Cours d’histoire des idées et des arts
S3
Le romantisme : définition et thèmes.
Définition :
Le romantisme est un courant littéraire, culturel et artistique européen.
L’Allemagne et l’Angleterre sont les deux berceaux des premières
manifestations du romantisme vers la fin du XVIIIe siècle. Il s’agit tout d’abord
d’un courant de sensibilité, d’individualité, de liberté privilégiant le recours
massif vers la nature (comme refuge). Il est question d’un courant qui exalte le
« Moi », ses passions, ses inquiétudes, ses souffrances et ses désenchantements.
Charles Baudelaire définit le concept en disant :
« Qui dit romantisme dit art moderne, _ c’est-à-dire intimité, spiritualité,
couleur, aspiration vers l’infini, exprimées par tous les moyens que contiennent
les arts » (Curiosités esthétiques, 1868)
1) Un demi- siècle du romantisme ;
Avec le début du siècle et avec le retour des émigrés qui avaient découvert
auparavant une nouvelle littérature qui donnent beaucoup d’importance à la
sensibilité et aux désillusions et déceptions successives du « moi ». Les
événements historiques qui suivent le Révolution ont laissé des traces
remarquables sur toute une génération née avec le début du siècle : Hugo,
Balzac, Musset, Nerval, Vigny, etc. Un malaise généralisé va secouer les jeunes
poètes et qui va prendre le nom énigmatique du « mal du siècle ».
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Ainsi, comme l’a bien remarqué Dominique Rincé « du Consulat à la révolution
de 1848, le romantisme est le maître mot du premier demi-siècle, pénétrant aussi
bien le champ des idées et des œuvres littéraires que des représentations
plastiques ou musicales. Participant d’un large mouvement européen, ce courant,
qui trouve ses origines dans les bouleversements de la sensibilité des écrivains et
penseurs de la seconde moitié du XVIIIe siècle, va s’épancher aux lendemains
de la chute de l’Empire, quand auront été surmontées les « terreurs »
révolutionnaires »
2) Les thèmes majeurs du romantisme :
L’analyse d’un ensemble d’œuvres poétiques, théâtrales (le drame
romantique) et romanesques de la première moitié du XIXe siècle nous montre
une panoplie de thèmes communs qui mettent en scène les ambitions, les
sentiments et les aspirations exprimées dans des formes et à travers une écriture
tout à fait nouvelle.
a) L’exaltation du « moi » tourmenté et souffrant:
Révolu le temps où « le moi est haïssable » (Pascal). Le Moi et ses
expressions ont envahi toutes les œuvres des écrivains romantiques du XIXe
siècle. Ce retour inédit du moi illustre « l’affirmation résolue de l’originalité
fondamentale de l’individu ». Dès lors, les poètes analysent avec une grande
inquiétude leurs sentiments, leurs émotions, leurs expériences individuelles,
leurs espoirs et leurs aspirations. En adoptant une vision totalement pessimiste,
ils expriment leurs incertitudes, leur insatisfaction, leurs attentes vagues, après la
découverte angoissée d’une existence pénible et d’un monde vide.
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A titre d’exemple,
« Chateaubriand traduit le premier, dans René le sentiment exalté de la
nature, l’angoisse du temps, la hantise d’une autre vie. Plus tard, Musset
analyse le désarroi de toute une génération (le mal du siècle) »
b) La nature :
La sensibilité romantique privilégie la nature sauvage et la violence des
orages et des tempêtes qui traduisent l’existence des passions insatisfaites et
la brutalité d’un monde complexe et difficile à comprendre. Tous les poètes
romantiques sont séduits par l’appel de la nature, seul refuge et abri
constants. Lamartine, dans son célèbre poème « Le Lac » (Méditations
poétiques, 1820) dénonce la puissance du temps et supplie la nature de
sauvegarder son amour brisé comme nous pouvons le lire dans ces vers :
« Un soir, t’en souvient-il ? nous voguions en silence ;
On n’entendait au loin, sur l’onde et sous les cieux,
Que le bruit des rameurs qui frappaient en cadence
Tes flots harmonieux.
Tout à coup des accents inconnus à la terre
Du rivage charmé frappèrent les échos ;
Le flot fut attentif, et la voix qui m’est chère
Laissa tomber ces mots »
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