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Litre funéraire

décoration funéraire sous la forme d'une bande noire portant le blason du noble décédé

Une litre funéraire (emprunt au latin médiéval lista, « bordure »), litre seigneuriale, litre funèbre, ceinture funèbre ou ceinture de deuil est, sous l'Ancien Régime en France, une bande noire posée à l'intérieur d'une église, et parfois même à l'extérieur, pour honorer un défunt.

Abbaye Saint-André de Lavaudieu.

Description

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Cette ornementation de l’église est réalisée à l'occasion des funérailles d'une personnalité. Elle consiste en une bande d'étoffe de couleur noire ou une bande noire peinte sur les murs extérieurs ou intérieurs de l'église ou du bâtiment religieux où se déroulait la messe d'enterrement. Cette bande noire placée en hauteur s'agrémente de représentations du défunt et le cas échéant de ses armoiries.

Dans certaines régions, comme dans les diocèses d'Évreux et de Chartres, le support de la litre est une bande de mortier légèrement en surplomb[1]. Les litres extérieures ont plus souvent disparu que celles à l'intérieur des édifices ; seule persiste parfois cette bande de mortier.

La litre funéraire peut faire le tour de tout l’édifice. De nature provisoire, peu de litres ont subsisté. La peinture peut être remplacée par une litre temporaire en tissu posée lors des obsèques d’un privilégié. La litre se limite parfois à la chapelle intérieure d'une église. Il était défendu de placer des litres sur les images saintes et sur les croix de consécration[2].

En 1215, au quatrième concile du Latran, l'Église limite l'emprise des laïcs sur ses biens en remplaçant le Dominium laicus (« dominium laïque », le roi, duc ou tout autre noble qui avait fait construire l'église sur ses terres en était son propriétaire) par le « droit de patronage[n 1] ». L'autorité ecclésiastique attribue en contrepartie à ces nobles certaines prérogatives, dont le droit de présentation de leurs armoiries sur l'église et le « droit de litre[3] ».

« Le patron fondateur avait droit de litre ; ses enfants, ses successeurs ou ayants cause, pouvaient les faire peindre au-dedans de l'église seulement et non au-dehors, s'il n'était seigneur haut-justicier[2]. ». D'après Christian Davy et Laurence Blondeau, le plus ancien énoncé du droit de litre est une ordonnance de Villers-Cotterêts de 1539 prise par François Ier[4].

En cas de litre double la litre supérieure indique la prééminence du seigneur concerné, soit le patron avec au-dessous le seigneur haut-justicier soit le seigneur suzerain au-dessus de son vassal[4].

Cette coutume se développe à partir du XIVe siècle et caractérisera ensuite les obsèques princières de Louis II de Flandre à Charles Ier d'Orléans. René II de Lorraine fit tendre de noir la collégiale Saint-Georges de Nancy pour célébrer les funérailles de Charles le Téméraire.

Le droit de litre faisant partie des prérogatives seigneuriales sera supprimé à la Révolution française par la loi du 13-, article 18[5].

Dans certains cas, on peut en retrouver cachées sous un badigeon ou sous le bois d'une chaire à prêcher, comme dans les églises Saint-Mansuy de Fontenoy-le-Château ou Saint-Denis de Sézanne, ou en 2008 à Sermaise[6].

Notes et références

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  1. Le droit de patronage est un droit honorifique dont disposent les fondateurs d’une église et qui leur permet notamment de présenter un clerc qui sera chargé de ce lieu de culte.

Références

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  1. Raymond Bordeaux, Principes d'archéologie pratique appliqués à l'entretien. La décoration et l'ameublement artistique des églises, Gand, Hardel, .
  2. a et b M. l'abbé André, Cours alphabétique, théorique et pratique de la législation civile ecclésiastique, vol. 2, Paris, Bureau de la Voix de l'Église, .
  3. Société d'archéologie et d'histoire de la Manche, Revue de la Manche, 2003, p. 48.
  4. a et b Jeanette Zwingenberger 2020, p. 57.
  5. A. Guyot et Scribe, Collection complète des lois, décrets, ordonnances, règlemens avis du Conseil d'état, publiée sur les éditions officielles du Louvre, (lire en ligne).
  6. « À Sermaise, dans l’est angevin, des fresques du Moyen Âge se dévoilent », sur ouest-france.fr, (consulté le ).

Voir aussi

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Bibliographie

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  • Régis Bertrand, « Le statut des morts dans les lieux de cultes catholiques à l'époque moderne », Rives nord-méditerranéennes,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  • Pierre Bodin, Les Litres seigneuriales des églises de l'Eure, Amis des monuments et sites de l'Eure. Amis de Bernay, (lire en ligne).
  • Jules de Bourousse de Laffore, « Notes historiques sur des monuments féodaux et religieux du Lot-et-Garonne. La litre seigneuriale ou ceinture funèbre », Revue de l'Agenais, t. 8,‎ , p. 193-198 (lire en ligne).
  • Murielle Gaude-Ferragu, D'or et de cendres : la mort et les funérailles des princes dans le royaume de France au bas Moyen Âge, Villeneuve-d'Ascq, Presses universitaires du Septentrion, coll. « Histoire et civilisations », , 395 p. (ISBN 2-85939-878-3, présentation en ligne), [présentation en ligne].
  • Sabine de Lavergne (thèse de l'École du Louvre, 1961), Les Litres funéraires du pays de Caux, Bulletin Monumental, (lire en ligne), p. 389-390.
  • Pierre D. de Losada Martí, « Le droit seigneurial de litre ou ceintures funéraires dans la France de l'Ancien Régime », Cuadernos de Ayala, no 77,‎ , p. 11 (lire en ligne, consulté le ).
  • Jeanette Zwingenberger, « La litre, ceinture de deuil ou trait ultime », Interfaces, no 43,‎ , p. 51-64 (lire en ligne, consulté le ).

Liens externes

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