelle valeur phonétique (BROCKELMANN
1949 :8).
Largement fondée sur le Coran, la grammaire n’a été érigée qu’au cours du 7ème siècle
après la révélation du Coran. Ainsi, l’arabe est devenu une langue composée de règles
grammaticales fixes et cela grâce justement au livre sacré.
37
La grammaire est définie par les pédagogues arabes comme étant un outil qui aide à
l’identification des mots en fonction de désinences, terminaisons et composantes par rapport à
la morphologie, à la transformation et aux dérivés. Partant de cette distinction ou
identification, le locuteur est amené à parler et écrire correctement en se référant à la
conception des grammairiens.
Des voyelles s’y ajoutent pour former les différentes formes de flexions verbales et
nominales ainsi que des dérivés, parfois au moyen d’affixes et d’alternances vocaliques. On
retrouve, à ce niveau, un fonctionnement proche de celui des langues indo-européennes, du
moins au départ.
Les raisons pour lesquelles les Arabes ont voulu construire une grammaire, selon C.
DHAYF (1992 :11) sont au nombre de trois. La première raison est d’ordre religieuse, c’est-à-
dire pour sauvegarder la langue du Coran. La deuxième est d’ordre langagier pour répondre
38
aux besoins des nouveaux adeptes convertis à l’Islam, qui mélangent leurs langues avec
l’arabe. La troisième est de créer une identité nationale et une union des pays arabes.
Abu Al-’aswad Al-d’alī1 a été parmi les premiers à concevoir la grammaire durant la
période islamique à Bassora en Iraq. D’anciens ouvrages, par exemple celui de L’histoire de
l’islam, AL-DAHABI (1275-1347 : 77, etc.) a relevé que le Calife ALI (600-660)2 a soulevé
une d’ambigüité de l’arabe sur le plan orthographique. Ceci peut engendrer des erreurs
d’interprétation sur le plan sémantique. Pour cela, il aurait demandé à Abu al-’aswad al-d’alī
de procéder à la conception de base de la grammaire et de normes d’usage de la langue arabe.
Il serait le premier à décider de rajouter les voyelles brèves à la lettre arabe pour éviter les
fautes d’orthographe.
L’Iraq a connu de grandes écoles arabes, telles Al-baṣra et Al-kūfa qui ont accordé une
importance extrême aux études grammaticales. Les philologues de ces écoles ont redoublé de
rivalité pour asseoir les bases de la grammaire arabe. Parmi les plus grandes figures de
grammairiens Al-farāhīdī a été une référence et un précurseur d’une approche basée sur la
poésie et la question de la versification. D’ailleurs, il est le premier auteur d’une théorie du
système linguistique dans l’histoire de la grammaire arabe. Ses travaux ont fait l’objet d’un
livre intitulé al-‘yn. Sibawayh, disciple de Al-farāhīdī fut par la suite le premier auteur du
livre sur la grammaire et la syntaxe al-kitāb (Le livre) considéré comme étant une véritable
référence sur la grammaire arabe.
1
La tradition rapporte que le calife Alī a demandé à Abu Al-’aswad Al-d’alī d’écrire un livre pour codifier la
grammaire arabe. Un peu plus tard, Al-ẖaīl Bin Aḥmad Al-farāhīdī écrira le kitāb al-‘yn premier dictionnaire
d’Arabe qui comprenait également des travaux sur la prosodie et la musique. Son apprenant, Sibawayh, produira
l’œuvre la plus respectée de la grammaire Arabe : al-kitāb qui signifie «le livre».
2
Le cousin du prophète Muḥammad.
39
De nouvelles tendances sont apparues par la suite qui optèrent pour une réforme afin
de rendre cette grammaire accessible à tous les apprenants, quels que soient leur niveau et leur
compétence. Ce genre de travail s’intéresse à la grammaire et à la syntaxe et se passe ainsi de
tout commentaire philosophique superflu et inutile. Les œuvres de grammaire, anciennes ou
contemporaines, se sont intéressées à la simplification du contenu en apportant de nouvelles
approches pour l’usage et l’étude de l’arabe. Les travaux se sont donc multipliés entre
résumés et descriptions de méthodes et méthodologies pour l’enseignement de la grammaire.
Dans leurs études relatives à l’analyse grammaticale, les anciens philologues du 7 ème
siècle ne faisaient pas la distinction entre la syntaxe et la morphologie. Ils confondaient les
deux matières et considéraient la morphologie comme faisant partie de la syntaxe. D’après M.
ABDULHAMID (1990 :8), Al-ḥīra (décédé en 802) fut le premier morphologiste à séparer la
morphologie de la syntaxe. Depuis lors, ces dernières sont devenues des sciences à part
entière et ont fait l’objet de recherches qui ont généré un nombre important d’ouvrages. La
morphologie permet de définir l’origine des mots et les affixes ajoutés à leurs racines. Grâce à
ces racines, on peut identifier les mots étrangers intégrant l’arabe.
Donc, selon les philologues arabes, la morphologie étudie les variations des mots dans
la phrase par rapport à la racine. Tandis que la syntaxe étudie la position des mots dans la
40
phrase. Elle s’intéresse à l’étude descriptive des relations existantes entre les unités
linguistiques.
2.4.1 La racine
L’arabe limite la création des néologismes, car sa dérivation est radicale. Il ne permet
pas de créer facilement une forme sur une autre, sauf si celle-ci comporte une racine de trois
ou quatre consonnes. MALHERBE souligne que:
« Parmi les grandes langues de culture du monde, l’arabe est peut-être celle qui est
la plus jalouse de sa pureté : elle arabise ses rares emprunts à l’étranger et forme, à
partir de racines arabes, les mots techniques qui lui manquent. Ce souci de la
pureté de la langue est, là également, dû à l’Islam qui souhaite que toute
expression de la pensée puisse se rattacher au Coran » M. MALHERBE (1995 :
225).
A partir de cela, des difficultés naissent et ne sont pas résolues, malgré tous les efforts
des Académies.
šrb َ } َش ِرBoire
šariba {ب
Chaque mot composé de trois phonèmes constitue toute une famille de mots tirés de la
même racine. Ils sont variés par des phonèmes préfixé ou suffixé afin d’établir les différentes
formes de flexions verbales et nominales ainsi que des dérivés. Pour appliquer cette règle
nous donnons l’exemple ktb {( }كتبécrire) qui correspond à la formule de base f‘l { }فعلà
laquelle nous rajoutons des affixes, nous obtenons les formes suivantes :
َ } َكت, Il a écrit
kataba {َب fa‘ala {}فَ َع َل
Nous retrouvons toujours les trois consonnes de la racine qui sont mentionnées en
rouges dans le même ordre.
Il existe une racine se composant de quatre consonnes, comme le mot zalzala {}زَ لزَ َل
qui correspond à fa‘lala {}فَعلَ َل, ou cinq consonnes, comme le mot safarjal { ْ} َسفَرْ َجل, qui
correspond à fa‘al‘al { ْ}فَ َع ْل َعل. Mais ces mots sont rares d’utilisation.
« Les grammairiens arabes ont érigé en principe absolu que la racine arabe est
trilitère, c’est-à-dire composée de trois consonnes. C’est sans doute une tendance
de la langue qu’ils ont peut-être contribué à développer; cependant, même dans
l’état de la langue telle qu’ils en ont codifié les règles, le fait n’est point général, et
il subsiste des racines de quatre consonnes dont certaines paraissent être
irréductibles, tandis que d’autres sont des redoublements d’un élément bilitère, et
que d’autres semblent être des racines trilitères, renforcées d’un élément instable,
par exemple d’une liquide » R. BLACHÈRE et al. (2004 :14).
Autre exemple de conjugaison de verbe : l‘b {}لعب, (jouer) qui correspond à la formule
de base f‘l {}فعل. Ce verbe est conjugué grâce à des affixes:
Des préfixes comme : yal‘abu { ُ}يَ ْل َعب, (il joue), qui correspond à yaf‘alu {}يَ ْف َع ُل
ُ }لَ ِعب, (j’ai joué), qui égale la mesure fa‘altu {لت
Ou des suffixes, comme : la‘ibtu {ْت ُ }فَ َع.
Il existe, par ailleurs, des racines bilitères peu nombreuses: quelques-unes se sont
conservées dans la langue telle que nous la connaissons aujourd’hui. Par exemple yd {}يد,
(main) composée de deux consonnes. Cependant, il y a un désaccord entre les linguistes
arabes au sujet de ces bilitères. Certains les considèrent comme une racine bilitère propre.
D’autres disent qu’elles ont une origine trilitère wyd {}ويد, ou yyd { }ييدdont la première
consonne a été supprimée pour en garder deux, car l’arabe n’accepte pas le commencement
d’un mot par deux phonèmes du même genre.
Pharynx
Uvulaire
Vélaire
Palatal
Alvéolaire
Alvéolaire
Apical
Dental
Labiodental
Labiales
Points d’articulation
ض ب
Emphatique
Sonores
[ḍ] [b]
د
Spirante
Tendus
[d]
ق ط
Emphatique
Sourdes
[q] [ṭ]
أ ك ت
Spirante
[’] [k] [t]
غ ظ
Emphatique
Sonores
[ġ] [ẓ]
ع ز ذ
Spirante
Lâches
خ ص
Emphatique
Sourdes
[ẖ] [ṣ]
ه ح ش س ث ف
Spirante
[h] [ḥ] [š] [s] [ṯ] [f]
Comp- Seulement ج
ound sonores [j]
Vibrante ل
côtoyé [l]
Vibrante ر
moyens
linguale [r]
ن م
Nasal
[n] [m]
ي و
Vocalique
[y] [w]
Tableau 1.3 : L’alphabet arabe et les points d’articulation avec les caractères
1
Traduit de l’arabe
44
CHAPITRE III
STRUCTURES LINGUISTIQUES DE L’ARABE MODERNE
Sur le plan historique, l’arabe ancien est composé de groupes dialectaux parlés par les
tribus préislamiques dans la péninsule comme : Tamīm, Al-hijāz entre autres. Ces dialectes
ont eu le privilège d’être ceux du Coran qui a été révélé au 7ème siècle. Selon M. ALI
(1984 :26), le Coran les a ensuite unifiés pour en constituer une seule langue appelée arabe
classique ou littéraire. Les philologues du 7ème siècle ont alors élaboré les règles de l’arabe en
s’inspirant de la poésie préislamique. Ils ont rassemblé le vocabulaire arabe auprès des
nomades de tribus du Centre et du Sud-Est de la péninsule. Ces tribus, selon C. DHAYF
(1992 :12) n’ont jamais eu de contact avec des langues non arabes, comme le persan et le latin
qui ont, par contre, influencé la langue de tribus arabes du Nord de la péninsule pour des
raisons commerciales. L’éthiopien a également influencé la langue de tribus arabes du Sud-
ouest pour les mêmes raisons. D. COHEN indique que :
« La langue de la poésie et du Coran apparaît comme une norme idéale. Pour les
anciens, elle constituait une sorte de schème primordial dont tous les usages parlés
sont des réalisations déficientes et corrompues. En fait, nous ne la saisissons
jamais que comme norme de littérateurs, pour laquelle nous n’avons aucune
preuve indubitable qu’elle ait été parlée. Cependant, les philologues dans leurs
enquêtes ne se sont pas fait faute de privilégier, chacun pour sa part, l’une des
tribus arabes comme incarnant cette norme, au moins dans une certaine mesure.
Mais le choix restait subjectif, et le désaccord régnait quant à l’identité du témoin
irrécusable de l’arabicité linguistique. Ce désaccord apporte par lui-même
l’indication que l’arabe littéraire n’était pas le dialecte d’une tribu particulière.
D’ailleurs, les dialectes des informateurs utilisés, tout différents qu’ils fussent,
n’en devaient pas moins être proches, puisque la description de l’arabe littéraire
qui a été édifiée est profondément unitaire » D. COHEN (1996:709).
Selon D. SALUM (1986 :10), les dialectes anciens ne sont nullement les dialectes
d’aujourd’hui des pays arabes, mais ils sont des variantes de l’arabe ancien avec quelques
légères différences dans la prononciation. Les systèmes dialectaux sont compris par
45
l’ensemble des tribus de la péninsule. Ces systèmes se distinguent de celui de koinè par les
traits suivants:
Il est impossible de déterminer une origine simple pour la diversité des parlers
répandus sur les pays arabes de nos jours, de même pour établir une filiation directe entre
chacun de ces parlers et l’un ou l’autre des dialectes arabiques du temps des conquêtes.
Pourtant, selon A. AL-JUNDI (1983 :129), les dialectes modernes sont la résultante du
mélange de l’arabe avec les langues étrangères à partir du 7ème siècle, surtout durant les
périodes des conquêtes islamiques jusqu'à la colonisation européenne.
Certains philologues d’arabe pensent que la situation actuelle provient d’états anciens
par le brassage des tribus arabes dans les armées qui ont contacté les non Arabes du temps des
conquêtes. Les contacts ont eu une influence sur les parlers de ces tribus dont étaient issus ces
militaires. Les cités d’aujourd’hui ont développé des usages particuliers, différents des
dialectes arabiques anciens. Dans ce sens D. COHEN ajoute :
46
Les dialectes sont des variantes de l’arabe parlé dans les régions du monde arabe. Ils
sont issus d'un contact avec l’arabe parlé à l'époque de l'expansion arabo-musulmane. On peut
considérer ces dialectes comme un continuum, dans lequel l’intelligibilité s’effrite au fur et à
mesure que la distance physique entre locuteurs augmente. Il est connu que ce continuum est
bipolaire avec le Moyen-Orient, les dialectes orientaux et ceux des pays du Maghreb.
dialectes algériens avec les parlers des villes orientales (Constantine et autres),
centrales (Alger, Blida, Cherchel, Médéa, etc.), occidentales (Tlemcen, Nédroma),
parlers de Kabylie septentrionale, des Traras, des nomades telliens, des semi-nomades
et sédentarisés du Constantinois,
Constantinois, parlers d’Oranie (sauf Tlemcen et Nédroma);
dialectes marocains avec les parlers citadins de Tanger, ceux des grandes villes centre
(Fès, Meknès, Rabat, etc.), les parles des Jbala et ceux des bédouins;
dialecte de Mauritanie (ou hassaniya);
le maltais, proche des dialectes tunisiens. (Au Moyen Age, l’arabe avait été parlé
également en Espagne et en Sicile.) D. COHEN (1996 :710).
Ces dialectes sont répartis dans des zones géographiques comme le montre la carte
suivante :
L’arabe moderne ou standard se situe entre l’arabe classique et les dialectes nouveaux.
Il est plus proche de l’arabe classique que les dialectes. L’arabe moderne possède des
synonymes classiques dans les dictionnaires. Il s’appuie sur l’évolution des sociétés arabes et
le système d’arabisation des mots étrangers. Cela se fait par des méthodes scientifiques sous
l’égide des institutions reconnues. Nonobstant que la majorité des peuples ne le parlent pas,
ils le comprennent néanmoins. Ces peuples ne peuvent lire et écrire que par cette langue.
Cependant, l’arabe moderne subit une résistance de la part de certains philologues arabes qui
le considèrent comme une régression linguistique. C’est pour cela qu’ils construisent des
dictionnaires sur la base du classique.
Nous l’avons précédemment indiqué, les tribus arabiques préislamiques Tamīm et Al-
hijāz, dans la péninsule arabique, prononçaient l’arabe avec quelques variétés qui n’altèrent
pas la compréhension. Après l’avènement de l’Islam ont été mises en place les voyelles
brèves pour une prononciation unifiée de l’arabe et cela pour des raisons religieuses (lecture
stricte du Coran). Par exemple, après le rajout des voyelles brèves, le lecteur peut prononcer
ُ }.
ِ َت ت
le phonème t à trois niveaux : tu, ta, ti, {ت
interventions dans les médias. Lorsqu’ils échangent en standard, on ne peut pas distinguer
leur origine géographique.
1
http://www.aljazeera.net
51
Etant donné que les arabophones parlent communément des dialectes, on appelle ces
derniers des langues locales ou régionales propres à chaque pays. Nous pouvons résumer les
différences les plus perceptibles entre l’arabe standard et les langues locales dans les points
suivants:
Les synonymes sont rares dans les dialectes par rapport à l’arabe standard. Sur le
plan lexical ils sont pauvres. En revanche selon H. DHADHA (1976 :102),
l’arabe standard est très riche et comporte aussi les possibilités en matière de
dérivation et de multiples choix liés à la polyphonie et à la polysémie.
Rares sont les écrits ou les éditions en dialecte, qu’ils soient manuscrits ou
imprimés, alors que les bibliothèques arabes abondent dans ce domaine.
Les dialectes ne possèdent pas de dictionnaire, sauf pour des nécessités très
spécifiques, alors que pour l'arabe standard, les dictionnaires sont nombreux et
occupent une grande place dans les maisons d'édition.
En conclusion, nous allons exposer ces différences entre le dialectal et standard dans le
tableau suivant :
- Comporte des règles très strictes de - Comportent des règles qui sont sous-
Grammaire
- A un vocabulaire homogène
-La structure de la phrase peut être simple - Les phrases sont souvent simples et
Syntaxe
- Langue de l’écriture
- N’a pas d’écriture stricte
- Langue officielle de l’Etat
Statut
- Langue maternelle.
- Langue d’administration
- N’est pas enseigné
- Langue d’enseignement
Tableau 1.5 : Récapitulatif sur la comparaison entre l’arabe dialectal et arabe standard.
54
De nombreux dialectes peuvent coexister dans un même pays. Si chacun utilise son
propre dialecte dans des situations de communication officielle, la compréhension
internationale entre les arabophones deviendrait compliquée voire impossible. M.
MALHERBE rajoute :
« L’arabe est connu pour ses multiples dialectes qui font souvent dire qu’un
Maghrébin ne peut comprendre un Egyptien et réciproquement. Cela est vrai entre
personnes qui n’ont pas un niveau culturel élevé, mais c’est de moins en moins
vrai » M. MALHERBE (1995).
A ceux qui disent que les dialectes pourraient être des langues d’enseignement nous
répondons que les dialectes ne sont pas considérés comme un objectif en soi, mais plutôt
comme les langues maternelles des apprenants d’arabe standard.
Néanmoins, nous pensons que le dialecte et le standard ne sont pas dans un rapport de
confrontation. Le dialecte est une langue familiale utilisée dans les discussions quotidiennes,
les dialogues, mais ne s’utilise pas à l’écrit. De plus, l’énoncé dialectal n’est intelligible que
dans son propre espace géographique et n’est employé que dans un lieu restreint. Il est
souvent très influencé par les langues et les parlers étrangers. Il est toujours en mouvement et
se transforme en permanence malgré l’existence d’un intérêt en termes de quelques
publications. Mais ce genre de publication ne bénéficie d’aucune étude sérieuse et
approfondie. La presse et les medias n’utilisent que la langue standard. Il existe des usages
exceptionnels du dialecte, par exemple dans le registre satirique: caricatures, bandes
dessinées, théâtre, etc.
L’arabe standard est très répandu et fréquemment utilisé dans le monde arabe.
Néanmoins, la problématique se situe au niveau de la prononciation. Il se trouve que les
Arabes de faible niveau d’instruction peuvent comprendre ce qu’ils entendent dans les
informations et dans les medias. Mais ils ne peuvent pas s’exprimer en arabe standard. Cela
est peut être expliqué par le fait que l’acquisition et la maitrise de la grammaire ne peuvent
s’effectuer que par le biais de l’enseignement scolaire. Or, les dialectes sont bien évidemment
considérés comme maternels. À partir de là, nous pouvons dire que la sauvegarde des
dialectes est quasi automatique, loin des décisions officielles. Cependant, l’arabe standard est
considéré comme langue unificatrice des peuples arabes. Quant à la concrétisation de cette
55
« Le monde arabe, dans sa diversité, dispose d’une langue officielle qui sert à la
communication écrite, et dans certains cas, à la communication orale. Il s’agit de
l’arabe littéral, qui est notamment utilisé en contexte international et aussi quand le
locuteur parle devant un auditoire anonyme, c’est-à-dire dans les conférences, à la
radio, à la télévision, etc. Cette langue officielle est évidemment vivante dans son
secteur d’utilisation, et elle évolue constamment, comme le fait toute langue
vivante » MINISTERE FRANÇAIS DE L’EDUCATION (1998 :21).
Le monde d’aujourd’hui s’est transformé en planète sans frontière grâce aux moyens
et technologies de la communication. Il existe, de plus en plus, des communautés et des pays
qui se réunissent en fonction d’un facteur commun : à savoir la langue. Nous pouvons citer
l’exemple de la francophonie dont les intentions sont de répandre la langue et la culture
françaises dans le plus large espace géographique possible. Pour atteindre un tel objectif, il
s’agit de créer un espace culturel commun. Cela facilitera les relations et rapports entre les
peuples et états francophones. Les pays arabes ambitionnent le même projet, depuis fort
longtemps de s’exprimer dans une seule langue avec un patrimoine commun. Partant de là,
l’enseignement des dialectes complique les efforts pour cette mission d’unification et pour
concrétiser la volonté commune à tous les pays arabes. Même si l’enseignement/
apprentissage de l’arabe peine à atteindre ses objectifs, il est possible de revoir et de réviser le
système de cet enseignement/apprentissage. En d’autres termes, la faiblesse du système
éducatif est due, globalement, nous semble-t-il, à diverses raisons portant sur des moyens
pédagogiques, financiers et humains.
Nous considérons que ces problèmes ne se résolvent pas en se basant sur les parlers et
dialectes régionaux dans le système éducatif. Cela demande d’énormes efforts et moyens qu’il
vaut mieux consacrer à l’enseignement de l’arabe standard.
56
CHAPITRE IV
DESCRIPTION DU CONTEXTE SOCIOLINGUISTIQUE LIBYEN
1. Contexte géoculturel
Selon les historiens, l’origine du mot Libye est attribué à la tribu des Libou de la
région de la Cyrénaïque au 12ème siècle avant notre ère. On trouve le nom « Libye » chez les
historiens grecs, qui servait à désigner tout le nord du continent africain, sauf l’Égypte
(A.YUSIF et al.1968:66 etc.).
parallèle. Elle se situe dans la partie médiane du nord de l’Afrique entre le 9 e et le 25e
méridien à l’est de Greenwich. Elle est entourée de la Tunisie au Nord-Ouest « 480 km » et
de l’Algérie « 1.000 km », au Sud le Niger et le Tchad « 1.000 km ». Elle fait frontière à l’Est
et au Sud-Est avec l’Egypte et le Soudan « 1080 km ». En 1911, lors de la colonisation
italienne, on appliqua le nom de Libye à l’ensemble qui, dans l’empire Ottoman, portait le
nom de Tripolitaine. En 1951, les trois grandes régions « Tripolitaine, Cyrénaïque, Fezzan »
devaient être réunies sous le nom de Royaume fédéral de Libye (1951-1963). Puis tout
simplement Royaume de Libye (1963-1969), devenu République Arabe Libyenne (1969-
57
1977) et depuis 1977 la Libye a pris le nom de Jamahiriya arabe libyenne populaire et
socialiste « Etat de pouvoir des masses. » Ci-après la carte de la Libye :
comprenant les trois villes de Sabratha, Leptis Magna et Ola ; Ola devient la capitale de la
colonie sous le nom de Tripoli, qui signifie trois villes; le Fezzan ou Phazania, qui est une
région saharienne et désertique (A. MARTEL 1991 :17 etc.).
Selon H. GUENERON (1976 :9 etc.), les Phéniciens envahirent la Libye en 795 avant
J.C. Ils construisirent trois villes : Leptis Magana, Sabrata, Oea « Tripoli actuel ». Cet
historien mentionne aussi le passage des Grecs en Cyrénaique au 7ème siécle avant J.C. où ils
construisirent cinq villes : Cyrène, Apolonia, Parcha, Barnique et Toukra. On relève par
ailleurs des vestiges du passage des Romains à Tripoli datés du 2ème siècle avant J.C. En 436
après J.C, les Vandales venus d’Espagne mirent fin à l’occupation romaine. Ce règne a
engendré des troubles et une anarchie qui dura un siècle. Il prit fin avec l’avènement de
l’Islam et l’arabisation du pays.
La langue arabe et le Coran furent imposés aux Libyens, au 7ème siècle, par les Arabes
qui ont été conduits par ‘uqba ’ibn nāfa‘, lorsqu’ils conquirent la Cyrénaïque puis la
Tripolitaine, progressivement islamisées. Les conquérants musulmans parvinrent jusqu'au
Fezzan. Cette invasion arabe modifia profondément la physionomie de la Libye du point de
vue culturel. Celle-ci fut suivie par celles des tribus arabes orientales, banī hīlal et banī
sulaymān au milieu du 9ème siècle (F. BURGAT et al. 2003 :32 etc.). Ces multiples invasions
occasionnèrent la disparition des dialectes berbères. D’autres dialectes ne durent que par
l’intransigeance de certaines familles installées dans des oasis inaccessibles dans le désert.
Selon G. CAMPS (1980 :68), l’arabe fera bonne fortune parmi les populations libyennes en
59
affirmant sa suprématie sur les langues endogènes et devenant-en dépit des scissions
religieuses et politiques- la langue de l’unité nationale. H. GUENERON disait:
« Parmi tous les groupes humains que le vieux fond berbère a vu se succéder dans
le pays pendant vingt-cinq siècles (Phéniciens, Grecs, Romains, Vandales,
Byzantins, Italiens, Anglais, Français) seuls les Arabes ont marqué le pays en
profondeur, lui apportant une religion et une langue » H. GUENERON (1976:8).
Il est clair que tous les apports précédents ont été synthétisés par la culture arabe.
Selon H. GUENERON (1976 :32), de 1711 à 1835, ’aḥmad al-qaramālī alors régent
de Tripoli proclame sa souveraineté et étend son autorité effective sur tout le pays. C’est ainsi
que la Libye fut unifiée pour la première fois. Cette période d’occupation qui avait duré plus
de quatre siècles eut pour but de donner à cet Empire une ouverture stratégique sur l’autre rive
de la Méditerranée. L’autre raison est d’ordre religieux : l’Islam (F. BURGAT et al.
2003 :34). L'Empire ottoman renonça à ses droits sur la Libye en 1912 devant la colonisation
italienne.
En octobre 1911, l’armée italienne envahit les côtes libyennes. L’une des batailles
principales eut lieu à al-qurḍabiya près de Serte en avril 1915, où les Italiens perdirent des
milliers de leurs soldats. Selon J. BESSIS (1987 :39), en Cyrénaique, une révolte menée par
‘umar muẖtar guide les Mojahideens ou al-mujāhidīn, dans la montagne verte al-jabal al-
’aẖḍar. Dans cette région, les Italiens ont rencontré une solide résistance de la part des
bédouins dirigée par le résistant ‘umar muẖtar.
60
Selon A. AL-DIJANI (1968), en 1922 et dans les années qui suivent, l’arrivée au
pouvoir de Mussolini, le Duce, accélère encore un peu plus la répression. En Libye, le colonel
Rodolfo Graziani nommé sur ordre de Mussolini prend ses nouvelles fonctions en 1928.
Graziani mène une lutte bien plus sanglante que celle de son précédent général Badoglio,
n’hésitant pas à massacrer des populations entières. Femmes, enfants et vieillards périssant sur
ses ordres, assassinés par balles, pendaisons ou encore dans le cadre d’exécutions publiques.
Tout doit être fait pour briser l’arrogante tentative de résistance des Libyens.
Durant la Seconde Guerre mondiale, la Libye fut le théâtre de combats intensifs entre
puissances de l'Axe « Italo-allemands » et Alliés, « Français et Britanniques ». C’est la
deuxième guerre mondiale qui donna à la Libye la chance de s’échapper du joug italien et elle
se rangea aux côtes des alliés. Ce qui lui valut de la part des Britanniques la promesse d’être
aidée à bouter, hors de son territoire, le fascisme italien et de la reconquête de son
indépendance au lendemain de la deuxième guerre mondiale. En 1943, Tripoli était pris par
l’armée française du général Leclerc, qui avait mené la campagne du Fezzan. La Libye fut
61
placée sous administration militaire provisoire (P. MARÇAIS 2001 :1 etc.). Cette
administration revint à trois pays. Les troupes de l'Axe repoussées de Libye, la France et la
Grande-Bretagne se partagèrent le contrôle du pays. Elle eut pour conséquence la division du
pays en deux parties : les Britanniques et les Américains dans le nord, les Français au sud
« Fezzan ».
Cette situation ne prit fin qu’en 1951, date à la quelle l’assemblée générale des Nations
Unies accorda l’indépendance à la Libye. Il fut créé ainsi un Royaume qui dura de 1951 à
1969, date de l’arrivée du colonel KADHAFI au pouvoir.
L’arabe s’est imposé en Libye à partir du milieu du 7ème siècle après J.C.
principalement à partir des conquêtes islamiques. Il a lentement réduit le domaine des langues
berbères. La première phase d’arabisation concernant le littoral méditerranéen fut
majoritairement l’œuvre de sédentaires et s’accompagna d’un mouvement important
d’urbanisation. La seconde phase fut l’œuvre, dès le 11ème siècle, des tribus banī hīlal et banī
sulaymān, qui arabisent les campagnes (D. ROQUES 1987).
Avec l’avènement de l’islam, l’arabe s’est présenté sous une forme double : d’une
part, des usages oraux, relevant d’un autre état de langue, qui ont connu dans le temps et dans
l’espace des évolutions spécifiques. Ils ont répondu et répondent encore aux nécessités de la
communication dans la vie quotidienne, aussi bien pour les lettrés que pour les illettrés. Ce
rôle est joué par l’arabe dialectal dans le quotidien. D’autre part, l’arabe est resté soumis
pendant des siècles à une norme intangible pour assurer la diffusion du message coranique et
62
A la fin du 19ème siècle, l’arabe écrit a connu certaines nouveautés linguistiques qui
en ont fait une grande langue de civilisation moderne apte à assurer la communication
technique et culturelle. La Libye s’est trouvée en retrait de cette évolution.
La politique linguistique libyenne est une politique d’arabisation, qui est résumée par
l’article 2 de la constitution du 11 décembre 1969, modifiée. Cet article précise que : « …
l’arabe est la langue officielle de l’Etat … ». Ainsi disent : F. BURGAT et al. (2003 :12) à
l’exception du groupe berbère du Djebel tripolitain dans sa partie occidentale, cette population
arabophone présente une grande unité, religieuse, linguistique et culturelle. Sunnite de rite
malékite, elle ne connaît la variante ibadite que dans la région de Zwara et de Nalūt. La
culture est avant tout une culture bédouine, fruit d’une histoire plus que millénaire.
63
2.3. Le berbère
Les régions de l’Afrique du nord, principalement les pays du Maghreb sont connus
pour abriter les langues berbères. Ces dernières sont utilisés en Algérie, en Libye, au Maroc et
quelques régions, en Tunisie, au Niger et au Mali. Elles sont parlées par plus de 20 millions
de personnes et sont divisées en une trentaine de variétés dialectales. Les plus connues sont le
tamazight, le kabyle, le tachelhit, le rif, le tamasheq, le jerba, le chaouï, le judéo berbère etc.
Depuis les conquêtes islamiques, les langues berbères ont dû affronter la concurrence de
l’arabe. Elles possèdent leur propre système d’écriture, de grammaire et de syntaxe. Ce qui est
confirmé par M. MALHERBE:
Bien que les documents historiques soient rares, certains chercheurs tels G. CAMPS
(1980 :86) admettent que : « le berbère s’est étendu vers le Sud aux dépens de populations
noires. Leur langue a une histoire courte : elle n'a quasiment pas de littérature écrite : on a
seulement des anciennes inscriptions et dans les temps modernes, quelques documents
religieux et des documents populaires recueillis par les savants européens ». 3% seulement de
la population libyenne est berbérophone. Auparavant, le domaine berbère s'étendait jusqu’aux
oasis orientales : le berbère était parlé à Ghadamès, Sokna, Temissa, Aoudjila, Djaraboub,
Koufra, Siouah et Djebel Nafusah (F. BURGAT et al. 2003 :4 etc.). En revanche, il ne reste
plus qu'une minorité qui se concentre dans la région de Zwara à l'ouest du pays, la région du
Djebel Al-Garbi et à la frontière libyo-égyptienne dans l'oasis de Siwa en Égypte.
De nos jours, les bilingues arabo-berbères sont nombreux et les emprunts arabes
abondent en berbère. Au fur et à mesure de l'islamisation (7ème siècle, puis 11ème siècle),
l'arabe est devenu la langue écrite de presque tous les Berbères. Il s'est étendu aussi de plus en
plus dans l'usage parlé et de nombreux Berbères se sont complètement arabisés (G. CAMPS
1980 :87 etc.). Pour des raisons politiques, le berbère n’est pas enseigné en Libye et aucun
document n’est diffusé par son biais. A partir de ce constat, tenter de définir le concept de
bilinguisme berbère/arabe standard nous permettra de comprendre la hiérarchisation des
langues en Libye.
L'anglais est considéré comme la première langue étrangère. Selon le Ministère Libyen
de l’Education,1 l'apprentissage de l’anglais est devenu obligatoire dans toutes les écoles
publiques libyennes. Elle est en même temps langue d'enseignement scientifique, technique et
médical. En plus, l'anglais joue un rôle important dans les différents domaines de recherche
scientifique. Il est un moyen de communication avec le monde étranger. Les jeunes Libyens
commencent à apprendre l'anglais à partir de l'âge de10 ans dans les écoles primaires, les
écoles préparatoires et les écoles secondaires à raison de 6 séances par semaine. Une séance
dure 35 minutes. La Libye compte à ce jour des centaines d'écoles et d'instituts privés qui
enseigne l'anglais car les Libyens estiment que l'apprentissage de l'anglais s’avère
indispensable. Malgré cela, l'anglais est quasi inexistant dans la communication sociale et la
vie quotidienne.
ème
Au 19 siècle, les missionnaires catholiques créent des écoles en Libye pour
enseigner le français comme langue de religion. La première école a été établie en 1876 à
Tripoli. De 1943 à 1951, période correspondant à la présence effective de la France dans la
région Sud de la Libye, le français connut un grand essor. Les écoles qui furent ouvertes
1
http://higheredu.gov.ly/
65
On pourra également signaler le rôle, non négligeable, joué par le centre culturel
français de Tripoli créé en 1955 dans le maintien et la diffusion du français dans un pays qui
tournait le dos aux langues étrangères. La langue française ne fit fortune en Libye que dix ans
après l'indépendance du pays. C'est la découverte du pétrole dans les années 1960 qui fut
l'élément déclencheur de la réinsertion des langues étrangères, dont le français, dans le
système éducatif libyen. Source : (http://www.tlfq.ulaval.ca/AXL/AFRIQUE/libye.htm)
Ayant besoin du savoir-faire des étrangers et de leur technologie pour mettre en valeur
et exploiter son pétrole la Libye imposa l'apprentissage de l'anglais et du français dans les
écoles. Il y eut tout de même une disparité entre le français et l'anglais du point de vue de leur
insertion dans les écoles. L'anglais devait être appris à partir du cycle préparatoire; ce qui
correspond en France au collège. Par contre, le français ne devait être enseigné qu'à partir du
cycle secondaire, au lycée, c'est-à-dire bien plus tard.
française a pris de l’ampleur pendant ces dix dernières années. La France accueille de plus en
plus d’étudiants libyens. Selon les chiffres avancés par le service culturel de l’ambassade de
Libye en France, on estime qu’environ 300 étudiants viennent suivre leurs études en France. Il
s’agit essentiellement des étudiants boursiers de l’Etat libyen. Bon nombre d’entre eux sont
destinés à enseigner le français en Libye.
De nos jours, les langues étrangères, en général, occupent une grande place dans les
universités libyennes. En fonction des besoins, l'accent est mis sur l'enseignement de l'anglais
ou du français au niveau universitaire pour des besoins commerciaux, culturels et surtout
scientifiques. Des écoles secondaires de langue étrangère ont été créées en Libye en 2006 et
l’enseignement du français ou des autres langues à l'université ne s'adresse plus exclusivement
aux étudiants destinés à l'enseignement des langues dans les écoles secondaires.
Sur le plan culturel, la presse française a retrouvé ses droits de cité en Libye après
avoir disparu dans les années 1980. Grâce à la télévision et à la radio, la langue française
devient de plus en plus présente en Libye. Les chaînes de télévision françaises sont captées en
Libye grâce aux satellites. L’exposition des Libyens à la langue française devient de plus en
plus grande, surtout dans le domaine touristique.
La conquête par l’Italie de la Libye en 1911 jusqu’à la deuxième guerre mondiale, n’a
été qu’une tentative de colonisation. Elle ne s’est pas intéressée à construire des écoles et
instruire les Libyens (A. MARTEL 1991 :83 etc.). La langue italienne n’a pas été trop
utilisée. Elle était limitée à l’oral utilisé par quelques libyens ayant travaillé dans des fermes
ou manufactures des colons italiens. Par ce contact, quelques termes ont intégré le dialecte
libyen pendant cette période de colonisation. L’italien n’a jamais été un outil de
communication en Libye. Aujourd’hui, il ne subsiste que quelques termes italiens utilisés au
quotidien. L’italien n’est enseigné à aucun niveau du cursus scolaire libyen. Il n’existe qu’une
seule classe à l’université de Libye. Malgré le fait que l’Italie constitue le principal partenaire
commercial européen avec la Libye, les échanges s’effectuent en anglais (J. BESSIS 1987 :25
etc.).
67
Nous pouvons résumer que les trois langues précitées ne posent pas vraiment de
problème de bilinguisme avec la langue arabe puisque leur utilisation est très restreinte bien
que l’anglais concerne une partie de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique.
Depuis les années 70, des travaux réalisés sur le terrain réunionnais font référence au
concept de diglossie, élaboré par Ferguson en 1959, pour traduire les usages langagiers des
locuteurs. Ce concept définit les situations de communication de sociétés qui recourent à deux
codes distincts (deux variétés de langue ou deux langues) pour les échanges quotidiens :
certaines circonstances impliquent l'usage de l'un des codes (langue A) à l’exclusion de l'autre
(langue B), qui pourra servir de façon complémentaire, dans les situations dans lesquelles la
première langue est exclue (H. BOYER 1997 :150).
Selon Ferguson, dans son article "Diglossia" paru dans la revue Word en (1959) « la
diglossie est une situation de cohabitation de deux systèmes linguistiques différents mais
proches entre eux d’une langue où il existe un système de hiérarchisation sociale, de ces
systèmes, l’un considéré comme " haut" et l’autre comme "bas" » (cité par H. BOYER
1997 :10 etc.).
Katharevousa (langue grecque archaïsante) reste la seule langue reconnue par l’Etat, alors que
les formes, tournures, prononciation et mots quotidiens étaient dénommés démotiques.» (Cité
par J. DUBOIS (2001 :148, Y. CULTIAUX 1996:27).
J-P. CUQ de son côté observe que: « Le concept de diglossie a donc évolué par une
prise en compte des aspects conflictuels opposant nécessairement deux langues en présence
dès lors qu’elles n’ont pas le même statut dans la société et qu’elles occupent des fonctions
inégalement valorisées » (J-P. CUQ 2003:72).
Pour illustrer cette situation linguistique élaborée par Ferguson, nous nous appuyons
sur quatre exemples : les situations arabophones (arabe"classique"/arabe" dialectal "), la Grèce
(demotiki/katharevoussa), Haïti (créole haïtien/français) et la partie germanophone de la
Suisse « Hochdeutsch/Schweitzerdeutsch».
La langue arabe classique représente chez les arabo-musulmans avant tout la langue du
Coran. En effet, plusieurs versets du Livre Sacré insistent sur la prééminence de la langue
arabe. Le livre saint de l’Islam est le Coran qui, pour les musulmans, est la parole incarnée de
Dieu, révélée à Muḥammad par l’archange Gabriel, et non un message inspiré, d’où
l’importance capitale du texte. Ceci est rappelé dans les propos de D. COHEN qui suivent :
parler couramment. C’est la raison pour la quelle que la diglossie a pris place dans la société
et elle touche presque tous les aspects de la vie quotidienne, que ce soit dans les lieux publics,
chez soi, à l’école ou à l’université, y compris les institutions de l’information. Cette
diglossie est bien entendu entre l’arabe classique et le dialecte. Ceci est cohérent avec les
propos de R. BLACHÈRE et al. dans la citation suivante :
« L’arabe se révèle sous deux aspects. L’un, dit arabe dialectal (ou vulgaire), est
représenté par la multitude des parlers usités depuis l’Iraq jusqu’en Mauritanie.
L’autre, dit arabe classique (ou littéral) (l’appellation: arabe régulier est à
bannir), se distingue du précédent en ce qu’il a été et est employé pour la fixation
écrite de la pensée ou dans les discours, les conférences tendant à revêtir une
forme littéraire. Cette langue offre donc un exemple de diglossie très caractérisé »
R. BLACHÈRE et al. (2004: 11).
Anglais
Français
Berbère
(X)
Entre fonctionnaires/administrés X 2
1
X = une langue utilisée très fréquemment ;
2
(X) = une langue utilisée au niveau secondaire.
70
technique
Correspondance familiale X
Enseignement fondamental et sciences
X
humaines
Enseignement supérieur, technique et
(X) X
scientifique
Bulletin d'information radio X (X) (X) (X)
prestige parce qu'elle assure la promotion sociale de ceux qui la maîtrisent. D’un autre côté, la
variété basse représentée par l’arabe dialectal à usage domestique répandue dans la vie
quotidienne, les conversations dans la rue, dans les marchés, entre parents et amis, dans les
relations intimes etc., et plus généralement dans tout ce qui se rapporte à la communication
informelle. C'est dans ces dialectes que se manifeste la littérature orale populaire.
Dialecte (Est de Libye) {}شرق ليبيا Dialecte (Ouest de Libye) {}غرب ليبيا
1-‘ddī {} َعدّي 1-’imšī {}إمشي
2-jīt waḥadī {دي
ْ }جيت َو َح 2-jīt brūḥī {}جيت بروحي
3-kanak {} َكنَك 3-ẖyrak {}خيرك
4-taḥuq fī ḥājat {}ت َُحق فحاجة 4-tšûf fī ḥay’ {}تشوف فشئ
expressions figées. Par exemple, pour exprimer l'idée de « tu es capable de le faire » on dit en
dialecte de l'Est : ’inta ’ilha = « tu es pour cette affaire », et en dialecte de l'Ouest ’inta ǧdha
wa ’iǧdūd. Le premier est une transformation d'une expression arabe standard ’inta ’ilha qui
signifie exactement la même chose; la différence est que le dialecte a utilisé la préposition ’ila
à la place de la. La seconde expression est une métaphore renforcée qui signifie « tu es
certainement à la mesure de cette affaire ». Encore une fois, les deux expressions sont
comprises en Libye. Mais on a tendance à utiliser la première à l'Est, la deuxième à l'Ouest.
écriture et il est largement compris dans les sociétés arabophones. Tous ces atouts font que
l’arabe standard se place comme alternative au dialecte, mais ne rencontre-t-il pas des
obstacles ?
Nous ajoutons que l'enseignant a ainsi une influence marquée sur la relation
enseignant/apprenants et le contact au sein du groupe-classe; c'est en effet, un acteur
déterminant qui influe sur les réactions des apprenants vis-à-vis de la langue. Il faut noter que
l'on ne peut réussir un enseignement qu'à travers des objectifs précis permettant de cibler le
but final. Pour cela nous pensons que le programme de l’enseignement/apprentissage de la
langue arabe mérite de sensibiliser les enseignants sur la nécessité de prendre en compte
74
quelques activités émanant de la vie courante des apprenants. Cependant, par manque
d’encadrement, de moyens et par la transmission d’un savoir théorique non valide, les
enseignants se sont lancés dans une pédagogie désorganisée et tâtonnent pour trouver des
solutions en vue d’un enseignement réussi.
75
CHAPITRE V
L’ARABE STANDARD DANS LE SYSTEME EDUCATIF LIBYEN
1. Le système éducatif
Le ministère de tutelle a fait subir des changements à deux reprises au système scolaire
du cycle secondaire en Libye. En 2001, le cycle secondaire général avait une durée de trois
ans et se composait de deux branches : scientifique et littéraire. En 2003, il a été remplacé par
un autre cycle secondaire spécifique qui s’échelonne sur quatre années. Chaque spécialité
conduit l’apprenant à mener des études universitaires. En 2005 la durée du secondaire a été
réduite à trois ans. Le nouveau système comporte cinq branches. Chaque spécialité est
composée de sections comme le montre le tableau ci-dessous :
Médecine Mathématiques
Biologie
Sciences
Agriculture Science de la vie
fondamentales
Mécanique Physique/chimie
Electricité Droit
Comptabilité
Sciences
Commerce
économiques
Banque
[Al-baṭnan, Drna, ‘umar muẖtar, Garûnis, Al-arabe de médecine, Al-tahadī, Sabha, Al-wadī,
Msrata, Al-mirǧab, Al-fataḥ, Al-fataḥ de médecin, Jafāra, Al-jabal Al-ǧarbī, Al-zawya, Al-
niqāṭ Al- ẖamas, Technologie d’énergie, Al-asmariya, Naṣar et Al-maftuḥa].
78
A notre avis, ces exigences jouent un rôle capital dans la détermination de la place
réservée à l'arabe standard. Cela signifie qu'une vision approfondie de l'enseignement peut
nous aider à préciser l'importance réelle accordée à l’arabe.
Il est certain que la variété de contenus linguistiques suscite l'intérêt des apprenants
pour l’arabe, quelles que soient les difficultés. Cet intérêt représente sans doute un facteur
parmi d'autres pour motiver les apprenants à étudier cette langue. Mais le contenu seul ne peut
pas les amener à utiliser l’arabe comme moyen d’expression orale; il doit être complété par la
mise en œuvre d'une conduite et d'une attitude pédagogiquement bien adaptées au contexte
d'apprentissage.
Nous pouvons ajouter que le nombre de locuteurs d'une langue constitue un facteur
essentiel pour l'évaluation de l'importance de cette dernière dans une société. Cela nous amène
à dire que la création d'un enchaînement solide et efficace entre les paramètres de
l'enseignement/apprentissage permettra à l'arabe standard, dans le contexte scolaire libyen,
voire dans le contexte social, d'occuper une place aussi importante que le dialecte.
La question qui se pose est la suivante : quelle est la véritable place de l'arabe standard
par rapport au dialecte d'une part, et par rapport à l'enseignement des autres matières d’autre
80
part. Pour y répondre, nous avons été amenés, lors de nos observations en classe, à vérifier sur
place la réaction des apprenants face à l'arabe standard.
Nous avons remarqué qu'une majorité considérable de ces apprenants (87%) est attirée
par l'arabe standard. Ils préfèrent que les méthodes d’enseignement du standard soient
améliorées en rejetant le dialecte utilisé dans l'enseignement.
21,1 Oui
21,2 Non
109
87%
Le résultat de ces apprenants est confirmé dans leurs réponses dans notre enquête (qui
sera analysée dans la deuxième partie). Il est important d’indiquer que le dialectal est un
instrument omniprésent dans l’enseignement de l’arabe standard d’après l’entretien avec les
enseignants et les apprenants.
Mais cela ne signifie en aucun cas que ces apprenants soient également satisfaits de
l'enseignement qui leur a été prodigué jusqu'à présent. Nous verrons d'ailleurs ultérieurement
que celui-ci est contesté à travers leurs réponses aux différentes questions.
arabe. Nous pouvons dire que la situation de l'arabe standard n'est pas garantie face à la forte
concurrence du dialecte.
La maîtrise de l’arabe est décisive pour que l'apprenant passe d'une année scolaire à la
suivante; avoir une note inférieure à la moyenne en arabe entraîne l'échec de l’année. C'est
82
pourquoi cette matière prend un volume horaire qui varie en fonction de l'année et de la
section ; 4 séances1 par semaine, réparties selon le tableau suivant:
Expression écrite et
1 1 1
orthographe
Littérature et textes 2 2 2
Grammaire 1 1 1
Total 4 4 4
Tableau 1.8 : Horaires hebdomadaires pour enseigner toutes les branches de l’arabe
dans les lycées libyens, le ministère libyen de l’éducation, 2007 Méthodologie du cycle
secondaire, Département des manuels et des livres, Libye.
On constate d'après ce tableau, que l'oral n'occupe pas une place prépondérante, vu que
la réussite de l’apprenant dépend exclusivement de l'écrit. Nous confirmons cela par les
témoignages des enseignants et des apprenants que nous avons rencontrés. Nous avons posé
les questions suivantes aux apprenants:
Q. Est-ce que vous avez une séance dans laquelle vous apprenez l’expression
orale ?
R. Pas du tout !
Ce qui est paradoxal c’est que dans l’ancien système des années 1970, le programme
accordait une place importante à l’expression orale. La réduction du temps scolaire, le rajout
d’autres matières dans le système éducatif ont provoqué la diminution du temps consacré à
l’arabe et notamment à l’expression orale.
1
Une séance = 35 min selon le nouveau système
83
C’est dans cette voie que s’est orientée l’école fondamentale. Elle s’est fixée comme
mission l’apprentissage des aptitudes de bases de la langue et le développement des
compétences correspondant au niveau intellectuel des apprenants. Ceci leur permettra de
l’acquérir une bonne maitrise de l’arabe.
Lors de leurs inspections dans les écoles fondamentales les conseillers pédagogiques
ont noté dans beaucoup de registres la faiblesse du niveau des apprenants (I.
CHARANI 1981 : 409).
Un article paru dans le quotidien AL-AHRAM du 19/12/1983, sous la plume d’Anis
Mansour, décrit :
« Les parents d’apprenants sont mécontents du niveau de leurs enfants : ils ne sont
même pas capables de rédiger une candidature et une lettre de motivation pour un
emploi » Source : (http://www.islamonline.net/Arabic/art /2001/01/ article14.shtml)
Cette situation s’applique à la réalité en Libye. Nous l’avons perçue lors de notre
parcours professionnel d’enseignant où nous avons pu entendre beaucoup de parents se
plaindre à ce sujet.
D’après les résultats du sondage mené par M. AL-SAYAD (1987 :160) sur
l’enseignement secondaire des pays arabes, il a été démontré que la Libye rencontre
des difficultés dans l’enseignement/apprentissage de l’arabe. Les résultats ont
confirmé que les apprenants libyens sont incapables d’appliquer ce qu’ils apprennent
comme règles grammaticales dans leurs écrits et discussions.
M. MUJAWR (1983 :102) indique que cette faiblesse ne concerne pas uniquement
l’enseignement fondamental et secondaire mais touche désormais les universités. Les
84
étudiants sont moins aptes à rédiger leurs mémoires ou de faire des synthèses de leurs
cours. Ils rencontrent même des difficultés pour émettre un télégramme ou rédiger une
invitation ou une simple lettre.
L’enseignement en Libye est pratiquement le même que dans les autres pays arabes.
Ceci est relevé de façon récurrente dans tous les colloques, séminaires, congrès des cinquante
dernières années. Ses axes ont porté sur la détermination des objectifs qui ont eu pour but de
relever le niveau de l’arabe sur le plan national. Cependant la plupart des tentatives pour
résoudre les problèmes et développer les méthodes de l’enseignement de l’arabe ont échoué.
Conclusion
Nous avons traité, dans cette première partie, de l’importance de la langue arabe, ainsi
que sa place parmi les langues du monde. Sans omettre de citer les causes principales de
l’affaiblissement de cette langue dans les pays arabophones, de même que les spécificités
histories qui ont influencé l’arabe en Lybie.
Dans un deuxième temps, nous avons donné un aperçu sur l’évolution de l’arabe et
l’apparition des dialectes, tout en précisant les principales différences entre l’arabe standard et
les dialectes, sur les plans phonétique, grammatical et lexical.
Nous avons essayé de montrer l'influence du dialecte en tant que langue maternelle,
sur cet enseignement. Nous avons présenté également l'organisation de cet enseignement,
ainsi que la méthode appliquée en cours d’arabe dans les lycées libyens.
Notre travail a porté aussi sur le système éducatif en Lybie et l’intérêt porté à l’arabe,
en attirant l’attention sur le statut et les objectifs de l'enseignement de la langue arabe au cycle
secondaire, où les élèves sont censés acquérir une compétence en arabe. En mettant l’accent
sur les manquements qui sont, à notre point de vue, la cause principale des difficultés
rencontrées dans l’enseignement/apprentissage de l’arabe, notamment l’expression orale, pour
laquelle l’éducation nationale n’a mis en place ni des séances spécifiques, ni des activités
langagières, pour pallier à ces lacunes.
Plusieurs questions se posent alors telle que l'incapacité pour les apprenants d’acquérir
une compétence orale satisfaisante. Est-ce que ceci est dû à une faible motivation de leur part,
à l’application d’une méthodologie défaillante ou bien à la forte influence du dialecte? Les
enseignants d'arabe, ne pouvant eux-mêmes se passer du dialecte, sont-ils bien formés pour
enseigner à communiquer oralement en arabe standard?
Pour essayer de répondre à ces questions, nous allons adopter l’enquête comme outil
de recherche, nous allons décrire les outils de recueil des données, à savoir l'enquête par
entretien individuel ou de groupe et celle par questionnaire. Nous expliquerons ensuite les
raisons pour lesquelles nous allons opter pour l’enquête. D'abord, nous estimons que l’enquête
permet aux enseignants et aux apprenants de s’exprimer librement. Ensuite, elle nous aide à
mieux expliquer la réaction des enseignants dans leurs classes, face à leur méthode
d’enseignement de l’arabe. Enfin, l’enquête peut servir à repérer les effets sociaux qui
86
pourraient influencer les enseignants. Elle se propose de rechercher les causes du problème
avant de proposer d’éventuels remèdes. Elle a pour but aussi de montrer clairement les
facteurs en jeu dans l’enseignement de l'arabe, d’essayer d'élever le niveau de l'arabe dont la
situation actuelle est devenue inquiétante, et de proposer une réforme profonde de
l’enseignement de cette langue dans un pays arabe, la Libye.
87
DEUXIEME PARTIE
CHAPITRE I
METHODE DE RECUEIL DES DONNEES
L’enquête est souvent adoptée en sciences sociales où son usage est globalement
fructueux pour délimiter la problématique à laquelle nous voulons apporter des propositions et
des solutions. C’est l’outil le mieux adapté qui pourrait nous aider dans notre recherche.
F. SINGLY (2005 :19) estime que le réel auquel renvoie l’objet de l’enquête est
conditionné par quatre transformations principales qui constituent les temps de l’étude :
1.2.1. Problématique
L’expérience acquise lors de notre fonction d’enseignant dans un lycée libyen nous a
démontré que les difficultés des apprenants résident surtout dans l’expression orale, cette
situation perdure. Nous ne disposions pas d’une méthode claire et précise pour exploiter les
manuels du programme scolaire dans l’enseignement. S. AL-TABBAL, professeur à la faculté
pédagogique de l’université de Tripoli, nous confirme ce constat en indiquant :
Q. « Les programmes sont conçus pour un objectif bien précis, celui d’amener
l’apprenant à s’exprimer en arabe standard. Quelle est la raison qui empêche
finalement la maîtrise de l’expression orale par les apprenants?
R. Les moyens éducatifs mis à notre disposition ne nous permettent pas d’atteindre
ces objectifs.
Pour mieux comprendre cet échec, nous lui avons posé une autre question :
Q. A votre avis, quelle en serait la nature. Est-ce au niveau des objectifs ou bien
dans les méthodes d’enseignement. Si c’était le cas, que doit-on modifier, les
objectifs ou les méthodes ?
La technique du questionnaire que nous avons adoptée afin de mener à bien notre
enquête a été basée sur les principes méthodologiques proposés par N. BERTHIER:
Le questionnaire en tant qu’outil d’investigation est l’un des plus utilisés pour cerner
les besoins des enquêteurs. C’est une technique qui ne peut être contournée et qui peut être au
moins un support à d’autres techniques et méthodes de recherche. Il y a lieu de fixer les
critères à prendre en compte pour définir l’interrogé. Plus ces critères seront précis et
exhaustifs, plus le sujet interrogé sera mieux ciblé. De ces critères, N. BERTHIER
(2006 :33) note qu’on peut prendre par exemple en considération l’âge, le sexe, le niveau
d’étude, le type de formation et l’origine sociale.
Le choix des questions est primordial pour l’ensemble de l’enquête. Il ne s’agit pas de
se lancer dans des préparations de questionnaires sans savoir préalablement sur quoi doivent
porter les questions. Le choix de telle ou telle question doit être pertinent avec les objectifs
visés par l’enquêteur. A partir de ce préambule, il détermine quelles seraient les informations
nécessaires à sa démarche.
Source : (http://www.statcan.ca/francais/edu/power/ch1/first1_f.htm)
Le questionnaire constitue donc une technique de mesure qui, en plaçant les personnes
questionnées dans une même position, peut permettre d’effectuer des comparaisons entre les
réponses différents groupes. Il y a plusieurs manières de poser les questions. Mais il
appartient au chercheur de les adapter en fonction de son étude ou s’il a besoin de plus ou
moins de détails dans l’information.
Le principal avantage du questionnaire est qu’il constitue l’un des meilleurs moyens
de recueillir les renseignements recherchés. Il permet à l’interrogé de répondre librement par
écrit et de façon anonyme et cela dans un délai raisonnable. Le questionnaire nous permettra
aussi, de mieux expliquer la méthodologie des enseignants au sein de leurs classes par rapport
à celle préconisée pour enseigner l’arabe en Libye.
Concernant notre enquête, nous avons opté pour deux types de questionnaires, le
premier adressé aux enseignants et l’autre destiné aux apprenants. Ces questionnaires ont pour
91
but de connaître d’une part, le profil du sujet, enseignants/apprenants, d’autre part d’identifier
les principaux problèmes qu’ils rencontrent au sein de la classe. Ceci nous permettra de
déterminer la problématique de l’enseignement/apprentissage et d’obtenir les opinions des
enseignants pour regrouper et classer les difficultés qu’ils rencontrent. Les questionnaires
visent à de permettre de comprendre les problèmes didactiques relatifs à l’enseignement/
apprentissage de l’arabe dans le système scolaire libyen.
Les problèmes majeurs dans l’apprentissage de l’arabe par les apprenants dans le
système éducatif libyen résident dans la manière de développer l’expression orale. Avec le
questionnaire nous avons tenté de cerner le plus finement possible ces problèmes et de
diagnostiquer les causes, afin de pouvoir proposer des solutions. Celles-ci seront basées sur
les recommandations des enseignants et des apprenants. L’objectif final reste bien sûr la
satisfaction des apprenants.
Les questions doivent être posées sans être adaptées ni expliquées et doivent
correspondre aux besoins de l’enquête. Il existe des questions fermées et des questions
ouvertes. Les questions fermées sont celles où les personnes interrogées sont appelées à
répondre par un oui/non ou bien par une réponse d’échelle de valeur de L’Ickert de
type : « pas d’accord », « moyennement d’accord » ou « tout à fait d’accord ». Il serait mieux
d’adopter une série de réponses paires pour éviter le positionnement neutre ou central : « pas
d’avis ». Dans tous les cas, ces positions ne doivent pas être nombreuses et doivent être
tranchées. Les réponses de type : « pas vraiment », « moyennement », « assez », « pas du tout
92
d’accord », empêchent l’analyse fine et claire des réponses aux questionnaires. Il conviendrait
d’accorder plus d’importance aux réponses claires de type : « pas du tout » ou « tout à fait ».
(R. GHIGLIONE et al. 1998 :119)
A l’inverse, les questions ouvertes sont celles où les personnes sont libres de répondre.
La plupart des questionnaires contiennent, en proportion variable, des questions semi-ouvertes
qui, comme les questions fermées, proposent une série de réponses pour laquelle il est
demandé des précisions, par exemple « autre (précisez :) » N. BERTHIER trouve que :
1. Être clair et précis dans la formulation des questions. Le langage utilisé doit être
simple, direct et compréhensible aussi bien par les enseignants que par les apprenants
dans l’enquête.
2. Ne tester, dans une question, qu’une seule idée afin de savoir sans aucune ambiguïté à
quelle idée se rapporte la réponse.
3. Éviter les doubles négations qui sèment le trouble quant à l’interprétation de la
question. Source : (http://www.statcan.ca/francais/edu/power/ch1/first1_f.htm)
En rédigeant notre questionnaire, nous avons été guidé par les considérations
suivantes:
« L’enquête par questionnaire n’est jamais (ou ne devrait pas être) un travail
strictement empirique. Comme toute réalité est inépuisable, étant donné sa
richesse et sa complexité, il faut choisir entre ce qui est conservé et ce qui est
exclu.» F. SINGLY (2005 :24)
« L’enquête par questionnaire ne permet pas d’explorer les besoins et d’en faire
une liste.» N. BERTHIER (2006 :60)
De ces avis le questionnaire ne pourra pas pallier à toutes les insuffisances d’une
enquête menée pour cerner les pratiques. Il présente aussi le risque de ne pas donner
d’informations claires et surtout exploitables, car les résultats peuvent cacher des motivations
sous jacentes. L’analyse ne serait donc qu’incomplète. Par ailleurs, et selon A. BLANCHET
et al. (2005 :45 etc.) les questions fermées nécessitant de répondre par oui/non peuvent
engendrer de faux résultats car les réponses sont forcées. En plus et selon N.
BERTHIER (2006:225) :
2. Déroulement de l'enquête
Après avoir consulté les professeurs de la faculté pédagogique de Tripoli, nous avons
distribué le questionnaire aux enseignants qui sont au nombre de 30. Ces derniers ont répondu
et nous ont donné leurs avis que nous avons pris en considération. Pour cela nous avons
adopté l’idée de N. BERTHIER qui stipule ce qui suit :
Nous nous sommes rendu quinze jours après dans quelques écoles secondaires pour la
deuxième fois, afin de distribuer les questionnaires à large échelle. Pour des raisons pratiques
de compréhension et de faisabilité pour les enseignants, le questionnaire a été traduit du
français à l’arabe. L’opération inverse a été effectuée; c'est-à-dire la traduction en français des
réponses produites en arabe au français.
Nous avons tenu des réunions avec les enseignants d’arabe que nous avons
précédemment réunis en présence des directeurs d’école afin de nous entretenir directement
avec eux. Ces réunions ont porté sur le questionnaire et son rapport l’enseignement/
apprentissage. Nous leur avons consacré plus d’une heure dans chaque réunion, pour leur
expliquer le but des questions. Nous avons aussi profité de l’occasion pour parler des
différentes méthodes appliquées dans l’enseignement/apprentissage de l’arabe.
Nous avons suggéré que les réponses aux questionnaires soient rédigées à la maison et
pendant les heures libres des interrogés. Ceci afin de permettre un travail plus sérieux et
rassurant auprès des enseignants/apprenants. A ce propos, nous avons rassuré les interrogés
sur l’aspect anonyme de leurs réponses.
Les quelques problèmes ont été rencontré durant notre enquêtes sont dus au fait que
les enseignants ne sont pas habitués à ce type de procédé rare et pratiquement inexistant en
Libye. Le premier obstacle rencontré est celui de la crainte par l’enseignant d’être jugé à
travers ses réponses. Il est parfois gêné par les quelques questions relatives à l’autoévaluation.
Néanmoins, les points les plus évidents pour nous se révélaient peu clairs pour les
enseignants. Ils s’abstiennent de répondre à des questions nécessitant une justification, par
crainte de donner de plus amples détails.
Nous avons aussi rencontré des difficultés relatives à la logistique. Nous avons dû
nous déplacer en Libye à trois reprises. Nous nous sommes déplacé entre les différents
départements de Libye. Certaines écoles ont refusé de nous recevoir faute d’accord préalable
de leur académie. Celle-ci voulait nous imposer la présence d’un délégué représentant
l’institution officielle ou effectuer un contrôle sur le questionnaire. Ce qui nous a obligé à
96
annuler de nombreux rendez-vous. Certains ont refusé nos rendez vous, d’autres ont emmené
les questionnaires sans jamais les rendre.
« Dans l’analyse de tableaux, l’information doit être, comme une sauce, «réduite»
afin d’en concentrer l’arôme et surtout de rendre possible les croisements avec
d’autres variables. » F. SINGLY (2005:87-88).
Nous pensons que c’est la meilleure démarche car elle permet d’avoir un aperçu
général du problème avant de rentrer dans les détails. Ce qui à notre avis permet de mieux
saisir le bien fondé de la question.
Les résultats obtenus auprès des enseignants nous paraissent satisfaisants sur le plan
quantitatif et qualitatif. Certains d’entre eux n’ont répondu qu’à une partie du questionnaire.
Ce qui rend parfois difficile l’exploitation de quelques données. Par contre, certaines réponses
nous ont fourni d’autres informations non prévues par le questionnaire mais toutefois utiles
pour l’enquête. Nous avons aussi noté que la dernière question ouverte « avez-vous des
commentaires ou observations à rajouter », nous a fourni le maximum d’informations. Ces
observations feront l’objet d’une analyse.
Dans le traitement de notre enquête, nous avons eu recours aux logiciels informatiques
Word et Excel. Nous avons présenté les différents résultats obtenus dans des tableaux, puis
sous forme de figures: Aire, Anneau, Barre, Cône, Conique, Courbe, Cylindre, Histogramme,
Nuage de points, Pyramide et Secteur.
98
CHAPITRE II
LES RESULTATS ET L’ANALYSE DU QUESTIONNAIRE DES
ENSEIGNANTS ET DES APPRENANTS
Dans ce chapitre, nous analyserons les résultats et nous essaierons de dégager les
thèmes principaux qui préoccupent nos enseignants d'arabe, notamment le niveau de
formation et les obstacles qui entravent le processus de l'enseignement/apprentissage de cette
langue. Pour cela nous nous appuyons sur des questions visant à obtenir des résultats valides
pour une analyse objective. Ceci est conforme avec la citation de J.-P. NARCY-COMBES
suivante :
« Nous privilégierons des pratiques qui s'appuient sur les résultats des sciences de
fondement (linguistique, neurosciences, psychologie cognitive...) qui relèvent
d'observations empiriques c'est-à-dire de données observables physiquement. » J.-
P. NARCY-COMBES (2005 :2).
La totalité des résultats obtenus à partir des questions posées aux enseignants a été
recueillie dans un fichier Excel, afin de ressortir les statistiques et les tableaux nécessaires à
notre analyse. Leurs réponses feront l’objet d’une analyse dans la section 1.2.
GENERALITES
Nombre de
question
réponses
N° de la
1 Vous êtes :
1/ 1 Enseignant 13
2/ 1 Enseignante 95
2/ 2 31 et 40 47
2/3 41 et 50 12
2/4 51 et 60 3
4/2 De 6 à 10 20
4/3 De 11à 18 31
4/ 4 Plus de 18 12
5/2 De 20 à 30 55
5/3 De 30 à 40 32
5/4 Plus de 40 16
FORMATION ACADEMIQUE
8/2 Suffisant 29
8/3 Moyen ? 25
8/4 Insuffisant ? 32
10/2 Non 28
11/2 Non 27
12/1 Oui 48
12/2 Non 33
13/2 Non 56
101
14/1 Observateur 20
14/2 Participant 23
15/1 Indispensables? 64
15/3 Souhaitables? 18
15/4 Inutiles? 9
16/1 Oui 33
16/2 Non 75
18/1 Oui 74
18/2 Non 33
19/1 La didactique 28
20/1 Régulièrement 6
20/2 Occasionnellement 38
20/3 Rarement 12
20/4 Jamais 47
23/2 Souvent 9
23/4 Rarement 34
23/5 Jamais 44
24/1 Enseignant 22
24/2 Conseiller 25
24/3 Etudiants 8
24/4 Autres 7
26/A2 Satisfait(e) ? 56
26/A4 Déçu? 1
26/B Existe-t-il une entraide entre vous pour échanger vos expériences ?
26/B1 Oui 84
26/B2 Non 3
27/2 Non 56
A votre avis, quelles seraient les aptitudes qui devraient être acquises
en fin de cycle fondamental ? Est-ce que c’est:
34/1 Oui 30
34/2 Non 78
35/2 Élevé 25
35/3 Moyen 67
35/4 Faible 9
ROLE DE L'ENSEIGNANT
36/1 Oui 13
36/2 Non 87
37/2 Non 4
38/2 Non 98
PRATIQUE DE L'ENSEIGNEMENT
106
39/2 Non 60
40/1 Oui 81
40/2 Non 19
41/2 Non 36
42/1 Oui 32
42/2 Non 65
43/2 Non 19
44 la grammaire
44/1 Beaucoup 88
44/2 Peu 10
45 la lecture
45/1 Beaucoup 92
45/2 Peu 14
46 la prononciation.
46/1 Beaucoup 79
46/2 Peu 19
47 la dictée.
47/1 Beaucoup 89
47/2 Peu 14
48 l’interaction
48/1 Beaucoup 30
48/2 Peu 52
Vous suivez les consignes du manuel de manière libre, tout en faisant appel
50/2 24
à des documents authentiques
108
51 L'oral
51/1 20% 33
51/2 40% 25
51/3 50% 29
51/4 70% 12
52 L'écrit ?
52/1 30% 11
52/2 60% 29
52/3 50% 29
52/4 80% 31
54/1 Toujours 61
54/2 Parfois 38
54/3 Rarement 2
54/4 Jamais 2
55 La révision du vocabulaire?
55/1 Toujours 45
55/2 Parfois 44
109
55/3 Rarement 9
55/4 Jamais 1
56/2 Parfois 39
56/3 Rarement 5
56/4 Jamais 0
57/2 Parfois 42
57/3 Rarement 8
57/4 Jamais 3
58/1 Oui 20
58/2 Non 81
59 Si oui, lesquels ?
60/1 Toujours 63
60/2 Fréquemment 34
60/3 Rarement 5
60/4 Jamais 1
61 Ou un contrôle écrit.
61/1 Toujours 30
61/2 Souvent 51
61/3 Rarement 12
61/4 Jamais 7
62/2 Rien 1
63/2 Non 45
64 Si oui, lesquelles?
64/1 Manque de connaissances en didactique 14
65/2 Satisfaisant 54
65/3 Insatisfaisant 29
68/2 Motivés 23
68/4 Indifférents 33
68/5 Réfractaires 4
69/1 Oui 83
69/2 Non 20
70/1 Oui 31
70/2 Non 68
71/2 Non 7
Nous allons déterminer les circonstances et les différentes étapes de notre enquête en
nous basant sur une analyse systématique et descriptive des résultats obtenus. L’analyse de
ces données a fait ressortir les principales remarques contenues dans des tableaux classés par
ordre statistique et descriptif.
A partir de ces résultats, nous préconiserons des mesures visant à améliorer le niveau
de l’enseignement/apprentissage de l’arabe en Libye.
1.2.1. Généralités
Parmi les déterminants sociaux décisifs pour la conception des questionnaires, les
facteurs âge et sexe des interrogés sont très importants.
Nous rajoutons à cela d’autres variables telles que le cycle d’enseignement et la durée
de l’expérience professionnelle. C’est à cet effet que nous avons posé les questions ci-dessous
dans le tableau suivant :
4. Depuis combien
1. Vous êtes :
Total général
3. Dans quel cycle
2. Vous avez entre: d'années enseignez-
enseignez-vous?
vous l’arabe ?
21 et 30
31 et 40
41 et 50
51 et 60
élémentaire
Le cycle
secondaire
Le cycle
De 1 à 5
De 6 à 10
De 11a 18
Plus de 18
Enseignant 2 4 5 2 5 8 1 2 4 6 13
Enseignante 44 43 7 1 39 56 44 18 27 6 95
Total 46 47 12 3 44 64 45 20 31 12 108
Nous remarquons dans ce tableau que les enseignantes représentent 87,9% et les
enseignants 12%. Ce qui signifie que le corps enseignant du total en Libye est majoritairement
féminin1. La proportion des enseignants ayant moins de 40 ans est de 86,1% et celle de plus
de 41 ans est de 13,8% : ce qui indique le jeune âge de ces enseignants et par conséquent, cela
a une implication sur leurs expériences. Les enseignants de moins de 10 ans d’expérience sont
60,1% et ceux qui ont plus de 10 ans sont de 39,8%.
Nous avons posé une question aux enseignants au sujet du nombre d’apprenants dans
leurs classes. Le graphique suivant nous indique la répartition :
16 5
15% 4%
32
30% 55
51%
Figure 2.1 : Résultat n°2 décrivant la répartition des élèves dans la classe
Bien que le nombre d’apprenants dans la classe ait été réduit par apport aux années
précédentes, il reste encore élevé. La principale cause en est que l’Etat a réparti la scolarité à
mi-temps. Ceci n’a pas résolu pour autant le problème.
Nous pensons que ce phénomène constitue l’un des obstacles qui empêchent
l’enseignant d’interagir de façon équitable avec ses apprenants.
1
Voir page 174
114
La question suivante nous permet de connaître les différentes institutions où ont été
formés les enseignants :
Figure 2.2 : Résultat n°3 présentant les lieux de la formation académique des futurs enseignants
53,7% des enseignants libyens ont effectué leurs parcours dans un institut libyen de
niveau moyen qui forme les enseignants pour une durée de 2 à 5 ans. 46,3% restants ont
fréquenté l’université. Aucun n’a été formé à l’étranger.
Il ressort donc de ce graphique que la majorité des enseignants n’ont pas reçu de
formation universitaire. Nous pensons que pour combler le déficit d’enseignants, les pouvoirs
publics privilégient la formation de courte durée. L’Etat s’est rendu compte aujourd’hui de
cette situation et a mis fin désormais à ces instituts moyens. Il exige aujourd'hui de
l’enseignant, un diplôme universitaire délivré par la faculté de pédagogie. Cette action
résoudre partiellement le problème. Il reste que les actuels enseignants de l’université
continuent de souffrir de la faiblesse du niveau d’arabe. Ce qui suppose qu’il reste d’autres
problèmes à résoudre.
115
67
20 17
4
Figure 2.3 : Résultat n°4 décrivant le pourcentage des futurs enseignants parlant la langue arabe
Pendant les cours, 62% des étudiants de la faculté pédagogique n’utilisent l’arabe
standard que pour échanger avec leur professeur. Il leur arrive cependant de parler le dialecte.
Par contre 18,5% des étudiants échangent entre eux en arabe standard. 3,7% l’utilisent en
dehors de l’université. Ceux qui ne parlent pas le standard représentent 15,7%.
Cette situation montre que les étudiants utilisent peu le standard entre eux alors qu’ils
sont formés pour l’enseigner plus tard. Cette formation universitaire est aussi doublement
lacunaire. Sur le plan linguistique,
linguistique, elle est insuffisante car les modules de langue ont une
orientation littéraire. Ceci ne facilite pas l’apprentissage de l'arabe à des fins communicatives,
car la priorité est donnée à la grammaire et à l’écrit littéraire.
Dans ce cas, les compétences linguistiques acquises sont à remettre en cause. Sur le
plan pédagogique, ni les facultés de lettres, ni la faculté de pédagogie, où se forment les
enseignants, ne proposent de modèle pour l’enseignement de l'arabe.
116
Estimez-vous
vous que le programme de votre formation
8
académique était :
8,1
Très suffisant ? 9
8,2
Suffisant 29
8,3
Moyen ? 25
8,4
Insuffisant ? 32
8,5
Sans réponse 13
Programme complet 1
9,4
Sans réponse 52
Ce programme vous a-t-ilil permis d'acquérir une maîtrise
10
Oui 66
Non 28
Sans réponse 14
Ce programme était-ilil plutôt orienté vers des études
11
générales de la langue ?
11,3 11,2 11,1
Oui 65
Non 27
Sans réponse 16
Ou vers des études linguistiques et pédagogiques
12
Oui 48
Non 33
Sans réponse 27
Pour pouvoir conforter les réponses précédentes, nous avons voulu plus de détails et
plus de précisions.
A la question 9, à l’exception des 48,1% qui n’ont pas répondu, la majorité qui s’est
exprimée à 38,8%, considère que le « programme est non communicatif ». Tandis que 12%
ont répondu que le programme est suffisant.
A la question 10, les enseignants ont répondu à 61,1%, que le programme leur a
permis d’acquérir la maîtrise pédagogique. 25,9% indique que ces programmes ne conduisent
pas à la maîtrise de la pédagogie. Tandis que 12,9% n’ont pas répondu.
A la question 11 qui consiste à savoir si le programme est orienté vers des études
générales de l’arabe, le nombre de oui s’élève à 60,1%; le non est de 25% et 14,8% ne
répondent pas.
Par contre, à la question de savoir si le programme est orienté vers des études
linguistiques et pédagogiques destinées à former les futurs enseignants d’arabe, 44,4% des
enseignants ont répondu oui ; 30,5% ont répondu non ; 25% n’ont pas répondu.
Aux trois dernières questions, il nous semble que les enseignants n’ont pas compris les
questions. Car, leurs réponses contiennent des contradictions par rapport aux critiques qu’ils
ont émises lors de notre entretien 2005. Si nous prenons en considération l’échange qui suit,
on serait tenté de croire que les enseignants ne sont pas satisfaits du programme dans son
ensemble. Ainsi, nous pouvons citer le témoignage suivant :
En tout cas, ce programme n’est pas suffisant pour former un enseignant capable
d’appliquer une méthode communicative en classe.
20 23
5 4
Oui Non Sans réponse Si oui, comme Observateur Participant(e) Sans réponse
observateur (- (-trice)
trice) ? ou
comme
participant (e)
?
Figure 2.5 : Résultat n°6 relatif aux stages pratiques d’arabe pendant les études académiques
43,5% des enseignants ont participé à des stages pratiques d’arabe pendant leurs
études académiques. Par contre, 51,8% ne l’ont pas fait. Ce qui dénote que bon nombre
d’entre eux n’effectue pas de stage obligatoire.
obligatoire. Cela nous est confirmé lors de notre rencontre
avec certains d’entre eux en milieu scolaire. On peut citer en exemple:
Il existe pour cela trois raisons, selon les enseignants interrogés : la première raison est
le sureffectif des futurs enseignants par rapport au nombre limité de classes offrant des stages.
La deuxième c’est qu’il n’existe pas de coordination entre les instituts de formation et les
écoles qui doivent accueillir les stagiaires. Parfois, certains stages sont programmés durant la
période d’examen dans ces écoles. La troisième raison c’est que des diplômés d’autres
secteurs tel que le droit, les sciences, l’agriculture …ont été appelés à enseigner l’arabe sans
aucun formation pédagogique. Il existe d’autres causes telles que des enseignants spécialisés
dans d’autres matières d’enseignement par exemple : (la géographie, français…) ont été
orientés vers l’enseignement de l’arabe, comme le précise une enseignante ci-après:
« J’ai été une enseignante de français au lycée Après que cette matière a été
supprimée du programme, j’ai été orientée vers l’enseignement de la langue
arabe », (Entretien 2005).
Parmi les 43,5% qui ont effectué des stages, 48,9% d’entre eux y ont participé de
manière active alors que 42,5% étaient présents en tant qu’observateurs.
Pour cela nous avons voulu savoir les réactions des enseignants en leur posant les
questions suivantes :
Indispensables? 64
Très souhaitables? 9
Souhaitables? 18
Inutiles? 9
Sans réponse 8
Avez-vous
vous déjà effectué des stages en Libye ou dans un
16
autre pays ?
16,2 16,1
Oui 33
Non 75
17
Connaissances générales 19
Formation méthodologique 14
Ressentez-vous
vous actuellement le besoin d'une formation
18
complémentaire?
18,3 18,2 18,1
Oui 74
Non 33
Sans réponse 1
19
La didactique 28
Autre domaine : 2
La majorité des enseignants 84,2% indiquent que les stages sont nécessaires quelle-
que soit leur durée. La plupart des enseignants 69,4% ont dit n’en avoir effectué aucun, que ce
soit en Libye ou à l’étranger. C’est ce qui est illustré par les enseignants interrogés ci-après :
Parmi les enseignants interrogés qui ont effectué un stage qui sont au nombre de 33,
57,5% d’entre eux ont bénéficié de connaissances générales, excluant toute pédagogie. Une
enseignante déclare sur le stage en question :
« Les journées et sessions sont détournées de leur objet par une sorte d’orientation
politique qui n’a aucun rapport avec l’enseignement. C’est pourquoi ces sessions
n’ont pour moi aucun intérêt. » (Entretien 2005).
42,4% ont considéré que le stage a un lien avec la formation méthodologique. Bien
que les enseignants soient surtout convoqués à des stages méthodologiques. Un nombre
considérable d’enseignants 68,5% éprouve le besoin d’une formation complémentaire. Une
enseignante nous le confirme en répondant à la question suivante :
«Q. Les sessions de formation qui auraient pour but la remise à niveau des
enseignants, sont-elles indispensables pour vous ?
R. Malheureusement, ces sessions ne sont pas crédibles et ne sont pas bien
préparées. Ces journées seraient très bénéfiques pour l’enseignant, si on mettait
l’accent sur un contenu ayant un rapport avec la didactique et les méthodes
d’enseignement. » (Entretien 2005).
« Q. Est ce que vous avez effectué des stages lors de votre formation universitaire?
R. Oui.
Q. A votre avis ce genre de formation est-il suffisant pour vous ?
R. Oui, bien sûr. Mais, il faut reconnaître qu’il existe des enseignants qui
manifestent une faiblesse plus précisément en grammaire. Ils ont besoin d’une
formation intensive en la matière. » (Entretien 2005).
Parmi les enseignants qui ont besoin d’une formation complémentaire, 59,4%
souhaitent se former en communication en arabe standard, 37,8% cherchent à compléter leur
122
formation en didactique et 2,7% souhaite une formation dans d’autres domaines qui n’ont pas
été dévoilé.
Lors de notre rencontre avec des enseignants d’arabe dans la bibliothèque du lycée,
nous avons remarqué que celle-ci n’en possède que des quelques ouvrages antiques. Cette
situation ne permet pas aux enseignants de se documenter et d’améliorer leurs compétences
pédagogiques. Ces enseignants sont obligés de rechercher les livres par leurs propres moyens,
soit en achetant soit en empruntant auprès des proches. Nous pouvons citer la réponse de cette
enseignante :
R. Par des efforts personnels. En ce qui me concerne, j’ai une bibliothèque chez
moi. Ce qui me permet de me documenter et consulter des livres et d’autres
documents liés à mon domaine d’enseignement. » (Entretien 2005).
Pour savoir si les enseignants se documentent dans leur domaine, la figure n° 8 résume
la situation globale.
Régulièrement 6
20,2
Occasionnellement 38
20,3
Rarement 12
20,4
Jamais 47
20,5
Sans réponse 5
Figure 2.7 : Résultat n°8 répartissant les lectures chez les enseignants pour l’évolution didactique
Nous avons voulu connaître avec plus de précision les différentes lectures auxquelles
recourent les enseignants interrogés et que nous avons réunies dans le tableau suivant :
21. Si vous choisissez l'une des trois premières réponses, pouvez-vous en citer quelques-unes ?
Des revues culturelles en arabe qui contiendraient parfois des articles sur l'arabe. Des
21.2 6
émissions télévisées traitant parfois de l'enseignement de l’arabe.
21.9 Le Coran. 31
21.11 Tout livre comprenant des sujets en rapport avec le programme scolaire. 2
21.12 Biographies. 1
Tableau 2.4 : Résultat n°9 relatif aux lectures utilisées par les enseignants
Nous avons noté que la liste des manuels utilisés indique rarement le nom de l'auteur.
C'est que certains livres sont très connus par les apprenants à l'Université ou dans les Instituts.
En plus, elle comporte des titres génériques comme Références de …, qui sous-entendent
plusieurs livres dont les enseignants ne mentionnent pas les détails, soit par oubli, soit par
volonté d’éviter de répondre.
124
Bien que les programmes soient conçus pour atteindre un objectif bien précis, celui
d’amener l’apprenant à communiquer et en particulier à s’exprimer en arabe standard, cette
langue n'occupe pas la place qui devrait être la sienne. I. CHARANI (1981) indique dans son
étude que 72% des enseignants interrogés utilisent le dialecte pour communiquer avec les
apprenants, 26% d’entre eux utilisent le dialecte pour présenter
présenter leur cours. Pour avoir une idée
claire sur le discours didactique des enseignants d'arabe, nous leur avons demandé quel type
d’arabe ils utilisent le plus, le standard ou le dialectal. Nous avons obtenu le résultat suivant :
54 54
50% 50%
Les avis sont partagés sur ce graphique. La moitié des enseignants déclarent utiliser le
dialectal dans leur classe, l’autre moitié utilise le standard. Ce résultat ne reflète pas la réalité.
Nous pensons que les enseignants mélangent le standard et le dialecte. En ce sens, il n’existe
pas d’utilisation absolue de l’arabe standard dans les institutions pédagogiques, ce qui est
confirmé par un professeur qui dit :
Quant aux enseignants utilisant le dialecte, ils nous ont cité plusieurs raisons ou
circonstances pour justifier cet usage :
Certaines raisons ont été signalées plus d’une fois et dans ce cas le nombre
d’occurrences est indiqué.
Afin d'éviter de commettre des erreurs en arabe standard devant les apprenants, je
me vois obligé d’utiliser le dialecte (10 occurrences).
Bien que j'essaie de parler en arabe standard, je ne suis pas habituée à l’utiliser.
Je me trouve plus à l'aise en parlant le dialecte.
Parfois en se concentrant sur la bonne prononciation du standard, on oublie l’idée à
expliquer. Ceci affecte la compréhension, et je suis contrainte d’utiliser le dialecte.
L’enseignant a des difficultés pour expliquer le cours en arabe standard.
Pour voir si les enseignants utilisent l’arabe ailleurs que dans les salles de cours, nous
avons posé la question suivante :
dehors de la classe ?
23,5 23,4 23,3 23,2 23,1
Très souvent 1
Souvent 9
De temps en temps 20
Rarement 34
Jamais 44
Dans le cas de l’une des quatre premières réponses, pouvez-vous
24
Enseignant 22
Conseiller 25
Etudiants 8
Autres 7
Sans réponse 2
Figure 2.9 : Résultat n°11 relatif à la communication en arabe standard en dehors de la classe
127
Le résultat obtenu fait apparaître que 9,2% d’entre eux ont souvent l’occasion
d’utiliser l’arabe standard. 18,5% le parlent
parlent de temps en temps. 31,4% ont répondu
« rarement ». 40,7% des interrogés ont répondu qu’ils n’ont jamais l’occasion de
communiquer en standard.
Quant à ceux qui utilisent le standard, ils le pratiquent le plus souvent avec les
conseillers, ensuite entre enseignants, et finalement avec les apprenants.
Pour connaître justement les raisons qui ont poussé les enseignants à choisir ce métier,
nous avons posé la question suivante:
58 50
25,1 25,2
46,2% des enseignants ont choisi d’enseigner l’arabe par leur attirance pour cette
langue, dont un témoignage qui suit:
Par contre 53,7% des enseignants interrogés ont répondu que les choix ont été
imposés.
Soit par la famille, c’est l’exemple d’une enseignante qui nous a répondu à ce propos
lors de notre entretien 2005:
Soit par l’orientation obligatoire des étudiants pour combler le déficit dans le secteur
de l’enseignement, c’est ce que nous indique l’enseignant suivant :
« R. Franchement, j’ai fait une formation en langue contre mon gré, j’y étais
obligée.
Par ailleurs, il existe d’autres facteurs qui interviennent dans leur choix professionnel,
notamment les notes obtenues par l’étudiant qui ne lui permettent pas l’accès à d’autres
instituts que celui de la pédagogie et un facteur d’orientation qui dépend de la capacité
d’accueil des universités.
La profession d’enseignant est une fonction prédestinée pour les femmes dans la
société Libyenne, ceci conduit les parents à obliger leur fille à choisir l’enseignement.
Pour savoir comment ces enseignants apprécient leurs expériences, la figure suivante
nous indiquera la tendance :
129
Très satisfait(e) ? 23
26A5 26A4 26A3 26A2
Satisfait(e) ? 56
Ni satisfait(e), ni déçu(e)? 27
Déçu(e)? 1
Très déçu(e)? 1
expériences ?
26B3 26B2 26B1
Oui 84
Non 3
Sans réponse 21
De cette figure, il ressort que la majorité des enseignants sont satisfaits de leurs
expériences à 51,8%, 21,2% sont très satisfaits et 25% ne sont ni satisfaits ni déçus .Par
contre, nous remarquons que 1,8% des enseignants en restent peu ou très déçus. En général,
nous pourrions dire que la majorité des enseignants apprécient le bilan de leurs expériences
dans l’enseignement de l’arabe.
Bien que certains nouveaux enseignants ne soient pas bien formés et malgré leurs
moyens limités pour faire acquérir aux apprenants des compétences linguistiques, les
130
enseignants expérimentés aident leurs nouveaux collègues. Ceci les amène à progresser
néanmoins dans leur métier.
21
14 9
8
Oui
Non
Test de pédagogie de
Test de linguistique
préciser le type de test
Questions générales
Test d'expression
Si oui, pouvez-vous
orale et écrite
l'enseignement
générale
effectué ?
Figure 2.12 : Résultat n°14 relatif au test utilisé pour la nomination des enseignants
Le résultat nous indique que 48,1% des enseignants interrogés confirment avoir
effectué un test d’aptitude au début de leur fonction,
fonction, tandis que 51,8% déclarent ne pas les
avoir passés. Le témoignage suivant confirme cette situation :
R. Non, mais j’ai fait l’objet de l’évaluation lors des visites régulières de
l’inspecteur d’éducation. » (Entretien 2005).
Pour ceux qui ont déclaré avoir passé des tests, 26,9% ont effectué des tests
d’expression orale et écrite, 15,3% des tests de linguistique générale, 40,3% des tests de
pédagogie. Par ailleurs, 17,3% ont passé des tests sous forme de questions générales. Cette
131
différence entre les résultats s’explique par le fait que ces tests ne répondent à aucune norme,
mais ils relèvent de l’interprétation des examinateurs. Donc, les résultats ne reflètent pas de
manière systématique la compétence des enseignants.
69
52
25 25
10 8 13
7 2 5
Tout à fait Plutôt Pas Pas du Sans Tout à fait Plutôt Pas Pas du Sans
d'accord d'accord tellement tout réponse d'accord d'accord tellement tout réponse
d'accord d'accord d'accord d'accord
29,1 29,2 29,3 29,4 29,5 30,1 30,2 30,3 30,4 30,5
Figure 2.13 : Résultat n°15 montrant la répartition des objectifs de l'enseignement/apprentissage de l'arabe
À la question (29), 87% des enseignants d’arabe sont conscients de l’objectif global de
l’enseignement de l’arabe à l’exception d’une minorité qui représente 8,3% tandis que 4,6%
d’entre eux n’ont pas répondu.
Pour savoir quelles sont les aptitudes acquises en fin de cycle du fondamental, la
figure suivante nous les indiquera :
A votre avis, quelles seraient les aptitudes qui devraient être acquises en fin
de cycle fondamental ? Est-ce que:
31
Plutôt d'accord 28
31,3
Sans réponse 7
32
Plutôt d'accord 21
32,3
Sans réponse 7
Savoir s'exprimer par écrit en rédigeant une dissertation
33
par exemple.
33,1
Plutôt d'accord 23
33,3
Sans réponse 10
Figure 2.14 : Résultat n°16 relatif au questionnaire sur les aptitudes acquises
133
Selon ce résultat, la majorité des enseignants interrogés sont conscients des aptitudes
nécessaires qui devraient être acquises, à savoir la lecture, l’expression orale et écrite dans la
phase qui précède le cycle du secondaire. Cela ne veut pas dire que les enseignants utilisent
les bonnes méthodes pour atteindre les objectifs de ces aptitudes.
Nous savons désormais le degré de connaissance des enseignants par rapport aux
objectifs de l’enseignement/apprentissage de l’arabe. Qu’en est-il des apprenants ? Une des
missions principales de l’enseignant est d’expliquer ces objectifs aux apprenants. La figure
suivante nous donne la réponse :
34,1 Oui
30
28%
34,2 Non
78
72%
Figure 2.15 : Résultat n°17 concernant l’information des apprenants par les objectifs
La majorité des enseignants pensent que les apprenants ne connaissent pas clairement
les objectifs de l’enseignement/apprentissage de l’arabe ce qui poussent certains apprenants à
se poser la question sur l’utilité de l’arabe. Un enseignant confirme cette réalité lorsqu’il nous
a répondu à ce sujet :
R. Non ! Par exemple, l’année dernière au lycée des sciences médicales et pendant
un cours, une étudiante m’a demandé: à quoi ça sert d’étudier l’arabe, puisque je
compte faire des études en médecine! Je lui ai répondu que la maîtrise de l’arabe
est indispensable pour prescrire correctement un rapport médical de vos patients.
134
Avec cet argument pragmatique, l’apprenant a fini par être convaincu.» (Entretien
2005).
Nous avons posé aux enseignants la question de savoir comment ils jugent le niveau
d’arabe de leurs apprenants. La figure suivante donne quelques chiffres :
80
70
35,3 Moyen 67
60
50
40
30
35,2 Élevé 25
20
35,4 Faible 9
10
35,5 Très faible 3
35,1 Très élevé 4
0
Figure 2.16 : Résultat n°18 relatif à l’évaluation du niveau des apprenants par les enseignants
62% des enseignants interrogés pensent que le niveau des apprenants est (moyen) et il
n’est donc pas totalement satisfaisant.
satisfaisant. Si on considère que les enseignants eux mêmes sont
faibles, vu leur formation insuffisante que nous avons déjà détaillée, comment peut-on
prendre sérieusement en considération une telle évaluation ? C’est peut être pour cette raison
que la plupart d’entre eux ont préféré parler de niveau (moyen). Nous pensons que ces
résultats ne reflètent pas la réalité.
en considération les besoins et les intérêts des apprenants. Ces derniers deviennent des acteurs
qui participent à la construction des activités dans la classe.
Comment les enseignants libyens voient-ils leur rôle en classe. Nous avons posé trois
questions différentes autour de ce sujet. Les questions sont dans la figure suivante :
Oui 13
36,2
Non 87
36,3
Sans réponse 8
Oui 101
37,2
Non 4
37,3
Sans réponse 3
38
Oui 1
38,2
Non 98
38,3
Sans réponse 9
Figure 2.17 : Résultat n°19 relatif au rôle de l'enseignant vu par les enseignants
Selon ce résultat, à priori les enseignants interrogés ont pris conscience de leur
nouveau rôle à savoir qu’ils sont amenés à faire participer leurs apprenants durant les activités
136
Par contre, il y a des enseignants qui pensent qu’ils doivent préserver le rôle d’autorité
en classe. Un enseignant déclare, en outre :
R. Il doit être souvent ainsi, puisque l’apprenant est mineur, quelquefois ce dernier
ne sait pas faire la part des choses » (Entretien 2005).
Certes, lors de nos visites au sein des établissements scolaires, nous avons remarqué
que les cours sont présentés par la plupart des enseignants sans la participation suffisante des
apprenants.
Tout enseignant est confronté à des difficultés dans la préparation de ses cours, en
particulier les nouveaux promus. Les enseignants expérimentés font profiter leurs nouveaux
collègues de leurs expériences. Pour cela un enseignant nous confirme cette réalité, lorsqu’il a
répondu à la question suivante :
R.. Dès les premiers jours, il s’installe une sorte de collaboration spontanée entre
anciens et nouveaux, basée sur la concertation, le conseil et l’orientation. Cette
aide de la part de ces enseignants n’est pas organisée ni par l’institution ni par
l’administration de l’établissement scolaire. » (Entretien 2005).
Oui 45
39,2
Non 60
39,3
Sans réponses 3
40
Oui 81
40,2
Non 19
40,3
Sans réponse 8
de choisir le programme qui correspond aux
41
Oui 68
41,2
Non 36
41,3
Sans réponse 4
de créer un contexte favorable aux échanges
42
langagiers ?
42,1
Oui 32
42,2
Non 65
42,3
Sans réponse 11
43
Oui 83
43,2
Non 19
43,3
Sans réponse 6
41,6% des enseignants trouvent que les connaissances initiales acquises lors de leurs
cursus leur ont permis de préparer leurs cours sans difficultés. Cela est confirmé par le
témoignage suivant:
« Q. Avez-vous des difficultés dans la préparation des cours notamment les fiches
pédagogiques et qu’en est-il de votre rapport avec les apprenants lors de votre
début de mission ?
55,5% des enseignants ont eu des difficultés à préparer leurs cours au début de leur
mission alors que 2,7% d’entre eux n’ont pas répondu.
75% des enseignants pensent que les connaissances initiales leur ont permis de
clarifier les objectifs de la leçon. Par contre, 17,5% d’entre eux ont répondu négativement
alors que 7,4% n’ont pas répondu.
Pour connaitre si ces mêmes formations initiales ont permis aux enseignants de mieux
appréhender le milieu scolaire et de s’y intégrer, une large majorité de 76,8% ont répondu
positivement. Il apparaît que les enseignants n’éprouvent aucune difficulté pour leur
intégration avec leurs collègues et cela parait tout à fait naturel de par leurs parcours d’études.
17,5% ont répondu négativement, 5,5% n’ont pas répondu.
139
Nous allons essayer de mettre l’accent sur les différentes pratiques des enseignants
dans leurs activités pendant les séances de cours. C’est pour cela que nous leur avons posé la
question dans la figure suivante:
la grammaire
Beaucoup 88
Peu 10
Très peu 1
Sans réponse 9
la lecture.
Beaucoup 92
Beu 14
Très peu 2
Sans réponse 0
la prononciation.
Beaucoup 79
Peu 19
Très peu 6
Sans réponse 4
la dictée
Beaucoup 89
Peu 14
Très peu 3
Sans réponse 2
l'interaction
Beaucoup 30
Peu 52
Très peu 21
Sans réponse 5
Bien que les enseignants semblent quasi unanimes à 81,4% sur la pratique de la
grammaire qui est une priorité pour eux, les apprenants ne montrent pas un grand intérêt à la
grammaire. Cela a été confirmé par une enseignante lorsque nous lui avons posé la question à
ce sujet :
« J’ai remarqué que les apprenants ne s’intéressent pas à la grammaire car l’arabe
est considéré par la société comme étant uniquement un outil pour l’enseignement
religieux. » (Entretien 2005).
Ce qui montre que l’enseignement de la grammaire est présenté par des méthodes
traditionnelles dans la mesure où les enseignants n’exploitent pas la grammaire de manière
pragmatique pour donner la motivation nécessaire aux apprenants afin de s’exprimer en arabe
standard.
La lecture à voix haute est aussi utilisée par la majorité des enseignants à 85,1% dans
leurs cours. Elle est très utile parce que les enseignants veillent à la bonne prononciation.
Dans la pratique, l’apprenant lit le texte en arabe standard, un enseignant nous a affirmé que :
Les enseignants sont aussi confrontés au facteur du temps car la courte durée des
séances ne permet pas de faire participer les apprenants à la lecture. Une enseignante nous
indique à ce sujet:
82% des enseignants donnent une importance à la dictée. Mais la séance accordée à
cette matière est partagée avec celle de l’expression écrite. Une enseignante déclare :
R. Ce genre d’activités est rare. La méthode appliquée est souvent celle du cours
magistral. Au cas où il y a dialogue et participation des apprenants, cela s’effectue
en arabe dialectal. » (Entretien 2005).
Les supports pédagogiques ont une importance essentielle dans le processus éducatif
de l’apprenant. C’est à cet effet que nous avons posé la question aux enseignants libyens pour
savoir quels moyens ils utilisent pour amener leurs apprenants à une bonne assimilation. Nous
avons obtenu les résultats suivants :
142
100 104
80
60
40
20
0 0 4
Figure 2.20 : Résultat n°22 concernant les moyens utilisés par les enseignants dans les cours
Pour l’assimilation des cours en classe, 96,2% des enseignants utilisent des livres
scolaires et cela pour deux raisons :
La deuxième raison serait le mauvais programme scolaire qui ne tient pas compte des
activités langagières. Ce qui a poussé les enseignants à utiliser uniquement le manuel scolaire
leur seul moyen d’enseigner.
Les textes de dialogues dans les manuels scolaires font partie des éléments qui
favorisent la communication en classe. Ils permettent l’interaction entre les apprenants et
l’enseignant, et entre les apprenants eux-mêmes. Afin de mieux connaître la méthode utilisée,
143
nous avons posé à ces enseignants la question sur le degré d’autonomie dans leur démarche
pour savoir la manière dont ces dialogues sont utilisés.
Figure 2.21 : Résultat n°23 relatif aux styles utilisés par les enseignants dans la classe
Pour savoir qu’elle est la part de l’oral par rapport à l’écrit, nous avons posé la
question suivante aux enseignants :
12 11
9 8
20%
40%
50%
70%
30%
60%
50%
80%
L'oral
L'écrit ?
Sans réponse
Figure 2.22 : Résultat n°24 concernant la pratique de l’oral par rapport à l’écrit
Il est clair que les enseignants accordent plus d’importance à l’écrit. Nous notons qu’il
n’y a aucun emploi du temps déterminé dans le programme scolaire pour l’expression orale en
arabe standard. Du fait qu’elle a été supprimée dans le nouveau programme1, après avoir été
une matière à part. Pour soutenir cette affirmation, nous avons posé la question suivante à
l’enseignant:
1
Voir le tableau du volume horaire (P.82)
145
tiens à vous préciser qu’il n’existe pas d’expression écrite en arabe dialectal, et que
tous les livres scolaires sont rédigés en arabe standard. » (Entretien 2005).
Bien que l’utilisation de l’oral en arabe standard ne soit pas très répandue dans les
écoles libyennes, le texte écrit peut être l’un des moyens qui peut servir l’oral, puisque la
relation entre les deux activités est étroite. Dans ce sens, on peut citer le paragraphe suivant :
Nous avons voulu savoir les procédures qu’ils utilisent pour permettre aux apprenants
de mémoriser les dialogues. Nous leur avons posé la question suivante :
53,1 Répétition +
questions/réponses
88%
Figure 2.23 : Résultat n°25 décrivant les styles utilisés par les enseignants pour mémoriser les dialogues
Une grande partie des enseignants utilisent la méthode de la répétition par des
questions/réponses. Peu sont ceux qui utilisent d’autres moyens, par exemple celui de la mise
en scène de dialogues.
Ceci encouragera les apprenants à mieux s’exprimer. Nous avons posé la question aux
enseignants dans la figure suivante, pour connaître la méthode d’exploitation des textes de
dialogues dans le processus d’enseignement :
questions/réponses?
54,5 54,4 54,3 54,2 54,1
Toujours 61
Parfois 38
Rarement 2
Jamais 2
Sans réponse 5
55
révision du vocabulaire?
55,5 55,4 55,3 55,2 55,1
Toujours 45
Parfois 44
Rarement 9
Jamais 1
Sans réponse 9
56
Toujours 56
Parfois 39
Rarement 5
Jamais 0
Sans réponse 8
57
Toujours 43
Parfois 42
Rarement 8
Jamais 3
Sans réponse 12
Figure 2.24 : Résultat n°26 décrivant les styles utilisés par les enseignants pour mémoriser les dialogues
147
56,4% des enseignants exploitent toujours les textes de dialogues par les questions
réponses ; 35,1% d’entre eux le font parfois ; 1,8% rarement ; 1,8% jamais et 4,6% n’ont pas
répondu.
41,6% des enseignants utilisent toujours les textes de dialogues pour la révision du
vocabulaire ; 40,7% le font parfois ; 8,3% rarement ; 1% jamais et 8,3% n’ont pas répondu.
51,8% des enseignants exploitent toujours les textes de dialogues pour les interactions
langagières avec les apprenants ; 36,1% le font parfois ; 4,6% rarement et 7,4% n’ont pas
répondu.
39,8% des enseignants travaillent toujours sur les structures grammaticales à l’aide des
textes de dialogues ; 38,8% le font parfois ; 7,4% rarement ; 2,7% jamais et 11,1% n’ont pas
répondu.
Selon ce dernier résultat la plupart des enseignants interrogés, dans les choix proposés,
ont répondu « toujours ». C’est-à-dire qu’ils exploitent le texte dans toutes les composantes de
la langue. Mais cela ne signifie pas que les enseignants adoptent une méthode scientifique qui
incite à une bonne participation des apprenants. En particulier dans l’entretien, les enseignants
soulignent qu’il n’y a aucune activité organisée hors ou dans la classe pour faire une
interactivité, un dialogue ou une conversation, entre apprenants. Et enseignants, et si c’est le
cas, cela s’effectue en dialecte. Cette situation ne permet pas de faire une interaction entre les
enseignants/apprenants et les apprenants eux mêmes.
Les enseignants doivent aider les apprenants à être dans des rôles actifs pour bien
participer à l’enseignement/apprentissage, cette participation doit se passer par des activités
pratiques et par des méthodes claires qui permettraient aux apprenants d’effectuer des
simulations en contexte de communication réel en utilisant en l’occurrence l’arabe standard.
apprenants. Ici, le programme scolaire doit être conforme aux capacités des apprenants, et
l’enseignant peut en faire un outil flexible pour atteindre l’objectif de la leçon.
Cela stimulera les apprenants à suivre la langue. La question est posée aux
enseignants, existe-t-il des problèmes lors de l’acquisition du contenu des cours ? La figure
suivante montre les réponses :
problèmes?
58,1
Oui 20
58,2
Non 81
58,3
Sans réponse 7
59
Si oui, lesquels ?
l'enseignement de l'arabe 14
59,2
l'arbe, du vocabulaire 9
59,4
littéraires 11
59,7
18,5% des enseignants pensent que l’acquisition du contenu des cours poserait des
problèmes alors que 6,4% n’ont pas répondu. Mais cela ne signifie pas que les autres
enseignants qui représentent 75% sont satisfaits par l’acquisition du contenu des cours. La
plupart des enseignants ont répondu à la deuxième partie
partie de la question lorsqu’ils ont indiqué
149
les causes variées qui provoquent des problèmes d’acquisition du contenu des cours. Une
enseignante nous explique comment elle poursuit son cours :
Les autres enseignants qui ont assisté avec nous à cet entretien, sont d’accord avec
l’avis de cette enseignante.
Nous avons voulu par la figure qui suit, savoir quelles méthodes sont utilisées pour
vérifier si les textes ou dialogues ont bien été mémorisés. Les réponses sont les suivantes :
Toujours 63
60,2
Fréquement 34
60,3
Rarement 5
60,4
Jamais 1
60,5
Sans réponse 5
61
Ou un contrôle écrit.
61,1
Toujours 30
61,2
Souvent 51
61,3
Rarement 12
61,4
Jamais 7
61,5
Sans réponse 8
Figure 2.26 : Résultat n°28 décrivant la méthode utilisée par les enseignants
150
Le contrôle écrit est effectué par 75% des enseignants, 13,8% d’entre eux ne le font
que rarement ou jamais. Par ailleurs, 7,4% des
des enseignants n’ont pas répondu à cette question.
Bien que l’enseignant fasse preuve d’équilibre dans l’utilisation de l’oral et de l’écrit
dans la vérification de l’acquisition des textes et des dialogues selon l’analyse ci-dessus, cela
ne signifie pas qu’il le fait en se basant sur une méthode claire. La question reste posée : est-
ce que cette méthode conduit les apprenants à communiquer en arabe standard ? A notre avis,
ce contrôle est fait uniquement pour vérifier le niveau de compréhension des cours par les
apprenants. Par ce fait, l’enseignant n’effectue cette activité qu’à travers des
questions/réponses. Une enseignante a confirmé cette réalité lorsqu’elle a dit :
« Lors de la séance suivante, pour rappel, mais aussi pour savoir si mes apprenants
ont assimilé le contenu de la dernière leçon, je leur pose des questions en
rapportant de nouveaux exemples qui ne sont pas dans le manuel. » (Entretien
2005).
104
1 3
Encouragements + Rien
questions/réponses Sans réponse
Pour stimuler les apprenants, 96,2% des enseignants interrogés ont choisi
l’encouragement par les questions/réponses.
Cependant, ce procédé repose essentiellement sur le rôle de l’enseignant qui choisit les
questions et identifie les réponses. Pour cela, cette action n’est dirigée habituellement que
vers des apprenants qui ne participent pas effectivement aux échanges dans le cours. Il lui est
donc, loisible d’avoir rapidement la réponse.
L’étude d’I. CHARANI (1981 :38) fait apparaître la principale cause des difficultés
que rencontre l’enseignant : c’est le manque de supports didactiques. C’est ce qui explique
que l’enseignant ne se base que sur le programme scolaire.
Oui 60
63,2
Non 45
63,3
Sans réponse 3
64
Si Oui, lesquelles?
d'enseignement
14
64,2
Exigences institutionnelles 12
64,3
Figure 2.28 : Résultat n°30 décrivant les difficultés dans la pratique de l’enseignement
Les enseignants disent rencontrer des difficultés, aujourd’hui, dans leur fonction à
raison de 55,5%, tandis que 41,6% d’entre eux, déclarent que non, 2,7 n’ont pas répondu.
Ces enseignants se plaignent dans plupart des cas, du manque de supports didactiques, de
leur propre faiblesse en didactique et des exigences institutionnelles.
152
Nous avons sollicité l’avis personnel des enseignants sur le contenu du programme de
l’enseignement dans la figure qui suit :
P ouvez-vous
justifier votre
Insatisfaisant
S atisfaisant
insatisfaisant
S ans réponse
P rogram m e
S ans réponse
V ariétés
authentiques
satisfaisant
com m unicatif
Contenu non
inexistants
lim ites
réponse?
S upports
com plet
Très
Très
65,1 65,2 65,3 65,4 65,5 66 66,1 66,2 66,3 66,4 66,5
Figure 2.29 : Résultat n°31 présentant les avis des enseignants sur le contenu du programme de
l’enseignement
Nous avons voulu approfondir cette critique et pour cela, nous leur avons posé une
question subsidiaire qui est la suivante :
L'organisation du manuel :
Carences didactiques
Carences de formation
Nous avons posé la question suivante pour connaître le degré de motivation des
apprenants quant à l’apprentissage de l’arabe standard. Il ressort que:
23
6 5
4
Figure 2.30 : Résultat n°32 relatif à la motivation des apprenants pour l’arabe standard
61,1% des enseignants pensent que les apprenants sont motivés pour apprendre l’arabe
standard, 34,2% d’entre eux sont indifférents à la limite réfractaire.
En ce qui concerne les apprenants non motivés, il est clair qu’ils se plaignent dans
certaines matières d’arabe, par exemple dans la grammaire. Nous citons le témoignage d’un
apprenant à ce sujet:
Nous posons cette question aux enseignants pour connaître leur point de vue sur
l’enseignement des autres matières en arabe:
69,2 Non
18%
69,1 Oui
77%
Figure 2.31 : Résultat n°33 présentant les avis des enseignants relatifs à l’enseignement des autres
matières en arabe standard
Dans ce résultat, la plupart des enseignants pensent que l’on doit enseigner les
autres matières en arabe standard. Même si le standard n’est pas la langue maternelle des
élèves arabophones, on peut difficilement comparer la situation de ces élèves avec celle, par
exemple, d’élèves français apprenant l’histoire ou les mathématiques en anglais ou en
allemand (projets DNL ou EMILE).
Depuis leur apparition, les nouvelles technologies de la langue parlée ou écrite, selon
M. CHAWK (2003), jouent un rôle important dans les enjeux économiques et scientifiques
157
sur le plan mondial. Selon L. PORCHER (2006 :191) : « La concentration sur l’apprenant
amène nécessairement à proposer plusieurs voies d’apprentissage, et, compte tenu de la
diversité de nos rapports aux médias, un tel choix s’impose ici: celui d’une pluralité des
démarches pédagogiques aptes à conduire au même objectif.» En effet, grâce à l’utilisation
d’Internet qui véhicule des informations inestimables diffusées par toutes les langues du
monde, de multiples applications sont apparues pour traiter cette masse d'information. Cette
nouvelle technologie s’est avérée être
être un outil indispensable dans l’apprentissage de la
langue. Dans ce sens F. DEMAIZIÈRE, J.-P. NARCY-COMBES, indiquent :
«Les possibilités offertes par les TIC peuvent être précieuses. Encore conviendra-
t-il de relier leur introduction à des hypothèses et des références théoriques et
méthodologiques mûrement réfléchies. On pourra peut-être alors rêver à un
passage harmonieux de la théorie à la pratique ; recherche-action et TIC offrant à
l'apprenant un environnement d'apprentissage riche et cohérent. » F.
DEMAIZIÈRE, J.-P. NARCY-COMBES (2005 :18)
C’est pourquoi nous souhaitons consacrer un chapitre de la troisième partie qui mettra
l’accent sur l’application de cette technologie moderne pour l’enseignement/apprentissage de
l’arabe.
Pour savoir le degré d’utilisation par les enseignants des nouvelles technologies, nous
leur avons posé la question suivante :
70
Oui 31
70,2
Non 68
70,3
Sans réponse 9
71
Oui 20
71,2
Non 7
71,3
Sans réponse 4
62,9% des enseignants n’ont pas accès aux nouvelles technologies de l’information et
de la communication dans l’enseignement/apprentissage. 28,7% d’entre eux y ont accès et
8,3% n’ont pas répondu. Parmi ceux qui utilisent l’outil informatique, seulement 64,5% ont
accès à Internet.
GENERALITES
Nombre de
question
réponses
N° de la
1 Date de naissance :
1/1 1985 15
1/2 1986 21
1/3 1987 25
1/4 1988 35
1/5 1989 30
2 Sexe :
2/1 Masculin 43
2/2 Féminin 83
3/2 2ème 57
3/3 3ème 30
3/4 4ème 29
4/2 Bac 22
5/1 Actif 98
5/2 Inactif 28
6/2 Bac 18
7/1 Active 31
7/2 Inactive 95
PRATIQUE DE L'ENSEIGNEMENT
8 Selon vous, l'enseignement/apprentissage de l’arabe vous paraît:
8/2 Suffisant ? 33
8/3 Moyen ? 53
8/4 Insuffisant ? 8
10/2 Satisfaisant 41
10/3 Moyen 49
10/4 Insatisfaisant 11
11 De la phonétique et de la prononciation ?
11/1 Très satisfaisant 49
11/2 Satisfaisant 28
11/3 Moyen 28
11/4 Insatisfaisant 12
12 De la dictée ?
12/2 Satisfaisant 50
12/3 Moyen 21
12/4 Insatisfaisant 4
13 De la lecture ?
13/2 Satisfaisant 41
13/3 Moyen 19
13/4 Insatisfaisant 7
14/2 Satisfaisant 35
14/3 Moyen 44
14/4 Insatisfaisant 8
15/2 Peu 60
16/2 Peu 43
17/1 Beaucoup 15
17/2 Peu 35
19/2 Ou en dialecte? 99
20/6 Difficile. 12
21/2 Non 17
LA TECHNOLOGIE DE L’APPRENTISSAGE
23 Utilisez-vous l'ordinateur pour vos études.
23/1 Oui 22
24/2 Non 15
Tableau 2.5 : Résultats n°35 présentant les résultats de l’enquête sur les apprenants
163
2.2.1. Généralités
Selon N. BERTHIER (2006), les critères de sexe, d’âge et le nombre d’année scolaire
des interrogés sont très importants pour analyser le questionnaire, car ils donnent des
indications utiles sur la variété du groupe visé. Nous avons ainsi mené notre enquête auprès
de 126 apprenants.
83
57
43
35
30 30 29
21 25
15
10
2ème
Sexe :
Date de naissance :
1985
1 986
1987
1988
1989
Masculin
Féminin
1ère
3ème
4ème
secondaire êtes-vous ?
1 1,1 1,2 1,3 1,4 1,5 2 2,1 2,2 3 3,1 3,2 3,3 3,4
Figure 2.33 : Résultat n°36 relatif aux renseignements généraux propres aux apprenants
Selon ce résultat, il apparaît que les âges des apprenants correspondent aux étapes du
secondaire et que la majorité de ces apprenants sont de sexe féminin à 66% et 34 % de sexe
masculin. En ce qui concerne le cycle secondaire spécifique, il s’échelonnait sur quatre ans
selon le système de 2003 à 2006 et nous rappelons que notre
notre étude a été faite en 2005.
Actuellement, comme nous l’avons évoqué dans la première partie, ce système a été réduit
d’une année et dure désormais trois ans.
Nous pensons que le niveau social des apprenants, le niveau d’étude des leurs parents
et les professions de ces derniers sont des facteurs qui peuvent avoir une influence sur le
niveau linguistique des apprenants. C’est pourquoi nous avons posé les questions suivantes :
164
Figure 2.34 : Résultat n°37 relatif aux renseignements généraux propres aux parents des apprenants
D’après ce résultat, le niveau d’étude de la plupart des parents est acceptable. Cela
sous entend qu’ils ont déjà étudié l’arabe, même s’ils parlent le dialecte au quotidien.
Q. « Pensez-vous que les parents font des efforts pour motiver leurs enfants à
apprendre l’arabe?
R. Non ! La rémunération des enseignants est trop faible. Donc les parents
encouragent leurs enfants à envisager un autre métier bien rémunéré. » (Entretien
2005).
Selon l’étude de I. CHARANI (1981 :58), 58% des enseignants interrogés attestent
qu’il n’y a aucune coopération entre eux et les parents.
165
Il est possible d’étudier et de maîtriser une langue quel que soit son degré de difficulté
et de complexité, tant qu'il y a une méthode éducative efficace. Pour recueillir l’avis des
apprenants sur l’enseignement/apprentissage de l’arabe, nous leur avons posé la question
suivante:
Très suffisant ? 23
8,2
Suffisant ? 33
8,3
Moyen ? 53
8,4
Insuffisant ? 8
8,5
Très insuffisant ? 9
Si vous choisissez les deux première réponse,
9
Du fait de l'enseignant ? 41
9,2
Sans réponse 15
Figure 2.35 : Résultat n°38 relatif à la pratique de l'enseignement perçue par les élèves
Ce résultat indique que 44,4% des apprenants se disent satisfaits ou très satisfaits de
l’enseignement de l’arabe. 42% des apprenants se
se disent moyennement satisfaits alors que
13,4 trouvent l’enseignement peu satisfaisant ou très insatisfaisant. Cela nous amène à une
autre question. Est-ce que ce sentiment de satisfaction est dû aux enseignants, ou à la méthode
pédagogique utilisée ?
Les apprenants satisfaits avancent le rôle positif de leurs enseignants dans le processus
d’apprentissage. Les activités pédagogiques n’ont pas été citées. En tout cas, le résultat de
l’enquête démontre le rôle déterminant de l’enseignant dans le processus d’apprentissage. A
cet effet, nous avons posé une question à une étudiante :
Nous avons posé les questions suivantes aux apprenants pour une auto-évaluation sur
leurs compétences relatives aux cinq aptitudes. Nous avons obtenu les résultats suivants :
14,5 14,4 14,3 14,2 14,1 14 13,5 13,4 13,3 13,2 13,1 13 12,5 12,4 12,3 122 12,1 12 11,5 11,4 11,3 11,2 11,1 11 10,5 10,4 10,3 10,2 10,1 10
Que pensez-vous
vous de l'apprentissage de la grammaire ?
Très satisfaisant 14
Satisfaisant 41
Moyen 49
Insatisfaisant 11
Très insatisfaisant 11
De la phonétique et de la prononciation ?
Très satisfaisant 49
Satisfaisant 28
Moyen 28
Insatisfaisant 12
Très insatisfaisant 9
De la dictée ?
Très satisfaisant 46
Satisfaisant 50
Moyen 21
Insatisfaisant 4
Très insatisfaisant 5
De la lecture ?
Très satisfaisant 55
Satisfaisant 41
Moyen 19
Insatisfaisant 7
Très insatisfaisant 4
Des échanges langagiers de type communicatif ?
Très satisfaisant 28
Satisfaisant 35
Moyen 44
Insatisfaisant 8
Très insatisfaisant 11
Figure 2.36 : Résultat n°39 concernant les compétences des apprenants relatives aux cinq aptitudes
167
Bien que les résultats rapportés soient démesurés, ils démontrent une faiblesse
générale au niveau de l’enseignement/apprentissage de l’arabe ; ce qui a été confirmé par M.
AL-SAYAD (1987 :16 etc.), lors de nombreuses études. Dans le même ordre d’idée, H.
IBRAHIM, professeur à la faculté pédagogique de l’université de Tripoli rapporte :
Pour être plus proche de la réalité, nous avons posé, dans la même orientation, des
questions différentes pour tester les réponses fournies précédemment.
l'oral ?
Beaucoup 16
Peu 60
Très peu 24
Pas du tout 26
Avez-vous des difficultés en arabe standard au niveau de
l'écrit ?
Beaucoup 15
Peu 43
Très peu 25
Pas du tout 43
Avez-vous des difficultés en arabe standard au niveau de
la lecture ?
Beaucoup 15
Peu 35
Très peu 30
Pas du tout 46
Figure 2.37 : Résultat n°40 montrant la répartition des difficultés des apprenants en arabe standard
168
Autre participation 16
Figure 2.38 : Résultat n°41 relatif aux participations aux cours de l’arabe standard par les élèves
169
Le résultat montre que 56,3% des apprenants ne participent que lorsqu’une question
leur est posée. Ce qui démontre la faible implication
implication de l’apprenant. Ceci prouve le
dysfonctionnement du système éducatif qui ne met pas l’apprenant au centre du dispositif.
Quant aux apprenants lorsqu’ils ont l’occasion de participer au cours d’arabe, quelles
langues utilisent-ils ? Voici la figure qui montre les résultats obtenus :
19
En arabe standard? 22
19,2
Ou en dialecte? 99
19,3
Les deux 5
20
Enseignement en dialecte. 31
20,3
Amour du standard. 0
20,4
Ambiance école. 6
20,5
Difficile. 12
20,7
Figure 2.39 : Résultat n°42 décrivant la langue utilisée dans la classe par les apprenants
170
Ce résultat montre que 78,5% des apprenants utilisent le dialectal en cours d’arabe;
17,4% s’expriment en arabe standard alors que 3,9% d’entre eux utilisent les deux pendant les
cours. Ce résultat est frappant alors qu’un des objectifs de l’enseignement est de permettre
aux apprenants de parler l’arabe standard. Malheureusement ce n’est pas le cas comme
l’indique M. AL-SAYAD dans ce qui suit:
« Le standard n'est utilisé ni par les apprenants ni par les enseignants, et on ne peut
pas acquérir une compétence linguistique sans le pratiquer. » M. AL-SAYAD
(1987 :17).
Nous avons voulu savoir dans la question suivante, si les apprenants souhaitent une
amélioration des méthodes de l’enseignement/apprentissage de l’arabe standard.
Oui 109
21,2
Non 17
22
Figure 2.40 : Résultat n°43 relatif aux souhaits des apprenants pour améliorer l’arabe standard
cette langue. Bien que les enseignants ne soient pas les seuls responsables pour favoriser la
compétence linguistique de l’apprenant, ils doivent jouer un rôle plus actif pour les amener à
mieux s’exprimer en arabe standard. En outre, les enseignants de toutes les autres mastères
doivent participer activement à développer l’enseignement de l’arabe standard.
En fait, n'importe quel domaine des sciences et de la connaissance peut être un apport
à l’utilisation de la langue, et peut ainsi contribuer au développement de l’arabe.
104
0 22
0
7 15
Utilisez-vous Oui
l'ordinateur Non
pour l'étude. Si oui vous
Oui
utilisez Non
l’Internet
23 pour l'étude?
23,1
23,2
24
24,1
24,2
3. Entretiens
Après la collecte des réponses sur le questionnaire que nous avons élaboré, il nous a
semblé nécessaire d’effectuer une visite sur le terrain en allant à la rencontre des enseignants
et des apprenants. Nous avons ainsi rencontré 40 enseignants et 170 apprenants, par paires ou
par groupes, et avons procédé à des entretiens avec eux. Cette démarche de terrain est plus
que nécessaire pour une dynamique de travail. Ce qui est confirmé par N. BERTHIER
lorsqu’il dit :
« II est important de faire parler des sujets de la population d’enquête pour repérer
la façon dont ils abordent une situation ou un objet, comment ils parlent de ce
qu’ils font, quelles sont leurs croyances ou leurs valeurs. Ces entretiens seront
aussi l’occasion d’évaluer les premières hypothèses ou d’en formuler de
nouvelles. » N. BERTHIER (2006 :49).
Nous avons donc rencontré ces enseignants dans le but de discuter à propos de leurs
tâches pédagogiques quotidiennes pour faire ressortir les points positifs et négatifs. Les
réunions ont été individuelles ou par groupe et nous avons procédé par des questions/réponses
directes pour recueillir le plus d’information. Les entretiens ont été enregistrés pendant
presque 5 heures. Nous avons transcrits ces enregistrements et les avons et traduits en
français.
afin de les rassurer, leur permettre de parler librement et de nous livrer des informations
concernant le fonctionnement et/ou le disfonctionnement du système éducatif.
3.1. Difficultés
Des enseignants présentent leurs cours sans prendre le temps de les préparer. Ils se
limitent à lire et citer à la lettre ce qui est mentionné dans le livre.
Des enseignants résument rapidement le cours par la dictée. Cette méthode n’arrange
pas tous les apprenants, notamment ceux qui sont très lents à l’écriture. Les apprenants
qui n’arrivent pas à suivre et qui demandent soit à leurs camarades, soit à leur
enseignant de répéter la ou les phrases ratées, provoquent du bruit.
Des enseignants appliquent la méthode du cours magistral. Ils expliquent le cours
comme s’ils présentaient un journal d’information. Cela empêche les apprenants de
participer au déroulement des différentes activités pédagogiques.
174
métier notamment pour des raisons de volume horaire de travail, du fait que
l’enseignant dispose d’un emploi du temps relativement court par rapport aux autres
fonctions telle la fonction publique.
Le corps enseignant se sent quelque peu marginalisé et moins considéré sur le plan
financier et matériel par rapport aux autres secteurs. Le budget accordé par l’Etat pour
l’enseignement est beaucoup moins important que ceux des autres secteurs ; cela rend
les conditions sociales et économiques de l’enseignant précaires.
Des enseignants sont préoccupés par le fléau de la fraude qui ne cesse de prendre de
l’ampleur. Ils indiquent que pour certains apprenants, la fraude est devenue un droit
acquis et un moyen sûr pour la réussite de leur parcours scolaire. Ces apprenants
affirment que certains de leurs enseignants aussi ont eu recours à la fraude tout au long
de leur formation. Les apprenants sont bien convaincus de trouver un travail à la fin de
leur parcours quelles que soient leurs compétences. Les enseignants pointent du doigt
implicitement l’Etat qui ouvre le champ de travail dans la fonction publique pour tous
les diplômés, même sans aucun critère de compétence ou de qualification.
Les enseignants rencontrés se plaignent de la démotivation et du désintérêt de
l’apprenant face à la grammaire. Mais, selon eux, cette matière est infestée de détails
grammaticaux inutiles et superflus.
Les enseignants se plaignent également du changement permanent des programmes
scolaires. Ces modifications pendant la même année scolaire perturbent en amont et en
aval l’homogénéité du travail pédagogique.
L’autre préoccupation des enseignants concerne le volume horaire. Ils le trouvent
insuffisant pour un programme chargé et dense. Pour cela, ils sont obligés d’aller très
vite dans l’application de ce programme pour le terminer avant la fin de l’année
scolaire. Cela est effectué parfois au détriment de la compréhension des apprenants.
La plupart des enseignants se retrouvent dans cette profession non pas par choix mais
par la faute de l’orientation scolaire exigée par la tutelle.
Il existe un grand nombre de nouveaux enseignants qui manquent de qualifications.
Durant leur formation supérieure, ils n’ont pas eu de modules et unités de formations
liés à la méthodologie et d’autres disciplines ayant un rapport avec les sciences de
l’éducation.
L’ambiance entre nouveaux et anciens enseignants est bonne. Ils parlent d’entraide, de
consultation et de concertation. Loin de toute intervention de la tutelle, il s’agit
176
Ces rencontres ont permis de créer des conditions favorables à des échanges fructueux
à propos du processus de l’enseignement en Lybie.
L’analyse et l’interprétation de l’enquête ont permis de mettre en exergue l’existence
de problèmes dans l’enseignement dans sa globalité et particulièrement dans l’enseignement/
apprentissage de l’arabe.
Pour savoir si notre enquête a mis l’accent sur tous les points relatifs à
l’enseignement/apprentissage, nous avons demandé aux apprenants à la dernière question de
nous faire part de leurs observations. Ils nous ont fait remarquer qu’il aurait été intéressant
d’explorer les facteurs suivants :
25 Autres domaines:
A la dernière question ouverte adressée aux enseignants lors de notre enquête, ces
derniers ont critiqué ouvertement les méthodologies de l’enseignement en Libye. Nous avons
obtenu une longue série de propositions et de suggestions, mais aussi des souhaits et des
espoirs.
♣ Le premier est relatif à la nécessité de bien former les futurs enseignants et pour ceux
qui sont en exercice, leur prévoir des recyclages.
♣ La deuxième relève les opinions des enseignants sur l’importance de la réussite
obligatoire en arabe pour le passage de l’apprenant d’une classe à l’autre.
♣ La troisième catégorie concerne les suggestions didactiques pour relever le niveau de
l’arabe dans les écoles libyennes.
♣ La quatrième catégorie concerne le rôle possible des médias et des centres culturels
pour favoriser l’usage de l’arabe standard.
♣ La cinquième catégorie présente les avis des enseignants au sujet du programme et du
manuel scolaire.
♣ La sixième catégorie estime qu’il faut fournir autant pour les apprenants que pour les
enseignants une documentation riche et accessible à tous.
o Former les nouveaux enseignants pour qu’ils assument leur responsabilité hors
influence sociale (6 occurrences).
o Bien former les enseignants du primaire pour que les apprenants aient un bon niveau
pour les classes suivantes.
o Faire s’engager les enseignants à enseigner en standard.
o Modifier les programmes actuels par un autre meilleur avec la participation des
enseignants plus compétents et expérimentés.
o Faire connaître aux enseignants les nouvelles méthodes d'enseignements de langues.
o Former les Enseignants en leur fournissant toutes les méthodes d'enseignement.
179
o Les enseignants d'arabe dans les universités et les instituts devraient donner le
programme de la langue arabe d'une manière très détaillé, et surtout la syntaxe et les
textes.
o Les enseignants doivent faire participer plus les apprenants dans le dialogue et la
discussion avec l'enseignant et entre eux-mêmes.
o Nécessité d'installer des centres culturels répondant aux besoins culturels des
enseignants et des apprenants.
o La spécialité d’enseignement en arabe doit être dévolue aux enseignants ayant le plus
de motivation et d’envie.
o Des stages de formation pour tous les enseignants (2 occurrences).
o Prendre en charge les aspects sociaux de l’enseignement pour que l’enseignant se
consacre amplement à sa fonction (2 occurrences).
o Faire le tri par la compétence des enseignants pour se débarrasser de ceux qui ne le
sont pas et encourager les meilleurs.
o Bien former les enseignants par des stages de formation gratuits (5 occurrences).
o Bien former les enseignants, afin d'éviter d'engager ceux qui ont de faibles mentions.
o Développer l'enseignement passe par la bonne formation des enseignants.
o Former des enseignants compétents pour réussir l'enseignement/apprentissage.
o Des stages pour relever le niveau de compétence en arabe .
o Le bas niveau des enseignants retrouve dans le processus enseignement-apprentissage
et peut expliquer le bas niveau des apprenants et du programme.
o S'intéresser à la formation continue des enseignants.
o Continuer à former les enseignants après leur sortie de l'université.
o Motiver l'usage de l'arabe standard au quotidien, notamment chez soi et en famille (2
occurrences).
o Mettre à la disposition des références spécialisées en langue arabe .
o Le livre du programme doit être global.
o Les enseignants ne peuvent pas résoudre cette faiblesse du fait des exigences du
programme de chaque année.
o Le manque des stages en formation continue après la sortie de l'université entraîne des
niveaux faibles chez les enseignants.
o Motiver les enseignants et surtout ceux du primaire .
o Choisir des enseignants très compétents pour enseigner au primaire.
o Organiser des visites dans des écoles étrangères.
180
o Conditionner le passage d’une classe à une autre par la réussite en arabe oral et écrit.
o Dans les premières classes préparatoires, les apprenants ne doivent passer dans une
classe supérieure que s'ils ont bien réussi l'arabe.
o Que le programme soit cohérent avec la compréhension et les capacités des
apprenants.
o Il faut s'occuper plus des classes de base et supprimer le système de la réussite
administrative.
o Accorder une importance aux apprenants des classes préparatoires.
o Elever le niveau de l'apprenant, qui est trop faible en développant les méthodes
d’enseignement.
o Faire participer les apprenants dans le processus de l'enseignement apprentissage.
o Eradiquer le phénomène de la triche aux examens.
o Accorder de l’importance à la langue de façon sérieuse.
5.5. Le programme
5.6. Documentation
Cette longue énumération avec laquelle nous avons conclu notre enquête représente
les refoulements, les problèmes et obstacles auxquels sont confrontés les enseignants libyens.
Mais aussi dans cette liste, ils émettent leurs attentes et espoirs, pour redonner à leur
profession la place qui lui revient. Ils ont besoin d’être écoutés et rassurés. En effet, quand ils
ont eu l’occasion de s’exprimer de façon anonyme, ils se sont livrés à un véritable réquisitoire
sur le système scolaire en Libye. Ils disent qu’ils sont prêts à participer à relever le défi de se
réapproprier leur mission dans l’enseignement de l’arabe à condition qu’on règle tous les
problèmes énoncés. L’arabe souffre selon eux, de contraintes multiples entre autres des
méthodes archaïques qui ne conviennent plus au temps présent ni à la société d’aujourd’hui.
Conclusion
contrediront. Ces propositions ont pour but d’améliorer la situation actuelle, en tenant compte
des demandes incessantes des enseignants et des apprenants qui sont apparues après analyse
des questionnaires et des entretiens.
Nous allons insister sur l’importance de l’expression orale comme moyen de
communication. Nous allons également mettre l’accent sur la nécessité de rendre les cours de
grammaire plus accessibles en éliminant l’excès d’explications et d'analyses. Ces analyses ne
sont pas toujours à la portée de l’apprenant. Elles sont difficilement compréhensibles. Pour
cette raison, nous allons proposer que les exemples soient tirés de la vie courante de l’élève en
proposant des activités permettant de pratiquer l’expression orale, en créant des situations
d’interactivité où l’apprenant participe dans des jeux de rôle et des dialogues. Ainsi, il prendra
l’habitude, on peut l'espérer, de s’exprimer en arabe standard, dont l’utilité pour la
communication internationale inter-arabe est indiscutable.
186
TROISIEME PARTIE
CHAPITRE I
VERS UNE APPROCHE COMMUNICATIVE : NOTIONS ET
FONCTIONS
A notre avis, l'orientation légitime vers la pratique de l'arabe standard doit passer par
un apprentissage fondé sur une complémentarité entre les différents besoins sur tous les plans:
linguistique, économique, culturel etc., mais également sur le contenu de cet apprentissage, la
méthodologie mise en œuvre, le public apprenant et la formation des enseignants. L’évolution
de la pratique linguistique et communicative de l’arabe, pour son efficacité, nécessite des
objectifs à court et/ou à long terme qui s’intègrent aux stratégies de l’apprentissage (stratégies
pédagogiques et celles des apprenants). Dans cette optique G. DALGALIAN et al. , indiquent
ce qui suit :
Dans ce sens, nous devons rappeler que, dès 1976, le Ministère de l'Education a
précisé des objectifs spécifiques concernant l'enseignement de l'arabe (mentionnés dans notre
188
mémoire de DEA, 2004: 14) à travers lesquels nous pouvons distinguer cinq types d'objectifs
généraux :
A travers certains de ces objectifs, qui n'ont pas changé à ce jour, l'intention est
centrée sur l'aspect communicatif de l’arabe. Cependant, on ne fait pas le point sur les
stratégies qu’utilise l’apprenant consciemment ou inconsciemment, dans l’unique but de
réussir l'examen dans cette matière.
Nous pensons que cette complémentarité est déterminante pour atteindre les objectifs
arrêtés. Mais, on ne peut pas prétendre les atteindre sans tenir compte des principes éducatifs
sur lesquels ils se fondent. Ces principes jouent évidemment un rôle essentiel dans la
définition d'une stratégie pédagogique générale, dans le choix des activités menées au sein de
la classe et finalement, dans la détermination des compétences. Il faut rappeler que la
189
En effet, les réponses à ces deux questions dépendent, selon nous, de ce que ces
principes éducatifs peuvent faire, pour créer une homogénéité entre cette stratégie
pédagogique et les besoins langagiers au niveau institutionnel et individuel. En conséquence,
une telle homogénéité pourrait générer l'épanouissement de l'esprit et le développement des
facultés créatrices de l'apprenant en arabe standard si, bien entendu, cette homogénéité
correspondait aux attentes de la pratique langagière au sein de la classe. Il est évident que le
choix des solutions dépend des objectifs poursuivis. Ceux-ci doivent être définis en fonction
de la planification d'un programme futur prenant en considération la réalité culturelle et les
aspirations nouvelles des apprenants libyens. Ils doivent également prendre en compte les
besoins présents et futurs de la société libyenne en général.
En conclusion, nous pouvons dire que le contenu des objectifs reflète les motivations
profondes, sur le plan de la culture et de la civilisation, qui conduisent un pays à mettre au
point un programme éducatif pour sa langue nationale. Mais il est illusoire de croire que
lorsque le contenu des objectifs est bien fixé, on arrive nécessairement à un enseignement
efficace. Cela dépend bien entendu des options de ce pays et de sa mobilisation sur les plans
didactique, pédagogique, sociolinguistique et psychologique.
190
« Au collège, l’étude de la langue n’est pas une fin en soi, mais elle est
subordonnée à l’objectif de la maîtrise des discours. Elle se fonde donc sur la prise
en compte des situations de communication. Dans la pratique, elle est liée à la
lecture, à l’écriture et à l’expression orale. Ainsi, les temps spécifiques qui lui sont
consacrés seront intégrés à la progression la mieux adaptée aux besoins et
capacités des apprenants dans ces domaines. » MINISTERE FRANÇAIS DE
L’EDUCATION (2003 :15).
Dans cette optique linguistique, nous pouvons admettre que l’oral et l’écrit sont
inséparables. À ce propos, R. DUDA (1987), considère que les deux composantes ne sont pas
uniquement inséparables mais elles sont imbriquées l’une sur l’autre. Cette coexistence est
191
La conception de l’oral est exprimée à nouveau par F. VANOYE et al. (1981) qui
rappellent que l’oral fonctionne de manière redondante avec les gestes et les mimiques. On
parle actuellement de « l’oralité » qui ne se limite pas, selon J. PEYTARD (1986 :25 etc.) à
l’oral et ses composantes prosodiques. Mais, cette « oralité » engendre un aspect important
de la parole qui est la kinésie, la gestualité communicative, voire le non verbal au sens
large. Dans cette nouvelle vision de l’oral, la parole comprend une composante de nature
verbale et paraverbale résultante des mots avec la prosodie et une composante non verbale
faite de l’ensemble kinésique « gestualité corporelle ».
Par ailleurs, nous ne pouvons pas parler de communication sans évoquer les deux
éléments indispensables, à savoir l’Emetteur et le Récepteur. Quand ces deux éléments sont
présents simultanément, la communication est directe ; ils utilisent la parole, les gestes et les
mimiques dans l’intention de communiquer. Il arrive souvent qu’ils soient à distance,
l’émetteur utilise alors un moyen de communication approprié pour capter l’attention de son
interlocuteur et ainsi transmettre son message. Une langue, parlée ou écrite est un code
composé de signes visuels et sonores. La combinaison de ces signes n’a de sens pour
l’interlocuteur que s’il est apte à décoder le message. Voici le schéma de Jacobson qui
interprète les éléments qui composent la communication langagière :
Donc, les codes oral et écrit ne sont pas identiques. Autrement dit, l’oral et le
193
scriptural sont deux réalisations distinctes dans deux systèmes différents de la même
langue. Cette distinction est encore plus claire dans les registres de langue. L’oral fait
souvent usage de langue courante, relâchée, voire même familière. Selon la terminologie de
BLANCHE-BENVENISTE (1997):
Dans cette optique, à l’écrit, l’énonciateur se trouve dans une situation dans laquelle il
est relativement à l’aise. Ce qui veut dire que dans une telle activité le scripteur est amené à
écrire et à réécrire. Il a également la possibilité d’effacer, de corriger, de recorriger.
Autrement dit, l’énonciateur s’exprimant par écrit est beaucoup plus vigilent et conscient de la
forme et du sens du message. En revanche, à l’oral l’énonciateur ou le locuteur est dans une
situation de spontanéité. Il s’agit notamment, d’un interlocuteur répondant à de nombreuses
interventions des autres interlocuteurs dans une situation d’interaction. E. CANUT rajoute:
L’oral et l’écrit, l’un comme l’autre, se caractérisent par leurs propres règles :
syntaxes, grammaires, etc. La langue est un système qui se réalise de plusieurs façons,
parfois à l’oral ou à l’écrit et parfois à l’oral et à l’écrit. Elle peut être considérée comme
une multitude de variantes énonciatives, aux degrés de complexité syntaxique variables,
selon le schéma ci-dessous de LENTIN (1990):
Figure 3.3: Dualité entre l’oral et l’écrit, (cité par E. CANUT 2006:38).
194
Il s’avère évident que cette distinction mérite d’être bien travaillée en classe de
langue en lui consacrant, nous semble-t-il, une double pédagogie : celle de l’oral avec ses
différents registres et ses règles grammaticales et celle de l’écrit avec ses règles
grammaticales et ses normes. Ceci pourrait peut-être aider à éviter dans un premier temps la
construction de la parole à l’image des structures longues et complexes que l’on rencontre
dans les livres, structures peu utilisées dans le langage ordinaire quotidien, et dans un
second temps d’écrire comme on parle.
Pour faire face à ce problème épineux, il faut introduire en classe des documents
authentiques sonores et écrits afin de familiariser l’apprenant à l’usage spontané de ces
deux modes de réalisation. Or, le travail sur l’oral authentique pose énormément de
difficultés pour l’enseignant dont la compétence langagière n’est pas toujours efficiente.
Nous citons pour cela G. GSCHWIND-HOLTZER qui indique :
« En effet nous pouvons dire que l’expression orale est un aiguillon capital de
plusieurs enjeux de la vie: la qualité de nos relations humaines, la mise en valeur
de notre compétence professionnelle, notre propre développement personnel
comme notre équilibre psychique, notre ascendant et notre aptitude à persuader.
Nous nous interrogerons sur ce qui fait de la parole un pouvoir et sur les limites et
les dangers de ce pouvoir. » L. BELLENGER (1992 :7).
L’utilisation des dialogues serait efficace pour les débutants. Il peut être le point de
départ pour une production plus ou moins ouverte en fonction du niveau de la classe, malgré
son cadre contraignant. Lorsque ces dialogues s’effectuent en arabe standard, ils pourraient
avoir un caractère artificiel pour les apprenants car la langue courant entre eux s’effectue en
dialecte. Ce dysfonctionnement pourrait être évité si on respectait les espaces respectifs
d’utilisation de l’arabe standard. On peut aussi étendre de façon provisoire son champ naturel
d’utilisation. Il n’est pas souhaitable d’imposer aux apprenants des exemples d’un
académisme absolu mais émanant de la vie courante des apprenants.
C’est en effet cette problématique de l’oral qui est à l’origine de notre présente
réflexion pour concevoir un programme de formation susceptible de remédier tout d’abord
aux lacunes langagières des enseignants libyens d’arabe. Il s’agit ensuite de les sensibiliser
pour accorder une place importante à l’oral dans leur pratique de classe.
fréquente aussi bien dans une dynamique discursive que dans une dynamique pédagogique.
Ceci nous amène effectivement à évoquer la dimension pragmatique de l’acte de
communication d’une façon globale et de la production de l’écrit en particulier. En outre, du
point de vue pragmatique, l’expression écrite ou orale est concrétisée par rapport à un
contexte bien déterminé définissant la situation des participants dans un processus d’échanges
langagiers.
L’enfant libyen fait son premier contact avec l’écrit à partir de la première année du
primaire. Au fil des années d’études, en passant par le collège pour arriver enfin au lycée,
l’apprenant de cette langue est censé devenir capable de rédiger « ou produire » correctement
un texte, un paragraphe ou un court récit, avec bien évidemment ses compétences pour
s’exprimer convenablement. Seulement d’après (le tableau)1 correspondant aux horaires
hebdomadaires dans les lycées libyens, on constate que l’écrit ne représente qu’un petit
pourcentage par rapport à l’ensemble des activités pédagogiques. Dans cette optique, une
enseignante rencontrée (2005), estime que, quelle que soit la filière, les activités d’expression
écrite ne sont pas suffisantes, ni satisfaisantes, car elles sont, programmées à une séance de
« 35 mn » par semaine et parfois toutes les deux semaines. De plus, elle précise que faute de
volume horaire dicté par le programme officiel, elle n’enseigne jamais l’expression orale dans
la classe comme une matière à part entière. L’unité temporelle des séances est relativement
courte.
Le sujet de rédaction, proposé par l’enseignant est souvent en étroite relation avec un
projet didactique figurant dans le programme. Il peut aussi proposer un thème de son libre
choix. L’étape suivante consiste à demander aux apprenants de rédiger un paragraphe « un
essai ». Au bout de 30 à 35 minutes, le professeur ramasse les cahiers ou les copies des
apprenants pour ensuite les corriger. Ces copies corrigées, notées et enregistrées sont remises
aux apprenants pendant une séance ultérieure. Ces productions écrites contiennent souvent
des observations et des remarques à la fois sur la forme et sur le fond. La correction semble
avoir « d’après ce qu’on a vu sur le déroulement de l’expression écrite » un effet négatif, car
elle est effectuée sans la présence des apprenants. De plus, l’absence de toute activité portant
sur le compte rendu de l’expression écrite ne permet pas aux apprenants de connaître, en
amont et en aval, les meilleurs moyens et méthodes de la production de l’écrit (rédaction,
expression écrite, essais).
1
Voir page 82.
197
Dans une démarche visant à savoir quelle est la véritable situation de l’expression
écrite, un échantillon de 17 copies1 rédigées par des lycéens et collégiens ont été sélectionnées
de façon aléatoire. L’objectif est de :
En nous référant aux notes attribuées par les enseignants, nous pouvons constater que
les apprenants ont eu des notes souvent au-dessus de la moyenne.
Copies 2 2 4 2 3 2 2 1
Notes 5/5 3.5/5 11/12 10/12 9/12 8/12 5/12 3/12
Tableau 3.1 : Les notes relatives à l’examen des apprenants dans l’épreuve de l’expression écrite
1
Voir quelques exemples à l’annexe
198
Quant à la compréhension écrite dans les écoles libyennes, les apprenants font appel à
un ensemble de connaissances de base portant sur l’interprétation du script en ayant la
capacité d’assimiler la nature ou la relation entre les éléments de l’énoncé (Parties de
discours, monèmes; graphèmes). L’assimilation du sens et la saisie de graphèmes
permettraient la compréhension du message. Comprendre un énoncé, notamment le résultat
des savoirs à acquis antérieurs dépend de la capacité d’appliquer les règles correspondantes à
l’orthographe, la syntaxe et au vocabulaire.
Absence quasi-totale d’une activité d’expression orale qui aurait introduit l’activité de
l’écrit. En se référant aux entretiens enregistrés avec des enseignants de lycée, il s’est
avéré que faute de volume horaire l’expression orale ne figure plus au programme.
L’absence de l’activité orale ne permet évidemment pas aux apprenants de s’exprimer
oralement sur le thème de rédaction. Ceci prive en effet les apprenants d’un des
facteurs les plus importants de la créativité portant sur des activités de l’interaction, le
dialogue et l’échange d’idées.
Par ailleurs, au moment où l’enseignant demande à ses apprenants de commencer la
rédaction, il ne peut pas y avoir assez d’idées et de moyens linguistiques pour enrichir
et alimenter leurs paragraphes.
Un autre point qui est d’une grande importance à notre avis est la question de la
motivation, du fait que les thèmes de rédaction proposés relèvent souvent d’un
caractère idéologique. Devant un tel sujet « pré orienté » les lycéens ne se sentent ni
concernés ni motivés pour s’exprimer.
également considérée comme un « Ensemble des structures et des règles qui permettent de
produire tous les énoncés appartenant à une langue.»
Hachette
Dictionnaire de didactique des langues,
GALISSON, COSTE 1976
Hatier
Grammaires et didactique des langues,
BESSE, PORQUIER 1984
C.U.P.
Language, 2nd edition,
Encyclopedia of
The Cambridge
CRYSTAL 1998
International
langue étrangère et seconde, CLE
Dictionnaire de didactique du français
CUQ (dir.) 2003
Routledge Encyclopedia of language
TYPES DE GRAMMAIRES
Descriptive X X X X
Théorique X X X
Prescriptive X X X
Système intériorisé
X X X X
(compétence chez Chomsky)
Pédagogique (grammaire
X X X X
d’enseignement)
Intermédiaire (grammaire
X X
d’apprentissage)
Référence X X
Traditionnelle X X
Tableau 3.2 : recensement des occurrences de types de grammaire divers dans des ouvrages
britanniques et français, source : Cours de R.DUDA
200
l’arabe. Les nombreux travaux de recherche et d’analyse qui ont suivi ne se sont pas limités
simplement à exploiter cette grammaire. Ils l’ont commentée en effectuant des corrections
pour rectifier quelques versions de ce patrimoine linguistique. En effet, ce domaine de la
grammaire était une matière de cours et d’enseignement à part au niveau des écoles du monde
musulman de Baghdâd jusqu’à Cordoue.
Il faut rappeler que al-ṭahtaw fut parmi les grands littéraires et écrivains égyptiens qui
ont été influencés par la culture et la langue françaises. Son œuvre s’est inscrite dans une
1
Chawki Dhayf, littéraire et historien contemporain né en Egypte (1910-2005) il a produit cinq études qui
traitent le livre al-qurṭubi al-rad ala al-nuḥat portant sur une critique de la grammaire classique.
2
‚ḥiya’al-naḥw (qui signifie littéralement : Renaissance de la grammaire) ibrahim muṣṭafa est l’une des plus
importantes œuvres publiée dans les années trente du 20ème siècle. Ce livre de 200 pages ; préfacé par Taha
HCINE ; prône une approche de renouvellement dans la lecture des règles de grammaire. Cette vision se veut
simple et simplifiée en s’opposant à une ancienne version caractérisée par une forme rigide et complexe.
3
L’écrivain al-ṭahtaw a effectué un séjour de quelques années (1826-1831) dans le cadre d’une mission
égyptienne pour connaître de très près la culture et la langue françaises. L’œuvre de cet admirateur de la culture
française s’est inscrite dans une démarche d’exposé simple et simplifié des règles de la grammaire arabe.
http://www.arabworldbooks.com/Literature/louca.htm et http://perso.hexabyte.tn/chaterkhalifa/perception.htm
202
Malgré ces tentatives pour réformer la grammaire arabe, les conceptions anciennes
sont toujours présentes dans les différentes approches. Autrement dit, ce qui est enseigné
aujourd’hui comme grammaire dans les écoles et les universités est conforme à l’ancienne
méthode. Nous pouvons estimer ce phénomène à travers le volume horaire1 qui présente un
taux du quart au tiers du volume horaire consacré à la matière de la langue arabe. Ce grand
intérêt est concrétisé par la conception d’un manuel scolaire sur la grammaire mis à la
disposition des enseignants et des apprenants à partir de l’école primaire.
1
Voir le tableau p : 82
203
5. d’élever la sensibilité et le goût littéraire à travers des illustrations et divers styles pour
éviter des erreurs: en lecture, et en expression orale.
6. d’entrainer les apprenants à cerner les procédés de dérivation par l’usage de
dictionnaires monolingues (arabe/arabe).
7. de sensibiliser les apprenants par rapport à la spécificité de l’arabe, en différenciant
les formes incorrectes et correctes par rapport à la morphologie, à la structure de la
phrase (terminaisons désinences).
Mais la réalité relève que souvent les apprenants aux lycées libyens n’éprouvent aucun
intérêt pour l’étude de la grammaire arabe. Ce désintérêt n’est pas uniquement l’affaire des
apprenants mais, à notre avis, concerne une large partie des intellectuels. Ce n’est pas le cas
pour les apprenants qui se spécialisent dans la littérature ou les sciences du langage. Leur but
est de réussir le cursus, y compris le module de grammaire arabe. La majorité de ces derniers
estiment néanmoins, que le contenu de ce module est très difficile. Nous citons dans ce cas
abd al-futuḥ qui souligne:
1. Dans la plupart des cas, l’enseignement de la grammaire est basé sur une approche
théorique et abstraite.
2. La prédominance de l’usage de l’arabe dialectal par l’apprenant, notamment en dehors
de l’établissement scolaire.
3. La densité du programme de grammaire.
4. Insuffisance du volume horaire de l’enseignement grammatical. Ce qui a obligé les
enseignants à privilégier la grammaire au détriment des autres matières liées à la
littérature et la stylistique.
204
L’enseignement est appelé à exclure toute activité basée sur un apprentissage, par
cœur des règles syntaxiques plus ou moins abstraites. Cela peut aussi s’expliquer par le fait
que les Arabes de jadis parlaient cette langue sans passer spécialement par un cycle
205
Dans les cas où un apprentissage d’ordre grammatical est prescrit, les explications
grammaticales orales en classe sont évitées puisqu’elles privent alors les
acquérants d’activités vouées à l’acquisition proprement dite de la langue. C’est
pourquoi, dans ces cas, il est plutôt recommandé de recourir à un manuel ou à une
grammaire, hors de la salle de classe. » C. GERMAIN (1993 : 252-253).
En dépit des difficultés rencontrées par l’apprenant dans l’acquisition d’une langue, il
est inévitable d’enseigner la grammaire, puisqu’elle est, en effet, une science, avec ses propres
règles et instruments, spécifiques, qui était omniprésente au fil des siècles. Les Arabes se sont
intéressés à l’étude de la grammaire et de la morphologie pour sauvegarder cette langue.
Donc, pour une expression correcte et éloquente, la grammaire prend en charge les normes
d’une langue dans tous ses aspects sémantiques et morphologiques. Cependant, toute faille
dans ce concept génère automatiquement un disfonctionnement dans la pratique langagière.
De plus, pour que l’apprenant puisse développer l’expression orale en arabe standard, il est
appelé à maîtriser les quatre aptitudes à savoir l’écoute, la parole, la lecture et l’écriture. Ainsi
que les notions grammaticales.
CHAPITRE II
DOMAINES DE PROPOSITIONS DE SOLUTIONS
Cette nécessité est reflétée par les recommandations des enseignants libyens émises
lors de nos entretiens avec eux. Il nous est apparu que les principales difficultés dans
l’enseignement apparaissent dès le premier cycle. Les apprenants arrivent au second cycle
avec un niveau faible qui ne correspond pas à cette étape d’apprentissage de l’arabe.
L’évolution des méthodologies s’est faite en fonction des changements opérés dans les
besoins, les objectifs des enseignants et des apprenants. Dans ce sens, C. PUREN (1998 :268
etc.) considère une méthode comme étant une suite de démarches précises à travers des outils
utilisés pour arriver à un but précis. Dans notre cas, qui est l’enseignement de l’arabe
standard. La méthode doit aider l’enseignant à déterminer une stratégie adéquate pour les
apprenants. Selon le développement de la recherche en didactique, plusieurs méthodologies
sont apparues et ont évolué.
Nous allons tenter de le démontrer dans notre présentation des méthodologies qui sont
apparues depuis le 18ème siècle jusqu’à aujourd’hui. Le tableau suivant résume l’histoire de
ces méthodologies :
Juxtaposition Articulation
Expression orale Compréhension Compréhension
Combinaison
Compréhension Combinaison orale/ orale/Expression
Activités Compréhension
écrite/Expressio compréhension Expression orale orale
langagières orale/Expression
n écrite écrite/Expression Compréhension Compréhension
orale
orale écrite Expression écrite/Expressio
écrite n écrite
Directe,
Indirecte, Directe,
Méthodes active, Directe active
réflexive, Directe, active Active,
… répétitive réflexive
applicative réflexive
La tâche
Pilotage Les exemples
Les documents (scolaire/
Par … /phrases isolées
sociale
Tableau 3.3 : Histoire des méthodologies, source: O. GLAIN-LGT A Thomas Roanne (2006)
209
On peut proposer dans cette partie, un parcours à travers certaines méthodologies qui
ont eu un impact réel sur la didactique de la langue.
Selon A. DISSON (1993 :51 etc.), cette méthodologie affichait une préférence pour la
langue des auteurs littéraires sur la langue orale du quotidien. Elle utilisait systématiquement
façon des exercices de traduction et de mémorisation des phrases. L’enseignement de la
grammaire se faisait de manière déductive c'est-à-dire, par la présentation de la règle suivie
d’exercices répétitifs confirmant cette règle. Dans ce sens que N. HIRSCHSPRUNG parle de
cette méthode avec les propos suivants :
« Elle confère une absolue priorité à la grammaire, le lexique occupant une place
secondaire. Il est abordé soit en relation avec l’aspect grammatical traité, soit de
façon tout à fait aléatoire. La langue source conserve une place prépondérante dans
l’enseignement. L’entraînement est réalisé au moyen d’exercices de traduction,
dont le double objectif est de faire intégrer les règles de grammaire et de faire
assimiler des formes linguistiques. L’expression orale est limitée à l’oralisation de
textes écrits. » N. HIRSCHSPRUNG (2005:28).
Bien que l’acquisition d’une compétence grammaticale soit nécessaire, elle n’est pas
suffisante pour atteindre une compétence communicative, en particulier si la grammaire
s’enseigne de façon traditionnelle, comme l’indique C. PUREN lorsqu’il dit :
« Une grammaire traditionnelle «parquée», savoir mal relié aux pratiques (savoir-
faire) de langue, atteint très vite ses limites et ne répond pas aux besoins
d’amélioration de l’apprentissage. » C. PUREN (1998 : 327).
Dans cette méthode, les textes sont choisis par l’enseignant qui n’a pas besoin de
manuel. Le peu d’intégration didactique de cette méthodologie ne tient pas vraiment compte
des difficultés grammaticales et lexicales des textes.
210
Les résultats décevants générés par ce système ont contribué à la disparition de cette
méthodologie et à l’avènement d’autres théories plus attractives pour les apprenants.
personnelles. Selon C. GERMAIN, trois principes sur lesquels l’enseignement des langues
devrait se baser:
2. L’enseignant ne devrait pas corriger les erreurs produites par les étudiants
pendant l’énonciation ;
3. les étudiants devraient être autorisés à répondre dans l’une ou l’autre des
langues en présence, ou une alternance des deux... » C. GERMAIN (1993 :257).
Le principe le plus important consiste à faire de la salle de classe le lieu des activités
d’acquisition des connaissances. Cela permet l’assimilation de ces connaissances en faisant
appel à des stratégies cognitives conscientes.
L’écrit resté au second plan était conçu comme moyen pour fixer ce que l’apprenant
savait déjà employer oralement par l’écriture. Certains dénomment cet écrit « oral scriptural ».
La démarche vers la rédaction libre passait par la dictée, puis par des reproductions de récits
lus en classe et enfin par des exercices de composition libre. La méthodologie directe
recherche donc un contact immédiat et sans intermédiaire avec la langue à apprendre. Elle a
212
souffert de problèmes internes et externes. Les problèmes internes les plus importants ont été
l’incontrôlable inflation lexicale et l’intransigeance dans l’utilisation de la langue maternelle.
Pour les problèmes externes, on peut citer le refus par les enseignants de cette méthodologie
qui leur a été imposée. C. PUREN a fourni la raison pour cela, en indiquant que :
Les méthodologues actifs revendiquent un équilibre global entre les trois objectifs de
l’enseignement/apprentissage : formatif, culturel et pratique. Ils permettaient l’utilisation de la
langue maternelle en classe, pour assouplir la rigidité de la précédente méthode, sans modifier
le noyau de la méthodologie directe. Ils ont introduit quelques variations telles que
l’assouplissement de la méthode orale, l’usage du texte sa place comme support didactique et
l’apprentissage de la prononciation par la méthode imitative directe. W. AL-CHAR (2001 :8
etc.) indique qu’il y a aussi un assouplissement du vocabulaire par le recours à la langue
maternelle comme moyen d’explication et à la traduction pour expliquer les mots nouveaux.
213
Cette méthode a vu le jour aux Etats-Unis d’Amérique dans les années 1965. Elle a
remplacé l’approche grammaire-traduction. Selon C. CORNAIRE (1998 : 16 etc.), elle a été
initiée par l’armée américaine pour former ses éléments en langue étrangère. Les bases
théoriques de cette méthode sont tirées du modèle structuraliste de Bloomfield et des théories
béhavioristes relatives au conditionnement. L’apprentissage de la langue devient mécanique
car l’apprenant acquiert des structures linguistiques par habitude et automatismes. Le
caractère oral de cette approche se réduit à de simples imitations et de manipulation de
modèles présentés par l’enseignant ou des enregistrements sur bande magnétique. M.E.N.R.T
(1998 : 71) indique que le passage du réemploi dirigé au réemploi spontané ne se faisait que
rarement hors de la classe. Sa validité se limitait donc au niveau élémentaire. Les exercices
sont ennuyeux et démotivants pour les apprenants.
constitué d’enregistrements magnétiques et le support visuel était sous forme d’images fixes.
Outre la priorité de l’oral sur l’écrit, cette méthode sollicitait les quatre compétences, ainsi
que l’expression des sentiments et des émotions. G. GSCHWIND-HOLTZER met en
évidence les valeurs du dialogue dans la méthodologie audio-visuelle dans la citation
suivante :
Le support de l’image dans cette méthode était de deux types : les images de
transcodage qui reflétaient le contenu sémantique du message et les images situationnelles qui
avaient un rôle d’énonciation non linguistique, tels les gestes, les attitudes… Cette méthode
est basée sur une relation entre la situation de communication, le dialogue et l’image. Selon C.
CORNAIRE, chaque leçon dans la classe de langue est composée de quatre grandes parties,
renfermant des activités pédagogiques :
Le groupe du C.R.A.P.E.L. rajoute que dans cette approche, les quatre compétences de
l’apprenant sont sollicitées et développées en fonction de ses besoins langagiers. La langue est
donc conçue comme un instrument de communication ou d’interaction sociale. La maîtrise
des linguistiques (sons, structures, lexique, etc.) constitue la compétence grammaticale qui ne
serait en réalité qu’une des composantes d’une compétence plus globale: la compétence
communicative. L’apprentissage devient un processus actif intériorisé par l’apprenant. Les
activités doivent être variées et nombreuses pour encourager l’expression libre et les
échanges. L’apprenant devient actif dans la négociation du sens et donc conscient de son
apprentissage. L’enseignant devient dans ce cas, un « conseiller » qui doit recourir soit aux
documents authentiques soit à des supports.
P. RILEY (1977 :109) indique que les contenus des projets pédagogiques dans
l’approche communicative étaient certes plus authentiques et plus car ils prennent interactifs
prenant en compte les grands principes pédagogiques : contexte, centration sur l’apprenant…
Cependant, ils tombaient parfois dans des incohérences des excès et relevés par les critiques
des spécialistes de l’enseignement. La langue orale a été tellement prédominante dans le cours
216
« II est vrai que l’approche communicative peut sembler moins pertinente dans le
cas de la compréhension écrite que dans le cas des aptitudes orales. Ceci est
particulièrement vrai dans le cas de discours extrêmement spécialisés, où la
maîtrise fonctionnelle des documents par leurs lecteurs peut être assurée: ils savent
où trouver l’information dont ils ont besoin, savent que telle ou telle section du
document fournira une explication. » R. DUDA (2000 : 19).
Une nouvelle approche communicative est apparue en 1990. Elle est appliquée.
D’après N. BAILLY et al. (s.d.) suite à de nouvelles instructions officielles qui démontrent les
lacunes relatives à l’absence de l’écrit et de la grammaire. Elle a défini quatre compétences
nécessaires pour les cours de langue: compréhension orale, production orale, compréhension
écrite et production écrite.
« Dans le Cadre Européen Commun de Référence pour les langues, il existe une
cinquième compétence contenue dans l’expression orale qui est scindée en deux : la
production et l’interaction ». Cette approche préconise le principe d’une progression
cohérente dans l’apprentissage pour aller du simple au complexe, du général au particulier et
du connu vers l’inconnu. Dans ce cas l’apprenant se voit encouragé pour fixer des stratégies
d’interaction, d’auto-évaluation et de réflexion sur son enseignement.
Le tableau suivant décrit les démarches du conseil de l’Europe entre les deux
méthodes sur un plan historique:
217
De cette comparaison, on peut dire que l’approche actionnelle est née de l’approche
communicative et s’est inspirée de toutes les autres méthodes précédentes. Pour plus de
détails, nous passons en revue cette approche.
C’est une approche basée essentiellement sur l’action concrète pour aboutir à un
résultat dans le cadre d’un projet global. Cette méthode adapte d’autres mesures et notamment
celle qui consiste à répartir les apprenants dans des groupes de compétences ou groupes
d’activités langagières. L’action est de susciter et de créer une interaction pour stimuler le
développement des compétences réceptives et interactives. L’acteur social prend ici le dessus
sur le locuteur. R. PATRICK indique au sujet de l’approche actionnelle ce qui suit:
Elles ne mettent cependant pas en cause l’existence d’une tâche qui est la marque
d’un enseignement répondant aux exigences d’un enseignement
communicationnelle. Par la tâche, les apprenants deviennent effectivement actifs et
le travail prend sens à leurs yeux. La tâche favorise leur engagement personnel
dans l’apprentissage. » R. PATRICK (2006).
l’intérieur d’un domaine d’action particulier. Nous citons pour cela les exemples simples
suivants: « Faire un plat à partir d’une recette, monter un meuble à partir d’une notice ».
« Ces tâches seront conçues pour focaliser l'attention de l'apprenant et son accès à
la prise de conscience. Les individus n'ont pas tous la même expérience parce
qu'ils ne font pas attention aux mêmes choses, même dans des situations
d'apprentissage très focalisées. On se rappellera quelques points importants. » F.
DEMAIZIÈRE, J.-P. NARCY-COMBES (2005 :9)
L’approche actionnelle insiste donc sur la communication entre les personnes et place
l’apprenant au centre du processus d’apprentissage, pour le rendre actif, autonome et
responsable de ses progrès. Les activités langagières s’inscrivent elles mêmes à l’intérieur
d’actions au cas où les actes de paroles se réaliseraient et cela dans un contexte qui leur
donnerait une signification. On parle de « tâche » dans le cas où l’action est réalisée par un
sujet qui mobilise stratégiquement les compétences dont il dispose, en vue de parvenir à un
résultat déterminé. L’approche actionnelle prend aussi en compte les ressources cognitives,
affectives et l’ensemble des capacités que possède l’acteur social en les mettant en œuvre. La
citation suivante clarifie le pourquoi de l’adoption d’une approche actionnelle :
« Adopter une approche actionnelle dans notre enseignement, c'est entraîner nos
apprenants à accomplir des tâches à l'aide de l'outil linguistique, de la plus
élémentaire, faire passer son message dans un énoncé unique, jusqu'à la réalisation
en groupe d'un projet complexe à long terme. »
Source: (http://domisweb.free.fr/cadre/index.php/tasks/)
de la production écrite mais peuvent avoir des lacunes en expression orale ». En fonction de
leur progression les apprenants ont aussi la possibilité de passer d’un groupe à un autre. Le
conseil d’école ou le conseil d’administration aura la charge de constituer ces groupes, ou
pourra négocier avec les apprenants eux-mêmes. Il est important que le regroupement ait un
sens pour les apprenants car le niveau de maîtrise des compétences permet un travail collectif,
et un investissement plus réel dans leur apprentissage.
Dans cette optique, le travail en groupe est très recommandé pour cette approche
pédagogique qui essaie de mettre en œuvre des apprentissages ainsi que leur évaluation. Par
conséquent, il serait préférable de se concentrer sur le projet de l’équipe d’enseignants ainsi
que leur démarche pédagogique en classe.
221
Depuis des années, l’apprentissage des langues se trouve au centre des débats entre
didacticiens, linguistes, méthodologues, pédagogues, psychologues et enseignants. Le but
consiste à déterminer le rôle que doit jouer l’apprenant dans l'apprentissage d’une langue
donnée. Cela permet ainsi à l'enseignant de modifier la pratique antérieure et d'utiliser une
méthode plus adaptée aux besoins langagiers de l’apprenant. Celle-ci a pour mission de
distribuer de nouveaux rôles aux enseignants et aux apprenants et de permettre à la pratique
langagière d'avoir de nouvelles pistes. G. HOLTZER précise cette distribution de rôles dans la
citation suivante :
Cela nous conduit à mettre en relief les attitudes des apprenants de nos jours, comme
souligné par R. GALISSON (1994 :10 etc.) qui met l'accent sur ces problèmes dans une étude
comparative entre la didactique « d’hier » et celle « d’aujourd’hui ». Selon lui, l'apprentissage
des langues ne peut pas aboutir à des capacités communicatives sans que l'apprenant ne
partage la responsabilité de l'organisation de cet apprentissage.
Dans ses analyses, R. GALISSON incite les méthodologues, ainsi que les
« praticiens » à faire « confiance aux apprenants » pour organiser l'apprentissage. Car, sans
cette participation, la restitution du message communicatif reste atrophiée, comme l'a indiqué
d'ailleurs, C. ROGERS (2002). Et E. BERARD rejoint ce point de vue :
« En fait, une des meilleures façons d'impliquer l'apprenant dans son apprentissage
est de le faire participer à la gestion de cet apprentissage. » E. BERARD (1989:
108).
Certes la focalisation sur l'apprenant ne vise pas à isoler l'enseignant. Elle cherche
plutôt à lui attribuer un autre rôle issu d'une pédagogie non directive. Ce qui permet, par
ailleurs, à l'apprenant d'effectuer une intégration dans l'apprentissage. Pour un
apprentissage réussi, cette intégration doit être totale. En plus, quant à nos apprenants
d'arabe standard, ils doivent tenir compte du rôle que joue l'institution dans la
222
Les manuels scolaires en Libye sont centrés sur une méthode traditionnelle qui ne
favorise pas l’autonomie de l'apprenant. De ce fait, la motivation de ce dernier se heurte au
bloc enseignant/méthode qui concentre ses efforts de préférence sur le contenu. En d’autres
termes, l’apprenant libyen est confronté à un système d’évaluation très exigeant de ses
différentes productions écrites. Cependant l’apprenant qui attend de son enseignant des
motivations et des encouragements finit par être déçu par un système de notation rigoureuse.
Cette rigueur est due au fait que les méthodologies appliquées correspondent au système
d’évaluation des productions écrites.
Les besoins langagiers de l'apprenant ne sont pas pris en compte dans la définition des
méthodes et des objectifs de l'apprentissage en Libye. En revanche, le modèle moderne utilisé
dans les pays développés favorise la participation de l’apprenant et son autonomie. Nous
pouvons citer le paragraphe suivant proposé par F. DEMAIZIÈRE, J.-P. NARCY-COMBES:
lors des échanges langagiers hors tâches. Dans un dispositif où cohabitent macro-
tâches et micro-tâches, en fonction de ses besoins, l'apprenant travaillera dans un
environnement où il a des interactions langagières non purement scolaires, sans
être perturbé par le changement entre une situation scolaire et une situation sociale
de la vie "réelle" et il sera soutenu par une médiation qui lui permettra de
compenser les problèmes d'apprentissage qu'il rencontre par un entraînement
spécifique (micro-tâches). » F. DEMAIZIÈRE, J.-P. NARCY-COMBES (2005 :8)
Nous avons noté lors de notre enquête que la plupart des enseignants du secondaire en
Libye se basent sur des méthodologies traditionnelles axées sur le cours magistral car ils
considèrent que l’apprenant est incapable d’être autonome. En revanche, peu nombreux sont
ceux qui font participer les apprenants et cette participation est limitée uniquement au jeu de
questions/réponses établi par l’enseignant. Nous pensons que dans les deux cas le rôle de
l’enseignant reste autoritaire vu qu’il n’accorde pas suffisamment d’opportunités à
l’apprenant pour participer réellement au cours. Le rôle de celui-ci se limite à écouter et
recevoir ce qui est dit ou ce qui est expliqué par l’enseignant. Dans le cas où il y aurait une
participation des apprenants, il s’agirait souvent de ceux qui sont motivés, l’élite de la classe.
Etant donné le peu d’intégration didactique de ces méthodes, toutes les séquences sont
organisées, mises en œuvre et appliquées uniquement par l’enseignant lui-même. Alors que
les méthodes modernes s'appuient sur des tâches proposées à l’apprenant. Dans ce sens nous
pouvons citer l’exemple suivant :
Nous pensons que tout processus d’apprentissage comporte trois axes: l’apprenant,
l’enseignant et le contenu. L’enseignement/apprentissage doit réaliser des interactions entre
ces trois pôles comme le montre le schéma suivant :
Enseignant
Apprenant Contenu
Autoformation
L’enseignant n'est plus la seule source de connaissances mais plutôt celui qui aide
l’apprenant à atteindre des objectifs bien déterminés. Son rôle est de favoriser chez les
apprenants l'apprentissage autonome en prenant en compte ces trois aspects. Dans ce sens,
L’enseignant doit jouer un rôle primordial dans la transmission des savoirs de façon
claire et précise. Il doit permettre aux apprenants de développer leur autonomie dans
l’apprentissage. L’enseignant devient alors un animateur guidant les apprenants afin de
permettre un processus d’enseignement dans sa relation avec le contenu. Ce qui lui permet de
le transmettre de façon efficace. Le Ministre Français de l’Education (2003) va dans ce sens et
doivent être organisées et gérées par l’enseignant. Ce dernier
rajoute que ces interactions doivent
propose des activités aux apprenants en éveillant leurs capacités de déduction et de découverte
afin de construire leur propre savoir. Dans la même idée, J. SHEILS indique que:
« Pour instaurer des conditions favorables à cette approche centrée sur l’apprenant,
il faut d’abord étudier comment mettre en œuvre l’interaction au sens étroit du
terme, c’est-à-dire comment inciter les apprenants à communiquer entre eux.
225
L’expression orale n’est pas seule concernée, il s’agit d’une approche intégrée des
aptitudes. » J. SHEILS (1991:8).
Pour cela, l’enseignant doit mettre en œuvre des stratégies pour amener les apprenants
à travailler collectivement. Il est essentiel d'organiser le travail en groupe afin que chaque
apprenant prenne plus de temps de parole et que le rythme de travail soit moins pénible, aussi
bien pour les apprenants diligents que pour les apprenants moins rapides au niveau de
l’assimilation. Quelques résistances apparaissent néanmoins et dans certains cas,
l’appréhension que suscite le travail en groupe peut même constituer un obstacle
psychologique à l’innovation.
En Libye, les cours se font dans des conditions qui ne respectent pas les critères
pédagogiques modernes dans la mesure où les salles sont surchargées et mal organisées. Les
tables de classe sont disposées les unes derrière les autres. Dans une telle disposition,
l’enseignant n’interagit en grande partie qu’avec les apprenants assis dans les premiers rangs.
Le reste des apprenants sont, soit en position de spectateurs, soit en train de griffonner et ne
participent pas pleinement au déroulement du cours
A notre sens, l’organisation de l’espace au sein de la classe permet aux apprenants une
bonne vision et une meilleure audition. Ce qui leur permettrait une participation équilibrée et
une meilleure compréhension. Ce qui facilite la tache de l’enseignant dans la mesure où il
essaie de répondre efficacement aux besoins individuels des apprenants, en prenant en
considération leurs différents niveaux d’assimilation. Cette organisation fait améliorer les
types d’échanges et d’interactions.
226
Figure 3.6 : Configuration spatiale de la classe, source : J-D. HADDAD (1997 :34).
Bien que cette forme favorise une meilleure solution, l’école libyenne a besoin
d’augmenter le nombre de classes pour pouvoir appliquer ce genre de rangement.
Le concept de document authentique en didactique des langues est apparu dans les
années 1970. Il s’agit de documents non composés à des fins pédagogiques et destinés à des
locuteurs natifs. Ce qui permet d’ancrer l’apprentissage.
L’utilisation des documents authentiques dans les écoles Libyenne est très limitée
voire absente. Au cas où il y en aurait, l’enseignant ne fournit aucun effort pour l’utiliser.
Cela a été observé dans les registres des inspecteurs pédagogiques et a été confirmé par les
enseignants rencontrés lors de notre visite dans les établissements scolaires. D’après eux, les
227
Malgré le peu de recherche dans ce domaine, nous avons pu lire une étude à la faculté
pédagogique présentée en 2000, réalisée par W. AL-QAMATI « Etude pratique relative à
l’utilisation des documents authentiques par les enseignants du secondaire à Tripoli ». Celle-
ci démontre la rareté des documents authentiques dans les écoles libyennes et l’incapacité des
enseignants à les utiliser.
« Dans notre esprit l’exploitation de ces documents doit permettre aux apprenants
de s’affranchir graduellement de la médiation enseignante pour prendre en charge
le choix et l’utilisation personnalisée de documents en langue étrangère, de plus en
plus disponibles par ailleurs. » R. DUDA (2000 :18).
L’enseignement d'une langue peut viser des objectifs de deux natures : soit sur des
objectifs d’apprentissage portant en général sur l’étude de la langue et que le manuel
pédagogique peut atteindre, soit des objectifs communicatifs qui ne peuvent être atteints
qu’avec l’usage de documents authentiques.
enseignants d'arabe préconisent l’usage de corpus authentiques entendus comme des messages
écrits, sonores ou icôniques produits par des arabophones en fonction des situations de
communication. C. CORNAIRE indique dans ce sens que :
Ces documents permettent de répondre aux divers besoins et aux motivations des
apprenants et de leur fournir de nombreux échantillons de situations de communication. Ainsi,
ils peuvent aider à diversifier au maximum les registres de langue et à assurer l’usage de
celle-ci, donc à enseigner une langue qui soit aussi proche de la réalité que possible.
Le document authentique peut servir l’usage réel de l'arabe. Cette réalité langagière,
selon le C. R. A. P. E. L., peut se manifester sous diverses formes : sonore, audiovisuelle et
écrite: conversation entre les membres de la société, articles de la presse écrite, émissions
radiotélévisées, CD-ROM, publicité, débats, bulletins météorologiques, interviews, livres,
photos, affiches, spots publicitaires, bandes dessinées, menus de restaurant, cartes postales,
circulaires administratives, etc. Bref, tout ce qui est porteur d’un certain message et qui vise à
le communiquer à des arabophones. Cela n'implique pas le rejet total du document
pédagogique. Ainsi, nous pensons que le document authentique peut être utilisé parallèlement
au document pédagogique, car ce dernier peut, mieux que le premier, permettre de travailler
sur la langue et d’assurer dans une certaine mesure, son aspect communicatif. Dans ce sens C.
OIHA souligne :
fonction des objectifs d’apprentissage. L’objectif d’un document authentique écrit est donc
d’amener les apprenants à la compréhension écrite de l'arabe. D’autre part, il serait utile que
l’usage didactique du document authentique écrit s’éloigne de la construction de phrases
correctes (usage) et s’ouvre vers l’usage effectif du discours écrit dans le but de communiquer
graphiquement certains messages.
230
CHAPITRE III
UNE EDUCATION POUR DEMAIN CONTRIBUE A LA
REFLEXION ET A LA RECHERCHE PEDAGOGIQUE
La qualité des disciplines et des programmes sera développée avec des moyens
éducatifs efficaces pour l’enseignement/apprentissage de la langue. A ce niveau, une
révolution linguistique s’impose. Celle-ci devra être basée sur des méthodologies nécessaires
qui auront pour acteurs principaux l’enseignant et l’apprenant. Un tel projet exige une
formation permanente des enseignants. Le principe appliqué est « la formation pour la vie »
défini par la commission internationale de l’enseignement du 21ème siècle, (DELORS 1996).
Ce principe se décline en ce qui suit :
• La personne se forme
• Comment elle se forme
• Comment elle fait
• Comment vit-elle avec les autres
• Comment sera-t-elle
Selon E. RUDWAN (2003 :19), ceci nous amène, à créer de nouveaux styles dans
l’utilisation de la langue, ce qui nécessite de développer des actions économiques que certains
appelleront l’industrie linguistique ou technologie de la langue. L’apparition de nouvelles
231
« Une éducation aux médias n’a de chance d’aboutir que si elle prend place à
l’intérieur d’une éducation à la communication. Simondon a définitivement
montré, de manière exemplairement prémonitoire, que les « objets techniques »
devenaient des êtres sociaux, qu’il y avait des sociétés d’objets techniques, et que
ceux- ci demandaient l’élaboration d’une science spécifique: la technologie. » L.
PORCHER (2006 :15).
Nous citons à titre d’exemple un outil envisagé en France pour être utilisé à
l’ensemble des apprenants français, selon « le Journal du Net ». Il s’agit du modèle ci-après :
Ce modèle pourrait être appliqué en Libye, surtout qu’il existe un programme, d’après
le site de la société Kadhafi pour le développement qui vise, avec l’apport de l’ONU à mettre
un ordinateur à la disposition de chaque apprenant. La Libye a été choisie parmi d’autres pays
233
Nous allons illustrer cette application par des exemples pour ceux qui disposent d’un
ordinateur avec ou sans connexion à l’internet.
Les scientifiques ont réussi à acquérir un haut niveau de connaissance sur la technique
du traitement linguistique dans le domaine des nouvelles technologies. Ce qui leur a permis
de mettre en place des programmes informatiques pour la numérisation des données. Dans ce
sens, D. ABRY définit ces nouvelles techniques comme suit:
L’écriture, dans le premier cycle, devrait se limiter à des termes et des phrases suivies
par la correction, ce qui constitue en soi un examen. Il aurait été souhaitable qu’elle soit
précédée par une phase d’enseignement et d’apprentissage par l’utilisation des médias pour
une meilleure assimilation. Cette méthode ne sera que plus attractive et agréable. L’apprenant
pourra ainsi corriger lui-même ses erreurs et pouvoir réécrire le texte de façon correcte. Ceci
renforcera l’attachement de l’apprenant à la langue. Cela permettra aussi à l’enseignant de
s’approprier un outil adéquat pour un suivi individualisé de ses apprenants.
gouvernement libyen ne se fera pas du jour au lendemain. Nous proposons aux enseignants
libyens un logiciel « bibliothèque électronique » disponible dans les boutiques informatiques
téléchargeables sur les sites1 et aussi une bibliothèque électronique en ligne2. Cette
bibliothèque a connu deux éditions, la première contenait « 1800 » livres et la deuxième
(actuelle) « 2186 », portant sur les matières telles que la langue, la littérature, les sciences,
l’histoire etc. Nous pouvons présenter l’exercice suivant :
Nous recherchons dans cette bibliothèque, un ancien poète arabe : Amr Al Kais.
1
http://www.alwarraq.com,
http://www.islamway.com/index.php?iw_s=library&iw_a=bk&id=1601&lang=1
2
http://www.shamela.ws/,
236
considérablement aidé dans la préparation de leurs cours. Nous citons le témoignage d’un
enseignant :
« Concernant la bibliothèque virtuelle, je l’ai exploitée. En effet, elle m’a été d’une
utilité certaine par rapport au passé où j’étais obligé des fois de me procurer des
ouvrages de l’étranger. Désormais, je peux préparer mes cours à l’aise et dans les
délais. Je suis pleinement satisfait. » (Reçu par Mail en janvier 2008).
L’informatique a prouvé son utilité dans le domaine de l’écriture car elle pousse
l’apprenant à une écriture juste par la maîtrise de l’outil informatique. Celui-ci est assuré d’un
apprentissage suffisant pour retenir le texte et pouvoir le restituer par le traitement du
vocabulaire arabe. Cet outil lui sert aussi pour faire apparaître les fautes de la dictée et les
fautes grammaticales. L’étudiant est devant son écran et voit le texte qu’il écrit directement. Il
peut le modifier, le corriger à l’aise et par là il a moins de pression. Dans ce contexte, il existe
des logiciels par exemple (Word) en arabe qui peut être utilisé dans le traitement de texte, la
traduction, la correction de la grammaire, la dictée et la recherche des synonymes etc. Nous
donnons un exemple dans l’exercice suivant :
Parmi les aspects positifs que peut tirer l’apprenant de cet outil:
Il s’agit d’un logiciel qui peut être, par fois, utilisé pour résoudre le problème du
bilinguisme et de la traduction. Il a deux fonctions : la traduction et la prononciation des mots
en arabe standard. Il a d’autres fonctions telles l’activation du dictionnaire en français ou en
arabe, l’ajout d’une nouvelle langue par le clavier, l’aide, le changement de l’interface du
dictionnaire et la recherche avancée.
Ce que l’on peut dire est que l’Internet peut aider les enseignants de langue pour tirer
profit au mieux des possibilités offertes par cet outil soit dans l’information, soit dans la
communication.
Un moteur de recherche est un logiciel qui permet de retrouver des ressources (pages
Web, forums, images, vidéo, etc.) associées à des mots selon ce que l’on recherche. Il permet
aux enseignants/apprenants d’effectuer des recherches soit par thèmes ou par texte ou tout
simplement par mot. Il est utile de savoir que plus la recherche est pointue, plus il est facile de
trouver ce qu’on veut. Il existe des moteurs en version arabe tel que Google présenté ci-après :
Ce site permet d’effectuer des recherches soit par auteur, soit par thème. Si on est
intéressé par un auteur, il nous livre l’ensemble de ses articles. Si on est intéressé par un
thème, il nous livre tous les auteurs ayant écrit dans ce thème. Par exemple, on recherche
l’auteur « DUDA » dans le moteur de recherche du site.
Le moteur de recherche de ce site nous a fourni tous les articles de R.DUDA publiés
dans les Mélanges depuis 1972 jusqu’à 2006. Ces articles sont écrits par lui seul ou en
collaboration avec d’autres auteurs. Nous avons choisi l’article de R.DUDA 2006
240
L’article étant en anglais, nous avons besoin de le traduire en arabe et pour cela nous
allons recourir à un site de traduction grâce à Google. Il nous reste à copier le texte de l’article
qui nous intéresse, et le coller sur la partie traduction de Google. Si le texte est en anglais, on
choisi l’onglet traduire anglais/arabe et on clique sur l’icône "traduire". Le résultat est le
suivant :
Si le texte choisi est en français, par exemple, on choisit sur la liste des options la
traduction du français vers l’anglais. Le résultat sera un texte en anglais. On effectue un copié
collé du texte pour le traduire de l’anglais vers l’arabe. On rappelle que la traduction est
automatique. Ce qui ne garantit pas la fidélité du sens du texte. Toutefois, si les utilisateurs
sont des enseignants de langue, ils pourront facilement interpréter le texte dans son sens
initial.
241
Les sites internet se différencient des autres médias par trois canaux d’accès
complémentaires : l’image « animée ou pas », le texte écrit et parfois le commentaire oral.
La compréhension devient facile pour l’apprenant qui peut adopter une stratégie de
compensation au cas où il ne comprend pas le sujet oral ou écrit. Il peut retirer une
information des images à condition que les questions soient ouvertes.
Plusieurs outils de communication par Internet sont désormais accessibles. Les plus
utilisés sont le courriel, les listes de diffusion, les forums, les messageries instantanées, les
Tchats, la vidéoconférence et les blogs. Si on choisit des échanges synchrones par exemple
dans les forums ou dans les Tchats, il faut prévoir des tranches de temps précis où tous les
interlocuteurs sont connectés. Dans le cas de groupe, cela demande plus d’organisation,
surtout que certains outils, comme le Tchat, exigent la répartition en petits groupes. Les
échanges asynchrones, à l’inverse, offrent une souplesse beaucoup plus grande mais sont en
général ressentis comme moins conviviaux.
On doit disposer en premier lieu d’un courrier électronique. Il permet d’effectuer des
échanges se font entre deux personnes éloignées ou pas et constitue un outil très utilisé pour
recevoir/envoyer échanger des messages électroniques.
Les salons de bavardage appelé « Tchat » est le moyen le plus simple pour
communiquer en temps réel avec les autres personnes. Il consiste à échanger des messages
interactifs. On peut y joindre des photos ou dessins etc.
Il s’agit de forums de discussion sur des thèmes qui motivent l’interlocuteur concerné
à lire et écrire. Après avoir lu les opinions déjà exprimées, ils enverront les leurs (par courrier
électronique) à l’un des débats proposés et les verront ensuite affichée, après correction des
fautes orthographiques.
242
CHAPITRE IV
EXPERIMENTATION D'ACTIVITES DESTINEES A AMELIORER
L'ENSEIGNEMENT
Il est nécessaire pour les enseignants de langue arabe d’appliquer des principes issus
de la didactique de l’expression orale. Ils se sentiraient ainsi plus à l’aise dans l’enseignement
de cette compétence, et pourraient acquérir de nouveaux savoir-faire utiles pour la classe
d’arabe. Il s’agit probablement des quatre compétences dont l’expression orale met le moins à
l’aise, dans le sens où elle est également liée à des savoir-être et savoir-faire qu’il faut
posséder dans sa propre langue. La pratique de l’oral doit impliquer une interaction langagière
adaptée en classe en instituant un dispositif structuré, et cela autour d’une finalité qui est celle
d’accorder une place sociale à l’oral. C’est ce que confirme DEMARCY, quand il dit :
L’expression orale est souvent pratiquée en lien avec les dialogues déjà exploités dans
la compréhension orale, et avec l’objectif de réutiliser les structures et le lexique déjà acquis.
Pourtant, d’une part, cette manière de pratiquer l’expression orale ne prend pas en compte la
dimension sociale de l’interaction. D’autre part, il est recommandé de développer
l’imagination et la créativité des apprenants. Un dialogue entre un enseignant et son apprenant
sous forme de question/réponse est réducteur. Ce type d’échange n’est pas placé dans la
situation de la vie quotidienne. Selon N. HIRSCHSPRUNG (2005 : 24 etc.), il serait mieux de
développer, depuis le début de l’apprentissage entre les apprenants, des dialogues en contexte.
Un apprenant peut être chargé de noter les fautes de ses camarades lors d’une séance
de jeu de rôle ?
M. ? Vrai
N. ? Faux
J. ? oui
K. ? non
245
O. ? on organise des travaux de groupe, des jeux, des activités créatrices, mais
la classe est bruyante.
P. ? on propose des exercices, des devoirs et on met des notes aux apprenants
Q. ? Il n’y a rien à faire, il est impossible d’être efficace dans cette situation.
R. ? le professeur
S. ? l’apprenant
Pourtant, compte-tenu des spécificités de la langue arabe standard que nous avons
décrites, il est difficile de trouver des supports oraux représentatifs de la langue orale dans des
situations de la vie quotidienne. C’est pourquoi, nous proposerons d’exploiter des documents
écrits qui permettront de découvrir des éléments linguistiques utiles pour la pratique orale.
Nous pourrons aussi parfois nous appuyer sur des documents issus de la radio ou de la
télévision. Voici un exemple d’activité de découverte de vocabulaire et d’expressions à partir
d’un support écrit, susceptible de servir l’Expression Orale:
247
La moralité
Le thème principal choisi est de confronter deux articles portant sur la moralité.
A partir des deux textes proposés aux apprenants, il leur est demandé d’établir une
liste de toutes les expressions indiquant explicitement que les auteurs de ces articles
traitent un code moral.
De ces extraits, il y a lieu de relever toutes les expressions ayant un lien avec ces trois
thèmes
Le rapport de conséquence se trouve à plusieurs reprises dans les textes. Les adverbes
qui l’expriment établissent de façon logique la conséquence d’un fait.
Pour découvrir la prononciation de la langue orale, nous pourrions utiliser dans des
laboratoires ou des salles informatiques un produit comme (Tap’Touch’), un logiciel de
langue interactif. Il est composé de plusieurs fonctions qui concernent l’enseignement/
apprentissage :
Pour accéder à ce logiciel, il s’agit d’ouvrir un compte avec le choix d’un pseudonyme
et d’un mot de passe. Ensuite une liste composée de différentes fonctions d’apprentissage de
la langue s’ouvre : l’apprentissage, la dictée, le perfectionnement, la pratique, le journal, les
statistiques, le Web, l’ergonomie, l’espion1, l’impression, et les jeux. S’agissant d’un logiciel
pour l’apprentissage de la langue française, nous le proposons aux services des documents
authentiques du Ministère Libyen de l’Education, afin de prendre contact avec le concepteur
de ce logiciel pour en concevoir un en langue arabe. Nous avons choisi en exemple la
fonction de dictée pour illustrer l’exercice suivant :
Nous demandons aux apprenants d’ouvrir leurs comptes, et de cliquer sur l’option
dictée avec le choix d’un texte configuré. La voix propose une lecture du texte avant de
commencer.
1
L’espion : dispositif d’écoute électronique qui permet d’évaluer la performance de frappe lors du traitement du
texte ou autre logiciel.
249
La dictée se fait par phrase prononcée puis écrite par l’apprenant. La phrase suivante
est prononcée et écrite par l’apprenant, et ainsi de suite. Celui-ci peut réécouter plusieurs fois
et à sa guise la phrase, pour mieux l’enregistrer cela jusqu’à la fin du texte. La voix du
logiciel lui propose d’effectuer l’opération de révision ou de la correction, comme indiqué
dans l’image suivante :
dictée, texte remis à la fin de la dictée, texte après les révisions, corrigé de la dictée,
statistiques de frappe, comme indiqué dans l’image ci-dessous :
Nous avons le choix d’enregistrer les résultats ou de les imprimer en cliquant sur le
bouton adéquat ainsi que d’enregistrer. Le résultat est affiché ci-après, sous forme de fichier
Word, comme le suivant :
Nom de l’apprenant
Rapport de dictée
Date de création du rapport:
Rapport généré par Tap'Touche 4.0
___________________________________________
Description
Voici les résultats de la dictée « Des amis au bout des doigts. »
Date de la dictée:
Heure:
aujour'hui, si on a accès à l'internet, on fait partie d'une grande communauté. Les populaires sites de
bavardage par exemple, sont pour bien des gens un moyen de combattre la sollitude. Ils permettent
de discuter avec des personnes qui ont les mêmes affinités ou qui partagent les mêmes passions. Par
ailleurs, il existe beaucoup de sites qui facilitent les rencontres amoureuses. Mais il faut faire
attention, car l'anonimat du clavier permet à certains rigolos de cacher leurs véritables
personnalités. Comment savoir si un grand blond sportif et viril n'est pas plutot un petit chauve et
bedonnant?
Corrigé de la dictée
Aujourd'hui, si on a accès à Internet, on fait partie d'une grande communauté. Les populaires sites de
bavardage par exemple, sont pour bien des gens un moyen de combattre la solitude. Ils permettent de
discuter avec des personnes qui ont les mêmes affinités ou qui partagent les mêmes passions. Par
ailleurs, il existe beaucoup de sites qui favorisent les rencontres amoureuses. Mais il faut faire
attention, car l'anonymat du clavier permet à certains rigolos de cacher leur véritable personnalité.
Comment savoir si un grand blond sportif et viril n'est pas plutôt un petit chauve et bedonnant ?
Statistiques de frappe
Vitesse moyenne (en mots/minute): 28
___________________________________________
Bien que l’apprentissage de l’expression orale ne soit pas directement l’objectif visé
par ce logiciel, il peut être un moyen efficace de pratiquer la prononciation et de relier les
connaissances de l’apprenant sur la langue écrite de l’arabe standard avec ce qu’il est en train
d’apprendre en langue orale.
3. 1. En salle de classe
termes entre eux. Voici un exemple de jeux de rôle favorisant la systématisation, issu de
l’ouvrage d’A. CORMANSKI (2005 :64) :
Faire et dire
Objectif
Déroulement
Exemples
3.2.1. Simulation
Il existe des logiciels selon N. HIRSCHSPRUNG (2005 :52), qui permettent aux
apprenants d’effectuer des simulations en contexte réel en utilisant en l’occurrence l’arabe
standard par des simulations de communication. L’apprenant libyen peut en choisissant un
rôle, interagir avec le logiciel utilisant exclusivement l’arabe standard. Toutefois, l’évaluation
à l’heure actuelle reste imparfaite car le logiciel ne peut pas corriger précisément les phrases
complexes orales ou écrites. Néanmoins, il existe un guide de l’utilisateur qui peut le conduire
à l’auto-évaluation par rapport à une production type. Lors d’une simulation orale, l’apprenant
aura à sa disposition à l’oral comme à l’écrit un dialogue type. Ce genre d’exercice peut lui
permettre de s’entraîner à utiliser des stratégies de communication et à mettre en pratique
systématiquement des éléments appris au préalable. Nous prenons pour ce cas l’exemple
suivant :
son mode de travail, en fonction de sa disponibilité et celle du matériel. Il sera assisté en cela
par l’enseignant qui aura un rôle de contrôleur, il enregistre les observations mais n’intervient
en aucune manière. Ces observations seront examinées plus tard avec les apprenants sans leur
faire ressentir le poids de leurs erreurs.
Les apprenants ont besoin d’une trame à suivre pour les aider dans leur production à
l’oral. Il s’agit d’un ensemble d’activités de production orale utilisées principalement pour les
débutants ou faux débutants afin de les habituer à la prise de parole.
Par exemple : Rayan et Ali sont amis. Ils rencontrent Wassila, qui est l’amie de
Rayan.
255
Expliquer clairement aux apprenants les taches à effectuer, on peut utiliser l’arabe
standard dans ce cas puisqu’il s’agit d’une consigne à expliquer.
La formation des apprenants en binômes ou en petits groupes pour la préparation des
conversations et cela en fonction des personnages proposés. On peut les aider au
besoin, mais il ne faut pas effectuer le travail à leur place. L’enseignant peut intégrer
un rôle, il peut aussi préparer le micro-dialogue avec les apprenants, sans pour autant
procéder à la correction lors de la création.
Les apprenants doivent jouer les micro-conversations sous forme de jeu théâtral de
façon spontanée. L’enseignant n’intervient pas pour les corriger pendant cette phase. Il doit
juste écouter et noter les fautes de prononciation, de syntaxe, ou de morphologie. Il doit
indiquer à l’apprenant les fautes commises et lui laisse une marge de temps pour s’auto
corriger. La création d’un tandem peut s’envisager. Un apprenant note et corrige les fautes
commises si son camarade ne s’est pas auto corrigé. L’enseignant aura, quant à lui, à constater
les fautes les plus récurrentes de l’ensemble des apprenants pour pouvoir y remédier dans
d’autres séances. Source: (http://www.lb.refer.org/fle/cours/cours3_AC/prof_fle/cours3_prof01.htm)
Il s’agit d’une mise en situation par une animation de scènes effectuée par deux ou par
groupes. Cela consiste à jouer des personnages spontanés, parfois caricaturaux, en suivant un
canevas expliqué par l’enseignant. Il n’est nullement question d’une récitation d’un dialogue,
mais bien d’une expression orale improvisée par les apprenants. On valorisera l’absence de
texte écrit, qui a deux avantages : éluder la réplique automatique et forcer les apprenants à
256
a) Saïd, salarié chez Al-madar à Tripoli, réclame une augmentation à son patron. Celui-
ci refuse, en lui expliquant les raisons.
b) Un touriste syrien demande son chemin à Tripoli. Vous le lui indiquez.
♦ Les apprenants se mettent en scène et exécutent leur exercice. Ils sont libres de
s’arrêter au moment où ils jugent avoir trouvé un compromis, une solution ou tout
simplement une impasse. Il est à noter l’importance des applaudissements, quelque
soit la qualité de la prestation : cela valorise l’effort de l’apprenant.
♦ L’exercice est suivi de discussion où le reste des apprenants peut donner son avis sur
la prestation. Les autres apprenants peuvent proposer des variantes de comportements
ou de réactions qui donneront lieu à un autre exercice de jeu de rôle qu’ils effectueront
eux-mêmes.
♦ L’objectif est d’envisager des situations possibles et crédibles que pourrait rencontrer
tout un chacun dans le quotidien. Ce genre d’exercice est réalisable à tous les niveaux,
il pourrait être réemployé dans des formes déjà vues, pour laisser libre cours à
l’imagination des apprenants.
♦ Les jeux de rôle permettent d’éviter la passivité des apprenants en classe et rend plus
vive la pédagogie. Employé en situation, il facilite la mémorisation et l’assimilation
des structures. L’apprenant se sent encouragé par sa participation à son apprentissage.
Tu rencontres un ami (e) Syrien que tu n’as pas vu (e) depuis longtemps. Tu lui
demandes de ses nouvelles et donne des tiennes.
Tu voyages dans le sud de l’Egypte et tu fais de l’auto-stop. Tu trouves une ferme
pour être hébergé, l’endroit te plaît beaucoup. Tu discutes avec les deux fermiers.
Vous voulez passer des vacances en Libye. Vous allez dans une agence de voyage et
vous demandez des informations sur les différentes possibilités de voyage organisé.
Vous rencontrez un (e) que vous n’avez pas vu (e) depuis longtemps. Vous lui
racontez votre vie professionnelle et personnelle. Vous répondez aussi à ses questions.
C’est le soir, vous êtes en famille avec un invité Egyptien, et vous regardez le journal
télévisé du soir dans le salon. Vous commentez les informations.
Vous avez prêté votre maison à un ami, mais vous la retrouvez en mauvais état. Vous
êtes en colère et parlez avec lui.
Vous voulez réserver une chambre dans un hôtel en en donnant toutes les
caractéristiques. Vous parlez avec l’employé au téléphone et lui demandez des
précisions.
Vous contactez une entreprise Libyen qui a proposé un poste. Vous lui expliquez ce
que vous pouvez faire et vous posez des questions sur le travail et les conditions
matérielles.
Tu prends le bus pour aller faire tes courses. Il y a des embouteillages dans les
principales rues de la ville. Deux jeunes parlent des inconvénients de la vie en ville, tu
te mêles à la conversation en attendant le bus.
Vous voulez arrêter de faire vos études pour faire un tour du monde. Vos parents ne
sont pas d’accord et vous allez essayer de défendre votre point de vue.
Vous cherchez un cadeau original pour un(e) ami(e). Vous entrez dans un magasin
d’antiquités et demandez des renseignements. Eventuellement, vous achetez un
cadeau.
Tu es assis à la terrasse d’un café avec deux amis et vous parlez des difficultés que
l’on rencontre pour trouver un emploi. Comme tu as fini tes études, tu as l’intention de
travailler. Source : (http://emilie.en-savoie.com/)
Pour motiver les étudiants à la fin du lycée, on peut leur proposer des jeux de rôle avec
pour situation le milieu du travail, où ils auront peut-être à parler l’arabe standard.
258
Exemples :
Khaled est journaliste pour un journal local. Son travail lui plaît beaucoup mais il aimerait
s’occuper d’affaires plus importantes. Son problème c’est Brahim qui « fayotte », fait de la
lèche auprès du patron et récupère tous les sujets intéressants alors que c’est un mauvais
journaliste.
-- Quelle est votre réaction ? Que feriez-vous ? Quels conseils donneriez-vous ? Si vous étiez
Khaled, que diriez-vous à votre patron ? Que diriez-vous à Brahim ?…
Muhammad a été embauché il y a un an dans une entreprise de publicité. C’est un bon créatif
mais il a du mal à s’imposer car un de ses collègues lui vole régulièrement ses idées en les
faisant passer pour les siennes auprès du patron. Muhammad ne sait plus quoi faire.
-- Quelle est votre réaction ? Que feriez-vous ? Quels conseils donneriez-vous ? Si vous étiez
Muhammad, que diriez-vous à votre patron ?…
Saliha est cadre dans une entreprise depuis 15 ans. Il y a une semaine, le patron de l’entreprise
a embauché Saïd, un jeune cadre qui vient de finir ses études. Elle a appris aujourd’hui que
Saïd avait un meilleur salaire qu’elle pour un poste d’égales responsabilités et pour le même
niveau d’études.
-- Quelle est votre réaction ? Que feriez-vous ? Quels conseils donneriez-vous ? Si vous étiez
Saliha, que diriez-vous à votre patron ? …
259
Le jeu de l'alibi
Ensuite expliquer la commission d’un horrible crime au lycée, la veille entre 17h et
18h « par exemple ». Chaque groupe doit établir un alibi commun et très précis pour cette
plage horaire.
Dans un groupe, un membre reste et les autres sortent de la pièce. La personne qui est
restée est interrogée par le reste de la classe. L’interrogatoire terminé, elle va s'asseoir et doit
rester muette et ne faire aucun signe. On fait rentrer un autre membre du groupe qui est
interrogé à son tour (les questions sont en rapport avec le premier interrogatoire.)
Par groupe de deux, les apprenants doivent laisser un message sur un répondeur
automatique, pour une raison précise donnée sur la fiche de situation. Un apprenant fait la
voix du répondeur automatique et l'autre laisse son message. Après mise en commun,
recommencer en inversant les rôles avec de nouveaux messages.
Tu appelles les organisateurs d’un jeu télévisé parce que tu veux participer. Tu laisses
un message en indiquant tes goûts et tes coordonnées.
Tu veux partir étudier à Bengazi l’an prochain. Toute la journée tu as cherché à joindre
les résidences universitaires sans succès, tu finis par laisser un message.
Tu as acheté quelque chose par correspondance et tu n’as pas reçu ce que tu voulais.
Tu appelles la société et tu expliques ton cas en laissant tes coordonnées.
Tu veux partir en vacances au Sahara et tu appelles pour réserver une chambre d’hôtel
pour 4 personnes, en demandant des informations complémentaires.
Chaque apprenant a une feuille avec le tracé du jeu de l'oie. L'un après l'autre, les
apprenants jettent le dé et doivent répondre à la question indiquée dans la case. Le premier qui
termine le parcours doit, pour gagner, répondre à une ultime question que le reste du groupe
invente.
Les apprenants apprendront par les débats sur un sujet commun, à présenter chacun
progressivement, un discours argumenté avec la capacité de contredire, d’exprimer l’accord
ou non, ou apprendre à faire des concessions.
J-D. HADDAD (1997 :32) a abordé le sujet des débats dans son ouvrage en fixant
cinq objectifs essentiels :
Les apprenants doivent préalablement construire dans leurs répliques, des réponses en
phrases claires, tandis que l’enseignant prend des notes très sommairement. On pourrait
attribuer des points pour les apprenants pour mieux les motiver pour atteindre l’objectif. Ces
points pourraient être comptabilisés soit pour une note globale de l’oral, soit pour le décompte
de la moyenne trimestrielle. Il faut faciliter l’attribution des notes dans le cas d’une classe où
il y a peu de participation, cela conduit l’apprenant à s’engager plus. Dans le cas de la classe
où il y a une forte participation des apprenants, il faut pondérer la motivation. Ces points
doivent être attribués à posteriori.
Source: http://www.lb.refer.org/fle/cours/cours3_AC/prof_fle/cours3_prof01.htm
263
Le débat est une technique qui ne peut concerner que les apprenants de niveau avancé
en raison de la nécessité de maîtriser le vocabulaire d’argumentation afin de les aider à
justifier leur point de vue. Il doit se dérouler dans des séances qui ne doivent pas dépasser une
heure. (J-D. HADDAD 1997 :33).
Lire des romans n’est qu’une perte de temps ? justifiez votre réponse.
Il faudrait interdire de fumer partout sauf à la maison. Qu’en pensez-vous?
Laisser de la liberté aux adolescents ou pas?
L’ordinateur vous isole du monde. Qu’en pensez-vous?
Les vraies vacances sont des vacances où on ne fait rien. Qu’en pensez-vous?
C’est important d’être à la mode ? justifiez votre réponse.
On apprend plus de choses sur Internet que dans les livres. Qu’en pensez-vous?
Il faut apprendre les langues étrangères le plus tôt possible. Qu’en dites-vous?
Pensez-vous que dans votre société les jeunes de 18 ans sont libres de prendre leurs
propres décisions ? justifiez votre réponse.
Faut-il manger pour vivre ou bien vivre pour manger? Qu’en pensez-vous?
Le plus important dans la vie, c’est de réussir sa vie professionnelle. Qu’en pensez-
vous?
264
Avoir des diplômes est indispensable pour réussir dans la vie. Quelle est votre opinion
sur ce sujet?
Beaucoup de gens émigrent pour améliorer leurs conditions de vie. Qu’en pensez-
vous? justifiez votre réponse.
Aujourd’hui, les gens cherchent la perfection physique. Donnez votre opinion sur ce
sujet.
Nous prenons presque tous des médicaments sans demander l’avis du médecin. Etes-
vous d’accord et justifiez votre réponse.
Source:http://www.lb.refer.org/fle/cours/cours3_AC/prof_fle/cours3_prof01.htm
Le contexte de l’exercice : une résolution sur la censure de la presse est envisagée par
le groupe qu’il présente au membre du parlement représentant leur lieu de résidence.
Activité: Le groupe se réunit pour examiner les difficultés et les problèmes posés par
l’absence de toute censure ou retenue dans la presse. Le groupe fera le bilan de la situation et
finira par une série de propositions basées sur les avis du groupe.
Préparation: Un président de séance est élu parmi les membres du groupe avec quatre
membres. Deux membres défendront l’indépendance de la presse de toute forme de censure,
et les deux autres recommanderont une forme de censure qu’ils jugeront appropriée.
Une fois les exposés terminés, les autres membres étudieront ces propositions.
L’objectif de la discussion est:
Il s’agit d’une séquence qu’on pourrait proposer dans un cours communicatif d’arabe
standard au lycée. Il s’agit de proposer des activités de découverte, de systématisation et des
activités de communication autour du thème du nucléaire civil.
On pourra ensuite utiliser les éléments de ce tableau pour inciter les apprenants à
systématiser. On leur demandera par exemple de construire des phrases avec les différents
éléments, de répondre à des questions, ou encore d’écrire de petits textes qui reprennent les
structures et le vocabulaire découverts. Pour l’utilisation, à l’oral, on pourra proposer aux
apprenants de faire un exposé, seul ou en groupes. Un président de séance sera désigné pour
garantir la bonne conduite du débat. Les apprenants présenteront leurs exposés d’une durée de
trois minutes. Les autres prendront la parole par la suite, ouvrant un débat plus général sur la
question. Le groupe prendra la décision finale qui mettra fin au débat. On pourrait aussi
proposer aux apprenants de débattre
débattre entre eux sur la question. L’enseignant diviserait la classe
en deux, soit en autorisant les apprenants à choisir l’opinion qu’ils veulent défendre, soit, en
obligeant les apprenants à argumenter pour une position qui leur impose. L’objectif sera
encore de trouver un consensus.
1
Poète libanais né en 1887, il a étudié dans son pays et a travaillé comme enseignant au début de sa carrière. Il a
adoré la nature à l’extrême. Il a émigré au Brésil et a à son palmarès une série de poésies.
267
Il est évident que l’enseignant de littérature arabe a un rôle important à jouer dans la
classe, car il doit enseigner outre l’explication de texte, la langue, la culture etc. Cette classe
devient celle de la lecture, de l’oral et même des débats. Dans ce cas, l’enseignant doit être
créatif et doit respecter les niveaux pédagogiques des apprenants pour pouvoir atteindre ses
objectifs.
268
CONCLUSION
269
CONCLUSION
La langue arabe constitue pour l’ensemble des pays arabes un des fondements de leur
culture commune. Cette langue a été construite au début avec les dialectes existant dans la
péninsule arabique. Cependant, la dualité arabe standard/dialectes contemporains reste posée
à ce jour pour chaque pays arabe avec tout ce qu’elle comporte comme distinction, opposition
ou complémentarité. C’est le cas pour la Libye.
La démarche dans cette thèse a adopté l’enquête comme procédé d’investigation avec
comme problématique la difficulté des apprenants libyens à l’expression orale en arabe
standard. L’enquête a été basée sur deux questionnaires et un entretien, l’un adressé aux
enseignants et l’autre aux apprenants. L’objectif est de faire l’état des lieux dans les lycées
libyens, ce qui a nécessité plusieurs déplacements en Libye et l’approche d’un contact direct
a été privilégié avec les acteurs du processus de l’enseignement/apprentissage.
Les résultats obtenus ont été analysés et le premier constat a été que la plupart des
enseignants sont issus des instituts moyens et peu sont ceux qui ont suivi un parcours
universitaire. Cela est dû, à un moment donné, à la volonté de la tutelle de palier au déficit en
270
enseignant en ayant recours à un recrutement massif par une formation de courte durée, ce qui
n’est plus le cas aujourd’hui. Par contre, les critères de sélection ne sont pas totalement
définis, ce qui constitue un autre dysfonctionnement du processus de la formation des
enseignants. Durant cette formation, la communication en dialecte était la règle et
l’apprentissage de la grammaire était prépondérant. La majorité des enseignants n’ont pas
effectué de stages pratiques avant d’assurer leurs fonctions. Il y a aussi le manque de moyens
pédagogiques telles les méthodologies modernes, les moyens logistiques (surnombre des
classes…), le manque de bibliothèques. Les enseignants dans ce cas, ne peuvent compter que
sur eux-mêmes, pour ceux qui le peuvent, pour se tenir informer des nouveautés dans leurs
fonctions. Une fois en poste, l’enseignant continue à communiquer en dialecte que ce soit en
classe ou avec ses collègues. En matière de supports didactiques, les enseignants n’utilisent
comme moyens que les manuels scolaires par manque de documents authentiques. Dans tous
les cas, ces enseignants privilégient l’écrit au détriment de l’oral en appliquant la méthode
questions/réponses. Enfin, ils avouent rencontrer des difficultés qui sont principalement dues
au manque de documents authentiques, accessoirement au manque de connaissances en
didactique. La quasi-totalité des enseignants sont conscients de la nécessité pour les
apprenants d’acquérir les aptitudes dans l’enseignement/apprentissage mais ils pensent que la
plupart de leurs apprenants ne sont pas au courant de ces objectifs. En abordant le rôle de
l’enseignant dans le processus éducatif, ils sont presque unanimes à considérer que leur rôle
doit être celui d’un animateur dans la classe et ils sont d’accord à faire participer les
apprenants dans le déroulement du cours, sans l’appliquer dans la réalité.
Les enseignants ont profité de cette enquête pour extérioriser leurs problèmes socio-
éducatifs, mais sous le sceau de l’anonymat. Ce qui dénote des relations contraintes dans le
secteur de l’enseignement en Libye. Il y a aussi un effet de solidarité à la base sans qu’elle
soit imposée, ce qui indique, à notre avis, l’impression de marginalisation de cette catégorie
de fonctionnaires. La plupart des observations des enseignants nous conforte sur la situation
peu reluisante de l’enseignement/apprentissage en Libye, sur tous les plans: manque de
stratégie, de liberté d’expression, d’organisation, de moyens tant humains que matériels.
Devant la volonté affichée par les pouvoirs politiques de développer ce secteur, nous avons
voulu contribuer pour remédier quelque peu à cette situation, en proposant quelques pistes
pratiques.
271
Pour cela, nous proposons une réelle prise en charge de la gestion du corps enseignant
sur tous les aspects tant sur le plan de la formation que l’intégration des outils et méthodes
modernes que nous avons exposées dans notre troisième partie, c'est-à-dire les méthodes :
directe, active, audiovisuelle, communicative moderne, et actionnelle. Cela permettra
forcément d’établir des situations d’interaction en classe et de donner un rôle d’importance à
l’enseignant non pas en tant que maître mais comme animateur. En plus de la disposition de la
classe dont il a la charge, l’enseignant aura plus tendance à solliciter la participation de ses
apprenants et les répartir dans des petits groupes.
Nous préconisons le recours aussi aux documents authentiques pour faire assimiler la
langue de façon ludique et motivante. La pratique du dialogue est nécessaire pour développer
l’expression orale en fonction des interlocuteurs, que ce soit en dialecte ou en alternance entre
le standard et le dialecte. Il est possible d’utiliser le standard pour des dialogues programmés
pour les débutants et étendre de façon provisoire son champ naturel d’utilisation. Les
exercices oraux préconisés par le ministère de l’éducation libyen, par exemple les jeux, les
activités communicatives, mise en scènes théâtrales, travaux phonétiques, tests de
compréhension, comptes rendus, exposés etc., devraient être prévus. Toutefois, il ne faut pas
ignorer l’importance de la compétence linguistique de l’écrit, premier contact de l’apprenant
libyen avec le standard : la maîtrise de l’écrit jumelé à la compétence en grammaire comme
régulateur pour arriver à l’expression orale. Les apprenants ont besoin d’une trame à suivre en
relation avec le dialogue déjà étudié en séance de compréhension orale tel un ensemble
d’activités de productions orales usitées principalement pour les débutants ou faux débutants
afin de les habituer à la prise de parole. La tâche est de leur faire élaborer des micro-
conversations, au début de leur apprentissage, dans lesquelles ils réutilisent certaines
structures du dialogue. Il faut user des jeux de rôle, sous forme de mise en situation, par une
animation de scènes effectuée par deux ou trois apprenants en prenant des rôles de
personnages fictifs, dans des situations sans trame définie. Pour développer l’expression orale
il existe enfin d’autres types d’exercices par exemple susciter un débat avec un thème pour les
apprenants ayant un niveau avancé.
L’école, d’aujourd’hui, est une institution qui entraîne fatalement une société vers une
transformation en permanence. C’est pour cela que l’école libyenne doit avoir la volonté
d’intégrer les nouvelles technologies de l’information et de la communication ce qui
nécessitera de nouveaux styles dans l’utilisation de l’arabe, la transformation du rôle de
272
l’enseignant qui doit reconnaître les besoins des apprenants en adéquation avec les besoins de
la société libyenne.
Ainsi, la perspective de notre recherche s’est focalisée sur l’analyse des composantes
relationnelles propres à la situation d’enseignement de l'arabe: tels que l'enseignant,
l'apprenant, le manuel scolaire, et sur les stratégies d’application possibles dans ce domaine.
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A C
ABDULHAMID, 39 CAMPS, 58, 63, 64
ABDULKARIM, 13 CANUT, 193
ABRY, 233, 234 CARETTE-IVANISEVIC, 224
ADAMSON et al., 247, 265 CASTELLOTTI, 212
AL-ASBAHANI, 26 CHAWK A, 41
AL-ANDALUSI, 30 CHAWK M, 156
AL-CHAR, 212 CHARANI, 83, 124, 141, 151, 156, 164
AL-DAHABI, 38 CHEVÈNEMENT, 232
AL-DIJANI, 58, 60 COHEN, 11, 12, 25, 27, 28, 44, 45, 47, 68
AL-FADAL, 18 CORMANSKI, 252
AL-HAMZAWI, 39 CORNAIRE, 213, 214, 228
AL-HIRMAT, 119 CULTIAUX, 68
ALI, 44 CUQ, 16, 68, 246, 251, 254
AL-JUNDI, 27, 45
AL-QAMATI, 142, 172, 227 D
AL-QASIMI, 16
AL-SAMARAI, 24, 27 DALGALIAN et al., 187
AL-SAYAD, 17, 83, 84, 147, 167, 170, DARDOUR, 126
203 DELPLANQUE, 215
AL-SIYUTI, 31, 38 DEMAIZIÈRE, 20, 73, 157, 219, 222, 223
AL-TABBAL, 89 DEMARCY, 242
AL-WAKIL, 234 DHAYF, 33, 37, 44, 201
DHADHA, 52
B DISSON, 209
DUBOIS, 68
BAILLY, 216 DUDA, 190, 199, 216, 222, 227, 239
BELLENGER, 194
BERARD, 221 E
BERTHIER, 89, 90, 92, 93, 94, 96, 163,
172 ELIADE, 26
BESSIS, 59, 61, 63, 66
BLACHÈRE, 26, 29, 30
BLACHÈRE et al. , 30, 42, 69 G
BOYER, 67
BRIQUEL-CHATONNET, 29, 30 GALISSON, 192, 221
BROCKELMANN, 28, 29, 36 GARMADI, 67
BURGAT et al. , 58, 59, 60, 62, 63 GERMAIN, 205, 207, 210, 211
GHIGLIONE et al., 92
GSCHWIND-HOLTZER, 168, 191, 194,
209, 214
GUELY, 238
298
I R
OIHA, 228 Y
YUSIF et al. , 56
299
Figure 2.14 : Résultat n°16 relatif au questionnaire sur les aptitudes acquises 132
Figure 2.15 : Résultat n°17 concernant l’information des apprenants par les objectifs 133
Figure 2.16 : Résultat n°18 relatif à l’évaluation du niveau des apprenants par les enseignants
134
Figure 2.17 : Résultat n°19 relatif au rôle de l'enseignant vu par les enseignants 135
Figure 2.18 : Résultat n°20 relatif à la pratique de l'enseignement 137
Figure 2.19 : Résultat n°21 relatif à la pratique de l'enseignement 139
Figure 2.20 : Résultat n°22 concernant les moyens utilisés par les enseignants dans les cours
142
Figure 2.21 : Résultat n°23 relatif aux styles utilisés par les enseignants dans la classe 143
Figure 2.22 : Résultat n°24 concernant la pratique de l’oral par rapport à l’écrit 144
Figure 2.23 : Résultat n°25 décrivant les styles utilisés par les enseignants pour mémoriser les
dialogues 145
Figure 2.24 : Résultat n°26 décrivant les styles utilisés par les enseignants pour mémoriser les
dialogues 146
Figure 2.25 : Résultat n°27 relatif à l’acquisition du contenu des cours 148
Figure 2.26 : Résultat n°28 décrivant la méthode utilisée par les enseignants 149
Figure 2.27 : Résultat n°29 concernant la stimulation des apprenants en classe 150
Figure 2.28 : Résultat n°30 décrivant les difficultés dans la pratique de l’enseignement 151
Figure 2.29 : Résultat n°31 présentant les avis des enseignants sur le contenu du programme
de l’enseignement 152
Figure 2.30 : Résultat n°32 relatif à la motivation des apprenants pour l’arabe standard 155
Figure 2.31 : Résultat n°33 présentant les avis des enseignants relatifs à l’enseignement des
autres matières en arabe standard 156
Figure 2.32 : Résultat n°34 relatif à l’utilisation des nouvelles technologies 157
Figure 2.33 : Résultat n°36 relatif aux renseignements généraux propres aux apprenants 163
Figure 2.34 : Résultat n°37 relatif aux renseignements généraux propres aux parents des
apprenants 164
Figure 2.35 : Résultat n°38 relatif à la pratique de l'enseignement perçue par les élèves 165
Figure 2.36 : Résultat n°39 concernant les compétences des apprenants relatives aux cinq
aptitudes 166
Figure 2.37 : Résultat n°40 montrant la répartition des difficultés des apprenants en arabe
standard 167
301
Figure 2.38 : Résultat n°41 relatif aux participations aux cours de l’arabe standard par les
élèves 168
Figure 2.39 : Résultat n°42 décrivant la langue utilisée dans la classe par les apprenants 169
Figure 2.40 : Résultat n°43 relatif aux souhaits des apprenants pour améliorer l’arabe standard
170
Figure 2.41 : Résultat n°44 concernant les nouvelles technologies et l’apprentissage 171
Figure 3.1 : Schéma de Jacobson 191
Figure 3.2 : Priorité de l’oral 192
Figure 3.3: Dualité entre l’oral et l’écrit 193
Figure 3.4 : Approche actionnelle 218
Figure 3.5 : Schéma de trois pôles 224
Figure 3.6 : Configuration spatiale de la classe 226
Figure 3.7 : Outil de l’informatique 232
Figure 3.8 : Bibliothèque virtuelle 235
Figure 3.9 : Fenêtre du logiciel Word 236
Figure 3.10 : Dictionnaire urgent 237
Figure 3.11 : Fenêtre décrivant le site du moteur de recherche Google 238
Figure 3.12 : Fenêtre relative à ʺMélanges CRAPELʺ 239
Figure 3.13 : Fenêtre montrant une traduction par Google 240
Figure 3.14 : Logiciel Tap’Touch A 248
Figure 3.15 : Logiciel Tap’Touch B 249
Figure 3.16 : Logiciel Tap’Touch C 249
Figure 3.17 : Logiciel Tap’Touch D 250
Figure 3.18 : Logiciel de simulation 253
Figure 3. 19 : Jeu 261
Figure 3. 20 : Poésie intitulée ʺPlainte d’un exiléʺ 266
302
ANNEXES
304
Annexe 1
Cette première annexe représente les quelques entretiens que nous avons eus en 2005
avec quelques enseignants et apprenants que nous avons pris comme échantillon. Nous avons
utilisé ces témoignages afin de consolider notre technique du questionnaire et pour palier aux
éventuelles failles du ce questionnaire. Nous avons enregistré par des moyens audiovisuels
ces entretiens que nous avons traduits par écrit de l’arabe en français. Nous en avons utilisé
quelques unes dans notre thèse.
Des professeurs
Professeur n°1
Par contre, il existe une grande envie d’apprendre les langues étrangères.
Q. Partant du fait que les programmes sont conçus pour atteindre un objectif précis,
afin d’amener l’apprenant à s’exprimer en arabe standard, comment se fait-il que peu
arrivent finalement à maîtriser l’expression orale ?
R. Les moyens éducatifs mis à notre disposition, ne nous permettent pas d’atteindre
les objectifs conçus.
Pour savoir le pourquoi de ce pessimisme, nous avons posé une autre question à ce
professeur:
305
Q. A votre avis, quelle est la nature de cette problématique, est-ce au niveau des
objectifs ou bien dans les méthodes d’enseignement. Si c’était le cas, que doit-on
changer, les objectifs ou les méthodes ?
R. Le problème se situe à divers niveaux :
Moyens pédagogiques mise en œuvre.
Méthodes d’enseignement.
Un manque de motivation des apprenants. Puisque, dans la plupart des cas,
l’apprenant se montre pragmatique, autrement dit, il apprend par exemple les
règles de grammaire, ce n’est pas pour communiquer, mais pour l’unique
intention d’obtenir de bonnes notes aux examens.
Q. Pensez vous que les activités pédagogiques liées à l’expression orale sont
indispensables pour amener l’apprenant à parler facilement en arabe standard ?
R. Bien sûr, c’est important et notamment si on lui donnait un intérêt avant que
l’apprenant ne parviennent au lycée. Les méthodes d’enseignement sont plus efficaces
à partir du moment où les thèmes et les sujets ont un rapport étroit à l’environnement
de l’apprenant. Malheureusement, à ma connaissance, ce genre d’activité liée à
l’expression orale ne figure pas dans le programme à travers les trois paliers
d’enseignement.
Q. A votre avis, les enseignants de toutes les matières utilisent-ils dans leur
conversation, que ce soit entre eux ou avec les apprenants la langue arabe standard ?
R. A ma connaissance, tous les enseignants, même ceux de langue arabe, utilisent le
dialectal dans leur conversation entre eux ou avec les apprenants. A mon sens, cela
représente une des principales raisons de la faiblesse mais également l’absence entière
de la compétence d’expression orale chez les apprenants en arabe standard.
Cette dernière question à provoqué l’intervention d’un des professeurs présents lors de
cet entretien, il s’agit du professeur n°2 :
Que des entreprises et sociétés privés et publiques se sont plaint du faible niveau de
maîtrise de la langue arabe de leurs nouveaux cadres et fonctionnaires. Celle-ci se ressent,
notamment, lors de la rédaction de rapports et différents types documents administratifs.
306
Pour que l’entretien soit productif, nous avons donné rendez-vous à des enseignants à
la bibliothèque de l’établissement. Nous avons commencé l’entretien par leur expliquer la
nature et l’objectif de notre recherche. Par la suite, nous avons posé des questions à un groupe
d’enseignantes d’arabe au lycée dont la réponse est ouverte à toutes.
là, les apprenants doivent se rappeler des règles pour les appliquer sur ces nouveaux
exemples.
Q. Estimez-vous que vos connaissances et savoirs en matière de langue arabe vous
sont suffisants pour mener à bien votre mission d’enseignante de cette matière au
lycée ?
R. Franchement, j’ai fait une formation en langue contre mon gré, j’y étais obligée.
Q. De quelle obligation s’agit-il ?
R. C’était une question d’orientation de l’institution, après le bac, c’est l’académie
scolaire.
Q. Parmi vous, est ce qu’il y a d’autres enseignantes qui ont subi ce type
d’orientation?
Une enseignante nous révèle une information exceptionnelle, sur le fait qu’elle a suivi
une formation pour devenir une enseignante de français, par contre, pendant le 7ème semestre,
le département de français a été fermé, elle s’est retrouvée obligée d’intégrer le département
de langue arabe.
Une autre intervenante. J’ai été une enseignante de français au lycée, après avoir
annulé la matière de français du programme, j’ai été orientée vers l’enseignement de la langue
arabe.
Une autre enseignante intervient pour nous rapporter un témoignage d’une grande
importance : tous les étudiants qui échouent dans leur parcours universitaire sont orientés au
final vers la faculté de l’éducation. Cela veut dire que la faculté d’arabe devient une sorte de
dépotoir des étudiants venant de toutes les filières.
Une autre enseignante nous attire l’attention sur le fait que la tutelle pour faire face à
la pénurie des enseignants d’arabe a procédé à un recrutement massif d’étudiants pour leur
assurer une formation beaucoup plus quantitative que qualitative.
R. plusieurs réponses :
Au fil de cette discussion, nous avons pu relever une autre question d’une grande
importance. Il s’agit de la fraude aux examens et aux différents tests d’évaluation. Quant à la
cause de ce problème, une des enseignante a indiqué que :
Une enseignante ajoute : le thème le plus important qui est souvent évoqué dans notre
société est le phénomène de fraude aux examens. Le grand désastre est que ce phénomène
commence avec les apprenants dès l’année de troisième en primaire. Le pire, c’est que
certains enseignants aident ces apprenants à utiliser la fraude aux examens.
R. Les parents sont aussi « pragmatiques » que leurs enfants, ils considèrent que tous
les moyens sont acceptables pour la réussite. A leurs yeux, cette réussite scolaire
ouvrira la voie professionnelle à leurs enfants. (Toutes les enseignantes étaient de cet
avis).
Q. À votre connaissance, y a-t-il des enseignants qui ont réussi leur parcours scolaire
en se servant de la fraude ?
R. Oui, une des enseignante a souligné : j’ai eu des apprenants qui était très paresseux,
se servant toujours de la fraude, ils sont actuellement des collègues à moi. J’ajouterai
que la fraude aux examens permets à l’apprenant d’économiser des efforts en
cherchant le chemin le plus cour à la réussite.
Une autre enseignante précise que ce fléau n’est pas l’apanage de la langue arabe, la
fraude existe au niveau de toutes les filières et les matières.
Une des enseignantes déclare : il se trouve que les examens (finals) de passage ne sont
pas gérés par les enseignants. Ce genre d’examen est géré directement par un
personnel de surveillance installé pour l’occasion par l’académie de l’éducation.
Une autre enseignante souligne : il y a des enseignants qui pratiquent une stratégie
malsaine puisque ils considèrent les faibles résultats comme étant un échec personnel
de leurs méthodes, c’est pourquoi ils ne font rien face à la fraude. Ce qui permet à
leurs apprenants d’avoir de bonnes notes. A leurs yeux, leurs méthodes
d’enseignement ont bel et bien réussi.
Une enseignante n°4, Licence langue arabe, Ecole Normale Supérieure, promotion 2000.
et étude de texte, elles sont abordables. Le grand problème est lié à l’enseignement de
la grammaire de l’arabe.
Q. A votre avis, quelles sont les causes et les origines de ces difficultés ?
R. Ces difficultés et défauts sont dus aux programmes, à la formation des enseignants.
Q. Quel intérêt donniez-vous à l’expression orale ?
R. En se référant au programme proposé par la tutelle, les deux matières : dictée et
expression écrite sont données alternativement à titre d’une séance par deux semaines.
A priori, l’enseignante n’a pas compris la question c’est pour cela que nous lui en
avons posé une autre.
Q. Est-ce que le choix de devenir une enseignante relève de votre propre volonté ?
R. Non ! Ce n’est pas mon choix, c’était le choix de ma famille.
Q. Ce choix imposé par les autres n’a pas influencé d’une façon négative votre
parcours professionnel ?
R. Non ! J’ai fini par me convaincre qu’il s’agit d’une voie à suivre. Pour ne pas
manquer à ma tache d’enseignante. Désormais, j’assume pleinement cette profession.
Q. Quelle est votre méthode d’enseignement de l’expression écrite (essai), est-ce, par
exemple en suivant dans les détails le guide de l’enseignant ?
R. Je ne me limite pas au guide de l’enseignant. Même s’il y avait des thèmes de
rédaction, je choisis des sujets qui intéressent les apprenants et leurs goûts. Dans ce
genre de sujets de rédaction, les apprenants s’expriment avec beaucoup de motivation.
Q. Vos apprenants sont ils motivés pour l’apprentissage de l’arabe ?
R. Pas tous, la motivation varie d’un apprenant à l’autre.
Q. Parlez nous de l’échange et du dialogue en classe entre les apprenants, ça se passe
en arabe dialectal ou en arabe standard ?
R. C’est en arabe dialectal.
Q. Quel est le type de langue utilisée dans le dialogue et l’explication du cours entre
les enseignants et les apprenants ?
R. Cela se passe en arabe dialectal, personne n’utilise le standard en classe. Nous
même en tant qu’enseignante, nous n’avons pas étudié comme il se doit l’arabe
standard durant notre formation supérieure.
Q. Quel est la nature du rapport entre l’administration et l’enseignant, est-ce un
rapport d’instructions et de recommandation, de contrôle d’absence/présence ou
s’agit-il d’une relation basée sur l’échange et de dialogue. ?
R. Tous ces trois points correspondent à la fonction de l’administration,
Q. Parlez-moi de la punition et les éventuelles sanctions subies par les apprenants ?
R. Moi personnellement, je ne préfère pas les punitions physiques, par contre,
j’essayerai d’être compréhensive avec mes apprenants, sinon et si c’est inévitable, je le
ferai.
Q. Dans ce cas, vous aurez recours à quel est le type de sanction ?
R. J’utilise le bâton (en tapant sur les mains), mais aussi les expulsions et parfois on
envoie l’apprenant à l’administration du lycée pour subir la sanction convenable. Je
peux faire appel également à la punition dite « au piquet »
313
Q. Est ce qu’il vous est déjà arrivé, à vous ou à un de vos collègues de nuire à la santé
d’un apprenant lors d’une punition physique ?
R. Ca ne m’est jamais arrivé, je ne ferai plus ce genre de punition. En revanche, il
arrive que des apprenants subissent des fractures à la main lors de punition physique
avec un bâton !
R. En arabe standard.
Q. Les apprenants sont-ils capables de s’exprimer en arabe standard ?
R. Ils comprennent très bien à l’écoute. Par contre, à l’expression orale ils éprouvent
de grandes difficultés. Cela est justifié par le fait que les apprenants sont largement
influencés par le dialectal. Paradoxalement, ces mêmes apprenants n’utilisent que le
standard, soit à la lecture ou dans toute activité de rédaction ou d’écriture.
Q. Est ce que vous avez effectué lors de votre formation universitaire des stages ?
R. Oui.
Q. A votre avis ce genre de formation est suffisant pour vous ?
R. Oui, bien sûr. Mais, il faut reconnaître qu’il existe des enseignants qui manifestent
une faiblesse plus précisément à l’enseignement de la grammaire. Ils sont besoin de
formation intensive en la matière.
Q. Comment évaluez-vous le rapport entre nouveaux enseignants d’arabe avec leurs
anciens collègues (plus expérimentés et chevronnés) ?
R. Je tiens à vous souligner que le nouvel enseignant fraîchement diplômé ne peut pas
envisager son entrée effective dans l’enseignement sans les anciens enseignants. Dès
les premiers jours, il s’installe une sorte de collaboration spontanée entre anciens et
nouveaux basée sur la concertation, le conseil et l’orientation. Cette aide de la part de
ces enseignants est spontanée, elle n’est pas organisé ni par l’institution ni par
l’administration de l’établissement scolaire.
Q. Comment pouvez-vous améliorer vos compétentes pédagogiques ?
R. Par des efforts personnels. En ce qui me concerne, j’ai une bibliothèque chez moi.
Ce qui me permet de me documenter et consulter des livres et d’autres documents liés
à mon domaine d’enseignement.
Q. Pensez-vous que vous avez besoin d’améliorer vos compétences dans un des
domaines de l’enseignement de l’arabe ?
R. Nul n’est parfait ! En ce qui me concerne, je pense que j’ai un niveau satisfaisant
dans tous les domaines de la langue arabe.
Q. Les apprenants sont ils conscients des objectifs de l’enseignement/apprentissage de
l’arabe ?
R. Non ! Par exemple, l’année dernière au lycée sciences médicales et pendant un
cours, une étudiante m’a demandé : à quoi ça sert d’étudier l’arabe, puisque je compte
faire des études en médecine ! Je lui ai répondu que la maîtrise de l’arabe est
315
indispensable pour rédiger correctement un rapport sur l’état de santé de vos patients.
Avec cet argument pragmatique, l’apprenant a fini par être convaincu.
Q. Pensez-vous que l’enseignant doit être autoritaire et sévère avec ses apprenants ?
Souvent, il doit être ainsi, puisque l’apprenant est mineur, quelquefois il ne sait pas
faire la part des choses.
Q. Quelle est l’ambiance dans laquelle se déroule le cours ?
R. Les jours se suivent et ne se ressemblent pas. Parfois il y a une grande participation
des apprenants, parfois ils ne se montrent pas motivés.
Q. Etes-vous très attaché au programme et au manuel scolaire ?
R. Non ! J’essaie dans la plupart des cas de m’adapter à la situation de l’apprenant.
Q. Utilisez-vous des outils pédagogiques authentiques ainsi que des supports portant
sur de diverses activités artistiques et culturelles pour enseigner le dialogue et
l’interactivité ?
R. Non ! Nous n’avons pas assez de moyens pour introduire ce genre d’instruments
pédagogiques. Je n’applique que la méthode classique liée aux questions/réponses.
Q. Faites-vous à des corrections immédiates aux apprenants qui commettent des
erreurs en répondant ?
R. Absolument.
Q. Donnez-vous suffisamment de temps à la participation et à la prise de parole aux
apprenants ?
R. Oui
Q. Existent-ils des problèmes rencontrés par les apprenants quant à la compréhension
des cours ?
R. Il se trouve que le contenu du programme n’est pas bien adapté avec le niveau des
apprenants. Il existe également de nombreuses erreurs dans les manuels
Que faites vous pour motiver vos apprenants ?
Je les encourage en affichant leurs noms sur le tableau d’affichage à l’école quand ils
obtiennent de bons résultats. Il arrive que je leur offre des cadeaux.
Q. Vos apprenants sont-ils motivés pour apprendre la langue arabe ?
R. Non !
Q. A votre avis, quelle en est la cause ?
R. Il me semble que cela est dû à un problème de société qui n’attribue aucun intérêt à
l’apprentissage/enseignement de l’arabe.
316
Q. « Pensez-vous que les parents font des efforts pour motiver leurs enfants à
apprendre la langue arabe ?
R. Non ! La rémunération des enseignants est trop faible, donc les parents encouragent
leurs enfants à envisager un autre métier bien rémunéré
Q. Pensez-vous qu’il est nécessaire d’enseigner les autres matières en langue arabe
standard comme la géographie, l’Histoire etc. ?
R. Il le faut, puisque cela nous aide à éviter l’utilisation du dialectal et ainsi permettre
à l’apprenant de se baigner carrément dans l’arabe standard.
Q. Avez-vous quelque chose à ajouter ?
R. Oui, je conseille à mes collègues de ne pas compter uniquement sur leur formation
universitaire. Ils doivent fournir des efforts personnels et se documenter pour
améliorer leurs compétences d’enseignement.
Q. Vous pouvez nous expliquer comment l’apprenant fraudeur se donne une espèce de
droit acquis à la fraude ?
R. Cela est s’explique par le fait que l’apprenant fraudeur n’a pas assimilé le contenu
des cours. Cela le pousse à réussir quelque soit le moyen, dont la fraude.
Q. Face à ce problème, où sont le rôle de l’établissement scolaire et aussi les parents
des apprenants?
R. Au niveau législation scolaire, il existe des réglementations sévères qui ne sont
malheureusement pas appliquées (sont gelées) pour de diverses raisons qu’on ne pas
évoquer. Quant aux parents d’apprenants, la plupart veulent que leurs enfants
réussissent quelque soit le moyen même avec la fraude.
Q. Avez-vous une salle d’informatique dans votre école ?
R. Non ! Mais le ministre de l’éducation et l’enseignement prévoit de nous doter de
ces moyens conformément au programme de l’année prochaine.
Un étudiant 18 an
Cette même question a été posée à un groupe d’étudiants qui poursuivent une
formation à l’école supérieure d’éducation pour être enseignants au lycée. La réponse était
pertinente, ils sont d’accord sur le fait que l’expression orale ne figure pas dans les
programmes scolaires dans les trois paliers d’enseignement.
Un étudiant 17 an
Les études de l’arabe pour devenir enseignante, était-il un vœu et un choix personnel ?
Oui ! Le choix de mes parents était de faire des études en Médecine. Je n’ai pas réussi
en première année (médecine). Après cet échec, j’ai décidé d’opter pour revenir à mon
premier choix, celui des études d’arabe.
Q. Etes-vous capable de parler avec moi en arabe standard ?
Je ne peux pas, parce que je ne suis pas habitué à parler en arabe standard. Je tiens à
vous préciser qu’à l’école, nos professeurs d’arabe eux mêmes, nous expliquent les
cours en arabe dialectal.
Nous avons remarqué que cet apprenant s’exprime souvent en arabe standard. Il est
apprenant mais aussi il a une autre fonction politique, il est délégué auprès des apprenants
(secrétaire d’une commission scolaire). Ce genre de responsabilité fait partie du système
éducatif en Libye. Celui-ci est distingué par l’entraînement et l’apprentissage des apprenants
lors des activités associatives et idéologiques ayant un caractère politique, suivant la pensée
du président libyen Al- Kadhafi.
Q. En quoi consiste votre mission d’apprenant délégué auprès des commissions des
étudiants?
Participer à des réunions estudiantines pour discuter de tout ce qui concerne la vie
scolaire des apprenants, en supervisant les responsables apprenants dans les domaines
suivants: la santé, la sécurité, la propreté et l’environnement. De plus, nous nous
coordonnons avec l’administration de notre établissement scolaire. Il s’agit en quelque
sorte d’un entrainement à l’exercice politique et patriotique.
Q. Quel est la fonction du responsable de la sécurité au sein de l’établissement
scolaire ?
R. Le responsable de sécurité joue le rôle pour résoudre des conflits entre étudiants, au
cas d’échec, cette mission est confiée à l’administration de l’établissement scolaire.
Q. Qu’en est-il du responsable de santé ?
319
R. Il a pour tâche de prendre en charge l’état de santé des apprenants en signalant les
cas de maladies. Il accompagne les malades au service de la santé scolaire.
Q. Cette fonction ne dérange pas votre parcours scolaire ?
R. Non, puisque nous l’exerçons hors emploi du temps scolaire, c'est-à-dire pendant
les moments de pauses mais aussi après l’école.
Q. Comment trouvez-vous votre niveau d’apprentissage de l’arabe ?
R. Je n’aime pas la matière de la grammaire arabe.
Q. Pourquoi, en sachant que cette matière est nécessaire pour maitriser l’expression en
langue standard ?
R. Vous avez raison dans le cas ou cette matière est enseignée comme il se doit. Or,
nous n’avons pas une base solide en grammaire depuis le primaire.
Q. Existe-t-il à votre avis des différences dans l’enseignement de l’arabe parmi tous
vos enseignants ?
R. Oui, il y a de grandes différences, puisqu’il y a des enseignants qui enseignent
l’arabe sans être spécialisé en la matière.
Q. Avez-vous une matière d’expression orale ?
R. Non, par contre nous étudions l’expression écrite.
Q. Cette expression écrite est effectuée en arabe standard ou en dialectal ?
R. Toujours en standard !
Q. Quand vous avez l’occasion de vous exprimer oralement, vous arrive t-il que
l’enseignant vous interrompe pour vous corriger ?
R. Oui ! Il nous interrompt pour corriger d’éventuelles erreurs.
1
Une espèce de treillis en militaire.
321
Q. Précisément, dans quelle séance (type d’activités) vous pouvez parler et échanger
avec l’enseignant ?
R. Pendant le cours de la littérature arabe et également l’étude de texte
Q. Le dialogue et les réponses, c’est en standard ou en dialectal ?
R. En dialectal.
Q. Est ce que vous pouvez nous parler en arabe standard ?
R. Je ne peux pas, par contre la lecture et l’expression écrite, je les fais en arabe
standard.
Q. Pourquoi à l’oral s’agit-il d’utiliser le dialectal, et le standard à la lecture et l’écrit?
R. A mon avis cela peut être expliqué par le fait que notre rapport à l’écrit et à la
lecture en arabe standard pour nous, est une activité habituelle et naturelle depuis
l’école primaire. Par contre, l’expression orale en dialectal est une activité très
ordinaire que ce soit à l’école (en classe) ou en dehors de l’école
Q. Et si vous exprimez en langue arabe standard en dehors de l’école, dans la rue par
exemple ?
R. Ce n’est pas possible, cela apparaît pour les autres comme bizarre voire étran
323
Annexe 2
Annexe 3
Annexe 4
Activité d’expression écrite, abordées dans notre troisième partie et notées par
l’enseignant qui a attribué un 11/12 à un apprenant et 9/12 à un autre apprenant.
338
339
Annexe 5
Annexe 6
Annexe 7
Farag DARDOUR
Cette thèse se propose de rechercher les causes principales des difficultés rencontrées dans l’enseignement/
apprentissage de l’arabe standard en Libye, notamment en ce qui concerne l'expression orale. Dans un premier
temps, nous donnons un aperçu sur l’évolution de l’arabe et l’apparition des dialectes en Libye, tout en précisant
les principales différences entre l’arabe standard et les dialectes sur les plans phonétique, grammatical et lexical.
Dans un deuxième temps elle a pour but de montrer clairement les facteurs en jeu dans l’enseignement de
l'arabe, de proposer une réforme profonde de l’enseignement de cette langue en Libye, afin d'essayer d'élever le
niveau de l'arabe standard dont la situation actuelle est devenue inquiétante.
Notre travail a porté aussi sur le système éducatif en Lybie et l’intérêt accordé à l’arabe, en mettant l’accent sur
les manquements qui existent de notre point de vue. Nous avons eu recours à deux types d'approches. La
première est une approche théorique qui consiste à analyser des recherches et des travaux existants, relatifs aux
problèmes linguistiques en didactique de classe de langue. La seconde est une investigation de terrain qui
débouche sur des résultats statistiques grâce à l’enquête. L’enjeu étant de mettre l’apprenant dans un processus
d’apprentissage actif, à travers une acquisition dynamique de la langue qui prend en compte les dimensions
culturelles et cognitives. Pour plus d’efficacité et d’objectivité, des observations directes nous ont semblé
nécessaires, afin de mieux connaître la réalité de la pratique effective au sein de la classe d'arabe. Cela nous a
permis de nous rendre compte directement des procédés mis en œuvre et d’évaluer ainsi les réactions des
apprenants.
This thesis investigates the main reasons for the problems encountered in the teaching and learning of standard
Arabic in Libya, specifically in speaking. Firstly I provide an overview of the evolution of Arabic and the
development of Libyan dialects, while specifying the main differences between standard Arabic and Arabic
dialects with regard to phonology, grammar and lexis. Secondly the thesis underscores the issues at hand in the
teaching of Arabic, and suggests a reform of the way the language is taught in Libya, in view of trying to
improve the overall level of standard Arabic whose present state is worrying.
The thesis also addresses the Libyan educational system and the issue of Arabic, while stressing the failings of
the system. I adopted two approaches. The first approach is theoretical whereby I analyzed present day research
on linguistic problems in language teaching. The second is field work which provided statistical evidence thanks
to an inquiry among learners and teachers. The whole issue is getting the learners to engage in an active learning
process by a dynamic acquisition of language that takes into account cultural and cognitive features of the
process. To guarantee efficiency and objectivity direct classroom observations were undertaken in order to
identify effective practice in the Arabic classroom. I was thus in a position to observe firsthand the procedures
adopted by the teachers and assess the learners' reactions.
UNIVERSITE NANCY 2
Campus Lettres et Sciences Humaines
Bil. Albert 1er – B.P. 3397
54015 Nancy Cedex