Subsomption
La subsomption désigne une relation d'inclusion entre des concepts, dans les logiques de description. Elle correspond à la relation hyponymie–hyperonymie en linguistique, c'est-à-dire deux termes dont le sens de l'un inclut celui de l'autre : la notion d'animal subsume celle de mammifère ; tout mammifère est forcément un animal.
Cette notion est ainsi équivalente à la relation « contient » en logique ensembliste, ou encore « est impliqué par » en logique classique : mammifère implique animal. La relation de subsomption permet de construire un treillis de Galois à partir d'un ensemble d'individus et de propriétés.
Exemples :
- Le concept humain subsume le concept fonctionnaire.
- Le concept électeur est subsumé par le concept majeur.
- Le concept pomme rouge est subsumé par le concept pomme.
- Le concept existant subsume les concepts permanent et impermanent.
- Les concepts causalement composé et produit se subsument mutuellement.
Autre sens
modifierEn droit
modifierLa subsomption est également une technique de raisonnement juridique suisse et allemande proche du syllogisme. Elle décrit le cheminement intellectuel qui passe de l'état de fait à la règle de droit.
En philosophie politique
modifierKarl Marx mobilise le concept de subsomption pour définir la manière dont les relations sociales sont déterminées par les relations de travail. Marx distingue dans sa Critique de l'économie politique la subsomption formelle de la subsomption réelle lors de l'émergence historique du capitalisme. Ces termes recouvrent les deux phases par lesquelles la subsomption passe. La subsomption formelle a lieu en premier, à l'époque de la manufacture, avant l'industrialisation des tâches. L'activité de travail "passe sous le commandement, la direction et la surveillance du capitaliste" sans pour autant que le travailleur et son travail ne subissent d’autre changements substantiels que celui de sa disciplinarisation. La seconde a lieu après, lorsque le capital a pleinement pris contrôle de la production et qu'il "transforme la nature réelle du procès de travail ainsi que ses conditions réelles".
En informatique
modifierDans les ontologies informatiques, la subsomption désigne le fait de placer un lien hiérarchique entre catégories mais aussi le lien résultant entre la sous-catégorie subsumée et la catégorie mère[1].
En logique du discours
modifierDans la tradition philosophique indo-tibétaine, la subsomption est utilisée dans les débats afin de clarifier l'un des deux types de cognition valide : l'inférentielle (skt. anumana pramana ; tib. djépak tséma), la seconde étant la cognition valide directe (pratyaksha pramana ; ngoen soum tséma)[2],[3].
Le syllogisme (tib. djorwa), pour être déclaré valide, doit satisfaire à 3 critères indispensables.
Dans les débats monastiques (et laïques aussi, lors de l'exercice des joutes verbales), un exemple didactique est par exemple, l'assertion suivante : le sujet, le son, est impermanent car il est produit ;
Si l'étudiant en logique a une première connaissance (empirique) que le son est produit, il peut en déduire avec certitude et véracité que le son est impermanent. Car l'assertion remplit les 3 critères selon lesquels :
- la preuve (ici : produit) doit être une propriété du sujet (tchok tcheu) : le son ;
- il faut une subsomption (djé khyap) entre le prédicat (dans l'exemple : impermanent) et la preuve (ici : produit): le prédicat doit subsumer la preuve. Dans notre exemple : ce qui est produit doit être impermanent ;
- et enfin, il faut une contre-subsomption (dok khyap), l'ensemble des non-produits doit subsumer celui des non-impermanents (ou plus clairement : aucun non-produit ne doit pouvoir être impermanent, ou qu'aucun permanent ne puisse être un produit).
Les 3 critères étant réunis dans ce cas, il s'agit d'une preuve valide concernant un phénomène examiné par inférence logique: l'impermanence (grossière et subtile) du son.
De plus, ces trois critères (propriété du sujet, subsomption et contre-subsomption) sont utilisés pour 3 types généraux de raisons valides qui couvrent tous les phénomènes existants :
- raison valide de nature (rangshin gui tak yangdak) ;
- raison valide d'effet (dré tak yangdak) ;
- et raison valide de non-observation (mamikpé tak yangdak).
Notes et références
modifier- Fabien Gandon, « Ontologies informatiques », sur Interstices, INRIA,
- Debate in Tibetan Buddhism, Daniel E. Perdue, Snow lions Publications, 1992.
- Pointing the Way to Reasoning, Sermey Kensur Lobsang Tharchin Rimpoche, Mahayana Sutra and Tantra Press, 2005.
Voir aussi
modifierBibliographie
modifierArticles connexes
modifierLiens externes
modifier- Fabien Gandon, Ontologies informatiques, Interstices, INRIA, 22/05/2006.
- Emmanuel Blanchard, Exploitation d'une hiérarchie de subsomption par le biais de mesures sémantiques, Informatique, Université de Nantes, 2008.