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Ch2. Fonction de Consommation

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Economie Générale Année universitaire 2020-2021

1ère année

Chapitre II
La fonction de consommation et d’épargne

La consommation est un acte fondateur de l’activité économique dans le sens où elle permet
de satisfaire nos besoins et que ces derniers sont à l’origine même de l’activité économique.
Par ailleurs, la consommation est en général la composante principale de la demande globale
et à ce titre elle est au cœur du débat sur l’efficacité des politiques macroéconomiques de
relance. Et c’est pourquoi son étude est un préalable à toute modélisation des politiques
économiques. Ceci étant dit, nous définissons la consommation comme un acte de destruction
d’un bien ou d’un service. Il s’agit de la consommation finale des ménages, par opposition à
la consommation intermédiaire (des entreprises) ou publique (dépenses publiques de l’Etat).

I. La fonction de consommation keynésienne

1. Fondement, forme et propriétés


Selon Keynes, la consommation des ménages s’explique essentiellement par le revenu
disponible courant (Yd), càd le revenu national brut net d’impôts et des charges sociales :

Yd = Y – T
où Y est le PIB ou le revenu, et T constitue les charges fiscales et parafiscales.

Le point de départ de la théorie keynésienne est la loi psychologique de Keynes qui s’énonce
comme suit : « la loi psychologique fondamentale sur laquelle nous pouvons nous appuyer en
toute sécurité, à la fois à priori en raison de notre connaissance de la nature humaine et à
posteriori en raison des renseignements détaillés de l’expérience, c’est qu’en moyenne et la
plupart du temps, les hommes tendent à accroître leur consommation à mesure que le revenu
croît, mais non d’une quantité aussi grande que l’accroissement du revenu ». J.M. Keynes, La
Théorie générale de l'emploi, de l'intérêt et de la monnaie (1936).

De cette proposition, nous retenons que selon Keynes, la consommation est en relation
directe, mais non proportionnelle, avec le niveau du revenu disponible :

1
Ct = f(Ydt) avec 0 < Ct /Ydt < 1
où Ct est la consommation des ménages de la période t.

Par ailleurs, Keynes remarque que même pour un revenu disponible nul, la consommation est
positive. Il existe un seuil minimum de consommation qui correspond au minimum vital et
qui sera appelé consommation incompressible. Cette remarque et la loi psychologique
permettent de formaliser la fonction de consommation keynésienne comme suit :

Ct = C0 + cYdt
où C0 est la consommation incompressible et c un paramètre positif inférieur à 1.

De cette relation, nous pouvons tirer un certain nombre de caractéristiques :


• La consommation des ménages comporte deux composantes: une composante autonome
(C0) et une composante induite, variable (cYd).
• La propension marginale à consommer, qui mesure la variation de la consommation
des ménages conséquente à la variation du revenu disponible d’une unité, est
constante et comprise entre zéro et un : Pmc = dCt /dYdt = c avec 0 < c < 1
• La propension moyenne à consommer, qui mesure la consommation des ménages par
unité de revenu disponible, est décroissante et supérieure à la propension marginale à
consommer : PMC = Ct /Ydt = (C0 +cYdt)/ Ydt = (C0/ Ydt) + c
La PMC décroît de ∞ à c, c'est-à-dire que pour des revenus disponibles très élevés, la
PMC tend vers la Pmc.

Représentation graphique : Fonction de consommation keynésienne

Ct
Ydt

Seuil C = C0 + cYdt
d’épargne Y>C

Y=C

S=0
C0
Y<C
S<0 S>0
Ydt
YdE

2
A partir de cette fonction de consommation, nous pouvons déduire celle de l’épargne. En
effet, la partie du revenu disponible qui n’est pas consommée sera épargnée, c'est-à-dire que
la fonction d’épargne est :

St = Ydt – Ct = Ydt – C0 - cYdt = – C0 + (1-c)Ydt = – C0 + sYdt

où St est l’épargne des ménages et s = (1-c).

Représentation graphique : Fonctions de consommation et d’épargne

Ct, St
Ydt

C = C0 + cYdt
Y>C
Y=C

S = -C0 +sYdt
S=0
C0
Y<C
S>0
Ydt
S<0 YdE
-C0

De cette relation, nous pouvons tirer un certain nombre de caractéristiques :


• L’épargne apparaît comme un résidu.
• La propension marginale à épargner, qui mesure la variation de l’épargne des
ménages conséquente à la variation du revenu disponible d’une unité, est constante
et comprise entre zéro et un : Pms = St /Ydt = s avec 0 < s < 1
• La propension moyenne à épargner, qui mesure l’épargne des ménages par unité de
revenu disponible, est croissante et inférieure à la propension marginale à épargner :
PMS = St /Ydt = (-C0 +sYdt)/ Ydt = (-C0/ Ydt) + s
La PMS croît de -∞ a s, c'est-à-dire que pour des revenus disponibles très élevés, la PMS
tend vers la Pms.
• La somme des propensions marginales à consommer et à épargner est égale à un :

3
Pmc + Pms = c + s = c + (1 – c) = 1
• La somme des propensions moyennes à consommer et à épargner est égale à un :
PMC + PMS = (C0/ Ydt) + c + (-C0/ Ydt) + s = c + s = c + (1- c) = 1

L’épargne peut être négative ou positive selon le niveau du revenu disponible. Il y a donc un
niveau du revenu disponible pour lequel l’épargne est nulle, c’est le seuil d’épargne. Le seuil
d’épargne YdE est tel que Ct = Ydt → C0 + cYd = Yd → Yd (1-c) = C0 → YdE = C0/ (1 - c)
Remarquons qu’au seuil d’épargne, la propension moyenne à consommer est égale à un
(PMC= 1) et la propension moyenne à épargner est nulle (PMS= 0).

PMC
PMS
Pmc
Pms

1
PMC
c Pmc

s Pms
PMS
0 Yd
YdE

Remarque: les fonctions de consommation et d’épargne définies ci-dessus suggèrent que la


somme des propensions marginales à consommer et à épargner est égale à un, mais ne
permettent pas de savoir laquelle est supérieure à l’autre. Toutefois, dans une économie
«viable», la Pmc est nécessairement supérieure à la Pms. Le revenu est destiné essentiellement
à la consommation et non à l’épargne.

4
2. Exemple numérique

Période 1 2 3 4 5 6 7 8 9
Yd 0 10 20 30 40 50 60 70 80
C 4 12 20 28 36 44 52 60 68
S -4 -2 0 2 4 6 8 10 12
PMC ∞ 1,2 1 0 ,93 0,9 0,88 0,87 0,86 0,85
PMS -∞ - 0,2 0 0,07 0,1 0,12 0,13 0,14 0,15
Pmc 0,8 0,8 0,8 0,8 0,8 0,8 0,8 0,8
Pms 0,2 0,2 0,2 0,2 0,2 0,2 0,2 0,2

 Calcul des propensions moyennes et marginales de la consommation et de l’épargne


PMC = Ct /Ydt → à la période 2 par exemple : PMC = 12/10 = 1,2
PMS = St /Ydt → à la période 2 par exemple : PMS = -2/10 = -0,2
Pmc = ∆Ct /∆
∆Ydt → entre la période 2 et 1 par exemple : Pmc = (12-4)/(10-0) = 0,8
Pms = ∆St /∆
∆Ydt → entre la période 2 et 1 par exemple : Pms = (-2+4)/(10-0) = 0,2

 Propriétés des propensions moyennes et marginales de la consommation et de l’épargne


• La Pmc = 0,8 = une constante et la Pms = 0,2 = une constante.
• La PMC est décroissante de ∞ à 0,85.
• La PMS est croissante de - ∞ à 0,15.
• PMC + PMS =1 ; Pmc + Pms =1.
• Le seuil d’épargne YdE est tel que Yd = C est : YdE = 20

 Formulation des fonctions de consommation et d’épargne


• La forme générale de la fonction de consommation est la suivante : Ct = C0 + cYdt
Pour Yd = 0 → C0 = 4 ; c = Pmc = 0,8 → Ct = 4 + 0,8Ydt

• La forme générale de la fonction d’épargne est la suivante : St = – C0 + sYdt


On a C0 = 4 ; s = Pms = 0,2 → St = -4 + 0,2Ydt

5
 Représentation graphique : Fonctions de consommation et d’épargne

Ct, St

C = 4 + 0,8Ydt

20

S = -4 +0,2Ydt
4

Ydt
20
-4

Pour Y= 20 → C = 4 + 0,8(20) = 20

II. Les implications et les limites de l’hypothèse du revenu courant

1. Les implications
• Si nous considérons des ménages à revenus différents, nous observons une PMC de
plus en plus faible et une PMS de plus en plus élevée à mesure que le revenu
disponible augmente.
• Pour un pays donné, la PMC doit diminuer au fur et à mesure que le niveau de vie de
la population s’élève.
• La comparaison entre pays doit faire ressortir une PMC plus faible et une PMS plus
élevée pour les pays les plus riches et inversement.
• La consommation est la composante principale de la demande, et de ce fait elle
constitue le moteur de la croissance économique. Par conséquent, la baisse de la PMC
ne manquerait pas, à terme, de mener les économies qui s’enrichissent vers une
stagnation séculaire.

6
2. Les limites de l’hypothèse du revenu courant
La théorie keynésienne de la consommation va être critiquée sur plusieurs flancs.

• La première critique est d’ordre empirique. Nombreux sont les travaux empiriques qui
remettent en cause l’hypothèse de Keynes. Mais les travaux les plus significatifs sont ceux
menés par Kuznets sur l’économie américaine. Ce dernier livre des résultats contrastés : la
thèse de Keynes n’est confirmée qu’à court terme où on observe effectivement une baisse
du taux de consommation. Mais les tests empiriques relatifs à des séries historiques
révèlent, au contraire, une stabilité du taux de consommation et du taux d’épargne. Par
ailleurs, l’histoire concrète n’a pas confirmé la stagnation séculaire qui devrait survenir si
l’hypothèse keynésienne était suffisamment robuste.

• La fonction de consommation keynésienne ne tient pas compte de la répartition du


revenu. En effet, si nous considérons deux catégories de ménages ayant des fonctions de
consommation différentes : les riches avec une Pmc faible, et les pauvres avec une Pmc
élevée. Et étant donnée que la fonction de consommation globale est une agrégation des
fonctions de consommation des différentes catégories sociales, alors toute variation au
niveau de la répartition des revenus entre riches et pauvres se traduit immanquablement par
une modification de la fonction de consommation et donc de la consommation elle-même.

• L’hypothèse du revenu courant ne peut rendre compte du comportement de consommation


des ménages dont les revenus subissent des variations aléatoires importantes tels que les
exploitants agricoles soumis aux aléas climatiques ou certaines activités soumises à des
variations saisonnières importantes. En effet, ces catégories de ménages procèdent souvent
à un lissage de leurs revenus en épargnant durant les années « grasses » et en désépargnant
durant les années « maigres » comme dans le graphique suivant :

Yd

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• La théorie keynésienne donne une explication statique du comportement des ménages
dans la mesure où elle ne rend pas compte de l’arbitrage entre la consommation présente
et la consommation future et donne à l’épargne un statut de simple résidu. Par ailleurs, il
n’ya aucun fondement microéconomique à la formulation macroéconomique du
comportement de consommation.

III. Les théories alternatives


L’ensemble de ces limites rend nécessaire la reformulation de la théorie de la consommation.
La contribution de Fisher semble l’alternative la plus exhaustive et celle qui a donné
naissance à plusieurs interprétations alternatives.

1. La théorie de choix intertemporel de Fisher (1930)


Cette approche donne un fondement microéconomique à la fonction de consommation
macroéconomique de Keynes. L’hypothèse de base est que la finalité de la consommation des
ménages est la maximisation de l’utilité. Mais il ne s’agit pas de maximiser l’utilité pour une
période donnée, mais plutôt pour toute la durée de vie. Autrement dit, un ménage serait prêt
à sacrifier une certaine quantité de consommation au présent en vue d’avoir une quantité plus
élevée au futur et inversement.

Fisher suppose un ménage représentatif :


• dont l’espérance de vie est de deux périodes : le présent (période 1) et le futur (période 2),
• qui n’a pas de richesse initiale et qui ne lègue rien à ses héritiers.

Le ménage a par hypothèse une préférence pour le présent, c'est-à-dire qu’entre une unité de
consommation au présent et la même unité au futur, il préfère consommer au présent. Le taux
d’intérêt réel (r) est la récompense de la renonciation au présent, c'est-à-dire la récompense
de l’abstinence. Autrement dit, ce ménage obtiendrait (1 + r) unités de consommation au futur
s’il accepte de renoncer à une unité de consommation au présent. Ce ménage peut donc, à
chaque période, avoir une consommation inférieure à son revenu courant et épargner le reste
ou avoir une consommation supérieure à son revenu courant et emprunter la différence.

La richesse d’un ménage (W) est la somme de ses revenus disponibles réels actualisés.
‫܇‬
L’équation de richesse : ‫܇ = ܅‬૚ + ૛
૚ା‫ܚ‬

Le plan de consommation intertemporel est celui qui maximise l’utilité des


consommateurs sous contrainte de richesse. La contrainte budgétaire d’un ménage est

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l’égalité entre ses ressources et ses emplois. Il s’agit de l’égalité entre la somme de ses
revenus disponibles réels actualisés et la somme de ses consommations annuelles réelles
actualisées.

۱૛ ‫܇‬૛ ۱૛
۱૚ + = ‫܇‬૚ + =‫→܅‬ = ‫ ܅‬− ۱૚ →۱૛ = ሺ૚ + ‫ܚ‬ሻ‫ ܅‬− ሺ૚ + ‫ܚ‬ሻ۱૚
૚+‫ܚ‬ ૚+‫ܚ‬ ૚+‫ܚ‬

Contrairement à l’hypothèse de Keynes, la consommation des ménages ne dépend pas


uniquement du revenu disponible, elle dépend également du taux d’intérêt.
L’approche de Fisher établit une relation croissante entre la consommation présente et les
revenus et décroissante entre la consommation présente et le taux d’intérêt réel. Une
augmentation du taux d’intérêt incite à l’épargne et a donc un effet négatif sur la
consommation présente et positif sur la consommation future, et inversement.
૒۱ ૒۱
C = f(Y, r) avec > ૙ ‫ܜ܍‬ <૙
૒‫܇‬ ૒‫ܚ‬

2. La théorie du revenu relatif de Duesenberry (1949)


La formulation simple de la fonction de consommation relie rigidement le niveau de
consommation au niveau du revenu. Or on observe que la consommation suit les mouvements
du revenu avec un certain retard. En période de récession la consommation baisse moins que
le revenu. Même décalage en cas de reprise économique. Ce phénomène avait été déjà
observé empiriquement par Keynes. Il recevra une consécration théorique dans les œuvres de
Duesenberry (1949) et Brown (1952).

Selon Duesenberry (1949), les consommateurs vont chercher à conserver leur niveau de vie
quand leur revenu faiblit. Pour ce faire, ils vont puiser dans leur épargne ou s’endetter en
espérant que leur revenu remontera par la suite, d’où une reprise moindre de leur
consommation. Donc la consommation résiste à une baisse de revenu, c’est l’effet cliquet.
Cette analyse est basée sur 2 hypothèses :
• La première hypothèse spécifie que les individus sont sensibles à la comparaison de leurs
dépenses de consommation avec celles des autres consommateurs. Les agents appartenant
à des groupes de revenus faibles subissent un effet d'imitation vis à vis des agents
appartenant à des groupes de revenu élevés. Ils auront en conséquence une propension à
consommer plus forte que celle des agents du groupe à revenu élevé.
• La seconde hypothèse est que la consommation d'une période est d'avantage fonction du
revenu antérieur le plus élevé que celui de la période courante.

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Pour prendre en compte l’effet de cliquet, Duesenberry reformulera en 1952 la fonction de
consommation en y intégrant les revenus passés, et notamment le revenu passé le plus élevé.
La consommation devient proportionnelle au revenu lorsque ce dernier retrouve le niveau le
plus élevé atteint dans le passé. Dans ce cas, la fonction de consommation prend alors la
forme suivante :
Ct = C(Rt, Rmax)

où t représente le temps, et Rmax le revenu passé le plus élevé.

Cette théorie est appelée théorie du revenu relatif.

Brown (1952) définit un peu différemment ce qu’il a appelé l’effet mémoire. Il intègre à la
fonction de consommation la consommation passée. Ce qui donne une fonction du type :

Ct = C(Rt, Ct-1)

3. La théorie du revenu permanent : Friedman (1957)


Le revenu courant est formé par deux composantes : une composante permanente et une
composante transitoire : ‫ ۾ܜ܇ = ܜ܇‬+ ‫܂ܜ܇‬
avec ‫ ܜ܇‬: le revenu courant, ‫ ۾ܜ܇‬: le revenu permanent et ‫ ܂ܜ܇‬: le revenu transitoire

Le revenu permanent est la composante du revenu que les ménages s’attendent à


conserver à l’avenir. Il représente donc la partie stable du revenu (durable). Le revenu
transitoire est la composante du revenu dont les agents ne prévoient pas le maintien à
l’avenir (temporaire), comme les plus values inattendues, les heures supplémentaires
inhabituelles … Il représente la différence à court terme entre le revenu courant et le revenu
permanent à long terme.
Si le revenu permanent est le revenu moyen, le revenu transitoire apparaît comme l’écart
aléatoire par rapport à cette moyenne. Cet écart peut être positif ou négatif selon que le
revenu courant est supérieur ou inférieur au revenu permanent. Ce dernier est une notion
continuellement ajustée dans le temps en fonction de l’évolution des revenus courants des
ménages. Il peut être estimé à partir d’un processus d’anticipations adaptatives où le revenu
permanent d’une période serait égal au revenu permanent de la période précédente qui sera
ajusté à la hausse ou à la baisse selon que le revenu transitoire est positif ou négatif.

Supposons un coefficient d’ajustement λ (0 < λ < 1). Tout écart entre le revenu courant Yt et
‫۾‬
le revenu permanent de la période précédente (‫ିܜ܇‬૚ ) sera ajouté ou retranché à l’évaluation du

10
‫۾‬
revenu permanent dans une proportion égale à λ, càd que si nous considérons que ‫ ܜ܇‬− ‫ିܜ܇‬૚
est le revenu transitoire, alors le revenu permanent sera :
‫۾‬ ‫۾‬ ‫۾‬
‫ିܜ܇ = ۾ܜ܇‬૚ + ૃ൫‫ ܜ܇‬− ‫ିܜ܇‬૚ ൯ → ‫ ܜ܇ૃ = ۾ܜ܇‬+ ሺ૚ − ૃሻ‫ିܜ܇‬૚

L’idée de base est que la consommation courante est une proportion du revenu disponible
courant, mais cette proportion est plus importante pour la partie du revenu qui est
permanente et plus faible pour celle qui est transitoire. Les ménages épargnent une plus
grande proportion de leur revenu transitoire que celle relative à leur revenu permanent. Si
leurs revenus transitoires deviennent négatifs, ils puisent dans leurs épargnes pour maintenir
leurs niveaux de vie.

Y
C

Epargne
normale

YP
Epargne Désépargne CP
spéciale spéciale Y

Si nous désignons par ۱‫ ۾ܜ‬la consommation permanente de long terme, on peut écrire la
fonction de consommation permanente de long terme comme suit : ۱‫۾ܜ܇ܓ = ۾ܜ‬
où k est la propension marginale à consommer le revenu permanent anticipé.

4. L’hypothèse du cycle de vie de Modigliani (1964)


Modigliani se réfère au modèle de Fisher. Son hypothèse est que le revenu est cyclique, qu’il
est variable le long de la vie et que les ménages vont transférer une partie de leurs revenus de
la période d’activité où ces derniers sont relativement élevés, vers la consommation de
période d’inactivité (la retraite) où ils sont relativement faibles, voir nuls. L’objectif de ces
transferts de revenus est d’avoir une structure de consommation relativement stable durant
toute la vie.

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La richesse initiale que dispose un ménage est égale à W0. Ce ménage s’attend à vivre encore
n années dont e années d’activité et (n - e) années de retraite. Il perçoit, durant la période
d’activité, un revenu annuel constant égal à Y. Il ne lègue rien à ses héritiers. Le taux d’intérêt
est supposé nul. Les ressources de ce ménage s’élèvent à : W0 + e Y
‫܅‬૙ ା‫܇܍‬ ‫܅‬૙ ‫܍‬
Sa consommation annuelle sera donc : ۱ = ‫ܖ‬
= ‫ܖ‬
+ ‫܇ܖ‬

Cette relation indique que la consommation dépend de la richesse et du revenu.


Si tous les ménages adoptent un comportement similaire, la fonction de consommation
agrégée sera : C = α W + β Y
où : α = propension marginale à consommer une partie de la richesse
β = propension marginale à consommer une partie du revenu

Y
W
Epargne
C

Désépargne

t
e n
Vie active Retraite

Ainsi, la contribution de Modigliani a établi que la consommation des ménages dépend en


partie du revenu courant, mais elle dépend aussi de la richesse. Cette contribution a permis de
résoudre la contradiction entre la théorie de la consommation et l’histoire concrète.

5. Les déterminants psychologiques et sociologiques de la consommation


La consommation s’inscrit également dans un contexte psychologique et sociologique.
Consommer, c’est avant tout satisfaire un besoin. C’est également tenir compte du mode de
vie de la société, c’est encore la manifestation d’un signe social et c’est enfin analyser les
actions des entreprises.

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a) Du besoin de Maslow au comportement d’achat
Partant du principe que les ménages consomment pour satisfaire leurs besoins et que ces
derniers sont de différentes natures, Maslow a proposé de hiérarchiser ces besoins en cinq
niveaux (Pyramide de Maslow).

Auto
accomplissement

Estime : Respect de soi, autres


considérations

Liens sociaux, appartenance à un groupe


Amitié et affection

Sécurité
Protection au niveau moral et physique

Physiologiques
Faim, soif, sommeil

La question de savoir si chaque individu ne cherche à satisfaire un besoin d’un certain niveau
que s’il a complètement satisfait ses besoins d’un niveau antérieur, est toutefois controversée.
En effet, la plupart des biens de consommation ont une double fonction : une fonction
d’usage et une fonction symbolique. Ainsi une voiture sert à effectuer des transports mais
elle peut aussi être un signe de richesse. Le passage des besoins aux comportements d’achat
est généralement réalisé en établissant les portraits du consommateur (typologies et
classifications, attentes des clients, relation aux marques et aux magasins).

b) Le mode de vie d’une société


Chaque société est caractérisée par un mode de vie dominant, à la fois largement répandu et
considéré par la plupart de ses membres comme normal. On parle ainsi d’un mode de vie
américain, européen... En général, le mode de vie d’une société est caractérisé par plusieurs
éléments : le type d’activité, les conditions de travail, le niveau de revenu par habitant ; le

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partage du temps entre travail, loisir, transport et temps personnel ; le niveau et la structure de
la consommation et le type de loisirs (lecture, télévision, sport, voyages, bricolage....) ; le type
d’habitat et le cadre de vie (maison individuelle, immeuble collectif...) ; le degré d’intégration
sociale et la nature des relations sociales dans le travail et en dehors du travail.

c) La consommation et le groupe social


La consommation est aussi un signe social, le signe d’appartenance ou non à un groupe social.
De ce point de vue, deux phénomènes peuvent être représentés :

- La différenciation entre les groupes sociaux : la consommation d’un individu


appartenant à un groupe social déterminé, se rapproche du modèle de consommation de
son groupe. Un exemple caractéristique est donné par l’habillement dans divers groupes
sociaux (groupes de jeunes, groupes de cadres dynamiques...). Le plus souvent, le non
respect des normes du groupe, y compris dans le domaine de la consommation peut
conduire un individu à sa marginalisation et à son exclusion du groupe.

- L’effet d’imitation ou effet Veblen : certains groupes sociaux occupent une place à part
dans l’échelle du prestige social et que leur mode de vie constitue un modèle pour
d’autres groupes (stars de la télévision ou du cinéma ...), il existe un effet d’imitation des
groupes sociaux entre eux et diffusion progressive de certains modes de vie et de
consommation.

d) La consommation et l’action des entreprises


Les entreprises s’efforcent d’agir sur le comportement des consommateurs par le moyen de la
publicité notamment. Galbraith considère que nous évoluons dans un système « de filière
inversée », où ce n’est plus la demande qui détermine la production mais l’inverse. L’analyse
sociologique de l’intermédiation marchande insiste sur le rôle des dispositifs, des savoirs et
des opérations qui contribuent à façonner les ajustements entre une offre de produits et des
demandes des consommateurs. La publicité, le design, l’emballage, le merchandising, les
vitrines, les catalogues, les cartes de fidélité, les guides d’achat sont autant de techniques et
d’outils qui permettent de façonner l’offre commerciale et d’équiper les consommateurs pour
les aider à choisir.

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