mourir
Étymologie
modifierVerbe
modifiermourir \mu.ʁiʁ\ intransitif 3e groupe (voir la conjugaison) (pronominal : se mourir)
- Cesser de vivre ; devenir mort.
- « Eh bien, tu sais, toi, tu ne t’amènes pas trop vite, dit-il.
— Faut-il s’en faire mourir ? » — (Hector Malot, En famille, 1893) Ce qui est certain, c'est qu'en Extrême-Orient on meurt beaucoup plus par la fièvre typhoïde que par le choléra.
— (Jules Guiart, Les Parasites inoculateurs de maladies, Paris : Flammarion, 1918, page 297)À leur âge, dans notre pays, les grand’mères se préparent à mourir pieusement et les jeunes filles ne pensent qu'au flirt.
— (Xavier de Hauteclocque, La tragédie brune, Nouvelle Revue Critique, 1934, page 59)Celui-ci se rendit, vers 1121, en Palestine, avec d’autres rabbins et il mourut en cours de route.
— (Léon Berman, Histoire des Juifs de France des origines à nos jours, 1937)Elle allait mourir dans des souffrances atroces, sans que rien pût la soulager.
— (Jean Rogissart, Passantes d’Octobre, Librairie Arthème Fayard, Paris, 1958)Je ne mourrai pas ! je ne mourrai pas ! dit-elle à moitié folle de joie et en se pendant à mon cou : je pourrai t’aimer encore longtemps. Ma vie est dans la tienne, et tout ce qui est moi vient de toi.
— (Théophile Gautier, La morte amoureuse, 1836)L’hiver 1953-1954 fut particulièrement rude. Des clochards moururent de froid, ainsi qu’un enfant dans une famille mal logée.
— (Bertrand Marchand, Paris, histoire d’une ville XIXe-XXe siècle, Éditions du Seuil, 1993, page 279)Au sortir de la guerre, dans la table sans fin des jours de fête, au milieu des rires et des exclamations, on prendra bien le temps de mourir, allez ! la mémoire des autres nous plaçait dans le monde.
— (Annie Ernaux, Les années, Gallimard, 2008, collection Folio, page 31)Disposant de peu d’énergie, les plantes du sous-bois ne peuvent produire que de très petites graines et ces dernières, lorsqu’elles germent, mourraient si elles se laissaient enfouir sous la litière; […].
— (Luc Jacquet et Francis Hallé, Il était une forêt, Actes Sud, 2014, page 38)
- « Eh bien, tu sais, toi, tu ne t’amènes pas trop vite, dit-il.
- (Par hyperbole) Subir des tourments ; être tourmenté.
Dites donc, vous autres, – les apostropha-t-il, […], – je meurs de fatigue, et je ne me tiens plus sur les jambes d’avoir été si longtemps en selle. Impossible de vous accorder une seule seconde d’entretien, je suis fourbu, esquinté.
— (H. G. Wells, La Guerre dans les airs, 1908, traduction d’Henry-D. Davray et B. Kozakiewicz, Mercure de France, Paris, 1910, page 31 de l’édition de 1921)C’est à mourir de rire comme c’est écrit là, mais moi, je ne meurs pas de rire, je meurs de honte et engueule cet âne de gros émile laconique… […].
— (Louis Paul Boon, La Route de la chapelle, traduit par Marie Hooghe, L’Âge d’Homme, 1999, page 380)Après la vente de l’entreprise, elle avait failli mourir d’ennui la première année passé à la maison, et elle avait tout de suite sauté sur l’occasion quand la bibliothèque avait recherché quelqu’un pour un mi-temps.
— (Camilla Läckberg, traduit par Lena Grumbach et Catherine Marcus, Le Tailleur de pierre, Actes Sud, 2009 (1re édition 2005), page 116)Mornet replia le journal. Il allait mal et nul ne songeait à le questionner, alors qu’il en mourrait d'envie.
— (Pierre Saha, Le porteur de mauvaises nouvelles: Liancourt, avril 1972, une tragédie ordinaire, Éditions Ravet-Anceau, 2017)- — Parce que tu regardes toujours les catalogues de tondeuses à gazon. Tu meurs d’envie d'en acheter une., — (Agatha Christie, Le Cheval à bascule, Librairie des Champs-Élysées, traduction de Janine Lévy entièrement révisée, Éditions du Masque, 2014, chapitre 3)
- (Par analogie) Finir, disparaitre, en parlant des États, des institutions, des établissements, des choses morales, des productions de l’esprit, des ouvrages de l’art.
Au milieu de leurs anathèmes et de leurs malédictions, ils poussaient ce cri, répercuté d’un bout de la France à l’autre : « Le petit commerce meurt !… Le petit commerce ne veut pas mourir ! » L’ombre de Bossuet en frémissait peut-être.
— (Gilles Normand, La guerre, le commerce français et les consommateurs, Perrin, 1917, page 7)Au manifeste du journal Le Décadent, […], fait écho un éditorial de La Croix : « La religion est persécutée, la noblesse est anéantie, la magistrature a perdu son indépendance et son caractère, l'armée est vaincue et humiliée, l'industrie meurt, l'agriculture est ruinée.
— (Laurent Mucchielli, La découverte du social: Naissance de la sociologie en France, La Découverte, 2010, page 101)
- (Sens figuré) Finir peu à peu en parlant de certaines choses, de l’activité, du mouvement ou de choses qui finissent par une dégradation insensible, comme les sons, les couleurs, etc.
Vers l’est mouraient en pentes douces les versants de ces hauteurs qui composaient le plateau de Lattakou.
— (Jules Verne, Aventures de trois Russes et de trois Anglais, 1872)L’embarquement et le débarquement s'opèrent à l'aide de barcasses d'un faible tirant d’eau, pouvant pénétrer dans une petite anse où les vagues viennent mourir au pied même des murs de la ville.
— (Frédéric Weisgerber, Trois mois de campagne au Maroc : étude géographique de la région parcourue, Paris : Ernest Leroux, 1904, page 21)
- (Pronominal) Être sur le point de mourir — Note : Surtout au présent et à l’imparfait de l’indicatif.
Ô nuit désastreuse ! ô nuit effroyable, où retentit tout à coup, comme un éclat de tonnerre, cette étonnante nouvelle : Madame se meurt, Madame est morte !
— (Jacques Bénigne Bossuet, Oraison funèbre de Henriette-Anne d’Angleterre, 1649)- Mais mon père se meurt ! mon père se meurt ! s’écria le Dauphin.
- Hâtez-vous, André, dit Ambroise : le roi est bien mal !
- Le roi a encore trois ou quatre jours à vivre, ne craignez rien, répondit Vésale. — (Alexandre Dumas, La Royale Maison de Savoie : Emmanuel-Philibert, 1852) - (Sens figuré) La soie artificielle, à Anduze ! Ainsi, c’est donc bien vrai, l’un des fleurons de notre France ancienne est en train de s’effriter : la magnanerie se meurt ! — (Ludovic Naudeau, La France se regarde : Le Problème de la natalité, Librairie Hachette, Paris, 1931)
Synonymes
modifier- aller ad patres
- aller à sa dernière demeure
- avaler sa chique (Argot)
- avaler son bulletin de naissance
- avaler son extrait de naissance (Argot)
- avoir fait son temps
- canner (Argot)
- cabancher (Argot)
- calancher (Argot)
- camarder (Argot)
- casser sa pipe (Argot)
- cesser d’être (Littéraire)
- claboter (Argot)
- clamser (Argot)
- clapser (Argot)
- claquer (Argot)
- crever (Familier)
- décéder (Soutenu)
- disparaître (Par euphémisme)
- défunter, défuncter, défunquer
- être au ciel
- être rappelé à Dieu (Par euphémisme)
- expirer (Littéraire)
- fermer les yeux, fermer les yeux à la lumière (Littéraire)
- finir (Familier)
- lever les fourches (Argot)
- lever les pattes (Familier)
- monter au ciel (langage d’enfant)
- partir (Par euphémisme)
- partir aux fleurs (Par euphémisme)
- passer de vie à trépas (Soutenu)
- passer l’arme à gauche (Familier)
- payer sa dette à la nature
- perdre la vie
- périr (Littéraire)
- péter au frette (Québec) (Familier)
- rendre l’âme (Littéraire)
- rendre le dernier soupir (Littéraire)
- rendre l’esprit
- rendre son âme à Dieu
- rendre son dernier souffle
- s’éteindre (Par euphémisme)
- se consumer (Littéraire)
- s'endormir du sommeil de la tombe (Littéraire)
- succomber
- tirer sa révérence
- tourner de l’œil
- trépasser (Littéraire)
- franchir le noir passage (Littéraire)
Hyponymes
modifierAntonymes
modifierDérivés
modifier- aide médicale à mourir
- à mourir de rire
- bien-mourir
- crois ou meurs
- démourir
- meurt-de-faim
- meurt-de-soif
- meurt-la-faim
- mourir à la peine
- mourir à la tâche (mourir au milieu de son travail, à force de travail)
- mourir à petit feu
- mourir au champ d’honneur (être tué sur le champ de bataille)
- mourir au lit d’honneur
- mourir comme un chien
- mourir dans les cheveux noirs
- mourir de faim
- mourir de honte
- mourir de rire
- mourir de sa belle mort
- mourir de soif
- mourir pour Dantzig
- mourir pour Kiev
- mourir sur la paille
- ne pas en mourir
- ne pas mourir idiot
- prémourir
- remourir
Proverbes et phrases toutes faites
modifierApparentés étymologiques
modifier→ voir mort
Vocabulaire apparenté par le sens
modifier- mourir figure dans le recueil de vocabulaire en français ayant pour thème : mort.
Traductions
modifierCesser de vivre.
- Afrikaans : sterf (af)
- Allemand : sterben (de), ableben (de)
- Anglais : to die (en), to expire (en), to pass away (en), bite the biscuit (en), bite the dust (en), buy the farm (en), cash in one's chips (en), cease to be (en)
- Vieil anglais : acwelan (ang), sweltan (ang)
- Arabe : ماتَ (ar) māta, تُوُفِّيَ (ar)
- Néo-araméen assyrien : mjətə (*)
- Azéri : ölmək (az)
- Bachkir : үлеү (*), вафат булыу (*), донъя ҡуйыу (*), йән биреү (*)
- Bambara : ban (bm), sa (bm)
- Breton : mervel (br)
- Cao lan : thɑːi⁴² (*)
- Catalan : morir (ca), traspassar (ca)
- Chinois : 死 (zh) sǐ, 死亡 (zh) sǐwáng
- Chleuh : ⵎⵎⵜ (*)
- Cimbre : sterben (*)
- Coréen : 죽다 (ko) jukda, 사망하다 (ko) (死亡하다) samanghada
- Créole haïtien : mouri (*)
- Damar de l’Est : ṃˈmat (*)
- Danois : dø (da)
- Espagnol : morir (es)
- Espéranto : morti (eo)
- Féroïen : doyggja (fo)
- Finnois : kuolla (fi)
- Frison : deagean (fy), ferstjerre (fy), stjerre (fy)
- Gagaouze : ölmää (*)
- Gelao blanc de Pudi : ŋkun³¹ (*)
- Gotique : 𐌰𐍆𐌳𐌰𐌿𐌸𐌾𐌰𐌽 (*) afdáuþjan, 𐌳𐌹𐍅𐌰𐌽 (*) diwan
- Grec : πεθαίνω (el) pethéno
- Grec ancien : ὄλλυμαι (*) ollumai, ἀποθνῄσκω (*) apothnèskô
- Hébreu ancien : מות (*)
- Hongrois : hal (hu)
- Iakoute : өл (*)
- Ido : mortar (io)
- Indonésien : meninggal (id), meninggal dunia (id), tutup usia (id)
- Inuktitut : ᑐᖁ- (iu) tuqu-
- Islandais : deyja (is)
- Italien : morire (it)
- Japonais : 死ぬ (ja) shinu, 死亡する (ja) shibō suru
- Karatchaï-balkar : ёлюрге (*)
- Kazakh : өлу (kk) ölüw, қайтыс болу (kk), қаза табу (kk), шетінеу (kk), жан тапсыру (kk), дүние салу (kk), опат болу (kk)
- Khakasse : ӧлерге (*)
- Kikuyu : gukua (*)
- Kinyarwanda : pfa (rw) (gupfa)
- Kirghiz : өлүү (ky), каза табуу (ky), каза болуу (ky)
- Kogui : ʃuíʃĩ (*)
- Kotava : awalké (*)
- Koumyk : оьлмек (*)
- Kurde : mirin (ku)
- Lama (Togo) : səpə (*)
- Latin : mori (la)
- Lepcha : ᰕᰦᰭ (*)
- Mapuche : ḻan (*)
- Maya yucatèque : kimil (*)
- Néerlandais : doodgaan (nl), overlijden (nl), sterven (nl), verscheiden (nl)
- Normand : marouâer (*), mouorî (*), deiller (*), mouri (*)
- Vieux norrois : deyja (*)
- Norvégien (bokmål) : dø (no)
- Norvégien (nynorsk) : døy (no)
- Nǀu : ǀ’aa (*)
- Occitan : morir (oc), trespassar (oc), mudar (oc), defuntar (oc), virar batas (oc), virar l’uèlh (oc), tibar l’artelh (oc), rendre l’esperit (oc), se rebondre (oc)
- Oirata : umu (*)
- Oki-no-erabu : もいしゅん (*), なーになゆん (*)
- Palenquero : morí (*), lungá (*)
- Papiamento : fayesé (*), muri (*)
- Polonais : umierać (pl)
- Portugais : falecer (pt), morrer (pt)
- Roumain : muri (ro)
- Russe : умирать (ru)
- Same du Nord : jápmit (*)
- Shingazidja : hufa (*), ufariki (*), utsindza roho (*), ufia (*), ulawa (*)
- Sicilien : scattari l’arma e lu battìsimu (scn)
- Slovaque : umrieť (sk), umierať (sk), zomrieť (sk), zomierať (sk)
- Solrésol : refamido (*)
- Songhaï koyraboro senni : buu (*)
- Sranan : dede (*), kraperi (*)
- Suédois : avlida (sv), dö (sv)
- Swahili : kufariki (sw), kufa (sw)
- Tatare : үлү (tt), вафат булу (tt)
- Tchèque : umřít (cs), umírat (cs), zemřít (cs), zmírat (cs), zaklepat bačkorama (cs), zhebnout (cs), chcípnout (cs), natáhnout brka (cs)
- Tchouvache : вил (*)
- Toku-no-shima : もーいせぃ (*)
- Tourangeau : mori (*), dénaite (*), défuntair (*)
- Tsolyáni : chá (*)
- Tupi : manô (*)
- Turc : ölmek (tr)
- Turkmène : ölmek (tk), ýogalmak (tk), dünýäden ötmek (tk)
- Volapük réformé : deadön (vo)
- Yonaguni : まいるん (*), まいすん (*)
- Yupik central : tuqu- (*)
- Zoulou : -shona (zu)
Nom commun
modifiermourir \mu.ʁiʁ\ masculin, au singulier uniquement
- (Philosophie) Expérience de la mort.
Un philosophe est celui […] qui apprend tout sa vie à vivre, non pas dans le but de savoir mourir, […] mais pour continuer l'apprentissage de la vie jusque dans le mourir.
— (Pierre Bertrand, Éloge de la fragilité, éditions Liber, Montréal, 2000, page 136)
Prononciation
modifier- France : écouter « mourir [mu.ʁiʁ] »
- (Région à préciser) : écouter « mourir [mu.ʁiʁ] »
- France : écouter « mourir [Prononciation ?] »
- France (Massy) : écouter « mourir [Prononciation ?] »
- France (Paris) : écouter « mourir [Prononciation ?] »
- Suisse (Genève) : écouter « mourir [Prononciation ?] »
- France (Toulouse) : écouter « mourir [Prononciation ?] »
- France (Grenoble) : écouter « mourir [Prononciation ?] »
- France (Saint-Maurice-de-Beynost) : écouter « mourir [Prononciation ?] »
- France (Vosges) : écouter « mourir [Prononciation ?] »
- France (Lyon) : écouter « mourir [Prononciation ?] »
- France (Brétigny-sur-Orge) : écouter « mourir [Prononciation ?] »
- France (Paris) : écouter « mourir [Prononciation ?] »
- France (Vosges) : écouter « mourir [Prononciation ?] »
- (Région à préciser) : écouter « mourir [Prononciation ?] »
- France (Hérault) : écouter « mourir [Prononciation ?] »
- Suisse (Lausanne) : écouter « mourir [Prononciation ?] »
- (Région à préciser) : écouter « mourir [Prononciation ?] »
- France (Metz) : écouter « mourir [Prononciation ?] »
- Suisse (canton du Valais) : écouter « mourir [Prononciation ?] »
- France : écouter « mourir [Prononciation ?] »
- France (Lyon) : écouter « mourir [Prononciation ?] »
- (Région à préciser) : écouter « mourir [Prononciation ?] »
- Mulhouse (France) : écouter « mourir [Prononciation ?] »
- (Région à préciser) : écouter « mourir [Prononciation ?] »
- Grenoble (France) : écouter « mourir [Prononciation ?] »
- Somain (France) : écouter « mourir [Prononciation ?] »
Anagrammes
modifier→ Modifier la liste d’anagrammes