Pays
Pays vient du latin pagus qui désignait une subdivision territoriale et tribale d'étendue restreinte. Le sens le plus courant est aujourd'hui celui d'État ou d'État souverain.
Littérature
modifierCritique
modifierLouis Aragon, Livres Choisis — Dix-neuf poèmes élastiques (Blaise Cendrars), 1919
modifier- Cette citation provient d'une revue dirigée par André Breton. Elle expose les propos critiques de Louis Aragon dans une rubrique qu'il lui avait été attribuée dans ce numéro. Il avait choisi notamment de commenter le recueil Dix-neuf poèmes élastiques de Blaise Cendrars dont il est question ici.
- « Livres Choisis, Blaise Cendrars — Dix-neuf poèmes élastiques », Louis Aragon, Littérature, nº 8, Octobre 1919, p. 29
Prose poétique
modifierBenjamin Péret, L'Auberge du cul volant, 1922
modifierL'homme au nombril d'écaille, qui portait une main sur la tête, s'éveilla du long sommeil qu'il venait de faire en compagnie d'une négresse : celle qu'il avait ramenée d'un pays où les plantes se déplacent et font l'amour en marchant. Il sortit son revolver et tira sur le marchand, mais celui-ci avait prévu le coup et s'aplatit adoptant à peu près la forme d'une tortue.
En regardant les lampes électriques, il commença à s'enivrer. La petite marchande d'étoiles passa, et vendit à tout le monde sa petite marchandise parfumée, ainsi elle put dîner ce soir-là.
L'homme au nombril d'écaille, le premier s'éveilla de nouveau. Une colombe portant le rameau d'olivier, voltigeait au-dessus de sa tête. Il ouvrit la fenêtre, l'air était pur, le ciel était bleu, les oiseaux chantaient, mais tous les hommes mangeaient dans les arbres avec les oiselles, et les oiseaux étaient dans le lit des femmes.
C'était le matin du 2 avril 1922, et les machines souffraient comme des femmes en couches. Seul l'homme qui s'était aplati comme une tortue allongeait la tête vers la vulve qu'il apercevait à quelque distance de lui, mais à chaque mouvement qu'il faisait pour s'avancer, correspondait un mouvement de la vulve qui s'éloignait.
- « L'Auberge du cul volant », Benjamin Péret, Littérature Nouvelle Série, nº 3, Mai 1922, p. 16
Paul Éluard , Capitale de la douleur, 1926
modifierDans la brume
- Capitale de la douleur suivi de L'amour la poésie (1926), Paul Éluard, éd. Gallimard, coll. « Poésie », 1966 (ISBN 978-2-07-030095-2), partie Nouveaux poèmes, Dans la brume, p. 125
Octavio Paz, Liberté sur parole, 1958
modifierNote risquée
- Liberté sur parole (1958), Octavio Paz (trad. Jean-Clarence Lambert), éd. Gallimard, coll. « Poésie », 1966 (ISBN 2-07-031789-7), partie II. AIGLE OU SOLEIL ? (1949-1950), Aigle ou Soleil ? — Note risquée, p. 96
Amin Maalouf, Origines, 2004
modifier- Origines, Amin Maalouf, éd. Grasset, 2004, p. 10
Roman
modifierMarie d'Agoult, Nélida, 1866
modifierNotre pays, me disais-je, depuis la dernière révolution, n'a pas repris son équilibre. Deux classes de la société, la noblesse et le peuple, sont en proie à de vives souffrances ; l'une subit un mal imaginaire, l'autre un mal réel ; la noblesse, parce qu'elle se voit dépouillée de ses privilèges et de ses honneurs par une bourgeoisie arrogante ; le peuple, parce que le triomphe de cette bourgeoisie, amenée par lui au pouvoir, n'a été qu'une déception cruelle. Il commence à regretter, par comparaison, ses anciens maîtres. Comme il lit peu l'histoire, il ne se souvient que des manières affables et des largesses du grand seigneur. Pourquoi ces deux classes, éclairées par l'expérience, ne s'entendraient-elles pas contre leur commun adversaire ? Pourquoi les instincts courageux du peuple, l'esprit d'honneur de la noblesse, ne triompheraient-ils pas d'une bourgeoisie égoïste et déjà énervée par le bien-être ?
- Nélida (1866), Marie d'Agoult, éd. Calmann-Lévy, 2010 (ISBN 978-2-7021-4127-4), partie Quatrième partie, chap. XXIII, p. 272
Le fleuve coulait, sombre entre ses berges, sous un ciel de violette et d’argent où montait la pleine lune. Une barque noire descendait le courant, halée au bout d’une corde par deux chevaux gris qui marchaient sur l’herbe de la rive avec de sourdes foulées, conduits par un homme qui s’en allait sifflant, d’un air paisible ; et sur le pont de la barque, un tuyau fumait, comme la tourelle d’une cheminée sur le toit d’une chaumière ; et, dans la cale, une lanterne répandait sa lumière jaune, et l’air du soir s’imprégnait de l’odeur du repas. Et, de-ci, de-là dans la campagne noyée, les statues passaient, passaient.
C’était une lande stygienne, une vision de l’Hadès : un pays d’ombres, de brumes et d’eaux. Toutes les choses s’évaporaient et s’évanouissaient comme des esprits. La lune enchantait et attirait la plaine comme elle enchante et attire la mer ; de l’horizon, elle buvait la grande humidité terrestre, avec une bouche insatiable et silencieuse. Partout brillaient des mares solitaires ; on voyait, dans un lointain indéfini, miroiter de petits canaux entre les files inclinées des saules. D’heure en heure, la terre semblait perdre sa solidité et devenir liquide ; le ciel pouvait y mirer sa mélancolie que reflétaient d’innombrables miroirs immobiles. Et, de-ci, de-là, sur la rive décolorée, pareilles aux Mânes d’un peuple disparu, les statues passaient, passaient.
- Le Feu, Gabriele D'Annunzio, éd. La Revue de Paris, 1900, chap. II. L'empire du silence, p. 740
Bertolt Brecht, La Vie de Galilée
modifierGalilée : Non. Malheureux le pays qui a besoin de héros.
- La Vie de Galilée, Bertolt Brecht (trad. Éloi Recoing), éd. L’Arche, 1990 (ISBN 2-85181-248-3), scène 13, p. 118-119
Aimé Césaire, Cahier d'un retour au pays natal
modifierPartir. Mon cœur bruissait de générosités emphatiques. Partir… j'arriverais lisse et jeune dans ce pays mien et je dirais à ce pays dont le limon entre dans la composition de ma chair : « J'ai longtemps
erré et je reviens vers la hideur désertée de vos plaies. »- Cahier d'un retour au pays natal, Aimé Césaire, éd. Présence africaine, 1956, p. 41 (voir la fiche de référence de l'œuvre)
Jean Giraudoux, La Guerre de Troie n'aura pas lieu
modifier- La Guerre de Troie n'aura pas lieu (1935), Jean Giraudoux, éd. Librairie Générale Française (LGF), coll. « Le Livre de poche », 1972 (ISBN 2-253-00489-8), acte I, scène 6, p. 84
Éric-Emmanuel Schmitt, L'Évangile selon Pilate
modifierS'en tenir à sa terre, c'est ramper.
- Message anti-raciste et anti-nationaliste.
- L'Évangile selon Pilate, Éric-Emmanuel Schmitt, éd. LGF - Livre de Poche, 2002 (ISBN 2253152730), p. 273