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Mo Yan

écrivain chinois et lauréat du prix Nobel de littérature en 2012

Mo Yan (chinois : 莫言 ; pinyin : Mòyán ; litt. « celui qui ne parle pas »), de son vrai nom Guan Moye (管谟业 / 管謨業, Guǎn mó yè), est un écrivain chinois, né le 17 février[1] ou le [2],[3] ou bien encore en [4],[5],[6] à Gaomi dans la province du Shandong en Chine. Le , il a reçu le prix Nobel de littérature.

Mo Yan
Mo Yan en 2008.
Fonction
Membre du comité national de la conférence consultative politique du peuple chinois
12e comité national de la conférence consultative politique du peuple chinois (en)
Biographie
Naissance
(69 ans)
Gaomi, Shandong, Drapeau de la République populaire de Chine Chine
Nom de naissance
Guan Moye
Pseudonyme
Mo YanVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Formation
École d'art de l'Armée populaire de libération (en)
Université normale de PékinVoir et modifier les données sur Wikidata
Activité
Parentèle
Guan Shiren (d) (ancêtre)Voir et modifier les données sur Wikidata
Autres informations
Parti politique
Mouvement
Maître
Tong Qingbing (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Genre artistique
roman, nouvelle
Influencé par
Distinction
Œuvres principales
Le Clan du sorgho

Biographie

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Guan Moye naît au sein d'une famille paysanne du Shandong. De 1959 à 1961, sa famille connaît la faim en raison du Grand Bond en avant.

En 1966, pendant la Révolution culturelle, il est classé parmi les « mauvais éléments » et renvoyé de l'école.[réf. nécessaire] Sa famille vit dans une grande pauvreté durant cette période[7].

Il travaille en usine[7] avant d'intégrer en 1976 l’Armée populaire de libération, puis le Parti communiste en 1979[5].

Mo Yan est diplômé de l'Institut des arts et des lettres de l'Armée populaire de libération (zh) en 1986, puis de l'université normale de Pékin[7], en 1991.

Son origine paysanne, à propos de laquelle il évoque le rôle joué par les histoires racontées par sa grand-mère, et son éducation au sein de l'armée tranchent avec celles de nombreux autres écrivains, imprégnés de la lecture des grands romans classiques[5].

Ses parents lui ont appris, par prudence, à éviter de parler à l'extérieur. C'est la raison du choix de son pseudonyme, Mo Yan, « Celui qui ne parle pas »[8].

En 1981, il publie, sous son nom de plume, sa première nouvelle, Radis de cristal. Sa reconnaissance est immédiate, mais ce n’est qu’avec Le Clan du sorgho, qui est porté à l'écran sous le nom Le Sorgho rouge par Zhang Yimou en 1986, qu'il atteint sa notoriété actuelle.

Mo Yan démissionne de l'armée en 1999, où il travaillait jusque-là au département de la culture[5].

Le prix Nobel de littérature lui est attribué en 2012, pour son œuvre « qui [selon l'Académie suédoise] avec un réalisme hallucinatoire unit conte, histoire et le contemporain[9],[10]. »

Œuvres

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Son œuvre se rattache au mouvement de la « Quête des racines[6] ». Elle évoque l'histoire de sa province natale, le Shandong, d'un point de vue historique, avec Le Clan du sorgho (1986), politique, avec La Mélopée de l'ail paradisiaque (1988), ou ethnologique. L'autobiographie y occupe une part importante. Sur le plan formel, son écriture réaliste ne dédaigne pas de faire appel à l'humour, comme avec Les Treize Pas (en) (1989), ou au fantastique[5]. Sa prédilection pour les personnages marginaux, ses descriptions s'attachant aux détails l'ont fait comparer en Chine à William Faulkner[4].

Le Pays de l'alcool, écrit après les événements de 1989, a pour but la dénonciation de la corruption des hauts cadres. Beaux seins, belles fesses (1995) est, comme Le Clan du sorgho, une saga familiale, qui a reçu le prix décerné par la revue Dajia en 1996, après avoir été censuré[11].

Son roman Wa (Grenouilles) dénonce les excès de la politique chinoise de l'enfant unique : « Chaque bébé est unique. Il ne peut pas être remplacé. Des mains ensanglantées pourront-elles jamais être nettoyées  ? L'âme ravagée par la culpabilité ne pourra-t-elle jamais devenir libre ? » - (extrait de Wa). Lors d'une interview en 2010 auprès de la chaîne Phoenix TV basée à Hong Kong, il reconnaissait que son livre pouvait sembler sujet à controverses, mais que le sujet lui était profondément personnel : cela avait obligé sa femme à avorter de son deuxième enfant.

C'est un des écrivains les plus réputés en Chine et à l'étranger aujourd'hui. Son style se caractérise par son traitement très libre de thèmes comme le sexe, le pouvoir, la politique décrivant sans détours mais non sans humour les méandres psychiques et physiques de la Chine contemporaine. Son intelligence et son interprétation de la Chine contemporaine expliquent sans doute pourquoi il n'a jamais été encore censuré — à l'exception de certains passages lors des premières éditions de Beaux seins, belles fesses.

Critiques

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L'écrivain chinois Ma Jian a déploré le manque de solidarité et d'engagement de Mo Yan vis-a-vis des autres écrivains et intellectuels chinois réprimés et/ou mis en détention en violation de la liberté d'expression reconnue par la Constitution[12],[13].

Le , l'écrivain et dissident chinois Liao Yiwu passe une nuit dans la prison de Stockholm où il entendait protester à la suite de la remise du prix Nobel de littérature à Mo Yan dont il dénonce l'ambiguïté envers le système de censure et d’oppression en Chine[14],[15].

Liste des œuvres

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L'écrivain japonais Kenzaburō Ōe, prix Nobel de littérature 1994 (au premier plan), dans le village natal de Mo Yan (au second plan), en 2005. (Photo prise par l'interprète.)

Quelque quatre-vingts romans, essais et nouvelles composent son œuvre.

  • 1984 : Touming de hong luobo (透明的红萝卜 / 透明的紅蘿蔔, tòumíng de hóng luóbo) — Le Radis de cristal, traduit par Pascale Wei-Guinot et Wei Xiaoping, Paris, Philippe Picquier, 1993
  • 1985 :
    • QiushuiDéluge (traduit dans Le Radis de cristal)
    • Ku heLa Rivière tarie, traduit par Gao Changhui et Danielle Turc-Crisa dans La Remontée vers le jour. Nouvelles de Chine (1978-1988), Alinéa, 1988
  • 1986 :
    • ZhuluLe Chantier, traduit par Chantal Chen-Andro, Scanéditions, 1993 ; rééd., Paris, Seuil, 2007
    • Honggaoliang jiazu, (红高粱家族 / 紅高粱家族, hóng gāoliangjiāzú) — Le Clan du sorgho, traduit par Pascale Guinot et Sylvie Gentil, Arles, Actes Sud, 1993 ; édition revue et corrigée par Sylvie Gentil, Paris, Seuil, 2014
    • ZuiguoLa Faute, traduit par Chantal Chen-Andro, dans Anthologie de nouvelles chinoises contemporaines, Paris, Gallimard, 1994
  • 1988 :
    • Tiantang suantai zhigeLa Mélopée de l'ail paradisiaque, traduit par Chantal Chen-Andro, Paris, Messidor, 1990 ; rééd., Paris, Seuil, 2005
    • Yangmao zhuanyehu (chinois 養貓專業戶) — (en) « The Cat Specialist », traduit par Janice Wickeri, Renditions, no  32, 1989 [lire en ligne]
  • 1989 : Shisan bu (十三步, shísān bù) — Les Treize Pas (en), traduit par Sylvie Gentil, Paris, Seuil, 1995
  • 1993 : Jiu Guo (酒国 / 酒國, jiǔ guó) — Le Pays de l'alcool, traduit par Noël et Liliane Dutrait, Paris, Seuil, 2000 - Prix Laure-Bataillon 2000 de la meilleure œuvre de fiction traduite en français
  • 1995 : Fengru Feitun (丰乳肥臀, fēng rǔ féi tún) — Beaux seins, belles fesses, traduit par Noël et Liliane Dutrait, Paris, Seuil, 2004
  • 1999 : Shifu, ni yue lai yue youmoLe maître a de plus en plus d'humour, traduit par Noël Dutrait, Paris, Seuil, 2005
  • 2003 : Sishiyi pao (四十一炮, sìshíyī pào) — Quarante et un coups de canon (zh), traduit par Noël et Liliane Dutrait, Paris, Seuil, 2008
  • 2009 : Wa (, ), Éditions d'art et de littérature de Shanghai (zh) - Prix Mao Dun 2011. — Grenouilles (zh), traduit par Chantal Chen-Andro, Paris, Seuil, 2011

Autres œuvres :

  • Le Clan herbivore (食草家族, Shí cǎo jiāzú), 1993, (non traduit)
  • La Forêt rouge (红树林, Hóng shùlín), 1999 (non traduit)
  • Le Supplice du santal (檀香刑, Tánxiāngxíng), 2001 ; traduit par Chantal Chen-Andro, Paris, Seuil, 2006
  • Explosion, traduit par Camille Loivier, Éditions Caractères, 2004
  • La Carte au Trésor, (藏宝图, Cangbao tu), traduit par Antoine Ferragne, Paris, Philippe Picquier, 2004
  • Enfant de fer, traduit par Chantal Chen-Andro, Paris, Le Seuil, 2004
  • La Joie (Huānlè / 歡樂), traduit par Marie Laureillard, Paris, Philippe Picquier, 2007 ; édition revue et corrigée par Marie Laureillard, Points no P4095, 2015
  • La Dure Loi du karma (en), (生死疲劳 / 生死疲勞, Shēngsǐ píláo), 2006 ; traduit par Chantal Chen-Andro, Paris, Seuil, 2009
  • La Belle à dos d’âne dans l’avenue de Chang’atraduit par Marie Laureillard, Paris, Philippe Picquier, 2011
  • Le Veau suivi de Le Coureur de fond, traduit par François Sastourné, Paris, Seuil, 2012
  • Au pays des conteurs. Discours du Prix Nobel de littérature 2012, traduit par Chantal Chen-Andro, Paris, Seuil, 2013
  • Le Grand Chambard, traduit par Chantal Chen-Andro, Paris, Seuil, 2013
  • Enfant de fer, traduit par Chantal Chen-Andro, Paris, Seuil, coll. « Points », 2013
  • Dépasser le pays natal, traduit par Chantal Chen-Andro, Paris, Le Seuil, coll. « Essais littéraires », 2015
  • Professeur singe, traduit par François Sastourné, Paris, Le Seuil, 2015 suivi de Le Bébé aux cheveux d'or, traduit par Chantal Chen-Andro, Paris, Seuil, 2015
  • Le Clan des chiqueurs de paille (食草家族, Shi cao jia zu ), traduit par Chantal Chen-Andro, Paris, Seuil, 2016
  • Les Retrouvailles des compagnons d'armes (战友重逢, Zhan you chong feng), traduit par Noël Dutrait, Paris, Seuil, 2017
  • Chien blanc et balançoire, traduit par Chantal Chen-Andro, Paris, Seuil, 2017

Distinctions

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Adaptations au cinéma

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Notes et références

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  1. (en) Mo Yan - A heavyweight in China's literary scene Article du quotidien China Daily
  2. Notice biobibliographique sur le site Nobelprize.org
  3. (en) Mo Yan sur le site de l'Encyclopædia Britannica
  4. a et b André Lévy (dir.), Dictionnaire de littérature chinoise, Presses universitaires de France, coll. « Quadrige », 1994, rééd. 2000, p. 223.
  5. a b c d et e Noël Dutrait, Petit Précis à l'usage de l'amateur de littérature chinoise contemporaine, Philippe Picquier, 2002, p. 58-59.
  6. a et b Yinde Zhang, Histoire de la littérature chinoise, Ellipses, 2004, p. 92.
  7. a b et c Christopher Clair, « IWP participant wins Nobel Prize for Literature », The University of Iowa, 11 octobre 2012.
  8. Martine Bulard, « Mo Yan, un Prix Nobel aux deux visages », Planète Asie, les Blogs du Diplo, 12 octobre 2012.
  9. Communiqué de presse, Svenska Akademien, 11 octobre 2012.
  10. Discours de réception, trad. Chantal Chen-Andro, Svenska Akademien, 7 décembre 2012.
  11. Noël Dutrait, Petit Précis à l'usage de l'amateur de littérature chinoise contemporaine, Philippe Picquier, 2002, p. 60-61.
  12. Chine: accusé d'être trop proche du Parti communiste, le Nobel Mo Yan se défend Le Point Culture, 12 octobre 2012
  13. « From cowherd to Nobel, it was a long lonely journey: Mo Yan », Business Standard,‎ (lire en ligne, consulté le )
  14. Mariana Grépinet, Liao Yiwu : « En Chine, les valeurs sont polluées » Paris-Match, 15 janvier 2013
  15. Liao Yiwu, Français, qu'avez-vous fait de vos valeurs ?, Le Monde, 17 mai 2013, traduit du chinois par Marie Holzman
  16. « OUHK Hails 2012 Nobel Prize Winner Mo Yan », Open University of Hong Kong
  17. Mo Yan Wins Newman Prize for Chinese Literature, Université de l'Oklahoma.

Voir aussi

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Sur les autres projets Wikimedia :

Bibliographie

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  • Yinde Zhang, « La fiction du vivant. L’homme et l’animal chez Mo Yan », Perspectives chinoises, numéro 3, 2010 [lire en ligne]
  • Yinde Zhang, Mo Yan, le lieu de la fiction, Paris, Le Seuil, 2014.
Entretiens
  • « Le Pays de l'alcool de Mo Yan », entretien avec l'auteur, Perspectives chinoises, 2000, vol. 58, no  58. [lire en ligne]
  • (en) « The Real Mo Yan », Humanities, vol. 32, no  1, 2011. [lire en ligne]
Lecture, séminaire
Documentaire
  • « Mo Yan », de Zhang Yimou, épisode de la série documentaire Arena (en), BBC, 1993.

Liens externes

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