[go: up one dir, main page]

Joan Jara

danseuse chilienne

Joan Turner de Jara, mieux connue sous le nom de Joan Jara, née Joan Alison Turner à Londres le et morte le à Santiago[1], est une danseuse et activiste politique britannique, naturalisée chilienne et reconnue par l'Académie chilienne des beaux-arts pour sa contribution au développement de la danse.

Joan Jara
Joan Jara en 2016
Biographie
Naissance
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 96 ans)
SantiagoVoir et modifier les données sur Wikidata
Nom de naissance
Joan Alison TurnerVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Formation
Activité
Conjoint
Autres informations
Distinction
National Award for Arts and Audiovisual Representation of Chile (en)Voir et modifier les données sur Wikidata

Elle est la fondatrice de la Fondation Víctor Jara, qui fut son son mari, et a joué un rôle important, tant au niveau universitaire que populaire, dans la diffusion de la danse au Chili. En 2009, elle reçoit la nationalité chilienne par grâce, en reconnaissance de sa contribution à la culture, de son parcours et de sa lutte pour le retour à la démocratie après la dictature militaire qu'a connue le Chili entre 1973 et 1990.

Biographie

modifier

Débuts dans la danse et arrivée au Chili

modifier

Son intérêt pour la danse commence en juillet 1944, lorsque sa mère l'emmène au Haymarket Theatre voir la compagnie de danse moderne des Ballets Jooss et leur chorégraphie La Table verte de Kurt Jooss[2].

L'année suivante, les Ballets Jooss reviennent à Londres : Joan se faufile plusieurs fois dans le théâtre non seulement pour voir l’œuvre plusieurs fois, mais également pour parler avec Kurt Jooss. Celui-ci explique que le Ballet a dû fermer son école, mais qu'elle peut passer une audition avec lui ; ce qu'elle fait. Kurt lui conseille de se former professionnellement et lui dit qu'il l'imagine faire partie de la compagnie dans le futur[réf. nécessaire].

En 1947, elle intègre l'école de danse de Sigurd Leeder qui a ouvert récemment, abandonnant la bourse qu'elle a reçue pour étudier l'histoire à l'université de Londres. En janvier 1951, après trois ans d'études, elle intègre les Ballets Jooss en Allemagne, ce qui lui permet alors de parcourir une grande partie de l'Europe, avec des représentations en Allemagne de l'Ouest, Belgique, Suisse,Angleterre, Écosse, Irlande et aux Pays-Bas[2].

Au sein de la compagnie, elle rencontre le chorégraphe, danseur et acteur chilien Patricio Bunster, qu’elle épouse en . Patricio se rend au Chili en , et elle le rejoint quatre mois plus tard, pour un voyage qui aura duré six semaines. Joan se surprend à conserver son nom de jeune fille et elle se fait appeler dorénavant « Joan Turner Roberts de Bunster », formulation qui assimile la femme à une propriété du mari[3].

Au Chili, elle intègre par concours le ballet national comme danseuse, puis plus tard également comme chorégraphe. Elle est aussi professeure à l'université du Chili[réf. nécessaire].

Mariage avec Víctor Jara

modifier

Après la naissance de leur fille Manuela en 1960, le couple se sépare et elle épouse en secondes noces le jeune directeur de théâtre (et par la suite chanteur) Víctor Jara. Son nouvel époux aura une participation politique décisive, sa musique se convertissant en symbole du gouvernement de Salvador Allende. De son mariage avec Víctor naît sa seconde fille, Amanda[réf. nécessaire].

Pendant le coup d’État d'Augusto Pinochet contre le président Salvador Allende, le , Víctor Jara est arrêté. Il est emmené au stade Chili, où il reste plusieurs jours. Selon de nombreux témoignages, il est torturé pendant des heures, reçoit des coups sur les mains avec la crosse d'un revolver jusqu'à les lui briser, et est criblé de balles le . Son cadavre est retrouvé le . Joan doit effectuer la reconnaissance du corps et, après l'enterrement, doit s'exiler avec ses deux filles[4].

Exil et activisme

modifier
 
Joan Jara et Manuel García (es), qui a joué le rôle de vocaliste dans l’œuvre Vìctor Jara Sinfónico, présentée et enregistrée les 10 et 11 novembre 2006 au théâtre de la Udec à Concepción, au Chili.

Joan part en exil en Grande-Bretagne avec ses deux filles. À Londres, elle arrête de s'appeler Joan Turner de Jara, et adopte le nom de Joan Jara que lui ont assigné les autorités britanniques[réf. nécessaire].

Elle devient une activiste contre la dictature militaire chilienne, et pendant de longues années se bat pour que la justice chilienne éclaircisse les circonstances de la mort de Víctor Jara. Il y a cependant peu d'avancées, alors même qu'en 2009 le dossier est réactivé par l'arrestation de l'auteur « matériel » (mais pas « intellectuel ») du crime[réf. nécessaire].

Elle ne revient au Chili qu'au milieu des années 1980. À son retour, elle crée le centre de danse Espiral, qui sera fondamental dans la formation de plusieurs générations de danseuses et chorégraphes, et poursuit la lutte pour faire la lumière sur l'assassinat de son mari[5]. En 1993, elle crée la Fondation Víctor Jara, qui cherche à diffuser et à promouvoir l'héritage de l'artiste[6].

Le , la Chambre des députés, puis le le Sénat du Chili, votent une résolution lui accordant la « nationalité par grâce[7] ». En juin, la présidente de la République, Michelle Bachelet, lui délivre officiellement la nationalité chilienne[8].

En 2013, le juge chilien Miguel Vásquez détermine que Víctor Jara est mort le à cause d'« au moins 44 impacts de balles », selon l'autopsie. Les recherches judiciaires indiquent que l'homme qui a appuyé sur la détente est un certain Barrientos, lieutenant de l'armée[réf. nécessaire].

Le , un tribunal fédéral d'Orlando, aux États-Unis, juge l'ex-militaire chilien Pedro Barrientos, naturalisé américain, coupable de torture et d'assassinat extrajudiciaire de Víctor Jara. L'ancien militaire est condamné par le jury à payer des dommages et intérêts de 28 millions de dollars à la famille. Le jugement civil a commencé avec la plainte déposée par Joan Turner Jara et ses deux filles, Manuela Bunster et Amanda Jara. Cette plainte est présentée en 2013 par le Centre de Justice et Responsabilité (CJA), dont le siège est à San Francisco[9].

Œuvres

modifier
 
Veillée funèbre de Víctor Jara, réalisé en décembre 2009 dans le « Galpón Víctor Jara ».
  • En 1983, elle publie Víctor Jara, un canto truncado.
  • Pendant son premier séjour au Chili, elle crée le « Ballet populaire » avec un groupe de danseurs professionnels du Ballet national chilien. La mission du « Ballet populaire » était la diffusion de la danse dans les secteurs ruraux du pays.
  • À la fin des années 1960, elle crée au sein de l'Université du Chili le cursus de professeur de danse pour enfants.
  • En 1985, à son retour d'exil, elle fonde avec son ex-mari Patricio Bunster le centre de danse Espiral, pour former des professeurs de danse issus de quartiers populaires.
  • En 1986, elle fonde le groupe de danse de l'université de Concepción.

Prix et reconnaissance

modifier

Références

modifier
(es) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en espagnol intitulé « Joan Jara » (voir la liste des auteurs).
  1. (es) « Muere Joan Jara, la valiente viuda de Víctor Jara e incansable luchadora por DD.HH. », sur El Desconcierto / Periodismo digital independiente (consulté le )
  2. a et b Joan Jara, Víctor Jara, un canto truncado, , 9-11 p., « Joan »
  3. Joan Jara, Víctor Jara, un canto truncado, , 14-16 p., « Joan »
  4. (es) « "Masacre en el estadio" (documental de Netflix, 2019): cómo Netflix investigó el crimen de Víctor Jara », La Tercera.
  5. (es) « Mujeres Bacanas | Joan Jara (1927) », Mujeres Bacanas, (consulté le )
  6. (es) « La Fundación – Fundación Victor Jara » (consulté le )
  7. (es) « Historia de la Ley n° 20347 - Conferir la nacionalidad chilena, por especial gracia a la ciudadana británica doña Joan Alison Turner Roberts (Joan Jara) », Biblioteca del Congreso Nacional de Chile,
  8. (es) « Bachelet le otorgó la nacionalidad por gracia a Joan Turner, viuda de Víctor Jara », Radio ADN, (consulté le )
  9. (es) El País, « EE UU halla culpable del asesinato de Víctor Jara a un exmilitar chileno », El País (consulté le ).
  10. (es) « Chile se mueve con la danza », sur diario.elmercurio.cl (consulté le )
  11. (es) « Manuel García homenajea a Joan Jara en nuevo disco ».
  12. (es) « Joan Turner recibe Orden al Mérito Artístico y Cultural Pablo Neruda « Diario y Radio U Chile » (consulté le ).
  13. (es) « En 2018 Joan Jara recibe premio de la USACh por su trayectoria en la promoción de los DDHH ».
  14. (es) « Academia Chilena de Bellas Artes entrega premio a la trayectoria a Joan Jara ».
  15. (es) El Mercurio S.A.P, « Joan Turner, viuda de Víctor Jara, fue elegida como Premio Nacional de Artes de la Representación y Audiovisuales 2021 | Emol.com », sur Emol, (consulté le )

Liens externes

modifier