Ch2. Fonction de Consommation
Ch2. Fonction de Consommation
Ch2. Fonction de Consommation
1ère année
Chapitre II
La fonction de consommation et d’épargne
La consommation est un acte fondateur de l’activité économique dans le sens où elle permet
de satisfaire nos besoins et que ces derniers sont à l’origine même de l’activité économique.
Par ailleurs, la consommation est en général la composante principale de la demande globale
et à ce titre elle est au cœur du débat sur l’efficacité des politiques macroéconomiques de
relance. Et c’est pourquoi son étude est un préalable à toute modélisation des politiques
économiques. Ceci étant dit, nous définissons la consommation comme un acte de destruction
d’un bien ou d’un service. Il s’agit de la consommation finale des ménages, par opposition à
la consommation intermédiaire (des entreprises) ou publique (dépenses publiques de l’Etat).
Yd = Y – T
où Y est le PIB ou le revenu, et T constitue les charges fiscales et parafiscales.
Le point de départ de la théorie keynésienne est la loi psychologique de Keynes qui s’énonce
comme suit : « la loi psychologique fondamentale sur laquelle nous pouvons nous appuyer en
toute sécurité, à la fois à priori en raison de notre connaissance de la nature humaine et à
posteriori en raison des renseignements détaillés de l’expérience, c’est qu’en moyenne et la
plupart du temps, les hommes tendent à accroître leur consommation à mesure que le revenu
croît, mais non d’une quantité aussi grande que l’accroissement du revenu ». J.M. Keynes, La
Théorie générale de l'emploi, de l'intérêt et de la monnaie (1936).
De cette proposition, nous retenons que selon Keynes, la consommation est en relation
directe, mais non proportionnelle, avec le niveau du revenu disponible :
1
Ct = f(Ydt) avec 0 < Ct /Ydt < 1
où Ct est la consommation des ménages de la période t.
Par ailleurs, Keynes remarque que même pour un revenu disponible nul, la consommation est
positive. Il existe un seuil minimum de consommation qui correspond au minimum vital et
qui sera appelé consommation incompressible. Cette remarque et la loi psychologique
permettent de formaliser la fonction de consommation keynésienne comme suit :
Ct = C0 + cYdt
où C0 est la consommation incompressible et c un paramètre positif inférieur à 1.
Ct
Ydt
Seuil C = C0 + cYdt
d’épargne Y>C
Y=C
S=0
C0
Y<C
S<0 S>0
Ydt
YdE
2
A partir de cette fonction de consommation, nous pouvons déduire celle de l’épargne. En
effet, la partie du revenu disponible qui n’est pas consommée sera épargnée, c'est-à-dire que
la fonction d’épargne est :
Ct, St
Ydt
C = C0 + cYdt
Y>C
Y=C
S = -C0 +sYdt
S=0
C0
Y<C
S>0
Ydt
S<0 YdE
-C0
3
Pmc + Pms = c + s = c + (1 – c) = 1
• La somme des propensions moyennes à consommer et à épargner est égale à un :
PMC + PMS = (C0/ Ydt) + c + (-C0/ Ydt) + s = c + s = c + (1- c) = 1
L’épargne peut être négative ou positive selon le niveau du revenu disponible. Il y a donc un
niveau du revenu disponible pour lequel l’épargne est nulle, c’est le seuil d’épargne. Le seuil
d’épargne YdE est tel que Ct = Ydt → C0 + cYd = Yd → Yd (1-c) = C0 → YdE = C0/ (1 - c)
Remarquons qu’au seuil d’épargne, la propension moyenne à consommer est égale à un
(PMC= 1) et la propension moyenne à épargner est nulle (PMS= 0).
PMC
PMS
Pmc
Pms
1
PMC
c Pmc
s Pms
PMS
0 Yd
YdE
4
2. Exemple numérique
Période 1 2 3 4 5 6 7 8 9
Yd 0 10 20 30 40 50 60 70 80
C 4 12 20 28 36 44 52 60 68
S -4 -2 0 2 4 6 8 10 12
PMC ∞ 1,2 1 0 ,93 0,9 0,88 0,87 0,86 0,85
PMS -∞ - 0,2 0 0,07 0,1 0,12 0,13 0,14 0,15
Pmc 0,8 0,8 0,8 0,8 0,8 0,8 0,8 0,8
Pms 0,2 0,2 0,2 0,2 0,2 0,2 0,2 0,2
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Représentation graphique : Fonctions de consommation et d’épargne
Ct, St
C = 4 + 0,8Ydt
20
S = -4 +0,2Ydt
4
Ydt
20
-4
Pour Y= 20 → C = 4 + 0,8(20) = 20
1. Les implications
• Si nous considérons des ménages à revenus différents, nous observons une PMC de
plus en plus faible et une PMS de plus en plus élevée à mesure que le revenu
disponible augmente.
• Pour un pays donné, la PMC doit diminuer au fur et à mesure que le niveau de vie de
la population s’élève.
• La comparaison entre pays doit faire ressortir une PMC plus faible et une PMS plus
élevée pour les pays les plus riches et inversement.
• La consommation est la composante principale de la demande, et de ce fait elle
constitue le moteur de la croissance économique. Par conséquent, la baisse de la PMC
ne manquerait pas, à terme, de mener les économies qui s’enrichissent vers une
stagnation séculaire.
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2. Les limites de l’hypothèse du revenu courant
La théorie keynésienne de la consommation va être critiquée sur plusieurs flancs.
• La première critique est d’ordre empirique. Nombreux sont les travaux empiriques qui
remettent en cause l’hypothèse de Keynes. Mais les travaux les plus significatifs sont ceux
menés par Kuznets sur l’économie américaine. Ce dernier livre des résultats contrastés : la
thèse de Keynes n’est confirmée qu’à court terme où on observe effectivement une baisse
du taux de consommation. Mais les tests empiriques relatifs à des séries historiques
révèlent, au contraire, une stabilité du taux de consommation et du taux d’épargne. Par
ailleurs, l’histoire concrète n’a pas confirmé la stagnation séculaire qui devrait survenir si
l’hypothèse keynésienne était suffisamment robuste.
Yd
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• La théorie keynésienne donne une explication statique du comportement des ménages
dans la mesure où elle ne rend pas compte de l’arbitrage entre la consommation présente
et la consommation future et donne à l’épargne un statut de simple résidu. Par ailleurs, il
n’ya aucun fondement microéconomique à la formulation macroéconomique du
comportement de consommation.
Le ménage a par hypothèse une préférence pour le présent, c'est-à-dire qu’entre une unité de
consommation au présent et la même unité au futur, il préfère consommer au présent. Le taux
d’intérêt réel (r) est la récompense de la renonciation au présent, c'est-à-dire la récompense
de l’abstinence. Autrement dit, ce ménage obtiendrait (1 + r) unités de consommation au futur
s’il accepte de renoncer à une unité de consommation au présent. Ce ménage peut donc, à
chaque période, avoir une consommation inférieure à son revenu courant et épargner le reste
ou avoir une consommation supérieure à son revenu courant et emprunter la différence.
La richesse d’un ménage (W) est la somme de ses revenus disponibles réels actualisés.
܇
L’équation de richesse : ܇ = ܅ +
ାܚ
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l’égalité entre ses ressources et ses emplois. Il s’agit de l’égalité entre la somme de ses
revenus disponibles réels actualisés et la somme de ses consommations annuelles réelles
actualisées.
۱ ܇ ۱
۱ + = ܇ + =→܅ = ܅− ۱ →۱ = ሺ + ܚሻ ܅− ሺ + ܚሻ۱
+ܚ +ܚ +ܚ
Selon Duesenberry (1949), les consommateurs vont chercher à conserver leur niveau de vie
quand leur revenu faiblit. Pour ce faire, ils vont puiser dans leur épargne ou s’endetter en
espérant que leur revenu remontera par la suite, d’où une reprise moindre de leur
consommation. Donc la consommation résiste à une baisse de revenu, c’est l’effet cliquet.
Cette analyse est basée sur 2 hypothèses :
• La première hypothèse spécifie que les individus sont sensibles à la comparaison de leurs
dépenses de consommation avec celles des autres consommateurs. Les agents appartenant
à des groupes de revenus faibles subissent un effet d'imitation vis à vis des agents
appartenant à des groupes de revenu élevés. Ils auront en conséquence une propension à
consommer plus forte que celle des agents du groupe à revenu élevé.
• La seconde hypothèse est que la consommation d'une période est d'avantage fonction du
revenu antérieur le plus élevé que celui de la période courante.
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Pour prendre en compte l’effet de cliquet, Duesenberry reformulera en 1952 la fonction de
consommation en y intégrant les revenus passés, et notamment le revenu passé le plus élevé.
La consommation devient proportionnelle au revenu lorsque ce dernier retrouve le niveau le
plus élevé atteint dans le passé. Dans ce cas, la fonction de consommation prend alors la
forme suivante :
Ct = C(Rt, Rmax)
Brown (1952) définit un peu différemment ce qu’il a appelé l’effet mémoire. Il intègre à la
fonction de consommation la consommation passée. Ce qui donne une fonction du type :
Ct = C(Rt, Ct-1)
Supposons un coefficient d’ajustement λ (0 < λ < 1). Tout écart entre le revenu courant Yt et
۾
le revenu permanent de la période précédente (ିܜ܇ ) sera ajouté ou retranché à l’évaluation du
10
۾
revenu permanent dans une proportion égale à λ, càd que si nous considérons que ܜ܇− ିܜ܇
est le revenu transitoire, alors le revenu permanent sera :
۾ ۾ ۾
ିܜ܇ = ۾ܜ܇ + ૃ൫ ܜ܇− ିܜ܇ ൯ → ܜ܇ૃ = ۾ܜ܇+ ሺ − ૃሻିܜ܇
L’idée de base est que la consommation courante est une proportion du revenu disponible
courant, mais cette proportion est plus importante pour la partie du revenu qui est
permanente et plus faible pour celle qui est transitoire. Les ménages épargnent une plus
grande proportion de leur revenu transitoire que celle relative à leur revenu permanent. Si
leurs revenus transitoires deviennent négatifs, ils puisent dans leurs épargnes pour maintenir
leurs niveaux de vie.
Y
C
Epargne
normale
YP
Epargne Désépargne CP
spéciale spéciale Y
Si nous désignons par ۱ ۾ܜla consommation permanente de long terme, on peut écrire la
fonction de consommation permanente de long terme comme suit : ۱۾ܜ܇ܓ = ۾ܜ
où k est la propension marginale à consommer le revenu permanent anticipé.
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La richesse initiale que dispose un ménage est égale à W0. Ce ménage s’attend à vivre encore
n années dont e années d’activité et (n - e) années de retraite. Il perçoit, durant la période
d’activité, un revenu annuel constant égal à Y. Il ne lègue rien à ses héritiers. Le taux d’intérêt
est supposé nul. Les ressources de ce ménage s’élèvent à : W0 + e Y
܅ ା܇܍ ܅ ܍
Sa consommation annuelle sera donc : ۱ = ܖ
= ܖ
+ ܇ܖ
Y
W
Epargne
C
Désépargne
t
e n
Vie active Retraite
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a) Du besoin de Maslow au comportement d’achat
Partant du principe que les ménages consomment pour satisfaire leurs besoins et que ces
derniers sont de différentes natures, Maslow a proposé de hiérarchiser ces besoins en cinq
niveaux (Pyramide de Maslow).
Auto
accomplissement
Sécurité
Protection au niveau moral et physique
Physiologiques
Faim, soif, sommeil
La question de savoir si chaque individu ne cherche à satisfaire un besoin d’un certain niveau
que s’il a complètement satisfait ses besoins d’un niveau antérieur, est toutefois controversée.
En effet, la plupart des biens de consommation ont une double fonction : une fonction
d’usage et une fonction symbolique. Ainsi une voiture sert à effectuer des transports mais
elle peut aussi être un signe de richesse. Le passage des besoins aux comportements d’achat
est généralement réalisé en établissant les portraits du consommateur (typologies et
classifications, attentes des clients, relation aux marques et aux magasins).
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partage du temps entre travail, loisir, transport et temps personnel ; le niveau et la structure de
la consommation et le type de loisirs (lecture, télévision, sport, voyages, bricolage....) ; le type
d’habitat et le cadre de vie (maison individuelle, immeuble collectif...) ; le degré d’intégration
sociale et la nature des relations sociales dans le travail et en dehors du travail.
- L’effet d’imitation ou effet Veblen : certains groupes sociaux occupent une place à part
dans l’échelle du prestige social et que leur mode de vie constitue un modèle pour
d’autres groupes (stars de la télévision ou du cinéma ...), il existe un effet d’imitation des
groupes sociaux entre eux et diffusion progressive de certains modes de vie et de
consommation.
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