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CIRADjournals,+document 457165

Le document décrit la lutte contre les moisissures Penicillium sur les agrumes. Il explique que les blessures sur les fruits favorisent l'infection par ces champignons et présente des expériences montrant que des manipulations fréquentes ou des emballages inadaptés augmentent le pourcentage de fruits pourris. Il souligne l'importance de protéger les agrumes des traumatismes.

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Le document décrit la lutte contre les moisissures Penicillium sur les agrumes. Il explique que les blessures sur les fruits favorisent l'infection par ces champignons et présente des expériences montrant que des manipulations fréquentes ou des emballages inadaptés augmentent le pourcentage de fruits pourris. Il souligne l'importance de protéger les agrumes des traumatismes.

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412 - Fruits - Vol .

6, n° 10, 195 1

Quelques aspects de la lutt e


contre les Penicillium des agrumes

Conzm.e toutes les affections des fruits se produisant au cours du transport et du stockage, les moisissures à Penicillium de s
agrumes peuvent être favorisées par de nombreux facteurs . On ne peut donc espérer réduire les dommages très importants causé s
par ces champignons, qu'en tentant de supprimer une par une les causes de leur développement . Les traitements anticryptoga-
miques destinés à empêcher l'apparition des moisissures ne peuvent, dans l'état actuel des choses, avoir une efficacité totale . L e
travail expérimental de Mlle LA URIOL montre nettement les améliorations que l'on pourrait apporter à l'état sanitaire de s
fruits et aussi les limites de l'efficacité des traitements chimiques .

Après leur cueillette, pendant le transport et la périod e Bien que l'influence de ce facteur ne soit plus à démon-
de conservation, les agrumes sont attaqués par plusieur s trer, nous avons pu étudier expérimentalement l'influenc e
champignons qui peuvent les rendre inconsommables . des traumatismes sur la contamination des agrumes pa r
Deux des plus importants sont Penicillium digitatu m les agents de la pourriture . Au cours d'essais sur la matu-
(Pers .) Sacc . et P. italicmn Wehmer, agents responsable s ration et l'état sanitaire de citrons venant du Maroc e t
des moisissures vertes désignées souvent sous le nom d e stockés pendant trois mois (mai-juin-juillet) à la Central e
taches des agrumes . Fruitière d'Issy ( 1 ), les lots de citrons utilisés pour l'expé-
Le premier symptôme de la maladie est le ramollisse - rience étaient examinés périodiquement, donc souvent ma -
ment de la partie atteinte du fruit ; un mycélium blan c nipulés. A la fin des observations et malgré les précaution s
apparaît ensuite sur cette zone, suivi très rapidement pa r prises, on constatait une attaque par les Peiricilliuiu beau -
des fructifications nombreuses vertes ou bleues ; celles-c i coup plus importante que celle de lots identiques, placé s
recouvrent bientôt toute la tache, laissant cependant a u dans les mêmes conditions et n'ayant subi aucune mani-
bord une zone stérile blanche plus large pour P. digitatuin pulation, durant toute la période du stockage . Cette diffé-
que pour P. italicum . La région envahie par le champi - rence apparaît nettement dans le tableau ci-dessous ind' -
gnon est entourée d'une zone de tissus mous, indice d e quant le poucentage des fruits pourris dans les deux cas .
la progression du parasite . En 4 ou 5 jours, à la tempé-
rature ordinaire, toute la surface du fruit est recouverte
TABLEAU I
de spores tandis que les tissus internes se décomposent .
Les pertes provoquées par les Penicillium sont particu- Importance des manipulations .
lièrement considérables : elles atteignent en moyenne Io ° ;
des tonnages transportés, avec des variations extrêmes d e
2 à 3 °- , pour les oranges importées en Grande-Bretagn e % Penicillium
selon TOMKINS, et dans certains cas de 7o / selo n
TRONT, TINDALE et HUELIN . La disparition des Peni- Nature du lot Lots utilisé s Lots non observés
cillium présenterait donc un très grand intérêt . Depuis d e pour expérience s régulièremen t
nombreuses années on s'efforce de réduire les pertes due s
13/6/51 II /7/5 1 1 3/6 /5 1 II /7/5 1
à ces parasites. La biologie des champignons a permi s ---------------------- ------------------------
d'envisager trois catégories de procédés de lutte : méca-
niques, physiques et chimiques ; le premier cherchant à Billots 21,4 11, 4
Caisses sans pa -
protéger le fruit de l'infection, les derniers à détruire l'agen t pillotes 1,0 2
3 6 ,3
pathogène lui-même ou à empêcher son développement . Avec papillotes . 4,5 4, 1

Procédés mécaniques .
Les citrons souvent manipulés ont eu l'occasion de re-
Comme la plupart des parasites les Penicillium pénètrent cevoir plus de chocs que les autres . Les plaies qui en ont
dans les tissus de l'hôte par des blessures . Celles-ci son t résulté sont autant de foyers de pénétration des parasites .
produites le plus souvent, selon VIENNOT-BOURGIN, par
des piqûres d'insectes, la cicatrice du pédoncule et le s (1) Nous remercions la direction de la Centrale Fruitière d'Issy-
les-Moulineaux qui nous a apporté son concours pour ces expériences ,
chocs reçus au cours des différentes manipulations et d u ainsi que M. BROARD DE LA SARPAM et M . JOURDAIN, vice-prési-
transport . dent du Syndicat des Producteurs d'agrumes algériens .

Fruits - Vol. 6, n° 10, 1951 - 41 3

Le rôle des lésions dans la contamination des agrumes a Dans les deux premiers cas on obtint zoo % de contami-
été discuté . Des expériences de TINDALE montraient qu e nation en 4 à 5 jours au plus tôt pour le premier, 3 jour s
les spores des deux espèces ne peuvent se développer su r pour le second ; les témoins demeurent sains pendant le s
une orange dont l'écorce est intacte . Par contre, elles l e 15 jours que dure l'expérience . La pourriture se développe
très rapidement et atteint tout le fruit dès le cinquième
jour dans le cas des blessures à l'emporte-pièce . Pour le s
grattages superficiels, il semble que le mycélium ait plus d e
peine à dépasser la zone blessée et contaminée : le milie u
offert par les huiles essentielles de l'écorce ne serait pas
aussi favorable pour le parasite .
L'existence, avant tout, et la profondeur des plaies ont
donc un rôle primordial dans l'attaque des agrumes par
les Penicillium . C'est ce qui est exposé en particulier par
VIENNOT-BOURGIN et TINDALE .
Dans la pratique, tous les moyens permettant de préser-
ver les fruits des traumatismes auront de bons résultat s
sur l'état sanitaire . Dans ce domaine, nous avons pu obser-
ver sur les citrons stockés à Io° l'influence de l'emballage .
Le transport dans des billots semble donner de bons résul -
tats bien que l'on trouve souvent des fruits pourris au ni -
veau du couvercle : il exerce une pression sur les fruit s
souvent trop serrés . Mais surtout les papillotes en papie r
de soie ont une influence très nette sur l'attaque des Peni-
cillium : les citrons papillotés dans des caisses présentaien t
peuvent très bien sur une partie lésée et le mycéliu m un plus faible pourcentage de perte de poids ou de moisis -
qu'elles produisent peut contaminer une orange saine , sure ; cela revient au même, car dans tous les cas, plu s
mise en contact avec la partie lésée . FAWCETT faisai t l'attaque est importante, plus la perte de poids augmente .
une différence entre les deux espèces : la pourriture bleu e Cet emballage exerce donc une protection importante su r
appelée « blue contact mold » peut se trans -
mettre par contact d'un fruit couvert d e
spores avec des fruits sains ; cela est impos- A Témoi n
acide salicyliqu e
sible pour la pourriture verte . Cette dernièr e ort hophényl phénol
naphtoquinon e
opinion paraît actuellement être adoptée e n ~sulfa[e neutre de le 8 oxyquinoléin e
général . STADE S -e- d initrobenzy phéno l
Les expériences que nous avons faites au
laboratoire sur des oranges saines achetée s
sur le marché parisien confirment que :
P. digitatum ne peut attaquer un fruit s'i l
n'est pas blessé ; mais nous ne pouvons rie n
affirmer pour P. italicum . Pour ces expé-
riences, les fruits étaient placés dans un e
étuve à 25 . C et à 8o °i, d'humidité relative ,
3 fruits sains étant en contact direct avec u n
fruit couvert de spores vertes . Dans ces condi-
tions, en 1 5 jours, nous n'avons jamais observ é
plus d'une orange contaminée sur t6, parfoi s
aucune .
De nouveaux essais ont été faits avec des
fruits partagés en trois lots : dans le premie r
lot, les oranges subissaient un grattage super-
ficiel de l'écorce, celles du deuxième lot étaien t
percées à l'emporte-pièce jusqu'à la moitié d e
l'épaisseur de l'albedo : elles étaient ensuite
toutes contaminées par dépôt des spores sur les
plaies . Les fruits du troisième lot, conservés 2 3 4 5 6 9
intacts et mis en contact direct avec un e DURÉE DE l'EXPÉRIENCE en jours

orange contaminatrice, servaient de témoins . FIG . 2 . - Action de différents produits chimiques . Expériences sur citrons .

414 - Fruits - Vol . 6, n° 10, 195 1

les citrons . Par contre, il semble que les lavages à la bross e période d'incubation des Penicillium sont indiquées pou r
faits sur les oranges pour les débarrasser des cochenilles , différentes températures, avec des plaies de 6 mm de pro -
pourraient faire éclater les glandes essentielles de l'écorc e fondeur.
et être une cause supplémentaire d'infection .
TABLEAU II I

TABLEAU II Influence de la température sur la période d'incubation .


Influence de l'emballage

Développement de Penicillium
°, de Penicilliu m
Nature du lo t Entreposage aux Durée de la périod e
30/5/5 1 5/ 6 /5 1 températures centigrades d'incubation en jours

Billots sans papillotes 12, 2 20 28


6, 5
Billots avec papillotes . . . . 5 6,4 8° 12
Caisses sans papillotes . . . . 23 26, 4 12° 8
Caisses avec papillotes 16° 5
4,9 4, 9
21 °- 25°5 3

Procédés physiques .
Au cours des observations sur les citrons nous avons p u
On peut utiliser à des fins pratiques l'influence de l'humi - faire des essais sur l'influence qu'exerce la température su r
dité et de la température sur le développement des Peni- le développement de la moisissure : pour cela 4 lots de
cillium . La physiologie des champignons est en effet affec- 5o citrons chacun ont été prélevés et contaminées artifi-
té2 par les conditions de ces deux facteurs dans l'air . ciellement par P . digitatum, après incision de l'écorce ave c
D'après VIENNOT-BOURGIN et TINDALE, la tempéra- un emporte-pièce jusqu'aux environs de l'albedo . Quoique
ture physiologique maximum est voisine de 30°, l'optimu m la profondeur de toutes les plaies faites ainsi ne soit pa s
serait entre 21° et 25° . Aux basses températures de o à ro " rigoureusement égale, elle est toujours suffisante pour qu e
la croissance des champignons est très ralentie . Le tableau les différences n'aient plus de rôle sur le développement de s
suivant, d'après un article anonyme sur la pourriture de s champignons . Deux lots, l'un papilloté, l'autre non papil-
oranges Navel ( 1 ), confirme ces données : les durées de l a loté, étaient placés à la température de 9-100 et 95 " a
d'humidité relative, les deux autres dans des étuves à 25° C
(t) The Citrus News, oct . in' . XXVI, n o n, . et 85 °0 d'humidité relative . Dans les deux cas les lots

Té,oin
~~r~ÿSt~~iôçâbbâm éee fe
Bèn
cu~ë t de la oxyquinoéenéu ac& que
-T niirate dephényl
r m ,acideacétique

10 11 12 13 14
DURÉE DE L'EXPÉR .ENCE en jour,
FIG . g . - Action de différents produits chimiques . Expériences sur citrons .

Fruits - Vol . 6, n° 10, 1951 - 41 5

papillotés et non papillotés se comportaient de la mêm e Stade o aucun mycélium n'est visible .
façon, l'emballage n'ayant plus aucune action protectrice . z première apparition de Penicillium à l'intérieur
Dans les lots à 25° la moisissure apparaît dès le troisièm e de la zone de contamination .
jour de l'expérience, tandis qu'à zo o le début de l'infectio n 2 le champignon commence à dépasser cette zone .
n'a lieu que le neuvième jour . 3 1/4 du fruit couvert de spores .
Outre la rapidité de la contamination, nous avons essayé 4 i/2 du fruit couvert de spores .
de chiffrer la durée de développement en convenant de dé- 5 3/4 du fruit couvert de spores.
finir différents stades : 6 fruit totalement couvert .

10 11 12 13
CURÉE DE L' EXPÉRIENCE ee jours

FIG. q . - Action du picroformol de B°u1N et de ses composants sur citrons .

On a évalué le pourcentage des citrons à chaque stade , licum et P. digitatutn . A Io°, la période d'incubation de
chaque jour, puis calculé le stade moyen pour chaque jour : P. digitatu7n étant plus longue que celle de P. italicum, ce
ce stade moyen est reporté sur les graphiques .
La figurez donne une idée de la vitesse de propagatio n F sT 4 DES

du champignon .
Il semble que seule la période d'incubation est augmen-
tée par les basses températures . Elles n'ont ensuite aucun e
influence sur la progression des parasites qui dure 6 jour s
dans tous les cas .
Mais l'action de la température sur la période d'incuba-
tion est différente pour les deux espèces de Penicilliunz .
TINDALE donne les résultats suivants :

Température Bleue Vert e


4°,5 23 jours 5o jours
3° 23 jours 66 jour s
2° 42 jours 66 jours

Il est certain que P. italicurn s'attaque plus particulière - FIG . S . - Action du picroformol de Boue et de ses composants
sur oranges .
ment aux citrons ; cependant il pourrait y avoir une rela-
tion entre cette action des basses températures et le fait
que l'on ne trouvait que P. italicum sur les citrons entre - dernier pourrait envahir les fruits avant le début de l a
posés à Io° . D'autres citrons placés à la température ordi- moisissure verte .
naire, sans contamination artificielle, présentaient P. ita- D'autre part, l'humidité de l'atmosphère a une influenc e

416 - Fruits - Vol . 6, n° 10, 195 1

favorable sur ces parasites . C'est ce que nous avons p u d'hygrométrie, sans contamination artificielle, étaien t
observer sur les citrons, au cours des trois mois de stockage . moins attaqués à la fin du stockage que les citrons d u
Les fruits conservés à la température ord'naire et 88 même lot placés à ro i et 98-Zoo % d'hygrométrie . Il

Tém in
chlorure de L D .D. t•L-I' 1/500
_ ~ ~• •
5...bisulfite de cellulose
1/500+acétique
1% +acétiqu e
1% +propoli s
1% +acétique
1%+picriqu e
. 1%

FIG. 6 . - Action du chlorure de lauryl-diéthylbenzyl-ammonium sur citrons .

semble donc que l'on puisse réduire les pertes lors de l'en- mentent la durée de la période d'incubation du champi -
treposage plus facilement en agissant sur l'humidité, qu'e n gnon, mais n'arrêtent pas son développement, tandi s
agissant sur la température . Les basses températures aug - qu'une forte hygrométrie, même à ces températures, l e

à 1% +ac . picrique, acétique


. +acétique

4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14
DURÉE DE L'EXPÉRIENCE en Jours

FIG. 7 . - Action du chlorure de lauryl-diéthylbenzyl-ammonium sur oranges .

facilite . Pour obtenir les conditions les meilleures pour la lium soient les moins importantes . Ce résultat pourrai t
conservation des agrumes, il faudrait donc trouver un être atteint en modifiant simultanément, et de différente s
équilibre entre humidité et température, où les pertes de manières, ces deux facteurs .
poids dues à la déshydratation et celles dues aux Penicil- Il est remarquable que l'action des hautes température s

Fruits - Vol . 6, n° 10, 1951 - 41 7

est plus nette encore que celle des basses températures . O n d'autres, dont Van DERPLANK, RATTRAY et Van WYK ,
pourrait penser à une sorte de stérilisation . Sur des citron s des papiers à l'orthophénylphénate . Malgré des contro-
placés dans une étuve à 25°, après chauffage durant plu s verses sur la toxicité et la persistance de l'odeur de ce s
de 24 heures à 35°, avant toute contamination, le dévelop- produits, surtout le diphényle, sur les fruits, les résultat s
pement de P . digitatum et P. italicum, même si les fruits sur le marché semblent assez satisfaisants .
sont ensuite artificiellement contaminés, est totalemen t
arrêté ; mais après un tel traitement les fruits eux-même s
sont détériorés (perte de jus et aspect momifié) . TINDAL E
et FISH ont fait des expériences pour trouver un temp s
d'exposition des fruits aux hautes températures (35°) asse z
court pour qu'ils ne subissent aucune détérioration, mai s
assez long pour que les champignons ne puissent plus s e
développer . Pour une plaie de 1,5 mm de profondeur, e t
à 94 °„ d'hygrométrie, ils ont obtenu sur des oranges le s
résultats suivants :

2 jours . . . . 3405 8o des dégâts sont prévenu s


3 jours . . . . - : 90 0 , -
5 jours . . . . - : Io o

Pour une plaie plus profonde, 6 mm, il faut 7 jour s


pour prévenir entièrement le développement . Mais le s
oranges ne peuvent rester plus de 4 jours à une telle tem-
pérature ; cette méthode n'est donc pas suffisante .

Procédés chimiques .

Un très grand nombre de fongicides ont été employé s


contre les Penicilliutn des agrumes . Le nombre même de
ces essais semble indiquer qu'aucun résultat concluant n e
s'est encore imposé . Aucun produit n'arrête complètement
le développement des parasites ; on observe tout au plu s
un certain retard .
On peut classer les traitements effectués en trois caté-
gories, selon leur objet : le but des premiers serait de pro-
téger les fruits en cicatrisant les plaies par un enduit pro-
tecteur et mieux, en imbibant les tissus cicatriciels d'un
fongicide efficace . Selon F . G . HALL et J . BRICHET, le
paraffinage a une grande influence sur la perte de poid s
par déshydratation et sur l'attaque par les Penicilliunz ;
TINDALE, HALL, HOPKINS et LOUCKS préconisent
FIG . 5 . - Influence d'un traitement chimique sur un lot de citron s
l'emploi d'enduits de cire, ou d'émulsions cireuses conte- contaminé artificiellement avec P . digitatu m
nant divers fongicides : « celles-ci suppriment un gran d (Photo A . Contelli, I.F . A . C.) .
nombre de spores et empêchent leur contact direct ave c
la peau des fruits . » Les essais faits au laboratoire avec d e
la gélatine et de la propolis ont été négatifs . Il faut e n Nous avons fait au laboratoire des expériences avec d u
effet que le produit utilisé forme un enrobage continu qu i papier au diphényle : les oranges utilisées pour cela ont ét é
ne s'écaille ni ne se fende en séchant . divisées en trois lots : toutes étaient contaminées à l'em-
Les traitements de la deuxième catégorie ont pour objet porte-pièce, puis un lot emballé dans du papier au diphé-
d'empêcher la circulation des spores et la contamination nyle, l'autre dans du simple papier de soie, le troisième no n
des fruits . TOMKINS, NATTRAS, WARDLOW et LÉO - enveloppé . On plaçait les trois lots dans une étuve à 25 0
NARD ont utilisé à cet effet des papiers traités par des et 90 0 d'humidité relative . Au bout de trois jours la moi-
solutions à base d'iode ; WINSTON, MECKSTROTH e t sissure s'était également développée dans les trois, fai t
ROBERTS, par des solutions de z-aminopyridine ; d e normal pour le deuxième, le papier de soie n'assurant au-
nombreux auteurs dont HOPKINS et LOUCKS, RAM- cune protection contre la moisissure, après que les lésion s
SEY, SMITH et HEIBERG et J . del TATTO, préco- soient faites ; mais cet essai montrait que le diphényle n' a
nisent l'emploi de boîtes et emballages au diphényle, aucun pouvoir pour arrêter le développement des cham-

418 - Fruits -- Vol . 6, n° 10, 195 1

pignons après contamination . Nous avons entrepris une rait de tuer les spores et arrêter le développement du para -
série d'expériences pour essayer de voir quelle était la pro- site même après la contamination : pour cela on a employé
tection du diphényle : à toutes les oranges des trois lots, o n des traitements gazeux et solutions fongicides qui parais-
faisait une plaie stérile à l'emporte-pièce . On faisait ensuite saient plus efficaces que les emballages imprégnés de solu-
le même emballage que dans l'essai précédent et pou r tions . Dans un résumé sur l'utilisation des gaz contre le s
chaque lot on posait sur 4 oranges une orange contamina- Penicillium des agrumes, R. de CHARNACÉ mentionne
trice couverte de spores de P. digitatum en contact ave c des essais avec CO,, SO 3 , 03 et trichlorure d'azote . Ce der-
les plaies . A 25°, au bout de 3 jours seulement, les deux nier connu sous le nom de procédé « DECCO » a un e
derniers lots étaient atteints par Penicillium . Ces deux sé- grande influence sur le développement des moisissures de s
ries d'expériences montrent que les papillotes imprégnée s Citrus : son emploi reste cependant difficile, car il est trè s
de diphényle n'inhibent pas le développement des champi - instable, lacrymogène et irritant pour les muqueuses, peut -
gnons sur des fruits déjà contaminés, mais qu'elles em- être toxique à de fortes concentrations .
pêchent la contamination de fruits porteurs de plaies . C'es t Le nombre d'essais de trempage dans des solutions fon-
là, pensons-nous, l'intérêt de la méthode qui est déjà réel . gicides est à l'heure actuelle considérable . Parmi les plu s
Enfin, le but de la dernière catégorie de traitements se - connus, nous pouvons citer les produits suivants :

Produits utilisés Auteur s Observation s

Borax en solution à d :verses concentra- TZERETELLE (L . Y.)-TCHANTURI A Selon VIENNOT-BOURGIN ces traite-
tions (N .) RATTRAY-FULTO N ments ont plus d'action sur P. digi-
BOWMAN-WINSTO N tatum que sur P. italicum, ce qui peu t
BAYER et HAWKING L . BLONDEL s'expliquer par l'antagonisme qu i
GODFREY et RYALL existe entre ces deux moisissures .

Borate de sodium H . B . JOHNSON GODFREY et RYAL L

Solution d'acide boriqu e REICHERT-PUTTERI L Plus efficace que le borax .


Soude 2,3 à 5 % FIDLER-TOMKINS

Ethylmercurithiol-salicylate (Merth`.olate) GODFREY et A . L . RYALL


1,2 à 15 °o

Phényl mercure 2-2-2- nitroéthanollac-


tate (N 5 F purifié )

Thiourée GODFREY et A . L . RYAL L


PERRET et L . LESPE S
CHILDS et SIEGLE R

Orthophénylphénate VAN der PLANK-RATTRAY Grands dommages .


GODFREY et A . L . RYAL L On doit rincer les fruits après le traite -
ment .

Orthoxyquinoléine PERRET et L . LESPES

Salicylanilide PERRET et L . LESPE S

z-aminopyridine 5 WINSTON-MECKSTROTH-ROBERT S

Thioacétamide CHILDS et SIEGLE R


Sulfate de 8-hydroxyquinoléin e
2-aminothiazol

Dinitro-o-cylohexylphénol KLOT Z

Nous avons également réalisé au laboratoire un certai n pièce que l'on enfonce jusqu'à la moitié de l'albedo au
nombre d'essais avec des produits fongicides minéraux e t moins et trempés ensuite pendant 2 à 4 minutes, dans le s
organiques . Les fruits sont contaminés avec un emporte - différentes solutions . On les place ensuite dans une étuve à

Fruits Vol . 6, n° 10, 1951 - 419 -

25 0 et 9o d'hygrométrie et on les observe régulièrement . moyen pour chaque jour a permis d'établir le tableau sui-
Comme pour l'action des températures, le développemen t vant et les graphiques (fig . 2 à 7), qui résument le s
de la moisissure est évalué en stades et le calcul du stade résultats obtenus .

TRAITEMENTS CHIMIQUES CONTRE LES PENICILLIU M


CLASSÉS PAR ORDRE D'ACTIVITÉ DÉCROISSANT E

ORANGE S CITRON S

1. Picroformol de BOUIN . 1. Formol .


2. Nitrate de phényl mercure H- ac . acétique . 2. Nitrate de phénylmercure ± ac . acétique .
3. Formol . 3. Chl . de LDBNH, 1 °o .
4. Chlorure de lauryl-diéthylbenzyl-ammonium (Chl . 4. Picroformol acétique de BOUIN .
LDBNH,), à 1 °° + ac . acétique + ac . picrique
5. Nitrate de phénylmercure . 5. Chl . de LDBNH, 1 °0 7-- ac . picrique -r acétique .
6. Chl . LDBNH I 1 °o = ac . acétique . 6. Acétique .
7. Chl . LDBNH, 1 0 0 H- propolis . 7. Chl . de LDBNH, 1 °,,o + ac . acétique .
8. Chi . LDBNHI 1 8. Picrique .
9. Ac . acétique . 9. Chi . de LDBNH, 1 °o propolis .
Io . Chl . LDBNH I 1 °,_° . Io . Chl . de LDBNH, 1 °o a : . acétique .
II . Ac . picrique. I1 . Sulfate neutre de 8-oxyquinoléine .
12. Chl . de LDBNH, 1 °,-- bisulfite de cellulose .
13. Polychloronitrobenzène + ac . acétique .
14. Naphtoquinone .
15. Sel de cuivre de la 8-oxyquinoléine .
16. Nitrate de phénylmercure .
17. Chl . de LDBNH, 1/5oo T ac. acétique .
18. Diméthylthiocarbamate .
19. Sel de cuivre de la 8-oxyquinoléine H- ac . acétique .
20. Oxychlorure cuprocalcique .
21. Polychloronitrobenzène + ac . acétique .
22. Chl . de LDBNH ,, 1/500 .
23. Acide salicylique .
24. Orthophénylphénol .
25. Dinitro-o-cyclohexylphénol .

P . dibitatum semble se développer plus rapidement sur desséché et un goût amer . A de plus faibles concentrations ,
les oranges et résister plus aux fongicides sur les orange s quand le produit ne détériore plus les fruits, son actio n
que sur les citrons . Ce fait n'a peut-être d'autre cause qu e fongicide est devenue à peu près nulle . Tel est le cas du Chi .
l'état de maturité des fruits . En effet, les citrons employés LDBNH 1 qui à 1 °o est très actif, sur les citrons surtout,
pour les essais étaient tous encore verts, tandis que le s et n'a plus aucun intérêt à 1 ou 2 pour mille . Ce fait pose
oranges étaient mûres . actuellement un problème : comment empêcher l'appari-
La plupart des produits utilisés ne retardent que faible - tion des brûlures et autres détériorations des fruits, san s
ment l'apparition des premiers symptômes sur les fruits . nuire à la toxicité des différents produits pour les cham-
Certains ont cependant une action considérable tel le For - pignons . Dans ce but, HOPKINS et LOUCKS ajouten t
mol, le Picroformol de BOUIN, le Nitrate de phénylmer- à l'Orthophénylphénate de sodium de l'Hexaméthylèn e
cure, le Chlorure de lauryldiéthylbenzylammonium (Chl . tetramine .
LDBNH I ) à 1 : avec ces corps les premiers symptôme s Il est remarquable que parmi les produits qui ont cer-
ne sont visibles que le 8 e ou 9 e jour, alors qu'ils appa- tainement l'action la plus importante sur les Penicillium ,
raissent dès le 3 e jour chez les témoins . De plus, il sembl e sont l'Acide acétique, l'Acide picrique, le Formol et le Pi-
que l'Acide acétique et le Formol retardent considérable - croformol acétique de BOUIN, utilisés en microscopi e
ment le développement des champignons après le début comme fixateurs des tissus . « La fixation est destinée à
de l'apparition . L'Acide acétique, additionné à un autre tuer les cellules en les conservant autant que possible dan s
produit, augmente souvent de façon sensible son actio n l'état où elles se trouvaient pendant la vie » (LANGERON) .
fongicide . Elle consiste à coaguler et précipiter le contenu cellulaire ;
Pourtant aucun de ces produits ne peut être utilisé d e un bon fixateur doit de plus avoir une grande puissance de
façon courante, car ils ont un effet au moins aussi impor- pénétration lui permettant d'atteindre rapidement, non
tant sur les fruits mêmes : l'écorce des oranges, et plus en- seulement les cellules superficielles, mais aussi les tissu s
core celle des citrons traités avec ces corps, est toujour s profonds . Cette accumulation du pouvoir fongicide et fixa-
fortement brûlée et brunie . Le fruit a souvent un aspect teur laisse à penser que la pénétration profonde des fongi -
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cides dans les tissus a une grande importance pour leu r les mesures préventives et curatives reconnues efficaces .
action sur le développement des champignons . Nous avons vu, en effet, que de multiples facteurs avaien t
Si l'on considère les altérations des agrumes provoquées une importance primordiale pour le développement de s
par les hautes températures, nécessaires à la protectio n champignons . La recherche de tous les moyens suscep-
contre les Penicillium et l'action des fongicides, on peut tibles de protéger les fruits contre les meurtrissures, depui s
penser qu'il existe une analogie dans les deux cas . Le dé- leur cueillette jusqu'à leur livraison au consommateur, es t
veloppement du champignon serait inhibé beaucoup plu s le premier moyen de diminuer l'importance des pertes . L'ac-
facilement par les modifications physico-chimiques du mi- tion des facteurs physiques (température, hygrométrie )
lieu de son hôte, que par une action directe sur son orga- pendant le transport et le stockage peut réduire le dévelop-
nisme même . pement des Penicillirtrrz pour les fruits susceptibles d'êtr e
Il faudrait donc trouver un état d'équilibre pour leque l contaminés . Les traitements chimiques, enfin, s'ils son t
l'écorce des fruits subirait des transformations suffisante s judicieusement appliqués, peuvent renforcer l'efficacité de s
pour rendre impossible le développement des parasites , deux séries de mesures citées ci-avant et dans l'aveni r
mais cependant assez faibles pour ne pas altérer la qualité peut-être assurer une protection totale contre les moisis -
des fruits . sures bleue et verte .
CONCLUSION
F . LAURIOL ,
La réussite de la lutte contre les Penicilliuzn des agrume s Laboratoire de Défense des culture s
ne peut dépendre que de l'utilisation simultanée de toutes de l'Institut des Fruits et Agrumes Coloniaux .

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