CHAPITRE I
: Vie fraternelle en communauté au centre du concile Vatican II
1.1.1. Vie fraternelle en communauté dans le Magistère post conciliaire
1.1.2 Les orientations de Perfectae caritatis
1.1.3 Les orientations de l’instruction Religieux et promotion humaine
1.1.4 Les orientations de la vie fraternelle en communauté
1.1.5 Les orientations de Vita consecrata
1.1.6 Lettre encyclique Fratelli Tutti du Pape François
1.1.7 Les orientations du pape François pour l’année de la vie consacrée
1.1. 8 Évolution Canonique
1.2.1. Vie fraternelle en communauté dans le code de 1983
CHAPITRE II : l’obligation de la vie fraternelle en communauté
2.1. Notions
2.1.1. La spécificité de la vie fraternelle en communauté
2.1.2. Obligation
2.1.3. La communauté religieuse
2.2. Les caractéristiques fondamentales de la vie fraternelle en communauté
2.2.1. La définition de la vie fraternelle en communauté
2.2.2. La fraternité
2.2.3. La vie en commun
2.2.4. Les droits et devoirs du religieux
2.2. 5 Fondements Canoniques
INTRODUCTION
Dans des communautés religieuses, il y a toujours une expression particulière
éloquente de cet amour sublime et sans limite. La vie fraternelle est à vivre dans nos
communautés chaque jour.
Les communautés religieuses sont nées pas de notre volonté mais de Dieu d’une vocation
divine et d’un attrait divin.
De nos jours, nous constatons un regard critique avec Emilio CRASSO, « Les
instituts religieux implantés en Afrique sont engagés à redécouvrir leur patrimoine
charismatique, à la fidélité propre de leurs origines et de leurs propres sources spirituelles
qui puissent garantir leur apport créatif dans l’édification des Églises en Afrique, et de
l’Église universelle. »1
Nous constatons avec regret un développement d’attitudes et de comportements anti-
juridiques chez bon nombre des religieux, craignant certains à vivre la vie fraternelle en
communauté. D’autres foulant aux pieds les règles de la vie fraternelle en communauté.
En effet, cela montre à suffisance que la vie religieuse traverse une crise de la vie
fraternelle en communauté. Cette réalité impose aujourd’hui, et peut-être demande un
aggiornamento dans les communautés religieuses. Voilà un indice qui montre la gravité et
l’urgence de la situation actuelle dans plusieurs de nos communautés religieuses.
Beaucoup de religieux ont placé leur intérêt personnel en priorité au détriment de la vie
fraternelle en communauté. La vie religieuse et la vie fraternelle en communauté
auxquelles ils se sont engagés, sont relayées à l’arrière-plan. C’est cela qui suscite notre
interrogation : la vie fraternelle en communauté a-t-elle perdu son efficacité et ses
obligations juridiques ? Que faut-il faire pour redonner un sens canonique et juridique à
la vie fraternelle en communauté ? Comment résoudre les conflits qui naissent de cette
insubordination ? Notre réflexion sur l’obligation de la vie fraternelle en communauté est
de lui offrir un cadre de protection juridique. Comment vivre cette obligation et quels
sont les modalités de cette vie ? Voilà les questions qui vont être notre démarche à partir
de la lecture du canon 607§2 du code de 1983. Notre réflexion a un double intérêt, d’un
côté l’intérêt canonique par le fait que la vie fraternelle en communauté est règlementée
par les constitutions droit fondamental de l’institut. Une vie consacrée pour ses frères.
Notre orientation vise à retrouver l’identité du religieux, son statut desquels découlent
droits et obligations. Il s’agit de voir les effets juridiques de la vie fraternelle en
communauté. De l’autre côté, l’intérêt ecclésial presse, car vouloir l’unité et conserver la
communion des fidèles, telle est la volonté du Seigneur. 2 Et depuis le concile Vatican II,
la vie fraternelle en communauté ne cesse de revêtir un relief particulier dans
l’enseignement officiel de l’Église. Quelle est la fidélité particulière pour le signe du
1
Cf. Emilio CRASSO, communautés religieuses en Afrique. Le défi de la fidélité, cahier de la quinzaine
n°16, UCAC ICY, Yaoundé, 200.
2
Cf. P.EYT. « L’anti juridisme et sa portée dans la vie récente de l’Église », in l’année canonique, tome27,
1983, pp 19-20 EYT résume cet anti juridisme en trois attitudes : primo, le désaccord qui traduit une
revendication en s’attachant à obtenir la meilleure participation à l’intérieur d’un système social déterminé ;
secundo, la négation exprime l’attitude de celui qui ne s’estime pas concerné par une règle juridique qui, de
son point de vue n’a aucune utilité pratique pour lui, dans la mesure où la règle ne remplit pas la fonction
qu’il attendait par rapport à la solution de son cas individuel et limité, il se met en retrait en contestant le
fait, que la règle puisse l’obliger, puisqu’il n’en voit pas la raison ; tertio, la sécession qui traduit l’attitude
d’une personne ou d’un groupe consistant à organiser son existence en dehors du système officiel, ayant
perdu l’espoir que ce système puisse satisfaire leurs attentes.
temps ? Notre travaille délimite en soi le champ de notre investigation, cette réflexion
s’adresse aux membres des instituts de vie consacrée religieuses qui pratique l’obligation
de la vie fraternelle en communauté.
L’objectif visé ici consiste à relever les effets juridiques de cette obligation, il s’agit de
susciter une prise de conscience sérieuse chez tous ceux qui se sont éloignés de la vie
communautaire en vivant seuls. Rejoindre la communauté et revivre la vie fraternelle en
communauté est une nécessité vitale pour l’épanouissement de la vie spirituelle
individuelle et communautaire pour celui qui s’est voué au Seigneur dans un institut de
vie consacrée. Car, « qui cherche à mener une vie indépendante, détachée de la
communauté, n’a certainement pas pris le bon chemin pour tendre à la perfection de son
état ».3
Pour finir, nous voulons échafauder notre réflexion en deux chapitres, dans le premier
nous parlerons de l’obligation de la vie fraternelle en communauté dans le mystère
trinitaire, dans le magistère de l’Église depuis le concile Vatican II, ainsi que dans la
législation canonique. Enfin le deuxième chapitre analysera le religieux vers son avenir et
sur les chances d’une vie fraternelle en communauté en évoquant quelques défis et des
notes perspectives centrées sur la dimension communautaire de la mission et de la gestion
des biens communautaire.
3
Cf. JM.TILLARD, devant Dieu et pour le monde. Le projet des religieux, Paris, Cerf, 1977, pp18-19.
CHAPITRE I : L’obligation de la vie fraternelle en communauté
Dans ce chapitre, nous parlerons de la vie fraternelle en communauté comme elle est
constituée dans le mystère trinitaire, dans le magistère de l’Église depuis le concile
Vatican II, ainsi que dans la législation canonique.
1.1. Mystère trinitaire
La vie fraternelle en communauté est dans le mystère trinitaire où elle manifeste
l’expression du Père, du Fils et de l’Esprit Saint, dispensateur des dons et des charismes
dans l’Église pour le salut du monde. Elle est aussi l’icône, confession et participation de
la communion trinitaire pour la vie de l’Église et la rédemption du monde.4
1.1.1. Magistère de l’Église depuis le concile Vatican II
A) Orientation de Vita consecrata (exhortation post-synodale de Jean Paul
II, 1996)
Cette exhortation post-synodale a de très belles déclarations sur la vie consacrée et son
rôle dans l’Église. Elle nous rappelle de la vie fraternelle en communauté qui est un signe
expressif de la communion ecclésiale, en insistant que « les conseils évangéliques
constituent le reflet de la trinité, la vie fraternelle et la confession »5. Ainsi, enracinée
dans l’Église, qui est essentiellement, mystère de communion, la vie fraternelle comprise
comme un partage d’amour se décline comme un signe expressif de la communion dans
l’Église6. Dans la vie de communauté, on doit pouvoir en quelque sorte saisir que la
communion fraternelle avant d’être un moyen pour une mission déterminée.
B) Répartir du Christ
La vie religieuse est une forme de vie chrétienne parmi tant d’autres. Elle veut témoigner
de la vie fraternelle des fils de Dieu vécue dans une Église qui devient toujours
d’avantage corps du Christ. La vie religieuse se vit dans une communauté fraternelle. Il y
a des instituts qui dépérissent parce que fait défaut cette vie fraternelle intense, cet esprit
familial, cet esprit de communion.7 C’est par cet esprit de communion que les religieux
ont un rôle particulier dans l’Église. Ainsi la vie religieuse présente à tous les membres de
l’Église un modèle de vie ecclésiale et cette vie fraternelle est une force et un exemple
qui attire. La mission qui est confiée aux religieux dans l’Église et dans la société est
4
CONGREGATION POUR LES INSTITUTS DE VIE CONSACREE ET LES SOCIETES DE VIE
APOSTOLIQUE, instruction La vie fraternelle en communauté. « congregavit nos in unum Christi
amor », 2 février 1994, in Enchiridion Vaticanum 14(1994), nn. 345-537, pp.220-283. (n.8 et 71) ; Voir
aussi JEAN PAUL II, Exhortation apostolique post-synodale « Vita consecrata », Paris, Pierre Téqui,
1996.pp. 26-27. (n°. 21 et 41).
5
Vita consecrata, n° 21, 41, 42, 45, 46 et 51.
6
Idem, n°42. P.61
7
Vita consecrata n°46.
principalement d’être frères et sœurs de tous, « un cœur sans frontière ». C’est par la vie
fraternelle en communauté que le témoignage de vie des consacrées est crédible pour
ceux qui les fréquentent et c’est par cette vie fraternelle qu’ils peuvent amener les gens au
Christ car la fraternité vécue en communauté par des gens d’âges différents, de cultures
différentes, de langues différentes, de tribus différentes, de races diverses est signe de
l’universalité de l’Église ; c’est le signe que le dialogue est toujours possible et que la
communion a le pouvoir d’harmoniser nos différences.8 On ne conçoit pas la vie
religieuse en dehors de la vie fraternelle en communauté.9 La communauté fraternelle est
le lieu par excellence pour discerner, accueillir ensemble la volonté de Dieu et avancer
ensemble la volonté de Dieu en union d’esprit et de cœur. La vie fraternelle en
communauté permet aux religieux d’aimer les autres dans le cœur du Christ, c’est-à-dire
que la communauté devient une école d’amour mutuel, un lieu de pardon mutuel, un lieu
de communion, un lieu où l’on célèbre ensemble10.
C) Perfectae Caritatis
Cette exhortation se situe dans la dynamique de la rénovation de la vie consacrée pour
lui permettre de mieux témoigner des richesses qu’elle porte. Le texte définit les vœux et
la vie commune et insiste sur l’importance de la formation des religieux (ses), tant initiale
que permanente.
D) Orientations de la vie fraternelle en communauté
Cette instruction a eu de son côté aussi une grande résonance qui constitue le socle de
notre travail. Dans des communautés religieuses, elle vise à améliorer la qualité de la vie
communautaire des religieuses. Elle offre quelques critères de discernement en vue d’un
authentique renouveau évangélique et des motifs de réflexion à ceux qui se sont éloignés
de l’idéal communautaire, qu’ils reprennent parfaitement la nécessité de la vie fraternelle
en communauté puisqu’ils sont voués au Seigneur dans l’institut religieux ou incorporés
dans une société de vie apostolique. Elle nous rappelle l’origine divine de la vie
communautaire, la nature apostolique de la communion fraternelle, et présente la
communauté comme une « école d’amour » où l’on apprend à aimer Dieu et les frères et
les sœurs avec lesquels on vit, à aimer l’humanité toute entière qui a besoin de la
miséricorde de Dieu et de la solidarité fraternelle ; bref une communauté qui soit
continuellement en formation afin d’être plus adultes, évangéliques et fraternelles. Ce
document constitue un système incontournable sur la vie fraternelle en communauté.
E) Orientations du pape François pour l’année de la vie consacrée
8
La vie fraternelle en communauté, sœur Madeleine Gertrude KANA BELLA, la Quinzaine, Yaoundé,
Juillet 2002.
9
Vita consecrata, n° 92.
10
Vita consecrata n°41, 42,75.
Dans la lettre circulaire du 2 février 2014, le pape François rappelle rigoureusement aux
personnes consacrées qu’ils sont témoins de communion. Il parle de la fraternité qui est le
premier évangile et le plus crédible, il nous demande d’humaniser les communautés en
nourrissant cette fraternité de la joie en ayant la proximité comme compagnie. Il parle
avec force : « La rencontre et l’accueil de tous, la solidarité et la fraternité, sont les
éléments qui rendent notre civilisation humaine. Être serviteur de la communion et de la
culture de rencontre, je veux que vous soyez comme obsédés en ce sens. Et soyez le sans
être présomptueux. » C’est un nouveau chemin initié par le Concile Vatican II qui se
poursuit par les religieux.
F) Évolution canonique
Le code de droit canonique (1983) recueille et précise les dispositions conciliaires
relatives à la vie communautaire. Dans la vie commune, il faut distinguer clairement deux
aspects. Alors que le code de 1917 donnait l’impression de s’être limité à des éléments
extérieurs et à l’uniformité de style de vie, Vatican II et le nouveau code insistent
explicitement sur la dimension spirituelle et sur le lien de fraternité qui doit unir tous les
membres dans la charité. Le nouveau code a fait la synthèse de ces deux aspects, en
parlant de mener la vie fraternelle en commun.
Dans le code, la vie fraternelle en communauté est réglée par le canon 607§2 et
constitue le fondement de toute la législation sur les personnelles de la vie consacrée et
fournit sa réalisation en forme par l’Église pour marquer la singularité spécifique de la
vie consacrée11. Le canon 602 Le principe de base selon lequel les membres de tout
institut de vie consacrée sont appelés à vivre la vie fraternelle d’une façon propre à
chaque institut.12
La vie fraternelle est propre à chaque institut et elle unit les membres comme en une
famille de Dieu. Il n’y a de vie communautaire que d’après le charisme de chaque institut
et il appartient à chaque institut de définir son style de vie fraternelle13.
Le canon 607au§ 1 explique la nature religieuse de cette vie : elle exprime une union
sponsale établie par Dieu et toute l’existence du religieux est un culte continuel dans la
charité. Il y a trois éléments à prendre en considération pour qu’il y ait un culte comme
Jean Beyer note : « la donation de soi est culte ; l’existence est voulue comme culte offert
11
Cf.can.607 1. : « Entant que consécration de toute la personne, la vie religieuse manifeste dans l’Église
l’admirable union sponsale établie par Dieu, signe du siècle à venir. Ainsi le religieux accomplit sa pleine
donation comme un sacrifice offert à Dieu, par lequel toute son existence devient un culte continuel rendu à
Dieu dans la charité. 2. L’institut religieux est une société dans laquelle les membres prononcent
temporaire, selon le droit propre, des vœux publiques perpétuels ou temporaires à renouveler à leur
échéance, et mènent en commun la vie fraternelle. 3. Le témoignage public que les religieux doivent rendre
au Christ et à l’Église comporte la séparation du monde qui est propre au caractère et au but de chaque
institut ». Voir aussi LG 44-45 ; PC 5 et 15 ; AG 18
12
Cf. can.602 : « La vie fraternelle, propre à chaque institut, qui unit tous les membres dans le Christ
comme dans une même famille particulière, doit être réglée de façon à devenir pour tous une aide
réciproque pour que chacun réalise sa propre vocation, qu’ainsi par la communion fraternelle, enracinée et
fondée dans l’amour, les membres soient un exemple de la réconciliation universelle dans le Christ ».
13
Comité canonique des religieux, Directoire canonique. Vie consacrée et sociétés de vie apostolique, Paris,
Cerf, 1986, p.101.
à Dieu ; culte continuel dans la charité dans lequel prime toujours l’attention à dieu, sa
louange et son adoration. »14 Le §2 parle de la vie fraternelle menée en commun comme
d’un des éléments essentielles de la vie consacrée religieuse. En plus des trois conseils
évangéliques de chasteté, de pauvreté et d’obéissance, il y a la vie fraternelle en commun
qui serait, aux considérations de Jean Beyer, un quatrième conseil, car « le charisme de
l’institut est collectif, il unit dans un même groupe ceux qui le reçoivent individuellement
pour le vivre en communion d’amour.15 Enfin le §3 donne les fondements du témoignage
collectif des instituts et des communautés.
G) Fratelli tutti
Cette lettre du Pape François nous exhorte sur la fraternité et beaucoup de choses que
nous devons faire pour vivre cette fraternité avec nos proches,
14
J.BEYER, le droit de la vie consacrée. Instituts et sociétés, Paris, Tardy, 1988, p.11
15
J.BEYER, Le droit de la vie consacrée. Normes communes, p.39-40
CHAPITRE II : L’obligation de la vie fraternelle en communauté
En règle générale, la vie fraternelle est une exigence de la vie communautaire chez les
religieux. Cette obligation est régie par les canons 607§2 et 665§1 du CIC 83. Cependant
le droit canonique prévoit quelques exceptions pour le relâchement, ou la cessation de
ladite obligation : il y a des absences autorisées ou non pour le premier cas et la
séparation temporaire ou définitive pour le second. Dans ce chapitre, nous aborderons ces
exceptions, en parlant de la notion d’autorisation ou la permission et de dispense.
II.1 Les notions
La vie fraternelle en communauté n’est pas moins importante que les trois conseils et
qu’elle se trouve, elle aussi en relation direct avec l’Évangile.
« La vie fraternelle propre à chaque institut qui unit tous les membres dans le Christ
comme en une famille particulière, doit être définie (dans les constitutions) de manière à
devenir pour tous une aide mutuelle afin que chacun réalise sa vocation propre. Qu’aussi,
par la communion fraternelle enracinée et fondée dans l’amour, les membres soient un
exemple de réconciliation universelle dans le Christ » (can.602)
Dans ce canon, surtout dans la dernière phrase, la communion fraternelle est présentée
comme une mission explicite en faveur de l’Église locale et de l’Église universelle.
Dans la mise en œuvre de l’obligation de la vie fraternelle en commun des religieux la
notion d’autorisation ou permission et de dispense ont une grande importance. Elles
permettent d’encadrer et protéger les droits et les devoirs de tous les membres et de
favoriser l’ambiance de la vie communautaire.
II.2 Les obligations
L’obligation est une notion juridique qui provient du droit romain, et qui signifie « un
lien étroit ou un lien de droit entre un créancier. Elle a plusieurs sens, mais retenons ici
celle de Gérard Cornu qui s’inspire des institutes de Justinien. L’obligation du religieux
dérive de sa consécration baptismale et sa consécration religieuse par la profession des
conseils évangéliques. Le mot « obligation » a deux sens, c’est le lien de droit d’une part
mais c’est aussi la dette du débiteur envers le créancier. Ces deux sens sont exprimés par
obligatio (le lien) et debitum (la dette).
La définition classique de l’obligation provient des institutes de l’empereur Justinien qui
énonce que l’obligation est le lien de droit par lequel nous sommes astreint d’une manière
nécessaire à payer quelque chose à quelqu’un conformément au droit de notre cité. 16
II.1.3. La communauté religieuse
La vie religieuse a une obligation dont parle le canon 665§1du CIC 83 suppose que les
religieux doivent réaliser leurs droits et leurs obligations dans une communauté religieuse
et doivent habiter dans une maison d’assignation. Le droit actuel des maisons religieuse
16
« obligatio est iuris vinculum quo necessitate astringimur alicujus solvendae rei secundum nostrae
civitatis iura » (institute Justinien, 3, 13, pr.1)
est plus simple que celui du code de1917 où l’on trouve des concepts de maison filiale,
maison-mère et filiale, des maisons principales, des maisons formées et non formées. 17
Sylvia Recchi note que « la communauté comme *don* demande, en effet une réponse
qui implique toujours un engagement, un combat, une conversion ; elle demande que
nous soyons responsables de la croissance et de l’entraide mutuelle les uns des autres. 18
Et Sylvia Recchi clarifie que « la communauté religieuse, en effet, n’est pas un projet
humain, mais avant tout un don qui vient de la révélation de la vie trinitaire et de
l’invitation à y participer à travers la médiation du charisme spécifique de la famille
religieuse ».19
En suite relevons avec Madeleine Gertrude KANA BELLA certains critères qui fondent
la communauté religieuse 20: La parole de Dieu rassemble la communauté religieuse ; elle
est fondée sur la miséricorde qui unit ses membres qui se reconnaissent tous pécheurs ;
c’est le partage qui maintient l’unité de la communauté. Comme concept du droit, une
communauté est un groupe de personnes possédant et jouissant de façon indivise d’un
patrimoine commun. Cela suppose des personnes au sens strict juridique, c’est-à-dire
sujets des droits et devoirs parce qu’elles ont adhéré librement ou ont été admis dans la
communauté après libre acceptation des statuts, règlements ou constitutions qui régissent
les membres et les biens du groupe. Mais cela requiert aussi l’existence du patrimoine
commun ou des intérêts communs.21 Il n’y a pas des religieux vagus donc sans
communauté. Chaque institut religieux est divisé en maisons dont les noms varient :
monastères, couvents, abbayes, etc. Cette maison se rassemble à la résidence, au
domicile, et quasi-domicile, au logement, à l’habitation, par *maison*, on entend des
lieux plus ou moins clos où non seulement les religieux trouvent un abri matériel, mais
encore et surtout où ils peuvent vivre en commun, l’un des éléments essentiels de la vie
religieuse étant, la communauté de vie dans sa double composante matérielle et
spirituelles.22
17
Cf. CIC 17, cc.487, 5 et 497.
18
S.RECCHI, Se réjouir du don de Dieu. Petit guide de la vie consacrée, Yaoundé, centre d’études
Redemptor hominis, 2010, p. 75.
19
S.RECCHI, Op. cit. p.75
20
Cf. M.G. KANA BELLA, La vie fraternelle en communauté, Difficultés majeurs dans les instituts en
Afrique. « Quinzaine de Yaoundé, UCAC ICY, juillet 2002, p. 22-24.
21
Cf. J. BEYER, Le droit de la vie consacrée. Normes, pp. 125-126 ; cf. c. 608.
22
Cf. A.SERIAUX, Droit canonique, Paris, PUF,1996, p. 344.
II.1.4 Caractéristiques fondamentales de la vie fraternelle en communauté
II.1.5 Définition de la vie fraternelle en communauté
II.1.6 La fraternité
La fraternité, la communion fraternelle ou la vie fraternelle est l’élément spirituel,
charismatique et intérieur de la vie communautaire, au canon 602du CIC /83 est
enracinée dans la charité, par amour de Dieu et du prochain, qui unit les membres et
anime la communauté selon le charisme propre de l’institut. Parlant de la vie fraternelle,
ce canon met en relief l’élément « communion fraternelle » qui, au selon Jean Beyer, dit
plus la vie fraternelle, est en racinée et fondée sur la charité en union au Christ, centre de
la vie de communauté qui s’affirme dans le canon 608. Et cette communion fraternelle
fait des membres des instituts un modèle de réconciliation dans le Christ. La
réconciliation ayant ici un sens très profond d’union à Dieu, de pardon fraternel, de
collaboration et d’union en fraternité charismatique.23 Sa croissance résulte d’une
« charité ordonnée » et exige l’obligation de la contribution
23
Cf. J.BEYER, Le droit de la vie consacrée. Normes communes, p. 135.
CONCLUSION GENERALE
La vie fraternelle en communauté se vit dans la vie communautaire, celui qui fuit cette
vie n’est pas un religieux alors il s’agit de vivre seul ou d’être un cénobite. Le canon
607§2 traite des instituts religieux. Notre réflexion porte sur l’obligation de la vie
fraternelle en communauté, c’est un des éléments constitutif de la vie consacrée.
Notre réflexion s’est articulée en deux chapitres le premier parlera de l’obligation de
la vie fraternelle en communauté dans le mystère trinitaire, dans le magistère de l’Église
depuis le concile Vatican II ainsi que dans la législation canonique. Enfin le deuxième
chapitre analysera le religieux vers son avenir et sur les chances d’une vie fraternelle en
communauté en évoquant quelques défis et des notes perspectives centrées sur la
dimension communautaire de la mission et de la gestion des biens communautaire.
Nous avons la chance de dire la particularité de la vie fraternelle en communauté dans
la vie religieuse, le sens juridique et l’obligation pour mieux saisir la situation juridique
des religieux pour ce qui est commun avec les fidèles laïcs et ce qui lui est propre. Le
canon 607§2 révèle la sollicitude du législateur canonique exigent non seulement au sens
strict de l’obligation de la vie fraternelle en communauté. Ce canon traite seulement les
instituts religieux et séculiers, qui ont comme caractéristique commune la consécration à
Dieu et aux hommes par la vie selon les conseils évangéliques assumés par vœux ou
d’autres liens sacrés, et la vie fraternelle propre à chaque institut selon son charisme.24
24
Fondement de l’obligation de travailler à l’œuvre missionnaire « cours inédit père Jean Marie SIGNE »
PLAN DETAILLE DE MICRO MEMOIRE
CHAPITRE I
1.1.1. Vie fraternelle en communauté au centre du Concile Vatican II
1.1.2 Quelques facteurs
1.1.3 Revue des textes conciliaires
1.1.4. Vie fraternelle en communauté dans le Magistère postconciliaire
1.1.5 Les orientations de la vie fraternelle en communauté
1.1.6 Les orientations de Vita consecrata
1.1.7 Lettre encyclique Fratelli Tutti du Saint Père François
1.1.8 Les orientations de Repartir du Christ
1.1.9 Les orientations du pape François pour l’année de la vie consacrée
CHAPITRE II : l’obligation de la vie fraternelle en communauté
2.1. Notions
2.1.1. La spécificité de la vie fraternelle en communauté
2.1.2. Obligation
2.1.3. La communauté religieuse
3.1. Les caractéristiques fondamentales de la vie fraternelle en communauté
3.3.2 La définition de la vie fraternelle en communauté
3.3.4 La vie en commun
3.3.5 Les droits et devoirs du religieux
3.3.6 Fondements Canonique
3.3.7 Vie fraternelle en communauté dans le code de 1983
BIBLIOGRAPHIE
A. SOURCES
CONCILE OECUMENIQUE VATICANT II, constitutions, décrets, déclaration,
messages, Textes français et latin, Le Centurion, 1967, p. 1012
CODE DE DROIT CANONIQUE. Bilingue et annoté ; 4 eme édition révisée, Montréal,
Wilson et Lafleur, p. 566
B. DOCUMENTS DU MAGISTERE
Documents pontificaux
JEAN Paul II Exhortation apostolique Redemptionis donum, 1984
JEAN Paul II Exhortation apostolique Christifideles laïci. 1989
JEAN Paul II Exhortation post-synodale Vita consecrata, Paris, Tequis, 1996
JEAN Paul II Lettre apostolique ¨ Novo millenium ineunte ¨ In DC n° 2240 (2001)
Benoit XVI, Exhortation AFRICAE Munus sur l’Église en Afrique au service de la
réconciliation, de la justice et de la paix, Kinshasa, Mediaspaul, 2011.
François, Exhortation apostolique « Evangejii gaudium ». La joie de l’Évangile,
Kinshasa, Médiaspaul, 2014.
François, Lettre Encyclique Fratelli Tutti sur la fraternité et l’amitié sociale, 2020
A. Autres document
Congrégation pour les Religieux et instituts séculiers. Religieux (ses) dans la mission de
l’Église, Paris, le Centurion, 1984 p. 160
Congrégation pour les instituts de Vie Consacrée et les sociétés de Vie Apostolique,
instruction la vie fraternelle en communauté « congregavit nos in unum christi amor », 2
février 1994, in Ev 14(1994), nn 345-537 pp220-2
Congrégation pour les instituts de Vie Consacrée et les sociétés de Vie Apostolique,
Réjouissez-vous. Lettre circulaire destinée aux consacrés et consacrées. Paroles du
mariage du magistère du pape François ; 2 février 2014 Rome 2014
B. Ouvrages
FORBI Stephen KIZITO, Le vivre-ensemble en Afrique aujourd’hui, Presses de l’UCAC,
Juin 2017
AMBASSA NDJODO Faustin, la vie consacrée en Afrique à l’heure de nouvelle
évangélisation, Yaoundé, les éditions Fleurus Afrique 2015, p 173
AUROUX Sylvain (dir), Encyclopédie philosophique Universelle, notions philosophique
universelle. Notion philosophique T.I., Paris P.U.F, 1990 p.1275.
BEYER Jean, le droit de Vie consacrée, commentaire de canons 607-746. Instituts et
sociétés, Paris, Tardy, 1988, p. 328
BEYER Jean, le droit de vie consacrée, commentaire des canons 573-606, normes
communes. Paris, Tardy, 1988 p. 328
BEYER Jean, le droit de la vie consacrée, Kinshasa instituts et société, Paris, Tardy 1988,
p. 327
Congrès international de la vie consacrée, passion pour le Christ, passion pour
l’humanité, Rome, 23-27 novembre 2004, P .320
Comité canonique des religieux, directoire canonique. Vie consacré et société de vie
Apostolique, Paris, cerf, 1986, P. 316
KANA BELLA Madeleine Gertrude, La vie fraternelle en communauté, Difficultés
majeures dans les instituts en Afrique, « la quinzaine de Yaoundé », Yaoundé, Juillet
2002.
KAZIRI Pierre, pour comprendre le droit de la vie consacrée, Yaoundé, le harmattan,
2012, p. 204
La vie consacrée dans l’Église particulière du Zaïre, Éditions du secrétariat Général, B.P.
3258 – Kinshasa / Gombe
MESTRE Achille, introduction au droit canonique, Source du droit et organisation de
l’Église, Paris, Éditions Facultés Jésuites de Paris, 2010, p. 157
NAZ.R. Dictionnaire de droit canonique, T.I, Paris VI, Letouzey et ane, 1935
A. Articles
ANCILLA Marie, OP, « impossible communion ? Les difficultés de la vie aujourd’hui »
in vie consacrée, n° 4juillet-aout 2002, p.232-249
BEYER Jean, « vie consacrée et vie religieuse, du concile Vatican II au code de droit
canonique », in nouvelle revue théologique 1988, n° 110, p. 74
BRAUX Jacques, « pour les communautés nouvelles, quel statut » in les cahiers du droit
ecclésial, vol.4 (1987) p. 121-136
DAVID Bernard, « La vie consacrée et sa mission dans l’Église et dans le monde », in les
cahiers du droit ecclésial, vol.2 (1988-1994) p. 41-46
NOTHOMB Dominique, M.A, « La vie fraternelle au quotidien », in vie consacré, 1995,
n°2-15, Belgique, 1995, p .92-100