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Jean Ier de Bretagne

duc de Bretagne

Jean Ier le Roux (né en 1217 ou 1218 – mort le , château de L'Isle, à Marzan), fils de Pierre Mauclerc, baillistre de Bretagne et d'Alix de Thouars, fut duc de Bretagne entre 1221 et 1286 et comte de Richmond en 1268.

Jean Ier le Roux
Illustration.
Jean Ier de Bretagne.
Titre
Duc de Bretagne

(64 ans, 11 mois et 17 jours)
Prédécesseur Pierre Mauclerc
Successeur Jean II
Comte de Richmond

(moins d’un an)
Prédécesseur Pierre II de Savoie
Successeur Jean II
Biographie
Dynastie Maison capétienne de Dreux
Date de naissance
Date de décès
Lieu de décès Château de L'Isle
Père Pierre Mauclerc
Mère Alix de Thouars
Conjoint Blanche de Navarre
Enfants Jean II
Pierre
Alix de Bretagne
Thibaut
Thibaut
Aliénor
Nicolas
Robert
Héritier Jean II

Jean Ier de Bretagne

Biographie

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Sceau de Jean Ier de Bretagne.

Jean Ier devint duc de Bretagne en titre en 1221, à la mort de sa mère, mais, comme il était âgé de quatre ans, son père Pierre Mauclerc assure la régence en qualité de baillistre.

Relations avec la France et l'Angleterre

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Jean Ier fait ses premières armes en 1232, son père ayant à réprimer des révoltes de ses barons. En 1237, il prend personnellement le gouvernement du duché et le il rend un hommage lige au roi Louis IX de France[1], et doit réprimer la révolte d’un de ses vassaux, Pierre de Craon. Le , il est armé chevalier par le roi de France à Melun après avoir renouvelé son serment de fidélité garanti par six barons bretons[2].

En 1242, quand la guerre reprend contre l'Angleterre il est présent au ban de Chinon. Toutefois du fait de son engagement mesuré dans les hostilités il reçoit néanmoins du roi Henri III d'Angleterre l'expectative du comté de Richmond lorsqu'il met à profit les trêves conclues entre les rois de France et d'Angleterre en 1243 pour négocier en 1245 l'union de son fils et héritier Jean avec Béatrice, la fille du roi anglais[3].

Jean Ier avait épousé en 1236 Blanche de Navarre, fille de Thibaut IV le Chansonnier, comte de Champagne et roi de Navarre, qui dans le contrat de mariage lui avait assurée comme dot le royaume de Navarre. La naissance d'un héritier masculin d'une seconde union le futur Thibaut II le Jeune remet cet engagement en question. Jean Ier renonce en 1254 à l'expectative de cette succession en faveur de son beau-frère contre une compensation financière annuelle de trois mille livres[4].

Le , lors des états tenus à Ploërmel, le duc bannit les Juifs de Bretagne[5] pour mettre fin à l'usure[6]. Après la conclusion de l'accord franco-anglais de Paris le , le mariage du futur Jean II et de sa fiancée anglaise Béatrice d'Angleterre est célébré vers le mois de novembre à Saint-Denis[7].

En 1268 Jean Ier transmet le comté de Richmond à son fils et héritier. La mort en 1268 de son fils puîné Pierre, destiné à l'origine à prendre la tête du contingent breton, oblige le duc à participer en personne à la huitième croisade avec Saint Louis et son fils aîné Jean. Après la mort du roi de France devant Tunis le , Jean Ier rentre en Bretagne pendant que son fils Jean, comte de Richmond, et son beau-frère Édouard d'Angleterre avec un corps de croisés se rendent en Syrie et ne regagnent l'Europe que dans le premier semestre 1273[1],[8].

Jusqu'à sa mort seize années plus tard Jean Ier se consacre à la bonne administration de son duché il rejoint avec 60 chevaliers l'ost royal lors de l'expédition menée contre le comte de Foix Roger-Bernard III de Foix par Philippe III de France en et . Se jugeant sans doute trop âgé il laisse à son fils aîné et héritier Jean le soin de conduire les chevaliers bretons lors de la désastreuse croisade d'Aragon menée en 1285 par le roi de France[9].

Accroissement du domaine ducal

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Pendant son long règne Jean Ier poursuit une politique d'accroissement du domaine ducal par le biais d'acquisitions souvent liées à de longues et habiles procédures judiciaires. Il achète la forteresse de Brest à Hervé III de Léon dès puis entre 1265 et 1276 il acquiert d'Hervé IV, l'ensemble de ses droits et domaines dans l'ancienne vicomté de Léon : dès 1265 les douanes de Saint-Mathieu d'abord affermées pour 3 000 livres puis cédées en 1275, le le château du Conquet et enfin Plougonvelin, Plouarzel la châtellenie de Saint-Renan… Ce qui lui reste de son patrimoine le pour 7 210 livres dans un acte ratifié par sa sœur Anne, dame de Bodister, et son beau-frère Rolland de Dinan-Montafilant. Le duc, magnanime, offre finalement un « bon coursier » à « Hervé jadis viscomtes de Léon », totalement démuni, pour partir en pèlerinage en Terre sainte. Hervé de Léon sera également obligé de revendre sa monture au duc faute de moyens pour financer son voyage ! Sa fille et héritière Amé de Léon et son époux le vicomte de Tonquédec et de Coëtmen ratifient l'acquêt du comté de Léon fait par le duc le mais obtiennent 3 000 livres en réparations[10],[11].

Jean Ier acquiert également Muzillac vers 1250, la vicomté de Gourin vers 1265. Pour son compte son fils Pierre de Bretagne acquiert à une date indéterminée la châtellenie d'Hédé. Enfin, à la suite d'un procès avec l'héritière Jeanne de La Roche-Derrien, il achète cette place pour 30 000 livres. Il confisque en 1272 pour dettes à Geoffroi de Lanvaux sa seigneurie et ses autres domaines avec la complicité du vicomte de Rohan[12].

En 1265 le duc achète pour 16 000 livres, à Alain II d'Avaugour[n. 1], fils d'Henri Ier d'Avaugour, la seigneurie héritée de sa mère à Dinan et Léhon. Cette acquisition faite de nouveau par Pierre de Bretagne, prête nom de son père, est contestée par le vieux Henri au nom des droits de son petit-fils Henriot et donne lieu à un très long procès qui est porté jusqu'à la cour de Paris qui ne se termine seulement qu'en 1283[13].

Relations avec l'Église

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Comme son père, le duc de Bretagne entretient des relations difficiles avec le clergé séculier. Dès son couronnement il refuse de prêter le serment de respecter les libertés de l'Église et fixe autoritairement le niveau du « past nuptial » et du « tierçage ». En 1240 le siège épiscopal de Nantes étant vacant à la suite du transfert de l'évêque Robert (1236-1240), Jean Ier se met en possession de la régale, c'est-à-dire du temporel de l'évêché qu'il exploite de telle manière que le nouvel élu Galeran (1240-1263) se plaint, excommunie le duc et met le diocèse en interdit.

Jean Ier fait sa soumission en 1247 et obtient la levée des sanctions. Toutefois un autre problème survient quand Jean Ier refuse de reconnaître les censures édictées par Grégoire IX dans sa bulle de 1230 qui scellait la soumission de Pierre Mauclerc au prétexte qu'il n'y était pas nommé et qu'elles ne concernaient que son père. Malgré les injonctions du nouveau pape Innocent IV du il est de nouveau excommunié par l'évêque en 1249 et ne fait sa soumission à Rome que le [14].

Néanmoins Jean Ier de Bretagne et son épouse Blanche de Navarre poursuivent la politique de leurs prédécesseurs vis-à-vis des implantations religieuses particulièrement cisterciennes. Jean Ier († 1286) est inhumé après sa mort en l'abbaye de Prières, fondée à sa demande et inaugurée pour des moines de l'abbaye de Buzay le , malgré l'anathème qui frappait le duc à cette époque, en effet le duc de Bretagne, avait fait disparaître le Prieuré de Coëtlan devenu Prieuré Saint-Pabu, qui voulait englober les terres de ce prieuré dans celles de son château de Suscinio, aussi pour se racheter, il décide de fonder une nouvelle maison[15] ; et Blanche († 1283) est inhumé dans l'abbaye de la Joie d'Hennebont, fondée par elle le pour des sœurs de l'abbaye Saint-Antoine-des-Champs de Paris et leur abbesse Sibille de Beaugé († 1320), cousine germaine de la duchesse[16].

Union et descendance

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Pierre tombale de Nicolas de Bretagne.

En 1236, il épouse Blanche de Navarre (1226 – 1283), fille de Thibaut IV le Chansonnier, comte de Champagne et roi de Navarre, et d'Agnès de Beaujeu.

Ils auront huit enfants :

  1. Jean II (1239 – 1305), duc de Bretagne. Son père lui transmit le titre de comte de Richmond en 1268 ;
  2. Pierre[17] (), seigneur de Dinan, Hédé, Léon, Hennebont et la Roche-Derrien (cf. l'article Henri II d'Avaugour pour les fiefs liés à Dinan) ;
  3. Alix de Bretagne ( - ), mariée à Jean Ier de Blois-Châtillon, comte de Blois et de Chartres ;
  4. Thibaut (), inhumé dans l'église abbatiale Saint-Gildas de Rhuys ;
  5. Thibaut (), mort jeune, inhumé dans l'église abbatiale Saint-Gildas de Rhuys ;
  6. Aliénor (1248), morte jeune, inhumée dans l'église abbatiale Saint-Gildas de Rhuys ;
  7. Nicolas (), inhumé dans l'église abbatiale Saint-Gildas de Rhuys ;
  8. Robert (), inhumé à l'église du couvent des Cordeliers de Nantes.

Ascendance

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Sépulture

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À la mort du duc, son corps est déposé dans l'église de l'abbaye de Prières dans la commune de Billiers (Morbihan). En 1715, la construction d'une nouvelle église débute, le tombeau qui recueille les sépultures des duchesses de Bretagne : Isabelle de Castille (1283-1328)[18], épouse de Jean III de Bretagne, et de Jeanne Holland, seconde épouse de Jean IV, est détruit[19]. En 1726, les ossements d'Isabelle et ceux de Jean Ier, inhumé en 1286 dans l'abbaye qu'il fonda, sont placés dans un cercueil de pierre et déposés dans la nouvelle église. Après la révolution de 1789 et le départ des derniers moines, l'abbaye tombe en ruines. En 1841, les restes du sarcophage contenant les ossements de la duchesse et du duc sont retrouvés dans les décombres de l'abbatiale. En 1842, le nouvel acquéreur de la propriété transfert les ossements dans une chapelle reconstruite à partir d'une petite partie de l'abbatiale.

Notes et références

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  1. Seigneur de Dinan-Nord Bécherel depuis 1246 du droit de son épouse et de Dinan-Sud depuis 1256 de celui de sa mère.

Références

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  1. a et b Leguay et Martin 1982, p. 34.
  2. de La Borderie 1975, p. 350.
  3. Leguay et Martin 1982, p. 74.
  4. de La Borderie 1975, p. 351.
  5. de La Borderie 1975, p. 336-339.
  6. " À tous ceux qui les présentes lettres verront, Jean, duc de Bretagne, comte de Richemont, salut. Sachez que nous, sur la demande des évêques, des abbés, des barons et des vassaux de Bretagne, ayant examiné avec soin l’intérêt du pays, nous chassons de Bretagne tous les Juifs. Ni nous, ni nos héritiers n’en tiendrons jamais un seul sur nos terres en Bretagne et nous ne souffrirons pas qu’aucun de nos sujets en ait sur les siennes. Toutes les dettes contractées envers des juifs établis en Bretagne, de quelque manière et pour quelque raison que ce soit, nous les remettons entièrement et nous en donnons quittance. Toutes les terres hypothéquées à des Juifs, tous les gages mobiliers ou immobiliers détenus par eux feront retour aux débiteurs ou à leurs héritiers, sauf les terres et les autres gages qui auraient été vendus à des chrétiens par jugement de notre Cour. Personne ne sera accusé ou mis en jugement pour avoir tué un juif avant aujourd’hui. Nous prierons, nous engagerons de bonne foi et de tout notre pouvoir Monseigneur le Roi de France à confirmer par ses lettres la présente assise ou ordonnance, et nous nous portons garant pour notre père et pour nous que les dettes contractées en Bretagne envers les Juifs ne seront jamais payées sur les terres de notre père. Cette assise, comme elle est ici écrite, nous avons juré de bonne foi de l’observer à jamais ; s’il nous arrivait d’y contrevenir, tous les évêques de Bretagne ensemble ou chacun séparément, peuvent nous excommunier et mettre l’interdit sur nos terres sises dans leurs diocèses, nonobstant tout privilège obtenu ou à obtenir par nous. De plus, nous voulons et accordons que nos héritiers qui au temps à venir nous succèderont, quand ils auront atteint l’âge légitime, s’engagent par serment à fidèlement observer cette assise comme elle est écrite ici. Les barons, les vassaux et tous autres astreints à jurer fidélité au comte de Bretagne ne la jureront point ni ne rendront leur hommage à nos héritiers, tant que ceux-ci, dûment requis par deux évêques ou deux barons au moins au nom des autres, n’auront pas juré de garder cette assise fidèlement. Mais ce serment fait, les barons et tous ceux qui doivent fidélité au comte de Bretagne jureront fidélité et rendront hommage immédiatement à nos héritiers. Enfin, les évêques, les barons et tous les vassaux de notre duché ont juré et accordé que jamais ils ne recevront ni ne permettront de recevoir des Juifs dans leurs terres en Bretagne. Donné à Ploërmel, le mardi avant la Résurrection de notre Seigneur l’an MCCXXXIX [=10 avril 1240 nouveau style]. »
  7. de La Borderie 1975, p. 351-352.
  8. de La Borderie 1975, p. 352-353.
  9. Frédéric Morvan, La Chevalerie bretonne, Presses Universitaires de Rennes, Rennes, 2009 (ISBN 9782753508279), p. 135-145.
  10. Arthur de La Borderie, Nouveau recueil d'actes inédits des Ducs de Bretagne et de leur gouvernement (XIIIe et XIVe siècles), « Acquêt du comté de Léon par le duc de Bretagne », p. 211-247.
  11. Frédéric Morvan, op. cit., p. 205-207.
  12. Arthur de La Borderie, p. 353-356.
  13. Peter Meazey, Dinan au temps des Seigneurs, éditions la Plomée, Guimgamp, 1997 (ISBN 2912113008), p. 131-139.
  14. Leguay et Martin 1982, p. 75-76.
  15. Voir ici note 3.
  16. Les abbayes bretonnes, ouvrage collectif, publié par la Biennale des Abbayes Bretonnes, B.A.B. & Fayard (ISBN 9782213013138), p. 485, 496 et 504.
  17. Sur celui-ci, voir Marjolaine Lémeillat, « Jean Ier, duc de Bretagne, comte de Richemont, et Pierre de Bretagne, chevalier, son fils », dans Yves Coativy, Alain Gallicé, Laurent Héry et Dominique Le Page (dir.), Jean-Christophe Cassard, historien de la Bretagne, Morlaix, Skol Vreizh, (ISBN 9782367580234), p. 337-345.
  18. « Le mausolée d'Isabelle de Castille, duchesse de Bretagne, à l'abbaye de Prières », Études et documents sur l'histoire de Bretagne (XIIIe – XVIe siècles), par l'abbé G. Mollat, Paris, 1907, p. 51-53.
  19. Jh.-M. Le Mené, Abbaye de Prières, Bulletin et Mémoires de la société polymathique du Morbihan, 1903.

Annexes

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Bibliographie

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Articles connexes

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Liens externes

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