Renaissance du look
Exposition du 25 août au 30 septembre 2012
Château d’Hardelot
E n 1547, lors des funérailles de François Ier, retentit
pour la première fois une formule qui resterait : « Le
Roi est mort ! Vive le Roi ! ». Le corps physique n’a
qu’un temps, mais le pouvoir du roi demeure.
Au même moment, le terme de « mode » se spécialise :
après avoir évoqué la modération puis une manière de faire
collective, il désigne les apparences et plus particulièrement ce
qu’on pourrait appeler aujourd’hui les tendances
vestimentaires.
La rencontre de François Ier et Henry VIII, en 1520,
lors du Camp du Drap d’Or avait marqué les esprits. Il fallait
montrer les qualités, non pas d’un homme, mais d’une nation.
Lors du Camp, toutes les compétences possibles étaient en
vue.
Dès lors, il faudra apprendre à se démarquer sans se
faire remarquer, comme on disait à Venise. Les costumes de
la Renaissance, en même temps que la cour détermine ses
règles, font et défont les réputations. L’étiquette se met en
place, essentiellement sous Henri III – et tout un code de la
politesse voire de l’hypocrisie. D’ailleurs, l’essor de la dentelle
est venu des ordonnances interdisant l’abus de pierres et de
métaux précieux. C’était à la fin du règne d’Henri IV.
A travers l’exposition d’une quinzaine de
copies de costumes, toutes les étapes de la mode
de la Renaissance se font jour. Ces tenues sont
tirées de tableaux produits durant tout le
XVIe siècle, à partir du Camp du Drap d’Or,
Inspirée par l’Italie et l’Espagne, la France définit
des canons qui seront suivis dans toutes les cours
d’Europe, jusqu’à ce qu’Elizabeth Ière aille plus loin
encore.
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LES HABITS DE LA RENAISSANCE
L a Renaissance, fortement inspirée par le Quattrocento italien,
permet un renouveau dans tous les domaines : économique,
politique, intellectuel et esthétique. Les rivalités sont
exacerbées entre voisins : le faste et les richesses sont un moyen de
marquer les esprits. A ce titre, la rencontre de François Ier et Henry
VIII durant la tenue du Camp du Drap d’Or constitue un moment
clé d’échanges entre les puissances française et anglaise.
Comme l’écrit Jacques Ruppert, premier historien du
costume dans les années 1930 : « La France du XVe siècle
connaissait le luxe des costumes ; mais elle ignorait le
raffinement, la fantaisie dans le vêtement. (…) et ce sont
les modes vénitiennes qui ont inspiré celles de la France
au début du XVIe siècle. » Sous François Ier, « ce roi
jeune, galant, aimant le faste, une grande attention est
donnée au côté plastique. Il faut être beau, ou du moins
s’efforcer de le paraître ; le roi donne l’exemple, on
l’imite. »
Avec Henri II, les bas se font de soie et les premières
fraises apparaissent. Sous Charles IX, les culottes se serrent au
genou. Henri III crée le code de la cour et permet une
extravagance vestimentaire, qui se modèrera sous Henri IV.
Louis XIII apportera par la suite des modifications, passant du
clinquant au bon goût.
Il ne reste de cette époque que peu de tenues complètes :
on retaillait dans les mêmes étoffes les modifications à apporter. Le
costume était un patrimoine, coûtait cher, et mobilisait beaucoup
d’artisans pour sa réalisation : selon les matières (soie, lin, laine) ou
les interventions nécessaires (coupe, ornementation, accessoires).
A défaut de présenter des costumes originaux, on peut s’appuyer
sur les œuvres de l’époque, essentiellement picturales, pour recréer
l’atmosphère de la cour à la Renaissance.
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L’EVOLUTION DES STYLES
S ous François Ier, le costume masculin se compose d’un
pourpoint, d’une veste près du corps taillée dans une ou
deux riches étoffes, avec un décolleté en carré et qui laisse
entrevoir la chemise. Les hauts de chausses forment une sorte
de culotte à pont avec une braguette proéminente et se portent
souvent « en tonnelet » (près de la jambe) et parties (de couleurs
différentes). Les crevés (des taillades laissant passer une étoffe
contrastante) ornent le pourpoint et les chausses. Les jambes sont
moulées dans des bas de chausses en laine, très ajustées comme
des bas. Un ample manteau semi-circulaire complète la tenue : la
chamarre, qui se porte ouverte, laissant apparaître sa riche
doublure de soie ou de fourrure. Ses amples manches ballons sont
parfois terminées par des bas de manches fendus qui laissent
passer les manches du pourpoint. Parfois on ajoutait par-dessus le
pourpoint une veste à longues basques plissées, largement
échancrée sur la poitrine.
La robe féminine est faite de plusieurs parties,
amovibles et interchangeables. Sur une jupe de
dessous s’ajuste une jupe de tissus contrastant,
ouverte et évasée devant. Le corsage de forme carrée,
légèrement en pointe, est largement ouvert et laisse
apercevoir le ruché de la chemise. Les manches sont
ajustées sur le bras, et les avant-bras portent taillades et
crevés. De larges poignets de soie ou de fourrure
viennent s’épingler sur le bras et compléter l’ensemble.
Dès 1530, la silhouette est plus rigide et la robe portée
sur un corps piqué et un vertugadin.
Avec Henri II et jusqu’à Charles IX, sous l’influence de
l’Espagne ou l’esprit de la Réforme, les tenues se font plus
sombres. Le noir est à l’honneur, mais il reste traité richement,
dans des velours et des soieries. Les pourpoints, à col montant,
plus près du corps, sont tracés (passementerie de métal précieux).
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Les basques laissent apparaître la braguette et les
chausses deviennent volumineuses. Les jambes sont désormais
couvertes par des bas de laine ou de soie tricotés. La cape courte,
tracée, remplace le manteau, nouée sur l’épaule gauche, dégageant
l’épée attachée à la ceinture. La chemise laisse sortir un petit
ruché ou une collerette et des poignets godronnés.
La toilette féminine demeure rigide. Les manches
ajustées sur l’avant bras sont ornées de manchons ou de manches
bouffantes sur le bras. Tailles, crevés et passementerie enrichissent
les lourdes étoffes. Les décolletés sont plus fermés, avec un col
montant ; lorsqu’ils sont ouverts, pour les cérémonies, ils sont
garnis d’une guimpe en étoffe fine.
Sous Henri III, on conserve les trois principales pièces :
pourpoint, hauts de chausses et cape. Le pourpoint à basques
courtes descend devant en pointe, ajusté sur le buste, avec une
bosse sur le ventre : le panseron. Les hauts de chausses sont
collants et vont sous le genou, parfois garnis en haut de bandes
rembourrées de crins : les lodiers.
Les femmes portent des corsages en pointe, bas sur le
ventre, et affinant le buste toujours enserré dans le corps piqué.
Une ou deux paires de manches volumineuses se lacent sur ce
corsage. La fraise laisse place à partir de 1575 à la collerette en
éventail garnie de dentelle, soutenue par les fils de métal.
Avec Henri IV, le pourpoint est près du corps, avec ou
sans basques, dans des teintes sombres. Il perd le panseron. La
carrure est accentuée par des épaulettes. Les hauts de chausses,
parfois bouffants, sont plus généralement longs. La fraise,
soutenue par le haut collet du pourpoint, devient volumineuse.
La silhouette féminine adopte les robes à tambour, sur un
large vertugadin à plateau. La jupe de lourde étoffe s’arrondit en
une large fraise autour de la taille. Le corsage est fermé,
montant et augmenté d’une petite fraise, ou bien ouvert et bordé
d’un large col en éventail.
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LES DESSOUS DE LA SILHOUETTE
L es chemises, longues pour les femmes, courtes pour les
hommes, à large décolleté carré au début du siècle, puis à
col montant, sont munies d’amples manches terminées par
des volants, avec ornements de fil noir (spécialité anglaise dite
black work).
Pour les hommes, le caleçon de toile, issu des braies, est
porté sous les hauts de chausses. Les bas, de toile coupée dans le
bais puis de fil tricotés, sont porté par les deux sexes, parfois
brodés à la cheville. Ils sont retenus par des jarretières, ruban
brodé noué au-dessus ou au-dessous du genou.
On apprécie les femmes bien en chair, signe de richesse
familiale, aux épaules arrondies et à la poitrine généreuse, mais
avec une taille fine et des hanches rebondies. On remet au goût du
jour le corset, sous une forme plus rigide. Composé de plusieurs
épaisseurs de toile, surpiquées entre des tiges de roseau. On parle
alors de « corps piqué ». Le corset se lace dans le dos. Il
comprime les chairs, affine la taille et soutient la poitrine avec des
conséquences graves (déplacement des cotes et écrasement des
organes internes). La mode enfle l’ampleur des jupes par la
vertugade ou vertugadin d’un jupon de forme conique de grosse
toile et de joncs.
Sous Henri III, le bourrelet (coussin de toile en forme de
croissant que l’on noue sur les hanches) peut s’ajouter. Vers la fin
du XVIe, et particulièrement en Angleterre, le vertugadin destiné à
soutenir les robes à tambour prend une forme en plateau.
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La mode masculine met en avant les
attributs considérés comme virils. Au début du
siècle, les amples manteaux, munis de larges
manches ballons ou la braguette proéminente,
richement décorée, parfois garnie de pierres
précieuses, sont signes de puissance.
Le couvre chef ou la coiffe sont
indispensables. Au début du siècle, la mode est au
chapeau à fond plat, garni, pour les plus riches, de
perles ou de bijoux : les affiquets. En drap de
laine, en feutre ou en velours, il est le plus souvent
noir. Sur le bord supérieur il est fréquent d’y voir
une plume blanche : le plumail.
A partir d’Henri II, ce chapeau se porte avec la passe
baissée, penché à gauche, puis les coiffes prennent d’avantage de
hauteur, sous la forme de toques. La plume demeure.
Pour les femmes, sous François Ier, la coiffe à la
Française se caractérise par un bandeau de soie en forme,
décoré de perles, qui encercle le visage. Les cheveux sont enserrés
dans un petit bonnet de toile fine et dans un grand chaperon de
velours noir. Par la suite, les dames montrent leurs cheveux. A
l’image des hommes, les femmes adoptent la toque, qu’elles
portent sur leurs cheveux relevés.
Hommes et femmes portent des bijoux : perles naturelles
et pierres précieuses, longues ceintures travaillées, collier,
pendentifs, montres ouvragées, larges chaines, bagues et boucles
d’oreille sont recherchés. Les gants sont des accessoires communs
aux deux sexes. Ils sont employés afin de préserver la blancheur de
la peau, au même titre que les masques dont se parent certaines
élégantes, non seulement
durant les bals, mais aussi
dans la journée pour
conserver un teint pâle,
synonyme d’un rang social
élevé.
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Exposition du Département du Pas-de-Calais
Calais
Monsieur Dominique Dupilet
président du Département du Pas-de-Calais
membre honoraire du Parlement
Réalisée par
Madame Nathalie Harran, historienne et costumière
L’équipe du Château d’Hardelot –
Centre culturel de l’Entente Cordiale
Benoît Grécourt, Directeur
Anita Do Nascimento, Chargée des publics
Pierric Maelstaf, Chef de projets culturels
Les services du Conseil Général du Pas-de-Calais
Calais
Le Château d’Hardelot remercie vivement pour leur contribution :
Madame Catherine Pégard, présidente de l’Etablissement Public du
Musée et du Domaine National de Versailles
Monsieur Jean d’Haussonville, directeur général du
Domaine National de Chambord
Leblond, conservateur général, directeur du
Monsieur Thierry Crépin-Leblond,
Musée National de la Renaissance d’Ecouen
Madame Barbara Forest, directrice du Musée des Beaux Arts de Calais
Monsieur Aymeric Péniguet de Stutz, administrateur du Domaine
National du Château de La Motte-Tilly et du Palais du Tau
Monsieur Charles Giry-Deloison
Monsieur Patrick Dallanégra, illustrateur
Exposition du 25 août au 30 septembre 2012
Ouvert du mardi au dimanche, de 10h à 18h
Château d’Hardelot – 1, rue de la Source – 62360 Condette
03 21 21 73 65 – www.chateau-hardelot.fr
hardelot.fr