Document N084
Document N084
Document N084
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Unité-Progrès-Justice
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UNITE DE FORMATION ET DE RECHERCHE EN
SCIENCES ÉCONOMIQUES ET DE GESTION
(UFR/SEG)
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MAITRISE EN ECONOMIE ET GESTION DES
ENTREPRISES D’ECONOMIE SOCIALE ET
SOLIDAIRE
(MEGEES)
MEMOIRE
EN VUE DE L’OBTENTION D’UNE MAITRISE EN ECONOMIE ET GESTION DES
ENTREPRISES D’ECONOMIE SOCIALE ET SOLIDAIRE
THEME :
des microentreprises
A mes parents.
A toute ma famille.
i
Remerciements
Nos remerciements vont d’abord à Feu Professeur SOULAMA, promoteur de cette filière
d’excellence, la MEGEES qui nous a accueillis et formés.
Par leur dynamisme, le corps enseignant de l’UFR/SEG ainsi que les structures d’accueil des
étudiants pour les stages, ont permis de renforcer nos valeurs que sont l’efficacité et
l’opérationnalité. Qu’ils en soient remerciés.
A monsieur Benoît SANA, notre maître de stage et chef de service production de l’UAB-
IARD, nous adressons nos vifs remerciements.
Nous témoignons en outre toute notre gratitude à la famille ZOUNGRANA qui nous a
accueillis et traités comme leur fils, à nos camarades de classe et à nos amis, ainsi qu’à
madame Marie-Antoinette OUBDA pour son soutien inestimable.
Enfin, notre reconnaissance va à ceux qui nous ont accompagnés à un moment ou à un autre
de notre démarche.
ii
Table des matières
Dédicace ................................................................................................................. i
Remerciements....................................................................................................... ii
Table des matières................................................................................................. iii
Liste des tableaux....................................................................................................v
Liste des figures .................................................................................................... vi
Liste des sigles et abréviations ............................................................................. vii
Introduction générale ..............................................................................................1
iii
III.1.1 Les concepts de référence et les débats autour de la demande d’assurance .......30
III.1.2 La théorie de l’utilité espérée ............................................................................32
III.2 LA DEMARCHE D’OPERATIONNALISATION ...............................................................40
III.2.1 La collecte et les outils de collecte des données .................................................40
III.2.2 Les facteurs d’adhésion à l’« assurance dommages » ........................................41
III.2.3 Stratégie de traitement et d’analyse des données ...............................................42
III.2.4 Le modèle empirique .........................................................................................42
III.2.5 Modélisation .....................................................................................................43
III.2.6 Spécification du modèle.....................................................................................43
III.2.7 Méthode d’estimation et choix des outils de traitement des données ..................45
iv
Liste des tableaux
TABLEAU 1 : LES CRITERES DE CATEGORISATION DES ENTREPRISES ..........................................6
TABLEAU 2 : LA CATEGORISATION DE LA BANQUE MONDIALE .................................................9
TABLEAU 3 : LES RISQUES MAJEURS DES MICROENTREPRISES .................................................13
TABLEAU 4 : LES DIFFERENTS TYPES DE STRATEGIES INDIVIDUELLES DE GESTION DU RISQUE ..16
TABLEAU 5 : APERÇU DES MISSIONS ET DES CARACTERISTIQUES DE LA FABRICATION D’UN
PRODUIT ........................................................................................................................ 25
v
Liste des figures
FIGURE 1: LE RISQUE ET LA GESTION DES RISQUES PAR LES MICROENTREPRISES ---------------- 17
FIGURE 2: RESULTAT TECHNIQUE DES SOCIETES D’ASSURANCE DU BURKINA FASO ------------ 24
FIGURE 3 : COURBES D’INDIFFERENCE DE L’AGENT ECONOMIQUE -------------------------------- 34
FIGURE 4 : LA RATIONALITE DE L’AGENT ECONOMIQUE-------------------------------------------- 35
FIGURE 5 : LE CHOIX DE COUVERTURE DE L’AGENT ECONOMIQUE -------------------------------- 35
FIGURE 6 : L’OPTIMALITE DE L’ASSURANCE COMPLETE (PRIME OPTIMALE) ---------------------- 38
FIGURE 7 : LES EFFETS CUMULES DE L’UTILITE ESPEREE ET DU TYPE D’ACTIVITE SUR LA
DEMANDE D’ASSURANCE DES MICROENTREPRISES -------------------------------------------- 48
vi
Liste des sigles et abréviations
AGF : Assurance Générale de France
AGR : Activité Génératrice de Revenus
APSAB : Association Professionnelle des Sociétés d’Assurance du Burkina
BIT : Bureau International du Travail
CFA : Communauté Financière Africaine
CGAP : Groupe Consultatif d’Assistance aux plus Pauvres
CIMA : Conférence Interafricaine des Marchés d’Assurance
FANAF : Fédération des Sociétés d’assurance de Droit National Africaines
GA : Générale des Assurances
GE : Grande Entreprise
IARD : Incendies, Accidents, Risques Divers
IMF : Institution de Micro Finance
MCO : Moindres Carrés Ordinaires
OCDE : Organisation de Coopération et de Développement Economique
ONG : Organisation Non Gouvernementale
PIB : Produit Intérieur Brut
PME/PMI : Petites et Moyennes Entreprises/Petites et Moyennes Industries
RC : Responsabilité Civile
SA : Société Anonyme
SONABEL : Société Nationale d’Electricité du Burkina
SONAR : Société Nationale d’Assurance et de Réassurance
SPSS : Statistical Package for Social Science
SYSCOA : Système Comptable Ouest Africain
TIC : Techniques de l’Information et de la Communication
TMS : Taux Marginal de Substitution
TPE : Très Petite Entreprise
UAB : Union des Assurances du Burkina
US : United States
VNM : Von Neumann Morgenstern
vii
Introduction générale
La plupart des populations subsahariennes et notamment celles du Burkina Faso, vivent grâce
à de petites activités relevant de la microentreprise. Les microentreprises constituent un
secteur où foisonnent des activités économiques tant formelles qu’informelles, exercées sous
forme d’autoemploi ou de travail dépendant, selon des termes contractuels plus ou moins
explicites. Conséquence, la formation ou la consolidation du tissu entrepreneurial burkinabè
se fait sous une forte prédominance de ces agents économiques. Dans ce processus, un sinistre
frappant le capital technique ou un problème de santé sont autant d’aléas susceptibles
d’entraver la bonne marche de l’entreprise, les chocs étant fonction du niveau de vulnérabilité.
A ce titre, une des plus grandes vocations de l’entreprise n’est-elle pas la gestion des risques ?
La gestion des risques est l’ensemble des procédures utilisées pour mettre en évidence,
évaluer et traiter les risques (OCDE, 2000). Ces procédures comprennent généralement le
processus de gestion des risques, l’étude des techniques permettant de traiter de façon
constructive ces risques et la mise en œuvre et l’examen périodique d’un plan d’action
logique. La plupart des grandes entreprises disposent de services spécialisés dans la gestion
des risques pour la simple raison que cette notion de gestion des risques est toujours rattachée
aux situations dont les résultats comportent des pertes, sans possibilité de gain.
Dans ce domaine, l’assurance est un moyen permettant de gérer les risques en vue de faire
face à leurs conséquences suite à leur réalisation. L’actualité du sujet se manifeste par la
microassurance dont l’ambition première est d’assurer les populations qui n’ont pas accès aux
produits d’assurance classique. L’assurance est fondée sur un principe de mutualisation des
risques ou sur une éthique de solidarité. Elle peut également être vue comme un secteur
d’intervention privilégié des acteurs du développement du fait qu’elle représente de plus en
plus le nouveau « front » dans la lutte contre la pauvreté dans de nombreux pays. A ce titre, il
existe divers types d’assurance dont l’« assurance dommages » et l’assurance-vie. Tout en
ayant à l’esprit la coexistence de ces deux formes d’assurance, il sera essentiellement question
des « assurances dommages » dans ce document.
1
Communément, l’« assurance dommages »1 couvre les sinistres atteignant le patrimoine des
individus (Rousseau, et al, 2001, p. 41). On distingue ainsi : les assurances de choses relatives
au patrimoine et les assurances de responsabilité civile. Le marché de l’assurance se présente
donc comme un marché où des agents vendent leurs risques à d’autres selon le degré
d’aversion de chacun d’eux pour ces risques.
En réponse à l’aggravation des périls que l’entreprise doit supporter, en raison de la diversité
des risques et de l’évolution du droit de la responsabilité, on assiste aujourd’hui à une
prolifération de conseils pratiques destinés à aider les responsables soucieux d’améliorer la
qualité de gestion des risques auxquels ils sont confrontés. Cela est d’autant plus important et
préoccupant lorsqu’il s’agit de petites unités en l’occurrence les microentreprises.
L’Union des Assurances du Burkina (UAB)-IARD2 est une société d’assurance spécialisée
dans l’activité d’« assurance dommages ». Le taux d’affiliation de microentreprises relevé
dans cette entreprise est estimé à 7,36%3, ce qui est relativement faible, et reflète donc une
faible adhésion de ces acteurs à l’« assurance dommages ». Cela confirme que malgré la
conscience accrue et l’existence de l’assurance comme stratégie de réduction de coûts élevés
et invisibles des risques ayant par nature un impact sur les bénéfices et la productivité, de
nombreux microentrepreneurs ne l’adoptent pas lorsque l’on considère les chiffres recueillis.
L’on peut alors se demander pourquoi les microentreprises décident-elles de s’affilier ou de
1
Les assurances obligatoires ne seront pas concernées par cette étude car les agents économiques y sont
assujettis et leur prise en compte risquerait d’entacher les résultats de l’étude.
2
Incendies, Accidents, Risques Divers.
3
Taux calculé sur la base des données recueillies au service informatique de l’UAB-IARD. Ces données ont
concerné tous les exercices dans les différentes agences sur la période 1990-2008. Afin de mesurer le taux
effectif d’adhésion des microentreprises, nous avons exclu les assurances obligatoires de la base de données en
l’occurrence l’assurance auto. Par ailleurs, il a été exclu de cette base, les titres des souscripteurs non renseignés
(vides) ainsi que ceux ne fournissant pas d’informations précises. Le taux ainsi évalué est le rapport entre le
nombre total d’entreprises retenues comme des microentreprises et le nombre total des entreprises ayant souscrit
un contrat d’assurance.
2
ne pas s’affilier à une police d’« assurance dommages » ? La demande4 d’« assurance
dommages » des microentreprises est-elle fonction de l’utilité espérée de la police
d’assurance contractée ? Le degré d’information qu’a le microentrepreneur sur l’« assurance
dommages » influence t-il son choix d’affiliation?
Fondée sur les questions précédentes, cette étude a pour objectif général l’identification des
facteurs d’adhésion des microentreprises à l’« assurance dommages ». Les facteurs
d’adhésion constituent l’ensemble des variables socio-économiques qui influencent le choix
de souscription d’un contrat d’« assurance dommages » par la microentreprise. Autrement dit,
il s’agit des facteurs qui conditionnent la demande d’assurance de celle-ci « ceteris paribus ».
Quant à l’adhésion, c’est le fait qu’un microentrepreneur s’assure auprès d’une compagnie
d’assurance.
Spécifiquement, l’étude vise à savoir si l’utilité espérée d’une police d’assurance donnée et le
degré d’information sur l’assurance constituent les signaux pour le choix d’adhésion des
microentreprises à l’« assurance dommages ».
Afin de bien faire apparaître la nature des questions abordées et de les situer par rapport aux
développements théoriques et empiriques, il sera analysé en détail la position du problème
dans une première partie. La deuxième partie sera consacrée à l’analyse de la demande
d’assurance des microentreprises.
4
Il ne s’agit pas de la demande au sens traditionnel. La demande dont il est question mesure l’adhésion des
microentreprises à l’assurance.
3
Première partie : les microentreprises et la gestion de la
vulnérabilité
Les risques accidentels ont toujours été un sujet de préoccupation pour les entreprises. A ce
titre, elles ont adopté des comportements qui leur permettaient de se protéger à titre individuel
mais aussi et surtout, ont mis en place des mécanismes institutionnels et non institutionnels de
partage des risques.
Les développements d’idées dans cette première partie porteront sur la vulnérabilité des
microentreprises et sur leurs méthodes de gestion des risques. Il sera aussi question de
présenter un aperçu de l’offre d’« assurance dommages » à travers l’UAB-IARD.
4
CHAPITRE I : Les microentreprises et l’« assurance dommages »
Ce chapitre a pour but essentiel de mieux appréhender la nature du problème abordé. Il s’agira
de mettre en évidence la gestion des risques des microentreprises à travers les stratégies
utilisées. Pour le faire, il convient de présenter la microentreprise et de spécifier clairement le
cadre de référence de l’étude.
De manière générale, l’entreprise est donc un agent économique qui a pour fonction de
produire des biens et des services marchands. Il existe divers types d’entreprises qui se
distinguent par leurs dimensions, leurs natures et par le secteur d’intervention. Elles peuvent
être artisanales ou industrielles, très petites ou tentaculaires, uni-sectorielles ou
multisectorielles, mono-produit ou multi-produits (Maison de l’entreprise du Burkina, 2007).
Les différentes définitions se réfèrent à des critères spécifiques qui permettent d’identifier et
de caractériser les entreprises existantes. Il est fait distinction entre les caractéristiques
quantitatives et qualitatives auxquelles s’ajoutent des indicateurs supplémentaires identifiés
pour nourrir plus particulièrement, des politiques sélectives en fonction des institutions
concernées. Le tableau 1 présente les critères de catégorisation utilisés au Burkina Faso.
5
Tableau 1 : les critères de catégorisation des entreprises
Les quatre (4) premiers critères (quantitatifs) sont les plus couramment utilisés pour opérer
une catégorisation des entreprises au plan de leur envergure en termes de petite, moyenne ou
de grande entreprise. Une combinaison de ces indicateurs quantitatifs avec les autres à
caractère qualitatif (critères 5 à 12) permet de construire une typologie de la famille des
entreprises.
Bien qu’apparemment précis, il demeure cependant que ces critères ne constituent pas une
panacée. D’une part, les terminologies employées pour la caractérisation des entreprises,
introduisent des biais d’ordre structurel. D’autre part, cette caractérisation requiert la
mobilisation d’informations élémentaires relatives à chacune d’entre elles. Les pays en voie
de développement, à l’instar du Burkina Faso, éprouvent de grandes difficultés en la matière.
Vraisemblablement, il n’y a pas encore eu d’amples investigations intégrant les différents
6
aspects (fiscal, économique, financier, technique, social, etc.) des différentes catégories
d’entreprises. Les institutions chargées de l’analyse de la vie des entreprises, ne parviennent à
harmoniser ni leurs critères, ni leurs méthodes permettant d’aboutir à une définition de
standards en vue d’une meilleure typologie de celles-ci. Pour le Système Comptable Ouest
Africain (SYSCOA), il faut faire une distinction entre les Grandes Entreprises (GE) et les
Petites et Moyennes Entreprises (PME), le reste des entreprises n’étant que des artisans
(Pérochon, Goussou & N’guessan, 1998).
I.1.2 La microentreprise
• Considérations générales
Malgré les limites majeures et objectives relatives à l’identification et à la classification des
entreprises, la combinaison des quatre (4) premiers critères6 quantitatifs évoqués plus haut
permet d’établir pour le Burkina Faso trois (3) catégories d’entreprises : les Très Petites
Entreprises (TPE), les Petites et Moyennes Entreprises (PME) et les Grandes Entreprises
(GE).
Les grandes sociétés industrielles ou commerciales bien que déterminantes, sont peu
nombreuses. Ainsi, la formation du tissu entrepreneurial burkinabè se fait sous une forte
impulsion des microentreprises et dans une moindre mesure des PME/PMI.
Par ailleurs, les stratégies de création des entreprises procèdent très souvent d’une faible
intensité de capital mais, reposent plus sur des modes opératoires privilégiant une forte
intensité de main d’œuvre (Maison de l’entreprise du Burkina, 2007).
5
Cité par la Maison de l’entreprise du Burkina, 2007.
6
Cf. tableau 1.
7
Il ressort aussi que la littérature sur les entreprises se caractérise par une terminologie
empreinte d’amalgame ou de fausse antonymie. Ainsi, on utilise bien souvent des termes à la
place d’autres, exemple : « dire que les entreprises sont du secteur informel pour désigner le
fait qu’elles sont artisanales ».
De plus, le terme secteur semble être employé de façon abusive pour la construction de
catégories d’activités ou de modes d’évolution. Ainsi, il est question de secteur d’activité et
de secteur formel ou informel. Le terme secteur a donc tendance à être utilisé pour désigner
une partie de la réalité économique. Par exemple, le secteur informel, présent sous différentes
modalités dans tous les pays, joue en Afrique à l’heure actuelle un rôle considérable. Les
chiffres qui essaient d’en prendre la mesure varient selon les auteurs, mais toutes les
appréciations concordent pour en souligner l’importance (Norro, 1994). L’« informalité » a
ainsi suscité de nombreux travaux qui ont permis de mieux comprendre la complexité de
l’informel et de relativiser la traditionnelle séparation entre formel et informel.
Tout en ne récusant pas l’emploi du terme secteur, il ne sera pas utilisé ici pour établir une
catégorisation car les microentreprises qui font l’objet de la présente étude relèvent aussi bien
du secteur formel que de l’informel.
7
Cité par BIT, 2001. Il n’existe pas de définition officielle de la microentreprise, les approches étant différentes
selon les auteurs.
8
Globalement, les microentreprises se situeraient à la jonction des PME et des entreprises de
survie. Bien que minuscules, plusieurs d’entre elles ont des préoccupations qui les situent déjà
dans des logiques d’accumulation, de durée et de développement et forment à ce titre
l’antichambre des PME formelles (Maison de l’Entreprise du Burkina, 2007).
Au Burkina Faso, les microentreprises sont à la fois dans le secteur primaire, secondaire et
tertiaire. Très actives dans les secteurs traditionnels, elles se retrouvent également dans les
secteurs modernes. Elles sont essentiellement axées sur le petit commerce, la restauration, la
confection, la réparation, les petites transformations artisanales et semi-industrielles, etc. Elles
offrent un grand nombre d’emplois et se caractérisent par des marges de rentabilité et de
valeurs ajoutées très variables selon les localités et les secteurs d’activités (portail burkinabè
des PME/PMI, 2009)8. Les rémunérations y sont généralement très faibles sans base
contractuelle.
Dans la plupart des cas, ces entreprises sont des exploitations familiales où les règles de
relations sociales (degré de parenté, solidarités ethniques, etc.) prennent souvent le pas sur les
considérations purement économiques. Elles semblent donc être régies par les logiques de
l’organisation sociale.
Il existe plusieurs distinctions faites à leur sujet par des organismes internationaux. La
catégorisation représentée par le tableau 2 et établie en juin 2004 est celle de la Banque
Mondiale.
Tableau 2 : la catégorisation de la Banque Mondiale
La lecture de ce tableau indique que la microentreprise serait une entreprise qui aurait un
personnel composé de 10 personnes au plus et un chiffre d’affaires annuel allant jusqu’à 100
000 dollars US (environ 50 millions de francs CFA).
8
Http : www.burkinapmepmi.com.
9
Dans le cadre de la présente étude, la microentreprise est définie comme une entreprise (en
dehors de l’agriculture) employant un personnel allant de un (1) à dix (10) personnes. Le
chiffre d’affaires annuel variant par secteur d’activité, il sera considéré comme devant être
compris entre deux (2)9 et cinquante (50) millions de francs CFA. Cette distinction constituera
donc l’ossature de ce travail. A la suite de cette spécification, il sera abordé dans la section
suivante la vulnérabilité des microentreprises.
Toute typologie du risque (micro, méso, macro) est à relativiser car leurs interprétations, leurs
causes et leurs conséquences réciproques, ne cessent de faire évoluer des lignes de
démarcation entre les unes et les autres. La catégorisation du risque est souvent plus complexe
sur le terrain : la frontière entre risque covariant et microéconomique n’est pas toujours bien
délimitée (Nabeth, 2006, p.56). La plupart des chocs ont à la fois des composantes
microéconomiques (idiosyncrasiques) et mésoéconomiques (covariants).
9
Un chiffre d’affaires annuel inférieur ou égal à deux millions de francs CFA est très souvent considéré comme
une Activité Génératrice de Revenus (AGR) (Maison de l’entreprise du Burkina, 2007).
10
Il est fait une distinction très nette entre les risques « spéculatifs » et les risques « purs » ou accidentels
(Gougeon, 1987). Les premiers proviennent des incertitudes du marché, il s’agit en quelque sorte du risque des
affaires au sens traditionnel de ce vocable. Les risques accidentels sont d’un autre ordre. L’accident survient de
manière fortuite, sans signes précurseurs. C’est de ce type de risque dont il s’agit dans cette étude.
10
Le risque est lié à des facteurs exogènes et quasiment indépendants des choix des agents
économiques. Par conséquent, sa survenance peut être calculée par des approches statistiques.
Certains jeux de hasard auxquels des probabilités plus ou moins objectives de gain, peuvent
être affectées en sont un exemple. Un autre exemple11 différent est celui du transport. On peut
connaître les risques d’accident, tester la sécurité des véhicules et embarcations et les assurer
en fonction de ce risque. Mais, si l’on refuse de reconnaître que le bateau n’est pas
techniquement au point, si l’alerte n’est déclenchée que tardivement, et si les secours sont
dépêchés sur les lieux lorsqu’il est tard, dans ce cas, il s’agit incontestablement d’une
situation d’incertitude que de risque. La raison est que ce ne sont plus seulement des
évènements probabilisables qui interviennent, mais avant tout les ambitions et les inerties
propres à la nature humaine.
En conclusion, il est à retenir que la distinction entre aléas pouvant faire l’objet d’anticipation
et ceux qui échappent à la maîtrise de l’homme, n’est donc pas toujours opérationnelle, tant
entrent en ligne des facteurs autres que purement matériels. Cela exacerbe le sentiment de
vulnérabilité et est la raison principale de la diversité des sources de vulnérabilité.
11
Cet exemple est inspiré de l’article d’Evéline BAUMANN intitulé « microentreprise et gestion de la
vulnérabilité en Afrique subsaharienne, passé et présent », ADA DIALOGUE, n°33, juin 2004.
11
En d’autres termes, « les individus, les ménages ou les communautés sont vulnérables s’ils
n’ont pas la capacité de réaliser les ajustements nécessaires pour protéger leur bien être
lorsqu’ils sont exposés à des évènements externes défavorables » (Lachaud, 1997, p.12)12.
Les origines et les manifestations de la vulnérabilité sont multiples. Celle-ci est étroitement
liée aux aléas de la vie humaine et aux cycles de vie, aux problèmes relevant de
l’environnement économique et politique et enfin, aux sinistres naturels de toutes sortes.
Cependant, elle connaît de fortes variations en fonction des milieux sociaux, des aires
culturelles, et du niveau de développement économique.
Si certains évènements peuvent faire l’objet d’anticipation, il n’en est pas pour d’autres pour
lesquels elle paraît plus difficile ou pratiquement impossible à faire. Il en est ainsi des aléas de
la santé, de la perte d’un proche, etc., qui peuvent générer de véritables crises pour
l’entreprise concernée et les activités économiques de ses membres. En effet, la moitié des cas
d’insolvabilité des preneurs de prêt auprès d’une IMF serait liée à des problèmes de santé
(Baumann, 2004).
Cette spécification des sources de vulnérabilité a été faite dans le souci de percevoir aisément
les contraintes liées aux risques auxquels sont confrontés les microentrepreneurs qui sont au
cœur de la présente étude. Le tableau 3 ci-dessous présente les risques majeurs auxquels sont
exposés ces agents économiques pour le cas spécifique du Burkina Faso.
12
Cité par Soulama, 2005.
12
Tableau 3 : Les risques majeurs des microentreprises
Les rubriques en gras de ce tableau représentent les risques « purs »13 auxquels sont
confrontées les microentreprises (plus précisément 55% au total). Pour faire face à ces
risques, la plupart de ces acteurs font usage de stratégies informelles14 de couverture. Ce sont
généralement des stratégies ex-post consistant à réagir après la réalisation du risque. Ces
stratégies de gestion des risques ont souvent des coûts de transaction et des coûts
d’opportunité latents élevés. Elles sont essentiellement des systèmes de couverture fondés sur
le principe de la réciprocité et ne sont pas des systèmes efficaces car utiles pour traiter
uniquement de petits problèmes économiques.
13
Il s’agit des cas de force majeure et des cas fortuits.
14
L’assurance informelle fait référence à des stratégies de soutien mutuel qui peuvent être bilatérales ou
multilatérales.
13
Les microentreprises sont de longue date confrontées aux risques, surtout au plan des revenus.
Toutefois, il leur faut désormais relever de nouveaux défis engendrés, entre autres, par le
processus de mondialisation car il leur faut gérer ces risques de manière dynamique pour
pouvoir saisir les opportunités de développement économique (Holzmann & Jorgensen,
2000).
D’un point de vue social, de nombreuses Institutions de Micro Finance (IMF) ont reconnu que
l’accès des microentrepreneurs aux services de prêts ne suffisait pas à éliminer la vulnérabilité
de ceux-ci. Les microentrepreneurs restent vulnérables à de nombreux périls qu’une assurance
pourrait prendre en charge en les aidant à gérer la situation (Churchill, 2004). Le manque de
capital est l’un des problèmes clefs de ces acteurs. La majorité d’entre eux démarrent leurs
activités par une épargne personnelle ou des prêts familiaux informels. Leur faible
compétence en gestion s’ajoute à un manque de fonds presque constant. En conséquence, la
capacité d’investir dans l’achat de nouveaux équipements, dans la recherche de nouveaux
produits ou marchés porteurs, et dans l’amélioration des conditions de travail est fortement
limitée.
14
Des services de financement adéquats en faveur des microentreprises font souvent défaut. Les
ONG et les programmes de développement ont créé des services bancaires spécialisés rendant
ainsi le crédit de court terme plus accessible. Toutefois, les ressources financières de long
terme notamment pour le capital risque et les investissements demeurent difficilement
accessibles. Même si les microentreprises ont besoin de beaucoup d’autres services de
caractère non financier, entre autres la formation technique, l’innovation technologique, etc.,
l’une des anticipations dont elles ne font pas généralement usage est celle des conséquences
financières dues à la réalisation de risques accidentels. A ce sujet, quelles sont donc les
options qui représentent le plus de priorité pour elles ? C’est cette question qui sera traitée
dans la section suivante.
La préférence psychologique pour le présent renvoie au taux d’actualisation, taux que l’on
applique au revenu à percevoir ou à la dépense à engager dans le futur pour connaître sa
valeur actuelle. Le taux en question, sera d’autant plus élevé que l’environnement
économique et social sera précaire. Mais, il est clair que la forte préférence pour l’immédiat,
n’est pas le propre des microentreprises. Selon les motifs keynésiens de la préférence pour la
liquidité, les agents économiques font beaucoup plus appel au motif de transaction confirmant
leur choix psychologique pour le présent, qu’au motif de précaution. En résumé, et
conformément aux propos de Baumann (2004), il est possible d’affirmer que les
microentrepreneurs se projettent peu dans l’avenir, que les pratiques mimétiques par rapport
au type d’activité exercée et aux biens et services produits, prévalent dans leurs habitudes.
15
Cela étant, comment les microentreprises gèrent-elles leurs risques dans la mesure où elles se
projettent peu dans l’avenir? Quelles stratégies de gestion des risques utilisent-elles pour
protéger leurs activités ainsi que leur personnel ?
Types de
Actions ex-ante Action ex-post
stratégies
Vaccination, scolarisation, formation,
achat de matériels agricoles, de
Réduction pesticides, d’engrais, appartenance à un
réseau social, diversification des
activités
Souscription à des assurances formelles, Versement de la compensation par
épargne de précaution, investissement l’assurance, flux monétaires ou non
Assurance
dans le capital social (assurance monétaires issus du réseau social,
informelle), diversification des activités utilisation de l’épargne
Réduction de la consommation et
Réaction des dépenses, diversification des
activités
Source : Gonrad-Delcroix & Rousseau, (2004)
D’après ce tableau, la capacité des microentreprises à faire face au risque et à utiliser les
instruments de gestion qui conviennent, dépend des caractéristiques du risque considéré, à
savoir ses causes, son échelle, la fréquence de ses manifestations et son intensité. En outre, la
synchronisation entre l’action ex-ante et l’action ex-post de gestion du risque dépend du type
de stratégie utilisée par ces acteurs et cela est implicitement lié à leur degré de vulnérabilité.
16
Cette vulnérabilité est liée à leur capacité à gérer le risque. La figure 1 montre l’impact d’un
choc sur une microentreprise ainsi que les modalités de couverture dont elle fait généralement
usage.
- Réduction de
la consommation
- Utilisation des
Perte d’actifs Réduction réserves
productifs
des revenus - Prêts d’urgence
2. Sinistre - Assurance ?
Répercussions Augmentation
(Difficultés dans le moyen des dépenses
et le long termes)
Cette figure montre que le risque dont la réalisation se manifeste par un sinistre a des
répercussions sur le revenu et sur la consommation occasionnant une fluctuation de ceux-ci.
Le choix d’une stratégie particulière de couverture n’est pas indépendant de l’effet du sinistre,
le choix pouvant être fait entre les prêts d’urgence, la réduction de la consommation,
l’utilisation des réserves et l’assurance. La préoccupation qui en résulte est le choix que les
microentreprises font de la dernière modalité de couverture qu’est l’assurance.
L’assurance est un moyen permettant aux agents économiques de minimiser les risques ou
leurs effets lorsqu’ils se réalisent. Elle concourt au bien être social en empêchant les revenus
et la consommation de fluctuer par la protection des biens et des personnes.
Au Burkina Faso, les microentreprises sont vraisemblablement des entreprises qui ont une
importance non seulement sociale car elles emploient des personnes mais aussi économique
17
du fait qu’elles réalisent des activités économiques contribuant significativement au PIB. Par
leur croissance extraordinaire (60 à 70% de la population tire actuellement son revenu de ce
secteur), elles sont reconnues depuis une dizaine d’années comme un catalyseur de
développement économique (portail burkinabè des PME/PMI, 2009).
Cependant, ces acteurs restent confrontés à de nombreux risques15 qui peuvent détériorer leurs
facteurs de production limitant ainsi leur expansion et leur prospérité. Schématiquement, il
existe trois catégories de risques auxquels sont confrontées les microentreprises (Bénat,
2007) :
Tous ces risques peuvent avoir un effet négatif important sur leurs revenus du fait de la
détérioration des facteurs de production. D’ailleurs, d’après Isabelle Guérin16, la difficulté
rencontrée pour stabiliser et développer une activité est le propre des microentrepreneurs
africains. Cependant, le mode prédominant de réponse à ces chocs reste l’autoassurance
(Nabeth, 2006 ; Caillat, 2007) ou des stratégies informelles de couverture qui, comme il a été
dit tantôt, consistent à réagir après la réalisation du risque. Elles ont toutes pour but de
soutenir le niveau de consommation en cas de choc de revenu. Malheureusement une fois de
plus, ces mécanismes de couverture ont rarement été couronnés de succès (Banque Mondiale,
2001) et leurs limites sont connues (Nabeth, 2006). Par ailleurs, les limites même de la
mutualisation, de la responsabilisation et de la réduction des coûts via une économie
d’échelle, semblent imposer une affiliation des individus à un groupe d’assurés généralement
distinct de la « communauté naturelle » (Nabeth, 2006). Dans le même ordre d’idées, Nabeth
pense que cette distinction s’explique par une lassitude des populations vis-à-vis des
assurances informelles jugées coûteuses et relativement inefficaces. Fort de ce constat, les
microentrepreneurs devraient opter pour l’assurance formelle qui est un moyen de sécuriser et
de pérenniser leur activité. Cependant, pourquoi décident-ils de s’assurer ou de ne pas
s’assurer ? En d’autres termes, quels sont les déterminants de leur adhésion à l’« assurance
dommages » ?
15
Le terme risque est employé ici pour désigner les phénomènes imprévisibles entraînant la réduction du bien
être.
16
Cité par Nabeth, 2006.
18
L’utilité espérée et le degré d’information sur l’assurance justifieraient-ils le choix d’adhésion
des microentreprises à l’« assurance dommages » ? Ces questions renvoient à la nature du
problème posé plus tôt ainsi qu’à l’objectif général évoqué qui est l’analyse de la demande
d’« assurance dommages » des microentreprises.
Avant d’aborder la seconde partie qui traite intégralement de la demande d’assurance des
microentreprises, il semble judicieux de passer en revue dans le chapitre suivant, l’offre
d’« assurance dommages » à travers l’UAB-IARD.
19
CHAPITRE II : L’offre d’« assurance dommages » : l’UAB-IARD
Ce chapitre présente tout d’abord un aperçu de l’« assurance dommages ». Ensuite, il traite du
ciblage de la clientèle comme une première approche des facteurs déterminant le choix d’un
agent économique de s’assurer ou de ne pas le faire.
II.1 L’UAB-IARD
L’exercice à titre de profession habituelle, d’activités d’assurance relève du monopole des
compagnies d’assurance soumises à la réglementation de la Conférence Interafricaine des
Marchés d’Assurance (CIMA). La CIMA a été instaurée par le traité de Yaoundé en date du
10 juillet 1992, traité instituant une organisation intégrée de l’industrie des assurances dans
les Etats membres. Le marché burkinabè de l’assurance compte dix (10) compagnies :
− AGF IARD et vie ;
− Colina assurances ;
− GA IARD et vie ;
− Raynal assurances ;
− SONAR IARD et vie ;
− UAB IARD et vie.
Le groupe UAB est une entreprise burkinabè régie par le code des assurances. Il a été
constitué juridiquement le 14 août 1990. Son siège social se trouve sur l’avenue du Dr
Kwamé N’krumah : 08 BP : 11041 Ouagadougou 08, Tél. : 50-31-26-15/16, email:
uab@fasonet.bf.
Le législateur n’a pas autorisé pour la pratique de l’assurance, tous les statuts prévus par le
droit commun. Les entreprises d’assurance doivent être constituées uniquement sous l’une des
formes prévues par l’article 301 du code CIMA17 c'est-à-dire sous forme de Société Anonyme
(SA) ou de société d’assurance mutuelle.
17
Ce code répond en ligne de compte aux objectifs de la Fédération des Sociétés d’Assurance de Droit National
Africaines (FANAF). La FANAF a été créée le 17 mars 1976 à Yamoussokro (Côte d’Ivoire) pour répondre à
l’étroitesse des marchés qui a été remarquée et plusieurs fois signalée par les spécialistes et les acteurs du monde
de l’assurance. Elle représente tous les types de société : assurance, réassurance, crédit-caution, etc.
20
Aussi, à travers ce code, les réformes entreprises ont abouti à la réorganisation de
l’environnement institutionnel et juridique de l’activité d’assurance. L’une des dispositions
dudit code reste la séparation de l’assurance IARD de l’assurance-vie. L’UAB ne fait pas
l’exception à cette règle. Elle comprend ainsi deux (2) SA dénommées respectivement UAB-
IARD et UAB-vie. L’UAB-vie s’occupe de l’assurance des personnes. Ce type d’assurance
prévoit le versement de prestations forfaitaires à l’assuré ou aux bénéficiaires en cas de
sinistre. Quant à l’UAB-IARD, elle s’occupe de l’« assurance dommages » qui a pour
fonction de réparer un dommage (matériel ou corporel) par le versement d’une indemnité soit
à l’assuré ou aux bénéficiaires (en assurance de choses pour les biens faisant l’objet du
contrat), soit aux tiers lésés (dans les assurances de responsabilité civile).
La police d’assurance est le document contractuel qui régit les relations entre la compagnie
d’assurance et l’assuré. Le contrat fixe en particulier : la liste des évènements garantis avec
les exclusions éventuelles, la garantie accordée à l’assuré en cas de sinistre, les obligations de
l’assuré, les obligations de la compagnie d’assurance, et le montant de la prime à payer. Les
« assurances dommages » sont gérées en répartition. Par cette technique, l’assureur répartit la
masse des primes acquittées par l’ensemble des assurés entre ceux d’entre eux qui ont connu
des sinistres. Aussi, ce type d’assurance exige la constitution de provisions techniques. Quant
aux assurances sur la vie, elles sont gérées en capitalisation. Dans ce cas d’opérations à
moyen ou long terme, l’entreprise constitue des provisions mathématiques. Ces provisions
(techniques ou mathématiques) sont dues au fait que l’assurance se distingue des autres
secteurs de la production par une différence essentielle (l’inversion du cycle de production).
Alors que dans les autres secteurs, le prix de revient d’un produit destiné à être vendu est
connu avant la vente, à l’inverse, dans l’assurance, le prix de revient ne peut être connu qu’à
posteriori puisque la prestation qu’aura à verser l’assureur dépend de la réalisation du sinistre
et de l’importance de celui-ci.
A ses débuts, le groupe UAB n’offrait que des produits d’assurance IARD, ce n’est que par la
suite, qu’il a commencé à commercialiser des produits d’assurance-vie.
Ce travail s’est déroulé entièrement à l’UAB-IARD qui est structurée comme suit :
− une Direction générale ;
− une Direction administrative et financière ;
− une Direction commerciale ;
− une Direction technique.
21
L’UAB-IARD a un capital social de 500 000 00018 de francs CFA. Elle est soumise au
contrôle de l’Etat à travers la direction nationale des assurances. Ce contrôle s’exerce dans
l’intérêt des assurés, souscripteurs et bénéficiaires de contrats d’assurance et de capitalisation.
Il s’appliquera tout au long de la vie du groupe et vise plus particulièrement le respect de la
réglementation, la conformité des provisions techniques et la qualité des actifs admis en
représentation de celles-ci.
Le total de marché réalisé par les sociétés d’assurance était de 26,275 milliards de franc CFA
en 2009 et ce sont 310 personnes qui représentent le personnel employé pour cette même
année avec une masse salariale de 253 milliards de francs CFA (APSAB, 2009)20.
Le volume des primes collectées par l’industrie des assurances au Burkina Faso montre à
l’évidence la capacité de ce secteur à mobiliser des ressources et à intervenir sur le marché
des capitaux. Pour le cas particulier de l’UAB-IARD, les primes acquises étaient de l’ordre de
3 milliards de francs CFA en 2007 contre environ 2,8 en 2006. Au plan théorique, les
économistes pensent que pour mesurer la contribution des compagnies d’assurance au
financement de l’économie, il suffit de comparer les réserves et provisions techniques de
celles-ci aux besoins financiers de l’économie. De façon plus concrète, il convient d’analyser
les affectations données aux ressources mobilisées par l’industrie des assurances. Dans ce cas,
deux considérations principales sont à prendre en compte :
18
Règlement n°0001/CIMA/PCMA/CE/SG/2007, article 329-3 : les entreprises soumises au contrôle par l’article
300 du code CIMA, constituées sous forme de SA et dont le siège social se trouve sur le territoire national d’un
Etat membre doivent avoir un capital social au moins égal à 1 milliard de francs CFA, non compris les apports
en nature…, les sociétés qui, à la date en vigueur des présentes dispositions, ont un capital inférieur à ce
minimum, doivent s’y conformer dans un délai de 3 ans.
19
Les données statistiques concernant ce paragraphe sont celles de la FANAF, décembre 2008.
20
Les statistiques sont disponibles sur le site suivant : http://www.lefaso.net.
22
− la recherche des placements les mieux rémunérés ;
− le choix d’investissement conforme à la réglementation et aux objectifs de la politique
nationale de développement.
Ainsi, selon la réglementation, les provisions techniques (ou provisions mathématiques)
doivent être représentées par des placements sous forme de liquidités, de titres publics ou
garantis par l’Etat, d’actions et d’obligations, d’immeubles, etc.
Le résultat technique est un indicateur essentiel utilisé pour évaluer la performance d’une
entreprise d’assurance. Cette évaluation se fait en utilisant un ratio appelé ratio combiné brut
dont la formalisation mathématique est la suivante :
x
Ratio combiné brut= sinistralité ( ≤ 65%) + (≤ 35%)
y
avec x= Frais de gestion et y= Primes émises ; la sinistralité se calcule comme suit :
S
sinistralité=
P
avec S= Charges de sinistres et P= Primes acquises.
Lorsque la somme des proportions définies dans le ratio combiné brut excède 100%, cela
voudrait dire que les normes ne sont pas respectées et que le programme serait déficitaire. Par
exemple, en ce qui concerne la sinistralité, un taux acceptable est tel que le taux de sinistralité
soit compris entre 50 et 65%. Dans le cas contraire (c’est-à-dire pour des taux inférieurs), cela
signifierait que les assurés paient des primes trop élevées.
La figure 2 représente l’évolution du ratio combiné brut des six (6) sociétés d’assurance non-
vie au Burkina Faso pour les exercices 2006 et 2007.
23
Figure 2: Résultat technique des sociétés d’assurance du Burkina Faso
D’une manière générale, on constate que toutes les sociétés ont enregistré des ratios inférieurs
à 100%. Pour le cas particulier de l’UAB-IARD, les ratios combinés sont de l’ordre de 74%
(en 2006) et de 75% (en 2007). L’analyse des différentes composantes de ces ratios indique
que les ratios de charges d’exploitation ne respectent pas les normes exigées (35,16% en 2006
et 39,27% en 2007) car ils devraient être compris entre 18 et 35%. En « assurance
dommages », 20% est jugé être un ratio convenable. Quant à la sinistralité, les ratios ne sont
pas plus satisfaisants. Ils sont respectivement de l’ordre de 39% (en 2006) et de 36% (en
2007). Ils sont certes inférieurs à 65% selon les normes mais pas convenables car les ratios
jugés acceptables doivent être compris entre 50 et 65%. Ce constat signifierait que l’assurance
paraît moins utile aux assurés qu’à l’UAB-IARD.
24
II.3 Le ciblage de la clientèle
Les produits offerts par l’UAB-IARD font l’objet d’une extrême variété de risques aux
amplitudes et aux intensités bien différentes. Les polices d’assurance y afférent, comportent
des garanties plus ou moins complètes selon la volonté de l’assuré.
Pour concevoir un produit répondant aux préférences des clients, il convient d’effectuer une
étude de marché. En outre, pour calculer la prime optimale grâce aux méthodes actuarielles,
l’assureur doit d’abord définir la matière assurable. Le tableau 5 ci-dessous présente la
démarche à suivre dans la conception d’un produit d’assurance.
Tableau 5 : Aperçu des missions et des caractéristiques de la fabrication d’un produit
Missions caractéristiques
Détermination de la couverture • Analyse de la demande (dimension directe)
adaptée au groupe cible • Etude de faisabilité (dimension abstraite)
• Méthodes de collecte des primes et
Calcul de la prime actuarielle investissement des excédents pour réduire les
primes
Définition de l’organisation • Définition en fonction des exigences
actuarielle du produit d’assurance • Définition en fonction des besoins des clients
Source : Adapté de Radermacher, Dror & Noble, 2009
D’une manière générale et de façon évidente, la microassurance est moins développée dans la
branche dommages que dans celle qui s’occupe de la vie. En exemple, l’UAB-vie
commercialise un produit de microassurance dénommé « cauri d’or » dédié spécifiquement au
secteur informel, secteur qui par contre, n’a pas encore été pris en compte par la branche
dommages.
Loin d’être l’objectif de l’étude, l’analyse de la demande d’« assurance dommages » d’un
segment de marché donné permettrait aux décideurs de revisiter leur réticence ou de la
conforter face à ce segment. C’est donc dire que le développement et la prestation des
produits d’« assurance dommages » aux microentreprises occuperait une place de choix dans
les perspectives de l’UAB si et seulement si celle-ci avait une vue d’ensemble sur les
déterminants influençant leur choix d’adhésion à l’« assurance dommages ».
25
L’approche purement commerciale de l’UAB-IARD, consiste à privilégier dans un premier
temps les classes les moins désavantagées, avant de s’intéresser aux autres segments du
marché. Cette démarche est sur ce point cohérente, car un assureur commercial a pour objectif
principal de faire du profit. Cette recherche de la rentabilité et du profit dans un univers
concurrentiel ne saurait dans son cas s’effacer devant la perspective de retombées sociales,
celles-ci étant vues comme une conséquence ou un moyen, et non comme une finalité.
Un autre point à souligner est que la connaissance des différents segments permet moins
d’exclure que d’équilibrer les portefeuilles d’une société d’assurance. De plus, il est à noter
que tout ciblage doit en principe prendre en compte l’approche bottom-up21. Cela corrobore le
fait que la définition des modalités et des produits d’assurance en concertation avec les
21
Il s’agit du processus qui commence par connaître les difficultés, et les gestions du risque des populations,
pour mieux les intégrer ensuite à toute la chaîne de valeur de l’assurance.
26
bénéficiaires (assurés) est très souvent indispensable. Ce type de démarche évite la conception
de produits avec comme finalité de les adapter aux populations.
Dans le ciblage des segments à assurer, le marketing de l’assurance a connu une évolution de
l’offre d’assurance vers le néo-marketing (Nabeth, 2006) et il semble opportun que l’on s’y
attarde un tout petit peu :
D’une manière générale, à l’UAB-IARD, hormis les assurances obligatoires, la clientèle cible
est constituée majoritairement par les salariés des grandes entreprises internationales et
nationales, et par certaines professions libérales. Cela est confirmé au regard des différents
produits offerts.
27
L’on pourrait alors avancer que le développement des produits suit une stratégie top-down22
qui, au regard de ses caractéristiques ne rencontre pas nécessairement l’assentiment des
bénéficiaires.
Par contre, l’approche bottom-up a le mérite de « proposer une offre de couverture tenant
compte des demandes réelles, et non « des réparations de complaisance » formulées par ceux
qui sont au cœur des structures sociales et économiques d’un pays » (Nabeth, p.290, 2006).
En définitive, l’on retiendra aussi qu’une erreur fondamentale commise par les assureurs est
de vouloir transposer un produit d’assurance efficace et rentable d’une région à une autre. En
effet, cela comporte de nombreux dangers tant l’assurance reste intimement liée d’une part
aux contingences économiques, politiques et sociales d’un pays, et d’autre part à la perception
des risques par les potentiels souscripteurs.
Ce chapitre a permis de mettre en exergue l’offre d’« assurance dommages ». Il a été aussi
question de passer en revue l’ambiguïté d’un processus de ciblage de la clientèle comme une
première approche de la demande d’« assurance dommages » des microentreprises.
Conclusion partielle
Les microentreprises sont-elles vulnérables dans un contexte caractérisé par la précarité ?
Cette première partie a permis d’analyser la vulnérabilité des microentreprises à travers leurs
méthodes d’anticipation. Il a été montré que ces méthodes ont connu plusieurs limites et se
sont révélées inefficaces surtout dans les communautés actuelles. En conséquence, il
convenait de voir si les produits proposés aux microentreprises tiennent compte des
différentes singularités socio-économiques de ces acteurs. Une première approche de la
question était de faire preuve d’analyses critiques sur le ciblage de la clientèle. Dans tous les
cas, l’objectif affiché renvoie aux questions suivantes : les microentreprises sont-elles
intéressées par des produits d’« assurance dommages » chargés de les soutenir dans leurs
stratégies de réduction de la vulnérabilité ? Qu’est-ce qui détermine leur choix d’adhésion à
une police d’« assurance dommages » ? C’est de cette dernière question que traite la seconde
partie.
22
L’introduction de nouveaux produits est tout simplement dictée par les responsables.
28
Deuxième partie : l’« assurance dommages » des
microentreprises
Une hypothèse centrale dans les analyses intertemporelles est celle des anticipations exactes.
Dans ce processus, les agents économiques pensent que l’évolution future de l’économique23
est supposée être unique et certaine. L’absence du risque et de l’incertitude se fait donc
ressentir dans cette analyse et à l’équilibre de ce « monde », aucune prime de risque ne peut
exister, et aucune assurance n’est demandée.
Ce constat est-il le même chez les microentreprises ? Avant d’analyser en détail les facteurs
d’adhésion de ces agents économiques à l’« assurance dommages » dans le chapitre IV, il sera
présenté tout d’abord dans le chapitre III les aspects théoriques expliquant la demande
d’assurance ainsi que les grands débats autour de celle-ci. La démarche d’opérationnalisation
interviendra dans un second temps.
23
Economique, car l’objectif premier de la microentreprise en est ainsi et c’est la nature de l’activité économique
qui semble faire appel à un contrat d’assurance.
29
CHAPITRE III : Les fondements théoriques et la démarche
d’opérationnalisation
Afin de faire preuve d’un cheminement logique qui conduira progressivement à une analyse
cohérente et à l’atteinte des objectifs, il paraît logique de faire recours dans le présent chapitre
aux fondements théoriques qui permettent de justifier la demande d’assurance. Il conviendra
aussi de présenter la démarche d’opérationnalisation.
Plusieurs auteurs se sont penchés sur la demande d’assurance. Déjà en 1987, Gougeon
présentait un modèle où le contrat d’assurance est considéré comme un actif financier
permettant d’équilibrer le portefeuille de risques de l’entreprise. Selon l’auteur, l’observation
des comportements des entrepreneurs fait apparaître une distinction très nette entre les risques
« spéculatifs » et les risques « purs » accidentels. Les premiers proviennent des incertitudes
du marché, il s’agit en quelque sorte du risque des affaires au sens traditionnel de ce vocable.
La réussite commerciale d’une affaire n’est jamais garantie si bien que l’éventualité d’une
perte doit toujours être envisagée. Le risque spéculatif est cependant la raison d’être de
l’entreprise car il représente surtout l’espoir d’un profit. Il est donc volontiers accepté et géré
par les responsables.
Les risques accidentels sont d’un autre ordre. L’accident survient de manière fortuite, sans
signes précurseurs. Il est dû en partie au moins à la fatalité. Enfin, il entraîne toujours une
perte (d’où l’idée de risque pur) dont le montant peut parfois être si élevé que l’équilibre
financier de la firme s’en trouve menacé. A leur égard, l’attitude des dirigeants est bien
différente. Etant assimilé à un coût très aléatoire, donc difficile à intégrer dans un budget
prévisionnel, le risque accidentel n’est pas accepté à priori. Il est même jugé préférable d’en
transférer la charge à autrui, à l’assureur par exemple.
30
Dans une telle approche, les choix d’activité et de couverture sont liés. Contrairement au risk
management24 qui concerne uniquement les risques purs, celle-ci démontre la pertinence
d’une approche globale tenant compte des interrelations et des effets de compensation entre
tous les risques.
De plus, dans le cadre de ce modèle, les décisions d’assurance et les choix de diversification
des activités de l’entreprise n’étant pas indépendants, le poids de chaque activité et l’effort
d’assurance doivent être déterminés simultanément en arbitrant entre tous les modes d’action
qui ont une influence sur le couple rentabilité/risque au niveau global. C’est à partir de ces
conditions d’arbitrage que résultera la demande d’assurance.
Un autre article très révélateur d’analyses sur la demande de services financiers de gestion des
risques est celui de Churchill (2004). L’auteur y traite des circonstances dans lesquelles
l’assurance est préférable à tout autre service financier qui permet aux personnes à faibles
revenus de gérer le risque. Il conclut sur des suggestions pratiques pour l’amélioration des
services financiers de gestion des risques en tenant compte d’un large éventail de données
économiques et sociales suivantes :
− les stratégies d’adaptation. Elles font référence à l’assurance, à l’épargne, et au crédit
qui sont les trois moyens de gestion des risques que les agents économiques utilisent
pour gérer le risque. La demande d’assurance doit être basée sur le coût et l’efficacité
de ces différentes stratégies ;
− le type de risque. La demande d’assurance qui repose sur l’évaluation des risques faite
par chaque individu n’est pas uniforme : elle fluctue selon l’âge, la progéniture ou
l’état de santé par exemple ;
− la propension à planifier. Pour que l’assurance soit un moyen de gestion des risques, il
faut que la décision de protéger son ménage ou son activité soit anticipée afin de
commencer à payer des primes avant le sinistre ;
− le niveau de pauvreté ;
− le budget. La demande potentielle d’assurance n’est pas seulement attachée à une
pauvreté absolue, mais aussi à un niveau de revenu et à la variabilité des dépenses ;
24
Le risk management est une discipline qui consiste à identifier, à mesurer et à traiter tous les risques qui
interviennent de manière inopinée et brutale et susceptibles de causer des dommages à des personnes, aux biens
d’une entreprise ou d’une collectivité ou à son environnement, et de réduire les activités de celles-ci voire d’y
mettre un terme définitif.
31
− les conditions sociales. D’un point de vue économique, le choix entre le crédit,
l’épargne, et l’assurance peut d’abord dépendre des conditions sociales et culturelles
avant même qu’interviennent les critères de coûts et de bénéfices ;
− l’éducation, les préjugés et la tolérance aux risques. A un niveau personnel, la
demande d’assurance dépend de ces facteurs.
D’autres facteurs influençant la demande d’assurance sont exposés par Nabeth (2006). Pour
ce dernier, la demande d’assurance des populations à faibles revenus se heurte aux obstacles
ci-après :
A la suite de ces écrits portant sur la demande d’assurance, il convient de présenter la base
théorique qui permet de comprendre pourquoi un agent économique se décidera d’opter pour
la formule assurancielle.
25
La théorie présentée est inspirée de l’ouvrage : ROUSSEAU, J-M., et al, (2001). Introduction à la théorie de
l’assurance. Paris, France : DUNOD.
32
Cette théorie s’inscrit dans le cadre des choix en avenir incertain : le critère de décision retenu
est celui de l’utilité espérée. La fonction d’utilité de l’agent ne comporte qu’un seul
argument : la richesse finale aléatoire. L’utilisation de cet instrument fait apparaître des
notions connexes comme celle de l’attitude à l’égard du risque. On s’intéresse donc à la
probabilité d’occurrence d’un évènement susceptible d’affecter cette richesse de l’agent ou
son utilité. Son choix sera donc : s’assurer ou ne pas s’assurer, c'est-à-dire qu’il arbitrera entre
deux distributions de probabilité sur sa richesse future. La théorie de l’assurance apparaît
comme un cas particulier de la théorie des choix sur des distributions de probabilité. L’agent
peut soit aimer le risque (risquophile), soit le craindre (risquophobe). Dans ce dernier cas, il
est disposé à payer une prime de risque afin d’éviter celui-ci. Il y a deux états du monde
possibles : celui dans lequel la richesse de l’agent n’est pas affectée dans le futur, et celui dans
lequel elle est amputée (sinistre). Pour se prémunir contre cette éventualité, l’agent
risquophobe va contracter une assurance. Celle-ci est définie par deux grandeurs : la prime et
l’indemnité. L’application du critère VNM dans ce cas, permet de déterminer le contrat
optimal pour l’agent : il s’agit de l’assurance complète pour laquelle l’indemnité est égale au
montant du sinistre, et la prime, à l’espérance du sinistre (ou valeur actuarielle de la prime).
En dehors du cas des assurances obligatoires, si l’on s’assure, c’est que l’on craint les
conséquences financières d’un aléa, et le choix que l’on fait d’une modalité d’assurance est un
compromis entre aversion au risque et le désir de faire des économies sur la prime d’assurance
(Petauton, 2000).
Supposons qu’un agent dispose d’une richesse W. Il peut subir un sinistre d’un montant S et il
y a deux états du monde (e 1 , e 2 ). Dans l’état du monde e 2 (probabilité π ), il y a sinistre. La
richesse finale, W 2 , de l’agent est amputée d’un montant S. Son expression est la suivante :
W 2 =W-S avec la probabilité π .
Dans l’état du monde e 1 (probabilité 1- π ), il n’y a pas sinistre. La richesse de l’agent est
W 1 =W.
On peut représenter les courbes d’indifférence de l’agent pour les choix entre W 1 et W 2
(figure 3).
33
Figure 3 : courbes d’indifférence de l’agent économique
W2
W1
34
Figure 4 : la rationalité de l’agent économique
W2
S
W0-P-S+I
C
W1
L’agent décidera de s’assurer si et seulement si : V (au point C) 〉 V (au point O). Dans la
figure 5, il accepte de s’assurer pour le contrat A puisqu’il est alors situé sur une courbe
d’indifférence plus haute que celle passant par O (cas de la non assurance), mais il refuse de
s’assurer en B (le montant de la prime P’ étant trop élevé).
W2
B
P’
W1
35
Dans le cas d’assurance complète, c'est-à-dire lorsque I=S, la richesse finale est indépendante
de l’état du monde puisque W 1 =W-P=W-P-S+I=W 2 . Il y a donc une valeur maximum de la
prime (P max ) que l’agent est prêt à payer. Pour cette prime, il est indifférent entre les deux
situations s’assurer/ne pas s’assurer (point C, figure 4). Sa richesse finale s’écrit alors :
Etat du monde e 1 : W 1 =W-P
Un contrat d’assurance sera représenté par deux nombres, la prime P payée par l’assuré et
l’indemnité I versée par l’assureur en cas de sinistre. S’il n’y a que deux états du monde
possibles, la richesse finale de l’agent (l’assuré) ne peut prendre que deux valeurs : W 1 (pas
de sinistre) et W 2 (sinistre), avec bien sûr W 2 〈 W 1 .
36
Tableau 6 : la richesse finale de l’agent en fonction des états du monde
Si l’agent ne s’assure pas
Etat du monde Richesse finale probabilité
e1 W 1 =W 1- π
e2 W 2 =W-S π
Si l’agent s’assure
Etat du monde Richesse finale Probabilité
e1 W 1 =W-P 1- π
e2 W 2 =W-P-S+I π
Source : Rousseau, 2001
Si l’agent s’assure, son espérance d’utilité sera :
V= (1- π )u ( W1 ) + πu (W2 ) = (1- π )u (W − P) + πu (W − P − S + I )
L’espérance de profit pour la compagnie d’assurance sera :
E Π = (1 − π ) P + π ( P − I )
Pour que son espérance profit soit nulle, la compagnie fixe sa prime au niveau P= πI , la prime
est donc égale à l’espérance de l’indemnité. Dans ce cas, l’espérance d’utilité de l’agent est :
V= (1- π )u (W − πI ) + π (W − πI − S + I )
L’inconnue dans cette dernière équation demeure l’indemnité I que l’agent va demander. On
peut la réécrire sous la forme I = αS avec α le pourcentage de la richesse « sinistrable »
assurée. L’agent va déterminer α de façon à maximiser son espérance d’utilité. Il sera donc
confronté à la résolution du programme suivant :
Max V = (1 − π )u (W − παS ) + πu (W − παS − S + αS )
La condition du premier ordre est donnée par :
dV
= (1 − π )u ' (W1 ).(−πS ) + πu ' (W2 ).(−πS + S ) = 0
dα
L’expression précédente peut se réécrire :
(1 − π )(−πS )u ' (W1 ) − π (1 − π ) Su ' (W2 ) = u ' (W1 ) − u ' (W2 ) = 0
Donc il faut que W1 = W2 , c'est-à-dire que I = S . Dans ce cas, l’assurance complète est
optimale.
La condition du second ordre est fournie par l’expression suivante :
d 2V
= (1 − π )u ′′(W1 )(−πS ) 2 + πu ′′(W2 )(1 − π ) 2 S 2 〈0
dα 2
37
Cette condition est satisfaite dès lors que u ′′〈 0 . Pour que l’agent s’assure, il faut donc qu’il
soit averse au risque. Dans ce cas, si la compagnie d’assurance fixe la prime P à la valeur
actuarielle de l’indemnité ( P = πI ), l’assurance complète est optimale. Graphiquement, cela
est représenté par la figure 6 ci-après.
W2
W1
38
S − P 1− π
Comme l’on se situe sur la première bissectrice, l’on a l’égalité I = S et = , ce qui
P π
donne P = πS . Cela corrobore donc le résultat selon lequel, pour un agent averse au risque,
l’assurance optimale est celle où I = S (assurance complète) et P = πS (valeur actuarielle de
la prime=espérance complète).
Le cadre théorique exposé ci-dessus sera par ailleurs complété par d’autres écrits afin de
déterminer la seconde hypothèse.
Certains résultats tangibles ont été avancés par une étude (Matul, McCord, Phily, & Harms,
2009) menée par le fonds pour l’innovation en microassurance. Selon cette étude, la demande
d’assurance peut être analysée en amont comme en aval. Du côté de la demande, le manque
de compréhension des clients potentiels vis-à-vis de l’assurance (80%) et la capacité de ceux-
ci à payer les primes (72%) serait la cause de l’hésitation d’agents économiques à demander
une assurance. Du côté de l’offre, le manque de technologies de l’information au service de la
microassurance (78%), les coûts administratifs trop élevés (71%), et le manque de personnel
qualifié dans le domaine de la microassurance (73%) seraient source d’une non maîtrise de la
demande.
En outre, les auteurs de l’étude, pensent que sur les marchés les plus matures, les porteurs de
risque voient un besoin prédominant d’éducation des consommateurs pour aider à faciliter les
ventes et la compréhension générale du marché.
Le groupe de travail du CGAP sur la microassurance (2008), propose quant à lui une
interprétation sociale. Pour l’assurance des biens, la cause des problèmes provient d’une
mauvaise compréhension des risques couverts et des événements donnant lieu à une demande
d’indemnisation ainsi que d’une description insuffisante des biens assurés avant le sinistre. En
cas de sinistre, ces problèmes de compréhension augmentent le taux de rejets de demandes
d’indemnisation et l’insatisfaction qui en résulte affectera les indicateurs commerciaux
(demande d’assurance) au cours de la période de renouvellement suivante.
39
Des études similaires parmi les microentrepreneurs de Lusaka, en Zambie, révèlent, par
exemple, que 38% de l’échantillon ne comprenait pas ce qu’était une assurance et que 30%
n’en avait qu’une compréhension très rudimentaire (Churchill, 2004). Le niveau de
compréhension était fortement lié au niveau d’alphabétisation et d’éducation formelle, et les
hommes avaient généralement en ce domaine des connaissances supérieures à celles des
femmes (Manje, Churchill, 2002)26.
Après avoir présenté la base théorique soutenant cette étude ainsi que les hypothèses de
l’étude, il apparaît logique de présenter la démarche d’opérationnalisation. Pour cela, il sera
passé en revue les référents empiriques qui ont été déterminés.
26
Cité par Churchill, 2004.
27
Ressemble à l’échantillonnage par grappes sauf que dans ce cas on prélève un échantillon à l’intérieur de
chaque grappe.
28
Voir annexes.
40
III.2.2 Les facteurs d’adhésion à l’« assurance dommages »
A travers les conclusions des auteurs précédemment cités, les facteurs suivants ont été retenus
comme ceux expliquant la demande d’« assurance dommages » des microentreprises.
• L’utilité espérée du contrat d’« assurance dommages »
Le critère de décision de la microentreprise est celui de l’utilité espérée. Pour savoir si l’agent
s’assure ou pas, il faut comparer l’utilité espérée dans le cas où il ne s’assure pas à celle qu’il
obtient dans le cas où il s’assure. L’utilité espérée a été mesurée par la méthode cardinale.
• Les stratégies informelles
En général, il y a l’épargne, les prêts d’urgence, et l’assurance qui sont utilisés comme
stratégies d’adaptation lors de la survenance d’un sinistre. Par conséquent, cette variable a été
mesurée par la prédiction suivante : les entreprises qui utilisent les stratégies informelles de
couverture ont tendance à ne pas s’assurer.
• Le niveau des ressources
Le niveau des ressources a été appréhendé par :
− le personnel ;
− les matériels et équipements ;
− les moyens de communication.
Un niveau de ressources élevé amène à adopter un comportement « assuranciel ». Cette
variable a été mesurée par la méthode cardinale.
• Les préjugés
La demande d’« assurance dommages » des microentreprises dépend également des préjugés
dont les indicateurs sont les suivants :
− le coût de l’assurance ;
− les indemnisations et/ou prestations tardives ;
− le non respect des obligations ;
− un service financier dédié aux riches ;
− un bon service.
• Le degré d’information
De nombreuses personnes ne connaissent pas le concept de mise en commun des risques ou
ont mal compris ce qu’est une assurance. Le degré d’information a été mesuré par le niveau
de formation, la connaissance de l’assurance, et par la connaissance des produits.
41
• L’âge de l’entreprise
Les agents ont généralement tendance à s’assurer pour améliorer leurs activités lorsque celles-
ci s’intensifient. L’âge de l’entreprise devrait donc influencer le choix de s’assurer ou de ne
pas s’assurer. Cette variable a été mesurée par la durée de l’activité.
• Le type d’activité/type de risque
Les choix de couverture et d’activité ne sont pas indépendants. L’appréciation personnelle du
niveau de risque d’une activité est une raison de demande d’assurance. C’est cette
appréciation individuelle qui a permis de mesurer cette dernière variable.
A présent que les étapes du travail empirique sont définies, il revient à préciser la
méthodologie de vérification des relations postulées en hypothèses.
Les modèles dichotomiques probit et logit admettent pour variable expliquée, non pas un
codage quantitatif associé à la réalisation d’un évènement (comme dans le cas de la
spécification linéaire), mais la probabilité d’apparition de cet évènement, conditionnellement
aux variables exogènes. Historiquement, les modèles logit ont été introduits comme des
approximations de modèles probit permettant des calculs plus simples (Hurlin, 2003).
42
Dès lors, il n’existe que peu de différences entre ces deux modèles dichotomiques. En
conséquence, il est précisé dans le point suivant le choix du modèle d’estimation
économétrique.
III.2.5 Modélisation
Si les modèles logit et probit sont sensiblement identiques, il existe cependant certaines
différences entre eux. Selon Hurlin (2003), il existe deux principales différences :
− la loi logistique tend à attribuer aux événements « extrêmes » une probabilité plus
forte que la distribution normale (modèle probit) ;
− le modèle logit facilite l’interprétation des paramètres β associés aux variables
explicatives xi .
Economiquement, selon l’auteur, cela implique que le choix d’une fonction logistique
(modèle logit) suppose une plus grande probabilité attribuée aux évènements « extrêmes »,
comparativement au choix d’une loi normale (modèle probit). A comparer donc les deux
modèles, on note clairement une forme plus explicite de la part du modèle logit. Ce sont ces
raisons qui justifient le choix du logit et l’intérêt pour ce modèle.
Le postulat de base de la modélisation est qu’au moins un des facteurs explicatifs influe sur le
choix que fait le microentrepreneur entre l’option 1 (s’assurer) et l’option 0 (ne pas s’assurer).
A la suite de la modélisation, il convient à présent de spécifier la forme du modèle à estimer.
Soit ADH la variable définissant le choix d’adhésion, ADH=0 si l’agent ne s’assure pas et
ADH=1 s’il s’assure. Le modèle économétrique empirique général retenu aura la forme
fonctionnelle suivante :
ADH = β 0 + β 1 x1i + ... + β k x ki + ε i
43
P (.) est la probabilité de réalisation de l’évènement « ADH ». Il est à rappeler que c’est cette
probabilité qui est observée plutôt que l’évènement lui-même. Par conséquent, il est possible
de modéliser la probabilité qu’un individu choisisse de s’assurer ( ADH = 1 ) plutôt que de ne
pas s’assurer ( ADH = 0) . Cette modélisation de la loi logistique se fait au travers de la
fonction log. On a donc :
Pr( ADH = 1) K
log[ ] = α + ∑ βk X k
Pr( ADH = 0) k =1
Le tableau 7 ci-dessous fait une synthèse de la description des différentes variables utilisées
dans le modèle et leurs signes anticipés sur la probabilité de s’assurer.
44
Tableau 7 : les variables considérées dans la régression et les signes attendus
Signe
Variables Type Description
anticipé
• Dépendante
• Indépendante
45
La variance dépendant de l’observation, par conséquent, les estimateurs ne peuvent recouvrir
leurs valeurs optimales avec les Moindres Carrés Ordinaires (MCO). La méthode la plus
utilisée et permettant aux estimateurs de recouvrir leurs propriétés optimales est celle de la
méthode du maximum de vraisemblance. C’est cette méthode d’estimation qui sera utilisée
pour l’étude.
L’estimateur du maximum de vraisemblance est la valeur des coefficients qui décrit le mieux
l’ensemble de la distribution de données. Selon Deschamps (2003), un estimateur efficace est
un estimateur sans biais, et de variance minimale. Pour Fougère et Kramarz (2008),
l’estimateur du maximum de vraisemblance est efficace asymptotiquement. Dans un modèle
dichotomique univarié, la fonction de log-vraisemblance log L( y, β ) est strictement concave,
ce qui garantit l’unicité du maximum de cette fonction. Dans la pratique, ce résultat garantit la
convergence des estimateurs du maximum de vraisemblance vers la vraie valeur β 0 des
paramètres, quel que soit le choix des conditions initiales et de l’algorithme d’optimisation
utilisé (Hurlin, 2003). Avec la méthode du maximum de vraisemblance qui nécessite le
passage du premier au second ordre dans l’estimation des paramètres, le modèle logit est
d’office satisfait après le premier ordre (Gourieroux, 1989).
Les valeurs numériques estimées des paramètres n'ont pas d’interprétation économique directe
en raison du problème de la normalisation de la variance résiduelle (Hurlin, 2003). Le signe
des paramètres est l'unique information directe utilisable. Cependant, on peut calculer les
effets marginaux qui complètent l'information sur les signes des paramètres. Les effets
marginaux mesurent la sensibilité de la probabilité de s’assurer par rapport aux variations
observées dans les variables explicatives xij .
Comme il a été dit tantôt, les données collectées ont fait l’objet d’une analyse statistique et
d’une analyse économétrique. Pour leur traitement statistique, il a été utilisé le logiciel SPSS.
Quant à la régression économétrique, elle a été faite grâce au logiciel économétrique STATA.
Maintenant que les concepts opératoires des réponses anticipées sont opérationnalisés, il reste
à préciser la dynamique ou l’orientation des changements de valeur qu’il faudra constater afin
de pouvoir les infirmer ou les confirmer. Dans tous les cas, il ne sera possible d’affirmer que
les prédictions sont confirmées que dans la mesure où aucune analyse des données recueillies
ne les invalide.
46
CHAPITRE IV : Analyse de l’affiliation des microentreprises à
l’« assurance dommages »
Comme il a été indiqué précédemment, deux méthodes d’analyse ont été utilisées. Il sera donc
tour à tour présenté les conclusions de l’analyse statistique et celles de la régression
économétrique.
Tableau 8 : tableau croisé demande d'assurance * L'utilité espérée de la police d'« assurance dommages »
En examinant les résultats de ce croisement, l’on se rend compte que toutes les
microentreprises assurées (15) espèrent une utilité de la police d’assurance contractée. Quant
à celles qui ne sont pas assurées, 20 d’entre elles pensent que l’« assurance dommages »
permettra de sécuriser leur activité contre 10 qui n’en espèrent aucune utilité.
47
Pourquoi certaines microentreprises espérant une utilité d’une potentielle police d’assurance
ne sont-elles pas assurées ? Existeraient-ils d’autres facteurs les amenant à ne pas s’assurer ?
Figure 7 : les effets cumulés de l’utilité espérée et du type d’activité sur la demande d’assurance des
microentreprises
Cette figure traduit le fait que l’utilité espérée, bien que très déterminante, ne suffit pas pour
expliquer le comportement « assuranciel » d’une microentreprise. En effet, en associant
l’appréciation que fait l’entreprise du niveau de risque de son activité, on dénote 15
entreprises qui ont une bonne espérance d’utilité mais qui ne sont pas assurées. Cela est dû
d’après les résultats, au fait qu’elles estiment que leurs activités ne sont pas risquées et de ce
48
fait n’expriment pas de demande d’assurance. Cette interprétation rejoint celle qui a été
développée par différents auteurs dont Baumann (2004) sur la répartition des sources de
vulnérabilité.
Par ailleurs, une situation non étonnante peut être lue dans cette figure. C’est le cas des 10
entreprises qui n’espèrent pas d’utilité d’une potentielle police d’« assurance dommages » et
qui estiment de plus que leurs activités ne présentent pas de risques. Pour ces deux raisons, le
choix de non assurance se comprend aisément. Ainsi, à cet équilibre, on ne trouve aucune
entreprise assurée. Par contre, le maximum d’entreprises assurées (15) se retrouve chez celles
qui ont une bonne espérance d’utilité et qui estiment que leurs activités sont risquées. A cet
équilibre, on décèle 5 entreprises non assurées. En outre, aucun profil (entreprise assurée et
non assurée) n’est déterminé dans le croisement entre une « non espérance d’utilité » et une
activité jugée risquée. Dans les analyses, il a semblé opportun d’intégrer l’influence du niveau
des ressources sur la demande d’assurance et cela est présenté dans le point suivant.
Ce tableau indique à travers le rho de spearman qu’il existe une liaison positive (0,412) entre
le niveau des ressources et la demande d’assurance et cette corrélation est significative au
seuil de 1%.
49
Une microentreprise ne saurait en principe s’assurer tant qu’elle n’a pas d’informations
précises sur le concept d’assurance lui-même, et sur les produits. Son affiliation peut être liée
aussi à son niveau de formation. Il est donc important d’analyser l’influence de tous ces
facteurs sur la demande d’assurance.
A travers cette figure, l’on remarque que les entreprises qui ne connaissent pas les produits
d’assurance soit 1929 entreprises, n’expriment pas de demande d’assurance quel que soit leur
29
Obtenu en sommant le nombre d’entreprises non assurées qui ne connaissent pas les produits d’assurance.
50
niveau de formation et leur connaissance de l’assurance. Aussi, l’on constate que les
entreprises qui connaissent les produits et qui n’ont aucune connaissance de l’assurance,
n’expriment pas de demande d’assurance quel que soit le niveau de formation.
Une faible demande d’assurance se remarque dans la catégorie des entreprises qui ont une
faible compréhension de l’assurance et qui connaissent les produits offerts. Cette demande est
importante quand il s’agit d’entrepreneurs ayant une formation de niveau secondaire et
supérieur.
En outre, les entreprises qui ont une bonne connaissance de l’« assurance dommages » et qui
connaissent les produits offerts sont celles au sein desquelles la demande d’assurance est
significative. La distribution statistique de la figure traduit le fait que ces entreprises ont des
niveaux de formation de type secondaire et supérieur.
Ces résultats corroborent l’idée que la demande d’assurance dépend de la connaissance des
produits, et de la compréhension de la notion d’assurance. En rappel, des études parmi les
microentrepreneurs de Lusaka en Zambie, ont révélé que 38% de l’échantillon ne comprenait
pas ce qu’était une assurance et que 30% n’en avait qu’une compréhension très rudimentaire
(Churchill, 2004).
De plus, il est ressorti des entretiens avec les microentrepreneurs que certains ne font pas la
différence entre l’assurance vie et l’« assurance dommages ». D’autres ne connaissent même
pas par exemple l’UAB-IARD.
Un autre facteur à intégrer dans l’analyse serait les préjugés qui influencent généralement la
décision de s’assurer ou de ne pas s’assurer. Il convient donc d’analyser leur impact sur la
demande d’assurance.
51
Figure 9 : les préjugés des microentrepreneurs et la demande d’assurance
Un premier aperçu de cette figure laisse voir que les avis sont partagés sur la valeur de
l’assurance. Aucun assuré enquêté n’a affirmé qu’il s’agit d’un service exclusivement dédié
aux riches. La majorité d’entre eux (6 entrepreneurs) pensent que c’est un bon service. 5
entreprises estiment que c’est un bon service mais par contre, émettent des réserves quant à la
rapidité des indemnisations et aux obligations de l’assureur. Enfin, 4 assurés enquêtés ont
affirmé que l’assurance coûte chère.
Quant aux non assurés, les mêmes préjugés sont repérés mais à des degrés différents. La seule
différence à noter est qu’ils sont les seuls à penser que l’assurance est un service dédié aux
riches. A ce sujet, une étude effectuée dans le cadre du BIT auprès des microentrepreneurs de
Lusaka en Zambie, a montré que seuls 23% de la population jugeait favorablement les
assurances. L’opinion générale exprimait l’idée que l’assurance ne concernait pas les pauvres
et qu’elle n’était pas dans leurs moyens (Churchill, 2004).
Il est donc possible d’affirmer que plus les préjugés sont défavorables à l’égard de
l’assurance, moins il peut exister une demande d’assurance.
52
En réalité, ces préjugés ne sont pas indépendants de l’utilité espérée d’une quelconque police
d’assurance. En fonction de leur nature, ils influeront positivement ou négativement l’utilité
espérée.
La décision de s’assurer est liée aux méthodes d’anticipation. Il convient donc d’aborder les
différentes stratégies d’adaptation adoptées par les microentrepreneurs dans leurs méthodes
d’anticipation.
Le tableau 10 présente l’aperçu des différentes stratégies de gestion des risques adoptées par
les enquêtés.
Tableau 10 : les stratégies d’adaptation et la demande d’assurance des microentrepreneurs
La lecture de ce tableau présage que les microentreprises qui ne sont pas assurées utilisent
d’autres moyens de couverture que sont l’épargne et/ou l’emprunt d’urgence (20 entreprises)
et les stratégies informelles de couverture (soit 10 entreprises) ou estiment qu’elles peuvent
53
faire usage de ces stratégies en cas de sinistre. En conséquence, elles n’expriment à priori pas
de demande d’assurance.
En résumé, l’on pourra retenir que la demande d’assurance résultera de l’arbitrage fait par
chaque individu entre l’efficacité de chaque stratégie d’adaptation, efficacité qui dépend elle-
même de la confiance accordée à chaque stratégie.
Le tableau 11 montre que les entreprises qui ont une certaine expérience de leur activité (plus
de 5 ans) ont plus tendance à s’assurer (13 entreprises) et ceci pour certaines raisons. En effet,
parmi ces dernières, certaines ont affirmé que lorsqu’on ambitionne professionnaliser son
activité, ce qui nécessite très souvent une extension des investissements c'est-à-dire le niveau
des ressources, il convient de s’assurer. Cette observation corrobore donc la corrélation qui a
été mise en évidence précédemment entre la demande d’assurance et le niveau des ressources.
D’autres pensent qu’il est nécessaire de s’assurer lorsque l’activité prend de l’ampleur afin de
pouvoir soumissionner à des marchés privés ou publics, ou dans le souci d’être crédibles.
54
Cet éventail de facteurs de la demande d’assurance n’est pas neutre et permet de comprendre
pourquoi les agents économiques en particulier les microentreprises expriment ou non un
désir de s’assurer. Toutefois, leurs suggestions et les conditions optimales qui feront qu’elles
demanderaient une assurance devraient aussi être prises en compte.
Au regard des statistiques ci-dessus, l’on peut avancer que les suggestions des
microentrepreneurs portent principalement sur trois modes d’action que sont la promptitude
(réaction/indemnisation) de l’assureur en cas de sinistre de l’assuré, la révision des coûts de
prime et la sensibilisation sur l’assurance afin de mieux comprendre son utilité.
Pour les « non assurés », la suggestion majeure (7 entreprises) porte sur le coût de la prime, la
sensibilisation et la promptitude venant en second rang. Quant aux assurés, le souci ne porte
pas sur le coût de la prime même si certains en ont fait cas. Il porte plutôt sur la promptitude
et sur la sensibilisation (11 entreprises au total). En ce qui concerne la promptitude, elle est
beaucoup plus liée à l’utilité espérée de la police d’assurance contractée. En effet, les assurés
comme les « non assurés » pensent que l’assureur devrait indemniser rapidement le sinistré
afin que celui-ci reprenne ses activités car cette reprise dépend en grande partie pour eux des
indemnités reçues. Le « refus d’assurance » de certains microentrepreneurs serait dû à ce
préjugé sur la promptitude.
55
Cette présentation des suggestions permet aussi de comprendre finalement ce qui motivera le
microentrepreneur à se diriger vers un assureur. En effet, au cours de l’enquête, les « non
assurés » se sont prononcés sur les conditions qui les pousseraient à demander une
« assurance dommages ». Ces conditions sont présentées ci-dessous.
Tableau 13 : les conditions favorables de souscription
Pourcentage
Conditions Effectif
valide
Conditions souples
18 60,0
(prime)
Total 30 100,0
Source : notre étude
Ces conditions qui font l’objet de préjugés sont : la souplesse des conditions d’adhésion (coût
de la prime), la sûreté d’être indemnisé, et la compréhension des clauses. La grande majorité
des « non assurés » exprimeraient une demande d’assurance si les conditions paraissent
souples pour eux (60%) et s’ils sont sûrs d’être indemnisés (33,3%). La minorité (6,7%)
voudrait comprendre les clauses des contrats.
56
explicatives et ε i le terme d’erreur. Les résultats30 issus de cette estimation sont présentés
comme suit.
Variables explicatives
Préjugés -1,326175 0,6019848 0,028**
Connaissance des produits 4,647889 2,48643 0,062*
Utilité espérée 1,881521 1,109856 0,090*
Durée de l’activité -3,42559 1,478443 0,021**
Connaissance de l’assurance 1,338127 0,3969009 0,001***
Stratégies informelles -0,1523854 0,070591 0,031**
Type d’activité -0,1844515 0,0779253 0,018**
Niveau des ressources -0,063038 0,0926149 0,496
Nombre d’observations= 45
Wald chi2 (8)= 21,90
Prob 〉 chi2= 0,0051
Log pseudolikelihood= -5,838867
Variables significatives à : ***=1%, **=5%, *=10%
Source : notre étude, STATA
Ces résultats seront interprétés dans la section suivante afin d’avoir une idée sur le pouvoir
explicatif du modèle.
30
L’intégralité des résultats de l’estimation est présentée en annexes.
57
associée indique que toutes les variables retenues dans le modèle contribuent conjointement à
expliquer la probabilité de s’assurer. Le modèle ne comporte pas de constante car il n’existe
pas à un niveau individuel une « demande incompressible » d’assurance. Par ailleurs, des
variances robustes ont été estimées pour corriger l’hétéroscédasticité.
D’un point de vue économétrique, l’analyse du tableau 13 indique que (07) sept des (08) huit
variables explicatives sont significatives. Il s’agit au seuil de 1% de la variable connaissance
de l’assurance. Au seuil de 5%, ce sont les variables préjugés et stratégies informelles. Au
seuil de 10%, il s’agit des variables connaissance des produits et utilité espérée. Quant aux
variables durée de l’activité, et type d’activité, elles sont significatives au seuil de 5% mais
leurs signes ne sont pas conformes aux prédictions anticipées. Cela peut être dû au fait que de
nombreux entrepreneurs se reconvertissent par moment et changent d’activité. Ils ont donc
tendance à mal apprécier le niveau de risque de l’activité. Seule la variable niveau des
ressources n’est pas significative et ne joue donc pas un rôle significatif dans l’explication de
la demande d’assurance. Cela peut être dû au fait que l’appréciation individuelle du niveau de
vulnérabilité de l’entreprise reste relative. Les effets des autres variables sur la variable
dépendante sont analysés comme suit.
• Les préjugés
La variable préjugés est significative et négativement corrélée à la demande d’assurance. Cela
voudrait dire que si les préjugés sont défavorables à l’égard de l’assurance, alors la probabilité
que l’entreprise s’assure diminue. En réalité, ces préjugés agiront négativement sur l’utilité
espérée.
• La connaissance des produits
Le signe du coefficient de cette variable présage qu’elle contribue à expliquer
significativement la variable dépendante. Cela indique que lorsque l’entreprise connaît les
produits d’« assurance dommages », alors sa probabilité de s’assurer augmente.
• L’utilité espérée
Elle permet à travers le signe de son coefficient d’expliquer la demande d’assurance. En effet,
la probabilité que l’entreprise s’assure augmente si elle espère une utilité d’une potentielle
police d’assurance. Ce résultat est conforme à celui présenté dans le cadre théorique et obtenu
par l’analyse statistique.
58
• La connaissance de l’assurance
Le coefficient obtenu après l’estimation montre que cette variable est positivement corrélée à
la variable dépendante. Cette corrélation indique que la probabilité que l’entreprise s’assure
augmente si elle comprend le concept d’assurance. L’analyse statistique corrobore cette
interprétation ainsi que les écrits sur la demande d’assurance.
• Les stratégies informelles
Il existe une corrélation négative entre cette variable et la variable demande d’assurance. Cela
signifie que si les entreprises espèrent une utilité des stratégies informelles de couverture,
moins elles demanderont de l’assurance formelle.
Le problème de normalisation de la variance fait que les valeurs numériques ne peuvent être
interprétées directement (Hurlin, 2002). Le signe des paramètres permet seulement de dire
dans quel sens les variables explicatives associées aux différents paramètres influencent la
probabilité de s’assurer. Cependant, pour mesurer la sensibilité de la probabilité de s’assurer
par rapport aux variations dans les variables exogènes, il convient de calculer les effets
marginaux.
A la lecture du tableau, il apparaît que lorsque les préjugés sont défavorables à l’égard de
l’assurance, la probabilité de s’assurer diminue d’environ 0,13. Quant aux produits, le passage
de l’état d’ignorance (connaissance des produits=0) à l’état de connaissance (connaissance des
produits=1) augmente la probabilité de s’assurer d’environ 0,63.
31
Tous les résultats du calcul des effets marginaux sont présentés en annexes.
59
En outre, lorsque l’entreprise comprend la notion d’assurance, sa probabilité de s’assurer
augmente de 0,13. Le degré d’information sur l’assurance agit donc favorablement sur la
demande d’assurance.
Quant à l’effet marginal de l’utilité espérée, il indique que lorsque l’entreprise espère une
utilité d’une police d’« assurance dommages », sa probabilité de s’assurer croît
approximativement de 0,19. Par contre, si elle espère une utilité des stratégies informelles de
couverture, sa probabilité de s’assurer diminue d’environ 0,015.
Pour apprécier la qualité des prédictions, il est apparu nécessaire de faire un tableau de
prédiction du modèle pour évaluer son pouvoir à prédire les réalisations des évènements
associés à la variable dépendante.
Le tableau 16 montre qu’au seuil de 0,5, 14 cas sur 15 ont été bien prédits concernant
l’évènement « s’assurer ». Quant à l’évènement « ne pas s’assurer », 29 cas sur 30 ont été
bien prédits au même seuil. Le pourcentage de bonnes prédictions résultant de ces résultats est
de 95,56%.
32
Le tableau entier des prédictions est présenté en annexes.
60
Ce chapitre a montré que l’évaluation des risques n’est pas uniforme pour chaque individu.
Elle fluctue en fonction de nombreux indicateurs et cela montre aussi la complexité des
facteurs qui influencent la demande d’assurance.
Conclusion partielle
La promotion de l’« assurance dommages » se heurte certainement à plusieurs obstacles
majeurs. L’on admettra aussi que l’exposition au risque des microentreprises n’est pas
directement synonyme de demande ou de besoin de services d’assurance. Il appartient aux
assureurs de démontrer quotidiennement la valeur ajoutée de l’offre d’assurance avant toute
action de vulgarisation et de promotion de l’assurance. En conséquence, la démarche suivante
pourra être entreprise.
Figure 10 : une stratégie de vulgarisation de l’assurance dommages
La figure ci-dessus suggère que la communication soit la première étape dans toute stratégie
de promotion de l’assurance. Elle est fondamentale car c’est suite à cette démarche qu’une
attention et un intérêt pour l’assurance pourront naître chez les individus. Cela devrait créer
par la suite un désir de s’assurer. Les flèches en tirets indiquent que dans ce processus,
certaines étapes intermédiaires peuvent être omises en fonction des individus. Toujours est-il
que la démarche ci-dessus présentée est importante quelle que soit la couche sociale que l’on
veut assurer.
61
Conclusion générale
Cette étude dont l’objectif général est l’analyse de la demande d’« assurance dommages » des
microentreprises, a montré les variables d’action sur lesquelles se fondent les comportements
de ces acteurs.
En vue d’atteindre cet objectif, la démarche méthodologique a d’abord consisté à recueillir les
données primaires auprès des microentreprises. Ces données ont fait ensuite l’objet d’une
analyse statistique et d’une évaluation socio-économétrique grâce à un modèle logit.
Le cadre conceptuel qui a été retenu pour l’étude est la théorie de l’utilité espérée. A travers
ce fondement théorique et des écrits, deux hypothèses ont été formulées. La toute première
prédisait que « l’utilité espérée agit favorablement sur la demande d’assurance dommages des
microentreprises ». Quant à la seconde, elle exprimait le fait que le « degré d’information sur
l’assurance dommages est très déterminant pour que la microentreprise s’assure ».
A la lumière des résultats obtenus, il est important de prendre en compte un certain nombre de
considérations. Etant donné le manque de connaissance des assurances et tout
particulièrement des « assurances dommages » dans le marché ciblé, et les préjugés négatifs,
le développement et la prestation des produits d’« assurance dommages » à la demande
représenteraient un défi énorme du fait de la spécificité de l’« assurance dommages ».
Former les clients potentiels ou les clients à l’assurance ne se réduit pas à faire du marketing
et de la communication.
62
Il conviendrait certainement de faire des campagnes de sensibilisation et de promotion sociale
pour aider les microentrepreneurs à comprendre le fonctionnement de l’assurance et à mesurer
sa valeur potentielle. En ce sens, la sensibilisation peut être un point de départ mais elle est
insuffisante si les microentrepreneurs n’ont pas une expérience pratique positive des
assurances. Toutefois, il faudrait que l’UAB-IARD se forme elle-même à la problématique de
la clientèle et dans le cas d’espèce, celle de l’assurance des microentreprises. Cela passe par la
connaissance du marché afin de faire rencontrer l’offre et la demande d’assurance.
Il est aussi important que les produits soient simples et compréhensibles c’est à dire que les
clauses doivent être à portée de tous. Les clauses des contrats de garanties doivent être sans
ambiguïté sinon cela engendrerait de nombreux risques pour l’assureur, ou risquerait
également de rompre la relation de confiance avec les assurés. L’incompréhension entre
l’assureur et les assurés peut aussi avoir pour raison l’insuffisance d’informations sur le mode
d’assurance.
Un autre facteur pouvant être intégré dans l’analyse serait l’expérience acquise d’un sinistre.
Les agents économiques sont généralement influencés par des expériences acquises de
phénomènes. Le fait d’avoir subi un sinistre peut amener un individu à s’assurer. Aussi, la
préférence psychologique pour le présent, serait un facteur de la demande d’assurance, les
microentrepreneurs préférant investir dans leurs activités que de payer des « primes
risquées ».
63
Cette étude, bien que instructive connaît certainement quelques limites. La principale limite
est liée à la taille de l’échantillon qui, sans faute de temps, aurait pu être plus grande.
Traditionnellement, il est admis l’existence de deux catégories d’aléas (les risques purs et les
risques spéculatifs) dont les spécificités justifieraient une approche et un traitement séparés.
D’un point de vue strictement théorique, cette façon de procéder suscite cependant des
interrogations. En effet, un traitement séparé des différentes catégories de risques peut
conduire à des solutions non optimales. C’est pourquoi, d’autres écrits pourraient se situer
certainement dans le prolongement de la présente étude en proposant par exemple un modèle
destiné à démontrer l’intérêt d’une approche globale. Une telle démarche devrait prendre en
compte simultanément les différentes modalités d’action sur le niveau de risque global de
l’entreprise.
64
Bibliographie et webographie
− ADA, Groupe de travail du CGAP sur la micro-assurance, (2008). Indicateurs de
Performance à l’usage des praticiens de la micro-assurance : Synthèse. ADA,
Luxembourg, 3-58.
− APSAB, (2008). Burkina Faso, données statistiques 2007, étude portant sur le marché
de l’assurance. Décembre 2008, http://www.fanaf.org
− BANQUE MONDIALE, (2001). La gestion dynamique des risques sociaux et les
pauvres. Les grandes lignes d'une stratégie de protection sociale pour l'Afrique. Série
développement humain de la région Afrique, Vol. 2, 2001.
− BAUMANN, E., (2004). Microentreprise et gestion de la vulnérabilité en Afrique
subsaharienne, passé et présent, ADA dialogue (rapport), 33, 31-53.
− BENAT, S., (2007). La microassurance, complément naturel du micro crédit,
magazine banque.
− BIT, (2001). Mutuelles de santé et associations de microentrepreneurs. Guide.1-63.
− CAILLAT, A-L., (2007). La microassurance : un « business » à risque pour les
assureurs ? ENASS.
− CHURCHILL, C., (2004). La microassurance est-elle une priorité pour les pauvres ?
Comprendre la demande de services financiers de gestion des risques, ADA dialogue
(rapport), 33, 11-30.
− CIMA, (2007). Code CIMA, quatrième édition. Dakar, Sénégal : Editions la FANAF.
− DESCHAMPS, P., (2003). Cours d’économétrie, édition 2003-2004. Université de
Fribourg, Fribourg, Suisse, 3-257.
− FANAF, (2009). Le marché de l’assurance en Afrique, données 2003-2007. Février
2009, http://www.fanaf.org
II
− GOURIEROUX, C., (1989). Économétrie des variables qualitatives, collections
Economie et Statistiques avancées, 2ème édition, Economica, Paris.
− HOLZMANN, R., JORGENSEN, S., (2000). Gestion du risque social : cadre
théorique de la protection sociale, série de documents de discussions sur la protection
sociale, 0006, 2-36.
− HURLIN, C. (2002). Econométrie des variables qualitatives. Cours de maîtrise
d’économétrie. Université d’Orléans.
III
Webographie
− http://www.burkinapmepmi.com/: portail burkinabè des PME/PMI
− http://developpementdurable.revues.org/: site promouvant le développement
− http://www.fanaf.org/: site de la Fédération des Sociétés d’Assurance de Droit
National Africaines (FANAF)
− http://www.lefaso.net/: site burkinabè d’information
− http://www.lamicrofinance.org/: portail de la microfinance
− http://www.microinsurance.net/: site promouvant les activités de microassurance
IV
Annexes
• Questionnaire d’entrevue adressé aux dirigeants de
microentreprises
(NB : les assurances obligatoires en l’occurrence l’assurance-auto ne sont pas concernées
par cette enquête)
Fiche n°:……..
1. Identité de l’enquêté(e)
1.1 Sexe : a) masculin : /___/ b) féminin : /___/
1.2 Nom de l’entreprise :………………………………………………………………………...
2. Le niveau de formation
2.1 Primaire : /___/ 2.2 Secondaire : /___/ 2.3 Supérieur : /___/ 2.4 Alphabétisé : /___/
2.5 Autodidacte : /___/
3. Le type d’activité
3.1 Artisanat :/___/ 3.2 Services :/___/ 3.3 Activité industrielle:/___/ 3.4 Commerce : /___/
4. La durée de l’activité
4.1 Moins de (02) deux ans : /___/
4.2 De (02) deux à (05) cinq ans: /___/
4.3 Plus de (05) cinq ans : /___/
5. Les ressources/Niveau des dépenses
Quelles sont les ressources dont vous disposez ? :
5.1 Votre personnel (nombre) :…………………………………………………………………
5.2 Vos matériels et équipements
5.2.1 Matériel roulant /___/
5.2.2 Matériel de production : /___/
5.2.3 Matériel informatique : /___/
5.2.4 Marchandises : /___/
5.3 Vos moyens de communication :
5.3.1 Téléphone fixe : /___/
5.3.2 Internet : /___/
5.3.3 Fax : /___/
5.3.4 Téléfax : /___/
6. Connaissance de l’assurance
V
6.1 Bonne : /___/ 6.2 Faible compréhension : /___/ 6.3 Aucune : /___/
7. Diagnostic des vulnérabilités
Typologie des risques
A votre avis, quels sont les risques auxquels votre entreprise et votre personnel peuvent-ils
être confrontés ?
7.1 Risques liés aux biens (vol, dommages, incendie):/___/
7.2 Risques liés à la santé (accidents, maladies) : /___/
7.3 Décès : /___/
7.4 Invalidité : /___/
7.5 Responsabilité civile : /___/
7.6 Autres :………………………………………………………………………………………
Expérience de sinistre
Avez-vous déjà subi un sinistre ?
a) Oui : /___/ b) Non : /___/
Si oui, quel(s) sont les risque(s) ci-dessus auxquel(s) étiez vous confrontés ?
7.1 : /___/ 7.2 : /___/ 7.3 : /___/ 7.4 : /___/ 7.5 : /___/
Etiez-vous assurés ?
a) Oui : /___/ b) Non : /___/
Si vous n’étiez pas assurés, après avoir vécu ce(s) risque(s), avez-vous décidé de le faire ?
a) Oui : /___/ b) Non : /___/ C) Autres :…………………………….
8 Les stratégies d’adaptation
Que ferez-vous si vol, incendie, dommages, maladies, décès, etc., surviennent de manière
fortuite au sein de votre entreprise ?
8.1 Utilisation d’épargne : /___/
8.2 Emprunts : /___/
8.3 Aide auprès des amis : /___/
8.4 Aide auprès de la famille : /___/
8.5 Recours à l’assurance : /___/
8.6 Autres :………………………………………………………………………………………
Que faites-vous pour éviter de telles situations ?
8.7 En épargnant : /___/
8.8 En comptant sur le soutien mutuel des proches : /___/
8.9 En prenant des précautions : /___/
8.10 Assurance : /___/
VI
8.11 Autres :…………………………………………………………………………………….
9. L’utilité espérée
Supposons que vous souscrivez une police d’assurance dommages, pensez vous qu’un tel
contrat permettra t-il de sécuriser votre activité ?
a) Oui : /___/ b) Non : /___/
Si oui, qu’attendez-vous de cette police d’assurance ?
9.1 L’assurance couvrira la totalité des dommages en cas de sinistre : /___/
9.2 Je dépenserai moins en cas de sinistre : /___/
9.3 Autres :………………………………………………………………………………………
Si non, pourquoi ?
9.4 Il n’y aura pas de valeur ajoutée si je m’assure : /___/
9.5 Je ne connais jamais de sinistre : /___/
9.6 Dieu me protège : /___/
9.7 Autres :………………………………………………………………………………………
Etes-vous affiliés à une police d’assurance dommages ?
a) Oui : /___/ b) Non : /___/
Si oui, qu’est-ce qui vous a amené à souscrire cette police ?
9.8 Eviter le risque : /___/
9.9 Pouvoir être indemnisé en cas de sinistre : /___/
9.10 Améliorer son activité : /___/
9.11 Etre crédible /___/
9.12 Autres :……………………………………………………………………………………
Si non, quelle condition essentielle vous amènera t-elle à souscrire une police d’assurance
dommages ?
9.13 Conditions souples : /___/
9.14 Si je suis sûr que je serai indemnisé : /___/
9.15 Si je suis informé sur les conditions : /___/
9.16 Autres :……………………………………………………………………………………..
Y a t-il des désavantages à souscrire une assurance dommages ?
a) Oui : /___/ b) Non : /___/
Si oui, lesquels ?………………………………………………………………………………
10. Les préjugés
Que pensez-vous de l’assurance ?
10.1 Il s’agit d’un service dédié aux riches : /___/
VII
10.2 L’assurance coûte chère : /___/
10.3 Les compagnies d’assurance ne respectent pas leurs obligations : /___/
10.4 Les indemnisations sont tardives : /___/
10.5 La religion ne m’autorise pas à contracter une assurance:/___/
10.6 Un bon service : /___/
10.7 Autres :……………………………………………………………………………………
Connaissez-vous des entreprises assurées qui ont des difficultés d’indemnisation lors de la
survenance de sinistres ?
a) Oui : /___/ b) Non : /___/
Si oui, quelle en était la cause ?
10.8 Indemnisation tardive : /___/
10.9 Pas d’indemnisation : /___/
10.10 Indemnisation partielle pour certaines raisons : /___/
10.11 Autres :……………………………………………………………………………………
Cela a t-il influencé votre vision de l’assurance ?
10.12 J’ai décidé de ne jamais souscrire une police d’assurance : /___/
10.13 Je n’ai plus reconduit mon contrat d’assurance : /___/
10.14 J’ai eu une mauvaise estime pour l’assurance : /___/
10.15 Je suis resté indifférent : /___/
10.16 Autres :……………………………………………………………………………………
11. Le degré d’information (adapté question 6)
Connaissez-vous l’UAB-IARD ?
a) Oui : /___/ b) Non : /___/ c) Groupe UAB : /___/
Si non (question 11.6)
Si oui, citez quelques produits de cette société :
…………………………………………………………………………………………………..
Comment avez-vous pris connaissance de ces produits ?
11.1 En souscrivant : /___/
11.2 Par des proches : /___/
11.3 Par la publicité : /___/
11.4 Par une ONG/Association/Fonds de développement : /___/
11.5 Par le marketing de l’assureur : /___/
11.6 Autres :……………………………………………………………………………………
Comprenez-vous toujours les clauses de contrats liées aux différents produits ?
VIII
11.7 Bonne compréhension : /___/
11.8 Assez bonne compréhension: /___/
11.9 Faible compréhension: /___/
11.10 Aucune : /___/
(NB : pour une entreprise assurée)
Est-ce que la connaissance des produits a été déterminante dans votre choix d’adhésion ?
a) Oui : /___/ b) Non : /___/
12. Ciblage (adapté à la question 3)
Selon l’activité que vous menez, est-ce important de vous assurer ?
a) Oui : /___/ b) Non : /___/ c) Autres : /___/
Si oui, pourquoi :
12.1 Les risques sont énormes : /___/
12.2 Faire face aux coûts d’un sinistre : /___/
12.3 Sécuriser son activité : /___/
12.4 Autres :……………………………………………………………………………………..
Si non, pourquoi ?
12.5 L’activité n’est pas risquée : /___/
12.6 Autres :……………………………………………………………………………………..
13. Suggestions/critiques
Quelles sont vos suggestions pour l’amélioration des prestations de services d’assurance
dommages ?
…………………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………………...
Merci pour votre collaboration !
• Les résultats de l’estimation du modèle logit
Robust
adh Coef. Std. Err. z P>|z| [95% Conf. Interval]
prÉjugÉs - 1.3 261 75 . 601 9848 -2 .20 0.0 28 -2. 506 043 - .14 630 65
con_prod 4.6 478 89 2.4 8643 1 .87 0.0 62 -.2 254 248 9.5 212 03
utilesp 1.8 815 21 1 .10 9856 1 .70 0.0 90 -.2 937 564 4.0 567 98
durÉe_ac -3. 425 59 1 .47 8443 -2 .32 0.0 21 -6. 323 284 - .52 789 55
conais_a 1.3 381 27 . 396 9009 3 .37 0.0 01 .5 602 158 2.1 160 39
stratinf - .15 238 54 .07 0591 -2 .16 0.0 31 -.2 907 412 - .01 402 97
typ_acti - .18 445 15 . 077 9253 -2 .37 0.0 18 -.3 371 822 - .03 172 08
niv_ress -.0 630 38 . 092 6149 -0 .68 0.4 96 -.2 445 599 .1 184 84
IX
• Les résultats du calcul des effets marginaux
True
Classified D ~D Total
+ 14 1 15
- 1 29 30
Total 15 30 45