Ada Et Tuberculose
Ada Et Tuberculose
Ada Et Tuberculose
Déclenchement
Coordonné par A. Bourrillon de la crise d’asthme. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 737
Crise sévère ou non ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 737
Plan du chapitre Attitudes thérapeutiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 737
Reconnaître les complications
Développement des fonctions de la crise d’asthme. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 739
pulmonaires et respiratoires
Après la crise…. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 739
Développement des fonctions pulmonaires. . . . 727
Explorations fonctionnelles respiratoires . . . . . 728 Conduite à tenir chez un enfant asthmatique
en dehors des crises
Syndromes et symptômes
Bilan initial d’un asthme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 739
Détresse respiratoire du nourrisson . . . . . . . . . 731 Outils thérapeutiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 739
Toux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 733 Éléments de surveillance . . . . . . . . . . . . . . . . . . 743
Bronchites récidivantes du petit enfant Indications thérapeutiques . . . . . . . . . . . . . . . . . 744
Définition. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 735 Allergie et asthme
Anamnèse. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 735 chez l’enfant . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 745
Examen clinique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 735 Devenir de l’enfant asthmatique . . . . . . . . . . . . . 749
Examens complémentaires. . . . . . . . . . . . . . . . . 735 Autres pathologies ayant des manifestations
Traitement. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 736 respiratoires prédominantes
Conduite à tenir devant une crise d’asthme de l’enfant Comment prendre en charge un enfant
Définitions. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 737 atteint de mucoviscidose en 2011 ?. . . . . . . . . . . 750
Sarcoïdose de l’enfant . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 756
Le poumon assure les échanges gazeux nécessaires à l’ho- gestation. Les bronches souches et sous-segmentaires
méostasie en réalisant l’apport adapté en O2, l’épuration du primitives se mettent en place ainsi que les artères et veines
CO2 et le maintien de l’équilibre acido-basique. Les explora- pulmonaires primitives (stade embryonnaire).
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tions fonctionnelles respiratoires (EFR) évaluent la capacité • De la 7e à la 17e semaine de gestation, l’arbre bronchique et
du poumon à jouer ce rôle. Les EFR étudient non seulement la vasculaire pré-acinaire va se former (stade pseudo-glandulaire).
qualité des échanges gazeux mais aussi les propriétés méca- • De la 17e à la 26e semaine de gestation, la formation de
niques, dynamiques et métaboliques du système respiratoire l’acinus, la différenciation cellulaire (pneumocytes I et II) et le
qui permettent ces échanges, dès la naissance, et ce chez début de synthèse du surfactant aboutissent à la formation
l’enfant sain comme chez l’enfant malade. d’une barrière air/sang potentiellement fonctionnelle (stade
canaliculaire).
• Entre les 24e et 39e semaines de gestation se constitue le
■ Développement stade sacculaire au cours duquel les espaces aériens s’élar-
des fonctions pulmonaires gissent, la septation primaire débute et la matrice extracellu-
laire se constitue.
À partir du bourgeon digestif primitif (26e jours) s’individualise • À la 38e semaine de gestation enfin, débute le stade alvéo-
le bourgeon laryngo-trachéal de l’enfant dès la 7e semaine de laire de septation secondaire accompagnée d’une réduction
728 PATHOLOGIE PÉDIATRIQUE
d’épaisseur du tissu interstitiel et de la fusion du réseau Les EFR du nourrisson nécessitent un matériel très spéci-
capillaire en un réseau unique. Cette activité d’augmenta- fique et de maniement délicat. Ce matériel est disponible dans
tion du nombre des alvéoles est intense pendant les deux quelques centres spécialisés, et impose un personnel para-
premières années de vie et se poursuit jusque vers l’âge de médical spécialisé et disponible en termes de temps.
8 ans.
À la puberté survient la croissance de la taille des alvéoles en
rapport avec la croissance de la cage thoracique. ■ Indices mesurés et principes de mesure
Les volumes sont mesurés par la spirométrie. La capacité
Ainsi de la naissance à l’âge adulte et dans des conditions nor- résiduelle fonctionnelle (CRF) se mesure par la méthode de
males, la surface d’échange est multipliée par un facteur de 20 dilution gazeuse ou du rinçage à l’azote à tout âge et en
à 30 (de 3 à 60-100 m2). pléthysmographie chez le nourrisson et à partir de l’âge de
7 ans. La mesure de la CRF est indispensable à la mesure de
Les caractéristiques du système respiratoire du nouveau-né la capacité pulmonaire totale (CPT).
sont :
• l’importance du collapsus inspiratoire des voies aériennes Capacité vitale
supérieures (compliance élevée) ;
• le possible réflexe de fermeture laryngée ; La capacité vitale lente ou forcée (CVL et CVF) est mesurée
• la « mollesse » de la paroi thoracique osseuse ; par intégration du débit recueilli à la bouche chez le grand
• la compliance élevée des grosses voies aériennes et la enfant, ou par le masque chez le nourrisson. La CPT (fig. 26.1)
contribution importante des petites voies aériennes à la résis- est la seule mesure qui permette le diagnostic d’un trouble
tance respiratoire ; ventilatoire restrictif. Le rapport des volumes entre eux est
• l’horizontalisation des côtes (thorax rond) et la faiblesse important : le volume résiduel ne doit pas dépasser 25 % de la
musculaire relative qui rendent le jeu diaphragmatique moins CPT (VR/CPT < 25).
efficace que chez l’enfant plus âgé ; Le volume maximal expiré en un temps donné est classique-
• le développement rapide des glandes muqueuses capables ment mesuré sur une seconde (= VEMS) lors de la réalisation
de sécrétions importantes par rapport à la taille des bronches ; de la boucle débits-volume chez le grand enfant, sur une
• le développement du muscle lisse bronchique déjà présent demi-seconde (= VE0,5) ou une autre fraction de seconde chez
à la naissance. le nourrisson et le jeune enfant dont le poumon se vide en
Lors de la croissance, la compliance thoracique diminue, la moins d’une seconde. Le volume maximal expiré en un temps
croissance des voies aériennes entraîne une diminution de la donné reflète la dimension des voies aériennes en l’absence
résistance du système respiratoire et une augmentation des de syndrome restrictif.
débits qui accompagne l’augmentation des volumes.
La PaO2 augmente avec l’âge, 70 mmHg chez le nouveau-né, Résistances
80 mmHg à 1 an, > 90 mmHg après 8 ans. Les résistances mesurées sont différentes selon les tech-
niques utilisées.
Les résistances pulmonaires totales ont été les premières à
■ Explorations fonctionnelles être calculées par le rapport des variations de la pression
respiratoires œsophagienne et du débit aérien recueilli à la bouche
(méthode invasive) à laquelle s’ajoute la résistance nasale
chez le nourrisson explorée à travers un masque.
■ Contraintes liées à l’âge La résistance du système respiratoire, peu différente de la
Les explorations de la fonction respiratoire doivent être adap- précédente, est mesurée par la technique des oscillations
tées au développement des structures respiratoires ainsi
qu’au développement psychomoteur des enfants. Elles doivent
être le moins invasives possibles, surtout si des mesures
répétées sont envisagées.
On distingue trois périodes différentes :
• le nourrisson (0-2/3 ans) qui doit être exploré endormi avec
VRI
une interface masque ; CV
• le jeune enfant (2/3-6 ans) éveillé dont la coopération mini- Niveau
VT CPT
male nécessaire est d’accepter de respirer normalement à expiratoire
travers un embout buccal, pince-nez en place ; derepos VRE
• l’enfant de plus de 6 ans éveillé est capable de coopérer CRF
normalement à la plupart des manœuvres respiratoires VR
proposées à l’adulte.
D’un point de vue technique, les EFR du grand enfant ne
nécessitent pas de matériel différent de celui de l’adulte. Fig 26.1. Volumes pulmonaires.
Les EFR du jeune enfant nécessitent l’adaptation de tech- CPT : capacité pulmonaire totale ; CV : capacité vitale ;
niques utilisées chez l’enfant plus âgé ou des techniques de CRF : capacité résiduelle fonctionnelle ; VR : volume
mesure spécifiques ; surtout elles nécessitent un personnel résiduel ; VT : volume courant ; VRI : volume de réserve
motivé et ayant l’expérience des jeunes enfants. inspiratoire ; VRE : volume de réserve expiratoire.
Pathologie respiratoire 729
forcées ou de l’interruption du débit aérien avec mesure du de l’équilibre ou de la réinspiration en ventilation normale dès
débit et de la pression à la bouche (méthode non invasive). l’âge de 3/4 ans ou la méthode de l’apnée à partir de 8 ans.
La résistance des voies aériennes spécifiques se mesure par
pléthysmographie. La résistance des voies aériennes spéci- Échanges gazeux
fiques reflète essentiellement le diamètre bronchique alors
que les autres techniques prennent en compte les résistances Les échanges gazeux sont analysés par l’étude des gaz du
tissulaires pulmonaires et éventuellement celles de la paroi sang artériel. Les variations de la saturation percutanée en O2
thoracique. Par ailleurs, il est à noter que pour les mesures de (SpO2) ou de la pression partielle transcutanée en O2 et CO2
résistance respiratoire ou des voies aériennes, les mesures (TcPO2, TcPCO2) sont fiables même si celles-ci ne donnent pas
de pression sont effectuées à la bouche et qu’un rétrécisse- d’indications précises sur la valeur absolue des gaz artériels.
ment des voies aériennes supérieures (exemple : hypertro- Ces techniques sont adaptées à tous les âges.
phie amygdalienne) augmente la résistance indépendamment
du diamètre bronchique. Épreuve d’effort
L’épreuve d’effort ne peut être standardisée qu’à partir de l’âge
La mesure de la compliance du système respiratoire total peut de 7 ans. Selon le protocole appliqué, l’épreuve d’effort mesure
être mesurée de façon non invasive avant l’âge de 1 an, puis par l’adaptation cardiovasculaire lors d’un effort maximal (consom-
mesure de la pression œsophagienne (méthode invasive) au- mation d’O2, production de CO2, SpO2, fréquence cardiaque,
delà de 1 an ; elle est modifiée en cas d’atteintes très distales, en pression artérielle) et/ou l’apparition de signes respiratoires en
particulier celle du parenchyme pulmonaire (exemple. : fibrose). rapport avec l’effort (bronchospasme induit ++).
Sommeil
Débits expiratoires L’étude du sommeil est possible à tout âge grâce au recueil
Les débits expiratoires forcés sont mesurés par inflation puis non invasif du débit aérien, de l’activité musculaire et élec-
compression thoracique passive rapide chez le nourrisson troencéphalographique permettant l’identification des stades
endormi et par coopération active lors de la spirométrie de sommeil et de l’activité respiratoire avec détection des
forcée chez le grand enfant et parfois chez le jeune enfant. La apnées centrales et périphériques.
diminution des débits instantanés et moyens distaux reflète
essentiellement le diamètre des voies aériennes périphé- Activité des muscles respiratoires
riques (fig. 26.2).
L’activité des muscles respiratoires est mesurée par la pres-
sion buccale (ou nasale) générée par une expiration ou une
Barrière alvéolo-interstitielle inspiration d’intensité maximale.
La qualité de la barrière alvéolo-interstitielle est appréciée
par la mesure de la capacité de diffusion du CO par la méthode NO exhalé
La mesure du NO exhalé mesurée lors de l’expiration à débit
constant dès l’âge de 4 à 7 ans selon les enfants permet l’étude
non invasive de l’inflammation bronchique.
Le tableau 26.1 donne les méthodes utilisables en fonction de
l’âge.
Syndromes et symptômes
A. Bourrillon
pnée (ou tachypnée) ou diminuée (inférieure à 15 cycles/min) une atteinte alvéolaire étendue (cf. chapitre 18, Infections des
= bradypnée. En fait, chez le nourrisson, la « bradypnée » voies respiratoires basses, page 467).
vraie est exceptionnelle sauf en cas d’épuisement. La L’examen cardiovasculaire recherche en outre des signes
fréquence respiratoire est le plus souvent accélérée ou « non d’insuffisance cardiaque (hépatomégalie, tachycardie) dans le
réduite » (bradypnée relative). contexte d’une cardiopathie congénitale connue (shunt
gauche-droite) ou révélateurs d’une myocardite aiguë ou de
Signes de lutte troubles du rythme cardiaque.
Dans un tout autre contexte (extrapulmonaire) se situent les
Les signes de lutte sont : dypnées sine materia (sans signes de lutte) accompagnant un
• le battement des ailes du nez (dilatation inspiratoire des collapsus (syndrome hémorragique, choc septique, déshy-
orifices narinaires) ; dratation aiguë), une atteinte du système nerveux central
• le tirage (dépression visible des parties molles) de grande (traumatisme crânien, méningite ou encéphalite aiguë) ou une
valeur sémiologique tant par l’intensité (signes de gravité) acidose isolée (intoxication par les salicylés).
732 PATHOLOGIE PÉDIATRIQUE
DIAGNOSTICFR ou = DYSPNÉE
SANSSIGNESDELUTTE
SINE MATERIA
–Dyspnée«bruyante»
–Signesdelutte++
–Prédominanced’untemps
TACHYPNÉE
DYSPNÉEOBSTRUCTIVE SIGNESDELUTTE ±
–Sous-glottiques
–Épiglottites
Plus rarement, elle s’intègre dans un contexte hautement Il recherche les signes susceptibles d’orienter vers une patho-
fébrile, d’évaluation plus difficile parce que parfois différée par logie sévère : mauvaise croissance staturo-pondérale,
rapport au début de la fièvre ou associée à des signes extra- cyanose et hippocratisme digital, polypnée, stridor.
pulmonaires (douleurs abdominales, syndrome méningé). Au terme de cette approche purement clinique, un examen
La toux aiguë peut alors être reliée à une pneumonie aiguë complémentaire est toujours recommandé devant une toux
justifiant alors la pratique d’un examen radiographique thora- chronique de l’enfant : la radiographie du thorax de face, en
cique, seul susceptible d’affirmer le diagnostic (cf. chapitre 18 inspiration (et en expiration si crainte de corps étranger) :
Pneumonies aiguë communautaire, page 468). • elle peut être normale : infections virales, pathologies ORL,
voire même asthme ;
Toux chronique • elle peut mettre en évidence des anomalies venant appor-
La toux chronique est arbitrairement définie par sa persis- ter un appoint diagnostique aux données cliniques : troubles
tance au-delà de 3 semaines. La démarche diagnostique doit de ventilation (corps étranger), majoration des opacités péri-
être au mieux précisée par l’interrogatoire. bronchovasculaires (bronchite chronique), adénopathies
Celui-ci recherche : (tuberculose), images interstitielles (déficit immunitaire)…
• les antécédents atopiques familiaux (asthme, rhinite aller- Les autres examens seront orientés selon l’âge ou la sympto-
gique, eczéma) ; matologie.
• le type de l’environnement familial (crèche, tabagisme
passif).
Chez l’enfant, il convient d’évaluer : ■ Hypothèses diagnostiques
• les antécédents atopiques personnels (eczéma, épisodes
de sibilances) ; Schématiquement en fonction de l’âge.
• la fréquence d’épisodes infectieux des voies aériennes
supérieures ; Enfants de moins de 3 ans (nourrissons surtout)
• l’éventualité de régurgitations (y compris dès les premiers
Évoquer d’abord :
mois de vie) ayant pu faire évoquer un reflux gastro-œsophagien.
• les infections des voies aériennes supérieures récidivantes
Particularités de la toux ou traînantes (infections à Mycoplasma pneumoniae) ;
• le reflux gastro-œsophagien (cris, toux au décours des
Les particularités de la toux doivent ensuite être rigoureuse- biberons ; mauvaise qualité du sommeil nocturne ; fréquence
ment évaluées : des rejets) mais ces signes peuvent manquer +++ ;
• mode de début : • plus rarement une pathologie obstructive des voies aériennes
- brutal : évoquant l’inhalation d’un corps étranger, supérieures (trachéomalacie ; stridor) ou inférieures (patholo-
- progressif au décours d’un épisode de fièvre (hyperréacti- gie d’inhalation par corps étranger) ;
vité bronchique post-infectieuse) ; • exceptionnellement une pathologie héréditaire mucociliaire.
• circonstances de déclenchement : Si la toux est mal tolérée (cassure de la courbe pondérale,
- alimentation, laissant suspecter un reflux gastro-œsopha- hippocratisme digital, essoufflement durable à la prise des
gien (notamment si décubitus), un trouble de la dégluti- biberons), le diagnostic de mucoviscidose doit être évoqué.
tion ; voire si manifestations d’asphyxie précoce, une fistule Les examens complémentaires pertinents adaptés sont :
œsotrachéale, • la radiographie du thorax (cf. supra) ;
- effort ou froid : craindre une hyperréactivité bronchique, • une pH-métrie de 24 heures ± TOGD ;
- temps : diurne ou nocturne : début de nuit, évoquer un • le dosage du chlore sudoral ;
reflux gastro-œsophagien ; fin de nuit, évoquer une hyper- • une endoscopie bronchique (suivant orientation clinique ou
réactivité bronchique. Une toux récidivante s’atténuant avec radiologique).
la période estivale doit conduire à évoquer la responsabilité Parfois, le diagnostic est relié à l’efficacité d’un traitement
d’infections saisonnières automno-hivernales ; une toux, plus médical probabiliste : postural, diététique (épaississants) et
prononcée vers le printemps, s’intègre dans un contexte de médicamenteux (prokinétiques et antiacides) constituant
toux « allergique » ; alors un véritable test thérapeutique d’épreuve.
• type :
- toux sèche, rauque, irritative (hyperréactivité bronchique,
origine laryngée), Enfants âgés de plus de 3 ans
- productive avec expectorations (inhabituelles chez l’enfant) : Trois étiologies sont suspectées en premier lieu.
- purulentes : évoquer une dilatation des bronches, ou une • La rhinosinusite chronique et l’hypertrophie adénoïdienne :
mucoviscidose (si retentissement sur l’état général), toux à recrudescence hivernale, aggravée par le décubitus. Le
- mêlées de sang : évoquer une tuberculose, l’inhalation diagnostic repose sur l’examen ORL.
d’un corps étranger ou une hémosidérose pulmonaire. • L’asthme ou équivalent : toux sèche, nocturne (2e partie de la
nuit), souvent déclenchée par une infection virale respiratoire,
l’effort ou le froid. L’orientation diagnostique est assurée par
■ Examen clinique la mise en évidence d’un terrain atopique et la confirmation
Il apprécie surtout les données susceptibles d’orienter vers d’une hyperréactivité bronchique (tous éléments de diagnostic
les étiologies les plus habituelles : encombrement rhino- cependant non spécifiques).
pharyngé ou rhinorrhée postérieure, sibilances, xérose • Le reflux gastro-œsophagien : il est évoqué devant des anté-
cutanée. cédents digestifs évocateurs (mais inconstants) et confirmé
Pathologie respiratoire 735
par la pH-métrie de 24 heures et le test diagnostique théra- Lorsqu’aucune cause organique n’est retrouvée, chez le grand
peutique permettant d’observer la réduction significative de enfant, on peut évoquer, par élimination, devant une toux
la toux sous traitement antireflux. souvent « aboyante » et exclusivement diurne, le diagnostic de
Plus rarement les toux grasses chroniques témoignent d’un toux psychogène.
encombrement bronchique permanent. Associées à une
expectoration purulente chronique avec ou sans retentisse-
ment sur l’état général, un hippocratisme digital, une défor- ■ Attitudes thérapeutiques
mation thoracique, elles doivent faire rechercher : Les antitussifs contenant de la codéine ne doivent pas être
• en premier lieu une mucoviscidose : dosage du chlore utilisés chez les enfants âgés de moins de 3 ans.
sudorral ; Les toux productives nécessitent de façon prioritaire une
• plus exceptionnellement, une obstruction trachéobron- kinésithérapie respiratoire. Le véritable traitement de la toux
chique extrinsèque ou intrinsèque, une dyskinésie cilliaire est celui de son étiologie : traitement d’un reflux gastro-
primitive (examen endoscopique) ou un déficit immunitaire œsophagien ; d’une hyperréactivité bronchique (traitement
(bilan immunitaire). probabiliste par bronchodilatateurs inhalés suivis selon le
Les examens complémentaires regroupés, visant à préciser contexte et l’évolutivité de corticoïdes inhalés) ou d’une cause
ces étiologies sont : ORL (situations les plus fréquentes).
• les dosages du chlore sudoral (cf. Mucoviscidose, page 142) ;
• une endoscopie bronchique ; ■ BIBLIOGRAPHIE
• un bilan immunitaire élargi ; BOURRILLON A. Toux chronique chez l’enfant. Entretiens de Bichat Médecine.
• voire une étude cinétique de la déglutition. Expansion scientifique éditeur, Paris, 1999, 60-3.
Bronchites
Croissancestaturo-pondéralenormale Croissancestaturo-pondéraleanormale
Anamnèse Radiographieduthoraxdeface
Examenclinique eninspirationetexpiration
Radiographieduthoraxdefaceeninspirationetexpiration NFS
IgG,A,M
Sousclassed'IgG(si>2ans)
Testdelasueur
Bronchites pH-métrie
ORL
virales
RGO Asthme EFR ± testàlamétalochine
± IgEtotale, Phadiatop, Trophatop
± fibroscopiebronchique
ConsultationORL
Asthme
RGO Cardiopathies sévère Mucoviscidose
Déficits Dilatation
Corpsétranger
immunitaires desbronches...
notamment chez l’asthmatique sévère : contrariété, rentrée Le traitement de première intention repose sur l’administration
scolaire, long voyage, retour au domicile après des vacances de bronchodilatateurs inhalés. La prise de corticoïdes oraux
mais aussi après une cure ou une hospitalisation. On incri- (2 mg/kg en 1 prise) est indiquée dans la crise d’asthme modé-
mine un « stress » psychologique, mais aussi le retour dans le rée à sévère ou en cas d’échec des bronchodilatateurs. L’admi-
milieu habituel, pollué ou riche en allergènes. nistration de bronchodilatateurs inhalés à l’aide d’une chambre
Dans tous les cas, il existe fréquemment des prodromes (toux, d’inhalation a la même efficacité que des nébulisations dans les
rhinorrhée) dont la valeur d’alarme est capitale. Ils survien- crises légères à modérées, à condition que soit donné un
nent de quelques heures à 2 jours avant la crise et imposent nombre de bouffées supérieur aux classiques 2 bouffées :
d’instituer ou de renforcer le traitement immédiatement. Les 1 bouffée par 2 à 4 kg de poids, sans dépasser 10 bouffées. La
familles doivent disposer d’un plan d’action écrit qui les guide gestion de la crise d’asthme à domicile est résumée figure 26.5.
pour l’adaptation des traitements à domicile. De même, la Les examens complémentaires sont le plus souvent inutiles.
baisse du débit expiratoire de pointe (DEP) doit alarmer, Seule la radiographie de thorax peut être nécessaire s’il existe
qu’elle soit isolée ou associée aux prodromes cliniques. à l’auscultation des signes en foyer.
738 PATHOLOGIE PÉDIATRIQUE
Traitementd’emblée
β2mimétiquesinhalés+chambred’inhalation
1bouffée/2à4kgdepoids;10boufféesmaximum
Renouvelable20minutesplustard
+
Corticoïdesoraux:2mg/kg
Si a déjà reçu des corticoïdes : compléter jusqu'à 2 mg/kg
+
β2sous-cutané
7-10 μg/kg(0,15-0,2mlkg)
Si disponible
+
Transfertauxurgences
hospitalières
ÉvaluationcliniqueetDEPtoutesles20minutes
1
1 Amélioration
Disparitiondeladyspnée;DEP ≥80%théo
Maintienàdomicile
Maintienàdomicile Traitement β2inhalé
Traitement β2inhalé Corticoïdesoraux(2mg/kgpendant3j)
2 Pasd’améliorationouaggravation
Nouvelleadministrationde β2+
+ +
Corticoïdesoraux β2sous-cutané
2mg/kg 7-10 μg/kg(0,15-0,2mlkg)
Si disponible
+
Traitementauxurgenceshospitalières
L’absence d’amélioration nette des symptômes et/ou du DEP dans Un pneumomédiastin peut survenir, par rupture alvéolaire.
les 4 heures qui suivent la prise de corticoïdes oraux ou une crise très L’air passe ainsi dans les tissus périvasculaires et gagne le
sévère d’emblée imposent le transfert à des urgences hospitalières. hile et le médiastin. Il est suspecté devant une détérioration
La gestion des crises sévères à l’hôpital repose sur l’adminis- brutale de l’état respiratoire et est affirmé par l’existence d’un
tration répétée de nébulisations de 2-mimétiques, souvent emphysème sous-cutané au niveau cervical ou thoracique
associés à des atropiniques, et sur une corticothérapie systé- antérieur. Il est visible sur les clichés du thorax sous la forme
mique, orale ou intraveineuse. Certains examens complémen- d’hyperclartés linéaires bordant les contours cardiaques. Son
taires deviennent nécessaires, mais ne doivent pas retarder la traitement est celui de la crise d’asthme.
mise en route du traitement : radiographie de thorax à la Un pneumothorax est le plus souvent la conséquence d’un
recherche d’une complication, NFS, ionogramme sanguin à la pneumomédiastin, l’air ayant gagné la plèvre viscérale à
recherche de troubles de l’hydratation ou d’une hypokaliémie, partir du hile. Il est évacué s’il est important ou mal toléré.
gazométrie pour évaluer l’importance de l’acidose.
Symptômesdiurnescontinus
Symptômesnocturnesfréquents
Limitationdesac tivitésphysiques
VEMS Δ60%
SÉVÈRE
MODÉRÉ
Symptômesd iurnes>1/semain e
Symptômesn octurnes>2/mois
ΔDEP>20%
LÉGER
Symptômesdiurnes>1/jour
Symptômesnocturnes>1/semaine
Gênelorsdesactivitésphy siques
VEMS<80%ou ΔDEP>30%
Fig 26.6. Stades de sévérité de l’asthme.
INTERMITTENT La présence d’un seul critère suffit à
faire classer l’asthme à un stade de
sévérité supérieur.
Les atropiniques de synthèse sont d’utilisation rare et mal Aérosols-doseurs Salbutamol Airomir (HFA) 100 μg/inhalation
auto-déclenchés
codifiée dans le traitement de fond de l’enfant asthmatique.
Pathologie respiratoire 741
L’association du bromure d’ipratropium (Atrovent) aux nébuli- salmétérol (Seretide) et budésonide + formotérol (Symbicort).
sations répétées de β2-mimétiques est intéressante pour le Ces systèmes apportent un confort supplémentaire dans le
traitement des crises d’asthme sévères. traitement des asthmes modérés ou sévères, en évitant la
multiplication des systèmes à utiliser et en réduisant le
Corticoïdes inhalés nombre de doses à inhaler. Toutefois, ces systèmes doivent
être réservés aux enfants ayant effectivement besoin d’un
Les corticoïdes inhalés (CI) constituent le traitement de fond bronchodilatateur de longue durée d’action, afin d’éviter tout
de première intention de l’asthme persistant léger à sévère « sur-traitement » et par conséquence tout surcoût du trai-
de l’enfant. Les CI, combinés aux autres traitements de tement. Une association béclométasone + formotérol est
l’asthme, ont transformé la prise en charge de l’enfant asth- disponible (Innovair), mais actuellement recommandé
matique sévère. Ils permettent à ces enfants de mener une uniquement chez l’adulte.
vie normale sans aucun des méfaits dévastateurs qu’aurait
une corticothérapie orale équivalente. La pertinence clinique
de leurs effets secondaires biologiques n’est pas démontrée Antileucotriènes
mais justifie, une fois les manifestations d’asthme contrô- Les antileucotriènes constituent une nouvelle classe théra-
lées, d’utiliser la dose minimale efficace sur les plans peutique dont seul le montelukast (Singulair 4 mg, 5 mg ou
clinique et fonctionnel respiratoires. Il est indispensable de 10 mg selon l’âge) a actuellement l’AMM pour les enfants âgés
se rappeler que l’asthme sévère est une maladie chronique de plus de 6 mois. Ils peuvent être associés aux corticoïdes
sévère, potentiellement mortelle, et que les méfaits certains inhalés chez les enfants avec un asthme persistant modéré et
d’une insuffisance thérapeutique excèdent de très loin les insuffisamment équilibré avec une corticothérapie inhalée
inconvénients potentiels des CI. Les différents produits seule. En monothérapie, leur indication est restreinte aux
disponibles pour l’enfant sont résumés tableau 26.5. Des asthmes d’effort ou aux asthmes légers pour lesquels une
systèmes permettent chez l’enfant l’administration combi- corticothérapie inhalée a fait preuve de son échec (mauvaise
née de corticoïdes inhalés et de β2-mimétiques de longue technique d’inhalation, corticophobie…). Il n’y a pas d’indica-
durée d’action au sein d’une même dose : fluticasone + tion à une monothérapie chez le nourrisson (< 2 ans).
MÉTHODES D’INHALATION
Aérosol-doseur +
chambre d’inhalation
ou Aérosol-doseur
autodéclenché
Nébulisation en
l’absence Aérosol-doseur
d’amélioration
En termes d’efficacité clinique, aucune différence n’a pu être • connaissance des médicaments utilisés dans l’asthme, de
démontrée entre ces systèmes, sous réserve de leur bonne leurs rôles respectifs et de leur adaptation en cas de symp-
utilisation. L’essentiel pour le praticien est donc de toujours tômes d’asthme ou de situation à risque ;
s’assurer du bon maniement du système choisi, non seule- • utilisation optimale des techniques d’inhalation choisies ;
ment lors de la prescription initiale, mais également à chaque • utilisation correcte d’un débitmètre de pointe ;
visite de surveillance. Les principaux points techniques à • connaissance des mesures à prendre en cas de crise d’asthme
systématiquement vérifier pour chacun des systèmes sont à la maison ;
résumés dans le tableau 26.7 • connaissance des signes nécessitant une consultation
médicale en urgence ;
■ Contrôle de l’environnement • compréhension de la chronicité de la maladie et de la
nécessité d’un traitement au long cours.
Les mesures environnementales s’imposent à tout âge. Il faut
éviter les contacts avec les allergènes auxquels l’enfant est sensi-
bilisé, et lutter contre le tabagisme parental. L’aménagement du ■ Éléments de surveillance
lieu de vie doit porter principalement sur la chambre à coucher : C. Delacourt
literie synthétique, housses antiacariens, aération quotidienne et
nettoyage fréquent de la chambre. L’application régulière d’acari- Le diagnostic et la mise en route du traitement de fond repré-
cides peut contribuer à diminuer la concentration d’acariens. sentent une étape importante, mais en fait très partielle, de la
prise en charge de l’enfant asthmatique. Il est indispensable
■ Immunothérapie spécifique que des consultations régulières soient prévues tous les 3 à
6 mois selon la sévérité de l’asthme, assorties de la réalisa-
L’immunothérapie spécifique (ou désensibilisation) a fait la tion d’explorations fonctionnelles respiratoires complètes au
preuve de son efficacité dans l’asthme de l’enfant. Elle permet moins une fois par an. Ces consultations ont plusieurs buts :
de diminuer les symptômes, de réduire la consommation • apprécier le contrôle de l’asthme et adapter le traitement.
médicamenteuse, et probablement de modifier l’histoire natu- L’objectif est de faire disparaître les symptômes nocturnes et
relle de l’allergie en prévenant de nouvelles sensibilisations. la quasi-totalité des symptômes diurnes, ainsi que d’assurer
Pour débuter une désensibilisation spécifique, il faut que la une bonne prévention des symptômes induits par l’exercice ;
responsabilité de l’allergène dans la symptomatologie soit • apprécier le retentissement de l’asthme sur la vie de l’en-
certaine, ce qui est rarement obtenu avant 5 ans. Il faut égale- fant et de sa famille ;
ment que l’éviction de l’allergène ne soit pas possible. Un bon • évaluer la compliance thérapeutique et identifier les raisons
contrôle préalable de l’asthme et une excellente coopération limitant cette compliance (souvent une mauvaise compréhen-
de la famille sont nécessaires. La voie sublinguale représente sion de la chronicité de la maladie) ;
désormais le mode d’administration de première intention. • encourager les efforts faits pour le contrôle de l’environnement ;
• vérifier la bonne utilisation des systèmes d’inhalation ;
■ Information et éducation • vérifier la bonne mesure du débit expiratoire de pointe ;
des enfants et de leur famille • apprécier la bonne connaissance par le patient et sa famille
des facteurs déclenchants et des mesures à prendre pour préve-
C’est un point clé du traitement de l’asthme. Certains
nir les symptômes, notamment à l’effort et souvent donner de
programmes pédagogiques sont développés pour permettre
nouvelles explications ;
d’atteindre les objectifs suivants :
• apprécier la bonne connaissance des mesures à prendre en
• connaissance des facteurs déclenchants propres à l’enfant
cas de crise débutante.
et de leur prévention ;
Il s’agit donc d’une véritable éducation progressive de l’enfant
asthmatique et de sa famille, grâce à un partenariat établi
Tableau 26.7. Utilisation des systèmes d’inhalation : principaux
points techniques à vérifier lors de chaque consultation. entre le patient, sa famille, le médecin traitant, et éventuelle-
ment, le pneumo-pédiatre de référence. Il s’agit d’une prise en
Aérosol-doseur charge qui exige beaucoup de temps, mais c’est à ce prix que
l’on peut espérer améliorer la compliance thérapeutique et de
– Seul Agitation avant utilisation ce fait la qualité de vie des enfants asthmatiques.
Expiration lente La mesure du débit expiratoire de pointe (DEP) à domicile peut
Déclenchement de la bouffée au début de l’inspiration
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Inspiration profonde
constituer une aide importante pour les enfants qui ont du mal à
Apnée en fin d’inspiration (au moins 5 secondes) identifier précocement une déstabilisation de leur asthme. Une
technique optimale n’est obtenue qu’à partir de 5-6 ans. Les indica-
– Auto-déclenché Préparation du système de déclenchement tions de mesures du DEP à la maison peuvent être résumées par :
Expiration lente puis inspiration profonde
• vérification de l’état réel des voies aériennes devant une
Apnée en fin d’inspiration (au moins 5 secondes)
sensation de gêne imprécise ressentie par l’enfant ;
– Avec chambre Respiration normale dans la chambre d’inhalation • mesure de la sévérité initiale d’une crise devant l’apparition
d’inhalation Chaque bouffée est suivie de 5 cycles respiratoires d’une gêne ou de sifflements ;
Ne pas donner plusieurs bouffées en même temps • aide au traitement d’une crise à domicile. L’escalade théra-
Inhalateur de poudre Préparation du système de déclenchement peutique au cours d’une crise (répétition des bronchodilatateurs,
Expiration lente hors du système d’inhalation prise de corticoïdes oraux, appel du médecin, transfert aux
Inspiration profonde à travers le système d’inhalation urgences…) est dictée par le retour ou non du DEP à des valeurs
Apnée en fin d’inspiration (au moins 5 secondes) proches (≥ 80 %) des valeurs habituelles ;
744 PATHOLOGIE PÉDIATRIQUE
• chez les asthmatiques sévères, une mesure biquotidienne À partir de 6 ans, les capacités de coopération de l’enfant
du DEP peut être demandée pendant les 10 ou 15 jours précé- rendent en général toutes les techniques utilisables.
dant une consultation de surveillance, afin d’évaluer la réelle Quelle que soit la méthode utilisée, toute mesure d’une
stabilité de l’asthme. L’écart entre les valeurs du matin et obstruction bronchique doit être suivie de l’étude de sa réver-
celles du soir ne doit pas excéder 20 %. sibilité après bronchodilatateur. Le critère retenu pour parler
La mesure du DEP ne remplace pas la réalisation d’épreuves de « réversibilité » est une augmentation du VEMS d’au moins
fonctionnelles respiratoires (EFR). Toutes les techniques 12 % par rapport à la valeur de base.
d’EFR ne sont pas utilisables à tout âge. Avant 3 ans, la coopé-
ration n’est en règle pas suffisante, même pour des mesures
de résistance. Lorsque des EFR sont nécessaires à cet âge, il ■ Indications thérapeutiques
faut s’adresser à des centres spécialisés, possédant du maté- C. Delacourt
riel spécialement adapté aux EFR du nourrisson. Il ne peut
s’agir d’une prescription de routine. Entre 3 et 6 ans, la coopé- Un traitement prolongé par corticoïdes inhalés est indiqué dès
ration de l’enfant n’est le plus souvent pas suffisante pour que l’asthme est classé comme « persistant léger ». Les diffé-
l’obtention de manœuvres forcées (dont le VEMS) fiables et rentes étapes de l’escalade thérapeutique sont représentées
reproductibles ; seule la mesure des résistances est possible. par la figure 26.8. L’adaptation du traitement se fait selon le
Recours au pneumo-pédiatre
indispensable
4
Augmentation
+ β2 mimétiques courte action à la demande
si mauvais
contrôle
malgré bonne
observance et
Recours au pneumo-pédiatre
3 bonne technique
d’inhalation
Corticoïdes inhalés faibles doses
(≤ 500 mg/jour)
conseillé
2 Diminution par
paliers
Léger
contrôle obtenu à chaque palier (tableau 26.8). Les premières inhalés. Les intervalles de temps à respecter avant d’envisa-
causes à rechercher en cas de contrôle insuffisant sont des ger un arrêt thérapeutique complet ne sont pas clairement
oublis thérapeutiques fréquents et/ou une mauvaise tech- déterminés. Une période de parfaite stabilité d’au moins
nique d’inhalation. Lorsque le traitement est correctement 6 mois paraît raisonnable. Il semble également préférer la
pris, un contrôle insuffisant doit conduire à une augmentation période d’été pour tenter un arrêt thérapeutique.
thérapeutique. À l’inverse, lorsqu’un bon contrôle de l’asthme
est obtenu, une diminution progressive des traitements est
possible, jusqu’à la dose minimale efficace de corticoïdes ■ Allergie et asthme chez l’enfant
Tableau 26.8. Niveaux de contrôle de l’asthme F. Rancé, G. Dutau
d’après les recommandations du GRAPP.
Symptômescliniques
Hypersensibilitéallergique Hypersensibiliténon
allergique (mécanismeimmunologiqueexclu
(mécanismeimmunologique
définioufortementsuspecté)
IgE-dépendante NonIgE-dépendante
Piqûresd'hyménoptère Éosinophiles:
(parexemplegastro-entéropathie)
Helminthes IgG-dépendante
(parexemplealvéolite
allergiqueextrinsèque)
Médicaments
Autres
Autres
Parmi les nombreux facteurs déclenchants de l’asthme que l’épidémie d’asthme et d’allergies n’a pas progressé chez
(infections ORL et bronchiques, irritants non spécifiques, l’enfant dans les pays développés.
effort, émotions), l’allergie immédiate IgE-dépendante devient La prévalence cumulée de l’allergie alimentaire (AA) est de
une cause de plus en plus importante au fur et à mesure que 6,7 % chez 2 716 enfants scolarisés de 2 à 14 ans, et la préva-
l’enfant grandit. La prévalence de l’asthme et des allergies est lence actuelle (symptômes au cours de l’année écoulée) de
en augmentation : selon les estimations, elle a doublé ou triplé 4,7 %. L’arachide (cacahuète) est le premier allergène alimen-
en 20-30 ans et cette évolution est un phénomène mondial. taire chez l’enfant suivi par les différents fruits à coque, en
Actuellement, on estime que 1 individu sur 4 est allergique. particulier la noix de cajou. Chez les enfants jusqu’à 18 ans, la
Plus précisément, l’étude ISAAC (International Study of Asthma prévalence de l’AA à l’arachide est maintenant de 1,4 %, alors
and Allergy in Childhood) qui a porté sur 304 796 enfants de qu’elle était de 0,8 % (en 2002) et de 0,4 % (en 1997) : elle a
6-7 ans (42 pays) et 463 801 adolescents de 13-14 ans (56 pays) donc été multipliée par 3,5 en 11 ans. Pour les diverses noix
a permis de distinguer trois groupes de pays selon le taux de d’arbres, la même évolution a été observée : 0,2 % (1997),
prévalence de l’asthme : faible (< 5 %), moyen (5-10 %) et fort 0,5 % (2002) et 1,1 % (2007) ce qui correspondant à une multi-
(> 10 %). Les plus fortes prévalences sont enregistrées dans plication par 5,5. Par contre, chez les adultes, la prévalence
les pays anglo-saxons (> 15 %). En France, la prévalence de n’a pas augmenté : 1,3 % (2008), 1,3 % (2002) et 1,6 % (1997). Le
l’asthme varie entre 7 et 9 % chez les enfants de 6-7 ans et sésame est un des nombreux allergènes émergents.
10-15 % chez les adolescents de 13-14 ans. À Paris, chez les
étudiants de 21 ans, elle est passée de 3,3 % (en 1968) à 5,4 %
(en 1982) puis 13,9 % (en 1992). La prévalence de la rhinite ■ L’étape clinique est indispensable
allergique a suivi la même évolution. au diagnostic
Dans la population générale, l’incidence des rhinites aller-
giques est très importante, autour de 20-25 %. Dans la même
étude comparative portant sur les étudiants parisiens Interrogatoire
(étudiants âgés de 21 ans en moyenne), leur prévalence est Il est capital et permet de rechercher et d’analyser :
passée de 3,3 % (en 1968) à 10,2 % (en 1982) puis à 28,5 % (en • les antécédents familiaux d’allergie aux premier et second
1992), soit une multiplication par 7 en 24 ans. Dans l’enquête degrés, ce qui permet d’évaluer le risque allergique de l’en-
ISAAC, la prévalence de la rhinoconjonctivite au cours de l’an- fant (tableau 26.9) ;
née écoulée est de 14,4 % et celle de la rhinite saisonnière de • les antécédents personnels d’atopie (eczéma atopique,
7,3 % chez les enfants et les jeunes adolescents français âgés allergie alimentaire vraie, rhinite allergique). Les enfants
de 10 à 17 ans. atteints d’eczéma atopique ont une hyperréactivité bron-
Les autres manifestations de l’atopie ont également chique isolée dans 70 à 80 % et un asthme dans 20 à 30 % des
progressé. La prévalence cumulée de la dermatite atopique à cas. Le risque d’asthme est 3 à 4 fois plus élevé (ou davantage)
l’âge de 4 ans est de 20-25 %. Les données actuelles montrent chez les individus qui ont une rhinite allergique isolée ;
Dermatite
% 58
60 Pneumallergènes Avant 3 ans
50 47 Après 3 ans
40
30 25 27 Trophallergènes 23
20 14
11 10 8
10 6 8 7
4 3 1,4 2,7
0 Fig 26.14. Variation en fonction
Acariens Animaux Pollens Moisissures Œufs Arachide Autres Pas de
aliments sensibilisation
de l’âge de la répartition
des allergènes dans l’asthme.
allergie, ces tests seront à nouveau réalisés par exemple à façon non inflationniste, lorsque la peau n’est pas réactive, s’il
3-4 ans, à 7-8 ans, à 10-15 ans. En effet, les 15 premières existe un eczéma étendu sévère ou un dermographisme
années de la vie constituent la période où la plupart des aller- rendant impossible la réalisation et la lecture des tests cuta-
gies vont se constituer. nés. Les TMA sont disponibles pour les pneumallergènes
La répartition des allergènes en cause au cours de l’asthme usuels (Phadiatop et examens comparables), les trophaller-
varie avec l’âge (fig. 26.14). gènes usuels (Rast Fx 5 ou examens comparables), ou pour des
Dès les premières années de vie, l’enfant étant en contact mélanges de ces deux classes d’allergènes, et leur prescrip-
avec les allergènes pérennes (acariens, phanères d’animaux, tion doit être réfléchie et réservée aux cas difficiles (cf. supra).
moisissures atmosphériques), d’authentiques allergies Le développement de dosages d’IgE dirigées contre certains
peuvent s’installer très tôt. allergènes de recombinaison (« allergènes recombinants »)
Par la suite, l’enfant pourra se sensibiliser aux pneumaller- permet de mieux détecter les allergies vraies (en cas de réactions
gènes dits saisonniers (pollens). En fait, les pollens (arbres, croisées) et, dans une certaine mesure, de prévoir la gravité d’une
graminées, plantes herbacées) sont présents de décembre- allergie. Ces dosages sont du ressort exclusif du spécialiste aller-
janvier à octobre, soit pendant presque toute l’année ! Après gologue en termes de prescription et d’interprétation. À titre
l’âge de 10-12 ans, on peut admettre que 80 à 90 % des d’exemples la positivité des IgE dirigées contre rAra h2 améliore
asthmes de l’enfant sont de nature allergique IgE-dépen- le diagnostic, celle de rAra h9 est associée à une AA sévère. La
dante. Les asthmes non allergiques sont rares. On doit positivité des trois dosages d’IgE dirigées contre rAra h1, rAra h2
rechercher une infection nasosinusienne ou bronchique (dila- et rAra h3 est un critère de gravité. Autres exemples, la positivité
tation des bronches), parfois favorisée par un déficit en sous- des dosages d’IgE contre rCor a1 (Bet v1) et rCor a2 (profiline) est
classes d’IgG (IgG2). associée à des symptômes modérés. Les symptômes sévères
Au cours de l’asthme allergique, le rôle des infections virales (anaphylaxie) sont associés à rCor a8 (LTP), rCor a9 (globuline de
est important. On a décrit des « épidémies d’asthme de 115 kDa), et rCor a11 (globuline 75 kDa).
septembre » qui surviennent 2 à 4 semaines après la rentrée On a pu aussi miniaturiser les dosages d’IgE à l’aide des nano-
scolaire, dues à des virus (surtout des rhinovirus) qui s’intro- technologies (microarray).
duisent dans la collectivité et provoquent souvent des crises
d’asthme graves. Comparés aux autres enfants asthmatiques,
ces enfants se singularisent par un asthme plus sévère et par ■ Asthme « avec sensibilisation »
une absence de contrôle (ou un contrôle insuffisant) de leur et asthme « par sensibilisation »
affection par le traitement de fond (corticoïdes inhalés).
Au cours d’un asthme de l’enfant, avoir détecté une sensibili-
sation à un ou plusieurs allergènes ne signifie pas, a priori,
■ Place des tests biologiques in vitro qu’elle soit responsable en totalité ou en partie des symp-
tômes. En effet, beaucoup de crises d’asthme, même chez
Il peut être utile d’étayer le diagnostic par un dosage des IgE l’individu sensibilisé aux allergènes, sont liées aux infections
sériques spécifiques. Ces dosages, de réalisation courante virales, à l’effort, aux émotions, à des facteurs climatiques,
dans les laboratoires de ville, sont possibles pour un très aux effets de la pollution. Pour préciser la part de ces diffé-
grand nombre d’allergènes : pneumallergènes (acariens ; rents facteurs, une surveillance attentive au moins pendant
pollens de graminée, de céréales, d’arbres, de composées ; une année pleine est indispensable.
blatte ; moisissures atmosphériques et domestiques ;
phanères de chat, chien, cheval) et allergènes alimentaires
Faut-il associer un dosage des IgE sériques totales ? La ré-
(lait, œuf, poisson, arachide, etc.). Les résultats doivent être ponse est « non » d’après le rapport précité. Toutefois plusieurs
exprimés de façon quantitative en unités (kU/L ou UI/L), ce qui études épidémiologiques ont montré qu’une hyper-IgE était
est mieux que le rendu classique semi-quantitatif en classes, étroitement corrélée avec le risque de développer un asthme.
de 0 à 5. Il est ainsi plus facile pour le clinicien d’établir la Ce « marqueur » peut donc avoir un intérêt prédictif dans
hiérarchie des allergènes en cause. l’asthme du nourrisson et du petit enfant.
L’arbre décisionnel le plus logique et le moins coûteux est celui
qui va de la clinique et de l’interrogatoire aux tests cutanés. La Il importe donc d’analyser les critères d’imputabilité de l’aller-
preuve biologique est en particulier nécessaire lorsqu’une gie en se basant sur l’anamnèse, la mesure du débit expiratoire
hyposensibilisation spécifique est indiquée. Toutefois, des de pointe en situation d’exposition à l’allergène, l’évaluation de
dosages isolés d’IgE spécifiques ou des tests multi- la charge allergénique et les effets de l’éviction des allergènes.
allergéniques de dépistage (TMA) peuvent être demandés, de Cette évaluation devra souvent passer par une enquête écolo-
Pathologie respiratoire 749
gique au domicile ayant pour but d’évaluer le degré d’exposition années : des récurrences sont possibles après 5 ans d’évolu-
aux allergènes et aux irritants non spécifiques. On peut ainsi tion ou davantage. D’où l’importance d’une surveillance
mesurer la charge allergénique de façon semi-quantitative par pédiatrique régulière.
l’Acarex test (appréciation colorimétrique du contenu de la En pratique :
poussière de maison en guanine contenue dans les fèces des • les asthmes du nourrisson initialement sévères ont le plus
acariens en 4 classes : très forte, forte, moyenne et absence) ou de chances de rester sévères (précocité du remodelage des
quantitative (soit comptage microscopique des acariens, soit bronches) ;
mesure du taux de l’antigène majeur des acariens Der pI et de • les autres facteurs d’évolution péjorative sont une polysen-
l’antigène majeur du chat Feld I par gramme de poussière). sibilisation, un eczéma atopique persistant, une rhinite aller-
Il n’y a pratiquement pas d’indications pour les tests de provo- gique associée, hyper-IgE, surtout une allergie alimentaire.
cation bronchique spécifiques. Certains ont pu proposer des
tests de provocation nasale par rhinomanométrie qui seraient
assez bien corrélés avec les tests de provocation bronchique. Encadré 26.4
En pratique cependant, les critères sus-indiqués sont large-
ment suffisants, complétés par une évaluation objective des Asthme et allergie alimentaire
effets de l’éviction allergénique.
L’asthme est un symptôme souvent associé aux allergies
La recherche du facteur allergique dans l’asthme est essen- alimentaires, principalement aux allergies à l’arachide et
tielle. Elle repose sur des critères qui sont avant tout cliniques, aux fruits secs des oléagineux, qui sont l’un des principaux
dominés par l’interrogatoire dont on essayera de confirmer les facteurs d’allergies sévères.
indications par les tests cutanés d’allergies, la mesure de la Depuis 1988, plusieurs séries de décès par allergie alimen-
charge allergénique et l’évaluation des effets de l’éviction. taire (formes létales) ou de menaces de décès (formes
prélétales) ont été étudiées. Globalement, elles touchent
surtout les enfants et adolescents de moins de 18 ans
■ Devenir de l’enfant asthmatique et comportent un asthme dans plus de 75 % des cas. Cet
asthme est presque toujours mal contrôlé par le traitement
F. Rancé, G. Dutau de fond, négligé, se traduisant par un besoin accru du traite-
ment de secours (β2-mimétiques d’action rapide et courte),
Connaître le devenir d’un enfant asthmatique est l’une des voire inconnu. Les aliments en cause sont majoritairement
préoccupations majeures des patients, de leur famille et des l’arachide et les fruits secs à coque (noisette, noix, diverses
médecins qui les ont en charge. À cette question légitime, il noix exotiques).
Cette relation entre l’asthme et les allergies alimentaires
n’existe que des éléments de réponse, en sachant que l’asthme
a été abordée de façon inverse au cours d’une étude cas/
et l’hyperréactivité bronchique qui l’accompagne sont souvent
témoins chez 19 enfants (13 garçons) admis en unité de
des anomalies avec lesquelles il faudra composer durant toute soins intensifs pour asthme aigu grave ayant nécessité
la vie. Une bonne connaissance des facteurs déclenchants de une ventilation artificielle. Âgés en moyenne de 10 ans, ils
l’asthme contribue cependant à améliorer son contrôle. avaient été appariés à 38 témoins (2 témoins par patient) qui
avaient présenté une exacerbation sans risque vital.
■ Évolution de l’asthme du nourrisson À l’issue d’une étude statistique basée sur la méthode des
odds-ratio (OR), les facteurs favorisant l’asthme aigu grave
L’asthme du nourrisson fait souvent suite aux bronchiolites à furent les suivants : allergie alimentaire (OR : 8,58 [1,85-
virus respiratoire syncytial (VRS). En effet, on estime que le 39,71]), syndrome des allergies multiples défini par plus
risque de développer un asthme du nourrisson (défini arbitrai- de 3 allergies (OR : 4,42 [1,17-16,71]), début de l’asthme au
rement comme la survenue d’au moins trois épisodes de cours de la première année (OR : 6,48 [1,36-30,85]), admis-
dyspnée sifflante) après une bronchiolite suffisamment sévère sions fréquentes pour asthme (OR : 14,2 [1,77-113,59]). À
pour avoir nécessité une hospitalisation est de 75 % à 2 ans, l’issue de l’analyse multivariée, il ne restait que 2 facteurs
42 % à 5 ans et 22 % au bout de 8-10 ans. Dans le dernier suivi indépendants de risque d’asthme mortel : l’allergie alimen-
longitudinal, avec un recul de 13 ans, le risque d’asthme post- taire (OR : 9,85 [1,04-93,27]) et les admissions fréquentes
pour asthme (OR 5,89 [1,06-32,61]). Globalement le pourcen-
bronchiolite est 10 fois plus élevé chez les nourrissons hospi-
tage d’allergies alimentaires était de 50 % dans le groupe
talisés pour bronchiolite sévère à VRS comparés aux témoins.
« asthme à risque mortel » et de 10 % chez les témoins. Ces
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Dans la même étude, le risque allergique est multiplié par 2. résultats ont été confirmés par d’autres études chez l’enfant
L’évolution ultérieure de l’asthme du nourrisson dépend : et également chez l’adulte.
• de l’âge de survenue des sibilances (si elles apparaissent En pratique, l’association d’un asthme et d’une allergie
ou persistent après l’âge de 2-3 ans le risque de pérennisation alimentaire peut compromettre le pronostic vital. Les explo-
de l’asthme est beaucoup plus important que si elles débutent rations des individus atteints d’allergie alimentaire doivent
avant 2 ans) ; tenir compte de ces faits :
• du taux des IgE sériques totales (corrélation entre élévation − les tests de provocation par voie orale seront récusés si
des IgE et risque d’asthme) ; l’asthme n’est pas parfaitement équilibré et si les débits
• de l’existence d’une sensibilisation IgE-dépendante aux expiratoires du patient, le matin de l’examen, ne sont pas
allergènes documentée par la positivité des tests cutanés au moins égaux à 80 % des valeurs prédites ;
d’allergie et/ou par la présence d’IgE sériques spécifiques.
− l’asthme des personnes atteintes d’allergie alimentaire
Dans l’ensemble et à long terme, l’asthme du nourrisson ne doit bénéficier d’un contrôle optimal permanent.
guérit pas aussi souvent qu’on le croyait il y a quelques
750 PATHOLOGIE PÉDIATRIQUE
■ Quand faut-il évoquer le diagnostic tions des bronches, d’un emphysème avec destruction du
parenchyme, et enfin d’une insuffisance respiratoire chro-
de mucoviscidose en pédiatrie ? nique.
Soixante-quinze pour cent des nourrissons sont symptoma-
Dépistage néonatal tiques dans la 1re année de vie. Il s’agit souvent de bronchio-
Le dépistage néonatal pour la mucoviscidose est généralisé lites récidivantes, bronchites asthmatiformes, ou d’un
en France depuis 2002. Il est réalisé à partir du sang recueilli encombrement bronchique persistant.
sur papier buvard pour le test de Guthrie idéalement à L’évolution est marquée chez l’enfant plus grand par l’évolu-
72 heures de vie, après recueil du consentement signé des tion vers la bronchopathie chronique :
parents (pour la recherche génétique éventuelle). Il repose • toux chronique avec bronchorrhée permanente ;
sur le dosage de la Trypsine Immuno-Réactive (TIR), enzyme • exacerbations avec expectorations mucopurulentes,
pancréatique dont un taux élevé reflète une souffrance pendant lesquelles la toux se majore, les crachats se modi-
pancréatique. Un dosage de TIR élevé à 72 heures de vie fient (augmentation du volume et de leur viscosité), baisse de
conduit à la pratique d’un diagnostic moléculaire. En effet, la la tolérance à l’effort et altération des fonctions respiratoires,
TIR peut s’élever de façon non spécifique à l’occasion de tout perte de poids ou diminution de l’appétit ;
stress néonatal. Cette recherche génétique est fondée sur la • hippocratisme digital, dystrophie thoracique ;
détection d’une mutation d’allèles sur une trousse de 30 muta- • complications dans le cadre d’une forme évoluée : pneumo-
tions les plus fréquentes. thorax, hémoptysie.
En cas de mutation identifiée sur les 2 allèles (enfant malade) La colonisation bactérienne survient très tôt dans l’histoire
ou l’un des 2 allèles (situation soit de simple hétérozygotie naturelle de la maladie. Les premiers germes en cause sont
soit de maladie avec une deuxième mutation non identifiée), Haemophilus influenzae (HI) et Staphylococcus aureus (SA). La
l’enfant est convoqué au centre de compétence et de réfé- colonisation à Pseudomonas aeruginosa (PA) représente un
rence pour la mucoviscidose (CRCM) régional afin de réaliser tournant évolutif péjoratif de la maladie. La primocolonisa-
un test de la sueur. Si celui-ci est positif, on affirmera le tion à Pseudomonas aeruginosa correspond au premier isole-
diagnostic de mucoviscidose. En l’absence de mutation ment de PA dans l’arbre bronchique, sans signes directs
retrouvée, l’enfant est reprélevé à 3 semaines pour un (signes cliniques) ou indirects (anticorps spécifiques) d’infec-
nouveau dosage du TIR. Si ce dosage de TIR reste élevé, un tion. La colonisation chronique correspond à la présence de
test de la sueur est réalisé. PA dans l’arbre bronchique, attestée par au moins 3 cultures
Ce mode de dépistage est assez sensible mais peu spécifique. positives à au moins 1 mois d’intervalle, sans signe direct
Il convient aussi de prendre en compte l’inquiétude générée d’infection.
en cas de résultats faussement positifs, avec un diagnostic Des infections mycobactériennes (Mycobacterium abscessus
secondairement infirmé (TIR élevée de façon non spécifique ; ou avium), aspergillaires (notamment aspergillose broncho-
test de la sueur négatif). pulmonaire allergique) peuvent également survenir.
L’intérêt de ce dépistage réside dans la prise en charge précoce
des manifestations pulmonaires et digestives de la maladie. Il Manifestations digestives
semble en effet, selon des études récentes, que cette prise en L’obstruction des canaux pancréatiques aboutit à un déficit
charge précoce ralentisse l’évolution de la mucoviscidose, et sécrétoire pancréatique exocrine responsable d’une malab-
améliore son pronostic en termes de survie. Néanmoins, cette sorption des graisses.
prise en charge reste uniquement symptomatique, à l’inverse L’obstruction des ductules et canaux biliaires peut entraîner
des autres pathologies dépistées à la naissance (phénylcéto- une stéatose hépatique pouvant évoluer vers la cirrhose
nurie, hypothyroïdie, hyperplasie congénitale des surrénales). biliaire multifocale.
Les manifestations digestives en période néonatale peuvent
Manifestations cliniques évocatrices chez l’enfant être :
• iléus méconial : syndrome occlusif, retard d’élimination du
Certains enfants peuvent néanmoins « échapper » au dépis-
méconium ;
tage néonatal (TIR normale à la naissance en l’absence d’at-
• ictère cholestatique rétentionnel.
teinte pancréatique). Il faut de ce fait évoquer systématiquement
Les manifestations digestives présentes chez le nourrisson et
cette pathologie dans certains contextes, particulièrement
l’enfant associent :
chez un nourrisson qui fait des bronchiolites récidivantes ou
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La mise à disposition de diffuseurs portables et de « sets » de recommandé d’administrer une posologie entre 5 000 et
perfusion prêts à l’emploi facilite la pratique ambulatoire de 10 000 U/kg/j de lipase.
l’antibiothérapie intraveineuse. L’utilisation d’une antibiothé- Le traitement de l’atteinte hépatobiliaire fait appel à l’acide
rapie par voie inhalée (aérosols quotidiens) permet l’obtention ursodésoxycholique (Ursolvan), composant de la bile.
sélective et rapide de concentrations élevées.
Avant le début de la colonisation chronique à Pseudomonas Prise en charge nutritionnelle
aeruginosa, une antibiothérapie n’est indiquée qu’en cas d’exa-
cerbation et vise la plupart du temps Staphylococcus aureus et Le régime alimentaire recommandé est hypercalorique et
Haemophilus influenzae. On pourra proposer ainsi : une mono- normolipidique. Les apports énergétiques totaux doivent être
thérapie par amoxicilline + acide clavulanique (Augmentin) per supérieurs aux apports journaliers recommandés pour un
os en cas de SASM (SA sensible à la méthicilline), et une bithé- enfant sain (120-150 %). L’aide d’une diététicienne est précieuse.
rapie par fucidine + rifampicine per os en cas de SARM (SA En cas de défaillance nutritionnelle, il convient de débuter une
résistant à la méthicilline). nutrition entérale. Le recours à une nutrition parentérale est
La primocolonisation à Pseudomonas aeruginosa est traitée très rare.
le plus souvent par l’association d’une antibiothérapie orale Une supplémentation en vitamines liposolubles, minéraux et
par ciprofloxacine (30 mg/kg/j) pendant 3 semaines et un oligoéléments est indispensable. Il convient donc de pres-
aérosol d’antibiotiques : colistine (Colimycine) ou tobramy- crire des vitamines (A, E, D et K), des compléments en
cine (Tobi) pendant 1 à 3 mois. En cas d’échec, on peut répé- sodium (notamment en cas de forte chaleur où la déperdition
ter ce protocole ou discuter une cure intraveineuse : sudorale est maximale).
ceftzazidime (Fortum) + tobramycine (Nebcine) IV, souvent Le lait a un apport protidique et sodé insuffisant. Il est néces-
secondairement relayée par une antibiothérapie inhalée saire d’apporter du sel de manière systématique en cas d’al-
même si l’ECBC s’est négativé. laitement artificiel chez le nourrisson, avant la diversification
En cas d’infection chronique à Pseudomonas aeruginosa, le but (environ 2 meq/kg/j en plus du lait, et proposer à boire systé-
n’est plus l’éradication du germe mais le traitement sympto- matiquement des solutions de réhydratation).
matique des exacerbations en diminuant l’inoculum bacté-
rien. Le traitement repose sur des cures d’antibiothérapie IV. Soutien psychologique et mesures sociales
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L’utilisation des antibiotiques inhalés pendant les périodes Il est nécessaire de se montrer attentif au vécu de la maladie
intercures permet de réduire le nombre d’exacerbations par l’enfant et sa famille. L’aide d’associations est non négli-
(aérosols de colistine [Colimycine] ou tobramycine [Tobi]). geable (par exemple, « Vaincre la mucoviscidose »). La mise
en place éventuelle d’un PAI (projet d’accueil individualisé)
Prise en charge digestive permet la gestion optimale du traitement et d’une éventuelle
complication aiguë en milieu scolaire.
L’opothérapie pancréatique est la compensation de l’insuffi-
sance pancréatique exocrine par des extraits pancréatiques
gastroprotégés. Les gélules de pancréatine (Créon) doivent Éducation thérapeutique
être prises en début de repas. En règle générale chez le nour- On retient comme objectifs :
risson, on administre 2 500 U lipase par 120 mL de lait. Chez • la compréhension de la maladie et de son évolution (complications) ;
l’enfant plus grand on répartit les extraits pancréatiques en • la connaissance et la bonne observance du traitement de
fonction de la richesse en lipides des repas. Il est en général fond ;
756 PATHOLOGIE PÉDIATRIQUE
• la planification des consultations de suivi et des dépistages. S ERMET-G AUDELUS I, L ENOIR G, et l’équipe du CRCM de l’hôpital Necker.
L’autonomisation de l’enfant doit être privilégiée. Le suivi d’un enfant atteint de mucoviscidose. In : Devenir de l’an-
La remise d’une carte de soins et d’informations sur la muco- nonce : par-delà le bien et le mal. Études Freudiennes, N° hors série,
viscidose est utile pour l’enfant et sa famille. janvier 2006.
SERMET-GAUDELUS I, BERCHE P, RICOUR C, EDELMAN A, BONNEFONT JP,
L ACAILLE F, ROBERT JJ, LENOIR G. La mucoviscidose ou fibrose kystique
■ Perspectives thérapeutiques du pancréas. In : Encyclopédie Médico-Chirurgicale de Pédiatrie. Elsevier,
Paris, Réactualisation de la version de 2000.
Ces dernières années, une meilleure compréhension de la S ERMET-G AUDELUS I, MUNCK A, ROTA M, FELDMANN D, R OUSSEY M, au nom
physiopathologie de la maladie a permis des avancées théra- du groupe de travail sur le dépistage néonatal de la mucoviscidose
peutiques majeures. Les progrès ont été centrés sur les de la Fédération des CRCM. Recommandations françaises pour la
agents muco-modulateurs, la recherche de voies alternatives réalisation et l’interprétation du test de la sueur dans le cadre du
de la sécrétion ionique, la thérapie protéique, et la mise au dépistage néonatal pour la mucoviscidose. Arch Pediatr 2010 (9), 17,
point de nouvelles stratégies anti-infectieuses. De nouvelles 1349-58.
molécules sont en cours de développement et pourraient
améliorer considérablement la survie illustrant à quel point la
mucoviscidose est l’exemple type de maladie où les avancées
en recherche fondamentale conduisent à des applications
thérapeutiques directes pour le patient. Les thérapies
protéiques notamment, agissant sur l’origine moléculaire de
■ Sarcoïdose de l’enfant
la maladie ouvrent des perspectives passionnantes et très V. Houdouin
encourageantes à l’heure où les politiques nationales de
dépistage néonatal mises en place par de nombreux pays
permettent une prise en charge très précoce de la maladie. Il
faut néanmoins rester très prudent sur leur utilisation au long
■ Épidémiologie
cours car ces drogues perturbent la machinerie cellulaire et La sarcoïdose est une affection systémique caractérisée par
pourraient avoir des conséquences encore non envisagées. le développement de granulomes tuberculoïdes à nécrose
D’autres cibles thérapeutiques encore en développement au non caséeuse, d’étiologie encore inconnue. Son incidence et
laboratoire sont très prometteuses. Les Toll-like recepteurs prévalence varient en fonction de l’âge, de l’origine ethnique
(TLR), première ligne de défense de l’immunité innée, et de l’origine géographique. En Europe un gradient Nord-Sud
semblent un des acteurs majeurs de la réponse inflamma- est observé avec une incidence annuelle plus élevée dans les
toire excessive dans la mucoviscidose. Les inhibiteurs des pays de l’Europe du Nord. Aux États-Unis le gradient est
TLR, naturels ou synthétiques, pourraient être une cible inté- inversé, et l’incidence est plus élevée dans la population afro-
ressante. Les thérapies cellulaires, notamment par cellules américaine. Chez l’enfant, la sarcoïdose est rare et peu
souches, offrent également une perspective thérapeutique d’études sont rapportées. Au Danemark, la création en 1979
novatrice, visant au remodelage pulmonaire et à la modula- d’un registre national rapporte une incidence annuelle de
tion de la réponse anti-inflammatoire et anti-infectieuse. 0,29/100 000 chez les enfants de moins de 15 ans. La
sarcoïdose est exceptionnelle chez l’enfant de moins de quatre
ans et s’élève chez les adolescents.
■ Conclusion
Le champ des nouvelles thérapeutiques dans la mucovisci-
dose est très vaste et au début de son développement. Il est ■ Physiopathologie
probable que tous les patients ne pourront pas bénéficier au
même titre de toutes ces avancées compte tenu de leurs Le facteur déclenchant de la sarcoïdose reste encore inconnu,
caractéristiques génétiques, épigénétiques et environnemen- mais sa physiopathologie est comparable aux autres granulo-
tales propres. Ceci souligne la nécessité d’une prise en charge matoses chroniques. L’entrée d’un ou plusieurs antigènes
rigoureuse, adaptée et quotidienne avec une implication forte (encore inconnus) chez l’hôte, entraîne la phagocytose de cet
de tous les acteurs de santé, dans l’espoir de faire encore antigène par les cellules présentatrices d’antigènes (CPA). La
reculer la mortalité de cette maladie. présentation de ce peptide antigénique par les CPA (macro-
phages et cellules dendritiques) via un HLA de classe II, aux
lymphocytes T CD4+ entraîne leur activation et leur différen-
■ BIBLIOGRAPHIE ciation en lymphocytes T helper 1 (Th1). La sécrétion de cyto-
CCNE. Dépistage prénatal généralisé de la mucoviscidose. Avis n° 83, 2004. kines (IL2), d’IFN et de TNFa par les Th1 est responsable de
HAS. Mucoviscidose. Protocole national de diagnostic et de soins. Guide ALD, l’activation et de la prolifération des CD4+ et des macro-
2006. phages. Les macrophages activés de façon chronique, vont
L E BOURGEOIS M, SERMET I, BAILLY-BOTUHA C, DELACOURT C, DE BLIC J. alors se différencier en cellules épithélioïdes. Ces cellules
Infections fungiques au cours de la mucoviscidose. Arch Pediatr 2011,
vont perdre leur capacité de phagocytose, fusionner en
18 Suppl 1, S15-21.
L E BOURGEOIS M, SERMET-GAUDELUS I, CATHERINOT E, GAILLARD JL. cellules géantes multinucléées et s’organiser en granulomes
Mycobactéries non tuberculeuses chez les patients atteints de muco- épithélioïdes. Pour la majorité des granulomes la présence de
viscidose. Arch Pediatr 2005, 12, S117-21. fibroblastes et de collagène reste circonscrite au sein du
SERMET-GAUDELUS I, EdELMAN A, FAJAC I. Channelopathies in bronchiecta- granulome. La fibrose peut s’étendre au-delà du granulome
sis. Europ Resp J 2011. Epub Ahead of Print. et entraîner une fibrose étendue.
Pathologie respiratoire 757
Le rôle de certains HLA de classe II a été mis en évidence. Ainsi faciale par atteinte du VII et une uvéite antérieure bilatérale
le portage de l’HLA-DRB1*03 en Suède est fortement relié à l’ap- (irido-cyclite).
parition d’un syndrome de Löfgren et une résolution complète. L’atteinte cutanée est variée. On distingue les manifestations
Le portage de l’HLA-DQB1*0201 est associé à un pronostic plus cutanées spécifiques ou sarcoïdes cutanées et les lésions non
sévère dans la population allemande et britannique. Il est spécifiques. L’érythème noueux est non spécifique, sa biopsie
probable que certains gènes (gène BTNL2 régulateur de la est non contributive. Souvent inaugural, il est spontanément
réponse immune…), l’environnement, une dysrégulation de la résolutif. Les sarcoïdes cutanées sont plus fréquentes chez
réponse immunitaire T, et certaines mycobactéries interviennent l’adulte. Elles ont un aspect jaunâtre « lupoïde » à la vitropres-
également dans la genèse de cette maladie. sion, non douloureuses, non prurigineuses, le visage est
souvent le siège préférentiel. L’aspect est variable : plaque,
nodule, infiltration, maculopapule, lupus « pernio ». La biopsie
■ Clinique met en évidence les granulomes épithélioides. Ces atteintes
Tous les organes peuvent être atteints, les manifestations peuvent être destructrices.
dépendent de l’organe et de la sévérité de l’atteinte. Les signes L’hépatosplénomégalie, l’atteinte des glandes salivaires
généraux (altération de l’état général, fièvre, diminution de sont recherchées systématiquement lors de l’examen
l’appétit, perte de poids) peuvent parfois être au premier plan. clinique. Les atteintes cardiaques, neurologiques centrales
Habituellement, chez l’enfant âgé de moins de 5 ans, la mala- et périphériques sont plus rares et souvent de moins bon
die est caractérisée par l’atteinte cutanée, associée à une pronostic.
uvéite et des arthrites inflammatoires. En revanche, chez l’en-
fant plus âgé, l’atteinte cutanée est rare, et le tableau clinique
est dominé par les atteintes pulmonaires, ganglionnaires et ■ Examens à visée diagnostique
oculaires.
Aucun examen n’est spécifique de la sarcoïdose. Le but de la
démarche diagnostique est de regrouper un faisceau d’argu-
Atteinte médiastino-pulmonaire ments pour poser le diagnostic.
L’atteinte médiastino-pulmonaire est souvent mise en évidence L’élévation de la vitesse de sédimentation est non spécifique.
à l’occasion d’une radiographie de thorax systématique. Une La numération-formule sanguine avec un frottis sanguin est à
toux sèche et une dyspnée d’effort sont parfois au premier réaliser dans un contexte d’altération de l’état général avec
plan. Le tableau d’adénopathies médiastinales isolées est le adénopathies.
plus fréquent (stade I). L’atteinte parenchymateuse associée à L’anergie tuberculinique est un argument fort pour le diagnos-
l’atteinte médiastinale (stade III) est décelée sur la radiogra- tic de sarcoïdose. Le Quantiféron sera demandé pour éliminer
phie de thorax et/ou le scanner thoracique. L’atteinte infiltra- une tuberculose.
tive diffuse isolée (stade III) représente 10 % des formes L’hypercalcémie et l’hypercalciurie sont systématiquement
pulmonaires. Les opacités parenchymateuses à limites nettes, recherchées. L’hypercalcémie présente chez un tiers des
non confluentes et non systématisées sont bilatérales et pas patients est un bon argument en faveur d’une sarcoïdose.
forcément symétriques. L’évolution pulmonaire est bonne. Les marqueurs sériques des granulomes sarcoïdiens sont
Dans la cohorte danoise, aucune fibrose pulmonaire (stade IV) également systématiquement demandés.
n’a été observée. Lorsque les explorations fonctionnelles L’élévation de l’enzyme de conversion de l’angiotensine
respiratoires sont effectuées on retrouve souvent une diminu- (ECA) n’est pas pathognomonique mais constitue un argu-
tion de la capacité vitale (CV), de la compliance et de la DLCO. ment important en faveur du diagnostic de la sarcoïdose
Le NO exhalé peut être augmenté. La fibroscopie bronchique (valeur prédictive positive = 90 %, valeur prédictive négative
avec lavage bronchoalvéolaire retrouve une lymphocytose = 60 %). Elle est produite par les cellules épithélioïdes des
alvéolaire avec une augmentation du rapport CD4/CD8. Cette granulomes. L’ECA doit se normaliser sous traitement.
hyperlymphocytose n’est pas corrélée à l’activité de la maladie L’élévation du lysozyme et du calcitriol sérique est plus
et ne doit pas être recontrôlée. inconstante.
Le retentissement de la fonction respiratoire est évalué sur la
radiographie de thorax, les EFR avec mesure de la DLCO, le
Atteinte lymphatique lavage bronchoalvéolaire. Le scanner thoracique est indiqué si
La présence d’une lymphadénopathie périphérique est l’atteinte à la radiographie de thorax n’est pas spécifique
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fréquente (40 %). La biopsie de ces ganglions est souvent (visualisation d’adénopathies non visibles, précise l’aspect du
contributive et met en évidence des granulomes tuberculoïdes. parenchyme).
Une échographie abdominale et un bilan hépatique sont réali-
sés systématiquement au moment du diagnostic.
Autres atteintes Le PET-scan n’est pas utilisé en pratique courante, mais
La sarcoïdose a un tropisme particulier pour l’œil, où tous les permet de mettre en évidence des adénopathies accessibles à
segments peuvent être concernés. Dans la majorité des cas la biopsie, ainsi que l’atteinte cardiaque. L’IRM cérébrale au
l’atteinte ophtalmologique est une uvéite antérieure. Le pronos- gadolinium est un bon examen pour visualiser l’atteinte
tic visuel peut être en jeu (si uvéite postérieure +++), et l’examen neurologique.
ophtalmologique complet (lampe à fente, trois miroirs) est La preuve histologique est indispensable. Les lésions superfi-
systématique lors du dépistage et du suivi. Le syndrome de cielles lorsqu’elles existent seront biopsiées en première
Heerfordt associe une parotidite bilatérale, une paralysie intention (sarcoïdes cutanées, adénopathies). La biopsie des
758 PATHOLOGIE PÉDIATRIQUE
glandes salivaires est de réalisation aisée, elle sera souvent une corticothérapie orale prolongée (tableau 26.11). Enfin, il
couplée à une biopsie d’un organe atteint (hépatique, rein, n’a jamais été mis en évidence que les corticoïdes ou autre
muqueuse bronchique, conjonctive). traitement prévenaient la progression vers la fibrose. La
mise en route d’un tel traitement doit donc être évaluée.
L’atteinte de certains organes nécessite à l’inverse un traite-
■ Diagnostic ment rapide et efficace : l’atteinte neurologique, l’atteinte
cardiaque, les atteintes oculaires sévères ou résistantes à la
La démarche diagnostique repose sur l’association d’éléments corticothérapie locale, l’hypercalcémie, l’atteinte de la fonction
cliniques et paracliniques en faveur d’une sarcoïdose et de respiratoire. En présence d’une atteinte pulmonaire, une corti-
l’exclusion des autres causes de granulomatose. Il n’existe pas cothérapie de 18 à 24 mois semble être une durée efficace pour
d’élément diagnostique spécifique de la sarcoïdose (fig. 26.15). le traitement. Le monitoring de la fonction respiratoire et de la
radiographie de thorax est nécessaire pendant et après l’arrêt
■ Traitement du traitement. Il n’existe pas de consensus clairement établi à
propos de la corticothérapie orale. Le schéma global est celui
Un traitement médical n’est pas toujours justifié. En effet, la d’une corticothérapie à 1 mg/kg/j (dose maximale : 40 mg/j)
résolution spontanée d’une sarcoïdose est possible : 20 % de pendant deux à trois mois selon la gravité initiale (tableau 26.11).
résolution spontanée sont observés dans les stades 2 et 3. Une décroissance par palliers de 5 à 1 mg toutes les deux à
D’autre part, le traitement de première intention repose sur trois semaines est alors possible. Le seuil de 15 mg/j est un
Suspicion
p de sarcoïdose
1/ Radiographie de thorax systémique
2/ Signes fonctionnels respiratoires non spécifiques (toux, dyspnée d’effort)
3/ AEG, fièvre, perte pondérale
4/ Localisations extrapulmonaires
5/ Syndrome de Löfgren (arthrite, érythème noueux, adénopathies bilatérales, anergie)
Localisation extrapulmonaire
Polyadénopthies Radiographie de thorax
Uvéite granulomateuse, iridocyclite Stade 0 : absence d’atteinte ganglionaire et parenchymateuse
Érythème noueux, sarcooïdes cutanées Stade 1 : adénopathies hilaires et médiastinales
Hépatosplénomégalie sans atteinte parenchymateuse
Céphalées, convulsions, neuropathies Stade 2 : adénopathies avec atteinte parenchymateuse
Arthralgies, arthrites
BAV,
A cardiomyopathie dilatée, arythmie
Syndrome de Löfgren
Tuberculose
Infections fungiques
Arthrite juvénile idiopathique
Maladie de Behcet
Syndrome de Sjögren
Histoplasmose, berrylliose
Syndrome de Blau (uvéite, arthrite, rash.)
Localisation extrapulmonaire
Indications formelles Indications variables
Atteinte du SNC Atteinte cutanée, lupus pernio
Atteinte cardiaque Atteinte musculaire
Atteinte oculaire résistante au traitement local Parotidite
Atteinte rénale Cholestase intrahépatique
Hypercalcémie Atteinte splénique
Atteinte hypothalamo-hypophysaire Atteinte gastrique
Anémie et thrombopénie auto-immune Atteinte osseuse et articulaire
Localisation pulmonaire
Abstention Indications formelles Indication recommandée Indication discutée
Stade 1 asymptomatique et EFR normales Stade 2-3 symptomatique Stade 2-3 avec aggravation progressive Stade 2-3 d’emblée
seuil à risque de rechute. La corticothérapie sera poursuivie (n = 46), la majorité des enfants (78 %) présentent une rémis-
sur une période de 18 mois. Une corticothérapie orale à jour sion complète à 6 ans du diagnostic, 15 % des enfants ont des
alterné pourra être envisagée en fin de traitement. Une séquelles ou une maladie active chronique, et trois enfants
augmentation de la corticothérapie au palier précédent est sont décédés. L’âge de survenue de la sarcoïdose ne semble
nécessaire en cas de rechute. Les bolus de méthylpredniso- pas corréler à la sévérité dans cette cohorte. La survenue
lone sont utilisés chez l’enfant dans les formes sévères multi- d’une atteinte du système nerveux central, oculaire, et
viscérales ou lors des fibroses pulmonaires. Compte tenu du cardiaque semble de plus mauvais pronostic.
risque d’hypercalcémie, il n’est pas recommandé de supplé-
mentation vitamino-calcique. En présence de corticorésis-
tance ou de corticodépendance, l’escalade thérapeutique se
■ Conclusion
fait au pas à pas. Le méthotrexate semble être un traitement En conclusion la sarcoïdose est une granulomatose chronique
efficace dans les cas de corticodépendance en permettant la pouvant atteindre plusieurs organes. Son diagnostic repose
réduction et l’arrêt de la corticothérapie chez l’adulte. Sa toxi- sur un faisceau d’arguments et sur l’exclusion des autres
cité hépatique nécessite une surveillance rapprochée (biopsie causes de granulomatose chronique. La décision de traiter
hépatique à la dose cumulative de 1-1,5 g). L’hydroxychloro- par une corticothérapie orale prolongée repose sur le degré
quine a été utilisé efficacement au cours des hypercalcémies d’activité, l’évolutivité et la sévérité de la sarcoïdose.
et dans les atteintes cutanées. Les anti-TNF (Infliximab, Etaner-
cept) ont été utilisés chez l’adulte sur des petites séries ou des ■ BIBLIOGRAPHIE
cas isolés dans les sarcoïdoses résistantes aux corticoïdes et CHAPELON-A BRIC C. Épidémiologie de la Sarcoïdose, et ses facteurs de
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