Chapitre Mondialisation Fiches 2008-2009
Chapitre Mondialisation Fiches 2008-2009
Chapitre Mondialisation Fiches 2008-2009
I. Un concept complexe
• enfin , la globalisation peut définir une nouvelle configuration qui marque une
rupture par rapport aux précédentes étapes de l’économie internationale
.Auparavant , l’économie était internationale , car son évolution était
déterminée par l’interaction de processus opérant essentiellement au niveau
des états nations . La période contemporaine verrait ainsi l’émergence d’une
économie globalisée , dans laquelle les économies nationales seraient
décomposées puis réarticulées au sein d’un système de transactions et de
processus opérant directement au niveau international . Cette définition est la
plus générale et systémique ; elle entend souligner une rupture qualitative par
rapport à l’ensemble des régimes internationaux qui se sont succédés depuis
l’émergence du capitalisme commercial
On assiste à une augmentation du volume des échanges et à une diversification : des échanges de biens et services,
mais aussi de capitaux et d’hommes
a. La Balance Commerciale
o Investissements directs
o Investissements de portefeuille
o Autres investissements.
Le terme le plus fréquemment retenu pour décrire une entreprise qui a implanté des
filiales de production et de distribution dans différents pays est le terme firme
multinationale (FMN) .
Pourtant, celui-ci est discutable. En effet :
- il conduit à penser que les firmes pourraient avoir plusieurs nationalités.
- Or, on constate que quasiment toutes les firmes conservent une nationalité
de référence : celle de leur nation d’origine.
Nous retiendrons donc le terme FTN car , selon R.Sandretto : « le préfixe trans est
incontestablement mieux adapté à la situation actuelle de ses firmes . Son double
sens ( celui de traverser et celui de dépasser ) signifie que les FTN sont le
prolongement extraterritorial de leur nation d’origine , qu’elles débordent
( dépassent ) tout en traversant les espaces des pays d’implantation . La firme n’est
donc pas au-dessus des nations ; elle en est au contraire un principe actif.
Inversement, la nation ne se confond pas avec la délimitation des frontières
territoriales , en particulier la nation américaine pourrait s’étendre , via ses FTN
bien au-delà des limites des Etats associés aux 50 étoiles de la bannière » .
Typologie des pays éméttant les IDE : la hiérarchie des pays à l’origine de l’IDE a elle aussi évolué :
• en 1914 , 45% du stock total d’IDE était détenu par le RU , 18 par les EU , 12 par la France , 10 par
l’Allemagne .
• en 1960 , le premier rang est détenu par les EU : 52 % , le RU tombe à 17% , la France à 6,5 , la RFA à 1 , le
Japon à 0,8 .
• En 82 , les EU toujours leaders ne détiennent plus que 46% du stock d’IDE , suivis de la RFA à 8 % , du
Japon et du RU à 6 , de la France à 5 .
• En 1997 les EU ne détiennent plus que 25,6% du stock d’IDE, le royaume uni 11,7%, le Japon 8 %, les autres
pays développés 45 %, les NPI 10 % .Les pays en voie de développement bien qu’en progression notable ,
représentent toujours une proportion négligeable de l’IDE .
Typologie des pays recevant les IDE : la hiérarchie des pays recevant l’IDE a été profondément transformée :
• en 1914 , 63% du stock d’IDE était destiné aux PVD ( 37% aux pays développés ) .
• En 60 , 32% aux PVD ; 68% aux PDEM .
• En 1990, 20% aux PVD, 80% aux PDEM.
• En 1997 30% pour les PVD et 70 % aux PDEM.
Typologie en fonction des secteurs : ceci résulte d’une évolution des secteurs dans lesquels est réalisé l’IDE .
Comme l’écrit J.Adda :
• « jusqu’à la seconde guerre mondiale , la majeure partie des IDE était concentrée dans les secteurs agricoles
et miniers , l’IDE était moins animé par une logique de concurrence à l’échelle mondiale que par une logique
de concurrence entre les nations pour l’accès aux ressources du sol et du sous-sol .La prépondérance des flux
d’investissement n’était que le reflet à la course à la constitution d’empires coloniaux ou de zones d’influence
où les nations les plus puissantes pourraient trouver les ressources nécessaires à leur industrie . »
Au contraire aujourd’hui la majeure partie de l’IDE se dirige vers le secteur industriel et, phénomène nouveau et en
forte expansion vers les services.
• les FMN primaires qui sont essentiellement implantées dans les PVD et qui sont concentrées dans les secteurs
de l’extraction minière du pétrole ou des produits agricoles s’implantent à l’étranger afin de pouvoir exploiter
les ressources naturelles du sol .
• les FMN à stratégie commerciale qui visent à s’implanter sur des marchés porteurs ou de grande taille ( Inde
ou pays riches ) en contournant les barrières protectionnistes mises en place par de nombreux pays (en voie
de développement ( cf. le Brésil dans les années 60 ) ou développés ) en établissant des filiales relais qui
montent une gamme de produits calqués sur ceux de la maison mère .
Pour la relation entre barrières protectionnistes et ce type d’IDE : Ce type d’IDE devrait diminuer avec la réduction
des barrières protectionnistes accélérées par la création de l’OMC . En réalité , il semble que les entreprises
préfèrent s’implanter à l’étranger afin de mieux apprécier les choix des consommateurs . Une entreprise n’a pas
intérêt à céder la licence malgré les redevances que celle-ci lui rapporte qui sont moins aléatoires qu’un
investissement productif sur place , car comme l’écrit J.Adda : « les exemples abondent d’entreprises , souvent
japonaises , ayant acquis des technologies étrangères par achat de licences dans les années 50 et 60 qui ont pu , 20
ans ou 30 ans plus tard racheter leur ancien cessionnaire . Il apparaît ainsi que les entreprises ayant des avantages
spécifiques ont le plus souvent à intérêt à les préserver et donc à assurer elles-mêmes leur exploitation
internationale . A la limite , une entreprise a intérêt à internaliser tout actif lui offrant un avantage compétitif
majeur , autrement dit à bloquer sa diffusion sur le marché . l’internationalisation apparaît ainsi liée à
l’internalisation comme réponse aux imperfections du marché , dans un contexte de concurrence oligopolistique . »
• la transnationalisation répond enfin à une stratégie productive ( docs 3 et 4 p 264-265 °: dans ce cas , la
conquête du marché local d’implantation n’est plus la raison essentielle de l’implantation de la filiale . En
effet , la production de la filiale atelier qui est spécialisée dans la fabrication d’une partie du produit sera
exportée vers le pays qui prendra en charge le montage final . On assiste alors à une véritable Division
Internationale des processus productifs. La firme transnationale va implanter ses filiales dans les pays en
fonction de la capacité de chaque pays à effectuer au moindre coût la pièce ou le sous-ensemble qui lui a été
confié . Ceci conduit à une véritable internalisation de la production , les relations entre les filiales et la
maison-mère donnant lieu à un véritable commerce intra-firme .
pour un bon exemple d’analyse de DIPP(division international des processus productifs , le cas des Pontiac le
mans : http://perso.orange.fr/revision-bac-es/terminale_es/chap13/dipp.htm
M.Porter peut ainsi opposer :
• les stratégies multinationales pratiquées par les firmes multinationales dans les années 60 qui consistaient à
produire sur plusieurs marchés nationaux des biens adaptés à chaque marché . La production des firmes n’est
donc pas spécialisée , chaque filiale est un centre de profit qui entretient des relations avec la maison mère et
non avec les autres filiales .
• aux stratégies globales qui visent à unifier la gamme des produits au niveau mondial et donc à faire de
chaque filiale une unité spécialisée dans la fabrication d’un composant particulier du produit fini en fonction
des avantages comparatifs de chacun .
Conclusion : selon R.Reich,ce phénomène porte en lui les germes de la disparition de la nationalité des firmes ,
puisque la firme devient une structure mondiale en forme de réseaux dans laquelle la propriété du capital
importe moins que la capacité à mobiliser et à combiner les compétences de toute nationalité en vue de réaliser les
objectifs recherchés par la firme . Dès lors la firme se sert du pays dont elle est issue en fonction de ses besoins ,
mais son intérêt n’est pas complémentaire à celui du pays . Par exemple , par le biais des délocalisations , elle peut
accroître sa compétitivité tout en augmentant le chômage dans son pays d’origine .
Relativisation : Il n’en reste pas moins que les firmes transnationales , en particulier américaines , sont largement
soutenues par les autorités des pays dont elles sont issues , ce qui relativise l’analyse de Reich .
Elles sont apparues à la fin des années 50 , en rejetant les hypothèses sur lesquelles étaient
bâties les analyses traditionnelles de Ricardo et d’HOS , en particulier celles de :
• concurrence pure et parfaite à laquelle elles substituent celle de concurrence
imparfaite de type oligopolistique
• d’immobolité internationale des facteurs de production , à laquelle elles substituent le
développement des IDE
La théorie du cycle de vie de Vernon démontre que l’entreprise innovatrice qui dispose au
départ d’un monopole technologique voit progressivement les barrières à l’entrée ( brevets ,
etc ) qui la protégeait tomber au fur et à mesure que le produit arrive à maturité . Elle va
donc délocaliser sa production afin de :
• réduire ses coûts
• et/ou adapter ses produits à la demande locale
En contrepartie , la firme agressée sur son territoire par l’implantation d’une transnationale ,
va répondre en investissant sur le territoire de l’autre afin d’affaiblir la position du leader
chez lui dans son prinipal centre de profit . Ce phénomène peut être interprété comme un
échange de menaces ( exemple : quand Firestone s’est implanté en France , Michelin a
racheté Uniroyal aux Etats Unis afin de mettre en difficultés Firestone sur son propre
territoire et donc d’inciter la firme américaine à réduire ses ambitions en France )
R.Coase peut alors en conclure que quand les coûts de transaction sur les marchés sont
plus élevés que ceux de l’organisation de la firme, celle-ci va s’internaliser et créer son
propre marché.
Pour avoir plus de connaissances sur la stratégie des FTN : un artcile de C.Aubin dans les cahiers français
Les théories traditionnelles du commerce international consacrent le rôle des seules nations au détriment des
stratégies des véritables acteurs des échanges que sont les grandes firmes, les échanges intragroupes des sociétés
multinationales représentant par exemple près d'un tiers du commerce mondial. Après avoir brossé un tableau de la
réorganisation des modes de production et de l'internationalisation de l'activité des entreprises, Christian Aubin
traite la question de l'investissement direct à l'étranger, analysant les facteurs qui le déterminent et ses
conséquences sur le commerce des produits, relation considérée in fine comme plutôt positive.
Dans le prolongement des théories modernes du commerce international, qui mettent l'accent sur les déterminants
technologiques et les imperfections de concurrence, l'analyse est amenée à prendre en compte les stratégies des
firmes. Ce faisant on assiste à un rapprochement entre les analyses relevant de l'économie internationale et de
l'économie industrielle(1). L'intérêt de cette évolution théorique apparaît au regard de l'internationalisation de
l'activité des entreprises. Face à une mondialisation qu'elles contribuent elles-mêmes à promouvoir, les firmes sont
poussées à réviser l'échelle de leurs opérations et leurs modes d'organisation.
On estime aujourd'hui que les échanges intragroupes des sociétés multinationales représentent environ 33 % du
commerce mondial et leurs exportations vers des entreprises non affiliées, 33 %. La part significative des échanges
intragroupes s'explique par la constitution de réseaux de filiales résultant d'une implantation des différents éléments
du processus de production dans les pays différents. Cette réorganisation des modes de production passe par un
développement des investissements directs à l'étranger. Les liens réciproques entre dette activité d'investissement et
le commerce international deviennent un sujet de préoccupation de premier plan(2) et l'importance des enjeux rend
souvent difficiles les négociations multilatérales sur l'investissement direct à l'étranger (négociations de l'AMI,
Accord multilatéral sur l'investissement, dans le cadre de l'OCDE) (voir encadré ci-contre).
La théorie du cycle international de vie du produit a illustré la possibilité d'un déplacement de l'avantage relatif, et
donc des courants d'échange, en fonction des caractéristiques des différentes étapes de la vie du produit. Si le
processus de production lui-même peut faire l'objet d'une segmentation en étapes, alors la même logique doit
conduire à envisager la délocalisation de ces étapes en fonction de la distribution internationale des avantages
relatifs. Chaque opération élémentaire est effectuée là où elle est la moins coûteuse, en raison d'une meilleure
adaptation des conditions locales (dotations factorielles, compétences...).
La logique sous-jacente à la spécialisation et à l'échange dans le cadre d'une division internationale du processus
productif est semblable à celle qui fonde le commerce des produits dans l'analyse traditionnelle du commerce
international. C'est essentiellement une logique d'exploitation des différences. Toutefois, une spécificité apparaît en
raison du caractère intermédiaire des biens échangés. La réalisation d'une étape de production dans un pays donné
peut impliquer des importations en provenance des pays assurant des étapes en amont du processus et des
exportations vers des pays spécialisés en aval de ce même processus. L'échange peut ainsi être de type intrabranche.
De plus, exportations et importations sont liées : la nature des exportations ne dépend pas seulement de
caractéristiques nationales, mais aussi de la nature des importations. Les avantages relatifs que la spécialisation
internationale cherche à exploiter s'expriment en termes de capacité à s'insérer efficacement dans le processus
global de production. Parce qu'elles sont interdépendantes, les différentes opérations doivent s'inscrire dans un
cadre qui coordonne les activités des unités de production délocalisées. L'analyse est ainsi conduite à prendre en
considération l'organisation des firmes à l'échelle internationale.
Dimension de l'intégration des activités des firmes
Dans une perspective d'économie industrielle, l'évolution des firmes peut être schématiquement représentée en
considérant deux dimensions de l'intégration de leurs activités : l'intégration par la propriété des actifs et
l'intégration par la coordination(3).
Le degré d'intégration le plus faible est associé à une firme adoptant une stratégie d'exportation à partir de bases
nationales. La firme dite " multidomestique " développe des implications dans plusieurs pays pour satisfaire des
demandes locales (création de " filiales relais " dans le cadre d'une stratégie de marché). La coordination des
activités s'accroît avec la multinationalisation pour mettre en oeuvre une division internationale des processus
productifs (création de " filiales ateliers " dans le cadre d'une stratégie de rationalisation de la production). La
globalisation se caractérise par une forte intensité de coordination au sein de réseaux d'entreprises conservant leurs
propres bases nationales. Les stratégies de marché et de rationalisation de la production tendent à se fondre tandis
que s'impose une stratégie techno-financière qui fonde l'internationalisation sur les actifs intangibles de la firme et
permet une diversification sous des modes originaux (sous-traitance, cession de marques, participations
minoritaires...).
Dans une perspective d'économie internationale, le passage d'une stratégie d'exportation à une stratégie de
délocalisation pose la question de l'investissement direct à l'étranger, des facteurs qui le déterminent et de ses
incidences sur le commerce des produits.
L'investissement direct à l'étranger (IDE)
Il peut être défini comme une opération par laquelle un investisseur basé dans un pays (pays d'origine) acquiert un
actif dans un autre pays (pays d'accueil) avec l'intention de le gérer. Cette intention assure la distinction entre IDE
et investissement de portefeuille.
Logiques de réorganisation
De multiples facteurs peuvent être associés au deuxième élément du paradigme OLI. Une présence physique sur les
marchés étrangers est parfois nécessaire pour y être compétitif. C'est notamment souvent le cas dans les industries
de services. L'implantation à l'étranger peut aussi s'inscrire dans le cadre d'une division internationale du processus
productif. L'investissement direct à l'étranger répond alors à une logique de réorganisation verticale. Celle-ci peut
aussi être horizontale lorsque des opérations de production similaires sont effectuées dans des pays différents. La
délocalisation peut alors répondre à une volonté de s'affranchir d'entraves au commerce (frais de transport des
produits, protectionnisme commercial du pays d'accueil) ou permettre une meilleure adaptation au marché
(proximité des consommateurs, ajustement aux nonnes locales, meilleure connaissance des concurrents locaux).
L'internalisation de l'exploitation des actifs permet d'éviter les coûts associés aux transactions entre sociétés
indépendantes, coûts liés à la passation des contrats et à la garantie de la qualité. Elle assure un meilleur contrôle
sur l'utilisation des technologies, notamment si l'environnement juridique dans le pays d'accueil n'offre pas des
garanties jugées suffisantes en matière de protection de la propriété intellectuelle en cas d'octroi de licences pour
l'exploitation d'une technologie mise au point par l'entreprise. Par ailleurs, il peut y avoir une sous-évaluation par le
marché d'une telle technologie si, pour l'exploiter pleinement, on doit faire appel à des technologies
complémentaires, à des connaissances et à des compétences qu'il n'est pas facile de trouver en dehors de
l'entreprise.
L'investissement direct à l'étranger affecte de façons multiples les économies du pays d'origine et du pays d'accueil.
On s'accorde généralement à reconnaître dans l'investissement étranger un important vecteur de transfert
international de technologie. Par les transferts directs aux filiales, mais aussi par les retombées sur leur
environnement (formation de la main-d'oeuvre locale, assistance technique aux fournisseurs et clients locaux...),
l'investissement étranger peut contribuer à une élévation de la productivité dans le pays d'accueil. Même si cette
voie d'amélioration de l'efficacité productive varie selon les secteurs et les pays, elle semble suffisamment
prometteuse pour pousser de nombreux pays à rechercher activement, par des incitations directes (financières ou
fiscales) ou indirectes, des investissements en provenance de l'étranger.
Nous pourrions encore nous attarder sur la question des effets en termes d'emploi, notamment dans le pays
d'origine, de l'investissement direct à l'étranger. L'analyse sur ce point rejoint celle présentée à propos de la
concurrence des NPI et il demeure difficile de fournir une évaluation précise et non controversée des gains ou des
pertes d'emplois engendrés par le développement des investissements à l'étranger. En privilégiant le point de vue de
l'économie internationale, nous laisserons ces questions de côté pour leur préférer une réflexion sur les
conséquences de l'investissement direct à l'étranger sur le commerce des produits.
Conclusion
Pour voir l’évolution des IDE : On peut donc en conclure que la mondialisation des économies s’accélère et
qu’elle devient une donnée incontournable . Ainsi , comme le constate F.Chesnais , base 100 en 75 , la FBCF se
situe à 300 en 89 , le PIB à 350 , les échanges mondiaux 375 et l’IDE à 800 , alors qu’il n’était encore qu’à 200 en
85 . Cette accélération de l’investissement direct a été facilitée et s’explique par l’intégration financière
internationale (les 3 D: désintermédiation , dérégulation , décloisonnement ) .
• La troisième celle de la formation des taux de change : qui joue un rôle essentiel dans la
compétitivité des produits ; le taux de change est le point de contact entre l’économie
nationale et le reste du monde . Le mode de fixation de ce taux de change va donc
exercer une grande influence .
Pour la présentation et la critique par les libéraux des taux de change fixes :
- dans le cadre du SMI issu de Bretton Woods , la formation des cours de change est déterminée administrativement
par les autorités monétaires ; elles ne reflètent pas toujours le taux de change d’équilibre du marché qui résulte de la
confrontation entre l’offre et la demande de devises
- dans le système de changes fixes mais ajustables , qui est celui issu de Bretton Woods , quand le décalage
entre le cours vrai de la monnaie et le cours administré est trop important les autorités finissent par
décider un réajustement monétaire ( dévaluation ou réévaluation ) . Mais durant la période intermédiaire
, durant laquelle il ne se passe rien , les spéculateurs qui anticipent le réajustement vont se déchaîner , ce
qui va entraînait des coûts pour la Banque Centrale , qui doit défendre sa monnaie
o Définition
Le système de change actuel est basé sur les changes flexibles qui résulteraient de
l’application de la loi de l’offre et de la demande de devises
Pour en savoir plus sur les étapes de la mondialisation financière : un article de P.Jacquet dans Problèmes
économiques
Si, historiquement, la mondialisation financière n'est pas un phénomène nouveau, sa profondeur et sa diffusion font
d'elle une des évolutions majeures des deux dernières décennies. Trois étapes marquent cette mondialisation :
l'effondrement du système monétaire international de Bretton Woods, les innovations financières et le mouvement
de déréglementation. Ces deux dernières entretiennent une dynamique et des relations complexes. Quelle est la part
de volontarisme des autorités gouvernementales en la matière ?
(...) Un processus comme celui de la mondialisation financière ne peut être vraiment daté. Il se nourrit de la
conjonction d'un certain nombre de facteurs : l'accroissement de l'interdépendance par le commerce et
l'investissement, l'évolution du système monétaire international dans les années soixante-dix, le progrès technique,
la concurrence et la déréglementation, la montée de la dette publique, la réalisation du marché unique européen,
l'ouverture financière dans les pays en développement et les négociations multilatérales sur l'échange des services
financiers.
Libéralisation financière et régime de change
L'effondrement du système monétaire international de Bretton Woods, entre 1971 et 1973, conduit en 1976 au
second amendement des statuts du Fonds monétaire international (FMI), dans le cadre des accords de la Jamaïque
qui entrent en vigueur en 1978 et sanctionnent le flottement entre les grandes monnaies. Dans un tel contexte, les
contrôles des mouvements de capitaux perdent leur intérêt, car le flottement des monnaies introduit une marge de
manoeuvre complémentaire pour gérer les déséquilibres potentiels de la balance des paiements. C'est avec le souci
de préserver la stabilité des taux de change que la mobilité des capitaux ne fait pas bon ménage, selon le fameux
"triangle de Mundell"(1), à savoir l'incompatibilité de la mobilité parfaite des capitaux, de la fixité des taux de
change et de l'autonomie des politiques monétaires au niveau national. L'acceptation du flottement des changes
ouvre donc la voie au démantèlement des barrières réglementaires, à un moment où nombre d'économistes,
notamment ceux de l'école de Chicago, recommandent précisément le flottement des taux de change et la liberté de
mouvement des capitaux susceptible de conduire à une meilleure allocation de l'épargne mondiale(2).
Parallèlement, le progrès des technologies de l'information et de la communication facilite de plus en plus les
transferts et les montages financiers internationaux. La finance est en effet largement liée à la collecte et au
traitement de l'information(3). Les avancées informatiques sous-tendent également d'importants progrès des
mathématiques financières qui facilitent la tarification des nouveaux instruments. L'innovation financière connaît
dans les années quatre-vingt un développement fulgurant, élargissant considérablement le menu d'instruments
financiers à la disposition des acteurs, investisseurs, spéculateurs ou trésoriers d'entreprise. Les produits dérivés,
déjà utilisés sur les marchés des matières premières, se répandent : futures, swaps, options ou combinaisons de ces
différents éléments, sur les marchés des changes et les marchés des taux. Il s'agit de contrats construits à partir de
("dérivés" de) variables sous-jacentes (titres, taux d'intérêt ou de change, indices boursiers) et qui permettent de
couvrir certains éléments du risque et de transformer quelques-unes des caractéristiques financières de ces variables
sous-jacentes. Ils s'échangent soit sur les marchés organisés, soit de gré à gré. Ainsi, certains produits dérivés
permettent l'échange d'actifs financiers à taux fixes en actifs à taux variables, ou de titres libellés dans une certaine
devise ou dans une autre. D'autres, les options, donnent le droit d'acheter (option call) ou de vendre (option put) un
actif financier à un prix fixé et avant une date déterminée(4).
L'innovation financière permet de décomposer le risque en plusieurs composants et d'échanger ces composants sur
les marchés. Elle contribue à mettre ainsi en correspondance, pour les différents agents, le risque désiré et le risque
effectivement pris. Elle facilite donc l'activité économique et l'allocation des ressources. Elle conduit cependant à
une complexification croissante des transactions financières et des canaux de prise de risque, posant aux autorités
de réglementation et de supervision, qu'elles soient publiques ou privées au sein des grands groupes, des problèmes
considérables de suivi et d'analyse des risques, mais aussi de définition des modalités de réglementation, de contrôle
et d'intervention.
Dès lors, les excès sont difficiles à déceler et peuvent entraîner des ruines spectaculaires : les plus marquantes
furent celles de Metallgesellschaft, perdant 1,3 milliard de dollars sur des futures pétroliers en décembre 1993 ;
d'Orange County aux États-Unis, avec une perte de 1,7 milliard de dollars en décembre 1994 due à une spéculation
malheureuse à la baisse des taux d'intérêt sur des produits dérivés sur taux d'intérêt et sur des titres de dette
publique ; de la banque Barings qui, suite aux agissements incontrôlés de Nicholas Leeson (28 ans), a perdu près
d'un milliard et demi de dollars sur l'indice Nikkei en février 1995 ; ou encore de Sumitomo Corporation qui, en
mars 1995, a perdu 1,8 milliard de dollars sur des futures sur le marché du cuivre après avoir caché les pertes
pendant de nombreuses années(5). Et, bien sûr, la faillite du fonds spéculatif LTCM (Long Term Capital
Management) en octobre 1998, qui montre combien les montages les plus sophistiqués ne protègent pas même des
prix Nobel contre un risque de liquidité résiduel que rien, finalement, ne permet d'évacuer.
Le mouvement de déréglementation
Innovation, concurrence et déréglementation vont de pair. Le terme "déréglementation" n'est en fait pas approprié
pour décrire l'évolution observée. En effet, il s'agit davantage d'une adaptation de la réglementation existante, qui
conduit à éliminer certaines réglementations, que la concurrence et l'innovation rendent coûteuses ou désuètes, et à
les remplacer par d'autres réglementations plus efficaces. Ce terme véhicule donc l'image trompeuse d'un marché
livré à lui-même sans contrôle ni supervision. Cette image provient également du fait que l'évolution de la
réglementation correspond cependant bien à une libéralisation des marchés. Elle laisse davantage de liberté aux
différents intervenants, autorise un vaste menu de transactions et repose sur la notion d'un contrôle moins intrusif.
La dialectique réglementation/innovation, suivant laquelle l'innovation répond à la réglementation existante, la
rend désuète et conduit à la "déréglementation", apparaît comme une constante dans l'évolution historique des
marchés financiers(6). Elle rend difficile tout exercice qui consisterait à juger si les mouvements observés sont dus
aux décisions des gouvernements ou à la dynamique des marchés. Les décisions sont importantes, mais elles
traduisent souvent des réactions aux évolutions, plutôt que des démarches volontaristes pour façonner ces
évolutions.
Il n'en reste pas moins que d'importantes décisions de déréglementation ont été prises dans les vingt dernières
années(7). C'est aux États-Unis que le mouvement commence au début des années quatre-vingt, avec un ensemble
de mesures destinées à encourager la concurrence sur les marchés financiers, la poursuite de l'élimination des
plafonds de taux d'intérêt engagée dès la seconde moitié des années soixante-dix et, pour renforcer l'attrait du
marché américain, l'élimination en 1984 de la retenue à la source de 30 % sur les intérêts d'obligations souscrites
aux États-Unis par des étrangers. La place de Londres embraye en préparant dès 1983 le "Big Bang" d'octobre
1986, qui met fin aux commissions fixes sur les transactions financières et à la distinction entre les courtiers
(brokers) et les contrepartistes (market makers), qui ouvre la Bourse à des participations extérieures et qui met en
place un système informatisé de transactions en continu. Cette réforme bouleverse les conditions de concurrence sur
les places financières et pousse les autres places à s'engager également dans un mouvement de déréglementation.
Ce mouvement a été amplifié par l'Union européenne avec la création du marché unique, qui portait notamment sur
la libre circulation des capitaux et le libre-échange des services financiers. La libéralisation de la finance
européenne a progressé rapidement tout au long des années quatre-vingt. Les derniers verrous ont sauté avec la
directive européenne sur la mobilité des capitaux, adoptée en 1987. En France, le début des années quatre-vingt a
été marqué par l'instauration de contrôles des capitaux visant à permettre au pays de mener des politiques
économiques différentes de celles de ses voisins tout en maintenant le franc au sein du Système monétaire européen
(SME). Dès 1983, cependant, la politique économique a opéré un virage à 180 degrés, et le gouvernement a
délibérément poursuivi la modernisation de la place de Paris et la déréglementation(8). Il s'agissait alors
notamment d'attirer les financements étrangers et de diminuer le coût du service de la dette publique.
Nombre de pays en développement ont également considérablement libéralisé leurs marchés financiers, notamment
dans le but d'attirer les investissements étrangers. La littérature économique s'est également penchée, au début des
années quatre-vingt-dix, sur le rôle du développement de la finance dans le processus de croissance, poursuivant
ainsi les travaux antérieurs sur les défauts des systèmes financiers "réprimés" dans lesquels les transactions sont
pénalisées et les signaux de prix distordus(9). Enfin, les négociations du cycle de l'Uruguay sur les services
financiers, longues et délicates, ont aussi contribué à porter l'attention sur le fonctionnement des marchés
financiers, sur la différence entre libre mobilité des capitaux et non-discrimination sur les marchés, sur l'avantage
de la libre concurrence entre institutions financières nationales et étrangères, dans les pays industrialisés aussi bien
que dans ceux en développement(10). (...)
Source : Problèmes économiques, n° 2669 Pierre Jacquet, directeur adjoint de l'IFRI (Institut français des relations
internationales), rédacteur en chef de Politique étrangère.
La mondialisation a alors une conséquence : les autorités publiques ne peuvent plus mener de manière
indépendante leur politique économique. Leur seule tâche est alors de rendre leur territoire attractif pour attirer les
FTN ( docs 1 p 266 , 5 p 267)
On assisterait ainsi, selon de nombreux auteurs libéraux , à une mondialisation de l’économie qui signifierait
( selon F.Fukuyama cf chapitre introductif ) la fin de l’histoire et de la géographie , l’économie de marché
traduisant l’état naturel de la société universelle , pour le bien-être de tous(7 p 312) . Néanmoins cette vision
parait trop idyllique et mérite d’être relativisée
Il est nécessaire de remettre en cause certaines idées préconçues sur les FTN .
Excepté les FTN issues des petites économies ouvertes, pour lesquelles une division du travail à l’échelle
internationale s’impose (Nestlé Suisse, Electrolux Suède emploient respectivement 96 et 82 % de leurs salariés hors
de leur pays d’origine. On ne constate pas réellement d’entreprises véritablement globales
• les grandes FTN, en particulier américaines, pourtant engagées de longue date dans un processus
d’internationalisation, n’ont que très partiellement multinationalisé leur production.
• l’incorporation de dirigeants étrangers dans la haute hiérarchie des entreprises multinationales reste tout à
fait exceptionnelle
• la transnationalisation des marchés financiers ne semblent pas avoir entraîné une diversification
géographique des sources de financement des FTN. Elles continuent à financer leurs investissements sur les
marchés financiers locaux
• bien que la demande se globalise, que quelques produits emblématiques se diffusent dans le monde entier
( coca-cola, Windows,... ), cela ne signifie pas, qu’à terme les modes de vie s’homogénéisent. La majeure
partie de la consommation reste conditionnée par des déterminants spécifiques à chaque société. De ce fait,
les FTN, en dépit de leurs efforts, ne peuvent transformer en profondeur des comportements inscrits dans
l’histoire. Elles doivent donc, plutôt que des biens destinés au marché mondial, répondre à des demandes
différenciées selon les pays.
• l’idée de techno globalisme est encore plus profondément démentie. Comme l’écrit R.Boyer : « Non
seulement les pays protègent différemment les droits de la propriété intellectuelle, mais encore les grandes
firmes continuent à considérer que l’innovation constitue la source de leur compétitivité, et qu’à cet égard,
elle ne doit pas être disséminée sur des espaces géographiques qui seraient hors de son contrôle direct ou
indirect, via l’Etat de leur nation d’origine. »
Conclusion : Ainsi, on peut en conclure avec R.Boyer que « la firme globale relève plus du projet, voire du mythe
que de la pratique des grandes FTN. La trajectoire de celle-ci reste marquée par l’histoire longue de leur
constitution et de leur évolution sur un espace national particulier. »
B . Les FTN , un bilan contrasté
Le postulat libéral : Comme l’indique CA Michalet : « dans l’optique de la conception ultra-libérale (... ),
l’implantation des FMN doit jouer un rôle d’entraînement automatique sur les structures productives locales.
L’investissement étranger joue le même rôle que la création de pôles de croissance. »
Les limites : Mais, en réalité, les effets d’entraînement sur les économies en voie de développement sont
relativement réduits, pour 3 raisons essentiellement selon Michalet :
• les entreprises des PVD ne sont généralement pas capables de livrer des produits dont les qualités
correspondent aux attentes des FMN.
• elles ne sont pas compétitives, car elles utilisent généralement des technologies dépassées et parce qu’elles
sont mal gérées.
• elles n’arrivent pas à produire dans les délais qui sont impartis par la firme.
Conséquences : Dès lors :la multinationale préfère internaliser sa production en assurant une décomposition
internationale des processus productifs. Comme le conclue Michalet : « l’intérêt des FMN et la préoccupation
industrialisante des pays membres ne coïncident donc pas » On comprend alors
• pourquoi, en particulier dans les années 60 et 70, les PVD ont été très méfiants à l’égard des FMN et : « ont
opéré une discrimination entre les investissements nationaux et les investissements étrangers.
• Néanmoins, à partir des années 1980, les PVD ont été obligés de changer d’attitude par rapport aux FMN. :
- Comme l’indique B Coriat Et D Taddei : « avec la globalisation l’objectif principal des Etats n’est plus
de contrôler les activités des firmes étrangères ; il est de les attirer. »
- En effet, avec l’abandon de la stratégie d’ISI remplacée par la SPE ( voire supra), les PVD ont essayé
d’attirer les FMN qui, selon eux, sont à l’origine du succès des NPI ( cette opinion est à relativiser,
puisque dans un pays comme la Corée du Sud, l’Etat s’est efforcé de freiner l’implantation des FMN afin
de maintenir son indépendance ).
- La concurrence que se livre aujourd’hui les pays pour attirer les multinationales ne signifie pas que
ceux-ci se développeront ; par contre, ils considèrent que sans apport du capital étranger, ils ne se
développeront pas ; c’est donc une condition nécessaire mais non suffisante.
Conclusion : Comme nous l’avons vu précédemment, la stratégie des FMN n’est pas sans inconvénient pour les
pays riches ; les délocalisations qui sont opérés par les FMN conduisent à des résultats ambigus :
• Selon certains, elles ne feraient que reprendre, en l’adaptant au nouveau contexte, la logique ricardienne,
chaque pays se spécialisant dans la production pour laquelle il a un avantage comparatif ; les FMN, en
s’implantant dans les PVD, détruisent certes des emplois peu qualifiés dans les PDEM, mais vont contribuer
à leur développement et donc à fournir des débouchés aux industries de haute technologie des PDEM.
• Pour d’autres au contraire dont Reich, les délocalisations ne font que traduire l’intérêt égoïste des firmes qui
ne recoupe pas l’intérêt des nations dont elles sont issues. De même les 3 D n’ont pas eu les effets vertueux
qu’ils devaient engendrer.
Contrairement à ce qu’affirmaient les libéraux, la volatilité des taux de change est beaucoup plus forte depuis
l’instauration des taux de change flexibles, ce qui a généré plus de spéculation
Constat : Comme le constate R.Boyer : « en dépit de la multiplicité des facteurs de déstabilisation, les espaces
nationaux sont loin de s’être fondus dans un nouvel ensemble complètement mondialisé. En effet, paradoxalement,
la mise en concurrence des différents capitalises semble avoir stimulé leur différenciation. » Ainsi, on pourrait
opposer :
• à une logique anglo-saxonne préférant le court terme,
• un modèle rhénan et japonais misant sur la stimulation de l’innovation productive et la compétitivité de long
terme.
Remarque : Il ne faut pas en outre surévaluer l'influence des marchés financiers internationaux sur les politiques
économiques. Certes :
• le keynésianisme à l’échelle nationale semble mis à mal, cédant la place à une nouvelle orthodoxie ( une
pensée unique ? ) privilégiant stabilité monétaire et compétitivité extérieure.
• Néanmoins, le style des politiques économiques demeure imprégné de fortes spécificités nationales.:
- la nature et l’ampleur des interventions publiques,
- le degré de coopération capital - travail permis par les relations industrielles,
- la qualité de la spécialisation industrielle,
- la politique de formation,
- la mise en place d’infrastructures
- Ces éléments définissent autant de contraintes ou d’opportunités pour la politique économique et
façonnent par la même des stratégies nationales fortement contrastées.
Pour voir l’évolution des idées «économiques depuis le XVII° siècle ne ce qui concerne les échanges
internationaux :
Selon ce que j'appelle " l'histoire officielle du capitalisme ", et qui nourrit le débat sur le développement et la
mondialisation, le monde s'est développé au cours des derniers siècles de la façon suivante.
• A partir du XVIIIe siècle, on assiste à la réussite industrielle du " laisser-faire ". La Grande-Bretagne
prouve la supériorité de l'économie de marché et du libre-échange en devançant la France, dirigiste, son
principal concurrent à l'époque, et en s'instituant comme le pouvoir économique mondial suprême. Une
fois qu'elle eut abandonné la déplorable protection de son agriculture (la loi sur les blés) et les autres
reliquats de mesures protectionnistes mercantilistes en 1846, elle fut en mesure de jouer le rôle d'architecte
et de puissance tutélaire d'un nouvel ordre économique mondial " libéral ". Cet ordre mondial, mis au
point vers 1870, était fondé sur une politique industrielle interne de " laisser-faire ", de faibles barrières
pour les flux de marchandises, de capitaux et de main-d'oeuvre, et sur la stabilité macroéconomique, à la
fois nationale et internationale, garantie par l'étalon-or et par le principe de l'équilibre budgétaire. Il
s'ensuivit une période de prospérité sans précédent.
• Malheureusement, si l'on en croit cette histoire, les choses se sont gâtées avec la Première Guerre
mondiale. En réaction à l'instabilité qu'elle a provoquée dans le système politique et économique mondial,
les pays ont recommencé à ériger des bar rières douanières. En 1930, les Etats-Unis abandonnent eux aussi
le libre-échange et augmentent leurs droits de douane avec la loi scélérate Smoot-Hawley (2), que le
célèbre économiste libéral Jagdish Bhagwati désigna comme " l'acte le plus éclatant et le plus dramatique
de la sottise antilibérale " (Bhagwati, 1985, p. 22, note 10). Le système mondial de libre-échang+ prit fin
en 1932, quand les Britanniques, jusque-là champions du libéralisme, succombèrent à la tentation et
réintroduisirent des droits de douane. La contraction et l'instabilité de l'économie mondiale qui en
résultèrent, puis la Seconde Guerre mondiale, détruisirent les derniers vestiges du premier ordre mondial
libéral.
• Après la Seconde Guerre mondiale, quelques progrès significatifs furent faits en matière de libéralisation+
des échanges par le biais des premières discussions du Gatt (l'Accord général sur les tarifs douaniers et le
commerce). Toutefois, les approches dirigistes du management de l'économie dominèrent
malheureusement la scène politique jusque dans les années 70 dans le monde développé et jusqu'au début
des années 80 dans les pays en développement+ (ainsi que dans les pays communistes jusqu'à leur
effondrement en 1989). Selon Sachs et Warner (1995), de nombreux facteurs contribuèrent à la poursuite
du protectionnisme+ et de l'interventionnisme dans les pays en développement (p. 11-21). Il y avait les
" mauvaises " théories, comme celle des " industries naissantes ", celle de la " grande poussée " (the Big
Push) et le structuralisme latino-américain, sans parler de diverses théories marxiennes. Il y avait aussi les
dividendes politiques du protectionnisme, tels que le besoin de construire une nation et celui d'" acheter "
certains groupes d'intérêt. Enfin, il y avait les héritages du contrôle du temps de guerre, qui persistaient en
temps de paix.
• Par bonheur, dit-on, les politiques interventionnistes ont été largement abandonnées dans le monde depuis
les années 80 avec l'essor du néolibéralisme, qui a mis l'accent sur les vertus du gouvernement modeste,
des politiques de " laisser-faire " et de l'ouverture internationale. A la fin des années 70, notamment dans
les pays en développement, la croissance économique a commencé à chanceler dans tous les pays, en
dehors de l'Asie de l'Est et du Sud-Est, où l'on pratiquait déjà les " bonnes " politiques économiques
(économie de marché et libre-échange). Cet échec de la croissance, qui s'est fréquemment manifesté par
des crises économiques au début des années 80, montrait les limites de l'interventionnisme et du
dirigisme+ à l'ancienne. En conséquence, de nombreux pays en développement ont choisi de réorienter
leur politique dans un sens néolibéral.
• Lorsqu'ils se combinent avec la mise en place de nouvelles institutions de gouvernance+ comme l'OMC,
ces changements de politique au niveau national forment un nouveau système économique mondial,
comparable par sa prospérité - potentielle, du moins - au premier " âge d'or " du libéralisme (1870-1914).
Renato Ruggiero, le premier directeur général de l'OMC, soutient que, grâce à ce nouvel ordre mondial,
nous pouvons désormais " éradiquer la pauvreté dans le monde dès les débuts du siècle prochain (le XXIe)
- une utopie il y a seulement quelques décennies, mais une réelle possibilité aujourd'hui " (1998, p. 131).
Constat : Les mercantilistes vivent dans un monde économique qui ne connaît pas de
croissance économique durable.
Conséquences : Ils en sont donc conduits à conclure que le stock de richesses dans le
monde est constant, c’est-à-dire qu’il a été déterminé une fois pour toutes par Dieu et qu’il
ne pourra évoluer.
répercussions théoriques : Dès lors, cela va influencer la vision que les mercantilistes
ont du commerce international. Ils en sont amenés à conclure que l’échange
international est un jeu à somme nulle, que ce que gagnent les uns est forcément
perdu par les autres. Les pays se livrent donc une guerre économique.
Conclusion : On se rend donc bien compte que l’objectif du mercantilisme n’a pas une
finalité économique mais politique, ce qui démontre qu’à cette époque l’économie n’occupe
pas la place qu’elle occupera à partir de Smith.
Partie 2 – Les théories classiques de l’échange
I. Une remise en cause de l’analyse mercantiliste
La théorie classique de l’échange introduite par Smith rompt avec la théorie mercantiliste.
Constat : En effet, elle se situe dans un autre cadre économique : c’est une période de
bouleversements économiques (cf la révolution industrielles)
Répercussions : Smith envisage pour la première fois la possibilité d’une croissance
économique durable et auto entretenue.
Conséquences : Dès lors, l’échange international devient un jeu à somme positive, non
plus nulle. En effet, chacun des 2 partenaires, en se spécialisant, va bénéficier d’une
amélioration de son bien-être.
Conclusion : On voit bien ici que s’impose la logique libérale chère à Smith : chacun des
deux partenaires n’échange que s’il y trouve son intérêt. C’est l’extension au niveau
international de la vision contractualiste et individualiste que Smith a développé au niveau
individuel, puis national.
Mesures de politiques économiques pronées : Il faut alors tout faire pour que les
échanges puissent être réalisés le plus facilement possible, en particulier Smith est
favorable à la suppression des barrières douanières et des protections que les
mercantilistes avaient accumulées ( suppression des privilèges des différentes compagnies
des Indes )
Smith s’inscrit dans le cadre d’un homo oeconomicus égoiste et rationnel qui ne
recherche que son intérêt matériel
Mais la théorie de Smith, pour moderne qu’elle soit, n’est pas sans inconvénient. En effet :
- elle est très limitée puisqu’elle ne concerne que les productions pour lequel les
pays disposent d’un avantage absolu d’origine naturelle. Dès lors, le pays ne
disposant d’aucun avantage ne peut échanger, ce qui limite le développement du
commerce.
- Smith est peu clair sur l’origine des avantages absolus
Pour en savoir plus :Smith lui-même se contredit quand il écrit : « l’avantage qu’a un artisan
sur son voisin qui exerce un autre métier n’est qu’un avantage acquis et cependant tous les
deux trouvent plus de bénéfice à acheter l’un de l’autre que de faire eux-mêmes ce qui ne
concerne pas leur aptitude particulière. » Dans l’exemple de l’Ecosse, l’avantage absolu est
d’origine naturelle ; dans celui de l’artisan, il est acquis ; la différence est essentielle. En
effet, le pays ne dispose alors d’un avantage absolu que parce qu’il s’est spécialisé ; un
autre pays pourrait très bien faire la même chose en protégeant son industrie.
Conclusion : la théorie de Smith est très moderne car elle est la première à rompre avec la
conception mercantiliste de l’échange à somme nulle, mais elle reste très frustre et peu
approfondie.
Cette théorie est basée sur 6 hypothèses qui doivent toutes être vérifiées simultanément
pour que l’analyse de Ricardo demeure valable
• Hypothèse n° 1:Principe de la libre circulation à l’intérieur de chaque pays : il
n’existe aucune entrave au libre déplacement des marchandises et des facteurs de
production (capital et travail) ( 5 p 400 )
• Hypothèse n°2 : à l’échelle internationale, les marchandises se déplacent
librement. Par contre, les facteurs de production sont immobiles.(3 p 494)
Pour voir l’importance de ces 2 hypothèses : Comme l’écrit R.Sandretto, « ces 2 hypothèses
reprises également par les théoriciens néo-classiques sont très importantes ; elles fondent
la spécificité du commerce international, ce sont elles qui expliquent en quoi les échanges
internationaux diffèrent des échanges intérieurs. » En particulier, dès lors que les facteurs
de production sont mobiles de pays à pays, toutes l’analyse de Ricardo( mais aussi celle
d’HOS ) est remise en cause.
• Hypothèse n°3 : dans chaque pays, les marchés de biens et de facteurs sont
soumis à la concurrence pure et parfaite.
• Hypothèse n°4 : Ricardo retient la loi de la valeur travail, ce qui signifie que bien
que les entreprises utilisent du travail et du capital simultanément, les marchandises
s’échangent en proportion des quantités de travail nécessaires à leur fabrication ( le
capital étant du travail accumulé ).
• Hypothèse n°5 : quel que soit le bien considéré, sa production est supposée
exiger la mise en oeuvre de facteurs (travail, capital, ressources naturelles )
dans des proportions fixes. Pour produire un bien, une seule technique est
disponible à un moment donné et dans un pays donné (il n'y a pas de possibilité de
substitution entre facteurs : exemple on ne peut remplacer du travail par du capital).
• Hypothèse n°6 : la production s’effectue à coût ou à rendements d’échelle
constants, c’est-à-dire que le pays ne dispose d’aucun avantage à produire à grande
série plutôt qu’en petite.
Pour voir la logique smithienne de cet échange : Si l’on prend la logique smithienne :
• le Portugal dispose par rapport à la Grande-Bretagne d’un avantage absolu dans les 2
productions puisqu’il lui faut moins d’heures de travail pour produire du vin (80 contre
120) et du drap (90 contre 100). Smith en conclurait que les 2 pays n’échangeraient
pas puisque le Portugal dispose d’un avantage absolu dans les 2 cas.
• Si chaque pays désire produire une unité de chaque bien, les coûts de production
mondiaux en situation autarcique sont de:120 + 100 +80 +90 = 390 heures de
travail. Si le Portugal consacrait sur son territoire toute la production mondiale, les
coûts de production deviendraient : (2x 80) + (2 x 90) = 340 heures. On observe donc
une nette amélioration, mais cette solution est impossible pour 2 raisons :
- le Portugal n’aurait aucun intérêt à échanger avec l’Angleterre qui ne lui apporterait
rien, puisqu’elle n’a aucun avantage absolu
- les facteurs de production étant immobiles, le Portugal ne peut importer la main
d’œuvre anglaise ( 5 p 400)
- Ricardo va alors démontrer tout l’intérêt d’une spécialisation
Conséquences : les coûts comparatifs entre les deux pays sont donc différents , si l’on
compare pour chaque production , les coûts des 2 pays , on constate que :
• l’Angleterre est moins désavantagée dans la production de draps : 90 / 100 = 90 %
• que dans la production de vin : 80 / 120 = 66 %
• l’Angleterre possède donc un avantage comparatif dans le drap, le Portugal dans le vin
et c’est de cette différence des avantages comparatifs que va résulter l’échange entre
les deux pays.
• En effet, le marchand de drap anglais a intérêt à exporter sa production vers le
Portugal puisque au lieu d’obtenir une unité de vin contre 1,2 unités de drap, il obtient
1 unité de vin contre 0,89 unités de drap. Les Anglais vont donc se spécialiser dans la
production de drap et abandonner la production de vin.
• Au contraire, les marchands de vin portugais se rendent compte que, si, au Portugal, il
faut donner 1 unité de vin pour obtenir 0,89 unités de drap, s’ils exportent leur
production de vin vers la Grande-Bretagne, ils obtiendront 1,2 unités de drap contre 1
unité de vin. Ils améliorent donc leur bien-être. Les Portugais vont donc se spécialiser
dans la production de vin et abandonner la production de drap.
• Chaque pays a donc intérêt à se spécialiser dans la production pour laquelle son coût
comparatif est le plus faible : les deux pays seront gagnants à l’échange tant que le
rapport d’échange international qDi /qVi sera compris entre les 2 rapports d’échange
internes : 0,89 < qDi /qVi < 1,2.
• Si le rapport d’échange est de 0,89, les marchands portugais n’y gagnent rien mais ne
sont pas perdants. Par contre, les marchands anglais améliorent leur bien-être. La
situation est inversée si le rapport d’échange est de 1,2.
• Par rapport à la situation d’autarcie étudiée au début, on constate que si l’Angleterre et
le Portugal se spécialisent en fonction de leurs avantages comparatifs respectifs , les
coûts de production mondiaux deviennent : (80 x 2 ) + ( 100 x 2 ) = 360 heures , soit
un gain de 30 heures par rapport à la situation autarcique .
Les véritables objectifs de la démonstration ricardienne :On voit donc que l’analyse
de Ricardo a pour objectif de :
• justifier la suppression des corn laws qui interviendra après 1830 mais qu’elle n’est pas
neutre politiquement et socialement : elle traduit la montée en puissance de la
bourgeoisie industrielle au détriment de l’aristocratie agricole .
• De plus , l’analyse de Ricardo a pour objectif de justifier l’ouverture des frontières des
partenaires de l ’Angleterre qui dispose à cette époque d’une avance technologique ,
donc de faire de la Grande-Bretagne l’atelier du monde , alors que les autres pays
seraient quant à eux cantonnés à la production de biens agricoles , ce qui correspond à
une spécialisation nettement moins porteuse .
Sur la base de ces 2 hypothèses, HOS vont démontrer que « chaque pays doit se
spécialiser dans la production et l’exportation de biens qui utilisent intensément le facteur
de production le plus abondant » .En effet :
• conformément à la loi de l’offre et de la demande , si un pays dispose abondamment
de facteur travail et manque de capital , le coût du travail sera réduit alors que le coût
du capital sera élevé ,
• le pays a donc intérêt à se spécialiser dans les productions nécessitant un usage
intensif de travail qualifié de saving capital (c’est-à-dire économisant du capital )
• l’échange international de marchandises se révèle donc être un échange de
facteur abondant contre des facteurs rares
Pour voir les limites de la théorie : La théorie d’HOS est une théorie statique, c’est-à-dire
que :
• « la dotation en facteurs d’un pays va donc décider à tout jamais de sa place dans la
Division Internationale du Travail »
• Ainsi, chaque pays doit s’adapter passivement aux dotations factorielles dont il est
muni.
• Les pays ayant des dotations factorielles identiques n’ont aucun intérêt à échanger.
Comme chez Ricardo, c’est de la différence que naît l’échange puisque les disparités
des coûts de production s’expliquent par les différences de dotations en facteurs de
production.
Constat : or dans l’étude qu’il a mené en 1947 , Léontieff constate que les EU exportent
des produits qui en moyenne incorporent beaucoup moins de capital et plus de travail que
n’en requièrent leurs importations .
Explications : Léontieff va alors s’efforcer de donner une interprétation qui a pour objectif
de sauvegarder la théorie d’HOS . Ainsi les EU seraient en réalité relativement riches en
travail parce qu’à équipement égal le travailleur américain du fait d’une meilleure
organisation du travail , d’une meilleure qualification , ... serait trois fois plus productif que
le travailleur étranger . Les EU compteraient donc en 57 , non pas 65 millions de travailleurs
mais 195 millions ( 65x3 ) de travailleurs équivalents étrangers .
Critiques de l’analyse : L’analyse de Léontieff est plus que surprenante. En effet, il est
étonnant d’appeler paradoxe un exemple qui montre que la théorie est fausse.
• Les théories de Ricardo et d’HOS conduisent à considérer que plus les pays ont des
dotations factorielles différentes, plus leurs spécialisations seront complémentaires et
donc plus les échanges croisés seront élevés. Le commerce attendu est donc un
commerce de type Nord-Sud.
• Or, à partir des années 60, les économistes ont constaté que de forts courants
d’échange croisés de produits similaires entre pays présentant des caractéristiques
proches du point de vue des dotations factorielles se développaient.
L’exemple le plus représentatif est celui du marché commun : « il est devenu rapidement
évident que la première phase d’intégration européenne , le marché commun se faisait sur
le mode de l’intrabranche plutôt que sur celui de l’interbranche . L’intégration
économique n’avait pas pour corollaire la spécialisation .L’enjeu théorique de ce problème
empirique est important puisque les théories traditionnelles de la spécialisation visent à
expliquer l’interbranche. » Il semble donc qu’une part croissante des échanges ne puisse
être expliquée par les théories s’appuyant sur les dotations factorielles.
l’opposition de deux logiques : Ceci ne conduit pourtant pas Linder à rejeter la notion
d’avantage comparatif mais plutôt à fonder les avantages comparatifs sur de nouvelles
bases .
- Ricardo et HOS ont développé une logique de l’offre
- contrairement à Linder qui, étant un économiste keynésien, va partir de la
demande
On arrive alors au second grand apport de Linder : vers qui le pays va-t-il pouvoir exporter ?
Conclusion : elle est alors aux antipodes de celle expliquant l’échange international dans
les théories de dotations factorielles :
- « l’identité des dotations en facteurs facilite donc le commerce qu’entrave au
contraire leurs différences »
- -le développement des échanges Nord-Nord comparativement à l’atonie relative
des échanges Nord-Sud conduit à penser que la théorie de Linder est plus à même
d’expliquer le commerce international contemporain que celles de Ricardo et d’HOS
.
Constat: ainsi si les échanges intrabranches se développent entre pays présentant des
dotations factorielles proches (cf. Linder) il n’en reste pas moins que les produits ne sont
pas rigoureusement identiques. Il présente un potentiel de différentiation résultant de leur
image de marque, de leurs qualités spécifiques.
Limites : Néanmoins la logique de différenciation ne peut s’exprimer que dans les pays
ayant un niveau de vie élevé : ce qui explique que l’échange intra-branche se fasse
principalement entre les PDEM.
Partie 3 – Les théories du cycle de vie du produit
A. L’analyse de M.Posner
Selon Posner, c’est donc l’avance technologique caractérisant un pays qui conduit à
déterminer les avantages comparatifs du pays.
Le déterminant du commerce international, selon Posner, réside alors dans l’écart
technologique entre les pays :
• les pays en avance exportent des produits intensifs en nouvelles technologies
• les pays en retard sont spécialisés et exportent essentiellement voire uniquement des
produits banalisés
Posner part du principe ( déjà développé par Ricardo ) qu’une firme qui introduit un
nouveau produit peut profiter d’un monopole provisoire à l’exportation jusqu’à ce que les
brevets tombent et que des firmes imitatrices lancent un produit comparable à un prix plus
faible . L’analyse de Posner est intéressante car elle permet de dynamiser le modèle de
Ricardo dans la mesure où les différences d’avantages comparatifs peuvent être expliqués
par des écarts technologiques entre les partenaires participant à l’échange. Dès lors les
avantages comparatifs ne tombent plus du ciel ; en contrepartie, les hypothèses de
concurrence ne peuvent plus être appliquées.
A partir de l’examen des firmes américaines des années 50-60, R.Vernon montre qu’ « une
production traverse généralement une série de phases :
• Démarrage : le produit apparaît, la production se fait en petites séries et le prix est
élevé
• croissance exponentielle: le produit est au point, les économies d’échelle
permettent une baisse des prix ce qui assure une augmentation de la demande
• ralentissement : le bien est largement diffusé, c’est surtout un achat de
renouvellement
• déclin : le produit devient obsolète
Dans un premier temps, il se situe dans le cadre d’un pays ( les USA ) et regarde comment
évolue le produit au cours des différentes phases de sa vie :
Conséquences : Dès lors, le pays innovateur et le pays imitateur précoce vont tous deux connaître
un déficit de leur balance commerciale sur ce bien,les PVD connaissant un excédent . Les entreprises
qui produisent le bien dans les PVD peuvent être des filiales des grandes entreprises qui ont
délocalisé leur production afin de réduire leurs coûts et/ou de se rapprocher des marchés de
consommation.
• dans un troisième temps, les producteurs locaux s’attaquent aux marchés des pays
voisins.
- Les importations de matières premières en provenant de pays moins développés
s’accroissent. On assiste donc à une expansion des échanges entre PVD.
- Durant cette phase le pays considéré entreprend une production de biens
d’équipements qui se substitue aux importations en provenance des PDEM
• durant une quatrième phase, le pays va exporter une partie de sa production de biens
d’équipement vers les PVD qui, pour répondre à leur demande intérieure ou pour
produire à moindre coût et réexporter des biens de consommation, ont besoin de
machines
Cette théorie a connu un vif succès, car elle permet de mieux comprendre le
développement de la zone asiatique :
- dans un premier temps, le Japon a produit puis exporté des biens de consommation
bas de gamme (le textile ) puis il s’est spécialisé sur des productions apportant une
plus forte valeur ajoutée ( électronique grand public ) qu’il a exportées non
seulement vers sa zone mais vers les PDEM .
- le Japon, au fur et à mesure de sons développement, a alors développé une
industrie de biens d’équipement pour répondre à ses besoins domestiques. Il a par
la suite exporté une partie de sa production vers des pays moins développés (les 4
dragons du Sud-est) vers lesquels il délocalisait la production de biens de
consommation pour lesquels il n’était plus compétitif, suite à l’augmentation de ses
coûts de main-d’œuvre.
- le schéma est en train de se reproduire avec les tigres vers lesquels le Japon, mais
aussi les dragons délocalisent des productions nécessitant une main-d’œuvre
faiblement rémunérée
I. La compétitivité-prix
Il nous faut alors définir la compétitivité hors-prix ou structurelle qui est la capacité
à imposer ses produits sur le marché indépendamment de leur prix .L’entreprise
grâce à l’innovation , à l’amélioration de la qualité de ses produits , à son adaptation
à la demande , à la qualité de ses services , ... peut gagner des parts de marché tout
en maintenant des prix plus élevés que ceux de ses concurrents .Les entreprises
bénéficient ainsi d’une meilleure rentabilité qui peut être à l’origine d’un cercle
vertueux .
III. Conclusion :
Répercussions : elles peuvent s’exercer aussi bien vers l’aval que vers l’amont que
latéralement entre les firmes :
• vers l’aval : les clients peuvent bénéficier :
- des gains de productivité acquis par les pôles grâce aux rendements
d’échelle et surtout à l’apprentissage des facteurs qui influencent l’évolution
de la demande.
- Ils bénéficient aussi de produits intermédiaires plus innovants, de meilleure
qualité qui leur permettront de mieux satisfaire leurs clients.
• vers l’amont : en direction des fournisseurs et des sous-traitants car les pôles
offrent :
- des débouchés réguliers et généralement croissants (d’où économies
d’échelle)
- et des incitations à innover.
• latéralement : entre les firmes composant le pôle par la diversification des
produits, l’incitation à l’innovation, ils permettent de dynamiser la concurrence
oligopolistique et donc la compétitivité du pôle.
C o n clu sio n : Le pôle permet ainsi de constituer des filières de production qui
améliorent la cohésion du tissu productif (en développant les synergies ) et
permettent ainsi de réduire la contrainte extérieure que subissent les pays .
Selon Lafay :
• « la spécialisation d’une nation n’est pas le fruit d’une adaptation passive à des
tendances spontanées, elle doit découler d’un effort permanent pour utiliser au mieux
ses atouts dans un environnement en perpétuel mouvement.
• Seule l’innovation peut permettre à l’industrie française de créer des avantages
comparatifs et de les renouveler continuellement , soit par le lancement de nouveaux
produits , soit par l’adoption de processus de production plus efficaces .
• Et pour innover efficacement, il ne suffit pas de faire des efforts de R-D, il faut que les
entreprises choisissent leurs cibles, en fonction de l’étude prospective du marché
mondial, tant sur la demande que sur l’offre concurrente.
• Au lieu d’effectuer des efforts uniformes dans tous les domaines, les entrepreneurs ont
pour mission de prendre des risques, de dépasser la concurrence sur certains créneaux
et sur certaines filières plutôt que sur d’autres, bref de mettre au premier rang
l’impératif de la spécialisation.
• Cela implique évidemment que l’on renonce à être présent dans certaines activités et
donc que l’on abandonne les visions mythiques telle que la reconquête du marché
intérieur :celles-ci n’ont de sens que dans une économie vouée à l’autarcie . Dans tous
les pays qui ont choisi de s’ouvrir à la concurrence internationale , plus personne ne se
pose la question de savoir s’il faut se spécialiser ; à partir du moment où l’on a préféré
l’économie ouverte à l’autarcie , l’impératif de spécialisation l’emporte inéluctablement
.»
Il en est de même pour les nations : chaque nation peut faire évoluer sa dotation relative
en facteurs de productions en fonction des innovations qu’elle réalise pour s’adapter ou
devancer l’évolution de la demande mondiale. Les nations vont , en fonction de cette
capacité d’adaptation , développer ou non leurs exportations et donc connaître des
rythmes de croissance plus ou moins forts .
Pour l’exemple de l’échec de la relance de 1981 :L’exemple typique est celui de la relance keynésienne menée en
1981 par la France qui , à propension à importer constante ( m = M / PIB ) s’est traduite mécaniquement par une
poussée des importations alors que dans le même temps nos partenaires appliquaient des politiques de rigueur qui
diminuaient leur propension à importer et donc nos exportations .
• la contrainte extérieure n’est pas seulement déterminée par le rythme de croissance du PIB ; elle est aussi
fonction des coûts de production d’un pays . Celui-ci ne peut se permettre sous peine de voir sa compétitivité-
prix diminuer et donc sa balance commerciale devenir déficitaire de voir son coût salarial (et plus largement
ses coûts de production) progresser plus vite que celui de ses partenaires . Cela semble condamner une
politique keynésienne par augmentation des salaires
• A plus long terme , l’accumulation des déficits par un pays qui rend sa balance commerciale structurellement
déficitaire nécessitera des importations de capitaux croissantes qui aggraveront le déficit de la balance des
capitaux et qui , à terme , entraîneront une méfiance des prêteurs qui exigeront du pays des taux d’intérêt
plus élevés ou qui même refuseront tout nouveau emprunt , dès lors que le pays a buté sur sa contrainte de
solvabilité .
a ) L’exemple français
Constat : La France , malgré une amélioration notable depuis le milieu des années 80 , se caractérise par un certain
nombre de faiblesses du point de vue de sa compétitivité :
• la France est peu spécialisée , c’est-à-dire qu’elle est présente sur beaucoup de marchés ( le slogan au début
des années 80 était : il n’y a pas d’ industries condamnées , il ya seulement des technologies dépassées ) , sans
bénéficier d’aucune avantage comparatif réel
• la France est mal spécialisée : n’ayant pas su opérer suffisamment tôt des choix sur des créneaux porteurs , la
France ne dispose d’aucune position forte sur les marchés connaissant une demande mondiale dynamique
( cf. l’exemple de l’informatique l’échec de Bull lancé dans les années 60 par la politique gaullienne de
champions nationaux)
• la France ne dispose pas véritablement de pôles de compétitivité structurés lui assurant une compétitivité
hors-prix , les entreprises françaises étant concentrées sur des produits relativement banalisés sont très
sensibles à la variation de leurs coûts de production et donc à leur compétitivité-prix
Conclusion : Le résultat de tout ceci est que l’économie française est très sensible à la contrainte extérieure.
L’analyse que fait F.Milewski de l’amélioration du solde de la balance commerciale est à cet égard moins optimiste
que ne le laisseraient penser les chiffres :
• Certes après 12 ans de déficit commercial( sauf 1986 ) la France a connu depuis 1992 un excédent croissant
jusqu’au début des années 2000,
• mais celui-ci résultait au moins autant de l’atonie (faiblesse) de la croissance que l’on a pu observer durant
les années 90 que de l’amélioration de la spécialisation .
• En effet , depuis 1982 , la France applique une politique de désinflation compétitive qui a permis de diminuer
les coûts salariaux et donc d’améliorer la compétitivité-prix .
• Aujourd’hui , cette politique trouve ses limites , tous les pays européens l’appliquant simultanément elle n’a
plus rien de compétitive , ce qui explique la dégradation de la balance commerciale depuis les années 2000 :
l’économie française ayant mal résisté à la valorisation de l’euro, ses produits étant moins compétitifs du
point de vue des prix. La forte dégradation de l’année 2005 est d’autant plus inquiétante qu’elle se situe dans
un contexte de forte croissance du commerce mondial, les parts de marché détenues par l’économie française
ont donc régressé.
• Par contre , elle freine la croissance économique potentielle , donc l’augmentation de la demande , donc la
progression des importations ( à propension à importer constante ) .
• Une lecture attentive de l’amélioration de la balance commerciale conduit donc à penser que celui-ci résulte
au moins en partie d’un décalage conjoncturel favorable à la France ( qui croît moins vite que ses
partenaires, surtout que les USA ou le royaume uni ) plutôt que d’une amélioration sensible de sa
compétitivité hors-prix ( même si celle réelle ne doit pas être sous-estimée ) .
b ) L’Allemagne
Constat : Contrairement en France , l’Allemagne est un pays spécialisé depuis fort longtemps qui dispose donc de
pôles de compétitivité très performants ( en particulier dans la machine-outil ) qui lui ont permis de structurer des
filières cohérentes ( principalement la chimie et la mécanique ) .
Les limites de la spécialisation allemande : La situation de l’Allemagne paraît donc très enviable aux français , il
n’en reste pas moins qu’aujourd’hui un certain nombre d’observateurs se demande dans quelle mesure l’Allemagne
n’est pas un géant aux pieds d’argile . En effet :
• sa spécialisation manque de dynamisme ; elle n’a pas su s’adapter à l’évolution de la demande mondiale ; les
points forts de l’Allemagne ont été constitués durant la seconde révolution industrielle basée sur la mécanique
et la chimie . Il est donc normal que l’Allemagne excelle dans ses productions qui portent plus souvent sur
des petites séries de produits spécialisés en faisant appel à une main-d’œuvre ouvrière très qualifiée .
• Mais l’Allemagne n’a pas su prendre le train de la troisième Révolution industrielle basée sur les
technologies électroniques . Dès lors , sa spécialisation se révèle de plus en plus inadaptée à l’évolution du
commerce mondial et les hauts salaires qu’elle verse à sa population ne sont plus compensés par la
compétitivité hors-prix qui se dégrade .
c ) Les Etats-Unis
d ) Le Japon
Présentation de La stratégie japonaise : elle est particulièrement intéressante : elle peut être assimilée à une
stratégie de remontée des filières :
• dans un premier temps , les entreprises japonaises ont concentré leurs efforts sur des produits de
consommation grand public pour lesquels elles pouvaient bénéficier d’économies d’échelle . Elles ont donc
développé en particulier la photo , la hi-fi des produits moyens de gamme , bourrés d’électronique qui ont
mis à mal les produits hauts de gamme mécaniques allemands .
• les entreprises japonaises ont pu alors constitué des pôles de compétitivité cohérents , caractérisés par une
forte concurrence , une capacité d’innovation élevée qui leur ont permis de passer des produits moyens de
gamme à des produits hauts de gamme et d’occuper une position dominante sur le marché .
• ces pôles de compétitivité ont ainsi servi de base pour investir les autres postes de la filière et , en particulier ,
forts de l’expérience acquis dans l’électronique de consommation , les entreprises japonaises ont développé
des biens d’équipement basés non plus sur la mécanique ( Allemagne ) mais sur l’électronique .
Conclusion :Elles ont opéré ainsi une stratégie de remontée de filière qui est conforme à la logique du modèle de
K..Akamatsu .
Néanmoins aujourd’hui la stratégie japonaise semble mise à mal sur les créneaux les plus porteurs par le retour de
l’économie américaine
Les auteurs libéraux considérant que le protectionnisme débouche sur une situation sous-
optimale
Pour voir les effets pervers du protectionnisme dans les années 30 :
l’expérience es années 30 a montré que le pays qui met sur pied une politique
protectionniste afin de protéger son industrie nationale va subir à son tour des mesures de
rétorsion de la part de ses partenaires étrangers, ce qui risque de déboucher sur une
généralisation du protectionniste, qui ne peut que freiner la croissance et détruire des
emplois
1. Des PDEM
Le protectionnisme a un coût pour le consommateur, puisque cela augmente le prix du produit. Cette mesure a donc
détérioré le pouvoir d’achat des consommateurs les plus défavorisés qui ont du payer plus cher des produits bas de
gamme que les PVD leur auraient procuré à un prix beaucoup plus réduit.
Les pays d’Asie du Sud-Est ne sont pas aujourd’hui seulement source de destruction d’emplois ; ils représentent la
zone qui connaît la plus forte croissance économique et qui fournit donc des débouchés à nos entreprises, en
particulier dans les secteurs à forte valeur ajoutée dans lesquels l’industrie française est en train de se spécialiser
(ex : T.G.V. en Corée du Sud ) . Fermer nos frontières c’est se priver des débouchés dans cette zone et donc se
priver d’emplois.
1. Des PDEM
L’application de mesures protectionnistes en maintenant artificiellement des emplois dans des secteurs où elle n’est
plus compétitive ( ex : textile ) retarderait une spécialisation sur les secteurs les plus dynamiques , qui (comme l’ a
montré Lafay) nécessite d’opérer des choix . La France ne pouvant être présente sur tous les marchés, il faut qu’elle
opère une stratégie de spécialisation qui dynamisera sa croissance économique Sauvegarder des emplois dans les
secteurs traditionnels, c’est au contraire perpétuer une spécialisation sur les produits où l’on se concurrence par la
compétitivité-prix ; c’est donc à terme détériorer la compétitivité structurelle de l’industrie française qui rejoindrait
le rang des pays intermédiaires en quittant celui des PDEM
La politique protectionniste est donc néfaste pour le pays qui l’applique, mais elle risque en outre de freiner le
développement des PVD En effet, les PVD n’ayant pas de marché intérieur suffisamment solvable pour assurer un
décollage économique (cf. cercle vicieux de Nurske et échec de la stratégie de l’industrialisation par substitution
d’importations ) sont obligés d’appliquer une stratégie de promotion des exportations leur permettant , en
particulier , de rembourser les dettes qui ont été nécessaires pour financer les investissements assurant le take off .
Les PDEM ne peuvent avoir un double langage : souhaiter le décollage des PVD et en même temps par des
mesures protectionnistes leur interdire d’y accéder
Conclusion :Le protectionnisme un jeu à somme négative
Une politique protectionniste n’est donc pas neutre économiquement, elle engendre une redistribution des revenus
des consommateurs qui perdent du pouvoir d’achat suite à la hausse des prix vers les producteurs qui maintiennent
artificiellement des prix élevés. Elle représente donc un jeu à somme nulle. Le jeu est même à somme négative, si
comme le montre l’exemple de l’industrie textile canadienne , les barrières douanières incitent les producteurs à se
spécialiser vers les produits les moins porteurs , laissant ainsi à leurs concurrents étrangers les spécialisations les
plus dynamiques
Dans les années 60, les pays décolonisés mettent en place des stratégies de développement basées sur le
protectionnisme . Ces stratégies se révèleront un échec
1. Présentation de la stratégie
- Comme le pays est en retard par rapport aux PDEM, il n’est pas compétitif au niveau des
produits industriels
- Pour permettre à l’industrie de se développer,il faut mettre en place une protection
douanière
- Les produits du pays remplacent alors les produits importés
2. Les résultats
Remarque : Cette stratégie présente de nombreux points communs avec celle de l’ISI,
dont elle est fréquemment complémentaire.
1. Présentation
Solutions préconisées : Il faut donc appliquer une stratégie alternative visant à favoriser
le développement de secteurs moteurs :
• Partant de l’expérience de l’Allemagne, à la fin du XIX° siècle, ou de l’URSS de Staline,
les partisans de cette stratégie ont préconisé l’investissement dans les industries de
biens d’équipement qui sont considérés comme des industries industrialisantes,
permettant d’assurer la propagation du processus d’industrialisation à l’ensemble de la
structure productive de l’économie .
• Ces industries présentent de surcroît l’avantage d’assurer un développement
autonome puisque le pays n’est plus à terme dépendant des importations de biens
d’équipement en provenance des PDEM
Comme la stratégie précédente, celle-ci nécessite un prélèvement opéré sur les
consommateurs et le secteur agricole, afin de financer l’effort d’investissement qui est
extrêmement coûteux.
2. Les résultats
Ces stratégies se sont aussi souvent révélées inadaptées aux besoins de pays :
- La production effectuée est de mauvaise qualité et est excessive par rapport à la
demande
Exemple : Un exemple de programme pris souvent comme référence est celui dit : basic
industry strategy, appliqué par la Tanzanie à partir de 1974, qui cherchait à établir des
synergies entre secteur agricole et industrie : l’agriculture étant le principal débouché des
produits industriels (engrais, houes), et la principale source d’approvisionnement
• résultats
les partisans des technologies appropriées considéraient que les pays pouvaient choisir ,
en toute liberté ,des technologies qui leur semblaient les plus adaptées à leurs besoins . Or
, comme l’écrit M.Ikonicoff: « ce choix n’existe pas . En effet , quels que soient les facteurs
qui provoquent le démarrage de l’industrialisation , le processus s’oriente en fonction de la
demande d’un certain type de biens ( produits dans les pays industrialisés ) et qui
correspond aux attentes des minorités locales ( ...) L’élection de la technologie utilisée au
même moment dans les pays industrialisés pour la production d’un même type de biens
est la seule démarche rationnelle pour l’entrepreneur . » L’erreur commise par les PVD a
été de considérer que la technologie était un stock de connaissances définies une fois pour
toutes , alors que c’est un flux qui se renouvelle perpétuellement . Ainsi , en choisissant
des technologies qui auraient été compétitives à des époques passées , les pays ont
accumulé un retard qui a freiné d’autant plus leurs capacités à innover et a accru leur
retard par rapport aux PDEM
• résultats
Ces stratégies ont surestimé les capacités des Etats des PVD à gérer et à
organiser le développement. En effet :
- comme l’indique G.Myrdal : « les pays sous-développés sont tous à des degrés
variables des Etats mous (soft states) » .Ainsi, on constate que les PVD se
caractérisent généralement par un manque d’autorité de l’Etat, une législation
déficiente, un non respect des lois qui peuvent s’accompagner de phénomènes de
collusion et de corruption qui sont inconnus à ce degré en Occident.
- Par exemple, parlant de la Tunisie, H.BEJI écrit : « les moeurs du pouvoir sont celles
des pressions engagées par la masse contradictoire d’intérêts particuliers de ceux
qui détiennent une responsabilité. Tout le reste de la vie sociale est ignorée. Ainsi
un droit légitime ne sera jamais octroyé en tant que tel à cause de son inviolabilité :
le droit d’être soigné, d’être défendu, ... Mais il sera presque toujours octroyé
comme une faveur ... La privatisation de la vie politique est à la base de la
déchéance du droit. Les groupes dominants y sont tellement accoutumés que la
notion de vie publique a perdu toute signification pour eux. »
- Dès lors, on ne peut pas considérer que les Etats des PVD soient aptes à lancer des
stratégies de développement cohérentes, et l’on comprend mieux l’échec des
politiques menées dans la plupart des PVD. Constat : Le paradigme du « trop
d’Etat » a remplacé celui du « pas assez d’Etat » , selon G.GRELLET .En effet ,
même si , excepté les auteurs ultralibéraux , personne ne conteste la nécessité
d’une intervention de l’Etat , celle-ci doit être mesurée à l’aune de son efficacité :
l’expérience montre que , dans de nombreux PVD , l’intervention de l’Etat a généré
des effets contre-productifs .
• dans les pays où l’Etat est omniprésent mais n’a pas la capacité d’imposer
des mesures qu’il instaure :
o les entreprises développent des marchés parallèles qui leur permettent
d’échapper aux prélèvements publics. En contrepartie, elles doivent verser
aux fonctionnaires et au pouvoir des pots de vin leur évitant des sanctions
o Ceci permet de rompre avec une vision idéaliste ( selon les libéraux ) qui fait
des agents de l’Etat des individus altruistes , cherchant à maximiser le bien-
être général , alors qu’en réalité , ils veulent améliorer leur bien-être
personnel.
Conclusion : Les résultats très décevants obtenus par ces stratégies expliquent le
désintérêt croissant pour les analyses tiers-mondistes et le recours aux idées libérales qui
ont d’autant plus le vent en poupe, qu’elles semblent à première vue à l’origine des
stratégies de développement des pays d’Asie (cf chapitre mondialisation)
a. L’analyse de J.S.Mill
Selon J.S.Mill,les pays pauvres sont les grands gagnants de l’échange international. En effet,
ils se caractérisent :
- par des capacités de production généralement plus réduites que celles des pays
riches, en raison de la faiblesse de leurs capacités d’investissement
- par une demande plus faible en raison de la faiblesse du revenu des ménages.
- Ainsi, les marchés dans lesquels sont spécialisés les pays pauvres se caractérisent
par une sous-production déterminant une hausse des prix alors que ceux des pays
riches connaissent une surproduction (résultant de la forte capacité de production
du pays riche et de la faible capacité d’absorption du pays pauvre) engendrant une
baisse des prix.
Dans l’optique libérale qui va de Smith à HOS, le libre-échange est optimal et conduit à une
amélioration du bien-être de tous les échangistes .En effet, les pays ayant basé leur
spécialisation sur des dotations factorielles complémentaires ont intérêt à laisser librement
entrer les produits, car il bénéficie ainsi de biens de meilleure qualité à des prix plus réduits,
ce qui améliore la satisfaction des consommateurs
le principe :HOS vont chercher à montrer comme l’écrit Sandretto que : « En dépit de
l’immobilité internationale des facteurs de production , leur rémunération tendrait
néanmoins à s’égaliser dans tous les pays sous l’influence du commerce international des
marchandises »
explication du modèle :
- à l’origine le pays s’est spécialisé dans la production qui utilisait intensément le
facteur le plus abondant donc le moins cher ; mais, suite à cette spécialisation ,
l’utilisation du facteur abondant va s’intensifier , ce qui à terme va augmenter son
coût : le facteur devenant plus rare .
- Au contraire le facteur rare voit son utilisation diminuer puisque le pays importe les
biens nécessitant son utilisation, le facteur rare devient alors plus abondant et donc
moins coûteux.
Stolper avec Samuelson a complété la théorie d’HOS par le théorème suivant : si un pays
instaure un tarif douanier sur l’importation des biens incorporant un facteur rare
, cela conduit à augmenter le revenu relatif de ce facteur rare au détriment des
facteurs abondants
Exemple de compréhension : en Angleterre au XVIII° siècle, la terre est un facteur rare ,
les propriétaires terriens sont alors protectionnistes , car le libre-échange abaisserait la
rente foncière dont ils bénéficient ( la terre étant rare , sa rémunération est élevée ) . La
protection du marché du blé va augmenter le revenu des propriétaires terriens au détriment
des consommateurs et des industriels qui paient les produits agricoles à un prix plus élevé
que s’ils étaient importés
Conséquences : le protectionnisme conduit à privilégier des intérêts particuliers de ceux
qui bénéficient de la protection au détriment de l’intérêt général.
CONCLUSION :
Dès lors , la théorie d’HOS qui justifie la DIT traditionnelle ( les PVD du Sud sont spécialisés
dans la production de biens utilisant beaucoup de main-d’œuvre ou des ressources
naturelles abondantes alors que les pays du Nord se spécialisent dans les productions qui
utilisent intensément le capital ) va montrer que contrairement aux affirmations des
théoriciens de la dépendance ( cf. chapitre Tiers-Monde ) tous les pays et surtout les pays
les plus pauvres sont gagnants à l’échange international .
Le rapport de l’OMC de 1998 explicitant la relation entre libéralisation des échanges et croissance
économique dans les analyses traditionnelles et modernes
La relation entre libéralisation du commerce international et la croissance économique fait l'objet de recherches
théoriques et empiriques et conduisent à de nombreuses interrogations. L'ouverture au commerce international agit-
elle directement ou indirectement sur la croissance ? Agit-elle positivement ou négativement ? Quels sont les autres
facteurs qui interviennent dans la relation ? Comment évalue-t-on le degré d'ouverture de la politique commerciale
lorsqu'on procède à une étude empirique ? Une revue de la littérature théorique et empirique.
(...) Des observations de plus en plus nombreuses donnent à penser que le principal avantage de la libéralisation du
commerce ne se manifeste pas immédiatement mais sur une longue période, en stimulant l'investissement et la
croissance. Une variation même modeste du taux de croissance peut entraîner des gains beaucoup plus importants
que les gains statiques que nous avons analysés jusqu'à présent. Pour apprécier l'importance des politiques qui sont
favorables à la croissance économique, il peut être utile d'examiner combien de temps il faut pour doubler le revenu
national avec divers taux de croissance. Par exemple, avec une croissance annuelle de 1 %, il faut près de soixante-
dix ans. Si des réformes économiques peuvent faire passer le taux de croissance de 1 à 2 %, les revenus doublent en
trente-cinq ans seulement(1). Et 2 % est encore un taux de croissance très modeste, du moins pour des pays en
développement ayant un grand potentiel de rattrapage. D'ailleurs, avant la récente crise financière, les "tigres"
d'Asie orientale avaient enregistré des taux de croissance de 6 à 7 % pendant plusieurs décennies à la suite de la
déréglementation de leur économie et de leur intégration dans l'économie mondiale. Avec de tels taux de croissance,
le revenu double environ tous les dix ans. Le succès des pays en développement dynamiques dépendant de
nombreux facteurs, notamment d'importants investissements dans le capital physique et humain(2), il ne fait guère
de doute que l'ouverture sur l'extérieur a joué un rôle essentiel. En fait, la plupart des études empiriques constatent
l'existence d'une rétroaction positive entre l'ouverture du régime commercial et la croissance économique. La
Banque mondiale (1987) a classé quarante et un pays en développement en quatre catégories selon leur degré
d'ouverture commerciale : 1) pays très tournés vers l'intérieur, 2) pays modérément tournés vers l'intérieur, 3) pays
modérément tournés vers l'extérieur et 4) pays très tournés vers l'extérieur. On a ensuite comparé le degré
d'ouverture avec le taux de croissance par habitant moyen sur trois périodes, 1963-1973, 1974-1985 et 1986-1992.
(La dernière période a été ajoutée par le FMI, 1993). On constate que les pays tournés vers l'extérieur croissent en
moyenne plus rapidement que les pays tournés vers l'intérieur.
Toutefois, le gain de croissance est moins élevé. En effet, l'étude ne tient pas compte d'autres facteurs et l'indicateur
d'ouverture peut saisir l'influence conjointe du régime commercial et d'autres variables omises qui sont corrélées
avec le régime commercial. Par exemple, il y a probablement une corrélation entre un bon régime de commerce
extérieur et la qualité globale de la politique économique, qui a aussi une influence sur la croissance. D'ailleurs, les
études qui tiennent compte d'autres variables constatent que le régime de commerce extérieur a une influence moins
prononcée, mais quand même importante. Nous passerons en revue les données empiriques plus loin mais il peut
être utile de commencer par la théorie de base : quel est le moteur de la croissance économique et quel est le rôle du
commerce extérieur ?
Dans ces modèles, la libéralisation du commerce extérieur peut influencer indirectement la croissance économique.
Toute politique qui augmente l'efficience de l'économie, y compris de la libéralisation du commerce, entraînera une
croissance plus rapide temporairement, le revenu additionnel se traduisant par une augmentation de l'épargne et de
l'investissement(7). Ce processus correspond à une version dynamique du célèbre multiplicateur keynésien, c'est-à-
dire le mécanisme par lequel une injection d'argent public peut accroître le PIB d'un montant supérieur à l'injection
initiale en stimulant l'économie, particulièrement en période de chômage généralisé. Toutefois, l'effet de
multiplication des investissements n'est pas suffisant pour expliquer les différences de croissance entre économies
ouvertes et économies fermées. Les versions multisectorielles du modèle font apparaître un autre lien entre la
croissance et le commerce extérieur(8). Dans ce cadre, l'ouverture au commerce extérieur et la restructuration de
l'économie qu'elle accompagne peuvent stimuler la croissance pendant plusieurs décennies, comme cela a été le cas
en Asie de l'Est. Les limites de la croissance sont déterminées par la disponibilité de l'épargne intérieure et de
l'investissement étranger pour financer les secteurs en expansion et par la saturation du marché mondial.
Cependant, une fois l'économie restructurée, les taux de croissance retomberont inévitablement à un niveau plus
normal. Il n'en reste pas moins que le pays ne sera peut-être plus pauvre ou du moins plus aussi pauvre qu'avant les
réformes commerciales(9).
Il convient de souligner que rien dans cette catégorie de modèles ne laisse penser que la libéralisation du commerce
extérieur stimulera la croissance de façon permanente. L'impulsion donnée à la croissance finira par s'épuiser une
fois l'économie restructurée et intégrée dans l'économie mondiale. Néanmoins, les analyses empiriques montrent
que les économies ouvertes croissent plus rapidement que les économies fermées pendant de longues périodes, peut-
être plus longues que ne peut l'expliquer la dynamique du modèle de croissance traditionnel. Cela peut être dû au
fait que la concurrence internationale force les entreprises à être plus novatrices et ouvertes à des idées et
technologies étrangères, alors que la protection peut encourager la complaisance et la stagnation technologique. Les
modèles de croissance traditionnels, qui traitent le changement technologique comme un processus exogène ou
indépendant qui ne réagit pas aux forces du marché et aux politiques publiques, ne comportent pas de lien de ce
genre. Il y a là évidemment une abstraction, comme le montre la littérature visant à expliquer la croissance qui
attribue une large part de celle-ci au progrès technique, en particulier dans les pays développés où l'accumulation de
capital traditionnel n'est plus le moteur de la croissance(10). Ainsi, les modèles de la croissance plus anciens
peuvent expliquer certaines observations empiriques, comme la convergence des revenus entre pays similaires, mais
ils n'expliquent guère des différences persistantes de taux de croissance ou la façon dont ces diffèrences sont liées à
la politique commerciale. Nous allons maintenant passer en revue des modèles plus récents qui apportent un nouvel
éclairage à cette question.
Corrélation entre commerce et croissance sur la base de comparaisons entre différents pays Source et pays couverts
Indice d'ouverture au commerce Résultats
Michaely (1977),pays Taux de croissance de la part des Corrélation positive (rang) entre les
en développement. exportations. exportations et la croissance. Á La
corrélation est plus marquée dans un sous-
échantillon de pays à revenus moyens.
Feder (1983),pays Croissance des exportations pondérées Liens positifs entre la croissance du PIB et
semi-industriels. par la part des exportations. la croissance des exportations.
Syrquin et Chenery Part des exportations dans le PIB après Le taux de croissance est plus élevé pour les
(1989),pays divers. ajustement pour tenir compte de la taille pays ouverts sur l'extérieur dans tous les
du pays et de la spécialisation des sous-groupes : petits exportateurs de produits
exportations. primaires, grands exportateurs de produits
primaires, petits exportateurs de produits
manufacturés, grands exportateurs de
produits manufacturés. Á Le gain de
croissance dû à l'ouverture vers l'extérieur est
compris entre 0,2 et 1,4 point de
pourcentage.
Balassa (1985),pays Indice d'ouverture sur le commerce Les pays tournés ves l'extérieur croissent
en développement. extérieur défini sur la base de la plus rapidement.
différence entre les exportations effectives
et prédites.
Edwards (1992),pays Indice d'ouverture de Leamer (1988) Les pays plus ouverts (moins
en développement. fondé sur l'écart entre le commerce prédit interventionnistes) ont tendance à croître
et le commerce effectif. plus rapidement. Á Ce résultat est confirmé
par huit autres indicateurs de politique
commerciale sur neuf.
Banque mondiale Les pays sont classés en quatre groupes : Les pays tournés vers l'extérieur ont
(1987),pays en fortement tournés vers l'intérieur, tendance à croître plus rapidement.
développement. modérément tournés vers l'intérieur,
modérément tournés vers l'extérieur,
fortement tournés vers l'extérieur.
Sachs et Warner Indice ouvert/fermé sur la base de cinq Les pays ouverts croissent plus rapidement
(1995),pays divers. critères (voir texte). que les pays fermés, avec un écart de 2 à 2,5
points de pourcentage. Á Dans les pays
ouverts, le ration d'investissement est plus
élevé, la situation macroéconomique est plus
équilibrée et le secteur privé joue un plus
grand rôle en tant que moteur de la
croissance.
Proudman, Redding et Indice ouvert/fermé sur la base de Les pays ouverts convergent vers un niveau
Bianchi(1997), pays plusieurs mesures de l'orientation de la de revenus plus élevé. Á Ces différences
divers. politique de commerce extérieur. subsistent même lorsqu'on tient compte des
différences dans le niveau relatif de
l'investissement.
Barro (1991), pays Indice de distorsion des prix des biens La distorsion des prix des biens
divers. d'équipement (écart à parité de pouvoir d'équipement réduit la croissance. Á Les
d'achat par rapport à la moyenne de coefficients calculés indiquent que lorsque
l'échantillon pour les biens d'équipement). l'écart à parité de pouvoir d'achat par rapport
à la moyenne de l'échantillon augmente d'un
écart type, le taux de croissance diminue de
0,4 point de pourcentage.
Dollar (1992),pays en Distorsion du taux de change. Le taux de croissance par habitant moyen
développement. dans le quartile des pays (principalement
asiatiques) dans lesquels la distorsion était la
plus faible était de 2,9 % ; dans le deuxième
quartile, le taux de croissance était de 0,9 %,
dans le troisième il était de - 0,2 % et dans le
quatrième de - 1,3 %. Á Si la distorsion du
taux de change réel était ramenée au niveau
observé en Asie, le taux de croissance
augmenterait de 0,7 point de pourcentage en
Amérique latine et de 1,8 point de
pourcentage en Afrique.
Easterly (1993), pays Indice mesurant la distorsion entre les Plus la distorsion est grande, plus la
divers. prix relatifs du marché mondial et les prix croissance diminue. Lorsque la distorsion
relatifs intérieurs. augmente d'un écart type, le taux de
croissance diminue de 1,2 point de
pourcentage.
Lee (1993), pays Indice mesurant à quel degré le Le taux de croissance augmente lorsque la
divers. commerce est faussé par rapport au distorsion diminue. Á Les distorsions du
niveau qu'il atteindrait en régime de libre- commerce extérieur réduisent davantage la
échange du fait des distorsions introduites croissance dans les petits pays pauvres en
par le taux de change réel et les droits de ressources que dans les grands pays riches en
douane ressources.
Source et pays Indice d'ouverture au commerce Résultats
couverts
Harrison (1995), pays Sept indices : libéralisation du commerce Tous les indices statistiquement signifiants
en développement. extérieur (1960-1984), (1978-1988), font apparaître une corrélation entre un
prime du marché noir, part du commerce, régime de commerce extérieur libéral et la
distorsion du taux de change réel, croissance du PIB. Le lien de causalité entre
évolution vers les prix internationaux, le libéralisme commercial et la croissance
distorsions au détriment de l'agriculture. existe dans les deux sens. Avec un décalage
dans le temps, le niveau de la croissance
explique de façon significative le degré
d'ouverture de l'économie et réciproquement.
Edwards (1997), pays Neuf indices : indice d'ouverture de Il y a une corrélation positive entre les
divers. Sachs-Warner (1995), indice d'ouverture indices d'ouverture et la croissance de la
vers l'extérieur de la Banque mondiale productivité totale des facteurs, et une
(1987), indice d'ouverture de Leamer corrélation négative avc l'image symétrique
(1988), prime du marché noir, droit des indices de distorsion du commerce. Le
d'importation moyen sur les produits commerce n'est pas la variable la plus
manufacturés, champ d'applica tion des importante pour expliquer les différences de
obstacles non tarifaires, indice des croissance entre pays ; le PIB initial et le
distorsions du commerce de la Heritage capital humain jouent un rôle plus important.
Foundation, ratio du produit des impôts Á Les données font apparaître une
sur le commerce, indice de Wolf (1993) de convergence conditionnelle.
la distorsion des importations
Matin (1992), Afrique Quatre indices : part du commerce Tous les indices qui sont statistiquement
subsaharienne. extérieur, prime du marché noir, indice de significatifs font apparaître une relation
libéralisation du commerce extérieur, positive entre un régime de commerce
distorsion du taux de change réel. extérieur libéral (faible distorsion) et la
croissance. Á Le lien entre le degré
d'ouverture et la croissance est aussi fort pour
les pays d'Afrique subsaharienne que dans
l'échantillon témoin d'autres pays africains.
Levine et Renelt Analyse de sensibilité pour des indices Nette corrélation positive entre la
(1992), pays divers. multiples avec régression interpays. croissance et la part de l'investissement dans
le PIB. Á Nette corrélation positive entre la
part de l'investissement dans le PIB et la part
du commerce dans le PIB. Á Lien à deux
maillons reliant le commerce à la croissance
par le biais de l'investissement.
Gallup et Sachs Indice de Sachs-Warner (1995). Il y a une corrélation positive entre l'indice
(1998), pays divers. d'ouverture et la croissance, après ajustement
pour tenir compte des autres facteurs. Á En
outre, les facteurs géographiques qui rendent
le commerce plus coûteux réduisent la
croissance. La croissance des pays sans
littoral est inférieure de 0,9 point de
pourcentage à celle des pays côtiers.
Coe et Helpman s.o. La productivité intérieure est influencée
(1995),OCDE. positivement par la somme, pondérée par les
importations, du stock de R & D des
partenaires commerciaux.
Keller (1997), OCDE. s.o. Le commerce extérieur facilite la
transmission intersectorielle et
intrasectorielle de la productivité.
Balasubramanyam, Indicateur d'ouverture de la Banque La réduction des obstacles au commerce
Salisu et Sapsfort mondiale. renforce l'efficience de l'IED et,
(1996), pays en indirectement, la croissance.
développement.
Il y a aussi quelques études qui cherchent à déterminer exactement pourquoi les économies ouvertes croissent plus
vite que les économies fermées. L'une des conclusions, conforme aux modèles traditionnels de la croissance, est que
la libéralisation du commerce extérieur stimule l'investissement et donc indirectement la croissance
économique(26). En outre, il semble qu'un régime de commerce extérieur ouvert améliore la qualité des
investissements. Une étude portant sur trente-quatre pays en développement a montré que les investissements
étrangers directs avaient un impact positif sur la croissance pour les pays tournés vers l'extérieur et n'en avaient pas
pour les pays tournés vers l'intérieur(27). En outre, on a de plus en plus d'indices montrant que le commerce induit
des transferts de technologie, ingrédient important dans les modèles de croissance endogène. Une étude a montré
que la productivité des facteurs intérieurs était positivement influencée par la somme des dépenses de R & D des
partenaires commerciaux pondérée par les importations(28). Une autre étude a montré que les dépenses étrangères
de R & D dans une branche de production améliorent la productivité nationale dans la même branche, mais aussi
dans d'autres branches de production connexes en amont ou en aval(29). Cette constatation confirme l'idée que le
commerce facilite la diffusion de la technologie dans le monde et renforce la conclusion selon laquelle il a des effets
positifs sur la croissance des pays qui s'intègrent dans l'économie mondiale.
En résumé, un large éventail d'études très différentes les unes des autres arrivent toutes à la même conclusion
fondamentale, à savoir qu'un régime de commerce extérieur ouvert stimule la croissance. En outre, la littérature
empirique infirme le point de vue pessimiste selon lequel la libéralisation du commerce compromet les perspectives
de croissance des pays en développement. Au contraire, les pays en développement ouverts ont des résultats
nettement meilleurs que les pays en développement fermés. Enfin, il ne faut pas oublier qu'un régime de commerce
extérieur ouvert n'est pas une panacée ; pour que les forces productives de l'économie puissent se déployer sans
entrave, il faut que les autres éléments de la politique économique s'y prêtent. (...)
II. L’exemple des pays d’Asie du sud-est : la stratégie de promotion des exportations
A la fin des années 50, les meilleurs experts de l’ONU prévoyaient un avenir brillant au Congo belge riche en
matières premières et était très pessimiste pour la Corée du Sud. Or, depuis 60, le revenu par tête du Zaïre, ex
Congo belge, a régressé de plus de 2 % par an , alors que celui de la Corée du Sud a progressé de plus de 7% par an
.Cela s’explique par l’adoption par la Corée d’une stratégie cde promotions d’exportations .
Remarque :On notera que ces postulats contredisent point par point l’ancienne orthodoxie
, le marché mondial devient source de croissance , et l’Etat source de mauvaise allocation
des ressources . »
A. Constat
Une étude de la Banque mondiale comparant les résultats de 41 pays orientés vers l’intérieur et vers l’extérieur
constate que les résultats en terme de taux de croissance, de taux d’épargne, d’inflation et de création d’emplois
sont d’autant plus satisfaisants que
le taux d’ouverture ( X+M / 2 PIB ) x 100 est élevé .
B. Explications
La stratégie de SPE prend le contre-pied systématique de celle d’ISI. Gillis écrit ainsi : « une
prescription utile pour les politiques de SPE est de faire tout ce qui est évité par le régime
de substitution d’importations. » Les gouvernements vont ainsi appliquer :
Ce dernier point est d’autant plus renforcé que les gouvernements s’efforcent de mettre en
place des prix ( des biens , des services et des facteurs de production ) qui reflètent les
raretés relatives . On a en effet, constaté, selon J.Brasseul , que s’il ne s’agit pas d’une
condition suffisante au développement , remettre de l’ordre dans les prix constitue un point
de départ indispensable , une condition nécessaire .
Cette stratégie semble donc reposer sur une logique libérale, puisqu’elle repose
apparemment sur la théorie des avantages comparatifs de Ricardo, qui énonce que chaque
pays a intérêt à se spécialiser dans la production du bien pour lequel il dispose d’un
avantage par rapport à ses concurrents.
Ces pays suivaient, avec 20 ans de retard, la stratégie développée par le Japon. Comme celui-ci , la réussite du
modèle ( basé contrairement au modèle allemand du XIX° siècle et soviétique du XX° sur les industries de
consommation , comme l’Angleterre au XVIII° ) a engendré une augmentation du coût du travail , au fur et à
mesure du développement ( les NPIA appartiennent aujourd’hui à l’OCDE et sont donc des pays développés ) ,
donc a nécessité une adaptation . Conformément au modèle japonais , les NPIA ont donc délocalisé les productions
nécessitant beaucoup de main d’oeuvre vers les tigres d’Asie ( Thaïlande , Indonésie , ... ) et ont opéré une stratégie
de remontée de filières qui permet à la fois de s’implanter sur des marchés à plus forte valeur ajoutée et d’opérer
une industrialisation plus complète de leur tissu productif ( la spécialisation passant des biens de consommation
courants aux biens de consommation élaborés et aux biens d’équipement ).
Constat :L’effort d’investissement réclamé dans les premières phases du processus est
plus prononcé que dans les suivantes . Il existe un seuil minimal d’investissement en déca
duquel les espoirs de démarrage sont illusoires .Selon C. Albagli , le taux d’investissement
nécessaire pour connaître un rythme de croissance annuel de 2 % est au minimum de 21 %.
Problèmes : Mais on retrouve alors la théorie de Nurske ( les cercles vicieux ) qui pose le
problème du financement de ces investissements . Comment le pays peut-il par ses propres
capacités générer une épargne suffisante pour assurer le décollage ?
D’autant plus que l’on sait , que :
• dans les sociétés agraires , l’épargne est faible et dépensée ostentatoirement ,
• que le travail n’occupe pas une place centrale ( la valeur relative du travail , dans le
système de valeurs , n’incite guère à dégager une épargne motivée par
l’investissement productif ).
Solutions : 2 courants s’opposent alors pour trouver les fonds finançant les taux
d’investissement :
• selon certains auteurs , une révolution agricole devrait permettre d’assurer un
financement interne . Ils reprennent l’exemple anglais , selon lequel celle-ci est un
préalable au décollage économique .
• d’autres auteurs rétorquent que le pays étant pauvre , il ne peut assurer un taux
d’épargne suffisamment élevé et donc , il doit , au préalable , compter sur l’apport de
capitaux extérieurs
Les PVD se caractérisent par le poids très important de la population travaillant dans l’agriculture . Il est donc bien
évident qu’un processus de croissance et de développement ne peut être engagé s’il laisse de côté la majeure partie
de la population . P.Bairoch écrit ainsi : « il est impossible de concevoir un développement économique rapide sans
une industrialisation accélérée , mais celle-ci n’est possible que grâce à la progression rapide de la demande
intérieure dans laquelle la demande rurale joue un rôle
prépondérant . »
Problèmes : Néanmoins , considérant le niveau élevé des investissements nécessaires pour engager le décollage
économique , de nombreux auteurs considèrent que les capacités internes du pays à dégager un surplus et une
épargne ne sont pas suffisantes .
Solutions : Il faut alors faire appel aux capitaux extérieurs , qui peuvent prendre 2 formes :
• une aide , réalisée sous formes de dons ou de prêts réalisés à faible taux d’intérêt .
• un endettement extérieur .
a – DEFINITION DE L’AIDE
Constat : Paradoxalement , « l’aide au développement apportée par les pays industrialisés à ceux qui ne le sont pas
, est une idée relativement neuve . :
• Jusqu’à la seconde guerre mondiale , la doctrine des puissances coloniales est que les colonies doivent se
suffire à elles-mêmes sans subsides de la métropole . »
• Par contre , après 1945 , un accord se fait sur une idée simple : les économies sous-développées ne disposant
que de faibles revenus , la production augmentant avec la capacité de production il fallait investir et l’aide des
PDEM s’avère alors absolument nécessaire comme l’écrit H.B.Chènery: « l’assistance de l’étranger favorise
le développement » .
L’aide publique au développement a, pour la première fois, dépassé la barre des 100 milliards de dollars en 2005
(81,7 milliards d'euros), pour s'établir à 106,5 milliards de dollars, selon les chiffres publiés, mardi 4 avril, par
l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE).
Ce record est en partie dû à l'allégement de la dette de l'Irak et du Nigeria (19 milliards de dollars) et à l'aide versée
aux victimes du tsunami en Asie du Sud-Est (2,2 milliards de dollars).
Parmi les pays riches, les Etats-Unis se sont montrés les plus généreux, avec 27,5 milliards de dollars distribués,
une hausse de 35,6 % en termes réels. "Abstraction faite de l'allégement de la dette de l'Irak, cette augmentation
s'explique principalement par l'aide à la reconstruction consentie à l'Irak (3,5 milliards de dollars), l'aide à la
reconstruction et aux programmes de lutte contre les drogues accordée à l'Afghanistan (1,5 milliard de dollars) et
l'aide à l'Afrique subsaharienne", détaille l'OCDE.
Le Japon est ainsi le deuxième donateur (13,1 milliards de dollars). Il devance le Royaume-Uni (10,8 milliards de
dollars) et la France (10,1 milliards). Viennent ensuite l'Allemagne (9,9 milliards), les Pays-Bas (5,1 milliards) et
l'Italie (5,05 milliards).
Ce classement de la générosité des pays riches est différent si l'on prend en compte un autre critère, celui du
pourcentage que représentent les dons par rapport au produit intérieur brut (PIB).
Les pays scandinaves sont des modèles en la matière. La Norvège est la plus prodigue, avec un ratio aide/PIB de
0,93 %, devant la Suède (0,92 %), le Luxembourg (0,87 %), les Pays-Bas (0,82 %) et le Danemark (0,81 %). La
France est au neuvième rang (0,47 %), derrière le Royaume-Uni (0,48 %), mais devant la Suisse (0,44 %) et
l'Allemagne (0,35 %).
"L'aide publique au développement globale des quinze pays européens a augmenté de 27,9 % en termes réels,
s'établissant à 55,7 milliards de dollars, équivalant à 0,44 % du PIB cumulé", note l'OCDE, qui rappelle que ces
pays se sont engagés, en 2002, à respecter un objectif minimal de 0,33 %.
"L'Espagne, la Grèce, l'Italie et le Portugal doivent augmenter leur aide s'ils veulent atteindre cet objectif",
observe l'Organisation. L'Italie a un ratio de 0,29 %, ce qui la place devant le Japon (0,28 %) et les Etats-Unis.
Avec 0,22 % en 2005, ces derniers n'ont jamais été aussi généreux depuis 1986.
Source : P Delhommais, , p^lus de 100 milliards de dollars pour les pays pauvres in Le Monde, 05-04-06.
Un espoir : Dans les années 60 , des organisations comme le FED ou la Banque Mondiale pensaient que l’aide
allait quasi automatiquement assurer un décollage économique .
Une déception : Mais , comme l’indique J.J.Giri : « manifestement l’aide n’a engendré en Afrique , ni décollage ,
ni développement autoentretenu. Dans certains cas , elle n’a même jamais engendré aucun développement du tout ,
et certains pays d’Afrique se retrouvent plus pauvres , dans les années 80 que dans les années 60 » .
Conséquences : Ceci a conduit certains auteurs à affirmer que l’aide ne sert à rien et peut même engendrer des
effets pervers ( doc 6 p 89 ) :
• Pour S.Brunel , l’aide ne sert pas à accroître la capacité productive du pays ; elle est utilisée
- soit pour construire des ouvrages de prestige sans but économique ( le Transgabonais ) , soit à acheter des
usines clés en main trop élaborées qui ne peuvent s’adapter aux conditions du pays .
- la maintenance est alors très difficile à assurer , car la main-d’œuvre est insuffisamment qualifiée ,la
capacité de production est très largement supérieure aux capacités d’absorption du marché .
- Ainsi la production qui subit la concurrence des produits des pays riches est de mauvaise qualité , à un
prix plus élevé ( déseconomies d’échelles , en raison du faible taux d’utilisation des capacités de
production ) .
- Les usines sont donc à terme condamnées : l’aide ne s’est donc pas traduite par une création de richesses
supplémentaires .
• l’aide n’a pas transformé en profondeur les mentalités , elle a seulement servi à greffer artificiellement une
façade moderne sur une société demeurée traditionnelle ; elle a donc , par là , contribuer au dualisme ,
opposant la majeure partie de la population perpétuant ses méthodes ancestrales à une minorité qui survit
grâce à une injection continue de fonds en provenance des PDEM
• les auteurs libéraux sont les plus critiques : ils considèrent , reprenant les thèses de Ricardo et de Malthus
( cf chap croissance démographique et développement ) que l’aide maintient les assistés dans la pauvreté en
désincitant au travail et à l’épargne ( les dons de produits agricoles concurrencent la production nationale et
ruinent les petits producteurs ). Comme l’écrit Bauer : « à la vérité , aider les responsables politiques sur la
base de la pauvreté de la population a plus de chances d’encourager les politiques d’appauvrissement que d’y
faire obstacle » (d’autant plus que les sociétés n’étant pas démocratiques , l’aide est détournée par des
dirigeants corrompus).
• les auteurs marxistes , quant à eux , pensent que l’aide n’est qu’un moyen de maintenir la domination
impérialiste dans le tiers-monde. L’étude des donateurs montre que ceux-ci orientent et concentrent leur aide
sur les pays qu’ils veulent influencer ( la France aide surtout ses anciennes colonies).
Relativisation : Pourtant , comme l’écrit J.Brasseul: « ces critiques en forme de brillants paradoxes peuvent bien
contenir une part de vérité , mais elles oublient que l’aide a quand même des effets positifs , et surtout qu’en son
absence , de nombreux pays ne pourraient simplement plus fonctionner » .
Conclusion : Ce n’est donc pas le principe de l’aide qui ne doit pas être remis en cause , mais les arrière-pensées
qui en sont à l’origine de la part des PDEM et la façon dont elle est utilisée par les PVD :
• Si l’aide sert à financer des projets clairement définis et dont la rentabilité ou l’utilité est clairement
démontrée ( construction d’infrastructures , éducation de la population ) elle s’avérera favorable .
• D’autant plus que son versement peut être soumis à conditions : le PDEM peut ainsi inciter le PVD à assurer
un passage à un régime démocratique ou à appliquer des réformes économiques
Conclusion : La vision libérale montre donc bien que l’endettement est source de développement économique , et
donc , que contrairement à l’adage populaire , l’endettement n’est pas mauvais en soi pourvu qu’il contribue à créer
des richesses : le taux de croissance de l’économie ( qui détermine sa capacité de remboursement ) doit être
supérieure au taux d’intérêt réel ( qui détermine le prélèvement opéré sur l’économie ) .
Relativisation : Mais cette vision très optimiste montrera ses limites , quand elle sera confrontée à la réalité . Elle
conduira , au début des années 80 , de nombreux PVD à se déclarer en cessation de paiements .
Principe de base : Comme nous l’avons vu plus haut , l’endettement est viable tant que les richesses créées sont
supérieures aux montants à rembourser (c’est-à-dire si le taux de croissance économique est supérieur au taux
d’intérêt réel ) .
Conclusion : Cet effet de ciseaux ( de nature conjoncturelle ) a révélé les choix souvent irrationnels des
investissements opérés par les PVD dans une période d’euphorie et acceptés par les banques prêteuses ( qui sont
donc en partie responsables ). Ces erreurs qui étaient sans conséquence dans les années 70 eurent , dans les années
80 , des conséquences dramatiques .
Constat : Contrairement aux prévisions des théoriciens qui attendaient de l’augmentation des taux
d’investissement et d’endettement une hausse quasi automatique de la croissance , on a pu constater qu’entre 1973
et 1982 l’élévation des taux d’endettement ne s’est pas traduite par une hausse comparable ni des taux
d’investissement , ni des taux de croissance.
Conclusion : Donc , la dette n’a pas servi à créer des richesses supplémentaires (contrairement aux prévisions) .
Tant que les taux d’intérêt réels étaient faibles , les problèmes étaient masqués . Avec la hausse des taux , les
difficultés , les erreurs et les détournements de fonds apparaissent .
Constat : Comme l’indique H.Bourguinat, les PVD dans un contexte d’unification de la finance mondiale ont
• dans , un premier temps , cru : « constituer un groupe d’emprunteurs susceptibles de trouver sur ce marché
financier international tous les crédits consortiaux dont ils pouvaient avoir besoin . »
• Mais , à partir du mois d’Aout 82 , « ils ont dû très vite subir la loi du groupe des pays créanciers et accepter
de passer sous les fourches caudines des programmes de rééchelonnement » . En effet , même si les
responsabilités de la crise auraient dû être également partagées entre :
- les PVD qui ont gaspillé les crédits ,
- les banques qui ont accordé des prêts sans respecter les règles prudentielles ( ratio de solvabilité ) ,
- les PDEM qui ont fermé leurs frontières aux produits des PVD et les ont donc empêché de rembourser
leurs dettes ;
- Les organisations internationales (FMI,Banque Mondiale) qui ont mal conseillé les PVD.
Explications : On peut constater que l’ajustement a été supporté quasiment uniquement par les pays emprunteurs
( doc 8 p 290 ) . En effet :le F.M.I. ( Fonds Monétaire International ) a considéré que la responsabilité de la crise
s’expliquait par l’échec des stratégies de développement ( particulièrement les stratégies autocentrées )
Répercussions : « les prêts conditionnels du FMI vont alors généralement de pair avec une action de stabilisation
destinée à corriger les déséquilibres macro-économiques » .
• Les pays doivent donc appliquer des politiques visant à assainir l’économie , ils doivent dévaluer leur
monnaie , appliquer des politiques de rigueur désinflationnistes ( en diminuant la masse monétaire en
circulation ) , diminuer les déficits budgétaires par la baisse des dépenses publiques , les privatisations et
l’augmentation de la fiscalité , diminuer les salaires afin d’améliorer la compétitivité des entreprises . « Le
FMI subordonne le versement de ses crédits à l’application , avec succès , de ces mesures » .
• Ces programmes d’ajustement ont des visées conjoncturelles , mais surtout structurelles : ils « peuvent
apparaître comme une première étape essentielle du remodelage d’une économie , vers un état d’ouverture » .
Conclusion : On ne peut contester la nécessité de ces plans d’ajustement , il n’en demeure pas moins qu’ils
traduisent une nette orientation idéologique : le Tiers-mondisme marxisant des années 70 s’est vu remplacer par un
ultra-libéralisme conquérant dans les années 80 - 90 . Or :
• on a pu qualifier les années 80 d’années perdues pour le développement : « les programmes préconisés par le
Fonds se sont vus ainsi accuser d’être néfastes à la croissance et au développement , de toujours recourir à
une cure d’austérité , d’accroître la pauvreté » . On a assisté à une véritable mise sous tutelle des pays à
monnaie faible qui « n’ont guère le choix , sans le sceau d’approbation de la Banque Mondiale et du FMI ,
ils ne trouveront ailleurs aucun financement , ni public , ni privé » .
• On en est ainsi arrivé , au début des années 90 , à la situation paradoxale suivante : on observe un transfert
net des ressources des PVD vers les pays riches : les PVD financent les pays riches , en particulier les EU :
« alors que tout semble indiquer que le capital devrait aller des pays industrialisés à Balance courante
excédentaire vers les pays à haut taux de rendement de l’investissement , mais à ressources d’épargne
domestique faibles , c’est le schéma inverse qui paraît devoir prévaloir » .
Les explications : Ceci s’explique par un certain nombre de raisons d’ordre à la fois conjoncturelle et structurelle :
• les raisons conjoncturelles sont dominées par les retombées de la crise de l’endettement :
- suite aux difficultés des années 80 , les banques privées sont devenues très réticentes à développer le
financement des PVD . Elles ont même cherché à se débarrasser , en les bradant plus ou moins , des
créances dont elles disposaient sur des pays qu’elles considéraient maintenant comme non solvables .
- Dans le même temps , les PVD qui appliquaient les politiques d’ajustement du FMI s’efforçaient de
privatiser leurs entreprises publiques , en échangeant les actions de celles-ci contre des titres de la dette .
- Les FTN qui avaient racheté des créances pouvaient donc , à faible coût , prendre le contrôle
d’entreprises dans les PVD .
- L’investissement direct des FTN est donc considéré désormais par les PVD comme une alternative à
l’endettement , ils entrent donc en concurrence afin de les attirer ( « surenchère aux incitations fiscales,
aux aides et à la prise en charge des coûts externes ») .
• les raisons structurelles : « le mouvement de libéralisation a été intensifié par le grand retournement dans
les stratégies de développement , qui s’ébauche dès le début des années 80 , et qui tourne le dos au modèle de
substitution aux importations appliquées durant les 20 dernières années . La nouvelle orientation prône la
croissance tirée par les exportations » :
- A la croyance en un développement autocentré basé sur des théories marxistes ou structuralistess’est
substitué la foi en des théories libérales , qui risquent comme les précédentes d’engendrer de nouvelles
désillusions .
- En effet , « dans l’optique des conceptions ultra-libérales , l’implantation des FTN doit jouer un rôle
d’entraînement automatique sur les structures productives locales . L’investissement étranger joue le
même rôle que la création de pôles de croissance ( ... ) .
- Mais en ce qui concerne les économies en voie de développement , les arguments des FTN sont
nombreux qui visent à montrer les limites , sinon l’impossibilité de l’intégration locale . Ceux qui sont
les plus souvent avancés constituent une trilogie qualité , coût , délai ( ... ) .L’intérêt des FTN et la
préoccupation industrialisante des pays ne coïncident donc pas . »
- On constate , en effet , que , « les choix des multinationales revêtent une très grande constance ,
caractérisés par une attitude extrêmement sélective , vis à vis de l’investissement au Sud ( doc 16 p 295 )
. Vers 1980 , 40 % du total des investissements directs étaient dirigés vers 10 pays du Sud » . La
polarisation des investissements directs des FTN sur les pays les plus rentables économiquement ( en
particulier les NPI ) est donc très forte ( 10 et 11 p 313).
Conclusion : On ne peut , dès lors , considérer que l’implantation des FTN puisse constituer une véritable
alternative à l’aide ou au crédit , en direction des pays les moins développés . Ceux-ci sont en effet complètement
délaissés ( sauf s’ils disposent de ressources en matières premières : et intéressent ainsi les FTN dites primaires ) ,
dès lors , qu’ils apparaissent comme présentant un risque politique ( continent africain ) ou insuffisamment
compétitifs au niveau économique ( « derrière cette concentration sur un nombre limité de pays du Sud , il existe
une rationalité économique » ) .
Constat : il y a eu un cercle vicieux dépressionniste engendré en particulier par la multiplication des barrières
protectionnistes durant l’entre-deux guerres qui a freiné l’expansion du commerce mondial et donc la croissance
économique ,
Solution : les grands pays développés ont, dès la fin de la guerre, signé un accord ( le GATT en 47 ) qui avait pour
objectif affirmé de favoriser le plein emploi et la croissance économique par le développement des échanges
internationaux assurés par une diminution des barrières protectionnistes .
Résultat : l ‘objectif a été atteint puisque les tarifs douaniers moyens des produits industriels dans les PDEM sont
passés de 40 % à 5 % en 90
Nouveau débat : mais, suite à l’entrée en crise, la tentation protectionniste est réapparue dès les années 70 par
l’imposition de barrières non tarifaires . Les pays signataires de l’accord du GATT devaient alors décider :
• s’ils voulaient comme dans les années 30 engager une guerre protectionniste qui bloquerait la croissance
économique
• ou au contraire s’ils désiraient, par une libéralisation accrue des échanges internationaux (portant non plus
seulement sur des barrières tarifaires mais aussi sur des barrières non tarifaires , portant non plus seulement
sur l’industrie mais aussi sur les services et l’agriculture ) dynamiser le commerce mondial et assurer ainsi
une sortie de crise
Solution : c’est dans cette perspective qu’ont été menées les discussions de l’Uruguay Round qui ont débouché sur
la création de l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC) en 1995
Pour en savoir plus un sur le GATT et l’OMC, un article de E .Combe dans les cahiers français
Sommaire
L'avènement du multilatéralisme
Les fondements du GATT
Le fonctionnement du GATT
Du GATT à l'OMC
La naissance de l'OMC
Les premiers pas de l'OMC
par Emmanuel Combe.
Comment le commerce mondial s'est-il organisé depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale ? Né en 1947 du refus
du Congrès américain de ratifier la Charte de La Havane prévoyant la création d'une véritable organisation
internationale du commerce, le GATT a néanmoins posé les grands principes qui structurent le commerce mondial
depuis plus d'un demi-siècle. Emmanuel Combe en rappelle les fondements, avant d'analyser le fonctionnement et
l'évolution du GATT à travers les différents cycles de négociation qui, par l'Accord de Marrakech (avril 1994)
clôturant l' Uruguay Round, ont abouti à la naissance, le 1er janvier 1995, de l'Organisation mondiale du commerce
(OMC). Une nouvelle organisation internationale au champ de compétences considérablement élargi, dont les
structures et les premiers pas sont ici décrits.
L'avènement du multilatéralisme
Les fondements du GATT
La naissance du GATT
En 1945, les États-Unis sont à la poursuite d'un objectif politique majeur : ériger un nouvel ordre mondial sur une
base négociée, au moyen d'organisations internationales. Cette volonté américaine donne naissance dès 1945 à des
institutions telles que l'ONU, le FMI ou la BIRD. En matière de commerce international, les Américains, soutenus
par des économistes de renom (au rang desquels figure Keynes), veulent éviter à tout prix la répétition de la
solution protectionniste qui a prévalu dans les années 30, en instaurant une structure qui permette de négocier
multilatéralement l'élimination progressive des obstacles aux échanges.
A cet effet, deux négociations sont entamées dès 1946, l'une au sein de l'ONU portant sur la création d'une
organisation internationale du commerce, l'autre à Genève sur la réduction des barrières douanières. Les débats au
sein des Nations unies se concluent en mars 1948 par la Charte de La Havane, qui reste cependant lettre morte, le
Congrès américain refusant de la ratifier : il y voyait en effet une trop grande perte de souveraineté dans la
formulation de la politique commerciale américaine. Sur le plan institutionnel, aucune organisation internationale
du commerce ne voit le jour. De leur côté, les négociations de Genève débouchent en octobre 1947 sur un accord
général de réduction des tarifs douaniers, qui s'institutionnalise sous le nom de GATT (Général Agreement on
Tariffs and Trade) : le GATT ne constitue donc pas une organisation internationale au sens juridique du terme. Lors
de la signature de l'accord à Genève, le GATT comprenait vingt-trois " parties contractantes " : en décembre 1993,
à l'issue des négociations sur l'Uruguay Round, on dénombre pas moins de cent-vingt membres permanents,
auxquels il faut ajouter les pays disposant du statut d'observateur et les pays admis à titre provisoire.
L'accord du GATT est géré par une structure de fait, dont le siège se situe à Genève.
La session des parties contractantes constitue l'organe suprême du GATT ; elle se déroule une à deux fois par an et
entérine les décisions sur la base du principe : un État = une voix.
Le Conseil du GATT fonctionne entre deux sessions ; il réunit chaque mois les représentants des parties
contractantes et prépare les grands dossiers qui seront adoptés lors des sessions.
A la tête de l'administration du GATT se trouve un secrétariat, comprenant un directeur général, un directeur
général adjoint, deux sous-directeurs généraux et les directeurs de division.
Le fonctionnement du GATT
Le système de règlement des différends a été particulièrement mis à contribution depuis les années 70, comme le
soulignent les rapports successifs du GATT. En particulier, les dépôts de plainte initiés ou visant les États-Unis se
sont multipliés, mettant aux prises les membres de la Triade (États-Unis, Japon, CEE). Nous allons montrer que le
quota constitue un instrument plus dommageable que le droit de douane. Le système de règlement des différends
n'échappe pas à la critique :
• il est soumis à la règle du consensus : les parties au différend, et tout particulièrement la partie incriminée,
peuvent utiliser leur droit de veto lors du vote du rapport. Dans la pratique néanmoins, il apparaît que la
plupart des rapports sont adoptés ;
• le GATT ne prévoit aucun délai spécifique dans le déroulement de la procédure ;
• les parties contractantes proposent de simples recommandations, qui n'ont pas de véritable valeur coercitive.
Il est vrai néanmoins que dans la plupart des cas les pays en conflit suivent les recommandations des experts.
[...]
Les cycles de négociations multilatérales : du GATT à l'OMC par Pierre Jacquet, Patrick Messerlin,
Laurence Tubiana.
Du GATT à l'OMC
La naissance de l'OMC
La procédure de règlement des différends a été renforcée, en particulier pour remédier à la lenteur des procédures
du GATT et aux difficultés de mise en application des recommandations. En effet, certains pays comme les États-
Unis ont justifié leur approche unilatérale, avec l'adoption du Trade Act en 1988, en arguant que la procédure de
résolution des différends du GATT était trop lente et trop sujette au pouvoir de veto d'un membre.
La nouvelle procédure modifie l'étape du panel : l'ORD désigne un panel de trois experts, qui doivent fournir un
rapport dans un délai de six mois. Le conseil général de l'OMC adopte automatiquement le rapport sauf s'il est
rejeté à l'unanimité ; ce principe d'automaticité conditionnelle permet une prise de décision plus rapide. Une des
parties peut faire appel devant l'organe d'appel de l'ORD ; dans ce cas, l'ORD suit la décision de l'organe d'appel,
sauf s'il la rejette à l'unanimité. L'ORD est alors chargée de la mise en application de la décision (du panel ou de
l'organe d'appel) ; si l'une des parties refuse de s'y plier, l'ORD peut autoriser les pays lésés à prendre
automatiquement des mesures compensatoires.
Cette procédure de règlement des différends parviendra-t-elle vraiment à s'imposer aux signataires ? La question
demeure pour l'heure ouverte : comme le souligne B. Guillochon, " reste à savoir si tous les membres, en particulier
les grandes puissances commerciales vont accepter de se plier à cette discipline. Il est possible, en effet, de se
soustraire aux règles de l'OMC en préférant négocier un accord hors de son cadre, en pratiquant le bilatéralisme.
Dans ce cas, les pays finissent par s'entendre, certes, mais en excluant les autres partenaires, ce qui n'est pas
conforme à l'esprit de l'OMC "(2)
Toujours est-il que les pays membres recourant plus fréquemment qu'auparavant à la procédure de règlement des
différends, ce qui semble témoigner d'une certaine crédibilité de l'institution : entre janvier 1995 et juin 1997, une
soixantaine d'affaires ont été soumises à l'ORD.
La conférence de Singapour
La conférence de Singapour, qui a eu lieu en décembre 1996, constitue la première conférence interministérielle de
l'OMC. Elle visait à évaluer la mise en oeuvre de l'accord de Marrakech, à faire le point sur les négociations en
cours et à préciser le programme de travail de l'OMC pour les deux ans à venir. Sur ce dernier aspect, cinq thèmes
principaux ont été abordés, qui ont donné lieu à la création de groupes de travail :
• les relations entre commerce international et environnement : dans quelle mesure les impératifs de
compétitivité peuvent-ils conduire à une dégradation de l'environnement ? A l'inverse, le thème de la
protection de l'environnement ne risque-t-il pas de servir d'alibi à des pratiques protectionnistes ("
protectionnisme vert ") ? Ce thème de réflexion a été confié au comité du commerce et de l'environnement de
l'OMC, créé en 1995 ;
• le rôle de l'IDE (Investissement Direct Étranger) et des relations qu'il entretient avec le commerce : dans
quelle mesure les restrictions à l'IDE affectent-elles les flux de commerce ?
• la question de l'introduction d'une clause sociale dans les accords commerciaux : l'absence de protection
sociale et de règles minimales sur les conditions de travail dans les pays pauvres ne conduit-elle pas à une
forme de concurrence déloyale, comme le soutient la France ? A l'inverse, l'imposition de normes sociales ne
constitue-t-elle pas une forme de protectionnisme détourné ?
• les relations entre la politique de la concurrence et la politique commerciale.
Outre l'ouverture de ces nouveaux chantiers, la conférence de Singapour a vu la conclusion d'un accord sur la
libéralisation du commerce des technologies de l'information. Ce texte, signé par vingt-huit pays prévoit la
suppression d'ici l'an 2000 des barrières douanières sur un certain nombre de produits de la filière électronique
(semi-conducteurs, écrans d'ordinateurs, etc.)
Quel bilan tirer de cette première conférence interministérielle de l'OMC ? Comme le souligne B. Guillochon(3), "
la conférence de Singapour est loin d'avoir réglé ces divers problèmes. Du moins la déclaration finale témoigne-t-
elle d'une certaine volonté, de la part des États membres, d'apporter des débuts de solutions dans ces domaines [...].
Les grandes questions faisant partie du programme de travail de la conférence de Singapour en sont restées à la
phase préliminaire de désignation d'organes chargés des dossiers et de fixation d'objectifs ".
Introduction :
Quand on compare la protection tarifaire entre 2 groupes de pays : ceux ayant adopté l’ISI
et ceux ayant adopté la SPE, on remarque
• certes que la protection moyenne est supérieure dans l’ISI
• Mais les écarts de protection sont plus grands dans la SPE : en effet , cette stratégie
distingue les secteurs qui n’ont pas besoin de protection car le pays dispose d’un
avantage comparatif ou ceux pour lesquels la protection serait coûteuse : le pays
ayant besoin de ces biens mais ne sachant pas les produire ( ex : biens d’équipement
dans une première phase ) ; des secteurs que le pays cherche à développer sans être
compétitif pour le moment , pour lesquels un protectionnisme éducateur semble
nécessaire .
• On peut dès lors en conclure qu’il semble y avoir une stratégie plus rationnelle de
protectionnisme que celle opérée par les pays adoptant l’ISI
Comme l’indique M .Fouquin: « l’idée de la croissance tirée par l’exportation qui pourrait
faire croire qu’un pays qui exporte plus a une croissance plus forte est , en général , fausse .
Car, parvenu à un rythme très élevé, les économies butent sur des goulets d’étranglement
qui les contraignent à importer de plus en plus. La croissance des importations finit à être
plus forte que celle des exportations. La croissance tirée par les exportations ne peut être
qu’exceptionnelle et de courte durée ». Comme le constate d’ailleurs G.Grellet : « la
corrélation positive entre la part des exportations dans le produit national et la croissance,
si elle existe , n’est pas sans ambiguïté , dans la mesure où elle ne fait que refléter le fait
que les pays les plus pauvres n’ont rien à exporter . »
A. Constat
Les pays qui occupent aujourd’hui un leadership dans le commerce mondial (Allemagne, EU , Japon ) et qui sont
donc les plus favorables au développement des échanges internationaux étaient au XIX° siècle les défenseurs d’un
protectionnisme éducateur qui devait les mettre à l’abri de la concurrence exercée par le RU .
B. Explications
« A peu près tous les pays aujourd'hui développés (PAD) avaient des politiques interventionnistes actives en matière
de commerce, d'industrie et de technologie. Pendant les périodes de " rattrapage ", leur but était de développer leurs
industries naissantes ; lorsqu'ils ont atteint leur objectif, ils ont eu recours à des pratiques leur permettant de
distancer leurs possibles concurrents. Ils ont pris des mesures pour maîtriser les transferts de technologies vers ces
derniers (par exemple en mettant en place un contrôle de l'émigration des travailleurs qualifiés ou de l'exportation+
des machines) et, par des traités inégaux et par la colonisation, ont contraint les pays moins développés à ouvrir
leurs marchés. Toutefois, les économies en phase de rattrapage autres que les colonies (officielles ou de fait) n'ont
pas accepté passivement ces mesures restrictives. Pour surmonter les obstacles qu'elles créaient, elles ont mis en
oeuvre toutes sortes de moyens légaux et illégaux, tels que l'espionnage industriel, le débauchage illégal de main-
d'oeuvre et le passage d'équi pements en contrebande.
L'étude des expériences historiques d'un ensemble de PAD (la Grande-Bretagne, les Etats-Unis, l'Allemagne, la
France, la Suède, la Belgique, les Pays-Bas, la Suisse, le Japon, la Corée et Taiwan) détruit beaucoup de mythes qui
biaisent aujourd'hui le débat, les plus nombreux portant sur les politiques économiques de la Grande-Bretagne et le
capitalisme+ de libre-échange+ des Etats-Unis - les deux patries supposées du libéralisme+.
1. La Grande-Bretagne
• Contrairement au mythe populaire qui veut qu'elle se soit développée sur la base du libéralisme et du libre-
échange, la Grande-Bretagne a utilisé agressivement - jusqu'à en être un pionnier dans certains domaines -
des politiques volontaristes destinées à développer ses industries naissantes. De telles pratiques, même si
leur portée est limitée, remontent au XIVe siècle (Edouard III) et au XVe siècle (Henry VII) pour ce qui
concerne l'industrie lainière, l'industrie de pointe à l'époque. L'Angleterre exportait alors de la laine brute
vers les Pays-Bas. Henry VII tenta de changer cette situation en taxant les exportations et en débauchant
des ouvriers qualifiés hollandais. Entre la réforme de la politique commerciale, décidée en 1721 par le
Premier ministre Robert Walpole, et l'abrogation de la loi sur les blés, en 1846, la Grande-Bretagne a mis
en oeuvre des politiques agressives en matière d'industrie, de commerce et de technologie. Pendant cette
période, elle pratiqua activement la protection des industries naissantes, les subventions à l'exportation+,
les réductions de droits pour l'importation de matières entrant dans la fabrication des produits qu'elle
exportait, le contrôle de la qualité des exportations par l'Etat - toutes pratiques qui sont typiquement
associées au Japon et autres pays est-asiatiques. Comme le montre le tableau supra, la Grande-Bretagne a
eu des tarifs douaniers très élevés sur les produits manufacturés jusque dans les années 1820, soit quelque
deux générations après le démarrage de sa révolution industrielle et alors qu'elle possédait une avance
technologique significative sur les nations concurrentes.
• C'est donc avec l'abrogation de la loi sur les blés, en 1846, que les Britanniques se sont convertis nettement
- même si ce n'était pas complètement - au libre-échange. On considère habituellement cette décision
comme la victoire définitive de la doctrine économique libérale classique sur l'aberration mercantiliste (par
exemple Bhagwati, 1985), mais nombre d'historiens la voient comme un acte d'" impérialisme libre-
échangiste " destiné à " mettre un terme à l'industrialisation+ sur le continent en accroissant les débouchés
pour les produits agricoles et les matières premières " (Kindleberger, 1978, p. 196). C'est d'ailleurs ainsi
que le présentaient les meneurs de la campagne pour l'abrogation de la loi sur les blés, tels que le politicien
Richard Cobden et John Bowring, de la Chambre de commerce+.
2. Les Etats-Unis
Si la Grande-Bretagne fut le premier pays à lancer avec succès sur une grande échelle la stratégie de la promotion
des industries naissantes, ses utilisateurs les plus actifs furent les Etats-Unis - que Paul Bairoch a désignés comme
" le berceau et le bastion du protectionnisme+ moderne " (Bairoch, 1993, p. 30).
• En effet, les premiers arguments systématiques en faveur des industries naissantes ont été développés par
des penseurs améri cains, comme Alexander Hamilton, le premier secrétaire au Trésor des Etats-Unis, et
Daniel Raymond. C'est dans les années 1820, pendant son exil aux Etats-Unis, que Friedrich List, le père
intellectuel supposé de la théorie de la protection des industries naissantes, a commencé à apprendre sur la
question. Beaucoup d'intellectuels et de politiciens américains avaient bien compris, pendant la période de
" rattrapage " de leur pays, que la théorie du libre-échange défendue par les Britanniques ne leur convenait
pas. List fait l'éloge des Américains pour ne pas avoir écouté des économistes influents comme Adam
Smith ou Jean-Baptiste Say, qui soutenaient que la protection des industries naissantes serait un désastre
pour les Etats-Unis, pays riche en ressources. Les Américains ont obéi au " bon sens " et à " l'instinct de ce
qui était nécessaire pour la nation " (List, 1885, p. 99-100), et continué à protéger leurs industries, en
commençant par mettre en vigueur un nouveau tarif douanier+ en 1816 (3).
• Entre 1816 et la fin de la Seconde Guerre mondiale, les Etats-Unis ont eu l'un des taux moyens de droits
de douane sur les importations de produits manufacturés les plus élevés du monde. Comme le pays a
bénéficié, au moins jusque dans les années 1870, d'une protection " naturelle " exceptionnelle, du fait des
coûts de transport élevés, on peut dire que les industries américaines ont été les plus protégées du monde
jusqu'en 1945. Après la guerre de Sécession, le protectionnisme devint très important. Contrairement à ce
que l'on croit, ce conflit n'a pas eu comme seul motif la question de l'esclavage : les tarifs douaniers furent
une cause au moins aussi importante (4). C'est seulement après la Seconde Guerre mondiale, quand leur
suprématie industrielle ne fut plus contestée, que les Etats-Unis libéralisèrent leur commerce (même si ce
ne fut pas aussi radicalement que les Britanniques l'avaient fait au milieu du XIXe siècle) et commencèrent
à se faire les champions du libre-échange+ - apportant une fois de plus la preuve que List avait raison avec
sa métaphore de l'" échelle tirée ". La citation ci-après d'Ulysses Grant, héros de la guerre de Sécession et
président des Etats-Unis de 1869 à 1877, montre bien que les Américains ne se faisaient aucune illusion
sur le fait qu'ils avaient, comme les Britanniques, " tiré l'échelle " (5) : " Pendant des siècles l'Angleterre a
tablé sur la protection, qu'elle a porté à son plus haut niveau. Elle en a obtenu des résultats qui la satisfont.
C'est sans aucun doute à ce système qu'elle doit sa puissance actuelle. Après deux siècles, elle a trouvé bon
d'adopter le libre-échange+ parce qu'elle pensait que le protectionnisme+ ne pouvait plus rien lui apporter.
Eh bien, messieurs, ma connaissance de notre pays me permet de croire que dans deux cents ans, quand
l'Amérique aura tiré de la protection tout ce qu'elle peut lui apporter, elle aussi se convertira au libre-
échange " (Ulysses S. Grant, cité dans A. G. Frank, 1967, p. 164).
3. Exercices de distancement
Comme je l'ai signalé plus haut, une fois arrivés au sommet, les PAD ont utilisé toutes sortes de tactiques pour
distancer les pays qui suivaient. Les politiques mises en oeuvre furent, bien entendu, différentes selon le statut
politique de ces derniers - colonies, pays semi-indépendants liés par des traités inégaux ou nations concurrentes
indépendantes.
• Des " traités inégaux " furent utilisés pour priver des pays théoriquement indépendants de leur autonomie
douanière, en maintenant leurs tarifs à des niveaux très bas (habituellement de 3 à 5 %). Entraient dans
cette catégorie tous les pays d'Amérique latine, à commencer par le Brésil en 1810, ainsi que la Chine, le
Siam, la Perse, l'Empire ottoman et le Japon.
• Contre les pays concurrents, la politique consistait à limiter les transferts de technologies, en interdisant
l'émigration de la main-d'oeuvre qualifiée ou l'exportation+ de machines performantes. Les concurrents
contre-attaquaient en pratiquant l'espionnage industriel et le recrutement " illégal " de travailleurs
qualifiés, et en ne respectant pas les brevets et autres droits de propriété intellectuelle. La plupart de ces
pays n'accordaient qu'une protection très insuffisante aux droits de propriété intellectuelle des étrangers
(par exemple en autorisant la prise de brevets sur une " invention importée "). La Suisse n'a pas eu de
système de brevets jusqu'en 1907, et les Pays-Bas, même s'ils ont passé une loi sur les brevets en 1817,
l'ont abrogée en 1869 et ne l'ont pas réintroduite avant 1912. Et jusqu'à la fin du XIXe siècle, au moment
où l'Allemagne était sur le point de dépasser la Grande-Bretagne sur le plan techno logique, cette dernière
était très préoccupée par les nombreuses contrefaçons de ses marques par les Allemands
Contexte : La création de l’OMC s’est faite dans un contexte politique très favorable au libéralisme . En effet ,
l’effondrement du bloc soviétique traduit pour les libéraux la supériorité du capitalisme , du marché de CPP sur tout
autre système . La généralisation de l’économie de marché et la libéralisation des échanges semblent alors être les
seules solutions qui s’offrent au pays qui veut connaître une croissance et un développement économique .
Limites : comme l’indique l’analyse historique de P.Bairoch , il n’y a pas de lien de cause à effet obligatoire entre
la libéralisation des échanges , le développement du commerce international et la croissance économique . En effet :
« l’expansion du commerce extérieur européen a été généralement plus rapide durant les périodes protectionnistes
que durant la période libérale , globalement les 30 années de période libérale ( 1860-1890 ) ont été nettement plus
négatives que les 30 années précédant cette période et que les 25 années la suivant . »
Conclusion : A.Grjebine peut en conclure : « en fait , le libre-échange a été favorable surtout sinon exclusivement
à la première puissance économique de l’époque , c’est-à-dire le Royaume-Uni » . On peut alors se demander dans
quelle mesure la libéralisation des échanges internationaux qui est en train de s’opérer aujourd’hui n’a pas été
réalisée par le pays leader ( les EU ) au nom de l’intérêt général et en particulier
I. Un protectionnisme éducateur
A. Un protectionnisme indispensable
Le pays en retard doit alors appliquer une stratégie protectionniste, qui contrairement à la
théorie développée par les libéraux n’est pas défensive mais offensive. En effet, son
industrie n’étant pas compétitive, il doit dans un premier temps la protéger par des
barrières douanières qui lui offriront un marché captif (le consommateur en contrepartie
subit un coût : il paye plus cher des biens de moins bonne qualité).
B. Mais provisoire
Mais ces barrières douanières ne seront que provisoires ; au fur et à mesure, les industries
naissantes vont gagner en maturité, vont devenir plus compétitives, les barrières
protectionnistes pourront alors progressivement être réduites .
List qui est avec Hamilton le promoteur du protectionnisme éducateur considère, en
effet, qu’il faut instaurer des barrières tant que les industries ne sont pas compétitives ,
mais que les producteurs doivent dès l’origine savoir que ces barrières ne sont que
provisoires , sinon ils ne seront pas incités , sous l’aiguillon de la concurrence ,à accroître
leur compétitivité .
Les PDEM connaissent un mouvement de délocalisations de leurs établissements industriels vers les pays émergents
Délocalisation : transfert à l’étranger d’une activité jusque là assurée sur le sol
national
B. Explications
Les PDEM accusent alors ces pays de faire du dumping social et environnemental (doc6 p 251)
Dumping : amélioration artificielle de la compétitivité commerciale à l’exportation
Social : grâce à la faiblesse ou l’absence de protection sociale et de
réglementations du travail (ex : travail des enfants, 3 p 250)
Environnemental : grâce à la faiblesse où l’absence de réglementations visant à
protéger l’environnement
Les PDEM accusent alors les pays émergents de concurrence déloyale et veulent faire adopter au niveau
international deux types de normes qui répondent à 2 objectifs :
- un objectif implicite : limiter la concurrence déloyale
- un objectif explicite : améliorer le sort de la population
Les pays émergents refusent l’introduction de ces clauses pour plusieurs raisons :
- ils accusent les PDEM d’hypocrisie : au même stade de développement, ceux-ci n’étaient pas contraints
par ce type de règles
- ils considèrent qu’ils ne peuvent les appliquer :
• leur niveau de richesse est plus faible
• leur niveau de productivité aussi
• ils ne peuvent donc financer ces normes
- ces clauses ne sont pas demandées par leur population car leur niveau de développement est inférieur à
celui des PDEM
Conclusion :Ainsi, dès lors que l’on ne se situe plus sur un marché de CPP c’est à dire que :
- les entreprises du pays leader appliquent une stratégie commerciale visant à
rendre leurs concurrents économiquement dépendants et incapables de générer un
progrès technique leur permettant de rattraper le retard accumulé ,
- une intervention de l’Etat peut s’avérer nécessaire afin de contribuer à la
constitution des avantages comparatifs sur les marchés les plus dynamiques .
- En appliquant une stratégie s’appuyant sur les principes du protectionnisme
éducateur ( cf. exemple d’Airbus : doc 22 p 247 ) un pays peut permettre à ses
entreprises de conquérir une place sur un marché oligopolistique caractérisé par de
fortes barrières à l’entrée , ce qui à terme diminuera la dépendance et permettra la
réduction des barrières douanières
Pour en savoir plus sur les politiques commerciale et industrielle stratégiques : un extrait d’article de
M.Rainelll
La nouvelle théorie a également développé une analyse originale de la politique commerciale, qui n'a été défendue
que pendant une durée assez brève. La théorie traditionnelle montre, lorsque la concurrence est parfaite, que le
libre-échange est optimal ; la nouvelle théorie, reposant sur une analyse en termes de concurrence imparfaite,
développe au contraire des justifications fortes à une intervention publique par le biais de politiques industrielle ou
commerciale.
C'est un article de James Brander et Barbara Spencer qui marque la naissance de la nouvelle théorie du
protectionnisme(15). Les auteurs envisagent le cas particulier d'une firme domestique qui entre en concurrence de
Cournot avec une firme étrangère sur un marché tiers où il n'existe pas de producteur autochtone. Les firmes ont
des dépenses de R&D qui conduisent à une diminution de leurs coûts de production ; ces dépenses peuvent être
subventionnées par les pouvoirs publics du pays domestique. Cette politique industrielle permet d'abaisser le coût de
production de la firme en dessous de celui de sa rivale et donc de modifier l'équilibre atteint sur le marché tiers. Le
niveau optimal de subvention est celui qui permet de passer d'un équilibre de Cournot (sans intervention publique)
à un équilibre de Stackelberg où la firme domestique est leader, ce qui accroît son profit. Cette situation est décrite
comme l'" extraction d'une partie des rentes d'oligopole de la firme étrangère "(16).
Dans le prolongement de ces résultats, de nombreux travaux vont s'intéresser à la description de cas où
l'intervention des pouvoirs publics, au moyen d'une politique commerciale ou d'une politique industrielle peut
conduire à améliorer la situation d'une firme nationale, ou à lui permettre d'entrer sur un marché dans lequel, sans
intervention publique, elle ne pourrait obtenir un profit positif. De telles formalisations sont apparues comme
pertinentes pour décrire, par exemple, le cas de l'industrie aéronautique avec la rivalité entre Airbus et Boeing.
Cependant, les premiers enthousiasmes à l'égard de cette approche vont rapidement être tempérés ; d'une part, les
résultats obtenus ne sont pas robustes : la modification des hypothèses de comportement des firmes remet en cause
les modalités de l'intervention publique. D'autre part, les tentatives pour chiffrer les gains résultant d'une politique
activiste ont conduit à relativiser son intérêt. Krugman, dans un article célèbre paru en 1993, considère, tous
comptes faits, que le libre-échange demeure la politique optimale(17).
Ainsi, les apports de la nouvelle théorie, s'ils sont indéniables sur le plan conceptuel, parce qu'ils permettent de
raisonner sur des cas généraux et non plus limites, n'ont pas encore fait l'objet de vérifications empiriques
probantes. De ce point de vue, la faiblesse de la nouvelle théorie renvoie à celle de la théorie traditionnelle.
Source :Les cahiers français, n° 299 , Auteur : Michel Rainelli (LATAPSES-IDEFI CNRS et Université de Nice
Sophia-Antipolis) .
Limites :Il n’en reste pas moins que l’exemple de Boeing et d’Airbus montrent que la
politique menée par les 2 gouvernements peut être assimilée à un jeu à somme négative ,
puisque les pertes subies par les américains n’ont pas été compensées par une
amélioration du bien-être des européens .
Conclusion : Comme le conclue LAFAY , le protectionnisme peut être la meilleure ou la pire des choses , la pire
s’il consacre d’avantages d’efforts à la production défensive d’industries du passé qu’à la protection offensive des
industries de l’avenir ; la meilleure s’il vise par une analyse de l’évolution des marchés une spécialisation qui
dynamise les avantages comparatifs .
Notions du référentiel : acculturation, différenciation
Chapitre : mondialisation et culturelle
internationalisation des échanges
A. Constat (1 p 284)
- La disparition des sociétés traditionnelles rurales, fondées sur l’agriculture. Le petit artisanat et souvent
le troc, sont « remplacées » par des sociétés monétarisées, où la majeure partie de la population travaille
contre un salaire monétaire. Les solidarités traditionnelles sont remplacées par la logique contractuelle.
- La diffusion de pratiques culturelles mondiales relègue les pratiques culturelles locales, voire conduit à
leur disparition progressive ou brutale (musique, football « coupe du monde », lecture des best seller Da
Vinci Code, Harry Potter).,une langue internationale (l’américain) et une monnaie internationale (le
dollar).
- L’extension de l’économie de marché à l’ensemble de la planète s’accompagne donc d’un vaste processus
d’acculturation.
- On observe une diffusion du modèle culturel occidental et tout particulièrement du modèle américain.
Un consommateur mondial type se dessine peu à peu, la « macdonaldisation » du monde serait donc
inéluctable. La diversité des cultures serait menacée . Les pratiques de dépigmentation qui se développent
chez les Africains ont en effet de quoi inquiéter .L’acculturation se traduirait donc par une assimilation
ou une déculturation :
B. Explications
- Les FMN pratiquent la DIPP en implantant leurs filiales dans de nombreux pays pour étendre leurs
marchés, rationaliser leurs activités (réaliser des économies d’échelle, tirer avantage des spécificités de
chaque pays).
- L’accumulation du capital à l’échelle mondiale entraîne ainsi l’extension des marchés.
- Ce phénomène est accentué par le développement et la diffusion de nouvelles technologies qui accélèrent
la circulation des biens et services, des hommes et des capitaux et de l’information et des idées.
- Elles multiplient les moyens de communication et permettent de réduire les distances et les temps des
communications ainsi que de baisser leurs coûts ; elles favorisent donc leur augmentation (téléphone fixe
puis mobile, fax, Internet, diffusion par satellites, transports à grande vitesse ou grande capacité, TV et
publicité). Ainsi la circulation des biens et des idées est-elle accélérée.
- les PDEM et notamment les Etats-Unis sont les pays les plus riches du monde
- adopter leur mode de vie permet d’obtenir une partie de leur prestige
II. A relativiser
- Patrimoines culturels nationaux clairement identifiables (littérature, peinture, musique, architecture, etc.),
goûts différents avec lesquels les FMN doivent composer, s’adapter aux spécificités locales (Mac Do en
Inde ou en France effectue une certaine adaptation de ces produits aux exigences locales). Certaines
populations utilisent aujourd’hui leur culture d’origine pour fabriquer des produits nouveaux. La culture
dans certain cas, devient un label commercial
- Les modes d’organisation capitalistes restent différents: l’Angleterre valorise la culture du contrat ,
l’Allemagne celle du consensus .
- Des processus de métissage culturel et de réinterprétation se multiplient et témoignent du maintien de la
diversité culturelle. Pas de culture à l’état pur, mais un processus permanent d’acculturation qui
s’intensifie avec la mondialisation. La culture est toujours en mouvement
B. Les écarts de mode de vie entre pays comme à l’intérieur des pays restent considérables.(6 p
285)
- Toutes les nations du monde ne sont pas intégrées au même niveau dans l’échange international. Ceci est
vrai aussi à l’intérieur d’un même pays. La vision d’un village planétaire concerné par les mêmes valeurs
et les mêmes préoccupations est donc un leurre.
- En effet, évoquer l’uniformisation, c’est oublier que la mondialisation n’a pas gommé les écarts
considérables de modes de vie entre les pays riches et pays pauvres. La salarisation à l’échelle planétaire
est loin d’être homogène : le niveau de salaires, la protection et les droits des travailleurs diffèrent. Les
écarts de niveau de vie maintiennent de fortes inégalités de mode de vie, d’accès à l’éducation, à la santé,
accès à l’eau potable, d’espérance de vie entre les pays et à l’intérieur des pays.
- Le phénomène d’urbanisation dans les PED ne revêt pas les mêmes formes que dans les pays développés.
Seules les élites, ou les classes moyennes de ces pays accèdent véritablement au mode de vie occidental. Il
y a moins d’écart entre un cadre américain et un cadre indien qu’entre ce dernier et un paysan indien ou
qu’entre le cadre et l’ouvrier américain.
- En dépit de pratiques vestimentaires, culinaires différentes, religieuses, etc., les deux cadres partagent une
vision de l’entreprise, des méthodes de travail, des niveaux de vie qui les rapprochent et qui structurent
leur quotidien à l’identique et les éloignent de l’univers économique et mental du paysan indien ou de
l’ouvrier américain.
Politique d’exception culturelle :la nature même des biens culturels (livres, musique,
cinéma) nécessite de mettre en place des mesures protectionnistes visant à
protéger cette production :
- aides financières
- impositions de quotas de produits nationaux
Pour voir des exemples montrant l’inefficacité des politiques d’exception culturelle :
1. Exemples historiques
- la mise à l’index des ouvrages remettant en cause les préceptes de la religion catholique
- les autodafés sur les livres considérés avilissants par les nazis
- le bloc soviétique et en particulier le mur de Berlin ( cf cours d’histoire-géo) ont amplement démontré que la
volonté de préserver un peuple de la soi-disant influence nocive d’un modèle concurrent ( le modèle occidental
et en particulier la RFA ) peuvent servir à légitimer une absence complète de liberté
- l’Albanie de E .Hodja , la révolution culturelle de Mao , le Cambodge de Pol Pot sont là pour prouver que des
politiques visant à produire un nouvel homme en détruisant les symboles du passé impliquent une violation
des droits de l’homme
2. Exemples récents
A. Explications
- Le principe de base de toutes ces mesures est de définir une culture considéré comme pure (c’est-à-dire
n’ayant subi aucune influence extérieure) qui doit être préservée ou retrouvée.
- Les moyens :
• L’élimination de tous les éléments culturels définis comme étrangers ou impurs
• Le refus de laisser circuler des éléments culturels qui viendraient abâtardir la culture en opérant
un métissage culturel
- Les conséquences :
• L’impossibilité de définir une culture pure ( qui n’existe pas puisque par définition les cultures sont
syncrétiques)conduit à la recherche d’ennemis de l’intérieur ( la culture bourgeoise en URSS ) et à
une fermeture toujours plus poussée du pays sur lui-même dont l’objectif est d’homogénéiser les
modèles de comportements , les valeurs et les normes
Même si elles ne sont en rien comparables aux dérives dangereuses et condamnables des politiques des pays
totalitaires, les politiques d’exception culturelle conduisent selon leurs opposants, principalement les anglo-saxons
à une série d’effets pervers qui doivent conduire à leur remise en cause :
- les politiques d’exception culturelles qui visent à protéger le local des appétits du « grand méchant loup
mondialiste » peuvent traduire chez les militants anti-mondialisation un désir de pureté culturelle qui
postule une conception de la culture dangereuse : « des segments culturels étanches auraient traversé les
siècles sans se mêler véritablement et seraient aujourd’hui en passe de s’abîmer irrémédiablement dans le
grand chaudron de la mondialisation »
- la France qui est le leader du camp exceptionniste ne s’interrogeait pas sur les dangers de l’exception
culturelle quand le modèle français était adopté partout en Europe, voire aux EU : les rédacteurs de la
Constitution américaine étant très influencés par la philosophie des Lumières
- ces politiques rejettent les principes de la libre-circulation des idées, sont donc un frein au développement
des idées démocratiques et de liberté
- ces politiques remettent en cause le libre-choix des citoyens à pouvoir consommer les produits qu’ils
désirent : les français sont ainsi obligés d’écouter à la radio des chansons françaises qui ne leur
conviennent pas forcément du fait de l’imposition de quotas
- les producteurs de programmes culturels qui ne sont pas mois en concurrence ne sont pas incités à
répondre aux besoins des consommateurs, en particulier en augmentant la qualité des produits ou en
cherchant à les démocratiser pour les rendre accessibles
- le soutien public à ces programmes culturels conduit à un gaspillage de ressources
- car véhicule des « contenus , des valeurs , des modes de vie qui sont partie prenante de l’identité culturelle
d’un pays et reflète la capacité créatrice des individus »
2. il faut donc affirmer le droit souverain des Etats à mettre en œuvre des politiques
culturelles
- pour éviter la disparition de leur cinéma , de leur modèle alimentaire , … les pays peuvent et doivent
adopter des politiques visant à se protéger de la standardisation commerciale qui va de pair avec la
consommation de masse et les économies d’échelle
- la France va , par exemple , imposer des quotas , mais aussi protéger la production cinématographique par
le mécanisme d’avances sur recettes
- l’objectif de l’exception culturelle n’est absolument pas, comme le disent les exceptionnistes , d’imposer
un rideau de fer
- c’est au contraire de préserver la diversité culturelle et de favoriser la rencontre des cultures : un projet
comme le musée des Arts premiers au Quai Branly ou la réussite de la world music traduisent bien cette
volonté d’ouverture et de confrontation des cultures