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Livret A

Compte d'épargne

Le livret A est un compte d'épargne réglementé de droit français, exonéré d'impôt et de prélèvement obligatoire. C'est le placement le plus utilisé en France.

Aperçu de la couverture d'un ancien livret A papier.

Depuis le , toutes les banques peuvent distribuer le livret A, faisant perdre l'exclusivité de distribution aux opérateurs historiques que sont La Banque postale, la Caisse d'épargne et le Crédit mutuel (dénommé « livret bleu » chez ce dernier).

Auparavant sous forme d'un livret, aujourd'hui dématérialisé (le livret papier a disparu définitivement le , la Caisse d'épargne ayant commencé sa dématérialisation dès 1999), il peut également servir de compte bancaire dans le cadre exclusif de la mission d’accessibilité bancaire confiée par l’Etat à la Banque postale.

Bien qu'il soit désormais dématérialisé, d'anciens livrets A « physiques » (sous forme de papier) sont toujours utilisés notamment lorsque le détenteur en demande la clôture. Cette dernière est alors signifiée directement par écrit sur le livret.

À la fin , l'épargne déposée sur le livret A atteignait 428,7 milliards d'euros[1].

À compter du , le taux d'intérêt passe à 3 %[2].

Historique

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Le livret A (anciennement livret de caisse d'épargne, ou livret série A) est créé le , concomitamment à la Caisse d'épargne de Paris, à l'initiative de Benjamin Delessert, qui fut industriel et banquier. La présidence de cette nouvelle institution sera rapidement confiée au duc François XII de La Rochefoucauld[3].

Les motivations de sa création par Louis XVIII étaient de solder la crise financière léguée par les guerres napoléoniennes. Selon Georges Constantin, pendant cette période, l'État a dilapidé l'épargne publique, la considérant comme sienne[3].

Au cours du XIXe siècle, le livret A fut également une volonté d'initier, dans une optique de prévoyance, les populations laborieuses au geste du dépôt en banque, à une époque où n'existent ni système de protection sociale ni titre d'épargne accessible au plus grand nombre[4].

En 2023, l'encours cumulé du Livret A atteint un record dans un contexte d'inflation, à 550,4 milliards d'euros (31 août 2023). L'augmentation de l'épargne sur le Livret A et le Livret de développement durable et solidaire (LDDS) a atteint un stade inédit fin août 2023, en croissance de 40,69 milliards d'euros[5].

Caractéristiques du livret A

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Les caractéristiques du livret A sont les suivantes :

  • Un seul livret par personne, majeure ou mineure. Cependant, la détention simultanée d'un livret A et d'un livret Bleu ouverts tous les deux avant le (date d'entrée en vigueur du décret no 79-730 du qui a supprimé cette faculté) reste possible. Cette disposition n’a pas été remise en cause par la loi no 2008-776 du de modernisation de l'économie. À ce jour , il est donc possible pour les personnes physiques qui détenaient un livret A (ouvert à La Poste ou à la Caisse d’épargne) et un livret Bleu ouvert au Crédit mutuel de conserver (sans les transférer) ces deux livrets[6],[7].
  • Minimum de versement à l'ouverture : 10  (1,5  pour un livret à La Banque postale)[6]
  • Versement mensuel : sans objet (versements libres)
  • Versements et retraits : en 2021 une ancienne réglementation non respectée a été remise au goût du jour, les versements et les retraits doivent maintenant impérativement passer par un compte de chèques du même titulaire ouvert dans le même établissement. Il n'est ainsi plus possible d'effectuer des virements directs entre ses propres livrets et a fortiori d'autres titulaires (LA, LDDS, LEP …) ni d'effectuer des virements directs de ou en faveur d'un compte de chèques dans un autre établissement même si celui-ci est ouvert au nom du même titulaire. Il en résulte, pour un établissement comme La Banque Postale que les versements et les retraits vers un Livret A par virement ne sont plus sans frais puisque le titulaire du Livret est dans l'obligation de posséder à La Banque Postale un compte de chèques soumis à des frais trimestriels obligatoires.

En cas de force majeure, un décret en Conseil d'État pris sur le rapport du ministre chargé de l'économie et du ministre chargé de La Poste peut limiter les remboursements par quinzaine à 2 % du maximum autorisé des dépôts sur le livret A[réf. nécessaire].

Pour fermer un livret A, il faut en faire la demande par écrit ou en personne à la banque qui gère le livret, y joindre un RIB du compte sur lequel virer l'argent du livret A, et la fermeture se fait en une quinzaine de jours[8].

Le livret A étant un produit d'épargne réglementé, les valeurs de plafond et taux d'intérêt nominal peuvent être modifiées par décision du gouvernement. Ainsi, l'actualisation éventuelle du taux d'intérêt nominal intervient selon un rythme semestriel, au et au de chaque année.

Alors qu'avant 2008, toute personne morale pouvait ouvrir un livret A, désormais, l'article 221-3 du code monétaire et financier le limite aux seules personnes morales suivantes : association, organisme HLM ou syndicat de copropriétaires « Le livret A est ouvert aux personnes physiques, aux associations mentionnées au 5 de l'article 206 du code général des impôts, aux organismes d'habitations à loyer modéré et aux syndicats de copropriétaires ».

Plafond des dépôts

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Le plafond des dépôts pour les personnes physiques est de 22 950  (article R. 221-2 Code monétaire et financier) depuis le [6],[9]. Répondant partiellement à une promesse de campagne[10], le gouvernement Ayrault a successivement porté le plafond initial de 15 300 , précédent plafond depuis 1986 (100 000 francs à l'époque), à 19 125  au puis à 22 950  au [11], soit une augmentation de 50 %.

Le plafond des dépôts pour les sociétés mutualistes et les institutions de coopération, de bienfaisance et autres sociétés de même nature (associations loi 1901) est de 76 500  (article R. 221-2 du Code monétaire et financier)[6].

Le plafond des dépôts pour les organismes d'habitations à loyer modéré et de crédit immobilier : néant (dépôt illimité) (article R. 221-2 du Code monétaire et financier)[réf. souhaitée].

Pour les personnes morales y ayant droit, le plafond de droit commun est de 19 950  au .

Une fois le plafond atteint, on ne peut plus procéder à des versements supplémentaires tant qu'un retrait n'a pas été effectué au préalable ; seuls les intérêts peuvent continuer à créditer le compte au-delà du plafond. Le calcul des intérêts se fait sur la somme globale, même après dépassement de plafond ; ainsi, un livret A avec 23 000  rapportera, au taux de 1 % 230  (base de 23 000 ) et non 229,5  (base de 22 950 , le montant maximum des versements au ).

Taux d'intérêt

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Entre le et le début de l'année 2022, le taux d'intérêt du livret A est de 0,50 %[12]. Avant cela, il était de 0,75 % net depuis le [13].

Le 14 janvier 2022, le ministre de l'économie Bruno Le Maire annonce que le taux du Livret A sera relevé à 1 %, une première hausse depuis plus de dix ans[14],[15]. Il est une nouvelle fois relevé à 2 % au en raison de l'inflation, puis à 3 % le [16].

Les intérêts sont calculés en application de la règle des quinzaines (deux fois par mois le 1 et le 16). Les intérêts sont exonérés de tout impôt et cotisations sociales[6].

Calcul des intérêts

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Les intérêts d'un livret ou compte d'épargne sont calculés par quinzaine de jours. Une année civile est composée de 24 quinzaines (soit environ 15,2 jours par quinzaine) car, selon la règle utilisée, chaque mois comporte deux quinzaines, commençant le 1er et le 16 de chaque mois. Les intérêts ne sont donc calculés que deux fois par mois[8].

Le calcul est simple, puisqu'il suffit de multiplier le taux du livret par le solde du livret. Comme le taux est annuel et que les intérêts ne sont pas capitalisés durant l'année, il convient de diviser ce taux par 24 pour calculer les intérêts générés pendant une quinzaine.

Ainsi la formule est : Intérêts d'une quinzaine = Solde du livret ×  

Les dépôts effectués pendant une quinzaine portent intérêt sur la période suivante, c'est-à-dire que leur date de valeur est le premier jour de la quinzaine suivante (1er du mois suivant pour la deuxième quinzaine du mois, ou 16 du mois en cours pour la première quinzaine)[8]. À l'inverse, tout retrait est considéré avoir été effectué au début de la quinzaine en question (sa date de valeur est le premier jour de la quinzaine en cours). Les intérêts qui auraient pu courir de la quinzaine jusqu'à la date de retrait ne sont donc pas comptabilisés. Le solde du livret à considérer pour le calcul des intérêts doit donc tenir compte de ces dates de valeur.

Si plusieurs dépôts et retraits sont effectués successivement au cours de la même quinzaine, le solde considéré pourra donc être plus bas que le solde minimal du compte au cours de la quinzaine (calculé sans tenir compte des dates de valeur). Ceci est illustré par le cas suivant :

Exemple
Opération Date opération Date de valeur Crédit Débit Solde réel Solde pris en compte pour le calcul des intérêts
Solde initial 1er janvier 1er janvier 2 300 2 300
Dépôt 3 janvier 16 janvier 200 2 500 2 300
Retrait 5 janvier 1er janvier 500 2 000 1 800
Dépôt 8 janvier 16 janvier 100 2 100 1 800
Retrait 9 janvier 1er janvier 400 1 700 1 400
Aucune opération 16 janvier 16 janvier 1 700 1 700

Dans ce tableau, l'avant dernière colonne correspond au solde au jour le jour, sans prise en compte des dates de valeur. La dernière colonne correspond au solde véritablement pris en compte pour le calcul des intérêts produits pendant cette quinzaine n'est ni le solde initial de 2 300, ni le solde minimal de 1 700, mais le solde au 1er janvier calculé en utilisant les dates de valeur, c'est-à-dire 2 300 - 500 - 400 = 1 400.

De plus les intérêts capitalisé sur cette quinzaine (par exemple 1 euro) ne sont capitalisés qu'au 1er janvier de l'année suivante, et donc eux-mêmes productifs d'intérêts qu'à ce moment-là. Sauf hypothèse de clôture d'un Livret A afin de récupérer le capital et les intérêts pour les réinvestir.

Si aucun mouvement n'est effectué sur le livret durant la quinzaine suivante (du 16 au ), le solde pris en compte pour le calcul des intérêts produits pendant cette quinzaine sera le solde au , c'est-à-dire 1 700 .

Si pour une quinzaine le solde du livret calculé en utilisant les dates de valeur est négatif (ce qui peut arriver, bien que le solde du livret A, calculé en utilisant les dates d'opération, ne puisse pas être négatif), on obtient pour la quinzaine un intérêt négatif. À la fin de l'année, les intérêts positifs ou négatifs de chaque quinzaine sont additionnés, et si cette somme, appelée « intérêts acquis », est positive, elle est ajoutée au livret au 1er janvier de l'année suivante. Si elle est négative ou nulle, les intérêts acquis sont ramenés à zéro (les intérêts acquis ne pouvant jamais être négatifs sur un produit d'épargne), bien que certains établissements bancaires utilisent les autres comptes disponibles pour couvrir les intérêts négatifs engendrés[réf. nécessaire]. Par le jeu des dates de valeurs, il est donc possible d'avoir des intérêts acquis nuls pour une année, même si le solde du livret a toujours été strictement positif.

Afin de maximiser le montant des intérêts, et en particulier d'éviter de générer des intérêts négatifs sur une quinzaine, il convient donc de ne pas effectuer d'opérations en sens contraire au cours d'une même quinzaine.

Le livret A en chiffres

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Le livret A est le placement épargne le plus populaire auprès des Français avec 60 millions de livrets en à la suite de l'ouverture du placement à tous les établissements financiers[17].

Auparavant l'ouverture de ce livret était réservée aux établissements de la Poste et la Caisse d'épargne, le Crédit mutuel ayant un équivalent avec le livret Bleu. En 2008 on dénombrait près de 46 millions de livrets A ouverts, ce qui représente environ trois Français sur quatre[18]. Cependant, le fichier des comptes bancaires et assimilés (FICOBA) mentionnait le chiffre de 37 millions de titulaires personnes physiques, ce qui reviendrait plutôt à trois Français sur cinq[19]. La différence de 9 millions est imputable aux multi-détenteurs (ce qui est interdit par la loi, sauf livrets ouverts avant 1980), aux personnes morales non recensées par FICOBA telles que les associations, organismes sociaux de l'habitat, etc.

En 4 ans, à la faveur de la crise financière de 2008 et de la hausse du plafond du livret A de 2012, la collecte aurait évolué de 85 Md€ (entre et ), portant l'encours total à 250 Md€, soit une moyenne d'environ 5 000 euros par livret[20].

La collecte a progressé principalement par l'apport des Français les plus aisés à la suite du relèvement du plafond[21].

Le coût de la défiscalisation du livret A était de 300 millions d'euros en 2012[21].

Fin 2012, le nombre de livrets dont le solde est inférieur à 1 500  représentait 64,2 % du total des livrets. Seuls 2,3 % des livrets A étaient crédités d'un solde supérieur au plafond[21].

Fin 2019, selon le rapport annuel de l’observatoire de l’épargne réglementée (OER), il existe près de 56 millions de livrets A actifs avec un encours moyen de 5 100  pour une personne physique (4 800  en 2018).

Le montant des intérêts du livret A, acquis en 2020, pour l’ensemble des Français a atteint 1,58 milliard d’euros soit environ 28  d’intérêts annuels par épargnant.

« Malgré une collecte (quasi) record et malgré un portefeuille global dépassant, pour la première fois de l’histoire du livret A, les 300 milliards d’euros, [cette] capitalisation annuelle du livret A de l’année 2020 est [ainsi] le pire score des dix dernières années. »

Collecte et utilisation des fonds issus du livret A

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Système complexe à plusieurs acteurs

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Historiquement, l’État a toujours souhaité que la collecte du livret A soit sécurisée, c’est-à-dire à l’abri des crises financières. Sans cette sécurisation, il aurait été possible d’assister à la faillite de nombreux épargnants, si par exemple la banque à qui était confié l’argent du livret A venait à faire faillite ou l'État français à faire défaut.

Depuis de nombreuses années, ces fonds étaient donc collectés par les réseaux distributeurs et centralisés à la Caisse des dépôts et consignations, au sein d’une direction appelée Fonds d’épargne, indépendante comptablement. Cette distinction permet de ne pas « mélanger » l’argent de la Caisse des dépôts issue de ses activités propres[22],[23] et celle de ses mandats (dont le livret A).

Cette centralisation fait l’objet d’une commission versée par la Caisse des dépôts aux réseaux collecteurs.

La Caisse des dépôts utilise ensuite ces fonds pour financer des missions d’intérêt général, et particulièrement le logement social (HLM).

Ce mécanisme reste toujours d’actualité malgré la profonde révision de ses modalités, instituée par la loi de Modernisation de l’Économie du gouvernement Fillon en 2008.

Distribution et collecte du livret A

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Depuis sa création en 1818 et jusqu’au , le livret A n’aura été distribué que par deux types d’établissements :

Le Crédit mutuel distribue quant à lui un « livret bleu » présentant des caractéristiques quasiment identiques (le livret bleu est fiscalisé, mais c’est la Caisse des dépôts centralisant cette ressource qui comptabilise dans son résultat le prélèvement libératoire, ce qui n’a aucun impact pour l’épargnant[réf. souhaitée]).

Cela provoque des tensions de la part des autres réseaux de banques qui ne peuvent le distribuer et parlent de distorsion de concurrence. Considérant que ce système constitue une entrave à la liberté d’établissement et à la libre prestation de services offertes à toutes les banques sur le marché européen, la Commission européenne a demandé le à la France d’ouvrir ces produits à la concurrence dans un délai de 9 mois.

La distribution du livret A est en discutée au Parlement, et elle est ouverte à tous les établissements bancaires depuis le . Le , le Crédit Agricole annonce avoir l'intention de poursuivre la Caisse d'épargne pour « entraves aux transferts des livrets A »[24].

Centralisation des fonds à la Caisse des dépôts

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Avant le 1er janvier 2009

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Depuis de nombreuses années, l’ensemble des fonds livret A et bleu collectés par les réseaux distributeurs était totalement centralisé à la Caisse des dépôts et consignations.

Le taux de commissionnement servi par la Caisse des dépôts atteignait en 2007 la moyenne de 1,12 %[25] :

  • 1,3 % pour la Banque postale ;
  • 1 % pour les Caisses d’épargne ;
  • 1,1 % pour le Crédit mutuel (hors fiscalité).

Depuis le

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La loi sur la modernisation de l'économie entrant en vigueur au a, en banalisant la distribution, instauré de nouvelles règles de centralisation et de commissionnement des réseaux distributeurs.

Centralisation fluctuante en fonction des besoins
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Les établissements bancaires sont tenus de centraliser environ 65 % de l'encours du livret A et du LDD auprès de la Caisse des dépôts[26]. Ce taux est toutefois confronté à un plancher législatif, qui prévoit que la centralisation des fonds doit au moins être égale à 1,25 fois le montant des prêts accordés par la Caisse des Dépôts au logement social et à la politique de la ville[27].

Ce taux de centralisation peut faire l'objet de modifications réglementaires, après avis de la Commission de surveillance de la Caisse des dépôts. Ainsi, en , les parties prenantes se sont accordées sur une baisse de 20 Md€ de fonds centralisés, en contrepartie d'une baisse du taux de commissionnement des réseaux collecteurs de 0,1 %[26].

Pour permettre une adaptation des établissements bancaires aux nouvelles modalités de centralisation, un régime transitoire a été instauré par la loi de modernisation de l'économie (LME) (IV de l'article 146). Les modalités de ce régime sont précisées par le décret no 2011-275 du modifié[28].

Commissionnement homogénéisé à terme
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Au titre de la distribution du livret A, les banques perçoivent un commissionnement, qui s'élève depuis juillet 2013 à 0,4 %[29], en décroissance régulière depuis la loi LME (0,6 % en 2008).

Pour permettre aux réseaux historiques de s’adapter au nouveau contexte concurrentiel, le taux de commissionnement servi à ces derniers par la Caisse des dépôts sera progressivement diminué, de telle manière que ce dernier atteigne le taux commun en 2022[28].

La Banque postale bénéficiera quant à elle d’un statut particulier. Assurant une mission d’accessibilité bancaire, celle-ci bénéficiera d’un surcommissionnement restant à définir en fonction du coût réel de cette mission[30].

Utilisation des sommes centralisées à la Caisse des dépôts

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Prêts au logement social

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Le livret A permet principalement de financer le logement social : la Caisse des dépôts prête aux organismes sociaux de l’habitat (OPAC, offices publics de l’habitat (OPH), entreprises sociales de l’habitat (ESH ex-SA HLM)…) des fonds indexés sur livret A, à des taux privilégiés. À titre d’exemple, le taux du prêt locatif à usage social (PLUS) est au égal à 1,85 %, soit livret A + 0,6 %[31]. Fin 2007, les fonds d’épargne (hors refinancement) prêtaient 88 Md€ (fonds livret A, mais également LDD, LEP…, utilisés dans le financement de :

  • Projets d’équipement : 3 Md€
  • Programmes de logement : 84 Md€, dont :
    • Très sociaux : 4 Md€
    • Locatifs : 47 Md€
    • amélioration de l’habitat : 5 Md€
    • locatifs intermédiaires : 6 Md€
    • projets urbains : 2 Md€
    • renouvellement urbain : 4 Md€
  • Projets divers : 1 Md€

Placements financiers

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La ressource livret A coûte à la Caisse des dépôts en moyenne le taux du livret A + 1,12 %[25], soit en le taux de 5,12 % (4 % + 1,12 %). Les taux des prêts étant inférieurs au coût de la ressource, il en résulte un déséquilibre bilanciel qui ne permet pas aux fonds d’épargne de prêter l’ensemble de la ressource livret A : un certain montant doit être judicieusement investi sur les marchés financiers pour dégager une rentabilité supérieure, tout en assurant un risque maîtrisé.

 
Qualité des créances détenues par la Direction des fonds d’épargne de la Caisse des dépôts.

Fin 2007, le portefeuille de 114 Md€ se décomposait ainsi :

  • Actions : 11 Md€
  • Obligations : 67 Md€, dont :
    • inflation (OATi) : 20 Md€
    • fixe > 5 ans : 8 Md€
    • taux fixe de 2 à 5 ans : 10 Md€
    • taux fixes de 6 mois à 2 ans : 29 Md€
  • Court terme et assimilé (Euribor 3 mois par exemple) : 36 Md€

Plan de relance

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En 2020, pour faire face à la crise économique causée par la pandémie de coronavirus, la Caisse des dépôts et consignations a indiqué mobiliser 26 milliards d'euros sur les 100 milliards prévus par le plan de relance, une somme notamment issue de l'épargne placée sur le livret A. 12 milliards d'euros seront utilisés sous forme de prêts aux collectivités locales[32].

Utilisation des sommes conservées au bilan des banques

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Industrie de la défense

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Depuis le 7 novembre 2023, le livret A permet le financement des entreprises liées à la défense nationale[33]. Ces entreprises peinent en effet à se financer auprès des bailleurs institutionnels dont les portefeuilles sont de plus en plus contraints par des critères éthiques excluant notamment les industries d'armement[33].

Historiques des taux et plafonds

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Historique des taux d'intérêt nominaux

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Date Taux[3]
5,00 %
[34] 4,00 %
[35] 3,50 à 4,00 %
4,75 %
3,50 %
3,00 %
3,50 %
3,50 %
1,50 %
3,25 %
3,00 %
3,50 %
4,00 %
4,25 %
6,00 %
7,50 %
6,50 %
8,50 %
7,50 %
6,50 %
6,00 %
4,50 %
3,50 %
3,00 %
2,25 %
3,00 %
2,25 %
2,00 %
2,25 %
2,75 %
3,00 %
3,50 %
4,00 %
2,50 %
1,75 %
1,25 %
1,75 %
2,00 %
2,25 %
1,75 %
1,25 %
1,00 %[36]
[37] 0,75 %
0,50 %
1,00 %
2,00 %
3,00 %[38]


Historique des plafonds

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Date Plafond[39] Pouvoir d'achat (€ de 2022)[40]
non communiqué[41]
2 000 F (anciens)[42] indéterminé
3 000 F (anciens)[43] indéterminé
2 000 F (anciens) pour les particuliers, 8 000 F (anciens) pour les associations[44] indéterminé
1 000 F (anciens) indéterminé
2 000 F (anciens) indéterminé
1 500 F (anciens) indéterminé
3 000 F (anciens) 8 537,91 euros
5 000 F (anciens) 7 114,92 euros
13 000 F (anciens) 9 249,40 euros
22 000 F (anciens) 15 026,72 euros
25 000 F (anciens) 9 486,56 euros
40 000 F (anciens) 12 648,75 euros
60 000 F (anciens) 12 494,50 euros
100 000 F (anciens) 9 230,17 euros
200 000 F (anciens) 7 779,41 euros
300 000 F (anciens) 9 365,16 euros
400 000 F (anciens) 9 771,57 euros
500 000 F (anciens) 12 162,26 euros
750 000 F (anciens) 18 063,27 euros
1 000 000 F (anciens) 19 515,22 euros
10 000 francs 17 731,89 euros
[45] 15 000 francs 23 455,79 euros
18 000 francs 26 542,72 euros
20 000 francs 28 722,98 euros
25 000 francs 31 412,46 euros
28 250 francs 27 533,78 euros
25 000 francs 21 419,74 euros
32 500 francs 22 725,80 euros
38 000 francs 24 302,66 euros
41 000 francs 24 042,18 euros
45 000 francs 23 819,33 euros
49 000 francs 22 842,34 euros
58 000 francs 19 450,06 euros
68 000 francs 21 231,58 euros
72 000 francs 20 694,47 euros
80 000 francs 22 292,19 euros
90 000 francs 22 801,53 euros
100 000 francs 24 534,22 euros
15 300 euros 20 697,50 euros
19 125 euros 21 726,08 euros
22 950 euros 25 845,86 euros

À titre de comparaison, en mai 2023, le plafond est approximativement à 1,1 SMIC annuel brut (20 814,73 euros[46]), soit 1,4 SMIC annuel net (16 214,00 euros[47]).

Taux d'intérêt nominal

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Le Gouvernement Jean-Pierre Raffarin décide de mettre en place une formule automatique de calcul du taux d'intérêt nominal, afin d'éviter l'intervention de décisions politiques. Ce dernier est jusqu'alors déterminé de manière discrétionnaire par le gouvernement en place[48].

Le taux du livret A conditionne par ailleurs celui d'autres produits d'épargne réglementée : livret d'épargne populaire, livret de développement durable, compte épargne logement, livret jeune et livret bleu (distribué par le Crédit mutuel jusqu'en ) principalement.

Taux avant février 2008

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Du et jusqu'à fin , le taux du livret A est fixé par une formule automatique calculée à partir de deux indicateurs :

  • le taux Euribor 3 mois mensuel moyen du mois m-1 (respectivement décembre et juin)[49], exprimé avec deux décimales ;
  • le taux d’inflation glissant annuel, donné par l'indice INSEE des prix à la consommation hors tabac du mois m-1 (respectivement décembre et juin)[49], exprimé avec une décimale.

Le résultat trouvé est majoré de 0,25 % et arrondi aux 0,25 % les plus proches. Ce chiffre final donne le taux du livret A. Cette formule permet à la Banque de France de proposer deux fois dans l’année (mi-janvier et mi-juillet) la réactualisation du taux du livret A.

Taux d'intérêt nominal à partir du 1er février 2008

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Depuis le , une nouvelle formule de calcul du taux est mise en place[50]. Le taux est égal, après arrondi au quart de point le plus proche ou à défaut au quart de point supérieur, au chiffre le plus élevé entre :

  • la moyenne arithmétique entre, d’une part, la moitié de la somme de la moyenne mensuelle de l’Euribor 3 mois et de la moyenne mensuelle de l’Eonia (exprimées avec deux décimales) et, d’autre part, l’inflation en France mesurée par la variation sur les douze derniers mois connus de l’indice INSEE des prix à la consommation de l’ensemble des ménages hors tabac (exprimé avec une décimale) ;
  • l’inflation majorée d’un quart de point.

Soit :  

Les données utilisées sont celles relatives au dernier mois pour lequel ces données sont connues.

Taux d'intérêt nominal à partir du 12 février 2021

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Une nouvelle formule de calcul a été mise en place le 12 février 2021[51]. Le taux est égal, après arrondi au dixième de point le plus proche ou à défaut au dixième de point supérieur, au chiffre le plus élevé  :

  • La moyenne arithmétique entre, d'une part, la moyenne semestrielle de l'€STR et, d'autre part, l'inflation en France mesurée par la variation sur les douze derniers mois connus de l'indice INSEE mensuel des prix à la consommation, hors tabac.
  • 0,5 %.

Soit :  

Les données utilisées sont celles relatives au dernier mois pour lequel ces données sont connues.

Cas où la formule n'a pas été appliquée

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Cette formule n'a toutefois pas été appliquée lors de la révision du taux du . En effet, l’inflation à retenir du mois (dernière connue) était de 2,4 % ce qui aurait dû conduire à rehausser le taux du livret A à 2,75 %. Mais, le Gouvernement Fillon a décidé de maintenir ce taux à 2,25 %.

Un an plus tard, alors que l'inflation annuelle à 1,2 % aurait dû conduire à un taux de 1,50 % à partir du dans le cas de l'application de la formule, le ministre de l'Économie, Pierre Moscovici, décida de n'abaisser le taux que d'un demi-point, à 1,75 %[52].

Six mois plus tard, alors que l'inflation annuelle aurait dû conduire à un taux de 1 % à partir du dans le cas de l'application de la formule, le ministre de l'Économie, Pierre Moscovici, décida de n'abaisser le taux que d'un demi-point, à 1,25 %[53], ce qui représentait alors son taux historique le plus bas.

De la même façon, au , alors que le gouverneur de la Banque de France préconise d'abaisser le taux à 1 % et que l'application stricte de la formule conduirait à l'abaisser à 0,75 %, le ministre décide de le maintenir à 1,25 %[54].

Exemples de calcul

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Exemple de calcul du taux d'intérêt nominal du livret A (chiffres pour un calcul au )

Taux calculé à partir de la formule applicable jusqu’à  :  , arrondi à 4 %

Taux calculé à partir de la formule appliquée depuis  :  , arrondi à 3,5 %

Préconisations pour le calcul du taux

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Rapport Noyer-Nasse (2003)

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Le Rapport sur l’équilibre des fonds d’épargne de Christian Noyer et Philippe Nasse (« Rapport Noyer-Nasse »), de [22] proposait une formule respectant les intérêts de chacun (épargnants et emprunteurs finançant des missions d'intérêt général, notamment le logement social), par une indexation « un peu au-dessus de l'inflation », mais « un peu au-dessous des taux d'intérêt à court terme ». La formule préconisée devenait ainsi : 2/3 du taux de rémunération des dépôts de la Banque centrale européenne + 1 %, arrondi au 0,25 % les plus proches.

Cette formule n'a finalement pas été retenue.

Rapport Camdessus (2007)

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Le Rapport de la mission sur la modernisation de la distribution du livret A et des circuits de financement du logement social de Michel Camdessus (« Rapport Camdessus »), remis au gouvernement François Fillon en [23], proposait comme formule de calcul la moyenne arithmétique entre l'Eonia et l'inflation, selon les modalités de calcul retenues à partir du , avec un plancher à Inflation + 0,25 %.

La composante Euribor 3 mois a finalement été maintenue dans la nouvelle formule, tout en intégrant la référence Eonia.

Livret A, autres livrets et comptes à terme

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Ces trois formes d'épargne monétaire, qui ne sont pas des valeurs mobilières mais bien des comptes bancaires d'épargne, ont en commun leur liquidité, même si celle du compte à terme est sujette à structuration ou à pénalités en cas de déblocage anticipé[58].

Les autres livrets étaient auparavant une réponse des banques traditionnelles au monopole de la distribution du livret A. Avec la banalisation de la distribution (cf. supra), l'intérêt des banques réside dans la conservation, dans leur bilan, des fonds déposés. Les autres livrets sont proposés avec un taux brut (hors impôt), dont le taux net (impôt déduit) est, en fonction des conditions de marché, parfois supérieur au taux de l'épargne réglementée.

Les comptes à terme sont eux placés sur les marchés financiers par l'intermédiaire de la banque ou utilisés pour son compte propre. En fonction des durées de placement, les taux proposés varient, principalement selon l'Euribor.

Dans le cas de faibles taux d'intérêt réels (indicateur de compétitivité du livret A), les taux bruts des super livrets ne sont plus assez élevés pour qu'une fois l'impôt déduit, ils puissent dépasser celui du livret A. Les arguments mis en avant sont donc à présent les plafonds de versements plus élevés et la plus grande disponibilité.

Les comptes à terme retrouvent quant à eux un public : le taux du livret A étant ancré par l'inflation, il suffit que le taux du compte à terme soit significativement supérieur à cette inflation pour que son taux net soit intéressant, et ce sans plafond de versement.

Critiques

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Certaines modalités du livret A sont critiquées[59],[60],[61],[62] :

  • Le livret A est totalement défiscalisé, y compris de CSG et de CRDS. Certaines recettes fiscales ne sont donc pas perçues par l'État ou la Sécurité sociale.
  • Le livret A bénéficie d'un taux facialement bas, mais très élevé depuis plusieurs années si on le compare aux produits comparables (produits issus du marché monétaire ou livrets bancaires). Il attire donc beaucoup d'épargne, au détriment des autres produits, parfois plus long terme (comme l'assurance-vie).
  • Le livret A est pour partie centralisé à la Caisse des dépôts (à 65 %). Toute nouvelle hausse de l'encours livret A prive l'établissement bancaire d'une partie de l'épargne de son client, tout en permettant à la Caisse des dépôts d'en récupérer pour ses propres missions.

Les enjeux des acteurs sont donc multiples :

  • pour l'État, il s'agit de :
    • conserver un rôle d'arbitre qui permette un consensus entre les enjeux des différents acteurs. Le souhait du président de la République de doubler le montant du plafond du livret A a partiellement rompu l'équilibre qui prévalait jusqu'à présent. Au grand dam de Bercy, de la Banque de France[63] ou de la Caisse des dépôts, qui n'identifiaient pas les objectifs poursuivis par le Président.
    • ne pas se couper d'une partie de ses créanciers. En effet, une partie non négligeable[Combien ?] de la dette État est achetée par la Caisse des dépôts grâce à l'argent du livret A.
  • pour les banques, il s'agit de récupérer l'argent du livret A, lui permettant de rétablir sa compétitivité, malmenée par :
    • les accords de Bâle III, qui impose des règles prudentielles supplémentaires et nécessite une liquidité plus importante ;
    • des marges sur livret A qu'elles estiment insuffisantes (0,5 % de taux de commissionnement pour la collecte), au regard de ses activités habituelles plus rémunératrices et moins consommatrices de liquidité (SICAV, FCP, assurance-vie, etc.).
  • pour la Caisse des dépôts, gestionnaire des fonds du livret A, mandatée par l'État, il s'agit de :
    • s'assurer que les arbitrages gouvernementaux ne remettent pas en cause sa mission de financement ;
    • préserver le rôle qu'elle assure depuis près d'un siècle.
  • pour le monde HLM, s'assurer qu'il bénéficiera des ressources longues, bon marché et disponibles, pour son activité de construction, de réhabilitation, d’aménagement, de politique de la ville.
  • pour les collectivités, qui bénéficient depuis 2013 d'une enveloppe pluriannuelle de 20 Md€[64], de s'assurer que ces financements soient bien attribués à leur compte.
  • pour les épargnants, de bénéficier d'un taux net élevé, avec le plafond le plus élevé.

Sentant leurs enjeux menacés[65] (le doublement du plafond a "aspiré" beaucoup de l'épargne des français : 15 Md€ sur le seul premier semestre 2013)[66], plusieurs lobbys bancaires ont dénoncé le doublement du plafond du livret A et ont profité de cette fenêtre pour remettre en cause l'utilisation du livret A :

  • Philippe Crevel (Cercle des épargnants), estime que l'argent placé sur le livret A ne contribue ni à l'économie ni à la croissance et constitue un « gaspillage » alors qu'il y a « un manque criant de fonds propres dans les PME qui n'investissent pas assez pour se positionner sur les marchés premium »[67].
  • La Fédération bancaire française (FBF) critique l'utilisation des fonds gérés par la Caisse des dépôts. Selon elle, les fonds disponibles pour le financement de logements sociaux « ne sont pas complètement utilisés aujourd'hui » et le relèvement du plafond du livret A empêcherait les banques de renforcer leurs fonds propres avant l'entrée en vigueur du nouveau cadre réglementaire de Bâle III en 2013. La FBF estime qu'« il faudrait au moins revoir le taux de centralisation à la Caisse des dépôts pour permettre aux banques de conserver les moyens de prêter à leurs clients »[59].
  • L'agence de notation financière Standard & Poor's (S&P), dans une note publiée en , estime que le livret A est « pénalisant » pour les banques françaises car il les prive de dépôts leur permettant de renforcer leurs ratios de solvabilité et de liquidité, comme imposé par la réglementation Bâle III. D'après S&P le livret A crée même « une distorsion de marché », d'autant plus que « le régulateur détermine le taux de rémunération du livret A en utilisant une formule qui, en général, positionne ce taux au-dessus de ceux du marché »[60],[61].

La réaction des acteurs aux enjeux opposés à ces lobbys bancaires repose essentiellement sur :

  • l'incapacité des banques à prouver l'utilisation des fonds dont elles disposent à leur bilan, y compris en termes de financement des entreprises, puisqu'elles sont accusées depuis 2009 de ne plus prêter aux PME[68],[69].
  • la critique de la remise en cause par les banques de Bâle III, initié en raison de la crise des subprimes dont la responsabilité échoit aux banques pour partie.

Au regard de cette situation, les banques, l'État et la Caisse des dépôts ont engagé des négociations qui ont abouti en à[70] :

  • une mise à disposition des réseaux bancaires de 30 milliards d’euros de ressources centralisées au fonds d’épargne. Ces ressources permettront aux banques de prêter davantage pour le financement de l’économie, principalement au bénéfice des petites et moyennes entreprises. Les exigences de transparence en matière d’utilisation de ces ressources seront revues à cette occasion.
  • afin réduire le coût de la ressource du fonds d’épargne, au profit notamment du financement du logement social, les établissements bancaires baisseront leur taux de commission de 0,5 à 0,4 %.

Notes et références

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  1. « Epargne réglementée : collecte mensuelle en septembre 2024 du Livret A et du LDDS ainsi que du LEP », sur caissedesdepots.fr, (consulté le ).
  2. Le taux d'intérêt du livret A passe à 3 % à compter du 01/02/2023
  3. a b et c Georges Constantin, Le Livret A : Une histoire de l'épargne populaire, Caisse des dépôts et consignations (ISBN 2-911144-05-8) et La Documentation française (ISBN 2-11-004209-5), Paris, 1999, 294 p..
  4. Séverine de Coninck, Le Livret de Caisse d'épargne (1818-2008). Une passion française, Paris, 2012, Economica, 409 p. (ISBN 9782717864328).
  5. « Le Livret A conserve en août les faveurs des épargnants », sur Boursorama, (consulté le )
  6. a b c d et e « Épargne : livret A », sur service-public.fr, (consulté le ).
  7. Livret bleu du Crédit mutuel et application de l'article L. 221-3 du code monétaire et financier.
  8. a b et c « Épargne : livret A », sur service-public.fr, (consulté le ).
  9. Modifié par décret no 2012-1056 du 18 septembre 2012 puis par décret no 2012-1445 du , tous deux portant relèvement du plafond du livret A.
  10. Engagement no 22 du candidat François Hollande de doubler le plafond du livret A ([PDF] voir les 60 engagements).
  11. « Le plafond du livret A sera relevé de 25 % au 1er janvier 2013 », sur gouvernement.fr, (consulté le )
  12. « Livret A : comment ça marche ? », sur economie.gouv.fr (consulté le )
  13. « Le taux du Livret A va baisser à 0,75 % à compter du 1er août », sur lemonde.fr, (consulté le ).
  14. « Le taux du Livret A sera relevé à 1 %, une première hausse depuis plus de dix ans », sur lemonde.fr,
  15. « Le taux de rémunération du Livret A passera à 1% au 1er février », sur BFM BUSINESS (consulté le )
  16. « Le Gouverneur de la Banque de France propose une augmentation du Livret A à 3 % et du LEP à 6,1 % », sur Banque de France, (consulté le )
  17. « La France compte 60 millions de livrets A », sur lefigaro.fr, Le Figaro, (consulté le ).
  18. « Le livret A rapporte 4% à partir d'aujourd'hui », sur leparisien.fr, (consulté le )
  19. Les Échos du 5 mai 2008, « Livret A : faire la chasse à la multi-détention ».
  20. « Collecte mensuelle en avril 2014 sur le livret A et le livret de développement durable (LDD) », sur caissedesdepots.fr, (consulté le ).
  21. a b et c Marc Vignaud, « La hausse du plafond du livret A a profité aux plus aisés ! », sur lepoint.fr, Le Point, (consulté le ).
  22. a et b MM. Christian Noyer et Philippe Nasse, « Rapport sur l’équilibre des Fonds d’épargne », (consulté le ).
  23. a et b « Remise du rapport sur la réforme de la distribution du livret A au Premier ministre », (consulté le ).
  24. « Le Crédit agricole porte plainte contre la Caisse d’Épargne au sujet du livret A »,
  25. a et b Les Échos, Livret A : la banalisation coûterait aux banques 1 milliard d’euros par an, 3 mars 2008.
  26. a et b Décret no 2013-688 du 30 juillet 2013 relatif à la centralisation des dépôts collectés au titre du livret A, du livret de développement durable et du livret d'épargne populaire
  27. Article 221-5 du Code monétaire et financier (partie législative, livre II, titre II, chapitre I, section 1).
  28. a et b Article 5 du décret no 2011-275 du 16 mars 2011, modifié par Décret no 2013-688 du 30 juillet 2013 - art. 3
  29. Décret 2011-275 du 16 mars 2011 modifié
  30. Les Échos du 13 mai 2008, « La Banque postale recevra une compensation pour sa mission d’accessibilité bancaire ».
  31. Site du ministère du Logement Grâce à la réforme du livret A, les taux des prêts au logement social sont abaissés au 1er août 2008.
  32. « Le livret A au service de la relance et de la transition écologique et énergétique des territoires », sur economie.gouv.fr (consulté le )
  33. a et b Emmanuel Cugny, « Épargne : le Livret A va financer l’industrie de la défense », sur Franceinfo, (consulté le )
  34. Ordonnance no 11,274 du 3 juin 1829 Bulletin des lois, numéro 295, tome 11 (1829), page 382
  35. Loi no 316 du 5 juin 1835 relative aux caisses d'épargne Bulletin des lois, numéro 142, série 9 tome 7 (1835), page 57
  36. Voir l'arrêté du 28 juillet 2014, relatif aux taux mentionnés dans le règlement du Comité de la réglementation bancaire no 86-13 du 14 mai 1986 relatif à la rémunération des fonds reçus par les établissements de crédit, NOR FCPT1418017A.
  37. Arrêté du 27 novembre 2017 relatif aux taux mentionnés dans le règlement du Comité de la réglementation bancaire no 86-13 du 14 mai 1986 relatif à la rémunération des fonds reçus par les établissements de crédit.
  38. « Livret A : comment ça marche ? » (consulté le )
  39. L’épargne réglementée : les livrets défiscalisés Historique des plafonds sur Le Cercle de l'épargne].
  40. Pouvoir d'achat de l'euro et du franc, Institut national de la statistique et des études économiques, septembre 2023
  41. https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k54737482.r=caisse+d'%C3%A9pargne+de+paris.langFR# L'État et l'épargne], Pierre Soulaine et Louis Déneri, 1919
  42. Ordonnance no 11,274 du 3 juin 1829 Bulletin des lois, année 1829, tome 11, numéro 295, page 383
  43. Loi no 316 du 5 juin 1835 relative aux caisses d'épargne Bulletin des lois, année 1835, série 9, tome 7, numéro 142, page 58
  44. Loi no 12,046 du 22 juin 1845 relative aux caisses d'épargne Bulletin des lois, année 1845, série 9, tome 30, numéro 1211, pages 643 (particuliers) et 644 (associations)
  45. Le décret no 63 1115, en date du 8 novembre 1963, a modifié les dispositions de l'alinéa 1er de l'article 10 du code des caisses d'épargne ; le nouveau texte prévoit que le compte ouvert à chaque déposant ne peut, sauf par la capitalisation des intérêts, dépasser le montant de 15.000 Francs. Cette mesure, qui porte ainsi de 10.000 F à 15.000 F le montant maximum des dépôts dans les caisses d'épargne, entrera en vigueur le 1er janvier 1964. Archives de l'Assemblée Nationale (France)
  46. Montant annuel brut du SMIC au 1er mai 2023 Site officiel de l'administration française
  47. Montant annuel net du SMIC au 1er mai 2023 Site officiel de l'administration française
  48. Voir la lettre de la mission Noyer Nasse
  49. a et b avant septembre 2005, le mois m-2.
  50. Arrêté du 29 janvier 2008 modifiant le règlement no 86-13 du 14 mai 1986 modifié du CRBF relatif à la rémunération des fonds reçus par les établissements de crédit, publié au JO le 31 janvier 2008.
  51. « Arrêté du 27 janvier 2021 », sur www.legifrance.gouv.fr (consulté le )
  52. La rémunération du livret A sera bien abaissée à 1,75% en février Article de L'Expansion.com publié le 15/01/2013.
  53. Livret A : le taux descend à 1,25% ce jeudi 1er août Article de Leparisien.fr publié le 31/07/2013.
  54. Isabelle Chaperon, « Le taux du livret A sera maintenu à 1,25 % », sur Le Monde.fr, (consulté le ).
  55. Série disponible sur le site officiel euribor.org.
  56. Série disponible sur le site officiel euribor.org.
  57. Série disponible sur le site de l'INSEE.
  58. Le magazine Challenges dans son numéro du 4 septembre 2008, a publié un article complet sur ce sujet, titré Le Livret A, les comptes à terme et les super-livrets : une concurrence qui fait grimper les taux.
  59. a et b Livret A : la Fédération critique
  60. a et b S&P juge le livret A « pénalisant » pour les banques françaises, article du 21 juin 2013 sur le site de La Tribune.
  61. a et b [1], article du 21 juin 2013 sur le site des Échos.
  62. Livret A : Moody's s'inquiète de l'impact sur les banques françaises, article du 27 août 2012 sur le site de La Tribune.
  63. La Banque de France prône une réforme progressive du livret A
  64. Collectivités locales : 20 Md€ de prêts sur fonds d’épargne sur 5 ans article sur le site web de la Caisse des dépôts
  65. Livret A : pourquoi les banques sont à la lutte pour le délivrer sur le site de BFM Business, 1er février 2013
  66. Article de L'Expansion.com mis en ligne le 21 juin 2013
  67. Le succès du livret A ? Du gaspillage !, article de Philippe Crevel, publié le 4 juin 2013 sur le site de La Tribune.
  68. Il faut que les banques prêtent plus aux TPE/PME Interview du président de la CGPME sur zonebourse, 29/01/2010
  69. Quelles sont les banques les plus avenantes avec les PME ? Article de Challenges du 14 juin 2012
  70. Communiqué de presse du ministère de l'Économie et de Caisse des dépôts du 19 juillet 2013

Voir aussi

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Bibliographie

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Liens externes

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