Eugène Bataille
Eugène François Bonaventure Bataille, plus connu sous son nom d’artiste Arthur Sapeck, né le , au Mans (Sarthe)[2],[3], et mort le à Clermont-de-l'Oise[4], est une figure importante des mouvements intellectuels de la Troisième République naissante, figure emblématique des mouvements des Hydropathes, puis Fumistes, Hirsutes, et Incohérents.
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« Avocat de formation et de son état », il fait preuve, selon Michel Dansel, d'un « talent certain qui se manifestait, notamment, par ses dons de musicien, de caricaturiste, d'illustrateur, mais aussi de ventriloque »[5]. Ses canulars et mystifications l'ont rendu plus célèbre que ses travaux d'illustrateur (tels ceux pour Le Rire, de Coquelin cadet)[N 2]. De 1881 à 1883, il publie avec Jules Jouy L'Anti-concierge, une revue satirique de défense des locataires et de critique des pipelets, à laquelle participe Alphonse Allais[N 3].
Pour l'exposition des Arts incohérents, en 1883, il réalise Mona Lisa fumant la pipe qui préfigure directement « L.H.O.O.Q. » de Marcel Duchamp en 1919[N 4].
Devenu conseiller de préfecture de l'Oise en 1883[11], il se marie en 1888, eut rapidement deux enfants, mais souffre de troubles psychiatriques qui furent cause de son internement à l'asile de Clermont-de-l'Oise en 1889, où il meurt le dix .
Galerie
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Illustration de l’ouvrage de Coquelin cadet, Le Rire, 2e éd., 1887.
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Illustration de l’ouvrage de Coquelin cadet, Le Rire, 2e éd., 1897.
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Annonce dans Gil Blas du .
Notes et références
modifierNotes
modifier- Luc Ferry dans L'Invention de la vie de Bohème (Le Cercle d'art, Paris, 2012, p. 101) affirme qu'il s'agit bien d'un portrait de « l'illustre Sapeck ». Mais la légende de la photographie précise « Eugène Bataille (Opéra) ». Il pourrait donc s'agir de l'artiste lyrique homonyme[1].
- Dans les explications qu'il donne en 1897 sur sa mystification anti-maçonnique, Léo Taxil révèle avoir choisi le pseudonyme de Bataille en hommage à Sapeck (qui collabore à plusieurs reprises avec lui en tant qu'illustrateur[6]) : « C’était censément pour mieux marquer le caractère d’attaque, la guerre au Palladisme. Mais la vraie raison pour moi, la raison intime du dilettante fumiste était celle-ci : un de mes anciens amis, aujourd’hui défunt, fut un fumiste hors ligne : c’est l’illustre Sapeck, prince de la fumisterie au quartier latin ; je le faisais revivre en quelque sorte, sans qu’on y prît garde. Sapeck, en effet, s’appelait de son vrai nom : Bataille »[7]. Dans Les trois cocus (1884), Taxil évoque les farces de Sapeck, « un scélérat qui est le fléau du quartier latin »[8].
- Alphonse Allais signe dans L'Hydropathe du 15 mars 1880 un vibrant dithyrambe à Sapeck[9].
- L'historien américain Dennis Cate fait observer que Duchamp « grandit artistiquement » en lisant Le Chat Noir et Le Rire[10].
Références
modifier- Notice sur data.bnf.fr).
- Archives numérisées de l'état civil du Mans, NMD 1853-1854, vue 411/644 (consulté le 6 février 2015). Son père, François Bataille, conducteur de voitures publiques, âgé de 33 ans, et sa mère, Lucie Gougeon, âgée de 30 ans, demeuraient au Mans rue du Cornet.
- Jean-Pierre Delaune, On ne badine pas avec l'humour d'Allais: Alphonse Allais par lui-même, Place Des Editeurs, (lire en ligne), p. 324.
- Émile Goudeau, Dix ans de bohème, Champ Vallon, (lire en ligne), p. 537
- Michel Dansel, Les Excentriques, Robert Laffont, , p. 527
- Robert Rossi, Léo Taxil (1854-1907): Du journalisme anticlérical à la mystification transcendante, Le Fioupélan, (lire en ligne), p. 799.
- Conférence de Léo Taxil prononcée le 19 avril 1897 à la Société de Géographie et publiée par Le Frondeur le 25 avril 1897.
- Les trois cocus, p.14
- Alphonse Allais, « L'hydropathe « Illustre Sapeck » », L'Hydropathe, (lire en ligne).
- (en) Dennis Cate, « The Spirit of Montmartre », dans Dennis Cate et Mary Shaw, The Spirit of Montmartre: Cabarets, Humor, and the Avant-Garde, 1875–1905, Jane Voorheis Zimmerli Art Museum, .
- « BATAILLE, Eugène François Bonaventure », sur FranceArchives (consulté le ).
Voir aussi
modifierBibliographie
modifier- Encyclopédie des farces et attrapes et des mystifications, sous la dir. de François Caradec et Noël Arnaud, Éditions Jean-Jacques Pauvert, 1964.
- Marc Décimo, Marcel Duchamp et l'érotisme, Dijon, Les presses du réel, « Préliminaires », 2008.
- Marc Décimo, Les Jocondes à moustaches, Dijon, Les presses du réel, collection Hétéroclites, 2014.
- Michael Pakenhamsem, « L'illustre Sapeck », Romantisme, vol. 22, no 75, (lire en ligne)
Articles connexes
modifierLiens externes
modifier
- Ressources relatives aux beaux-arts :
- « Les Hydropathes », Caricatures et caricature, .